Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Bergamote de Pentecôte

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Bergamote de la Pentecôte.

Synonymies : Doyenné d’hiver. — Pastorale. — Doyenné de printemps. — Canning. — Beurré d’hiver de Bruxelles. — Philippe d’hiver. — Bergamote crassane d’hiver. — Poire anglaise. — Seigneur d’hiver (par erreur Bergamote de Pâques, Poiteau, Pomologie française).

(Spécimen récolté sur espalier.)

Parmi les poires d’hiver tardives, il en est peu d’aussi estimées en Belgique que la Bergamote de Pentecôte ; sa culture y est très-répandue ; on la trouve dans la plupart des jardins de nos fermes et dans ceux des presbytères, sous le nom de Pastorale, donné primitivement au pied mère, qui existait encore, il y a environ trente ans, dans l’ancien jardin des Capucins à Louvain, où elle a été remarquée pour la première fois. C’est donc probablement une poire moderne ou du moins postérieure à Duhamel, qui ne l’a pas décrite et n’aurait pu passer sous silence un fruit aussi remarquable, s’il l’avait connu.

La Bergamote de la Pentecôte ne figure pas non plus dans le Jardin fruitier de Noisette, édition de 1839, parmi les nombreuses variétés belges, communiquées à cet horticulteur par Van Mons ; elle a été introduite il y a peu d’années en Angleterre ; M. John Lindley, dans sa Pomologia Britannica, en parle en ces termes :

« De toutes les poires tardives, la Bergamote de Pentecôte est décidément la meilleure ; elle a été récemment importée du continent. Son origine n’est pas connue : dans un grand nombre de collections, elle se trouve confondue avec la Bergamote de Pâques, variété qui lui est inférieure en qualité. »

Comme on l’a remarqué ci-dessus, M. Lindley dit que l’origine de cette poire n’est pas connue, et néanmoins il conclut de diverses circonstances qu’elle doit être d’origine flamande.

Ce fruit est gros et devient même très-volumineux, cultivé en espalier ; il varie de 9 à 12 centimètres de hauteur sur 10 à 11 de diamètre ; sa forme est donc arrondie, de dimension presque égale à la hase et au sommet ; le pédoncule est gros, droit, très-court, renflé au sommet, implanté dans une cavité profonde, bosselée, étroite ; le calice occupe un enfoncement large, peu profond, entouré de quelques gibbosités.

L’épiderme est vert, ordinairement rugueux, ponctué de gris-brun, maculé de rouille, parfois très-coloré de rouge sombre du côté du soleil ; il jaunit à la maturité, qui commence vers le mois de décembre et se prolonge partiellement jusqu’en mai.

La chair est blanche, demi-fine, fondante, beurrée ; son eau, peu abondante, est sucrée, mélangée d’un léger acide, et son parfum est très-agréable.

Les pepins sont petits, de couleur brun pâle.

Malgré ces bonnes qualités dans un fruit d’une aussi longue conservation, on lui reproche un défaut capital : il arrive fréquemment qu’une partie des produits ne mûrit pas, reste dure et impropre à tout usage ; c’est ainsi que l’on a vu figurer plus d’une fois, dans les expositions publiques, des spécimens de cette variété, conservés deux à trois ans. Ce défaut a été particulièrement reconnu dans les terrains secs et légers. La variété nous paraît réussir mieux, et acquérir toute sa qualité, dans un sol frais et substantiel.

L’arbre est d’une vigueur moyenne, et se forme parfaitement en pyramide, mais il prospère surtout en espalier, où ses fruits sont de plus gros volume et de meilleure qualité.

Le vieux bois est verdâtre, lavé de gris, ponctué de fauve.

Les branches à fruits sont moyennes et grêles.

Les supports sont assez gros, ridés, brun foncé lavé de gris.

Les boutons à fleur, d’abord ovales allongés, s’arrondissent avant leur épanouissement, et produisent une fleur moyenne analogue à celle du Doyenné.

Les jeunes rameaux sont jaunâtres, d’un brun-rouge du côté du soleil, ponctués de lenticelles rondes.

Les gemmes, brun lavé de gris cendré, sont courts, épatés, pointus, écartés du bois vers leur extrémité, et portés sur un léger renflement.

Les mérithalles sont courts et réguliers.

Les feuilles sont vert foncé, longues, étroites, arquées et à bords relevés en gouttière ; leurs nervures sont saillantes et leur serrature large et profonde.

Le pétiole est gros, vert clair, long de 3 centimètres.

A. Royer.