Annales de pomologie belge et étrangère/Prune d’Agen

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Prune d’Agen.

Synonymies : Robe de Sergent ; Prune d’ente.


Cette variété a été découverte dans le département de Lot-et-Garonne, où on la cultive sur une grande échelle. Ses fruits sèches sont renommés dans le commerce sous le nom de Prunes de Bordeaux. L’exportation de ces produits a pris un développement si considérable depuis 1815, que les producteurs ont peine à suffire aux demandes.

Le Prunier d’Agen a la propriété de se multiplier avec abondance et facilité, au moyen des drageons qui poussent au pied des arbres. Cet avantage, joint à la qualité supérieure de son fruit séché, a engagé plusieurs amateurs à en tenter l’introduction en Belgique ; mais ces essais, probablement à cause de la différence de climat, n’ont obtenu aucun succès. Une douzaine de pruniers, qui nous ont été envoyés d’Agen il y a quelques années, par une personne de confiance, ont été plantés aux meilleures expositions, dans des jardins situés à Namur, bien abrités et dont le sol convient admirablement au prunier. Ces arbres fleurissent abondamment ; mais les fleurs coulent en grande partie, et le peu de fruits qu’elles produisent restent petits et sont d’une maturité tardive, incomplète ; la plupart sont gercés et tombent en pourriture avant d’être mûrs. Si nous mentionnons le Prunier d’Agen dans ces Annales, c’est donc pour en déconseiller l’introduction en Belgique.

Ce prunier est vigoureux et forme de belles tiges, qui se couronnent naturellement et se surchargent de brindilles. Les branches ont une tendance naturelle à se courber vers la terre.

Les jeunes rameaux ont une couleur violacée qui devient grisâtre.

Les boutons sont rapprochés, courts et de grosseur moyenne, ordinairement simples, mais parfois accompagnés d’un ou deux autres plus petits.

Les feuilles sont petites, ovales-lancéolées, vert-clair, régulièrement et finement serretées, et portées sur un pétiole rougeâtre, de 15 à 20 millimètres.

Les fleurs, petites, très-abondantes et d’un beau blanc, sont géminées ; il en sort souvent trois ou quatre du même bouton.

Le fruit est de grosseur moyenne, ovale-allongé, ayant 40 à 45 millimètres de hauteur sur 30 de diamètre. La gouttière est peu apparente et se termine par une cavité assez profonde où s’implante le pédoncule ; celui-ci est long de 15 à 20 millimètres.

La peau est mince, fleurie, rouge-violacé du côté du soleil, plus clair du côté de l’ombre, et se détachant bien de la chair. Cette prune, lors de sa parfaite maturité, est, dans le midi de la France, d’un violet foncé que nous ne lui avons jamais vu en Belgique.

La pulpe est jaune-doré, assez molle, délicate. L’eau est très-sucrée. Le noyau est ovale, petit, aplati, les arêtes sont obtuses. Il ne se détache pas entièrement de la chair.

Dans son pays d’origine, la Prune d’Agen commence à mûrir vers la fin d’août ; dans nos localités chaudes et abritées des bords de la Meuse, ce n’est que vers la mi-septembre qu’elle prend un peu de couleur, et, ainsi que nous l’avons dit, elle tombe et ne mûrit qu’imparfaitement dans le courant d’octobre.

A. Royer.