Œuvres complètes de Béranger/L’Écrivain public

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir L’Écrivain public.


L’ÉCRIVAIN PUBLIC


couplets de fête


ADRESSÉS À M. J. LAFFITTE PAR DES ENFANTS QUI IMPLORAIENT
SA BIENFAISANCE g*


1824


Air de la République (Air noté )


                            LES ENFANTS.
Daignez, monsieur, nous servir d’interprète.
Chantez pour nous Jacques qui fait du bien.
                            L’ÉCRIVAIN.
À le louer, enfants, ma plume est prête.
Des malheureux, oui, Jacque est le soutien.
Je le peindrai pur, dans son opulence,
Des titres vains dont l’orgueil se nourrit.
                            LES ENFANTS.
Chantez plutôt notre reconnaissance :
        Des enfants n’ont pas tant d’esprit.

                            L’ÉCRIVAIN.
On peut chez lui célébrer la richesse
Qui trop souvent corrompit les humains.
Fruit du travail, tout l’argent de sa caisse

Sans les salir a passé dans ses mains.
Parfois chez nous la probité prospère ;
Aux grands talents parfois le ciel sourit.
                            LES ENFANTS.
Parlez plutôt de notre pauvre père.
        Des enfants n’ont pas tant d’esprit.

                            L’ÉCRIVAIN.
Je veux surtout le peindre à la tribune.
À la raison sa voix donna l’essor.
Il défendit la publique fortune
Lorsqu’aux proscrits il prodiguait son or.
Il nous montra la patrie expirante
Sur des trésors que le pouvoir tarit.
                            LES ENFANTS.
Peignez plutôt notre mère souffrante :
        Des enfants n’ont pas tant d’esprit.

                            L’ÉCRIVAIN.
Je veux aussi peindre la calomnie :
Point de vertus que respectent ses traits.
Mais par le souffle une glace ternie,
Plus pure aux yeux brille l’instant d’après.
En vain des sots il connut l’inconstance,
Du citoyen la palme refleurit.
                            LES ENFANTS.
Dites plutôt qu’il est notre espérance :
        Des enfants n’ont pas tant d’esprit.

                            L’ÉCRIVAIN.
Pauvres enfants ! je vois ce qu’il faut dire :
De vos parents Jacque est l’unique appui.

Les biens si chers auxquels un père aspire,
Vous prierez Dieu de les verser sur lui.
Pour lui porter ces vœux d’une âme pure,
Vous attendiez que sa porte s’ouvrît.
Plus grands que vous passent par la serrure ;
        Des enfants n’ont pas tant d’esprit.



g*. Cette chanson est anciennement faite. Moins on la trouvera digne de voir le jour, mieux on se rendra compte du motif qui l’a fait livrer aujourd’hui à l’impression.



Air noté dans Musique des chansons de Béranger :


L’ÉCRIVAIN PUBLIC.

Air de la petite Gouvernante.
No 293.



\relative c'' {
  \time 2/2
  \key g \major
  \tempo "Andante."
  \autoBeamOff
  \set Score.tempoHideNote = ##t
    \tempo 4 = 100
  \set Staff.midiInstrument = #"piccolo"
\partial 2 r8 d d d | d4. d8 d d d d 
g2 d8 d d d | c4 c c8 b c d | b2 r8 d d d 
d4. d8 d d d d | g2 a,8 e' e e | d4 d8 d fis,4 fis8 fis
g2 r8 d' d d | cis4. a'8 a g e cis | e4 d r8 d d d 
% {page suivante}
cis4. a'8 a g e cis | d2 r8 d d d | b4 d b8 b g' g 
g2 a,8 e' e e | d4 d c8[ (b)] c[ (d)] | b2 r8 d d d 
b4 d b8 b g' g | g2 a,8 e' e e | d4 d fis, fis | g2 \bar "||"
}

\addlyrics {
"« Dai" -- gnez mon -- sieur nous ser -- vir d’in -- ter -- prè -- te
Chan -- tez pour nous Jac -- ques qui fait du "bien. »"
À le lou -- er en -- fans ma plume est prê -- te
Des mal -- heu -- reux oui Jacque est le sou -- tien
Je le pein -- drai pur dans son o -- pu -- len -- ce
Des ti -- tres vains dont l’or -- gueil se nour -- rit
"« Chan" -- tez plu -- tôt no -- tre re -- con -- nais -- san -- ce
Des en -- fans n’ont pas tant d’es -- prit.
Chan -- tez plu -- tôt no -- tre re -- con -- nais -- san -- ce
Des en -- fans n’ont pas tant d’es -- "prit. »"
}

Haut