À bord et à terre/Chapitre 3

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À bord et à terre ou les Aventures de Miles Wallingford
Traduction par A. J. B. Defauconpret.
Furne, Gosselin (Œuvres, tome 22p. 30-44).


CHAPITRE III.


Il y a un jeune homme dans la ville ; quel dommage pour nos filles s’il allait partir ! Il est si gentil, avec ses jolis cheveux bouclés !
Burns.


Nous avions bien choisi notre moment pour l’heure du départ. C’était le commencement du reflux, et le bateau descendait légèrement la crique, quoique la hauteur des rives nous empêchât de sentir aucune brise. Notre bateau était assez grand, gréé en sloop et demi-ponté ; mais les bras vigoureux de Neb le faisaient glisser sur l’eau avec assez de rapidité : il s’était mis à l’œuvre avec l’ardeur d’un nègre qui a pris la fuite ; j’étais moi-même un habile rameur, ayant reçu des leçons de mon père dans mon enfance, et m’exerçant tous les jours pendant sept mois de l’année. Le romanesque de l’aventure, l’état de surexcitation où j’étais, et aussi l’appréhension secrète d’être découvert, qui accompagne toute entreprise clandestine, ne tardèrent pas à me faire mettre aussi la main à l’œuvre ; je pris un des avirons, et en moins de vingt minutes la Grace et Lucie — c’était le nom du bateau — sortait de la crique et entrait dans le lit plus large de l’Hudson.

Neb poussa un cri de joie à demi étouffé, un vrai cri de nègre, au moment où, sortant d’entre nos rives escarpées, nous sentîmes une jolie brise. En trois minutes, le foc et la grande voile étaient en place, la barre était au vent, l’écoute mollie, et nous descendions le courant à raison de cinq milles par heure. Je pris en main le gouvernail, comme chose qui allait de droit, Rupert étant trop indolent pour rien faire sans nécessité, et Neb trop humble pour prétendre à un tel honneur lorsque son jeune maître était là. C’était alors tellement l’usage que le patron d’un bâtiment sur l’Hudson gouvernât lui-même, que la plupart de ceux qui demeuraient sur les bords du fleuve étaient convaincue que sir John Jervis, lord Anson, et les autres grands amiraux d’Angleterre, en faisaient autant lorsqu’ils étaient lancés sur l’Océan. Je crois voir encore mon pauvre père rire de bon cœur, un jour que M. Hardinge lui demandait comment il pouvait fermer l’œil un instant, étant chargé d’une pareille besogne. Mais nous étions plus que novices à Clawbonny sur tout ce qui concernait le monde.

L’heure qui succéda fut une des plus pénibles que j’aie passées de ma vie : je me rappelais mon père, sa mâle franchise, ses dispositions libérales en ma faveur, ses recommandations de respect et d’obéissance ; j’avais foulé aux pieds tous mes devoirs. Puis venait l’image de ma mère, avec son amour et ses souffrances ; ses prières, et ses douces mais vives exhortations à être toujours honnête. Il me semblait que je les voyais l’un et l’autre jeter sur moi un regard profondément attristé, quoique je n’y lusse aucun reproche. Ils semblaient me supplier de revenir sur mes pas, et ce langage muet n’en avait pas moins d’éloquence. Grace et Lucie, avec leurs sanglots et leurs prières de renoncer à mon projet, de leur écrire, de ne pas être longtemps absent, étaient sans cesse présentes à mes yeux ; et je n’oubliais pas M. Hardinge, ni la douleur qu’il avait dû éprouver en découvrant qu’il avait perdu non-seulement son pupille, mais son fils unique. Enfin Clawbonny lui-même, la maison, le verger, les prairies, le jardin, le moulin, et toutes les dépendances de la ferme commencèrent à avoir plus de valeur à mes yeux et à faire vibrer une corde qui retentissait jusqu’au fond de mon cœur. Tout me rappelait que courir les mers et changer de climat,


C’est allonger la chaîne, et non pas la briser.


Je m’étonnais de la tranquillité de Rupert ; je ne le connaissais pas encore comme je l’ai connu depuis. Ce qu’il avait de plus cher au monde était avec lui dans le bateau, et son chagrin était moins vif en se séparant d’objets moins aimés. Partout où était Rupert, était son paradis. Quant à Neb, il affectait d’être assis, la tête penchée en avant, dans la direction du courant, quoique ses yeux semblassent attachés derrière ses épaules, tant qu’il fut possible de distinguer les montagnes qui bornaient l’horizon à Clawbonny. Ce devait être par tradition, par instinct, ou par quelque qualité inhérente à sa race, car je ne crois pas qu’il crût être en faute ; c’étaient nous qui l’étions cruellement ; il était ma propriété, lui, et, tant qu’il était avec moi, il savait très-bien qu’il était dans la ligne de son devoir.

Rupert était peu disposé à causer, car, à dire vrai, il avait soupé copieusement et commençait à avoir la tête lourde, et j’étais moi-même trop absorbé dans mes pensées pour ne pas préférer le silence. Je trouvais une sorte de plaisir mélancolique à veiller ; c’était commencer la vie maritime, et mes anciens goûts se réveillaient avec vivacité. Il était minuit ; je me chargeai du premier quart en disant à mes deux compagnons de se glisser sous le pont, et de dormir : ils ne se firent pas prier ; Rupert se coucha dans l’intérieur, tandis que Neb était étendu les jambes exposées à l’air de la nuit.

La brise fraîchit, et pendant quelque temps je crus nécessaire de prendre des ris, quoique nous eussions vent arrière. Je réussis néanmoins à accélérer la marche du bâtiment, et je trouvai que la Grace et Lucie faisait merveille pendant mon quart. Quand je rappelai Rupert à quatre heures, nous approchions de deux montagnes sourcilleuses entre lesquelles le fleuve se rétrécissait et n’avait plus que le tiers ou le quart de sa largeur primitive. À l’aspect du paysage et d’un petit village que j’entrevoyais sur la rive droite, je reconnus que nous étions dans ce qu’on appelle la baie de Newburgh. C’était la limite de nos voyages antérieurs vers le sud ; tous les trois nous étions descendus, mais une fois seulement, jusqu’à Fishkill, petite ville qui donne son nom à cette partie de la rivière.

Rupert prit alors le gouvernail, et j’allai dormir. L’air était frais, le vent favorable, et j’étais sans inquiétude pour le bateau. Il y avait bien deux passages à traverser, qui méritaient quelque attention, mais pas assez sérieusement pour me tenir éveillé ; c’était la Race’, passage des Highlands, et la Mer de Tappan ; deux points de l’Hudson sur lesquels les navigateurs de ce fleuve classique aimaient à raconter des histoires merveilleuses. Le premier n’était formidable qu’à une époque plus avancée de l’automne, je le savais ; et quant à l’autre, j’espérais jouir de ses prodiges le matin : dans cette attente très-naturelle, je m’endormis.

Neb ne m’appela qu’à dix heures. Je découvris que Rupert n’avait tenu le gouvernail que pendant une heure, et qu’alors, calculant que de cinq à neuf il y avait quatre heures, il avait pensé que c’eût été dommage que le nègre n’eût pas eu sa part de la gloire de cette nuit. Quand Neb me réveilla, ce fut seulement pour me dire qu’il était temps de prendre quelque chose. Neb serait mort de faim plutôt que de précéder son jeune maître dans cette occupation importante ; quant à Rupert, il dormait paisiblement à mon côté.

Nous étions au centre du Tappan, et les Highlands avaient été passés sans danger. Neb s’étendit un peu sur les difficultés de la navigation ; il y avait beaucoup de coudes : le fleuve était bordé de très-hautes montagnes ; mais, après tout, il convint qu’il y avait de l’eau pas mal, du vent pas mal, et une route pas trop mal. À partir de ce moment, la curiosité nous tint éveillés ; tout était nouveau, tout semblait ravissant. La journée était belle, le vent toujours favorable, et rien ne venait troubler notre joie. J’avais une petite carte qui n’était pas très exacte, ni très-bien gravée, et je me rappelle avec quelle importance, après m’être assuré du fait, je montrai à mes deux compagnons les rochers qui bordent la rive occidentale, en leur disant que c’était New-Jersey. Rupert, lui-même, fut frappé de cette grande découverte ; quant à Neb, il était en extase, il roulait ses grands yeux noirs et montrait ses dents blanches, quand tout à coup il ferma ses lèvres de corail pour demander ce que c’était que New-Jersey. Je ne manquai pas de satisfaire ce louable désir d’instruction, et Neb parut plus content que jamais quand il apprit que New-Jersey était un état. Les voyages n’étaient pas alors aussi répandus qu’aujourd’hui, et c’était quelque chose pour trois jeunes Américains, dont le plus âgé n’avait pas dix-neuf ans, de pouvoir dire qu’ils avaient vu un état autre que le leur.

Malgré la rapidité de notre marche pendant les premières heures de notre expédition, le voyage était loin d’être terminé. Vers midi une légère brise s’éleva du sud ; le flux se fit sentir, et nous fûmes obligés de jeter l’ancre : cela ne nous allait pas, car pour des personnes qui s’enfuient, il n’est pas amusant de rester en place. Enfin le jusant revint, nous pûmes remettre à la voile, et descendre avec la marée. Le soleil était près de se coucher lorsque nous aperçûmes les deux ou trois clochers qui alors guidaient les étrangers vers New-York. Cette ville n’était pas alors le grand entrepôt, que dis-je ? le grand emporium commercial ; un titre si ronflant ne fût jamais venu à l’esprit des Anglais trop simples de cette époque ; et il faut une nombreuse collection d’individus ayant reçu une demi-instruction, pour trouver une dénomination semblable. Il n’y avait en Amérique pour tout emporium, qu’un débit de liqueurs dans Water-Street et dans l’île de Manhattan. Emporium commercial ! voilà de quoi exercer l’esprit de toute une cour d’aldermen, aiguisé par un service extraordinaire de soupe à la tortue. Qu’entend-on ensuite par emporium littéraire ; c’est ce que je laisse aux éditeurs du « cru » le soin d’expliquer.

La première chose que nous vîmes en entrant dans la ville, c’est la Prison d’État, qui venait d’être construite et qui me parut un édifice très-imposant. Comme le gibet qu’un voyageur entrant dans un pays étranger aperçut avant tout, c’était un gage de civilisation. Neb secoua la tête en la regardant, et dit, en profond moraliste, que la mine ne lui en plaisait pas. J’avoue que moi-même je ne la vis pas sans quelque frayeur ; Rupert fut celui de nous trois sur qui cette vue produisit le moins d’impression : il n’était pas très-fort sur le chapitre de la morale[1].

New-York, à cette époque, du côté de l’Hudson, commençait un peu au-dessus de Duane-Street. Entre Greenwich, nom du petit hameau qui entourait la Prison d’État, et la ville proprement dite, il y avait un intervalle d’un mille et demi de plaines et de collines, parsemées çà et là de maisons de campagne ; quelques piles de bois de construction s’élevaient sur la berge. L’église de Saint-Jean n’existait pas alors, et les environs étaient en grande partie des marécages. En glissant le long des quais, nous aperçûmes le premier marché que j’eusse jamais vu, de pareilles preuves d’une civilisation avancée n’ayant pas encore pénétré dans les villages de l’intérieur. On l’appelait « l’Ours, » d’après cette circonstance que la première viande qui y avait été mise en vente était la chair de cet animal. Ce nom a disparu, depuis les progrès de la civilisation, pour faire place à celui de Washington. Est-ce à la Société Philosophique, à la Société Historique, à celle des Négociants, ou aux aldermen de New-York, qu’on doit cette grande amélioration ; c’est ce que je n’ai pu découvrir. Si ce sont les aldermen, c’est un acte de grande modestie de leur part d’avoir conféré cet insigne honneur au grand homme, lorsque de tout temps il y a eu parmi eux des membres assez distingués pour mériter d’être les parrains des marchés les plus illustres de la république. Mais Manhattan, sous le rapport du goût, n’a jamais été assez appréciée. Telle est sa profonde admiration pour le mérite supérieur, que Franklin et Fulton ont chacun leur marché, comme Washington a le sien. Sans aucun doute nous aurions eu également le Marché de Newton, celui de Socrate, celui de Salomon, si le patriotisme de la ville ne s’était pas interdit de sortir de cet hémisphère pour chercher des noms illustres. Bacon seul aurait été excepté, son nom aurait trop prêté à l’équivoque[2]. Et puis Bacon était un fripon, tout philosophe qu’il était, et les marches sont faits pour les honnêtes gens. Quoi qu’il en soit, je suis charmé que le nom de l’Ours ait disparu ; il rappelait trop que nous vivions, sinon tout à fait dans les bois, au moins tout à côté.

Nous passâmes le bassin d’Albany, qui par suite des constructions nouvelles se trouve aujourd’hui au centre de la ville, et nous y reconnûmes la tête du mât du Wallingford. Je le fis remarquer à Neb, car il devait y amener le bateau afin de rejoindre le sloop à temps pour repartir sur son bord. Nous fîmes le tour de la batterie, qui était alors une pelouse de gazon circulaire, bordée d’un parapet en bois du côté de l’eau, laissant un espace étroit pour la promenade à l’extérieur. Nous arrivâmes ainsi à White-Hall, si célèbre depuis par ses rameurs, et nous songeâmes à nous procurer un gîte. J’avais l’adresse d’une assez bonne taverne de matelots dans les environs ; et, amarrant le bateau au rivage, nous prîmes nos sacs sur nos épaules et nous fûmes bientôt arrivés. Comme il était tard, je commandai le souper ; Neb reçut ordre de conduire le bateau jusqu’au sloop, et de revenir nous trouver le matin, en ayant bien soin de ne pas dire où nous étions.

Le lendemain, j’avoue que je pensai fort peu à nos sœurs, à Clawbonny et à M. Hardinge. Neb était auprès de mon lit avant que je fusse levé ; il avait fait ce qui lui avait été recommandé, et il était prêt à m’aider dans mes recherches pour trouver un bâtiment. Comme c’était le moment de l’action, peu de paroles furent échangées, mais nous déjeunâmes tous, et nous partîmes d’un air délibéré. Neb fut autorisé à nous suivre, mais à quelque distance, de manière à ne point paraître de notre société ; car se faire suivre d’un domestique, ce n’est pas le moyen d’obtenir une place sur le gaillard d’avant.

Tel était mon empressement de faire partie de quelque équipage, que je ne voulus pas même m’arrêter pour regarder les merveilles de la ville, mais que j’allai droit au quai. Rupert, qui aimait d’instinct les plaisirs d’une capitale, eût voulu suivre une autre marche ; mais je tins bon, et cette fois je l’emportai. À la première vue on aurait pu nous prendre pour de jeunes mousses de bonne mine qui arrivaient d’un voyage lucratif, et qui, la bourse bien garnie, se promenaient en amateurs.

Le commerce d’Amérique était très-actif en 1797. Il avait beaucoup souffert, il est vrai, par suite de la lutte entre les deux grandes puissances belligérantes de l’époque, l’Angleterre et la France ; et certains procédés de cette dernière nation pouvaient amener des complications embarrassantes dans les relations des deux pays ; mais cependant le commerce maritime était en grande prospérité. Il n’y avait point de semaine où il n’arrivât des bâtiments de toutes les parties du globe, et où il n’en partît un nombre égal. Mais ce que nous cherchions, c’était un navire allant aux Indes : la traversée était plus longue, les bâtiments meilleurs, et l’entreprise plus glorieuse que de traverser simplement l’Atlantique et de revenir. Nous nous dirigeâmes donc vers le Fly-Market[3], auprès duquel nous avions entendu dire qu’on équipait trois ou quatre bâtiments comme celui que nous cherchions. Ce marché a depuis lors profité de ses ailes pour disparaître.

Je dévorais des yeux tous les navires devant lesquels nous passions. Jusqu’à la veille, je n’avais jamais vu de bâtiment gréé en voiles carrées ; et jamais enthousiaste des arts ne savoura plus avidement un beau tableau ou une belle statue que je ne dévorais des yeux tout ce que je voyais. J’avais à Clawbonny un modèle d’un trois mâts avec tous ses agrès ; et j’avais assez profité des leçons de mon père pour connaître le nom des moindres cordages et avoir pris des idées assez précises sur l’emploi qu’on en pouvait faire. Ces premières leçons me furent alors très-utiles, quoique d’abord il me fût assez difficile de retrouver mes anciennes connaissances sur la vaste échelle où elles se présentaient alors, et au milieu de ce labyrinthe inextricable qui se dessinait sur les cieux. Les bras, les haubans, les étais, les drisses, étaient assez clairs, et je pouvais les montrer à l’instant, mais pour ce qui était du reste des manœuvres courantes, j’avais besoin d’y regarder à deux fois avant d’être sûr de mon fait.

Quelque pressé que je fusse de m’embarquer, j’avais tant de plaisir à regarder tout ce que j’avais sous les yeux, qu’il était midi quand nous pûmes trouver le bâtiment que nous cherchions. C’était un joli petit navire de quatre cents tonneaux, appelé le John. Je dis petit, parce qu’on le trouverait tel aujourd’hui ; mais alors un navire de cette dimension était regardé comme grand. Le Manhattan, le plus grand des bâtiments sortis du port, ne portait que sept cents tonneaux, et même parmi ceux qui allaient aux Indes, il y en avait peu de plus de cinq cents tonneaux. Je vois encore le John tel qu’il apparut à mes yeux il y a près de cinquante ans, sans tonture, d’un aspect sévère, avec des plats-bords minces et peu élevés.

Lorsque nous arrivâmes à bord, les officiers étaient justement réunis sur le pont du bâtiment. Ils venaient de présider à l’embarcation de toutes les provisions, et de la petite cargaison qu’il portait. Le premier lieutenant, qui s’appelait Marbre, — et jamais je n’ai vu de figure plus marbrée ; c’était comme une carte sur laquelle on eût tracé plus de rivières que la terre n’en peut alimenter, — cligna l’œil en regardant le capitaine, dès qu’il nous aperçut. Le capitaine sourit, mais ne dit rien.

— Par ici, Messieurs, par ici, dit M. Marbre d’un ton d’encouragement. Quand avez-vous quitté le pays ?

Cette question excita un rire général ; la face même cuivrée d’un mulâtre qui passait devant nous avec quelques ustensiles à la main, se fendit jusqu’aux oreilles en une affreuse grimace à notre intention. Je vis que ce n’était pas le moment de reculer. Il fallait se tenir ferme, ou tout était perdu. En même temps j’étais trop sincère pour me faire passer pour ce que je n’étais pas.

— Nous sommes partis de chez nous la nuit dernière, dans l’espoir de trouver place à bord d’un des bâtiments qui doivent mettre à la voile cette semaine pour les Indes.

— Pas cette semaine, mon garçon, mais la semaine prochaine, dit M. Marbre en plaisantant : c’est dimanche le jour. Nous choisissons toujours le dimanche pour partir, voyez-vous ; qui fait bon choix a bonne chance, comme dit le proverbe. — Ah ! ça, nous nous sommes donc décidés à quitter papa et maman ?

— Je n’ai plus ni père ni mère, répondis-je en ayant peine à retenir mes larmes. J’ai perdu ma mère il y a quelques mois ; et mon père, le capitaine Wallingford, est mort depuis plusieurs années.

Le capitaine du John était un homme d’environ cinquante ans, couperosé, tout marqué de petite vérole, aux traits durs, aux épaules carrées, chez qui rien n’annonçait de la sensibilité. Il en montra néanmoins dès qu’il entendit le nom de mon père. Il cessa ce qu’il faisait, vint tout contre moi, me regarda en face, et ses traits prirent même une expression de bonté.

— Vous êtes le fils du capitaine Miles Wallingford ? demanda-t-il à voix basse, celui qui habitait en haut du fleuve ?

— Oui, capitaine, son fils unique. Il n’a laissé que deux enfants, un fils et une fille ; et quoique je ne me trouve pas dans la nécessité de travailler, je voudrais que le fils unique de Miles Wallingford devînt aussi bon marin et, en tout cas du moins, aussi honnête homme que son père.

Ces paroles furent dites avec une assurance qui dut plaire, car le capitaine me secoua cordialement la main, me dit que j’étais le bienvenu, m’invita à le suivre dans la chambre, et à prendre place à une table sur laquelle le dîner venait d’être servi. Il va sans dire que Rupert partagea toutes ces faveurs. Alors vinrent les explications. Le capitaine Robbins, du John, avait fait son premier voyage sur mer avec mon père, pour lequel il professait une profonde estime. Il avait même été son second, et il parlait comme s’il était son obligé. Il ne me fit pas beaucoup de questions, car il lui semblait tout naturel que le fils unique de Miles Wallingford désirât être marin.

Pendant le dîner, il fut convenu que Rupert et moi nous ferions partie de l’équipage à partir du lendemain matin, et que nous signerions notre engagement dès que nous serions à terre. Je devais avoir dix-huit dollars par mois, la solde des matelots étant alors de trente à trente-cinq dollars. Rupert ne fut coté qu’à treize dollars ; le capitaine Robbins dit en riant que le fils d’un ministre ne pouvait avoir la prétention d’être payé autant que le fils d’un des meilleurs maîtres de bâtiment qui fussent jamais sortis d’un port d’Amérique. Mon nouvel ami était un fin observateur, et rien qu’à la vue il comprit sur-le-champ que Rupert ne serait jamais un loup de mer. Après tout, l’argent n’était guère une considération pour nous, et je m’estimais assez heureux d’avoir trouvé une si bonne place, sans presque avoir eu la peine de la chercher. Nous retournâmes à la taverne, et après y avoir passé la nuit, nous prîmes congé de Neb, qui devait porter à la maison ces bonnes nouvelles, dès que le sloop mettrait à la voile.

De grand matin une charrette avait été chargée de nos effets. J’eus la précaution de ne pas me rendre directement à bord du bâtiment. Au contraire, je suivis une tout autre route, et je fis décharger nos sacs sur un quai près duquel se trouvaient des bâtiments de New-Jersey, comme si nous avions l’intention de nous embarquer sur l’un de ces navires. Le voiturier nous laissa, sans s’inquiéter de ce que deviendraient deux jeunes mousses. Au bout d’une demi-heure, une autre charrette fut appelée, et peu de temps après nous étions à bord du John, installés sur le gaillard d’avant. Le capitaine Robbins nous avait pourvus de coffres dans lesquels se trouvait tout l’accoutrement nécessaire pour une si longue traversée. Les trois mois d’avance que nous devions recevoir sur notre solde, étaient destinés à payer cette dépense. Nous endossâmes aussitôt notre nouveau costume et de petites vestes rondes en toile goudronnée, qui nous changèrent à tel point que nous avions peine à nous reconnaître l’un l’autre.

Pendant que Rupert flanait sur le pont en fumant un cigare, je montai au haut des mâts, visitant toutes les vergues, et je ne revins de ce voyage d’exploration qu’après avoir touché chacune des trois pommes. Le capitaine, les officiers et les manœuvriers souriaient en me regardant, et j’entendis le premier qui disait que j’étais « le vieux Miles tout craché. » En un mot, tout le monde semblait content de l’addition qu’avait reçue l’équipage. J’avais eu soin de montrer que je connaissais le nom et l’emploi de la plupart des cordages, et je ne me sentis jamais si fier que lorsque M. Marbre me cria :

— Attention, Miles ; — allez dépasser les drisses du petit perroquet, et jetez-nous un bout pour en passer de nouvelles.

Je grimpai aussitôt, la tête tout en feu, par suite de cet ordre compliqué, et pourtant je savais assez bien ce que j’avais à faire. Cette opération eût pu être faite par le premier venu, et je m’en acquittai sans peine. M. Marbre me dirigeait d’en bas, et la nouvelle manœuvre fut mise en place avec un succès distingué. C’était mon début dans la carrière, et jamais exploit ne causa plus d’orgueil. Pendant que j’étais ainsi occupé, Rupert était appuyé nonchalamment contre le palan d’étai, fumant son cigare comme un bourgmestre. Mais son tour ne tarda pas à venir. Le capitaine le fit descendre dans la chambre, où il le mit à faire des écritures. Rupert avait une main superbe, et il écrivait très-vite. Le soir même j’entendis le premier lieutenant qui disait à un autre officier que le fils du ministre, adroit comme un barbier, allait devenir le commis du capitaine. — Quand le vieux, ajouta-t-il, veut se mettre à griffonner lui-même sur un chiffon de papier, il fait tant de barres et de raies dans tous les sens que, quand il veut lire, il ne sait par quel bout commencer ; et je ne serais pas surpris qu’il laissât à ce jeune gars la plume derrière l’oreille pendant toute la traversée.

Les deux ou trois jours qui suivirent, je passai délicieusement mon temps. J’étais presque toujours sur les mâts. Il fallait enverguer toutes les voiles, et je ne fus pas un des moins occupés. Je serrai la perruche de mes propres mains, le bâtiment portant des cacatois gréés, et il paraît que je m’en acquittai d’une manière très-honorable, car il fallut cinq minutes à celui qui me succéda pour larguer les garcettes. Ensuite il vint à pleuvoir, et il fallut larguer les voiles pour les faire sécher. Je les laissai tomber de mes propres mains, et lorsqu’il fallut plier de nouveau la toile sur la vergue, je me chargeai seul des trois perroquets. Mon père m’avait appris à faire un nœud plat, une bouline, un nœud en demi-clef, et une longue et courte épissure. Tout cela me servit, ainsi que les études que j’avais faites sur le modèle de vaisseau que j’avais à la maison ; si bien que Marbre ne put s’empêcher de dire que j’étais le novice le moins novice qu’il eût encore rencontré.

Pendant tout ce temps, Rupert était tenu à ses écritures. Un jour il eut la permission d’aller à terre, — c’était la veille du jour où nous devions appareiller, — et j’observai qu’il avait mis ses habits de ville. Je m’échappai dans l’après-midi pour courir à la poste, et je remontai jusqu’à Broadway, ne connaissant pas trop mon chemin. Tout le monde alors, j’entends ceux qu’on peut appeler le monde, surtout ceux qui n’étaient pas mariés, se promenaient dans cette rue, depuis la Batterie jusqu’à l’église de Saint-Paul, entre midi et deux heures, lorsque le temps le permettait. J’y vis mon Rupert s’y pavanant dans son costume provincial, qui n’avait rien de remarquable assurément, mais qui cependant ne pouvait détruire l’effet de sa bonne mine. Il se faisait tard, et il quittait la rue au moment où je l’aperçus. J’attendis pour lui parler que nous fussions à l’écart, car je savais qu’il serait mortifié de paraître l’ami d’un simple matelot, au milieu du beau monde.

Rupert entra dans un hôtel, et en ressortit aussitôt une lettre à la main. Il avait été à la poste, et je n’hésitai plus à l’aborder.

— C’est de Clawbonny ? demandai-je avec empressement ; de Lucie, n’est ce pas ?

— De Clawbonny, mais de Grace, répondit-il en rougissant légèrement. J’avais prié la pauvre enfant de m’apprendre comment les choses se passeraient après notre départ. Quant à Lucie, je ne sais pas comment elle écrit, et je ne m’en inquiète guère.

J’étais blessé que ma sœur écrivît à un jeune homme ; si la sœur de Rupert m’eût écrit, comme elle me l’avait promis également sur le quai, les yeux tout en larmes, j’aurais trouvé la chose toute naturelle, et j’étais venu voir si elle m’avait tenu parole ; mais que votre sœur écrive à un autre jeune homme, ou que la sœur de ce jeune homme vous écrive, ce n’est pas la même chose, j’en suis sûr, quoique je ne puisse pas bien me rendre compte de la différence. Sans demander à voir une seule ligne de la lettre de Grace, j’entrai à mon tour au bureau, et je revins une minute après, d’un air triomphant, l’épître de Lucie à la main.

Après tout, le sentiment n’occupait beaucoup de place ni dans l’une ni dans l’autre lettre. C’était le langage simple et naïf de deux jeunes filles à des amis d’enfance. Je les ai encore sous les yeux et je les transcris ici ; c’est le plus court moyen de faire connaître au lecteur l’effet que notre disparition avait produit à Clawbonny. Celle de Grace était conçue en ces termes :


« Cher Rupert,

« Clawbonny a été tout en émoi ce matin, à neuf heures, et il y avait bien de quoi. Lorsque l’anxiété de votre père devint par trop vive, je lui dis tout, et je lui remis les lettres. Il m’en coûte de le dire ; mais il se mit à pleurer. Puissé-je ne plus jamais avoir un pareil spectacle sous les yeux ! Les larmes de deux sottes filles comme Lucie et moi sont peu de chose ; mais, Rupert, voir un vieillard que nous aimons et que nous respectons tant, un ministre de l’Évangile, en pleurs, c’était à fendre l’âme. Il ne nous reprocha pas notre silence ; il reconnut qu’après notre promesse nous ne pouvions agir autrement. Je voulus lui expliquer vos raisons sur la responsabilité dans les prémisses ; mais il ne parut pas même m’entendre. Est-il trop tard pour revenir ? Le bateau sur lequel vous êtes partis peut vous ramener, et quel plaisir nous aurions tous à vous revoir ! Quoi que vous fassiez, et partout où vous irez, mes amis, car j’écris à l’un autant qu’à l’autre, bien que j’adresse ma lettre à Rupert, parce qu’il m’en a si fort priée, rappelez-vous les leçons que vous avez reçues dans votre enfance, et à quel point nous sommes tous intéressés à votre conduite et à votre bonheur.

« Votre affectionnée Grâce Wallingford. »


Lucie avait été moins réservée, et peut-être un peu plus franche. Voici sa lettre :


« Cher Miles,

« J’ai bien pleuré une heure après votre départ et celui de Rupert ; et maintenant que tout est fini, je me battrais presque d’avoir tant pleuré pour deux mauvais sujets. Grace vous a dit que notre bon père a pleuré aussi. Jamais, je vous le jure, je n’ai eu si peur de ma vie. Quand vous l’apprendrez, il est impossible que vous ne reveniez pas. Que va-t-il se passer ? je n’en sais rien ; mais quelque chose se prépare. Mon père ne dit rien ; preuve qu’il a quelque projet. Grace et moi nous ne faisons que penser à vous deux ; c’est à dire Grace à vous, et moi à Rupert ; et un peu à l’autre aussi. Et maintenant vous savez tout. Si vous vous embarquez, ce que j’espère encore que vous ne ferez pas, ne manquez pas de nous écrire auparavant. Adieu.

Lucie Hardinge.

P. S. « La mère de Neb proteste que, s’il n’est point revenu samedi, elle se mettra à sa poursuite. Un esclave qui prend la fuite ! c’est un déshonneur que ni elle ni les siens n’ont jamais eu à subir, et a elle dit qu’elle ne s’y soumettra point ; mais je suppose que, pour lui, nous le verrons bientôt, et qu’il nous apportera des lettres. »


Neb avait bien pris congé de nous, mais il n’était porteur d’aucune lettre. Comme c’est assez l’usage, je regrettai ma négligence quand il était trop tard pour la réparer, et tout le long du jour je pensai à Lucie, et au désappointement qu’elle éprouverait en voyant le nègre revenir les mains vides. Je me séparai de Rupert dans la rue, pour lui éviter l’affront de ma compagnie ; car, sans qu’il me l’eût exprimé, je voyais qu’il souffrait d’être vu avec un simple matelot. Je me dirigeais d’un pas rapide vers le bâtiment, et j’étais arrivé au quai, lorsqu’au tournant d’une rue je me trouvai face à face avec mon tuteur. Mon tuteur marchait lentement, l’air abattu, et les yeux tournés vers les navires, comme s’il y cherchait ses enfants. Grâce à mon costume et à sa distraction, il ne me reconnut pas et j’arrivai à bord sans encombre.

Le soir même j’eus le bonheur d’appareiller à bord d’un véritable navire complètement gréé. Il est vrai que nous portions très-peu de toile, et qu’il ne s’agissait que de prendre le courant. Profitant d’un vent et d’une marée favorable, le John quitta le quai sous son foc, sa grande voile d’étai et sa brigantine, descendit jusqu’à la batterie, enfila l’autre canal et jeta l’ancre. Me voilà donc à un demi-mille de toute terre autre que le fond, et brûlant de voir l’Océan. Dans l’après midi les hommes d’équipage étaient venus à bord ; c’était un ramassis de matelots à peine sortis de l’ivresse, dont la moitié étaient Américains, et le reste d’autant de pays divers qu’il y avait d’individus. M. Marbre jeta sur eux un coup d’œil pour les passer en revue, et, à ma grande surprise, il dit au capitaine qu’il y avait du bon, beaucoup de bon par mieux. Je n’en aurais pas dit autant ; car, à en juger par l’apparence, jamais je n’avais vu une collection pareille. À part deux ou trois qui avaient assez bonne mine, la plupart semblaient avoir été ramassés à…, lieu que je ne nommerai pas, quoique ce soit celui que les matelots citent ordinairement quand ils se peignent eux-mêmes dans des occasions semblables. Mais Jack[4] après une semaine passée sur mer, et Jack arrivant à bord après un mois d’excès à terre, sont deux créatures très-différentes au moral comme au physique.

Je commençais à regretter de n’avoir pas vu un peu la ville. En 1797, New-York n’avait pas plus de cinquante mille habitants ; mais ce n’en était pas moins alors, comme aujourd’hui, la merveille des merveilles aux yeux de tout bon Américain. C’est une règle très commode du patriotisme pur de soutenir que le mieux de chez nous est le mieux de partout ; car elle nous ôte l’embarras de la discussion ; et ce dont nous sommes le plus fiers, ce n’est pas toujours des avantages qui pourraient faire notre orgueil, mais d’autres qui sont pour le moins équivoques ; mais il faudrait du temps pour établir cette vérité, et ce serait faire bon marché de mon histoire, et encore plus de mon pays, acte de suicide que je ne me permettrai pas.

C’était un samedi que notre équipage s’était complété, et la moitié alla sur-le-champ se coucher. Rupert et moi nous avions un bon hamac, et nous comptions bien rester ensemble, ce qui nous rendait assez indifférents sur les mouvements de nos singuliers compagnons. Au souper, la gamelle nous tourmenta un peu : voir ce qu’on doit manger pêle-mêle dans une grande marmite où chacun va puiser, c’est un spectacle peu agréable pour ceux qui ont été habitués à des assiettes, à des couteaux, et autres superfluités de ce genre. J’avoue que je me surpris à penser aux petites mains blanches de Grace et de Lucie préparant la nappe, les verres, la vaisselle, les pinces d’argent ; car c’était chose alors inconnue en Amérique que des serviettes et des fourchettes d’argent, si ce n’est sur les tables les mieux servies, et même alors seulement les grands jours.

J’eus l’honneur, pendant que nous étions sur l’Hudson, d’être de quart de rade avec un vieux Suédois renfrogné. Le vent était faible, le bâtiment bien mouillé, de sorte que mon camarade fit choix d’une planche bien douce, et, me disant de l’appeler s’il arrivait quelque chose, se mit en devoir de dormir tranquillement ses deux heures. Je me gardai bien d’en faire autant ; je me promenai sur le pont avec autant de gravité que si le fardeau des affaires de l’état reposait sur mes épaules. Toutes les cinq minutes je rendais une visite aux bossoirs, pour m’assurer que le câble tenait bien et que l’ancre ne bougeait pas ; et puis je regardais en haut pour voir si tout était à sa place : ce furent deux heures de félicité.

Le lendemain, vers dix heures, un dimanche, puisque, selon M. Marbre, on n’appareillait jamais que ce jour-là, tout le monde fut mis à lever l’ancre. Le cuisinier, le mousse du capitaine, Rupert et moi nous fûmes chargés de défaire les plis du câble, les barres demandant des poignets plus robustes que les nôtres. L’ancre fut néanmoins retirée sans peine, et Rupert et moi nous fûmes envoyés larguer le petit hunier. Rupert, je suis peiné de le dire, monta à la hune par le trou du chat, et je fis tout seul la besogne. Les voiles ne tardèrent pas à se déployer sur tout le bâtiment, et en regardant du haut des traversins du petit mât de hune, où je restai pour affaler les cargue-points, je vis que le navire abattait du côté du large, et qu’une forte brise nord-ouest gonflait ses voiles. Au moment où un ravissement inexprimable remplissait tout mon être de me sentir en route pour Canton, ce qu’on appelait alors les Indes, Rupert m’appela de la hune. Il me montrait un objet sur l’eau, et en me détournant je vis un bateau à cent pas du bâtiment : sur ce bateau était M. Hardinge qui, dans ce moment, nous aperçut. Mais toutes les voiles étant alors déployées, le John s’élança rapidement en avant, et je ne distinguai encore un instant mon tuteur que pour le voir debout, la tête découverte, les deux bras étendus, comme s’il nous suppliais de ne pas l’abandonner.

Je descendis à la hune, où je trouvai Rupert qui se cachait, l’air confus et effrayé. Quant à moi, je m’appuyai contre le mât, et je me mis à sangloter tout de bon. Cela durait depuis quelques minutes, lorsqu’un ordre du lieutenant nous appela en bas. Quand j’arrivai sur le pont, le bateau était déjà à une grande distance en arrière, et il avait évidemment renoncé à l’idée de nous rejoindre. Je ne saurais dire si la certitude de ce fait me causa plus de plaisir que de peine.



  1. Il peut être à propos de faire observer à l’Européen qui pourrait lire cet ouvrage, qu’une prison d’état, en Amérique, n’est pas destinée aux prisonniers d’état, mais aux malfaiteurs ordinaires. La dénomination vient du nom porté par les gouvernements locaux.
  2. Bacon veut dire lard en anglais.
  3. Marché aux Mouches.
  4. Sobriquet pour désigner un matelot.