Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre/Tome 1/J’ai vu tantôt l’aimable Flore

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J’AI VU TANTÔT L’AIMABLE FLORE…[1]


J’ai vu tantôt l’aimable Flore,
Au plus beau des Jours du printems
Donner la main à Terpsychore
Et la parer de ses présens.
Aussitôt j’ai vu sur leurs traces
Aux doux accords du violon,
La troupe légère des Grâces
Voler sur le tendre gazon.

De cette charmante alliance
Quelle main forma les doux nœuds ?
De la vive gaieté d’Hortense
Reconnaissez l’ouvrage heureux,
Son air, sa grâce enchanteresse.
Son humeur aimable et riante[2];
Avec les jeux et la jeunesse
Près d’elle enchaîne le bonheur.


Par elle, la saison nouvelle
Emprunte un nouvel agrément.
La nature devient plus belle,
Le printems, paroît plus riant.
La beauté des présens de Flore,
Toujours contrainte à s’embellir
À la déesse qu’elle adore
Ravit l’hommage du zéphyr.

Mais en vain, négligeant ces armes
Elle est souvent rebelle aux lois.
Elle conserve assez de charmes
Pour nous vaincre à la fin du mois.
Au tribunal d’un juge inique
Notre bon droit fut rejeté
Mais il peut braver la critique ;
Il est absout par la beauté.

De tout temps. Messieurs de justice,
Pour elle, furent indulgens.
Vénus reçoit leur sacrifice
Thémis a reçu leurs sermens.
Pour moi d’être vaincu par elle
Je me console avec raison
Vingt fois pour souper avec elle
Je veux payer le violon.



  1. Poésie reproduite par M. Lucien Peise, loc. cit., p. 27.
  2. Le vers régulier serait:Son aimable et riante humeur.