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Œuvres d’histoire naturelle de Goethe/Marienbad considéré sous le point de vue géologique

La bibliothèque libre.
Traduction par Charles Martins.
A. Cherbuliez et Cie (p. 370-385).

MARIENBAD
CONSIDÉRÉ
SOUS
LE POINT DE VUE GÉOLOGIQUE.

(1822.)

Pendant un grand nombre d’années, nous nous sommes occupé des environs de Carlsbad afin d’arriver à connaître leur constitution géologique et d’avoir la satisfaction de transmettre à la postérité le résultat de nos recherches et de nos collections. Nous voudrions faire la même chose pour Marienbad, et sinon achever, du moins préparer le travail. Entrons donc en matière sans autre préambule.

Parlons d’abord de la position du couvent de Tepel : sa latitude est de 49°, 58′, 53″ ; de plus les observations et le calcul ont démontré qu’il était élevé de 242 toises[1] au-dessus de l’observatoire de Prague. Il faut remarquer en outre que le sommet du Podhora (Podhorn-Berg) s’élève à 324 toises au-dessus de ce même observatoire. Tepel occupe la partie occidentale de la base de cette montagne et peut être considéré comme un des points culminants de la Bohême.

La vue étendue dont on jouit lorsqu’on s’est élevé à une hauteur médiocre sur la montagne et la direction des eaux qui en descendent viennent confirmer ce fait. Sur le versant oriental, on voit jaillir plusieurs sources qui courent d’abord vers l’est du côté du couvent, donnent naissance à plusieurs étangs, et se réunissent pour former la Tepel qui se jette dans l’Eger au-dessous de Carlsbad. D’autres sources peu éloignées l’une de l’autre et séparées par des élévations de hauteur médiocre, se dirigent vers le sud jusqu’à ce qu’elles se joignent à un grand nombre de petits ruisseaux et de petites rivières qui, dans les environs de Pilsen, prennent le nom de Beraun. La première carte de Keferstein nous servira de guide dans tout le cours de ce mémoire, et nous prions le lecteur de l’avoir constamment sous les yeux, s’il veut nous lire avec fruit.

Le groupe de montagnes primitives qui occupe l’intervalle qui sépare Carlsbad de Marienbad touche vers le sud-ouest au Fichtelberg, vers le nord-est à l’Erzgebirg ; il renferme de nombreux exemples des modifications de la roche fondamentale et des gisements additionnels (Einlagerungen) de roches analogues à celles dont nous avons étudié les nombreuses transformations autour de Carlsbad, en les poursuivant jusqu’à Schlackenwald. Notre intention actuelle est de marcher à la rencontre de cette formation, en partant du point où nous sommes, et de commencer une collection dont nous allons donner le catalogue, afin de mettre chacun en état d’explorer et d’étudier lui-même le pays.

Pour la rédaction de ce catalogue, je n’avais pas les mêmes avantages qu’à Carlsbad où toutes les masses présentent des escarpements, ouvrage de la nature ou de l’homme, qui permettent de les aborder de tous les côtés. Dans le bassin profond où se trouve Marienbad, ainsi que dans les environs, tout est revêtu de mousse, de gazon ou de tourbe, couvert de forêts et d’une couche épaisse de terre végétale qui ne permet que çà et là d’apercevoir la roche sous-jacente. Les travaux de terrassement entrepris actuellement, les carrières ouvertes plus largement, et les autres travaux qui ont bouleversé le terrain facilitent, il est vrai, les recherches de l’observateur ; mais elles ne peuvent porter que sur des points isolés jusqu’à ce que des explorations ultérieures aient fourni des données suffisantes.

Il faut remarquer d’abord que les modifications profondes, et les oscillations, si je puis m’exprimer ainsi, de la roche fondamentale entre telle ou telle forme, sont aussi frappantes que singulières dans cette localité. Ainsi l’on observe des changements partiels que nous ne saurions définir ; une couche ainsi modifiée ne se montre pas sous forme de filons, mais elle marche parallèlement à la stratification du granit, et s’adosse pourtant à ses couches, quelle que soit leur inclinaison. Elle se distingue en ce que la roche qui la compose est plus ou moins altérée ; ce sera, par exemple, du granit graphique ou quelque chose d’analogue au jaspe, à la calcédoine, à l’agate, ainsi que nous l’indiquerons à mesure que les roches s’offriront à nous dans ce catalogue.

Remarquons en général que les roches primitives étant identiques entre elles dans le monde entier, nous devons trouver ici les mêmes phénomènes qu’à Carlsbad, et nous nous en référons au catalogue des roches de cette localité que nous avons donné précédemment.

Catalogue des roches de Marienbad.


Nous considérons le granit comme la base des montagnes de ce pays. Il a été mis à nu par suite de quelques travaux de construction ; nous l’avons vu à l’état de massif sur la promenade principale où l’on bâtit un mur dans ce moment. On le retrouvait encore dans la cour du château de Klebelsberg où il affecte une disposition stratiforme. Un ouvrage de maçonnerie le dérobe maintenant à la vue. Comme ces points seront envahis dans peu de temps par des constructions, on ne pourra l’observer alors que dans les carrières qui sont au-dessus et derrière la pharmacie. D’après les remarques faites jusqu’ici, on doit considérer le granit comme une masse énorme inclinée vers le nord, qui bientôt sera convertie en terrasses échelonnées les unes au-dessus des autres.

1. Ce granit est d’un grain de médiocre grosseur, il contient de gros cristaux de mâcle et une proportion notable de quarz hyalin.

2. Le même granit d’une localité où il était un peu dégradé ; les mineurs le nomment le filon pourri (der faule Gang).

3. Un autre filon très dur dans le granit précédent. On peut à peine distinguer ses parties constituantes, il est à grains fins avec de petits fragments porphyroïdes plus ou moins volumineux.

4. Échantillon avec des fragments porphyroïdes de forme ovale.

5 et 6. Il se métamorphose en une roche schistoïde qui permet cependant de le reconnaître.

7 et 8. Roche schistoïde mieux caractérisée.

9. Le même avec des fragments de quarz, il est aussi en veines ; cet échantillon est uni au granit no 1.

10. Modification remarquable, il est en partie porphyroïde et bréchiforme, et traverse suivant la diagonale la cour du château de Klebelsberg en se dirigeant vers la pharmacie.

11. On en trouve des fragments qui se rapprochent du jaspe, de la calcédoine et du silex corné.

12. On voit dans les fentes de petits cristaux d’améthyste blanche.

13. Les mêmes avec des cristaux d’améthyste plus volumineux dans lesquels on distingue déjà la forme prismatique.

14. Roche analogue au no 10 du côté du moulin.

15. Granit avec du mica noir et de grands cristaux de feldspath, semblable à celui qui se trouve à Carslbad du côté de la forge. On l’a trouvé en gros blocs épars dont les connexions n’ont pas pu être bien déterminées.

16. Mâcle : rarement on peut la détacher de la roche ; celle-ci est la seule que l’on ait trouvée isolée.

Nous allons maintenant énumérer les roches qui se trouvent du côté du Kreuzbrunnen où le mica devient prédominant.

Du no 17 au no 21, nous avons suivi tous les passages y compris les échantillons où le granit est le plus fin.

22. Le même un peu dégradé et d’une teinte jaunâtre.

23. Échantillon contenant des veines de quarz rougeâtre.

Du côté de la forge sur la colline on observe :

24. Une espèce de granit à grains fins d’un aspect gras.

25. Granit rose du voisinage avec prédominance de quarz.

26. Quarz et feldspath encore plus abondants.

27. Roche quarzeuse difficile à déterminer.

Les roches précédentes sont plus ou moins employés dans la maçonnerie.

28. Le granit dont on fait des dalles vient de Sandau.

29. Roche granitoïde avec porcellanite, à grains très fins. Elle est employée pour faire des pourtours de croisées et des entablements. Elle provient du Sangerberg près de Petschau.

30. Quarz pur sur la route qui monte de Marienbad à Tepel.

31. Granit graphique du même endroit.

32. Granit en contact avec le granit graphique.

33. Gneiss en contact avec le même.

34. Granit renfermant un sphéroïde de mica (Glimmerkugel), de la sablonnière derrière la maison commune.

35. Sphéroïde de mica isolé par la dégradation de la roche.

36. Roche peu caractérisée se rapprochant du no 33.

37. Filon granitique au milieu d’une roche noire dont la nature est difficile à déterminer, derrière la pharmacie sur la hauteur.

38. La même en galets.

39. La roche problématique no 36 avec le mica qui lui est contigu.

40. Gneiss de la carrière située à droite de la route en montant vers Tepel.

41. Gneiss à droite de la route de Tepel.

42. Le même très compacte.

43. Le même altéré par l’action des eaux thermales.

44 et 45. Variétés du même.

46. Gneiss se rapprochant du schiste micacé.

47. Gneiss de Petschau contenant des mâcles allongées sous l’influence du mica. Voy. p. 368.

47. La même roche à l’état stratifié trouvée au-dessous de Marienbad dans le ruisseau.

48 et 49. La même.

50. Hornblende avec des filons de quarz entre Hohdorf et Auschowitz.

51. Le même.

52. Hornblende très compacte.

53. La même altérée par l’eau thermale.

54. Hornblende avec du feldspath rougeâtre.

56. Hornblende contenant du feldspath rouge.

57. Hornblende avec des traces de grenats (Almandinen).

58. Gneiss avec des grenats mieux caractérisés.

69. Gneiss contenant de très beaux grenats.

60. Hornblende avec de gros grenats.

61. Hornblende avec des grenats et du quarz.

62. La même avec des grenats plus petits.

63. Roche dure, pesante, schistoïde contenant des grenats. Elle rappelle la diallage verte (Smaragdit) du Tyrol.

64. La même altérée par l’action des eaux thermales.

68. La même roche avec des grenats visibles à la surface.

69. La même à grains fins.

70. Quarz avec des fissures (gehackter Quarz) dont les parois sont tapissées de petits cristaux. Masse désagrégée trouvée dans le voisinage de la source gazeuse.

70. a. Quarz entièrement cristallisé, mais surtout dans les fentes où il est passé à l’état d’améthyste : sur les bords du chemin qui conduit à la fabrique de bouteilles.

70. b. Feldspath avec des veines de silex corné des mêmes localités.

71. Hornblende non loin de Wischkowitz.

72. Chaux carbonatée adossée au gneiss de Wischkowitz.

73. Le même avec des traces de la roche concomitante.

74 et 75. L’influence de la roche contiguë est plus marquée.

76. Le calcaire et la roche voisine confondus. Quelques traces de fer sulfuré (Schwefelkies).

77. Chaux carbonatée grise à grains fins employée de préférence par les constructeurs.

78. Calcaire stalactiforme (tropfsteinartigen) avec des cristaux impurs du même endroit et employé pour la maçonnerie.

79. Cristaux spathiques plus purs du même endroit.

79. a. Asbeste tressé (Bergkork) qui paraît se former dans les produits de la décomposition des roches ; on le trouve après les temps humides dans des fentes près de Wischkowitz.

80. Marbre blanc de Michelberg du côté de Plan.

81. Calcaire gris.

82. Basalte de la crête du Podhora[2].

83. Serpentine et pétro-silex résinite (Pechstein).

84. Roche primitive en contact.

Ce catalogue sera, nous l’espérons, accueilli favorablement par les nombreux amis de la science qui visitent et visiteront par la suite les eaux de Marienbad. Ce n’est qu’un travail préparatoire pour moi comme pour les autres, entrepris et achevé avec beaucoup de peine malgré le temps le plus défavorable. Il prouve que dans les premiers âges du globe les formations analogues se sont influencées réciproquement. Nous les avons divisées en roches fondamentales, et roches modifiées ou séparées par des actions et des réactions mutuelles. Je recommande ce résultat aux méditations de mes successeurs dans l’espérance que mon travail les excitera à en entreprendre de nouveaux.

On savait qu’il existait de la serpentine dans les environs d’Einsiedel ; elle était même exploitée, puisqu’elle a servi à faire les margelles du bassin de la fontaine de la Croix. On pourrait en conclure qu’elle est en rapport immédiat avec les formations primitives. On en a découvert aussi par hasard près de Marienbad à mi-côte de la montagne qui s’élève au sud-ouest de la maison des bains. On y arrive par un chemin qui est limité à gauche par le parc où sont renfermées les bêtes fauves et à droite par le ruisseau qui fait aller le moulin. Avec un temps et des circonstances plus favorables, nous eussions étudié ses connexions avec la roche primitive. Un lacis d’arbrisseaux, une couche épaisse de mousse imprégnée d’eau, des troncs pourris et des débris de rochers nous opposèrent des obstacles difficiles à vaincre. Toutefois la première observation est faite. Je découvris un feldspath à lames schistoïdes d’un gris foncé contenant des parties blanches dans lesquelles on reconnut distinctement des grains quarzeux, indices d’une affinité évidente avec la roche primitive ; de la serpentine d’abord très pesante et d’un vert foncé, puis plus légère, d’une teinte plus claire ; elle était mélangée d’asbeste : ensuite nous découvrîmes le pechstein qui contenait aussi de l’asbeste d’un brun foncé, plus rarement d’un brun jaunâtre.

La masse du pechstein était divisée en fragments, dont les plus gros avaient environ six pouces de longueur ; chacun de ces morceaux était enveloppé d’une couche grise pulvérulente qui tachait par le frottement. Ce n’était point du pechstein décomposé, car elle ne pénétrait pas dans son intérieur ; mais après l’avoir enlevé on trouvait la pierre lisse et brillante comme l’est une cassure récente. Ces morceaux pris dans leur ensemble semblaient amorphes ou d’une forme indéterminable. Toutefois j’en ai choisi un certain nombre qui avaient celle d’un obélisque à quatre faces avec une base qui n’était pas parfaitement horizontale.

Je suis convaincu que tout tend à prendre une forme, et que les produits inorganiques n’ont un véritable intérêt pour nous que lorsqu’ils trahissent d’une manière ou de l’autre leur tendance morphologique. On me pardonnera donc si je ne puis m’empêcher d’admettre une configuration régulière, même dans les produits les plus problématiques et d’appliquer aux cas douteux ce qui me paraît une loi générale.

Mardi, 21 août 1821.

Après avoir étudié avec détail les roches isolées, le lecteur ne sera peut-être pas fâché d’avoir une idée générale de l’aspect pittoresque de la contrée. Je ne saurais mieux faire que de rendre compte d’une promenade aussi instructive qu’agréable, que je fis en compagnie de mon aimable hôte, M. de Bresecke.

C’était, depuis plusieurs mois, le second jour où le soleil se levait sans nuages. Nous partîmes à huit heures en nous dirigeant vers l’est, sur la chaussée de Tepel, qui présente sur la droite une formation de gneiss. À l’extrémité du bois, nous découvrîmes une terre fertile et un plateau qui nous promettait une vue étendue sur les contrées voisines. Nous tournâmes à droite, vers Hohdorf : la montagne de Podhora était à gauche ; devant nous, le district de Pilsen qui s’étendait au loin vers l’orient ; la ville et le couvent de Tepel restaient cachés. Un lointain immense s’ouvrait vers le sud, les villages de Habackladra et Millischau frappèrent d’abord nos regards ; mais en avançant, nous découvrîmes la partie sud-ouest où se trouvent les bourgs de Plan et de Kuttenplan ; nous vîmes ensuite Dürmaul et la mine de Dreyhacken sur les hauteurs qui sont au-delà. L’atmosphère, dégagée de nuages, laissait apercevoir tout le pays jusqu’à l’horizon à travers des vapeurs qui n’empêchaient pas de distinguer les points remarquables.

Tout le pays que l’œil embrasse est formé de coteaux uniformes qui se succèdent à l’infini. Rien ne fait contraste dans leur hauteur, leurs pentes ou leurs intervalles ; on passe des uns aux autres par des transitions insensibles. Les pâturages, les prairies, les champs cultivés et les bois produisent, en alternant entre eux, un mélange qui réjouit l’œil, mais qui ne laisse pas une impression durable.

Un tel aspect fait naître des idées générales, et pour se rendre compte du paysage qu’on a sous les yeux, on est forcé d’admettre que la Bohême formait, il y a bien des années, un lac intérieur dont le fond était plus ou moins inégal. Lorsque les eaux se retirèrent, la vase et d’autres substances se déposèrent au fond, et elles devinrent, après avoir été agitées par la marée de cette petite Méditerranée, la base d’un terroir fertile. L’argile et la silice sont les ingrédients principaux ; le gneiss facilement altérable de la contrée les avait fournis ; mais vers le sud, sur les limites de la formation schisteuse, le calcaire primitif qui se montre aussi, a dû réunir ses éléments à la masse commune.

Vue de ce côté, la Bohême se présente sous un aspect tout particulier. C’est une région parfaitement circonscrite : le district de Pilsen m’a paru un petit monde, parce que le terrain ondulé qui le compose, présente confusément à l’œil des bois et des terrains cultivés, des pâturages et des prairies ; de façon qu’il serait difficile de dire si chacune de ces cultures est bien appropriée aux différentes expositions où elle se trouve.

Les hauteurs donnent naissance à une infinité de sources ; les dépressions du terrain déterminent la formation de nombreux étangs qu’on utilise pour la pêche, pour des établissements industriels et mille applications auxquelles un semblable terrain peut donner lieu.

Dans notre promenade, nous avons vérifié de nouveau une observation qui a été faite dans tous les pays : savoir que les plateaux cultivés des montagnes ou des collines sont peu productifs ; mais qu’à mesure qu’on descend, la culture devient plus riche ; de beaux champs de blé d’automne, et du lin magnifique prêt à fleurir étaient là pour le prouver.

Il faut faire entrer en ligne de compte la latitude combinée avec la hauteur, car ce pays, que nous avons parcouru aujourd’hui par le plus beau temps du monde, est situé sous une latitude plus méridionale que Francfort sur le Mein ; mais il est plus élevé au-dessus du niveau de la mer. Le couvent de Tepel est à 2172 pieds au-dessus de la Méditerranée, et le 21 août, le thermomètre marquait à midi +13°, le baromètre 26, 5, 1 : il s’était élevé à ce point en oscillant depuis le 18 août, et le 21 août à midi, il était déjà au-dessous. Nous avons dressé ici un tableau de ces variations barométriques et thermométriques en y joignant les correspondantes de l’Observatoire d’Iéna.

OBSERVATIONS BAROMÉTRIQUES.

(Aout 1821.)
Couvent de Tepel.
dates. heures. baromètre. thermomèt.
18 7. p. m.[3]. 26. 11. 19. 14. 3.
19 6. a. m. 26. 12. 14. 10. 6.
Midi. 26. 13. 12. 12. 7.
3. p. m. 26. 13. 10. 12. 8.
7. p. m. 26. 13. 13. 11. 9.
20 6. a. m. 26. 13. 19. 5. 4.
Midi. 26. 15. 11. 13. 0.
3. p. m. 26. 14. 10. 13. 7.
7. p. m. 26. 14. 10. 13. 4.
21 6. a. m. 26. 14. 14. 6. 7.
Midi. 26. 14. 18. 15. 0.
3. p. m. 26. 13. 17. 16. 2.

Iéna.
18 8. p. m. 27. 19. 14. 14. 0.
19 8. a. m. 27. 10. 17. 13. 2.
2. p. m. 27. 11. 14. 17. 0.
8. p. m. 28. 10. 10. 16. 5.
20 8. a. m. 28. 10. 12. 9. 0.
2. p. m. 28. 10. 15. 19. 5.
8. p. m. 28. 10. 10. 13. 8.
21 8. a. m. 28. 10. 10. 11. 0.
2. p. m. 27. 11. 18. 21. 0.
8. p. m. 27. 11. 16. 14. 4.
Pieds.
De nombreuses observations faites à l’observatoire d’Iéna, donnent pour la hauteur au-dessus du niveau de la mer
374,4
On trouve, en calculant les observations précédentes, pour l’altitude du couvent de Tepel, au-dessus d’Iéna
1601,6
D’où hauteur du couvent, au-dessus du niveau de la mer
1976,0
Aloïs David, dans son mémoire intitulé : Détermination de la latitude du couvent de Tepel, donne pour sa hauteur au-dessus du niveau de la mer
2172,0
Ce qui fait une différence de
196,0

Des observations subséquentes conduiront peut-être à une moyenne entre ces deux nombres : cependant nous avons quelques raisons de croire que notre nombre se rapproche plutôt de la vérité que celui d’Aloïs David (42).

Devoirs et droits du naturaliste.

(1824.)

Si l’observateur veut conserver le droit qu’il possède de considérer la nature d’une manière indépendante, il doit se faire un devoir de respecter les droits de la nature. Quand elle est libre, il l’est aussi ; quand les hommes l’ont enchaînée, il est esclave comme elle.

L’un des droits les plus incontestables et des procédés les plus habituels de la nature, consiste à atteindre le même but par différents moyens, à produire les mêmes phénomènes par la réunion de circonstances variées. Ce qui suit en fournira un exemple.

Déjà, en 1822, les amis de la nature, qui s’occupaient de géologie dans les environs de Marienbad, furent frappés de l’action du gaz (43) qui se dégage de la source sur les roches primitives environnantes. Tandis qu’il attaquait et détruisait certaines parties, d’autres restaient intactes, d’où résultait une roche spongieuse et criblée de trous. Le feldspath et le mica étaient corrodés ; il ne ménageait pas les grenats. Le quarz, au contraire, était intact, et sans aucune altération.

En 1823, ces phénomènes furent observés avec plus d’attention, et l’on fit une collection fort intéressante en elle-même, mais surtout en la comparant avec les roches non altérées. Les parties corrodées se rapprochent du kaolin, ce qui fait que les échantillons sont presque tous blancs, cette couleur étant aussi celle du quarz.

Catalogue des roches altérées par le gaz qui se dégage de la source du Marienbrunnen.


1. Granit à gros grains avec du mica noir.

2. Granit à grains fins.

3. Granit à grains fins lamelleux (schiefrig).

4. Un échantillon à grains moyens.

5. Veine de quarz auquel adhèrent encore des fragments de feldspath.

6. Granit avec prédominance de quarz.

7. Gneiss d’un grain ordinaire.

8. Le même à plus gros grains.

g. Le même à grains fins.

10. Hornblende contenant des grenats.

11. Roche altérée à la surface seulement.

12. La même plus altérée, déjà celluleuse.

13. La même presque entièrement détruite.

14. La même convertie en pierre ponce sans aucun caractère qui rappelle la roche primitive.

15. Roche se rapprochant du schiste micacé avec de gros grenats, qui ressemblent à des points noirs.

16. Gneiss altéré qui se trouve à droite de la route de Tepel.

17. Roche porphyroïde, en filons dans le granit. Les veines délicates de quarz sont seules encore visibles.

18. Échantillon très remarquable de quarz celluleux sur lequel on peut s’assurer que le gaz a attaqué le fer qui existe encore çà et là dans les lacunes de la roche.


  1. Mesure française.
  2. En langue bohémienne podhora veut dire, à proprement parler, sous la montagne, et se disait autrefois non seulement du sommet de la montagne, mais encore de ses flancs, de ses côtés et de ses alentours. Beaucoup de noms bohémiens désignent très clairement la localité. À l’époque où les noms de la langue nationale furent traduits en allemand, on a dit Podhorn-Berg, la montagne de Podhorn, ce qui veut dire, à proprement parler, montagne sous montagne, genre de pléonasme que nous tournons souvent en ridicule. Qu’on nous passe donc un pédantisme bien pardonnable si nous disons toujours Podhora pour désigner la montagne de Podhorn.

    Quand on va de Marienbad au couvent de Tepel, un chemin très pénible mène à travers des blocs basaltiques qui, réduits en fragments, pourraient servir à ferrer les meilleures routes. La cime de la montagne qui s’élève couronnée de bois au milieu du paysage est probablement basaltique. Il est fort remarquable de trouver cette roche sur un des points les plus élevés de la Bohême. Nous avons marqué ce point en noir sur la carte de Keferstein à gauche de Tepel un peu au-dessous du 50e degré de latitude.

  3. P. m. post meridiem, après midi. a. m. ante meridiem, avant midi.