À propos de théâtre/Avant-propos

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L’éditeur
Trois années de théâtre. 1883-1885
Calmann Lévy, éditeur (À propos de théâtrep. i-iii).

AVANT-PROPOS




Nous ajoutons aujourd’hui un second volume aux Trois Années de théâtre.

Ce volume nous l’intitulons : À propos de théâtre. Sous quel autre titre en effet ranger des matières telles que : la censure, la mise en scène, les comédiens en voyage, les mémoires d’un chef de claque, le théâtre de Compiègne, etc., etc., tous, sujets bien divers, traités à propos de théâtre, par J.-J. Weïss dans ses feuilletons dramatiques ?

L’ouvrage Trois Années de théâtre se composera, ainsi que nous l’avons annoncé, de quatre volumes. Nous ferons paraître à bref délai le troisième volume : le Drame historique et le drame passionnel, puis le quatrième et dernier volume : les Théâtres parisiens.

Aujourd’hui qu’il nous soit permis de remercier les écrivains distingués qui, à l’apparition de notre premier volume Autour de la Comédie-Française, ont bien voulu parler de l’œuvre de J.-J. Weïss. Tous, sans exception, ont rendu un hommage éclatant à l’auteur ; nous ne saurions oublier surtout les lignes suivantes écrites dans le Journal des Débats par l’un des plus éminents d’entre eux :

« La répartition de l’œuvre critique de mon illustre prédécesseur, dit M. Jules Lemaître, me semble assez raisonnable. Elle mettra dans notre plaisir un ordre non moins rigoureux, mais suffisant et commode, qui nous rendra ce plaisir plus profitable et qui nous fera plus aisément repasser les aspects extrêmement divers de ce riche, mobile, capricieux et prodigieux génie que fut J.-J. Weïss.

» J’ai dit « génie » ; et comme le mot ramené à ses origines signifie avant tout la spontanéité, le jet naturel de l’esprit, ce que nous appelons aujourd’hui le tempérament, je crois qu’aucun autre mot ne conviendrait mieux ici. J.-J. Weïss nous offre ce phénomène presque unique d’un normalien, d’un professeur, d’un théoricien politique, d’un haut fonctionnaire (il l’a été à deux reprises), d’un homme rompu à toutes les disciplines intellectuelles façonné et trituré par toutes les cultures, chargé d’une énorme quantité de notions précises, et dont le tempérament originel a résisté à tout, dont la libre fantaisie, l’ « humeur » au sens où nos pères l’entendaient, la sensibilité propre, l’audacieuse « naïveté » sont restées intactes et ont même paru grandissantes jusqu’à la fin, et chez qui l’imagination sous l’appareil logique et serré du discours, est toujours demeurée souveraine maîtresse. »