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Œuvres de Lucile de Chateaubriand/À M. de Chênedollé, 23 juillet 1803

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Texte établi par Louis Thomas Élément soumis aux droits d’auteur. Cliquer pour en savoir plus.Société des trentes, Albert Messein (p. 83-84).

À M. de Chênedollé.


À Lascardais, ce 23 juillet 1803.

J’ai reçu le 19 de ce mois votre lettre en date du 12, par laquelle vous m’annonciez votre arrivée. Je vous ai attendu, comme bien vous pensez, avec impatience. Ne vous voyant pas paraître, je me suis livrée à mille diverses inquiétudes. J’espère qu’une cause toute simple est la seule raison qui vous a empêché d’accomplir votre projet ; je vous prie de m’écrire pour lever tous mes doutes à cet égard. Je vous préviens que je suis dans un pays si perdu, que vos lettres mettent un temps infini à me parvenir, qu’elles pourront même se perdre en route, ainsi que les miennes. Ainsi, ne soyez pas surpris du silence que je pourrai paraître garder avec vous. Tenez-vous convaincu pour jamais que mes sentiments pour vous sont inaltérables, et que vous êtes et serez toujours présent à ma pensée.

Je vous remercie de la manière dont vous avez écrit votre dernière lettre ; croiriez-vous pourtant qu’on a deviné de quel projet vous vouliez me parler ? Je crois qu’on serait charmé de le détourner, mais je ne vois pas comment, si vous y êtes bien résolu. Adieu ; je n’ajoute rien de plus à cette lettre, pensant que vous êtes à peu près aussi habile que moi sur tout ce que mon amitié pourrait me dicter de plus. Je vais écrire à mon frère et lui faire les reproches qu’il mérite à votre égard ; soyez certain qu’il n’est coupable envers vous que de négligence. Persistez donc dans la bonne résolution de lui conserver tout votre attachement. Adieu encore une fois.