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Économie politique
1859-1860


ÉCONOMIE POLITIQUE. La science économique se trouve depuis quelques années dans une période de calme et même de torpeur, que, d’ailleurs, la situation générale explique facilement. Depuis que les débats animés provoqués par l’apparition du socialisme ont cessé d’agiter les esprits, la discussion s’est éteinte faute d’aliments, et quelques questions d’intérêt pratique immédiat, comme celle de l’échelle mobile ou du régime douanier, ont pu seules exciter un moment d’attention. L’économie politique, en effet, telle qu’elle est enseignée généralement aujourd’hui, est sortie toute faite des mains de ses fondateurs. Prenant pour base de leur théorie la situation des sociétés modernes, et se bornant à décrire les faits qui résultent naturellement de cet état social donné, les Smith, les Malthus, les Say, les Ricardo ont pu embrasser facilement les faits généraux du mouvement économique actuel, et par suite, ils n’ont laissé que peu de chose a faire a leurs successeurs. Aussi trouve-t-on que, parmi les théoriciens qui ont suivi leurs traces, les plus éminents, tels que Rossi, John Stuart Mill, Bastiat, n’ont fait que reproduire leurs idées sous une autre forme, en les rectifiant et en les complétant en quelques points de détail, mais sans y rien ajouter d’essentiellement nouveau. £tait-il indispensable de s’en tenir ainsi aux bases premières posées par les fondateurs ? L’économie politique est-elle vraiment une science terminée, ou lui suffirait-il, pour faire rapidement de nouveaux progrès, d’entrer dans une voie plus large, de s’en tenir moins aux faits existants, et de s’enquérir davantage des buts a atteindre dans l’avenir ? C’est une question que nous n’avons pas a résoudre ici. Notre tache doit se borner a faire connaitre les productions les plus nouvelles de la science. Or ces productions ne sortent guère des données générales que nous venons de signaler.

À côté des ouvrages de Bastiat et de Mill, il faut, aujourd’hui, en citer un autre qui, s’élevant a la même hauteur, et, remarquable a la fois par sa méthode, par la profondeur et la clarté avec laquelle sont élucidées quelques questions, ne s’en tient pas moins aux conclusions générales de l’école dominante. C’est le Traité théorique et pratique d’économie politique de M. Courcelle-Seneuil, dont le deuxième volume a paru a la fin de 1858. Des l’abord, cet ouvrage se signale par une division nouvelle de la science économique ; la séparation entre la partie théorique ou Ploutologie, qui forme l’objet du premier volume, et la partie pratique ou Ergonomie, qui est traitée dans le second. L’auteur s’est propose, comme il le dit lui-même dans sa préface, de formuler une exposition des principes de l’économie politique plus simple et plus compréhensive a la fois que celles qui l’ont précédée. Ce but, il Ta parfaitement atteint. Procédant par voie de définition, il est parvenu, tout en évitant la sécheresse, à enchaîner rigoureusement tous les principes, toutes les lois du mouvement économique, tel que le manifeste notre société. Comme l’indique le titre de la partie théorique, l’économie politique constitue, pour l’auteur, la science des richesses, et, avec la plupart des économistes modernes, il admet que l’économie sociale n’a pas de relation directe avec la morale et le droit, qu’elle est la science de ce qui est et peut être, et non de ce qui doit être. Nous ne saurions partager son avis sous ce rapport. Quoi qu’il en soit, l’état de richesse d’une société dépend de la somme de richesse qu’elle produit et qu’elle consomme habituellement et du chiffre de la population ; et l’état de richesse de chaque individu dépend des mêmes causes, et, en outre, du système général de distribution des richesses établi dans la société où il vit. De là les subdivisions générales de la première partie : la théorie de la production et de la consommation des richesses, et celle de leur distribution.

Nous ne pouvons suivre l’auteur dans l’analyse intéressante du mouvement économique et des combinaisons diverses qui résultent de l’action réciproque de la production, de la consommation et du chiffre de la population. Mais nous devons signaler dans sa théorie de la production : les considérations nouvelles sur l’invention et les progrès de l’art industriel et sur l’influence qu’ils exercent, non-seulement sur la production, mais sur la capitalisation, la rente, la population ; le jeu opposé des causes qui tendent à restreindre l’essor de la population et de celles qui le développent (loi restrictive et loi expansive) et le rôle exact de chacune d’elles ; la formule de la population, dont le maximum possible répond à la somme des revenus annuels d’une société divisée par la quantité de richesses dont la consommation est indispensable à un individu pour vivre, formule rigoureusement exacte, dont l’auteur donne l’expression mathématique, et d’où il résulte que celui qui consomme plus que sa part dans le produit total, porte indirectement obstacle l’accroissement de la population ; les obstacles naturels qu’éprouve la capitalisation, qui n’est pas toujours indéfinie, comme on le suppose généralement ; enfin une opinion paradoxale que nous ne saurions admettre, quoique l’auteur en tire grand parti, savoir, que l’épargne constitue une sorte de travail. En abordant la théorie de la distribution, l’auteur pose une distinction importante, sur tout par la manière neuve dont il la formule et par les conséquences nombreuses qu’il en déduit. Quel que soit le système social, la distribution se fait, ou bien par la liberté, quand l’individu dispose souverainement de son travail et d’une portion de capital, ou bien par autorité, quand la disposition du travail de l’individu et les richesses nécessaires à sa consommation appartiennent à autrui. La distribution par la liberté est celle qui se fait par l’échange ; la distribution a lieu par autorité pour le travail des employés et fonctionnaires de l’État, pour celui des ouvriers des entreprises industrielles ordinaires ; l’État social offre constamment une combinaison des deux modes de distribution, et il serait à peu près impossible de se borner exclusivement à un seul d’entre eux. Dans une série de chapitres très-remarquables, l’auteur examine les conséquences économiques de ces deux systèmes, et les avantages et inconvénients qui résultent de leur application ; il se prononce en faveur de l’extension la plus grande du système de la liberté, sans se dissimuler néanmoins ses défauts et en constatant parfaitement les effets funestes que la concurrence produit en certains cas. Il insiste, du reste, sur un point que les économistes oublient trop, savoir, que, même sous le régime le plus entier de l’échange, chaque producteur et échangiste remplit, dans l’organisme économique, une véritable fonction sociale. La seconde partie, ou l’Ergonomie, poursuivant ces données générales, s’occupe des attributions du gouvernement et de celles des particuliers. Ici viennent toutes les questions pratiques d’intérêt général, celles qui concernent la propriété, les successions, les contrats, la police, les impôts, le choix des professions, la gestion des entreprises industrielles, le crédit, etc. La partie la plus neuve de ce volume est, sans contredit, celle où l’auteur traite du rôle de la famille dans le mouvement économique et de la position des diverses classes de la société. L’Ergonomie se termine par un livre consacré aux déplacements d’hommes et aux colonies, dans lequel on trouve des chapitres très-intéressants sur l’émigration et la colonisation et des renseignements curieux sur les sociétés hispano-américaines, que l’auteur a pu étudier de visu.

Après l’ouvrage de M. Courcelle-Seneuil, les travaux les plus dignes d’attention sont ceux de M. Rondelet, professeur à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand, du Spiritualisme en économie politique ; et de M. Dameth, professeur à l’Académie de Genève, le Juste et l’Utile, L’Académie des sciences morales et politiques avait mis au concours la question suivante : Déterminer les rapports de la morale avec l’économie politique ; mais, au dire de l’honorable rapporteur, M. Dunoyer, aucun des concurrents n’avait compris la véritable intention de l’Académie et tous avaient traité la question des rapports de l’économie politique avec la morale, ce qui paraît être bien différent, quoique nous ayons quelque peine à saisir la distinction. Quoi qu’il en soit, l’Académie ne jugea pas devoir décerner le prix et elle se contenta d’accorder trois médailles, la première à M. Baudrillart, qui n’a pas encore publié son mémoire, et les deux autres à MM. Rondelet et Dameth pour les ouvrages cités. Ces messieurs reconnaissent tous deux que la justice est vivement intéressée dans l’économie politique, et sous ce rapport nous sommes tout à fait d’accord avec eux. Tous deux reconnaissent aussi que les économistes de l’école dominante ne tiennent pas assez compte de ce fait et qu’ils n’ont nullement résolu le problème des conditions morales de l’économie politique, et en cela encore nous les approuvons complètement. Mais tous deux arrivent définitivement, par des procédés différents, à justifier toutes les conclusions de cette même science des économistes, et c’est la que nous cessons d’être de leur avis.

En dehors de ces travaux, nous n’avons a citer, au point de vue théorique, en France, que la réédition de la Richesse des nations d’Adam Smith, traduction de M. Garnier ; quelques articles du Journal des Économistes, notamment la suite des Études sur le système des impôts, par M. de Parieu ; de l’Influence des institutions politiques sur la richesse, par M. de Puynode, ou l’auteur prouve que la liberté est aussi nécessaire au développement économique des sociétés qu’a leur développement moral, et une nouvelle édition de l’ouvrage estimé de M. Coquelin, du Crédit et des Banques, grand in-18.

En Allemagne, M. Rau poursuit la publication de la quatrième édition de son grand Traité d’économie politique ; M. Wirth a fait paraître le premier volume de la deuxième édition, considérablement augmentée, de ses Principes d’économie politique (Grundzüge der national OEkonomie), expose des résultats généraux de la science ; M. Umpfenbach a donné la première partie d’un Manuel de la science des finances, dans lequel il prétend se placer au seul point de vue de la théorie et des principes, en écartant tout ce que la pratique habituelle offre de contraire ; enfin, sous le titre d’Études critiques (Zur Kritik der politischen OEconomie), M. Ch. Marx, un des membres du parti démocratique de 1848, et qu’on a accusé de tendances communistes, a publie une première série de considérations économiques, dont il est assez difficile d’apercevoir le but et la portée. — L’Angleterre n’a produit cette année aucun ouvrage important sur l’économie politique. L’Economist, qui paraît a Londres, ne contient ordinairement que des notices diverses et pas de grands articles théoriques. Mais le célèbre économiste américain Carey, qui, à côté d’observations si frappantes, émet tant d’opinions paradoxales, a publié le troisième et dernier volume de ses Principles of social science, Philad. in-8

Les ouvrages qui traitent plus ou moins des questions pratiques sont naturellement ceux qui offrent le plus de nouveauté aujourd’hui. Les principaux écrits de ce genre, publiés cette année, sont les Études économiques sur les tarifs des douanes, par M. Léon Amé, directeur des douanes a Bordeaux ; c’est un examen impartial et très-instructif de notre système douanier, par un homme du métier ; la Baisse probable de l’or par M. Michel Chevalier, ou ce publiciste exprime de nouveau les craintes que lui inspire le développement extraordinaire de la production de l’or dans ces dernières années, en indiquant les moyens de remédier à la baisse qui en sera l’effet inévitable ; les Études sur le régime des manufactures, par M. Louis Reybaud, reproduction du rapport fait par cet économiste a l’Académie des sciences morales et politiques sur la condition des ouvriers en soie ; des Latifundia futurs, ou crise agricole à prévenir, par M. Frédéric Billot, plaidoyer en faveur de la propriété ; Résultats des dernières réformes commerciales en Angleterre, par M. Maurice Block (Journal des Économistes) ; de l’Enseignement professionnel, par M. Corbon, ancien vice-président de l’assemblée constituante, qui a repris ses travaux manuels et a retrace d’une main vigoureuse les vices de l’enseignement professionnel tel qu’il se donne aujourd’hui dans les arts industriels, et les inconvénients qui en résultent pour la classe ouvrière en général.

M. Corbon est profondément initié à la vie de l’ouvrier, et il a dévoilé dans son petit livre une série de faits inconnus, pour la plupart, des publicistes et des économistes, et qui présentent le plus grand intérêt. Nous omettons un certain nombre de brochures relatives à la question des céréales et à l’échelle mobile, et nous passons au plus important des ouvrages d’économie pratique qui soient en cours de publication, le Dictionnaire universel théorique et pratique du commerce et de la navigation. Bien que ce travail s’adresse en partie aux commerçants, et qu’il renferme beaucoup de détails techniques, il offre à l’économiste, au publiciste, à l’homme politique, des ressources inattendues et d’autant plus précieuses, qu’il est facile de voir que les articles sont généralement faits avec le plus grand soin et par les hommes les plus compétents. La librairie Guillaumin, en créant pour l’économie politique un centre que les Anglais envient à la France, et qui est l’analogue de ces instituts de géographie et autres qui rendent tant de services aux sciences et aux lettres en Allemagne, s’est trouvée, par ses relations nombreuses, dans une position unique pour recueillir tous les renseignements qu’exige un si vaste travail. Les articles sur les places de commerce paraissent avoir été rédigés, en effet, par des commerçants, habitant ces places ; ceux qui traitent des produits les plus importants, par les principaux producteurs. On est surpris, quand on compare ce dictionnaire avec l’ouvrage analogue publie il y a une trentaine d’années, des progrès immenses que le commerce et l’industrie ont accomplis depuis cette époque. Que de produits, alors absolument inconnus ou sans usage, sont devenus, depuis, l’objet de transactions importantes ! que de routes et de communications nouvelles ouvertes au commerce ! que de régions vierges livrées à l’industrie humaine ! Combien de villes florissantes et de premier ordre, là, où on ne voyait, il y a vingt ans, que de misérables villages ou le désert ! Nous citerons en dernier lieu l’Annuaire de l’économie politique qui se publie régulièrement depuis 1844, et l’Annuaire international du crédit public, de M. Horn, qui a paru pour la première fois en 1859, ouvrage véritablement utile et qu’on peut considérer comme une tentative heureuse pour le rapprochement des grands intérêts européens, qui tendent de plus en plus à se mêler sans se confondre.

Il nous reste a parler des publications historiques qui ont trait à l’économie politique. Nous avons à citer sous ce rapport : Cibrario, Économie politique du moyen âge, traduit en français par M. Barneaud, 2 volumes in-8o, ouvrage dont le commencement avait été déjà traduit en 1846. À la manière des auteurs italiens, M. Cibrario comprend, sous le titre d’économie politique, tout l’ensemble des institutions politiques et sociales ; son ouvrage dépasse donc de beaucoup les limites ordinaires de la science économique et ne s’y renferme que dans la troisième partie, ou il traite de la valeur des monnaies ainsi que du prix des objets et notamment des grains au moyen age. — Jos. Michon, Des céréales en Italie sous les Romains. C’est une thèse de doctorat, dans laquelle l’auteur a montré des connaissances variées, tout en laissant à désirer, notamment au point de vue économique. — Levasseur : Histoire des classes ouvrières en France, depuis Jules César jusqu’à la Révolution, 2 vol. in-8o, ouvrage couronné par l’Académie des sciences morales et politiques, et l’un des travaux les plus importants qui aient été publics en 1859. Sous la dénomination de classes ouvrières, l’auteur comprend tous ceux qui vivent de l’industrie, depuis le simple apprenti jusqu’au gros marchand, et son livre embrasse la production industrielle et l’échange sous tous leurs aspects, la manufacture royale comme l’atelier de Partisan, les grandes compagnies de commerce comme la boutique du détaillant, la condition du patron comme celle de l’ouvrier ; mais ce qui en fait le fonds et ce qui revient a chaque instant, c’est l’histoire des corporations d’arts et métiers, car en effet le régime des corporations a domine l’industrie en France jusqu’à la révolution. L’ouvrage de M. Levasseur est le premier travail complet sur cette matière, et c’est en même temps un travail consciencieux, intéressant, et qui témoigne de recherches approfondies, notamment pour la période comprise entre le xviiie siècle et la révolution, pour laquelle l’auteur a fait usage de nombreux documents inédits. La période romaine et celle qui comprend les deux premières races des rois de France laissent plus à désirer. Il est évident d’ailleurs que l’auteur n’a pas voulu seulement faire une œuvre d’érudition, mais un ouvrage d’une lecture attachante et facile, et qu’il se trouvait renferme dans des limites restreintes. On ne saurait donc lui en vouloir de ne pas avoir épuisé son sujet, d’autant plus qu’il s’est suffisamment arrêté sur les détails principaux ; ses jugements reposent généralement sur une saine appréciation des circonstances, sauf qu’il cède un peu trop a la tendance de justifier tous les faits accomplis ; mais cela n’ôte rien au nombre et a l’excellence des renseignements que l’on trouve dans son livre. Il nous reste à citer l’ouvrage de M. Faugere, le Zollverein, ou l’union des douanes de la Prusse et des États allemands, 1 vol. in-8o C’est l’histoire détaillée, et corroborée par une foule de documents, de la première période de cette union douanière qui a commence sous des auspices si brillants, et qui, aujourd’hui, est si fortement ébranlée. Nous rappellerons, à cette occasion, que M. Richelot a publié récemment la deuxième édition de son livre sur le Zollverein. Mentionnons enfin une nouvelle édition du Voyage en France de Young, avec une introduction de M. Lavergne.

La Société d’économie politique a discuté plusieurs questions assez intéressantes, mais qui, en somme, n’ont pas abouti à des solutions définitives. Nous citerons particulièrement les suivantes : quelles sont les causes qui ont produit la différence existant en France entre la valeur des propriétés rurales et celle des propriétés mobilières ? Quel est le rapport entre le prix des subsistances et celui du travail ? Une banque peut-elle émettre trop de billets ? M. Courcelle-Seneuil, qui a pose cette dernière question, a fort bien prouvé que, du moment ou les billets d’une banque sont remboursables au porteur, elle ne peut en émettre trop par rapport au besoin monétaire du marché, parce que les billets qui excédent ce besoin sont immédiatement présentés au remboursement.

Le congrès des économistes allemands a siégé cette année a Francfort-sur-le-Main. Plus de 150 membres, parmi lesquels figuraient les économistes les plus distingués de l’Allemagne et un petit nombre d’économistes étrangers, se trouvèrent au rendez-vous. Le congres tint quatre séances générales, du 12 au 15 septembre. Les questions qui y furent agitées étaient posées principalement au point de vue de l’Allemagne ; mais elles n’en offrent pas moins un grand intérêt à un point de vue plus général. On discuta notamment les moyens de répandre davantage la connaissance de l’économie politique ; les mesures à prendre pour établir dans tous les états la liberté de l’industrie ; la nécessité de réviser le tarif des douanes du Zollverein et de supprimer surtout les droits de transit. En général, l’assemblée manifesta les sentiments les plus libre-échangistes ; elle se prononça aussi en faveur de l’abolition des lois sur le taux de l’intérêt et l’usure. Mais le sujet le plus intéressant dont se soit occupe le congres, c’est la question de l’association des artisans et Ouvriers, soit pour le crédit, soit pour le travail, soit pour l’acquisition des objets de consommation. Le congres s’est montre favorable a l’association sous toutes ses formes ; mais il a écouté surtout avec intérêt les renseignements que lui a donnes M. Schulze-Delitsch, sur les associations de crédit des artisans, institution propre a l’Allemagne, et dont M. Schulze lui-même a été le fondateur et le propagateur. Ces associations ont pour but de fournir des avances et de prêter des sommes d’argent a leurs membres. Elles sont organises de manière a imposer une responsabilité rigoureuse aux emprunteurs, et lorsque l’association elle-même emprunte au dehors, tous ses membres sont solidaires de la dette. Ces associations se sont beaucoup répandues dans les dernières années. On en compte aujourd’hui 155 en tout, dont 55 en Prusse, 21 en Saxe, 13 dans le Hanovre, 10 dans la Thuringe. Elles seraient plus nombreuses si la législation leur était plus favorable. Et le congres termina sa discussion sur cet objet par un vote qui s’adressait particulièrement au Hanovre, et par lequel il exprimait son regret que dans certains États on exigent encore l’autorisation du gouvernement pour ces sortes de sociétés. A. Ott.