Œuvres de Albert Glatigny/Pelletées de terre

La bibliothèque libre.
Œuvres de Albert GlatignyAlphonse Lemerre, éditeur (p. 120-121).

Pelletées de Terre.


Te souvient-il, ô petite adorée,
            De ces beaux serments
Que. nous faisions dans la chambre éclairée
             Par tes yeux charmants ?

Ta lèvre, fleur de pourpre épanouie,
             Versait un poison
Qui, distillé sur ma lèvre éblouie,
             Prenait ma raison.

Fous, éperdus en des flots de caresses,
             Nous laissions nos cœurs
Goûter en paix d’ineffables ivresses,
             D’étranges langueurs.


Tes beaux yeux bleus aux suaves lumières.
             Tout irrésolus,
Semblaient s’enfuir sous tes longues paupières ;
             Nous ne parlions plus.

Une énervante et vague léthargie
             S’infiltrait en nous,
Je me laissais gagner par sa magie,
             Muet, à genoux.

Nous étions seuls, mes mains entrelacées
             Autour de ton corps,
Seuls, sans désirs, sans espoir, sans pensées :
             On nous eût crus morts.

Tes seins montraient, débordant par secousses,
             Que tu respirais,
Et nous cherchions à nos caresses douces
             Des chemins secrets !

Ces choses-là, n’est-ce pas, sont passées !
             Le temps en est vieux !
Allez-vous-en, espérances lassées,
             Remontez aux cieux !


________