Anthologie (Pierre de Coubertin)/V/V

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Anthologie (Pierre de Coubertin)/V
AnthologieÉditions Paul Roubaud (p. 172-173).

message inaugural
des travaux de l’union pédagogique universelle
(15 novembre 1925)

Les maux dont souffre l’Europe ne sont point issus de la guerre. La guerre les a seulement aggravés. Leur origine est plus lointaine. Ils proviennent de l’état de faillite dans lequel s’enfonce la pédagogie occidentale. Conçus en un temps où les connaissances scientifiques étaient limitées et les rapports internationaux restreints, nos systèmes d’instruction n’ont plus la capacité suffisante pour contenir ce qu’il faudrait aujourd’hui savoir. L’apprendre par les vieilles méthodes est impossible. Les deux tiers de la vie y suffiraient à peine. Il faut donc instaurer des méthodes nouvelles. Quand on n’a pas le loisir d’explorer une région, le pic à la main, en gravissant lentement ses sommets, on la survole. L’enseignement, désormais, doit devenir une aviation au lieu d’être un alpinisme ; et c’est au métier d’aviateur intellectuel qu’il convient de dresser l’élève. On excusera le rénovateur des Jeux Olympiques d’avoir recours à cette comparaison sportive pour définir le rôle de l’Union Pédagogique qu’il vient de fonder et dont les six points fondamentaux seront posés devant l’opinion. Seule une réforme franche et complète aura raison des malentendus qui compromettent la paix internationale et la paix sociale. Seule, elle pourra neutraliser les incompréhensions qu’engendre fatalement la spécialisation prématurée.