Œuvres de Albert Glatigny/Sonnet pour Thérèse

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Œuvres de Albert GlatignyAlphonse Lemerre, éditeur (p. 116-117).

Sonnets pour Thérèse.

I



Je sais l’art d’évoquer l’amour dans un beau vers,
Et, si brillant que soit ton regard, et si pure
La grâce qui sourit sur ta blanche figure,
En bien d’autres beautés mes yeux se sont ouverts.


La Muse au front paré de lauriers toujours verts
Est allée avec moi courtiser l’aventure,
Et la bête, et le chêne, orgueil de la nature,
Ont, au bruit de mes chants, oublié les hivers.

Je sais depuis longtemps les syllabes magiques
Qui peuvent sur le sable élever un palais,
Et je te dompterais avec, si je voulais ;

Mais, puisque dans tes bras aux courbes magnifiques,
Je me suis endormi librement, je ne veux
Que d’une main distraite arranger tes cheveux.


II


Ta douce lèvre est comme une rose mouillée
Quand l’aube, au clair soleil, lève ses voiles blancs ;
Ta voix est la chanson dans les nids éveillée
Par le retour d’avril, le mois cher aux galants.

Parfois un gai rayon traversant la feuillée
Illumine les bois de feux étincelants,
Ainsi ta chevelure immense, éparpillée
Sur la riche blancheur de tes seins nonchalants.

Je veux passer ma vie à dire les merveilles
De ton corps aux beautés à nulle autre pareilles,
Fier mélange de force et de tendre langueur,