Anthologie des poètes du Midi : morceaux choisis/Texte entier

La bibliothèque libre.
Anthologie des poètes du Midi : morceaux choisis
Anthologie des poètes du Midi : morceaux choisis, Texte établi par Raoul Davray & Henry RigalSociété d’éditions littéraires et artistiques (p. ft-388).

ANTHOLOGIE
des
Poètes du Midi
OUVRAGES DE HENRY RIGAL


Mounette, roman (Bernard Granet, éd.) 
 2 fr.»


Le Laurier et les Roses, poèmes (Bernard Granet, éd.) 
 3 fr. 50


POUR PARAITRE PROCHAINEMENT


Raoul Davray et Henry Rigal


Anthologie des Prosateurs du Midi.


RAOUL DAVRAY & HENRY RIGAL

ANTHOLOGIE
des
Poètes du Midi
MORCEAUX CHOISIS
Accompagnés de Notices biographiques et d’un Essai de bibliographie.
Jean Aicard, P. Alibert, H. Bataille, Abel Bonnard,
Pierre Camo, L. Dauphin, E. Delbousquet,
C. Derennes, Émile Despax, Roger Dumas, Pierre Fons,
Joachim Gasquet, E. Gaubert, Pierre Hortala,
Francis Jammes, Léo Larguier, Maurice Magre, Paul Mariéton,
Catulle Mendès, Frédéric Mistral, H. Muchart, Louis Payen,
Hélène Picard, Achille Richard, Lionel des Rieux, H. Rigal,
Edmond Rostand, E. Signoret, P. Souchon,
Laurent Tailhade, André Tudesq, Marc Yarenne, Jean Viollis.

APPENDICE
Poètes d’origine latine :
Jean Moréas, Comtesse de Noailles, Jean Richepin.
DEUXIÈME ÉDITION

PARIS
SOCIÉTÉ D’ÉDITIONS LITTÉRAIRES ET ARTISTIQUES
Librairie Paul Ollendorff
50, chaussé d’antin, 50

1908
Tous droits réservés.

INTRODUCTION


Voici un harmonieux groupement, une sorte d’histoire naturelle des poètes. Dans la plupart des anthologies, les rhapsodes, usant d’idiomes différents, se côtoient sans se connaître et sans s’aimer. Ce florilège régionaliste offre l’attrait presque inédit de réunir des écrivains de même lignée, ayant les mêmes aïeux intellectuels, régis par une discipline en quelque sorte ethnique, nés, comme les hommes créés par Deucalion, d’une même terre. Nous célébrons en ce jour les Panathénées de la poésie méridionale.

Lamartine saluait en ces termes l’avènement glorieux de Mireille : « Un grand poète nous est né. La nature occidentale n’en fait plus, mais la nature méridionale en fait toujours : il y a une vertu dans le soleil. » La vérité de ce jugement reste entière. Abondance en deçà du Rhône et de la Garonne, pénurie au delà, peut-on dire encore aujourd’hui. Si l’on excepte Henri de Régnier, Charles Guérin, Albert Samain et quelques autres, si l’on observe que l’enfance de Paul Verlaine s’est écoulée à Montpellier, si l’on annexe aux poètes cités dans ce recueil les écrivains méditerranéens, comme Jean Richepin qui est Algérien, la comtesse de Noailles, roumaine et Moréas qui est né à Athènes, on doit reconnaître que la terre gréco-latine est une féconde génitrice de poètes.

Nourrice des belles formes et des belles pensées, cette terre produit des enfants robustes, dont la santé est rebelle aux épidémies intellectuelles. Nous avons résisté au débordement réaliste et élevé contre le laid notre protestation orphique. Plus tard, le brouillard symboliste qui couvrait le Nord d’une nuit profonde a été refoulé par la lumière pure qui baigne à la fois les ruines de l’Acropole et les bords de la Méditerranée.

De l’art décadent nous avons rejeté le principe : le symbole et les innovations formelles : le vers libre. La métrique traditionnelle n’a cessé d’être en honneur. A peine quelques-uns ont-ils pratiqué le vers libéré. Mais tradition n’a pas été, chez nous, synonyme d’immobilité et de stagnation. L’alexandrin parnassien a été assoupli, forgé derechef de main d’ouvrier sur l’enclume d’Héphaistos. Nos partitions poétiques se sont enrichies de rythmes nouveaux. C’est ainsi que l’un des nôtres, M. Lionel des Rieux, a parfois réussi à ravir toute vive, et à transporter dans la dernière enceinte de la versification française, tel un gardian de Camargue emportant en selle une fille d’Arles, cette grande et sonore strophe provençale de sept vers dans laquelle ont été écrits Calendal et Mireille.

Quelle est la raison première de notre résistance à la contamination ? C’est encore la vertu solaire dont parlait Lamartine. Au bord de la Méditerranée, mer inspiratrice de l'Odyssée, mer qui enfanta la fille d’Ouranos, mer qui porta en Phocée les Latins, nous nous plions d’instinct à la discipline d’Athènes et de Rome. Le Midi français — M. Pierre Louys le rappelait naguère — doit être considéré comme une colonie antique. Et le génie de l’Hellade maternelle est notre palladium !

Mistral est un survivant des Grecs des Cyclades et un petit-fils du divin Mantouan. « Les mêmes Muses et les mêmes Charités, a dit excellemment M. Anatole France, ont regardé Virgile et Mistral. » Le poète bucolique et épique de Mireille, l’ardent lyrique des Iles d’Or a été le rénovateur de l’esprit classique, celui qui ramena dans les esprits le soleil exilé. Il possède la sagesse équilibrée, la libre hardiesse, le nombre et la mesure, toutes les vertus intellectuelles de l’hellénisme et du génie latin. Au contact de son œuvre lumineuse et forte, les nouveaux venus à la littérature ont réappris le souci de la forme claire et harmonieuse. Il a fondé la grande école provençale du Félibrige. Il est le père du groupe rhodanien qui annonça par la voix de M. Louis Bertrand, le puissant romancier du Sang des Races, une renaissance classique et qui compte dans son sein MM. Joachim Gasquet, Léo Larguier, Paul Souchon, Lionel des Rieux, Paul Mariéton.

Parallèlement à ce bataillon sacré conduit par l’Orphée provençal, les groupes provinciaux et les jeunes revues ont défendu âprement le génie de notre race contre les entreprises du symbolisme. Ils sont nés au moment où Paris se débattait dans les affres de l’anarchie littéraire : des parnassiens las et stériles, des symbolistes balbutiants en l’âge premier de leur réaction contre le Parnasse proposaient à la jeunesse leurs enseignements. Les revues groupent alors bravement autour d’elles les jeunes poètes de nos provinces, qui sont malheureusement incapables de fonder une doctrine définitive. Ils connaissent bien l’œuvre de Mistral, mais Paris quémande leur adhésion en leur adressant

le nom de ces discutables artistes. L’Ermitage, le Mercure de France, la Plume, la Vogue, les grandes revues de jeunes sont occupées par les symbolistes. Les écrivains provinciaux sont hésitants, ils cherchent une direction, ils appellent un prophète, ils se demandent avec anxiété : « Exoriartur aliquis ? » C’est l’heure des essais de formules, l’heure bruyante des manifestes. La jeunesse « intègre et résolue » de Toulouse fonde une revue, l’Effort, qui eut pour principaux rédacteurs Emmanuel Delbousquet, Marc Lafargue, Maurice Magre, François Périlhou, Jean Viollis. L’école parallèle de Perpignan met en avant deux noms : Pierre Camo et Henry Muchart. Le groupe de Béziers, qui eut pour organes l’Aube méridionale et le Titan, est composé de MM. Ernest Gaubert, Pierre Hortala, Henry Rigal, Marc Varenne. Les tentatives de réaction contre le symbolisme recrutent dans le Midi leurs premiers adeptes. Le naturisme, érigé en doctrine, dont M. Maurice Le Blond fut le théoricien et M. Saint-Georges de Bouhélier l’hiérophante, s’agrège quelques-uns de nos écrivains qui, antérieurement à la fondation du groupe, étaient des naturistes, MM. Henry Bataille, Francis Jammes et, plus récemment, Delbousquet.

Tandis que l’on travaillait dans la paix de la victoire — le faune mallarméen ayant été repoussé par les naïades du Rhône — sont nés à la vie littéraire quelques poètes, MM. Abel Bonnard, Charles Derennes, Emile Despax, Louis Payen, André Tudesq, qui n’ont pris rang dans aucune école. Un ouvrage documentaire ne peut omettre leur nom, car ce sont de fort habiles artistes littéraires, maîtres en l’art de peindre la pensée et d’ordonner les images. Certes, ils sont loin de ressembler à l’imprudent Ulysse qui but dans la coupe des sirènes l’oubli de la patrie et du foyer

domestique, mais ils ont le souci principal de la forme harmonieuse et brillante, ils écrivent, comme disait l’un d’eux,


Pour l’amour et l’orgueil du langage de France.

ils ne laissent pas de rappeler les « grands rhétoriqueurs » du bon vieux temps. Ils ont peut-être moins de lyrisme et de mouvement que les précédents poètes, mais ils ont plus de maîtrise et œuvrent selon de plus strictes formules d’art. Ce sont de remarquables virtuoses.

Enfin, nous avons voulu qu’une part fort large fût faite à nos aînés, sans distinction d’école ou de hiérarchie, à quelque mouvement ancien qu’ils se rattachent, qu’ils aient été comme M. Léopold Dauphin, des fidèles de Mallarmé ou que leur technique, comme celle de M. Roger Dumas, fût la technique parnassienne. Nous avons accueilli les plus illustres comme M. Edmond Rostand, les plus artistes comme M. Laurent Tailhade ou bien M. Catulle Mendès, les plus discutés comme M. Jean Aicard. Ce témoignage de sympathie respectueuse envers des écrivains dont le labeur littéraire a été parfois très vaste sera une preuve de notre éclectisme et de notre gratitude.

Nous avons omis le nom de quelques poètes. Sans parler de ceux dont l’œuvre, digne d’intérêt, n’est pas encore assez importante et qui figureront dans nos éditions futures, nous avons négligé, de propos délibéré, les poètes méridionaux qui ne nous ont pas paru être les fils soumis et aimants de cette patrie intellectuelle latine saluée naguère éloquemment par M. Jean Richepin, lors de la cérémonie en l’honneur de Carducci. Nous avons tenu à respecter l’harmonieuse unité et la signification précieuse de ce livre qui aspire à être, non un sec catalogue de vers, mais le Mémorial d’une Race.

La fin du dix-neuvième siècle a été, pour la poésie méridionale, une ère exceptionnelle de prospérité et de splendeur. Nous sommes demeurés les pourvoyeurs intellectuels de la France. Notre littérature, inventée au premier siècle par le phocéen Pétrone, vivifiée par Pétrarque dans les eaux salubres de la Fontaine de Vaucluse, s’épanouit, avec Mistral et Rostand, en un aboutissement magnifique. À cette heure, nous dominons et dirigeons le mouvement poétique. Nous avons imposé au Nord notre hygiène d’art. L’esprit français, enténébré par les brumes ibséniennes, oblitéré par les apports étrangers, vacillant dans les œuvres des « mauvais maîtres », l’esprit français a été régénéré en prenant pour antidotes la liqueur virgilienne de Mireille et la verve picaresque de Cyrano de Bergerac, bienfaisante comme une lampée de vieil Armagnac. La poésie a été méridionalisée, comme Nietzsche souhaitait que le fût la musique. « On dirait, conclurons-nous avec M. Jean Carrère, que l’Hellade veille toujours sur sa fille, la France, et quand on croit que le génie de notre race va dépérir, l’immortelle aïeule nous envoie un messager. »

Raoul Davray et Henry Rigal.

JEAN AICARD

M. Jean Aicard est né, le 4 février 1848, à Toulon. Il débuta dans la littérature, encore enfant. Il n’avait pas achevé ses études classiques, commencées au lycée de Mâcon et finies au lycée de Nîmes, lorsqu’à dix-neuf ans il publia les Jeunes Croyances. Dès ce moment, il ne se passe point d’année qu’en librairie ou qu’au théâtre il ne soumette quelque œuvre nouvelle à l’appréciation du public. Nous insisterons particulièrement sur ses volumes de vers. Les Réflexions et Apaisements paraissent en 1871, mais son premier grand succès est avec les Poèmes de Provence, publiés en partie pour la première fois dans la Revue des Deux Mondes. « Paysages et tableaux de mœurs, c’est, disait M. André Lefèvre, la vie telle qu’elle s’agite au bord du Rhône et de la Méditerranée. Le volume se termine par une série de petites pièces qui semblent tirées de l’anthologie grecque. Jamais les cigales, depuis Théocrite, ne reçurent plus délicat hommage. » L’Académie française couronna cet ouvrage en 1874. Un an après, paraissait la Chanson de l’enfant, et M. André Lemoyne écrivait : « Une nouvelle poésie vient de naître arrivant aux plus grands effets par les moyens les plus simples. » L’Académie française couronna également cet ouvrage.

Miette et Noré, épopée rustique provençale que l’on a pu mettre en parallèle avec Hermann et Dorothée de Goethe, en 1881, valut au poète le prix Vitel et bientôt après la Légion d’honneur. L’année suivante, l’Académie, qui avait mis au concours l’éloge de Lamartine, fut obligée de couronner encore Jean Aicard.

En 1885, paraît Dieu dans l’homme, œuvre de penseur abordant avec une audace sûre d’elle-même les plus hauts problèmes métaphysiques, et en trouvant la solution dans les élans d’une âme profondément religieuse et enivrée d’idéal. En 1886, il publia l’Éternel Cantique et, avant la fin de cette même année, le Livre des Petits, si naïf et si touchant et dont la popularité est grande dans le Midi. En 1887, M. Jean Aicard fait éditer le Livre d’heures de l’amour ; en 1888, Au Bord du désert. Don Juan, paru en 1889, doit être considéré plutôt comme un poème que comme une pièce de théâtre. C’est une œuvre touffue, inégale, mais d’une verve entraînante, satirique et lyrique.

Dans le roman, M. Jean Aicard débuta par le Roi de Camargue et suivirent bientôt le Pavé d’amour, Fleur d’abîme, Melita, l’Ibis bleu, Diamant noir, Notre Dame d’amour, Tata, l’Âme d’un enfant. Dans tous ces ouvrages, Jean Aicard, fidèle à son pays natal, fait intervenir les paysages de la Provence.

M. Jean Aicard débute au théâtre par un petit acte en vers très fantaisiste, intitulé Au clair de la lune, représenté à Marseille tout à fait au début de sa vie littéraire. Vint ensuite William Davenant, représenté par la Comédie française à Londres, en 1879. Smilis, quatre actes en prose à la Comédie française en 1880, n’eut pas beaucoup de succès. Il a fait une traduction de l’Othello de Shakespeare qui fut joué par la Comédie française. Le Père Lebonnard fut d’abord joué par Antoine et puis par la Comédie française : on sait l’immense succès de cette pièce. Au mois d’août 1883, Mme Sarah Bernhardt créait, au Théâtre antique d’Orange, la Légende du cœur, et à l’heure où nous écrivons ces lignes, le théâtre de la Porte-Saint-Martin donne les premières représentations du Manteau du Roi.

Ces deux dernières pièces, avec une qui sera jouée prochainement, la Milésienne, formeront les trois parties d’une série que M. Jean Aicard se propose de consacrer à la Provence sous ce titre la Provence légendaire.

M. Charles Simond parle en ces termes du poète. « Il est, dans notre littérature contemporaine, un des rares écrivains de mérite dont on ne peut, comme homme et comme auteur, dire que du bien. Sa poésie a un accent naturel. Quelque page que vous lisiez de lui, jamais vous n’y rencontrerez l’effort, la recherche ; jamais vous n’y découvrirez, le labeur, la contrainte… Jules Levallois a eu raison de dire qu’il y a en lui « un fonds de tendre humanité » et c’est cette tendresse, cette pitié qui donne une marque si personnelle à toutes ses œuvres. J’ajoute que sa poésie a certainement plus d’envergure que celle d’Autran, son compatriote, et son rythme, plus de variété que celui de Laprade. »

Ajoutons que M. Jean Aicard s’est présenté plusieurs fois déjà à l’Académie française et qu’il fut malheureux, mais qu’il pourrait bien, un jour ou l’autre, faire son entrée dans l’illustre compagnie.

H. R.

BIBLIOGRAPHIE

Les œuvres. — Poésies : les Jeunes Croyances, 1867. — Rébellions et Apaisements, 1871. — Poèmes de Provence, 1874. — La Chanson de l’enfant, 1875. — Miette et Noré, 1880. — Dieu dans l’homme, 1885. — le Livre d’heures de l’amour, 1887. — Maternité, 1893. — Jésus, 1896.

Roman : Don Juan, 1889. — Le Roi de la Camargue, 1891. — L’Iris bleu, 1893. — Fleur d’abîme, 1894. — Diamant noir, 1895. — L’Âme de l’Enfant, 1899. — Maurin des Maures, 1908.

Théâtre : Pygmalion, 1872 — Mascarille, 1873. — Othello, 1883. — Smilis, pièce en 4 actes, Comédie-Française, 1883. — Le Père Lebonard, 4 actes. Théâtre Libre, 1889. — La Légende du Cœur, drame en 5 actes, en vers, Théâtre antique d’Orange, août 1903 et Théâtre Sarah-Bernhardt, septembre 1903. — Le Manteau du Roi, pièce en 4 actes et 5 tableaux, en vers, musique de scène de M. Massenet, Porte Saint-Martin, 22 octobre 1907.

Divers : La Vénus de Milo, 1874. — Visite en Hollande, 1878.

En préparation.La Milésienne, pièce en vers. — Benjamine, pièce en prose.


À mon grand-père Jacques.

Mon regret sans souffrance évoquera ton ombre,
O père de mon père ; ô vieil homme indulgent,
Que je revois, rasé de frais, cheveux d’argent,
Assis dans le foyer, sous le haut manteau sombre.


A soixante-dix ans, vieux pilote surpris,
Tu vis que ton bateau naviguait vers sa perte,
Et droit, et souriant, et de vieillesse verte,
Tu sombras, ruiné jusqu’au dernier débris.

Hier bourgeois visité dans ta maison de ville,
Sans asile aujourd’hui, tu cherchas dans les bois,
Dans les grands bois de pin, dont tu compris la voix,
Un désert, où cacher ta pauvreté tranquille.

Seul ? non, une faiblesse était là, ton soutien,
Ta fille au pâle front, qui maintenait ta force...
Le chêne liège vieux, bois dur et tendre écorce,
Porte un cœur étoile, père, comme le tien !

Tu trouvas en ruine un logis à couleuvres,
Et charpentier, maçon, terrassier et couvreur,
Sans maître et sans manœuvre, et pourtant sans erreur,
Tu refis la maison, vieil enfant de tes œuvres !

Le « campas » fait jardin, bien planté, bien enclos,
Ce travail le paya pour le temps de ta vie,
Et de par ta misère à l’abri de l’envie,
Tu travaillas vingt ans, — jusqu’au dernier repos.

Tu n’as plus rien connu des villes, sur ta roche ;
Robinson, tu voyais la mer, — de ta maison.
Mais des vaisseaux dorés, errant sur l’horizon,
Tu saluais l’adieu sans souhaiter l’approche.

Les saisons circulaient, les jours qui font les mois,
Les grands froids, les grands chauds ; toi, selon la journée,
Assis au grand soleil ou dans la cheminée,
Tu lisais du français et tu parlais patois.

Conteur, tout en tressant des paniers et des claies,
Tu faisais aux enfants de longs, de gais récits,
Et moi-même, en vacance, à tes côtés assis,
J’oubliais, pour ta voix, l’école dans les haies.


Ton fils dont je suis fils, était mort loin de toi.
Dans ce vaste Paris que n’aiment pas les mères…
Tu souriais pourtant à mes jeunes chimères,
Homme de peu, d’étude et de beaucoup de foi.

Tu toléras, ami d’une douceur parfaite,
Mon caprice d’enfant d’abord, l’autre plus tard,
Et je te vois sourire à mes vers, beau vieillard,
Dont le fils était mort, un peu d’être poète !

Oui, lorsqu’au lieu d’amour la Muse en moi parla,
Un sourire attristé vint éclairer ta bouche ;
Et tu disais, avec le ton simple et qui touche,
« Il n’y a rien à dire !… Où prend-il tout cela ? »

… Grand’père, tout cela, quelle qu’en soit la gloire,
Je l’ai pris à toi-même, à ta simplicité,
Au vieux air que tu m’as, le soir, cent fois chanté,
Au ton dont tu disais ta plus naïve histoire.

Je l’ai pris dans tes bras, dans ton cœur, dans ta main,
Dans l’oubli des cités où sont les choses laides,
Dans la vieille maison, seule au fond des pinèdes,
Et dont je ne veux pas oublier le chemin.

Tu fis mon œuvre simple, et ma voix attendrie,
Et je rapporte à toi ce qui vient de toi seul…
… C’est à vous que je parle, ossements de l’Aïeul,
Poussière de la mort, terre de la patrie !

(Le dieu dans l’homme)

La Cigale.

Je suis le noble insecte insouciant qui chante,
Au solstice d’été, dès l’aurore éclatante,
Dans les pins odorants, mon chant toujours pareil
Comme le cours égal des ans et du soleil.

De l’été rayonnant et chaud je suis le Verbe,
Et quand, las d’entasser la gerbe sur la gerbe,
Les moissonneurs, couchés sous l’ombrage attiédi,
Dorment en haletant des ardeurs de midi,
Alors, plus que jamais, je dis, joyeuse et libre,
La strophe à double écho dont tout mon être vibre,
Et tandis que plus rien ne bouge aux alentours,
Je palpite et je fais résonner mes tambours :
La lumière triomphe, et, dans la plaine entière,
On n’entend que mon cri, gaîté de la lumière.

Comme le papillon, je puise au cœur des fleurs
L’eau pure qu’y laissa tomber la nuit en pleurs.
Je suis par le soleil tout puissant animée.
Socrate m’écoutait ; Virgile m’a nommée.
Je suis l’insecte aimé du poète et des dieux ;
L’ardent soleil se mire aux globes de mes yeux ;
Mon ventre roux, poudreux comme un beau fruit, ressemble
À quelque fin clavier d’argent et d’or, qui tremble ;
Mes quatre ailes aux nerfs délicats laissent voir,
Transparentes, le clair duvet de mon dos noir,
Et, comme l’astre au front inspiré du poète,
Trois rubis enchâssés reluisent sur ma tête.

(Poèmes de Provence.)

L’Adieu.

Adieu. J’ai dit adieu. Le meilleur de moi-même,
Avec un long soupir, hors de moi s’est enfui :
Tu m’as pris tout mon cœur, voyageuse que j’aime.
Et je suis resté là, plein de vide et d’ennui.

Je suis je ne sais où, car mon âme voyage ;
Elle est je ne sais où : sais-je par où tu vas ?
On m’a dit : « Vous restez tout seul, ayez courage ! »
Mais je suis plus que seul : je ne me reste pas.


Ah ! comment tout entier ne t’ai-je pas suivie ?
Quel devoir me retient ! Qu’ai-je à faire et pourquoi ?
N’as-tu pas emporté la raison de ma vie,
Et n’est-ce pas mourir que d’être absent de soi ?

Adieu. Je te l’ai dit ce mot profond, si triste,
Et des pleurs tout à coup m’en reviennent aux yeux.
Car à tous les départs je sais qu’un spectre assiste,
Que la mort est partout où se font des adieux !

Adieu. Toutes les fois qu’il frappe notre oreille,
Ce mot cruel, qu’on dit tout bas et sanglotant,
On craint que le malheur qui dormait ne s’éveille !
On sait qu’il vaudrait mieux se taire en se quittant.

Adieu. Ce mot nous dit : « Téméraires, tout passe ! »
Nous n’avions entre nous que notre volonté ;
Puisque nous y mettons le temps avec l’espace,
Dieu qui s’indigne y peut mettre l’éternité !

C’est une mort d’un temps, l’absence, et c’est un crime !
Sachons bien que c’est mal, et que nous tentons Dieu,
Quand l’âme, s’absentant de l’être qu’elle anime,
Avec un être aimé s’en va dans un adieu.

(L’Éternel Cantique.)

FRANÇOIS-PAUL ALIBERT

M. François-Paul Alibert est né, le 15 mai 1873, à Carcassonne. Sa vie, discrète et humble, s’est écoulée dans sa ville natale. Il y occupe, depuis quinze ans, le poste de secrétaire de la mairie. Son nom, inconnu jusqu’à l’an dernier, a été prononcé rarement dans les cercles d’initiés. En 1907 est paru son premier et unique recueil, l’Arbre qui saigne, dont deux fragments avaient été publiés, l’un dans Occident, l’autre dans Antée. Ce volume, imprimé à Carcassonne, n’a pas été édité en librairie, aucun périodique n’en a fait mention. « Il n’y a rien à consulter sur mes ouvrages et je n’en ai aucun en préparation, nous dit modestement l’auteur de l’Arbre qui saigne. » Seule, une ligne de la revue belge Antée concerne M. François-Paul Alibert, « un jeune écrivain qui sera demain un Maître ». Retenons cette prédiction non dictée, en l’espèce, par la camaraderie littéraire. L’Arbre qui saigne contient cependant plus que des promesses. La pièce qui a donné son titre au recueil est en particulier d’une harmonie vraiment fille de la douleur. Nous sommes heureux de publier deux poèmes de M. Alibert : le premier, écrit dans un mètre régulier, fait penser par la magnificence de sa forme au Verhaeren des Moines ; le second, prosodie librement, à la manière anarchique de M. Francis Jammes, développe, avec moins de mièvre préciosité et plus de somptuosité que son modèle, un thème fréquent dans l’œuvre du poète d’Orthez. Poursuivons le parallèle. M. Alibert a, d’autre part, plus de lyrisme que M. Jammes, il a puissamment chanté son

…Âme ardente et triste en ses incertitudes,

et son cœur, sombre et désordonné,

Qui saigne à tous les tranchants de la vie.

Comme M. Jammes, M. Alibert a dit exquisément, avec de délicieuses trouvailles de mots et avec un accent émouvant, le charme des cérémonies religieuses : son poème, la Procession passe, est une série de délicats tableaux de genre, lumineux comme des aquarelles, précis comme des gravures.

R. D.

BIBLIOGRAPHIE

Les œuvres. — La Terre de l’Aude, plaquette en prose, Bibliothèque de l’Occident, Paris. — Poèmes, Occident, mars 1907. — Marsyas aux Enfers, poème, Antée, 1er mai 1907. — L’Arbre qui saigne, poèmes, Servière et Pateau, imp. Carcassonne, 1907.


Le Cloître aux colonnes de rose.

Sous l’heureuse lumière où l’air tremble aujourd’hui
Comme une mer fluide où nagent les collines
Dont les cimes, au ciel qui les attire à lui,
Se soumettent avec des flexions divines,

Au fond du val qui dit à toute alarme adieu,
Dans ta sérénité première tu reposes,
Et d’un riant essor tu t’élèves à Dieu,
Sur tes colonnes qui semblent faites de roses.

Vers toute la candeur profonde de l’été,
Le jour à tes arceaux s’ouvre de porte en porte,
Et ne fait avec toi qu’une seule clarté,
Si léger que la terre à peine te supporte !

Et l’on dirait que, sous son poids fragile et pur
Affaissée et rompue et relevée ensuite,
Infaillible à décrire en courbes sur l’azur
Une tresse de fleurs prolongeant sa poursuite,

Quelque longue guirlande au feston retourné
Sur sa mélodieuse allure te déroule,
Et rassemble selon son ordre fortuné
Le nombre sans défaut d’où ta grâce découle.

L’heure brûle, tranquille et vermeille, et midi,
Sur la tuile où ne vient l’ombre d’aucune feuille
Jouer avec le vent qui retombe, engourdi,
Dans la bonne chaleur de juillet se recueille.

Je vais, et je te sens m’insinuer au cœur
Ta cadence immortelle et ta noble indolence,
Et, comme un air chanté sur le mode majeur,
Je t’écoute frapper dans mon âme en silence

Un accord sans limite et quatre fois borné
À la mesure exacte et pourtant infinie
Qui te tient sans effort à toi-même enchaîné
Et te fixe à jamais dans ta libre harmonie.

Et par cent ailes d’or j’entendis résonner,
Annonciation tendre et mélancolique !
Tes cloches qui soudain sur moi firent planer
Le battement épars de leur vol angélique.

Contre le ciel limpide où vous veniez heurter,
Vous passiez, vous chantiez, cloches dominicales
Qui rendiez argentin à vous répercuter,
L’air où se propageaient vos ondes musicales.

Et le cloître tintant de leur vol éperdu
Paraissait par degrés s’enlever de la terre,
À cet alléluia sonore suspendu,
Comme un oiseau divin monte dans la lumière.

Et, demeurant quand même à son rythme attaché,
Il dénouait avec une heureuse folie,
Sa colonnade rose où se tenait penché
Un soir tout à la fois de France et d’Italie.

À force de fleurir accablés de douceurs,
Un rang de lis tendant à l’azur qui les baigne
Leurs calices tachés d’ineffables rousseurs,
Sur leur blancheur gardait le jardin clos où règne

Une vigne enroulée en flexibles berceaux,
Et, charme des pigeons familiers sur les tombes !
Des enfants au soleil, à travers les arceaux,
S’ébattaient comme un peuple innocent de colombes.

Ah ! lassé de la vie et des hommes, auprès
De ton église qui m’accueille, un clair dimanche,
Puisse, cloître amical, entre tes chers cyprès
Où plie une moisson de fleurs dorée et blanche,

Mon cœur, impatient de fuir un siècle dur,
Trouver enfin la mort harmonieuse et belle,
Par un après-midi de vêpres et d’azur,
Et s’embaumer vivant dans ta paix éternelle !

(L’Arbre qui saigne.)

Le Bateau chargé d’oranges.

C’était un bateau chargé d’oranges
Amarré dans le port du canal.
Sur l’eau huileuse, morne et plane,
Allongé comme une bête géante,
Il sommeillait, et parfois sa coque lourde,
Sans rames, voiles ni mâture,

Se balançait, quand les écluses
Au loin ouvraient leurs vannes avec un bruit sourd,
Et se précipitaient par toutes leurs bouches.
Et d’un bord à l’autre bord,
Du gouvernail à la proue,
S’écroulaient les pommes d’or
D’Afrique, de Valence et des Baléares,
Que des hommes au torse de bronze
Déchargeaient dans des paniers tressés de sparte.
Droits sur leurs jambes hautes, et la tête à l’ombre
De leurs chapeaux de paille aux grandes ailes,
Ils vidaient leurs pesantes corbeilles,
Et de nouveau gravissaient la passerelle
Où s’égouttait la trace humide de leurs orteils,
Et gravement recommençaient.
Et toujours la barque semblait pleine,
Tant les beaux fruits d’écarlate et de chrome,
Innombrables et pressés, par tas s’amoncelaient
Et jamais ne diminuaient,
Par intervalles, il en roulait sur le quai,
Que des fillettes brunes, dans un pan de leur robe
Ainsi que des balles de pourpre.
Ramassaient et se disputaient à la course.
Et parfois, ne pouvant les contenir toutes,
Elles se baissaient pour les reprendre à terre,
Et, comme de petites Atalantes,
Se laissaient vaincre pour une orange.

Une dernière fois les hommes remontèrent
Et sur le cabestan enroulèrent les cables,
Et, l’escale étant finie,
Le bateau s’ébranla sur ses amarres,
Et, traîné par deux chevaux obstinés et tristes,
Qui faisaient un bruit monotone de sonnailles,
Il s’en alla vers le Midi.
Et nos cœurs démarraient avec la barque
Qui descendait le long des berges du canal,
Maison flottante au ras des prairies

Et qui fume, le soir, vers une voûte d’arbres.
C’est là, dis-moi, qu’il eût fait bon de vivre
Et de suivre les courbes lentes
D’une eau qui prête ses méandres
À toutes les songeries,
Tout en voguant vers des îles
Où l’on n’arriverait jamais.
Et la barque emportait notre rêve
D’une Majorque fortunée
Où passeraient, sous des orangers,
Comme de vivantes statues
Aux démarches fières, voluptueuses et souples,
De beaux êtres sans pensée et qui s’en vont nus,
Et qui laisserait pendre à hauteur de nos bouches,
Loin de nos bords mélancoliques,
Ses fruits, sans nous donner le mal de les cueillir.
L’homme du gouvernail, debout à l’arrière,
Se dressait comme un épique Jason
Guidant la conquête de la Toison,
Et ramenant encore, sur la mer violette.
Dorée et rouge cargaison,
Tout le butin des Hespérides.
Et comme l’Orient vermeil
Dans l’onde renversait un liquide incendie,
La barque légendaire entra dans le soleil.

(L’Arbre qui saigne.)
HENRY BATAILLE


M. Henry Bataille est né le 4 avril 1872 à Nîmes. Mais il est de race essentiellement languedocienne ; son vrai et seul pays est celui qui va de Castelnaudary à Moux, dans l’Aude. « On ne sait combien je suis de Moux, nous écrivait-il à ce sujet, je désire qu’on le sache bien.

« Oh ! les fils mystérieux où nos cœurs sont liés. »

Et M. Henry Bataille ajoutait : « Aux environs de Castelnaudary se trouve la majeure partie des paysages qui composent la Chambre blanche ; nous y avons encore la propriété ou j’ai été élevé « Bordeneuve », à Moux, village triste dans ce pays biblique, âpre comme une Palestine romantique et ignorée des hommes. Mon grand-père, Mestre-Huc, propriétaire-poète, fit bâtir notre tombeau de famille sur les contreforts abandonnés de l’Aric, aux pieds de l’Aric poudreux où montent les bergers ; on aperçoit au loin les cyprès, du chemin de fer, en passant. Cette chapelle solitaire, où personne n’ira plus prier et dont il est si sourdement question dans mes poèmes d’enfance, j’en serai le dernier habitant. Après moi, plus d’héritiers ; je confierai les clefs de la chapelle à quelque municipalité… Déjà, sur les murs ruinés, des enfants viennent cueillir des figues, et le vent qui gémit dans les pins, à gauche, les a dénudés. Je ne demande qu’une chose, c’est qu’à ma mort, devant le Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/31 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/32 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/33 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/34 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/35 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/36 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/37 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/38 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/39 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/40 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/41 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/42 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/43 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/44 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/45 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/46 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/47 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/48 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/49 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/50 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/51 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/52 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/53 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/54 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/55 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/56 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/57 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/58 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/59 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/60 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/61 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/62 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/63 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/64

LÉOPOLD DAUPHIN


Né à Béziers, le 1er novembre 1847, M. Léopold Dauphin a surtout écrit de la musique et des ouvrages didactiques, notamment, en collaboration avec Marmontel, le fameux solfège qui se trouve sur tous les pianos de débutants. C’est seulement en 1897 qu’il se décida, sur les instances de son ami Stéphane Mallarmé, à quitter un temps l’autel d’Euterpe pour celui de Polymnie. Son premier recueil, Raisins bleus et gris, parut précédé d’un « avant-dire » de son parrain, le poète d’Hérodiade. « Léopold Dauphin, expliquait laborieusement Mallarmé, ne traite la versification en tant que complément à son spécial don mélodique, ainsi que doit l’essayer tout compositeur aujourd’hui et produire une écriture spacieuse, discrète de livret : non, il ferme sur le vol des inspirations frémissantes, d’abord son piano, ou reploie le trop d’aile ; et, usant de droits, avec plus de caresse dans le rythme qu’un autre ou la diaprure assortie mieux des timbres, victoire, innée, que nous obtenons après étude, vise directement au chant parlé, tel qu’une intégrité résulte ou poème pur : il dispose, souriant, des accords d’image très exacts et relatifs à l’émotion. » Ce qui signifie, si je ne m’abuse pas sur ce langage « ésotérique », que M. Dauphin, poète-musicien, a un instinct très sûr du rythme, un art original d’orchestrer les images et un sens mélodique varié du vers. La couverture de la plaquette était ornée d’un joli dessin dû aux deux filles du poète, Jane et Madeleine Dauphin, qui ont épousé, l’une, M. Franc Nohain, l’autre, M. Adolphe Boschot, un musicographe distingué, auteur de très intéressants ouvrages sur Berlioz.

M. Léopold Dauphin a depuis publié quatre petits recueils de poèmes remarquables par l’invention rythmique. Il a collaboré au Progrès artistique sous le pseudonyme de Pimpinelli, au Chat-Noir, à l’Ermitage, à la Vogue, au Penseur, etc...

R. D.


BIBLIOGRAPHIE

Les œuvres. — Raisins bleus et gris, poésies, précédées d’un avant-dire de Stéphane Mallarmé. Paris, Vanier, 1897. — Couleur du Temps, poésies. Paris, Vanier, 1898. — Pipe au bec, suivi de les Fontaines du Bois-Joli, poésies, dessins par George Auriol. Paris, Vanier, 1900. — L’Ame de mon violon, poésies. Paris, Vanier, 1902. — Sourires de jadis, poésies. Paris, Messein, 1904. — Sainte-Geneviève de Paris, mystère en 4 parties et 12 tableaux, pour théâtre d’ombres, représenté pour la première fois sur la scène du Chat-Noir en 1892, avec des dessins de M. H. Rivière et de la musique de C. Blanc et L. Dauphin. Paris, Heugel. — Jean Garrigou, conte en prose, illustration de Léonce Petit. Delagrave. — Petite Anthologie des Maîtres de la musique. Paris, Armand Colin.

En préparation. — Mon Guignol, fantaisies d’humour lyrique dialoguées. — Simples rimes, poésies.

A consulter. — Des études sur l’œuvre de M. Dauphin ont été publiées par Stéphane Mallarmé, Charles Guérin, MM. Gustave Kahn et Henri de Régnier.




Métamorphoses.



Veux-tu bien croasser moins haut
L’oraison des pendus, corbeau,
Et broyer leur chair sans querelles ?

Tes croassements pleins d’horreur,
Tes grands gestes de péroreur
Glacent d’effroi les tourterelles.

Souviens-toi de l’heure où, comme elles
Blanches et douces, ton vol blanc
Ignorait la rouille du sang :

Dans l’azur alors sur tes ailes
(Apollon aimant Coronis)
Calme neigeait l’argent des lys.


(Raisins bleus et gris.)





Comme des flûtes.


Les cloches près de la mer
Ont une voix de prière
Dominant le bruit amer
De douceur particulière :

Leur vol sonore, au matin,
Ondulation dolente,
S’il plane vers le lointain
C’est comme d’une aile lente ;

Et le mode étant majeur
En plus l’exquise tendresse,
Dans les voiles du pêcheur
Comme un peu c’est l’allégresse.

L’espoir tinte ce même air
Des cloches près de la mer.


(Raisins bleus et gris.)





Les Couronnes.


Comme les couronnes de mois de Marie
Rondes sont nos rondes et le jasmin rit ;

Comme les couronnes des prix du mois d’août
Nos rondes sont rondes aux lauriers qu’on coupe ;

Comme les couronnes de nos mariées
Rondes sont nos rondes vers les orangers ;

Et comme couronnes d’immortelles d’or
Nos rondes sont rondes : la Tristesse est morte.


(Raisins bleus et gris.)





Au Jardin de la cure.


Dans l’ombre de l’église, au jardin de la cure
Qu’un mur bas treillagé clôture,
Des poiriers en quenouille et d’autres en cordon
Racontent joliment leur rêverie obscure
Aux carrés des fraisiers, aux cloches des melons ;

Quelque rigole d’eau rieuse, vive et claire,
S’efforce vainement de les distraire,
Et même le curé, sa messe dite enfin,
S’il vient près du banc vert lire son bréviaire
Ou cultiver ses plants, arrosoir, bêche en main ;

Ils disent la douceur de leur bonheur tranquille
Dans le calme (oh, loin de la ville !)
De ce tout petit clos villageois, ce pendant
Qu’alentour et sur eux la trame se parfile
Des carillons naïfs du vieux clocher chantant

Ou que, lent et meuglant par la proche montagne,
Le troupeau des vaches regagne
L’étable où près du seuil rit le frais abreuvoir
Et qu’aux chemins en pente et fleuris l’accompagne
Un doux son de clarine en allé vers le soir.


(Vers inédits.)





Pour y finir mes jours.


Simple afin que son charme à mes yeux mieux sourie,
Pour y finir mes jours j’aimerais un abri
Près d’un ruisselet clair longeant une prairie :
On y serait conduit par un sentier fleuri.

Les branchages feuillus et l’ombre fraîche et douce
De deux vieux marronniers s’étendraient près du toit
Dont les tuiles grimpant sous de riantes mousses
Couvriraient un étage à peine haut, étroit.

Des rosiers, lys, lilas, un gazon, une treille
Où, sur un banc, j’irais lire des chants divins
Et voir mûrir en août quelques grappes vermeilles
Uniment orneraient mon tout petit jardin.

Mes rêves éloignés de nos vilaines proses,
La voix d’une fontaine en bercerait l’azur
Et d’avril, au verger, les pétales blancs-roses
Sauraient en rajeunir le sourire encor pur.

L’âtre serait en fête où monterait la flamme
Ce pendant que, l’hiver, causant des jours défunts
Et de notre jeunesse, avec toi, chère femme,
Nous en évoquerions aussi les doux parfums.

Mes enfants, mes amis, dans cet abri modeste
Viendraient et tous partageraient notre bonheur :
C’est la joie et l’amour que leur dirait mon geste,
Puis, les voyant partir, l’ennui et la langueur.

Le ciel m’accorderait en outre cette grâce
D’y pouvoir secourir les malheureux passants :
Je mettrais du pain tendre en leur maigre besace,
Nul d’eux ne frapperait à mon seuil vainement.

Et là, quoique vieille et lasse, ma pensée
S’essaierait à voler vers de plus hauts sommets,
Désireuse d’atteindre en sa noble envolée
La Beauté dont je rêve et que toujours j’aimai.


(Vers inédits.)





Dans la Chambre ensoleillée.


Comme un royal manteau d’hermine et de beauté
Quand la neige est si proche ! aux Alpes d’à côté,
Ailleurs quand c’est la brume et le froid qui demeurent
Faut-il que nous ayons ici de telles heures
Toutes d’enchantement, comme estivales, dis ?
Et jouissions ainsi d’un pareil paradis !...
Dans ce pays quel doux hiver ! vois, c’est décembre,
Et le bon grand soleil dore toute la chambre :
Les meubles et les murs, rideaux blancs, clairs tapis,
Chantent comme en été chante l’or des épis,
Et, là, s’embellissant des parures d’un songe,
Dans la glace leur chant en écho se prolonge...
Par la fenêtre ouverte il entre une tiédeur
Et des mandariniers l’exquise et fine odeur !
Le ciel est tout azur, l’horizon sans nuage,
Et, non loin, sur la mer calme une voile nage
Qui mire dans le flot son rêve parfumé
De la senteur marine et du radoub aimé...
 
O la sérénité de ces heures bénies
Où des rayons vermeils vibrent les harmonies
Pour charmer tout notre être !... Et c’est comme un bonheur
Dont voudrait à quelqu’un rendre grâces le cœur.
Mais dans mon Ame aussi se mire un vague rêve
Embaumé de douceur et qu’un Amour achève,

Un Amour qui jamais ne saurait être vain
Puisqu’il est fécondant, idéal et divin ;
Et même fût-il vain, inutile chimère,
Un Amour que je veux semblable à la prière
Du haut et vert palmier dont tu vois vers les cieux
Les palmes s’élever et glorifier Dieu.


(Vers inédits.)


EMMANUEL DELBOUSQUET


M. Emmanuel Delbousquet est né le 27 avril 1874, à Sos, arrondissement de Nérac (Lot-et-Garonne) en pays d’Albret, aux confins des grandes landes de Gascogne et de l’Armagnac.

« Mon père, nous écrit-il, est issu d’une vieille famille du Bas-Quercy : les de Fénelous, dont une branche fut, en 1848, appelée de Fénelous du Bosquet, ou plutôt, en dialecte quercinois : Delbousquet, du nom de sa propriété. Mon grand-père paternel garda ce nom seul, après l’avoir longtemps accolé à celui de Fénelous. Ma mère est de souche mi-paysanne, mi-bourgeoise du pays landais. Dès mon enfance, au cours des déplacements de mon père, alors fonctionnaire, en Agenais, en Quercy, en Languedoc, j’ai ressenti une étrange souffrance à m’éloigner du pays natal. Plus tard, au petit séminaire de l’Esquile, à Toulouse, je fus en proie à des crises de nostalgie telles que je passais des heures, hypnotisé devant une carte de géographie où j’avais dessiné les limites naturelles de ma région. Les marges de mes livres étaient pleines d’esquisses de forêts de pins et de chênes-liège, de silhouettes de chevaux sur la bruyère. Le seul mot « lande » m’émouvait aux larmes. Adolescent, ce fut de même. Je coupai un jour, à l’aide d’un couteau, les traits du cheval qui devait m’emmener vers la station de chemin de fer, au sortir des grandes vacances. Ma sensibilité vraiment maladive, quand l’obsession du pays devenait intense, me valut de cruelles crises nerveuses. » Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/73 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/74 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/75 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/76 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/77 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/78 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/79 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/80 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/81 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/82 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/83 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/84 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/85 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/86 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/87 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/88 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/89 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/90 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/91 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/92 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/93 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/94 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/95 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/96 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/97 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/98 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/99 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/100 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/101 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/102 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/103 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/104 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/105 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/106 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/107 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/108 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/109 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/110 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/111 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/112 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/113 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/114 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/115 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/116 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/117 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/118 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/119 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/120 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/121 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/122 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/123 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/124 ERNEST GAUBERT 115 auteurs modernes, 1906. — François Coppée, essai. Sansot et 0, 1906. — Rachilde, essai. Sansot et Cie , 1906. — La Sottise espérantiste, essai, préface de M. Rémy de Gourmont. Paris, Bernard Grasset, les Editions nouvelles, 1907. — Les Roses latines, poèmes, préface de M. Pierre Louys, Paris. Sansot et C 1 ", 1907. A consulter.— Henry Rigal, Ernest Gauoert, «l’Hérault », 5 mars 1902. — « La Dépêche de Toulouse », 14 octobre 1904. — Henry Bauquier, Quelques poètes de l’Hérault. Béziers, Fabre, 1903. — Laurent Tai- Ihade, Chronique, « le Français », 20 janvier 1901. — Jean de la Hire, Articles divers dans « le Courrier français», «l’Hérault», « la Jeune Champagne». — Georges Casella, Chronique, « Revue illustrée», 1" juin 1905. — Raoul Ralph, Ernest Gaubert, conférence à la Bodinière, 6 avril 1900. — Ernest Gaubert, Peints par eux-mêmes,* le Tout Mont- pellier », 10 juin 1905. — Chronique des livres, des journaux et des revues depuis 1900. — Baoul Davray, les Roses Latines, l’Éclair de Montpellier, 27 octobre 1907. A Sylvia. Si l’été nuptial a mûri tour à tour, Par les maternités ou le savant amour, Ta gorge fière, tes flancs purs, ta chair nacrée, Elle subsiste en toi lumineuse et sacrée, Visible à nos yeux seuls qui l’adorent encor, L’image d’autrefois par notre avril aimée ; Te voici souriante et la fleur embaumée De tes trente ans sourit au destin qui la mord. Nous voici tous ceux-là que ton cœur ignorait, Debout sur ton chemin, respectueux et tendres, Et qui sentent encor palpiter, sous les cendres De leur désir ancien, quelque désir secret. Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/126 ERNEST GAUBERT 117 La fraîche volupté de partir sur la mer, Dans un couchant vermeil plein d’adieux et de roses, La douleur d’assister à la métamorphose De ce qui nous est cher. Le pas d’un cavalier qui sonne sur la route. Le pâtre solitaire et le soldat blessé, Et disant les espoirs en allés du passé, Ces voix que l’on redoute. Le cortège amoureux, ses flûtes, ses flambeaux, Le myrte nuptial, l’acanthe funéraire, La coupe du festin, la couronne éphémère, La lampe du Tombeau. Ces choses, ces parfums, ces extases, ces voix, Ces symboles changeants, ces douleurs éternelles Frémirent, tour à tour, dans ma strophe où je mêle Demain à l’autrefois, Afin qu’on dise un jour : « Il a vécu sa vie € Comme un rêve agréable et comme un cauchemar, « Et vers l’aube il portait à l’heure du départ « L’âme claire, assouvie... « Il fut sage, il fut fou, il pleurait, il a ri, « Et maintenant il dort et sa tombe est prochaine, « Sur ce tertre où se mêle, aux roses d’or d’Athènes, « Le sang des roses de Paris. » (Les Roses Latines.) Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/128 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/129 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/130 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/131

PIERRE HORTALA


M. Pierre Hortala est né le 1er septembre 1881, à Béziers (Hérault). Il a vécu toute son enfance dans l’âpre pays cévenol étagé sur le versant de l’Espinouse qui domine la mer latine. Il a fait ses études à Béziers et à Montpellier, où il se lia d’étroite amitié avec MM. Marc Varenne et Ernest Gaubert. Ensemble ils fondèrent en 1898 l’Aube méridionale et publiaient en 1899 un curieux fascicule consacré aux jeunes poètes des provinces d’Oc. Cette même année, profitant de la reprise aux arènes de Béziers de la Déjanire de Saint-Saëns et Louis Gallet, ils tentaient pour la première fois de réunir dans cette ville un congrès de poètes. L’idée venait à son heure : elle eut un magnifique succès.

M. Pierre Hortala n’a publié qu’une plaquette de vers, épuisée ; son volume de vers encore inédit mais que nous connaissons, écrit dans une langue originale et vigoureuse, avec une grande conscience d’artiste scrupuleux, lui assure une excellente place parmi les poètes de sa génération.

Il a collaboré à toutes les revues qui foisonnèrent jadis en pays de France, puis à l’Ermitage, la Plume, la Revue des Revues, la Rassegna internationale, etc.

Il travaille en silence dans le calme de ses montagnes cévenoles qui toujours le retiennent captif de leurs rudes paysages, où, les jours de pluie, les genêts ont des senteurs fortes de paysannes en émoi et le ciel cependant, les matins clairs, un peu du charme de l’Hellade.

H. R.


Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/133 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/134 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/135 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/136 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/137 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/138 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/139 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/140 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/141 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/142 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/143 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/144 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/145 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/146 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/147 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/148 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/149 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/150 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/151 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/152

LÉO LARGUIER


M. Léo Larguier est né, le 6 décembre 1878, à la Grand-Combe (Gard). Amoureux de méditation, il vécut d’abord solitaire dans son rude pays de montagnes où sont des garrigues et des châtaigniers, et ne prit pas part d’une manière très active au mouvement des jeunes de province de sa génération ; il figure bien dans le petit recueil des quarante ou cinquante poètes du Midi, édité pour le premier Congrès des poètes à Béziers en 1899, mais il collabora rarement aux revues éphémères qui florissaient à cette époque. Sa collaboration fut plus assidue aux revues sérieuses et constantes, comme le Mercure de France, la Revue bleue, l’Ermitage. Il avait déjà de hautes visées et rêvait de la gloire. Dès ses premiers vers, il fut remarqué des lecteurs ordinaires de ces périodiques, mais les publications, en 1903, d’abord de la Maison du Poète, et en 1905, des Isolements (ce dernier volume couronné par l’Académie française) ont fait de lui un poète connu du public.

Voici ce qu’Olivier de la Fayette, un critique avisé, un délicat poète de qui la mort prématurée, toute récente encore, nous a vivement ému, écrivait après avoir lu ces deux livres : « Il transforme hardiment le réel, dont il ne prend que la vie. Tout en restant parfaitement concret, il fait plus beau que nature. Point intellectuel, il est ainsi, en tant qu’artiste, idéaliste sans y prétendre... Léo Larguier préfère le Louvre au Luxembourg. Il est classique et solide... » Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/154 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/155 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/156 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/157 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/158 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/159 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/160 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/161 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/162 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/163 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/164 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/165 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/166 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/167 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/168 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/169 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/170 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/171 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/172 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/173 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/174 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/175 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/176 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/177 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/178

PAUL MARIÉTON


Lyon, où il naquit en 1862, fut pour M. Paul Mariéton, selon l’heureuse expression de Roumanille, la porte de soie et d’or s’ouvrant sur les lumineuses vallées rhodaniennes, sur la vieille terre gréco-latine. Il fit d’abord partie de la Pléiade lyonnaise dont Joséphin Soulary était le chef écouté, mais de bonne heure il connut Frédéric Mistral, qui signa le contrat d’adoption de M. Paul Mariéton par la Provence. « M. Paul Mariéton, a dit un de ses meilleurs biographes, M. Gabriel Boissy, a un leit-motiv à ses propos, à sa vie : Mistral. Cet homme représente à son imagination harmonieuse le modèle d’art et d’existence lyrique. Il représente aussi l’individualité provençale — langue et pays — dont il a fait sa Dame. » Et tel les mystiques de l’Occitanie médiévale, il l’a célébrée dans un livre ardent et pieux, la Terre Provençale, qu’Anatole France appelle de ce petit nom d’amitié « la vie chantante ». La vie de M. Paul Mariéton est intimement unie aux fastes du Félibrige dont il est le « chancelier ». Il a organisé les fêtes de la Cigale et guidé Sarcey, Henry Fouquier, Clovis Hugues vers le pays du soleil. Il est, depuis 1888, « chorège » du théâtre romain d’Orange, l’ancêtre de nos mille et un théâtricules de plein air. Il a fait communier le peuple provençal avec l’âme maternelle de la Grèce sous les espèces de Sophocle et d’Euripide, il a ramené la tragédie française vers la terre gréco-latine, nourrice de ses premières racines, il a ouvert les portes cyclopéennes du Mur aux ambitions des écrivains tragiques du Midi. Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/180 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/181 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/182 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/183 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/184 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/185 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/186 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/187 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/188 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/189 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/190 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/191 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/192 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/193 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/194 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/195 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/196


FREDERIC MISTRAL


Dans la préface de la première édition des Iles d’Or et dans ses Mémoires, Mistral nous apprend qu’il a vu le jour dans le Mas du Juge, sis entre Maillane et Saint-Rémy (Bouches-du-Rhône), le 8 septembre 1830, et que ses auteurs étaient Maître François Mistral, alors âgé de 54 ans, et Délaïde Poulinet, fille du maire de Maillane. Son enfance première s’écoula radieuse et libre, parmi les épisodes majestueux de la vie rustique. Quand il eut dix ans, on le mit à l’école, puis dans un pensionnat d’Avignon, où, vers 1845, entra comme professeur Joseph Roumanille, qui devait décider de sa vocation et qui achevait alors les vers provençaux des Pâquerettes. Ses classes terminées, Mistral rentra dans la maison patrimoniale et y rima sa première œuvre, les Moissons, poème virgilien en quatre chants, dont il a conservé seulement des fragments et où il s’essayait àdonner à la Provence ses Géorgiques. Sa famille, comprenant que le travail intellectuel lui convenait mieux que celui des champs, l’envoya à Aix conquérir sa licence en droit. Il y rencontra Anselme Mathieu, un des futurs fondateurs du Félibrige. En ce temps, Roumanille publia à Avignon les Provençales, premier recueil collectif des nouveaux poètes de la langue d’oc. Deux ans après, le 21 mai 1854, au château de Fontségugne, près d’Avignon, fut institué le Félibrige et décidé la publication de l’Almanach Provençal. Tout en travaillant, avec ses sept amis, à la restauration et à la diffusion de la belle langue provençale, Mistral préparait son œuvre épique et dotait son pays d’une littérature. En 1859 ; parut Mireille, poème en douze chants, admirable idylle tragique, tableau pastoral composé par un survivant des Grecs des Cyclades, par un héritier de Théocrite. Sept ans après, Mistral donna Calendal, poème des aventures d’un pêcheur de Cassis, qui accomplit de merveilleux travaux pour conquérir sa fiancée Estérelle, errante comme une fée dans les montagnes arides où son malheur l’a exilée. Dans Mireille, le poète avait immortalisé l’image de la Provençale ; il consacra, dans Calendal, celle du Provençal, type d’une race harmonieuse et forte. En 1884, il publia Nerte, chronique du temps des Papes, légende fantastique du moyen âge, touchante histoire d’une jeune fille vendue au démon par son père ; en 1890, la Reine Jeanne, tragédie qui constitue, avec le Pain du Péché et le Pâtre de Théodore Aubanel, tout le théâtre provençal, et, en 1897, un dernier ouvrage poétique, le Poème du Rhône, résurrection éblouissante du temps de la batellerie fluviale, qui est la plus ingénument épique des œuvres de Mistral.

La publication des Iles d’Or[1] se place en 1875. À la fin de la préface, Mistral en explique le titre : « Ce titre, j’en conviens, peut sembler ambitieux ; mais on me pardonnera lorsqu’on saura que c’est le nom de ce petit groupe d’ilots arides et rocheux que le soleil dore sous la plage d’Hyères. Et puis, à dire vrai, les moments célestes dans lesquels l’amour, l’enthousiasme ou la douleur nous font poètes, ne sont-ils pas les oasis, les Iles d’or de l’existence ? » Ce recueil de poésies lyriques contient des chansons, des poèmes, des sirventes, des élégies, des contes, des sonnets, des chants nuptiaux, des saluts, des toasts et des cantiques. Au regard de deux écrivains de son pays, Alphonse Daudet et Paul Arène, c’est le plus bel ouvrage de Mistral. « C’est, a dit excellemment M. Paul Mariélon, la plus haute expression d’un idéal et d’une race… Aucune œuvre de cet ordre ne s’était rencontrée depuis les anciens… Mieux que Mireille, qui n’est que d’ordre humain et plus accessible à la foule, mieux que Calendal, dont le haut symbolisme et le Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/199 190 FRÉDÉRIC MISTRAL Gaston Paris : Penseurs et Poètes, Paris, Calmann-Lévy, 1896. — Péladan : Finis Latinorum, Paris, Flammarion, 1898. — Georges Rodenbach : L’Élite, Paris, Fasquelle, 1899. — J. Aurouze : Les Idées directrices de la Renaissance méridionale au dix-neuvième siècle, Avignon, Seguin, 1907. — Antoine Albalat : Frédéric Mistral, sa vie, son œuvre, Paris, Sansot, 1907. Adolphe Dumas, la Gazette de France, 1858. — Pierre Véron, le Charivari, 1859. — Barbey d’Aurevilly, le Pays, 1859. — Taxile Delord, le Siècle, 1859. — Nestor Roqueplan, le Constitutionnel, 1864. — Timothée Trimm, le , Petit Journal, 1864. — Paul de Saint- Victor, la Presse, 18CI. — Emile Zola, Calendal, le Figaro, 1867. — A. Daudet, l’Événement, 1867. — Sarcey, Journal de Paris, 1868. — Michel Bréal, Revue politique et littéraire, 5 octobre 1878. — Paul Arène, l’Illustration, 26 novembre 1878. — Clovis Hugues, la Vérité, 28 mai 1884. — Léon Bloy, le Chat Noir, 31 mai 1884. — Charles Maurras, la Revue moderne, 25 avril 1888. — Jules Lemaître, Journal des Débats, 11 août 1890. — Anatole France, le Temps, 15 février 1891. — Maurice Barres, le Journal, 19 octobre et 15 février 1897.— Léon Daudet, le Journal, 26 mars 1900. — Jean Carrère, la Revue hebdo- madaire, 23 août 1903. — Paul Souchon, Mercure de France, ^’jan- vier 1905. — Er. Daudet, le Figaro, 18 décembre 1906. — J. Claretie, le Temps, 15 février 1907.


La Terro d’Arle.

Refrin

Canten lou gèni
De la terro de Dieu,
Qu’acô’s lou Fèni
De-longo renadiéu.

Avès aqui lou fîhan Arlaten,
Sant-Roumieren, Tarascounen, Sanlen
Ounte un bèu jour, espeli dôu nebluu,
Lou Felibrige a près soun nouvelun.

Amagadou qu’alestiguè Cipris
Pèr calignaire e pèr calignairis,

Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/201 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/202 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/203 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/204 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/205 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/206 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/207 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/208 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/209 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/210 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/211 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/212 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/213 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/214 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/215 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/216 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/217 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/218 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/219 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/220 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/221 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/222 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/223 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/224 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/225 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/226 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/227 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/228

M. LOUIS PAYEN


M. Louis Payen, de son nom véritable Albert Liénard, est né, le 13 décembre 1875, à Alais (Gard). Il fit ses études au lycée de Montpellier, où il fonda, en 1898, avec quelques amis, une revue d’avant-garde, la Coupe, dans laquelle parurent ses premières poésies. En 1899, ayant changé de pays, il fit partie du groupement lyonnais qui, avec la revue Germinal, prit une part active et remarquée au mouvement littéraire et social de l’époque. Depuis, M. Louis Payen s’est fixé à Paris, où il a collaboré à toutes les revues de jeunes, comme l’Ermitage, le Mercure de France, etc., et s’est mêlé à toutes les nouvelles manifestations de l’art et de la poésie. Il a pendant deux ans dirigé, dans les théâtres de M. Armand Bour, les samedis populaires de poésie, où, par des programmes d’un éclectisme accueillant et d’une haute tenue littéraire, il s’est efforcé de répandre parmi la foule le goût des nobles vers et de faire aussi connaître ses confrères.

M. Louis Payen a publié en 1900 À l’ombre du portique et en 1905 les Voiles blanches, deux volumes de poèmes. M. Émile Faguet, dans la Revue bleue, disait, après la parution du premier : « M. Louis Payen vise à la forme spacieuse et marmoréenne, et très souvent il y atteint. Je ne serais pas étonné qu’il allât très loin dans une voie qui malheureusement est trop connue et qui n’est vraiment glorieuse que pour ceux qui l’ont ouverte ou qui l’ont retrouvée après un long oubli… Il est donné à peu près à tout le monde de concevoir le poème de Jason, il n’est donné qu’à un petit nombre de l’écrire comme M. Louis Payen. » Et après les Voiles blanches, M. Marcel Ballot ajoutait dans le Figaro : « Ses poèmes sont à la fois d’une fougue lascive, ardente, j’allais dire faunesque, et en même temps d’un art très moderne, très civilisé. Les lignes, l’éclat du nu, les matières précieuses, étoffes ou joyaux, les lourds parfums, les désirs embrasés, les lentes pâmoisons de la chair ou des fleurs s’y évoquent au gré d’une fantaisiste, mais harmonieuse prosodie. L’auteur ne craint pas, en effet, de recourir aux licences de la poétique nouvelle, seulement il est préservé, là encore, des vaines excentricités par son sens musical, par son goût pur, par une certaine délicatesse instructive qu’on dirait héritée de Grèce ou d’Ionie. »

Il faut encore noter qu’à Paris, en 1900, M. Louis Payen fonda une revue bientôt disparue, Messidor, et qu’en outre des collaborations déjà signalées, il écrit parfois quelques contes au Journal.

M. Louis Payen a donné jusqu’ici des preuves éclatantes d’un grand art, mais, à lire son dernier poème que nous publions ici, extrait de son prochain volume, on peut prévoir qu’abandonnant enfin un genre faux et superficiel, il reviendra heureusement vers un art plus personnel et plus sensible, et qu’il sera un poète lyrique d’une notable valeur, un véritable poète.

H. R.


BIBLIOGRAPHIE

Œuvres.Vers la Vie, plaquette en prose, Montpellier, éditions de « La Coupe », 1898 (épuisé). — Tiphaine, épisode dramatique en deux parties, musique de V. Neuville, Leipzig, Breitkopf et Härtel, 1899. — À l’Ombre du Portique, poèmes, Paris, Girard, 1900. — Persée, poème, Paris, éditions de « Messidor » (H. C), 1901. — L’Âme des choses, un acte en vers, joué au Théâtre des Poètes, Paris, éditions de « Messidor » (H. C.) 1902. — L’Amour vole… un acte en vers, joué Théâtre Victor-Hugo ; Paris, librairie Molière, 1904. — La Souillure, roman, Paris, Émile Petit, 1905. — Les Voiles blanches, poésies, Paris, Société du Mercure de France, 1905. — La Tentation de l’abbé Jean, trois actes en prose, joué au Nouveau Théâtre d’Art ; Paris, librairie Molière, 1907. — L’Autre Femme, roman, Paris, Fesquelle, 1907.

À consulter. — Rétif de la Bretonne : Louis Payen, le Journal, novembre 1897. — Stuart Mérill : Chronique, février 1901. — Émile Faguet : chronique, la Revue bleue, mars 1901. — Rémy de Gour mont : chronique, la Rassegna Internationale, Florence, janvier Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/231 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/232 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/233 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/234 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/235 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/236 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/237 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/238 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/239 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/240 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/241 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/242 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/243 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/244 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/245 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/246 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/247 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/248 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/249 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/250 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/251 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/252 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/253

ACHILLE RICHARD


M. Achille Richard est né en 1879, à Marseille. Sa famille, du côté paternel, est de souche provençale et sa mère est Italienne. Sa prime enfance s’écoule à Paris, mais dès l’âge de sept ans, il est transplanté en Italie, à Gènes, où il fait toutes ses études : il a sucé le lait classique en terre classique. Dès sa seizième année, il jette sa gourme littéraire et poétique dans les revues du « bel poese » ; il collabore à dix-sept ans au Gaffaro de Gênes, à la Gazetta Litleraria de Milan, etc. ; à dix-huit ans, il tient en bonne compagnie une critique dramatique ; il fonde l’Iris et d’autres revues plus éphémères encore, avec le groupe des jeunes Italiens Varaldo, Anastasi, Conrado, Ceccardo, Roccatagliata-Ceccardi, etc. Il rentre alors en France et fait son droit jusqu’au doctorat, à Aix-en-Provence. Chose étrange : ce poète se passionne un instant pour les sciences sociales et soutient une thèse — médaillée — sur « l’Organisation du Travail ». De Marseille, il regagne Paris ; il est attaché au cabinet du gendre de Paul Meurice, l’ami et l’exécuteur testamentaire de Victor Hugo, mais c’est encore trop de littérature et, inscrit au barreau, il traverse en courant le Palais, plaidant pour des poètes, ses amis et il en sort aussitôt.

Son bagage littéraire, sans excédents, mais aussi sans trop de déchets et plein de promesses, se compose d’une pièce en un acte en vers, Endymion, à la vérité un poème lyrique, qui fut d’abord joué à l’Odéon, en mars 1906 et plus tard, en août 1907, au théâtre antique d’Orange, et d’un Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/255 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/256 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/257 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/258 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/259 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/260 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/261 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/262 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/263 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/264 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/265 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/266 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/267 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/268 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/269 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/270 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/271

Arles.


J’ai consulté Tavèn et ses magiques rhombes ;
Le ruban de velours qui pressa tes cheveux,
Ni ta guimpe froissée entre ses doigts nerveux
N’ont su lui révéler à quel mal tu succombes.

De l’arbre obscur essore un clair vol de colombes :
Qu’ainsi ton sombre cœur me décèle tes vœux ;
Ah, parle ! comme au soir de nos premiers aveux,
Quand la lune avec nous s’est assise à ces tombes.

— Elle a fermé les yeux et gémi doucement ;
Et, tandis qu’elle pleure aux bras de son amant,
Il comprend son silence en se taisant comme elle.

Mystérieux Amour ! regarde : sans remord
Dans l’un des noirs tombeaux il la renverse et mêle
Cette vivante chair aux cendres de la mort.

(La Belle Saison.)

HENRY RIGAL

Né à Saint-Chinian (Hérault) le 15 février 1883, M. Henry Rigal a prononcé tout jeune son Anch’io. A peine au sortir du collège, il se liait avec le groupe des jeunes poètes biterrois, composé de MM. Ernest Gaubert, Marc Varenne, Pierre Hortala ; il fondait une revue, le Titan, et publiait deux plaquettes de vers. Fixé tour à tour à Toulouse, puis à Montpellier, enfin à Paris, il n’a cessé de prendre une part active au mouvement poétique méridional. Après avoir modulé ses premiers chants sur le mode sapphique et taillé sa syrinx dans les roseaux du Céphise, après cet hommage à l’Hellade, sa nourrice intellectuelle, M. Henry Rigal a manifesté un talent plein de fraîcheur et d’originalité dans nombre de poèmes parus dans la Revue synthétique, dont il fut aussi l’un des fondateurs, dans la Revue Forézienne, l’Effort, la Revue provinciale, la Revue périgourdine, la Revue dorée, l’Ermitage, la Nouvelle Revue, le Mercure de France. Certaines de ces pièces, comme l’Hymne à la nuit que nous publions, sont d’une somptuosité magnifique en même temps que d’un lyrisme exact, selon l’expression de M. Henry Bataille, c’est-à-dire d’un lyrisme qui est l’expression adéquate des sentiments et des impressions, d’un lyrisme qui obéit à une stricte discipline d’art. M. Henry Rigal excelle à enclore dans l’armature d’une strophe, souvent d’un vers, l’image d’un paysage. « Chez lui, a écrit un de ses meilleurs biographes, les sentiments toujours très délicats sont très purement traduits. » Ajoutons que M. Henry Rigal Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/274 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/275 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/276 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/277 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/278 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/279 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/280 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/281 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/282 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/283 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/284 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/285 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/286 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/287 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/288 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/289 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/290 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/291 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/292 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/293 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/294 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/295 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/296 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/297 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/298 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/299

Dénouant gravement le ruban d’un rouleau
Tiridate s’avance et déclame : RONDEAU.

« Rondeau pour envoyer, avec mélancolie,
Un cachet de crystal à celle qui m’oublie. »

« Ce cachet de crystal de roche
Par la matière se rapproche
Des yeux dont l’éclat m’est fatal,
Puisque vos yeux sont d’un crystal
Dont votre âme, hélas ! est la roche.
Petit, limpide et glacial,
C’est une banquise de poche,
Le gel d’un pleur monumental,
Ce cachet.

« Car, épigramme et madrigal,
Il a double sens, il ricoche :
Froid, il peint votre cœur hiémal,
Mais il s’attriste, lacrymal,
Comme si, dedans, un reproche
Se cachait ! »

Phylante, interrompant le murmure flatteur,
S’avance, et, sans papier, nonchalant, grand seigneur ;

« RONDEAU, dit-il, que, pour terminer une brouille,
Sur l’écrin d’un cachet de crystal je gribouille !

« Je l’espère, ce sceau gemmai,
Ce sceau d’un crystal sans reproche,
(Car depuis Pépin d’Héristal
Nul roi n’eut sceau d’un tel crystal !)
Scellera le mot qui rapproche.

Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/301 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/302 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/303 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/304 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/305 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/306 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/307 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/308 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/309 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/310 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/311 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/312 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/313 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/314 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/315 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/316 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/317 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/318 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/319 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/320 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/321 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/322 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/323 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/324 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/325 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/326 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/327 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/328 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/329 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/330 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/331 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/332 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/333 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/334 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/335 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/336 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/337 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/338 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/339 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/340 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/341 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/342 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/343
JEAN VIOLLIS


Né en 1877 à Lacapelle-Marival (Lot), M. Henri d’Ardennes de Tizac vint à Toulouse pour étudier les Lettres et le Droit et aussi pour être poète. Cachant la somptuosité de son nom de cadet de Gascogne sous le pseudonyme de Jean Viollis qui évoque les fleurettes d’avril, il prit rang dans le groupe alors florissant de l’Effort. En 1897, à peine âgé de vingt ans, il publia son premier et unique recueil de poèmes sous le titre : La Guirlande des Jours. « Voici de courts poèmes, annonçait-il modestement, unis par un lien fragile d’harmonie et de sincérité... Ils sont la guirlande, un peu frivole, d’une adolescence studieuse et contemplative. » La plaquette contenait une quinzaine de pièces délicatement émues et ouvrées avec un art subtil. La perfection de cette œuvre de début nous autorise à regretter que M. Jean Viollis soit devenu si vite romancier. Il est vrai que, dans ce genre qu’il a préféré à la poésie, il nous a donné de jolies œuvres de demi-teinte, où le charme et la sensibilité s’allient à une pénétrante observation, tel ce Petit-Cœur qui mérite d’être placé sur le même rang, dans l’estime des lettrés, que le Poil de Carotte de M. Jules Renard. Le sonnet inédit de M. Jean Viollis que nous publions serait-il un indice du retour de l’écrivain à ses « premières amours » ? Souhaitons-le pour le plus grand profit des lettres belles.

R. D.

Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/345 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/346 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/347 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/348 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/349 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/350 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/351 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/352 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/353 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/354 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/355 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/356 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/357 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/358 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/359 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/360 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/361 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/362 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/363 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/364 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/365 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/366 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/367 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/368 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/369 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/370 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/371
COMTESSE MATHIEU
DE NOAILLES


La comtesse Mathieu de Noailles, née de Brancovan, est issue d’une antique maison de guerriers et de politiciens, la maison valaque des Bibesco. Elle a vu le jour à Paris, le 15 novembre 1876. Son enfance s’est partagée entre Paris et la Haute-Savoie, en son château d’Amphion, sur les bords du lac de Genève.

Après une crise de mysticité qu’elle subit à quinze ans, l’événement intellectuel de son adolescence fut la découverte de la philosophie de Taine. Sa vocation s’affirma de très bonne heure : Vers sa dixième année, raconte-t-elle, elle vit venir en visite à Amphion, à quelques jours d’intervalle, un prince régnant et Frédéric Mistral : elle vénéra, adopta Mistral et négligea le prince. C’est seulement en 1901, après son mariage, qu’elle publia son premier livre le Cœur innombrable, depuis longtemps déjà achevé. Puis parurent l’Ombre des jours, un nouveau volume de vers ; la Nouvelle Espérance, le Visage émerveillé, la Domination, trois romans, et enfin un troisième volume de vers : les Éblouissements. Nous ne parlons ici que du poète. Elle eut immédiatement des détracteurs passionnés et des admirateurs fervents : mais pour tout esprit non prévenu, son génie est incontestable.

Ce qui caractérise surtout son œuvre et ce qui frappe le plus fortement à la première lecture, c’est un sentiment de Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/373 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/374 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/375 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/376 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/377 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/378 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/379 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/380 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/381 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/382 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/383 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/384 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/385 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/386 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/387 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/388 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/389 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/390 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/391 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/392 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/393 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/394 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/395 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/396 Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/397

Que leurs ventres trop gavés
Leur semblaient de lourds pavés ;
Si bien qu’on les a trouvés
Le matin morts sur la paille.
 
Un seul trou les a rassemblés,
Trois petits oiseaux dans les blés.

(La Bombarde.)

  1. Dans cette notice et dans le choix des pièces publiées, nous n’avons envisagé en Mistral que le seul poète lyrique. On trouvera dans les ouvrages de référence auxquels nous renvoyons le lecteur d’abondants détails sur Mistral poète épique, philologue, folk-loriste, conteur, félibre, décentralisateur, etc…