Œuvres (Ferrandière)/Fables/Fable 143

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Janet et Cotelle (Première partie : Fables — Seconde partie : Poésiesp. 156-157).

FABLE CXLIII.

LE VAUTOUR ET LES PETITS OISEAUX.


Un vautour étoit languissant
De plusieurs blessures cruelles.
Son appétit l’abandonnant,
Tout oisillon les soupçonnoit mortelles ;
Et chacun d’eux venoit souvent
Auprès de son réduit savoir de ses nouvelles,
Contrefaisoit sa voix, prenoit le ton dolent,
Et les plus gais oiseaux, tels que pinson, fauvette,
Lui protestoient que sa longue retraite
Inquiétoit tout le canton.
Oui, je remercîrois de cette attention
Que l’on a pour ma maladie,
Dit-il, très las de leur hypocrisie,

Si je n’en savois la raison.
Oh ! ce qui fait rôder autour de ma maison,
Est bien moins l’intérêt que l’on prend à ma vie
Que la peur de ma guérison.