Épîtres (Voltaire)/Épître 27

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Œuvres complètes de VoltaireGarniertome 10 (p. 260).


ÉPÎTRE XXVII.


À MONSIEUR PALLU,
CONSEILLER D’ÉTAT.


Quoi ! le dieu de la poésie
Vous illumine de ses traits !
Malgré la robe, les procès,
Et le conseil, et ses arrêts,
Vous tâtez de notre ambrosie !
Ah ! bien fort je vous remercie
De vous livrer à ses attraits,
Et d’être de la confrérie.
Dans les beaux jours de votre vie,
Adoré de maintes beautés,
Vous aimiez Lubert et Sylvie ;
Mais à présent vous les chantez,
Et votre gloire est accomplie.
La Fare, joufflu comme vous,
Comme vous rival de Tibulle,
Rima des vers polis et doux,
Aima longtemps sans ridicule,
Et fut sage au milieu des fous.
En vous c’est le même art qui brille :
Pallu comme La Fare écrit :
Vous recueillîtes son esprit
Dessus les lèvres de sa fille.
Aimez donc, rimez tour à tour :
Vous, La Fare, Apollon, l’Amour,
Vous êtes de même famille.