Études poétiques (Lacaussade)/Phelly la blonde

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Études poétiquesAlphonse Lemerre, éditeurPoésies d’Auguste Lacaussade, tome 1 (p. 155-157).

XV

PHELLY LA BLONDE


 
DUO

I
Bienheureuse cette heure, et bienheureux ce jour
Où sous les bouleaux verts, près de la rive humide,
Mon jeune cœur fut pris à ta beauté timide,
Phelly la blonde, ô mon amour !

II
Bénis l’heure et le bois, la grotte à l’eau furtive,
Où, les regards baissés devant toi, mon vainqueur,
Ivre de tes aveux, je me taisais, craintive,
Pour écouter parler ton cœur !
 

I
L’oiseau, poète ailé de la saison nouvelle,
Plus tendre chaque jour, chante au sommet des bois :
Telle et plus tendre encore à mon âme est ta voix,
Blonde Phelly, ma douce belle !

II
Comme une jeune rose au front de l’églantier
Plus suave à chaque heure ouvre sa fleur naissante,
Telle en mon sein, pour toi qui l’emplis tout entier,
Fleurit ma tendresse croissante.

I
Les chauds regards du ciel, les gais soleils d’été,
Souriant dans l’azur à la moisson dorée,
Sont moins doux à mes yeux que ta tête adorée,
Phelly la blonde, ô ma beauté !

II
La rapide hirondelle, au loin perçant la nue,
Annonce les jours clairs et le printemps fleuri ;
Mais à mes yeux combien plus douce est ta venue,
Toi de mon cœur l’oiseau chéri !

I
Aux heures du soleil, de miel ivre et de flamme,
Le papillon s’endort dans le lys argenté :
Ma lèvre sur ta lèvre a bu la volupté,
Blonde Phelly, fleur de mon âme !



II
Aux heures du silence et du soir embaumé,
Quand la rose des nuits ouvre au zéphyr sa feuille,
Ton souffle est plus suave, ô mon doux bien-aimé,
Que la senteur du chèvrefeuille.

I
Aux largesses du sort chacun rêve à son tour :
L’un aspire à la gloire, et l’autre à la fortune.
Mon ciel n’a qu’une étoile, et ma pensée est une,
Et c’est Phelly, ma blonde amour !

II
Que sont les biens du monde et tout l’or de la terre ?
La mouche au bleu corsage a plus de prix pour moi.
Oh ! mon bien le plus doux, ma gloire la plus chère,
C’est toi, mon bien-aimé, c’est toi !

Imité de Burns.