Anthologie japonaise ; poésies anciennes et modernes/Zak-ka

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III


雑歌


ZAK-KA
poésies diverses



Après avoir donné quelques spécimens de la vieille Collection des Dix mille feuilles et du Recueil des Cent poëtes, l’anthologie Si-ka-zen-yô nous fournit une série de petites pièces appartenant à une époque généralement plus moderne et à des genres très-différents les uns des autres. À côté de distiques qui rappellent la manière du Hyakŭ-nin-is-syu, on a placé des chants populaires écrits à peu de chose près dans le style même de la conversation. On y trouvera aussi quelques sentences ou proverbes, et une pièce qui a du rapport avec ce que les Grecs nommaient βουστροφηδόν. C’est un morceau qui se lit d’abord de haut en bas et ensuite de bas en haut sans discontinuer et à l’imitation des sillons d’un champ. Dans la pièce japonaise en question, ce jeu littéraire présente en outre cette particularité que les deux vers, lus en sens inverse, fournissent non-seulement le même sens, mais encore les mêmes mots et le même ordre phraséologique, de sorte qu’il est indifférent de les lire en commençant par le commencement ou en commençant par la fin. Enfin cette série se termine par la chanson de l’alphabet (iroha-no uta), c’est-à-dire par quatre vers qui réunissent les quarante-sept lettres du syllabaire japonais dans l’ordre qui leur est communément affecté par les lexicographes indigènes.

J’y ai joint la traduction de quelques pièces extraites des recueils composés sur le plan du Hyakŭ-nin-is-syu et dont il a été question plus haut[1].

  1. Voy. p. 26.