Aristippe, ou De la Cour/Discours septiesme

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Augustin Courbé (p. 177-215).

DISCOURS SEPTIESME.



JUsques icy nous n’avons attaqué personne, qui ne se puisse defendre. Et, si Vostre Altesse le trouve bon, excusons mesme ceux que nous avons accusez. Ne reprochons point aux hommes les vices de leur naissance. Soyons indulgens à l’infirmité humaine. Donnons quelque chose au temperament du corps, qui peut marquer l’esprit de ses taches. Compâtissons à la foiblesse des Esprits, puis que nous les recevons tels qu’on nous les baille, & que nous ne les prenons pas à nostre choix.

La subtilité de l’Intelligence, la solidité du Jugement, la Prudence courageuse, la Hardiesse considerée, ne sont pas des choses volontaires : Elles ne dépendent pas plus de nostre election, que la santé, & la belle taille. Nous sommes responsables de nos fautes, & non pas de celles de la Nature. Il n’y a personne qui soit tenu d’estre Habile ; Mais il n’y en a point qui ne soit obligé d’estre Bon : Et si nous ne pouvons fournir, à la gloire du Public, de la Valeur, & de la Sagesse, nous devons, pour le moins, contribüer de l’Innocence, au repos de la commune Societé.

Que dirons-nous donc de ces Heureux Insolens, qui combattent, à enseignes desployées, l’authorité des Loix, & de la Justice ; qui apportent au Gouvernement des Estats, un dessein formé de les ruïner ; qui prennent leur graisse, & leur embonpoint, du suc, & de la substance des Provinces espuisées ; qui bastissent leur Maison, du debris, & de la dissipation de tout un Royaume ?

Que dirons nous de ces Valets insupportables, qui vangent leurs moindres querelles, avec les bras & les armes de leur Maistre ; qui declarent Criminels de Leze-Majesté, tous ceux qui ne se prosternent pas devant eux ; qui par une Paix sanglante & crüelle, noire de deüil, & de funerailles, portent les Peuples au desespoir, reduisent les plus gens de bien, à ne pouvoir se sauver que dans la Revolte ?

Que dirons-nous enfin de ces lasches Courtisans, qui sont les Triomphateurs, & n’ont pas esté les Victorieux ; qui joüissent dans l’oisiveté, des peines, & des süeurs des grands Capitaines ; qui attendent à la Comedie, & au Bal, les nouvelles du gain des Batailles, & de la prise des Villes, dont il faut que les Generaux leur rendent conte ?

Regardez-les dans l’ancienne Histoire, & dans la Moderne. Voyez comme tout leur est butin, & tout leur est proye ; comme ils se paissent de tous les corps morts (ainsi parloit-on autrefois à Rome) & ne laissent que la perte, & l’affliction aux Familles desolées ; aux Orphelins, & aux Veuves. Car quoy qu’estant sortis de la bouë, ils ne soient, à bien dire, Parens de personne, ils croyent estre Heritiers de tout le Monde. Il n’est point d’Officier de la Couronne, point de Gouverneur de Place, dont ils ne pretendent que la succession leur appartienne. Ils ne pensent point estre en seureté, tant qu’il y a un Trou, & un Precipice, qui soit en la puissance d’un Autre.

Vostre altesse me fait signe que cette Description luy a plû : C’est qu’elle aime la Verité, quelque negligée, & en quelque desordre qu’elle puisse estre : Elle l’auroit trouvée belle, & les pieces de la Description seroient placées plus justement, si j’avois pris garde, de plus pres, aux Regles de l’Art. Mais la foule des choses rompt souvent les compas, & les mesures. Je represente, sans avoir dessein d’ajuster, ni d’embellir. Le Monde me fournit tout ce que je debite, qui ne desplaist pas à Vostre Altesse. Consultons encore, Monseigneur, la longue experience de ce vieux Monde, une experience, qui embrasse tant de Siecles, & tant de Païs. Demandons luy des nouvelles plus particulieres de ceux qui l’ont gouverné, en despit de luy ; de ces Gens, qui ont regné, sans Couronne, sans Droit, & sans Merite.

Telles Gens s’introduisent ordinairement à la Cour, par des moyens bas, & quelquesfois peu honnestes : Ils doivent quelquesfois le commencement de leur fortune, à une sarabande bien dancée, à l’agilité de leur corps, & à la beauté de leur visage : Ils se font valoir par des services honteux, & dont le payement ne se peut demander en public : Ils se mettent en credit, par la seule recommandation du Vice.

Leur dessein n’estant que de faire des propositions agreables, ils ne regardent point s’ils profitent, ou s’ils nuisent : Pourveu qu’ils plaisent, ce leur est assez. Et pour establir cét estroit commerce, qu’ils meditent, aveque le Prince, ils s’insinuënt dans son esprit, par l’intelligence qu’ils taschent d’avoir, aveque ses passions. Mais s’estant une fois emparez de son esprit, ils en saisissent toutes les avenuës, & n’y laissent pas seulement d’entrée à son Confesseur. Quelque foible & tendre que soit l’inclination qu’il a au Mal, ils l’arrosent, & la cultivent, avec tant de soin, que bien-tost il se forme un gros arbre, d’une petite semence, & une habitude violente & opiniastre, d’une legere disposition.

Ce sont des Petrones, & des Tigellins aupres de Neron : Ce sont des Advocats de la Volupté, qui plaident sa Cause, contre la Vertu, & y reüssissent beaucoup mieux que ne fit la Volupté elle-mesme, quand elle se presenta au jeune Hercule, & le harangua dans le Carrefour.

Il n’est pas croyable de combien de charmes ils se servent, sans employer ceux de la Magie, dont le Peuple ne laisse pas de les accuser. Bon Dieu ! combien sont-ils ingenieux à inventer de nouveaux plaisirs à une Ame saoule, & desgoustée ! Avec quelles poïntes, & quels aiguillons sçavent-ils resveiller la convoitise endormie, languissante, & qui n’en peut plus ! Pour cela ils ne manquent pas d’appetits extravagans, d’objets estrangers, & de viandes inconnuës. Ils en iroient plustost chercher, jusqu’au bout du Monde ; jusqu’au delà des bornes de la Nature ; jusques dans la licence des Fables. A leur dire, les Sybarites ont esté de grossiers Voluptueux : en matiere de delices, Naples, & Capoüe, les Corruptrices d’Annibal, n’y entendoient rien.

Toutefois, ils ne se rendent pas les Maistres, du premier coup : la Vertu & Eux disputent quelque temps de la Faveur, à la Cour d’un Prince de dix-huit ans : Tantost elle a le dessus, & tantost elle leur cede. Ils partagent, avec elle, les affections, l’esprit, & les heures. Burrhus est escouté ; Mais ils empeschent qu’il ne soit cru. Ils sont comme le contrepoids de Seneque ; Mais à la fin ils emportent tout à eux. Les Epicuriens destruisent autant, en trois jours, que le Stoïque avoit basti, en cinq ans. Au moins peut-on dire, qu’ayant pris la Place, ils desfont les Travaux piece à piece. Ils attaquent les bonnes parties de leur Maistre, l’une apres l’autre. Des pechez veniels, où ils ont trouvé cette jeune Ame, rendant du combat, & faisant de la resistance, ils la conduisent, de degré en degré, à la Tyrannie, & aux Sacrileges.

Au commencement, ils se contentent de luy souffler aux oreilles, qu’il n’est pas necessaire au Prince, d’estre si homme de bien ; qu’il suffit qu’il ne soit pas meschant ; Qu’il auroit trop de peine, à se faire aimer ; qu’il s’empesche seulement de se faire haïr ; Que la Probité solide & perpetuelle est trop pesante & trop difficile ; mais que son Image, qui ne charge point, a le mesme eclat que l’Original, & produit le mesme effet. Que, de temps en temps, un acte vertueux, qui ne couste gueres, fait bien à propos, peut entretenir la reputation. De là ils vont plus avant, & ne le laissent pas en si beau chemin : Apres luy avoir fait passer le Bien, pour indifferent, ils luy font trouver le Mal raisonnable : Ils donnent au Vice la couleur de la Vertu.

S’il luy prend envie de se desfaire d’un de ses parens, contre la defense expresse de la Religion de l’Estat, qui ne veut pas qu’on verse le sang de l’Empire, ils luy conseillent de le faire estrangler, avec la corde d’un arc, afin qu’il ne s’en perde pas une goutte, & que la Religion soit satisfaitte. S’il a un Inceste en teste, & que cet Inceste soit combatu de quelques remors ; ils viennent incontinent au secours de son esprit travaillé. Ils soulagent ses peines, par une subtilité merveilleuse ; luy representant, que veritablement il n’y a point de Loy, qui permette au Frere de coucher avec sa Sœur ; mais qu’il y a une Loy fondamentale de la Monarchie, & Maistresse de toutes les Loix, qui permet au Prince de faire ce qu’il luy plaist.

Pour authoriser les grandes fautes, ils ne manquent pas de grands Exemples. « Ce n’est pas en Turquie, luy disent-ils, & chez les Barbares, qu’il faut chercher des exemples : Le Peuple de Dieu, la Nation Sainte, vous en fournira plus qu’il n’en faut. Le Roy qui a basti le Temple, a esté aussi le Fondateur du Serrail, & on ne voit aujourd’huy, à Constantinople, que la copie de ce qu’on a veû autresfois, en Jerusalem. Vous vous contentez d’une seule femme ; Et le Sage par excellence, le Sage Salomon en a eu six cens, que l’Escriture Sainte nomme legitimes, sans compter celles, qui ne l’estoient pas. Mais vous avez bien oüi parler de la derniere volonté de David son Pere, & des belles choses qu’il ordonna, par son Testament. Je ne veux point vous exagerer ces choses : Considerez seulement par combien de Morts il conseilla à son Fils d’asseurer sa Vie.

Dans la Loy de Grace vous ne trouverez pas plus de douceur. Vous hesitez ; vous apprehendez de chasser un Frere, de mettre en prison un Cousin germain. Le Grand Constantin, ce tres-saint, tres-religieux, & tres-divin Empereur, comme il a esté appellé, par la bouche des Conciles, a bien fait plus, sans deliberer. Ne sçavez-vous pas qu’il fit mourir son propre Fils, au premier soupçon qu’on luy en donna ? Il est vray qu’il eut regret de sa mort, & qu’il reconnut son innocence : mais cette reconnoissance vint un peu tard, & son regret ne dura que vingt-quatre heures. Il crût en estre quitte, pour faire eriger, au Defunt, une Statuë, avec cette Inscription, à mon fils crispus, que j’ay fait mourir injustement.

Faites difficulté, apres cela, de vous descharger d’un fardeau, qui vous incommode ; d’oster de vostre chemin, un homme qui vous presse, dans le Monde, & qui vous marche, sur les talons ; un Cousin au troisiesme, ou au quatriesme degré ; qui a dessein de sauter tous ces degrez, pour se mettre en vostre place ?

Vous avez quelque consideration, pour le charactere & pour la personne des Ecclesiastiques, qui ne veulent pas vous rendre une obeïssance aveugle. Charlesmagne, qui est un des Saints de nostre Eglise, & un des Predecesseurs des Rois de France, n’eut pas le mesme respect que vous. Il tua de sa propre main un abbé revestu à l’autel, & prest de dire la Messe, qui luy avoit refusé je ne sçay quoy.

Vous espargnez l’Authorité absolüe ; Vous n’osez user de force, quand le bien de vos affaires vous le demande ; L’exemple du mesme Charlesmagne vous oste tout le scrupule, que vostre conscience vous pourroit donner. Quoy qu’on vous die de ses Capitulaires, il ne connoissoit point de meilleur, ni de plus grand droit que celuy des Armes : Le pommeau de son espée luy servoit de sceau, & de cachet. Ne pensez pas que j’en veüille faire accroire. Cecy est historique, & doit estre pris à la lettre : On trouve encore aujourd’huy des Privileges accordez, & des Donations de Terres faittes par ce bon & orthodoxe Empereur, presens Roland, & Olivier, qui sont seellées du pommeau de son espée, & qu’il promet de garantir, par le tranchant de la mesme espée. »

Il y a eu des Favoris ; je ne dis pas où, mais il y en a eu, qui ont fait au Prince ces dangereuses Leçons ; & je le sçay des Docteurs mesmes, qui leur avoient recueilli ces belles histoires.

S’ennuyant enfin de defendre des Crimes, qui n’ont point de Juge, & d’excuser une cruauté toute-puissante, ils ont dit franchement au Prince, que lors qu’il n’y avoit point d’exemple de quelque chose, il en faloit faire, que ce qui estoit inoüi, ne le seroit plus, quand il seroit fait ; qu’il estoit honteux à l’Authorité souveraine, de rendre raison de quoy que ce soit ; & messeant à qui a des Flottes, & des Armées, pour maintenir ses actions, de chercher des paroles, & des pretextes pour les deguiser.

Il n’y a point d’homme (c’est le langage des Sejans, & des Plautians) qui soit innocent en toutes les parties de sa vie, & qui en son ame ne haïsse ses Superieurs. Par consequent, le Prince ne sçauroit condamner que des Coupables, ni frapper que sur des Ennemis : Par consequent, il gratifie celuy à qui il oste le bien, de ce qu’il ne luy oste pas l’honneur, & de ce qu’il luy laisse la vie. Selon leurs Principes la Loyauté est une vertu de Marchand, & non pas de Souverain. Ils alleguent de je ne sçay quel Poëte, que dans le Ciel on met en mesme balance les sermens des Princes, & des Amants ; Que les Dieux se rient egalement des uns & des autres ; Que Jupiter commande qu’on les jette au vent, comme choses viles, & de nulle consequence.

Ainsi en bouffonnant, & en alleguant les Fables, ils persuadent tout de bon au Prince, qu’il n’est point obligé à sa parole, apres luy avoir persuadé qu’il n’est pas sujet, non plus, aux fantaisies, & aux visions des Legislateurs ; Ils soustiennent que c’est à luy à definir de nouveau aux Hommes, ce qui est bon & mauvais ; à declarer au Monde, ce qu’il veut qui soit juste & injuste à l’avenir ; à mettre le prix & l’estimation à chaque chose, aussi bien dans la Morale, que dans la Police.


VOilà comme se font les Tyrans. De ce germe, s’engendrent les Monstres. De ces commencemens, on vient à mettre le feu à Rome ; à faire une boucherie du Senat ; à deshonnorer la Nature, par ses desbauches, & à luy declarer la guerre par ses parricides. Les Complaisans sont les premieres causes de tant de malheurs ; & si ces Vents ne souffloient point, nous ne verrions point de ces tempestes. Ce n’est donc pas sans sujet, que nous en parlons avec quelque emotion, & qu’estant en bon estat de ce costé là, par la bonne conduite de Vostre Altesse, l’Humanité nous convie à compâtir aux peines des Estats malades, & des Peuples affligez. Mais ne nous contentons pas de les plaindre ; Revenons de la pitié à l’indignation.

Puisque, dans le Monde, il n’est point de bien de si grand usage, & qui se communique si unïversellement, qu’un bon Prince, ni de mal qui s’espande plus au long, & qui nuise davantage, qu’un mauvais Prince ; il n’y a point assez de supplices en toute l’estenduë de la Justice humaine, pour ceux qui changent ce Bien en Mal, & qui corrompent une chose si salutaire & si excellente. Il vaudroit beaucoup mieux qu’ils empoisonnassent tous les Puis, & toutes les Fontaines de leur Païs : Quand ils infecteroient mesme les Rivieres, on pourroit faire venir de l’eau d’ailleurs, & le Ciel en fourniroit tousjours quelques gouttes : Mais il faut boire icy de necessité, soit de l’eau, soit du venin. Contre ces maux domestiques, il n’est pas permis de se servir de remedes estrangers. Nous sommes obligez de demeurer miserables, par les Loix de nostre Religion, & d’obeïr aux Furieux, & aux Enragez, non seulement par la crainte, mais aussi par la conscience.

C’est pourquoy, puisque les personnes des Princes, quels qu’ils soient, nous doivent estre inviolables, & saintes, & que les characteres du doigt de Dieu font une impression, qu’il faut reverer, sur quelque matiere qu’elle soit gravée ; tournons nostre haine contre leurs Flateurs, qui nous jettent dans ces miseres sans ressource : Prenons nous-en aux mauvais Conseillers, qui nous donnent les mauvais Princes, & qui excitent les Innocens à tüer, & les Meurtriers à brusler les Temples. Car en effet leurs avis pernicieux encherissent tousjours, sur les resolutions qui ont esté prises. Leurs Maximes de feu & de sang asseurent & fortifient la Malice, quand elle est encore craintive & douteuse. Ils aiguisent ce qui couppe ; Ils precipitent ce qui panche ; Ils encouragent les Violens, quand ils courent à la proye : Ils eschauffent les Avares, apres nostre bien, & les Impudiques, apres nos femmes.


QUe s’ils rencontrent des naturels peu susceptibles de ces fortes passions, & esloignez en pareil degré du Vice, & de la Vertu ; s’il leur tombe, entre les mains, de ces Princes doux, qui n’ont ni pointe, ni aiguillon ; & qui ne sçauroient se porter au mal, parce qu’ils ne sçauroient remüer, de sa place, leur inclination paresseuse : Alors encore pis, pour les Peuples, qui ont à vivre sous eux : Car, abusant de la simplicité d’un Maistre facile, & de l’avantage que leur esprit a sur le sien, ils regnent eux-mesmes à descouvert ; Et ne le gardant que comme le Droit, & le Tiltre de leur injuste Domination, ils adjoustent à la pesanteur de la Tyrannie, la honte qu’il y a de la souffrir d’un Particulier.

Vous ne sçauriez vous imaginer les ruses & les artifices, dont ils s’avisent, pour en venir là, & pour s’assujettir tout-à-fait le Prince. Premierement la methode est de le picquer de gloire, en l’establissement de leur fortune. Ils luy font entendre, par diverses Sarbatanes, que ses Predecesseurs, qui n’estoient pas plus puissans que luy, ont bien fait de plus grandes Creatures ; Qu’il vaut beaucoup mieux elever des Gens nouveaux, qui n’ont point de dependance, & qui ne tiendront qu’à sa Majesté, que de se servir de Personnes de bonne naissance, & de probité connuë, qui ont desja leurs affections, & leur Parti : Qu’il y va de son honneur, de ne laisser pas ses Ouvrages imparfaits ; de travailler à leur embellissement, apres avoir establi leur solidité ; Qu’il doit les mettre en estat, de ne pouvoir estre desfaits que par luy. Que s’il cede aux desirs des Grands, qui ne veulent point de Compagnons ; & s’il contente les plaintes du Peuple, qui est ennemi de toutes les Grandeurs naissantes, il n’aura pas à l’avenir la liberté de faire du bien ; il sera contraint d’assembler les Estats generaux, pour disposer de la moindre Charge de son Royaume. Qu’apres tout, il ne peut abandonner une Personne qui luy a esté chere, sans condanner la conduite de plusieurs années, & rendre un tesmoignage public, ou de son aveuglement passé, ou de sa legereté presente.

Il est certain qu’ayant commencé d’aimer quelque chose, pour l’amour d’elle-mesme, le Temps adjouste incontinent nostre propre interest, au merite de la chose. Le desir que nous avons que le Monde croye, que toutes nos elections sont bonnes, apporte de la necessité à une action, qui estoit volontaire auparavant. De sorte que ce qui s’est fait, contre la raison, ne pouvant estre justifié que par la constance, nous ne pensons jamais en faire assez : Et sur cette creance que nous avons, quand nous serions resolus de ne continüer pas nostre affection, il semble que nous sommes obligez de deffendre nostre jugement.

Or si ces considerations peuvent esbranler les Esprits fermes, & font quelquesfois faillir les Sages, il n’y a pas dequoy s’estonner, si elles renversent aisément un Prince foible, qui n’use que de raison empruntée, & qui se laissera tousjours persuader, à une fort mediocre eloquence, pourveu qu’elle favorise son inclination.

Le voilà donc engagé, dans l’agrandissement du Sujet qu’il aime : Il n’en parle plus que comme de son Entreprise, & de sa Fin. Le voilà Idolatre, sans y penser : Il adore ce qu’il a fait, & fait comme les Statüaires d’Athenes, qui faisoient leurs Dieux de leurs Ouvrages. Ses pensées, qui ne devroient s’occuper qu’à la Gloire, & n’avoir pour objet que le salut du Public, aboutissent toutes à ce beau Dessein. Il luy ouvre ses coffres, & luy verse ses thresors, autant pour faire despit aux autres, que pour luy faire du bien. Il luy a desja donné toutes les charges de son Royaume, & tous les ornemens de sa Couronne : Il ne luy reste plus que sa propre personne, à luy, donner. Ce qu’il fait finalement, avec une si absoluë & si entiere resignation, qu’il n’est point d’exemple, dans les Monasteres, d’une volonté plus sousmise, & d’un plus parfait renoncement de soy-mesme.

On ne le montre que quand on a besoin de sa presence, pour authoriser les conseils, ausquels il n’a point eu de part ; & il est content de ne paroistre que pour cela. On l’amuse à de petits divertissemens, indignes de sa condition, & de son âge ; Mais si on luy bailloit des poupées, pour se joüer, il ne s’en offenseroit pas. On luy change tous les jours ses Domestiques, & il le trouve bon : On oste d’aupres de luy tout ce qui parle, & il ne songe point à quel dessein : On luy fait une Cour toute neuve, & il la reçoit : On ruïne sous divers pretextes, ce qu’il y a d’Eminent & de Vertueux en son Estat, & il y preste son consentement.

Contre les moins endurans, & les plus difficiles au joug, on employe les armes & la force ouverte : on attaque les Riches & les Paisibles, par des Accusateurs & des Calomnies. A ceux que les services maintiennent, & dont la fidelité est sans reproche, on donne des Commissions ruïneuses, ou de meschantes Armées, pour aller attaquer de bonnes Places, afin qu’ils perdent leur reputation, ou qu’ils se perdent eux-mesmes. On chasse les uns, par un commandement absolu de se retirer ; on bannit les autres, par une Ambassade ; et, en la place de tous tant qu’ils sont, le Courtisan ambitieux met des personnes à sa devotion, qui ne regardent jamais au delà de leur Bienfaiteur, & s’arrestent à la plus proche cause de leur fortune.

Ainsi le pauvre Prince demeure à la merci, & à la discretion de son Favori, ne jette pas un souspir, dont un Espion ne luy rende conte, ne profere pas une parole, qui ne luy soit rapportée. Si bien qu’au milieu de la Cour, il est dans les ennuis de la Solitude. Il ne voit plus rien à l’entour de sa Personne, qui soit de sa connoissance, & n’a pas une oreille fidele, à qui il puisse dire, Je souffre. Mais aussi il est engagé si avant, qu’il n’y a point de moyen de s’en desdire. L’autre luy a rendu tout le Monde, ou ennemi, ou suspect, afin qu’il ne se puisse fier qu’en luy. Par une longue possession des affaires, dont il n’a fait part à personne, n’y ayant plus que luy seul qui les entende, & qui connoisse l’Estat, il devient enfin un Mal necessaire, & dont le Prince ne se peut guerir, que par un remede dangereux.

De cette façon en pleine paix, estant bien avec tous ses Voisins ; ne paroissant aucun Ennemi estranger, sur la Frontiere, sans avoir donné un coup d’espée, ni s’estre hazardé plus loin que du Palais à la Ruë, il se voit miserablement tombé en la puissance d’autruy, qui est le pis qui luy pourroit arriver, apres la perte d’une Bataille. Le moment malheureux auquel il a commencé d’aimer, & de croire plus qu’il ne faloit, l’a reduit à cette deplorable extremité. Et, à parler sainement, la Journée de Pavie ne fut pas si funeste à François premier, ni la prise de Rome à Clement septiesme. Car si leur disgrace fut grande, pour le moins elle ne fut pas volontaire : S’ils perdirent leur liberté, ils conserverent, dans leur affliction, la grandeur de leur courage ; & s’ils furent faits prisonniers, ce fut d’un grand Empereur leur Ennemi, & non pas d’un de leurs petits Sujets. Il n’est point de si miserable, de si sale, de si infame captivité, que celle du prince, qui se laisse prendre dans son Cabinet, & par un des Siens : Il ne sçauroit exercer une plus lasche patience, ni estre malheureux plus honteusement.

Je dis bien davantage. Lors qu’un Roy mange son Peuple, jusques aux os, & qu’il vit en son Estat, comme en Terre d’Ennemi, il ne s’eloigne point tant du devoir de sa Charge, que quand il obeït à un autre. La Tyrannie est bien differente, de la Royauté ; Toutesfois elle luy ressemble beaucoup plus, que ne fait la Servitude. C’est au moins quelque forme de Gouvernement, & une façon de commander aux hommes, encore qu’elle ne soit pas la plus parfaitte de toutes. Mais si un Souverain se donne en proye à trois ou quatre petites gens, & ne se reserve, ni la disposition de sa volonté, pour suyvre ses inclinations, ni l’usage de son esprit, pour connoistre ses affaires ; En ce cas là, je ne sçay pas quel nom luy bailler, & il n’y a point de plus miserable Interregne que sa Vie, durant laquelle il ne fait rien, & fait tous les maux qui arrivent à son Peuple.

En cét estat là, il est mort civilement, & s’est comme deposé soy-mesme, Ce n’est plus que son Effigie que l’on sert en public, à qui on rend quelques devoirs de parade, & de coustume ; à qui on fait force reverences inutiles. On ne s’attache plus à la Puissance legitime & naturelle : On en suit une autre, qui est estrangere, & usurpatrice ; qui est née de la premiere, par une voye violente, & comme par adultere. On quitte la Royauté, pour courir apres la Faveur, de laquelle les Arabes disent, que c’est une Fille, qui tuë bien souvent sa propre Mere.

La belle chose que c’estoit, de voir autrefois un Roy de Castille, qui n’osoit aller à la promenade, ni prendre un habillement neuf, sans la permission d’Alvare de Lune ! Il faloit qu’il obtinst de luy, toutes les graces que luy demandoient les autres : Le plus qu’il pouvoit, c’estoit de recommander ses Serviteurs à son Favori, & de faire office pour ceux qu’il aimoit. La belle chose que ce seroit, de voir un Courtisan, comme celuy-là, qui revoquast les Elections du Prince, & redonnast les Charges, que son Maistre auroit desja données ! La belle chose, s’il trouvoit mauvais que son Maistre voulust lire, une fois en sa vie, un papier, qu’il luy auroit presenté à signer ; s’il se plaignoit que c’est offenser sa fidelité, & oublier ses services !

Mais ce seroit bien une plus belle & plus excellente chose, si cét Homme qui regne, dans l’esprit du Prince, & qui commande souverainement à ses Sujets, obeïssoit luy-mesme à une Maistresse. Que seroit-ce, si l’Amour gouvernoit la Politique, & si la fortune de tout un Royaume estoit le joüet d’une Femme desbauchée ? Car il est vray que telles personnes se sont moquées estrangement de l’authorité des Loix, & de la majesté des Empires. Plus d’une fois elles ont mis sous leurs pieds les Couronnes & les Sceptres ; Elles ont pris leur plaisir, & leur passe-temps du violement de la justice, de l’exercice de la Cruauté, des miseres & des afflictions du Genre humain.

Laissons pour ce coup les Histoires qui font horreur, & qui blessent l’imagination par la memoire : Ne parlons point du sang que ces Femmes ont fait verser : Supprimons le Terrible & l’Espouventable de leurs Tragedies, & ne disons que ce petit mot de leur belle humeur. Il s’en est veû une il n’y a pas long temps, montée à un si haut degré d’insolence, qu’ayant esté sollicitée pour quelque affaire, qu’on luy representoit juste & facile, afin qu’elle s’y employast plus volontiers, elle respondit avec une fierté digne de sa Nation, & du païs d’où nous sont venus les Rodomontades, qu’elle n’usoit point si foiblement de son credit, qu’un autre pourroit servir en cette occasion, & faire les choses justes & possibles ; que pour elle, elle n’avoit accoustumé d’entreprendre que les injustes, & les impossibles.

Combien de malheurs, à vostre opinion, en suite de celuy-là ? Combien se commettent de violences à l’ombre de cette injuste Fortune ? Et le Courtisan a-t’il un Valet, qui ne croye avoir droit de mal-traitter les personnes libres, & d’estre impunément outrageux, en alleguant le nom de son Maistre ? Y a-t’il des gens aupres de luy, qui pour le moins ne pillent, s’ils s’abstiennent de tüer ; qui ne vendent sa veüe & ses audiences ; qui ne s’enrichissent que du rebut de son avarice, & des superfluitez de sa Maison ?

Cependant le Prince ne peche point, & ne laisse pas d’estre le Coupable : Son ignorance ne luy peut point estre pardonnée : Sa patience n’est point une vertu ; & le desordre, ou qu’il ne sçait pas, ou qu’il endure, luy est imputé devant Dieu, tout de mesme que s’il le faisoit. Et partant, avec beaucoup de raison, le Prince, qui a esté selon le cœur de Dieu, luy demande, en termes expres, & dans la ferveur de ses plus ardentes prieres, qu’il le nettoye des choses cachées ; qu’il le delivre des pechez d’autruy. Ce dernier mot ne veut-il pas dire que les Rois ne se doivent pas contenter d’une innocence personnelle, & particuliere ; qu’il ne leur sert de rien d’estre justes, s’ils se perdent par l’injustice de leurs Ministres ?

Et à ce propos, je ne veux pas oublier une saillie assez bonne, que fit, du temps de nos Peres, un Religieux Italien, preschant devant un Prince du mesme païs. Estant au milieu de son Sermon, où il avoit traitté du devoir des Souverains ; & s’ennuyant de demeurer trop long temps, dans la These generale, il en sortit tout d’un coup, par ces paroles, qu’il adressa à celuy qui l’escoutoit.

« J’ay eu, luy dit-il Monseigneur, une estrange vision la nuit passée. Il m’a semblé que la Terre s’est ouverte devant moy, & que je voyois distinctement, jusques dans son centre. J’ay consideré les peines de l’autre Vie, & tout ce terrible attirail de la Justice de Dieu, dont mon imagination n’est pas encore bien rassurée. Parmi les Meschans des Siecles passez, j’en ay reconnu quantité de celui-ci. Les Calomniateurs, les Meurtriers, les Impies, les Hipocrites y accouroient, à grosses trouppes, & se pressoient au bord de l’Abisme. Mais ayant observé en leur vie de visibles marques de leur reprobation, je n’ay point trouvé estrange de les voir arrivez, où je les avois veû s’acheminer. Ce qui me donna un estonnement extreme, ce fut, Monseigneur, que je vous apperceus dans cette malheureuse foule, qui se perdoit ; Et comme tout saisi, & tout interdit que j’estois, par la nouveauté d’une rencontre si peu attenduë, je m’escriay à votre Altesse ; Est-il possible qu’on se damne, en priant Dieu, & que vous alliez en Enfer, vous, Monseigneur, qui estes le meilleur & le plus religieux Prince du Monde, Votre Altesse me respondit là dessus en souspirant, Je n’y vais pas, mon pere, mais on m’y meine. »


LA fertilité de cette matiere est si grande, qu’elle nous fourniroit dequoy parler, toute la semaine prochaine. Mais il faut finir avec celle-cy, & conclurre, Qu’il y a assez de distance, entre le Souverain & les Personnes privées, pour les elever bien haut, & les laisser tousjours au dessous de luy. Il est bon que le plus proche du Prince, en soit extremement eloigné : il est a propos qu’il y ait quantité de choses, que le plus aimé ne puisse pas.

La Justice souffre la Faveur ; nous l’avons avoüé il y a long temps. La Raison ne destruit point l’Humanité ; ne s’oppose point aux affections honnestes ; ne condamne point la familiarité, & la confidence. La Philosophie, & le Christianisme s’accordent en tout cela avec la Nature, & le Fils de Dieu, quand il s’est fait Homme, a authorisé tout cela, par son exemple. Qu’il y ait donc un Favori, à la Cour ; le Ciel & la Terre le permettent : Qu’il y ait un Homme, nous le voulons bien, qui soit le Confident du Prince ; mais qu’il n’y ait point d’Homme, qui obsede jour & nuit le Prince ; qui se l’approprie, par une violente usurpation ; qui voulant avoir, luy seul, un bien qui doit estre à tout le monde, exerce la mesme injustice, que s’il cachoit le Soleil à tout le monde ; que s’il fermoit les Temples à tout le monde.

Que le Prince envoye, tant qu’il luy plaira, une reflexion de sa Grandeur, sur les Sujets, qui ont trouvé grace devant ses yeux ; Qu’il leur communique des rayons de sa puissance : Mais qu’il ne la transfere pas toute entiere, en leur personne ; Mais qu’il ne se desface jamais du Globe de la Lumiere : Que sa liberalité enrichisse les Particuliers, pourveû qu’elle n’appauvrisse pas son Royaume : Que ses bien-faits decoulent abondamment, en quelques endroits, pourveû qu’il soit Maistre de la Source.

Voicy la Response que me rendit, sur ce sujet, l’Oracle des Païs-Bas, le sçavant & sage Juste Lipse, lors que je le consultay à Louvain.

« Faut-il que le Roy, & celuy qui regne soient tousjours deux Personnes differentes ? Faut-il corriger tous les Edits, & changer un mot, en toutes leurs dattes ? Où il y a de nostre Regne le dixiesme, le quinziesme, effacera-t’on nostre Regne, pour y mettre nostre servitude, ou pour le moins nostre sujetion ? Ce n’a pas esté l’intention de Celuy, qui a fondé les Monarchies, qu’on abusast si vilainement de la Souveraineté, qu’on la remüast ainsi de sa place ; qu’elle ne fust jamais, où elle doit estre. La Puissance souveraine est de la nature de ces choses, qui sont à nous de telle façon, que nous ne les pouvons donner à autruy, ni les separer de nous-mesmes. Elle est legitime, tant qu’elle demeure dans les mains de ceux qui l’ont receuë de la Loy de l’Estat ; Mais la mesme Loy veut qu’elle ne puisse passer d’une personne à l’autre, que par le moyen de la naissance, ou par l’election des Peuples. » Ici finit la response de l’Oracle de Louvain.

Nos sages Predecesseurs ont esté sages en cecy, aussi bien qu’au reste. Comme ils n’ont pas fait la Couronne eslective, en faveur d’eux-mesmes, ils ne l’ont pas voulu rendre proprietaire, en faveur du Roy, ni la luy commettre si absolument, qu’il fust en sa puissance d’institüer un heritier, comme on en voit des Exemples, dans les Histoires des autres Païs : Ils n’ont pas voulu que le Roy peust resigner le Royaume à son plaisir, & à qui bon luy sembleroit ; qu’il le peust leguer en tout, ou en partie. Mais au contraire, par une Loy, qui est de mesme âge, & de mesme force que la Salique, ils ont ordonné qu’il seroit inalienable, & indivisible.

Et les Politiques qui se sont le plus licentiez, ces Docteurs insolens & temeraires, qui ont faït le proces à leurs Juges, ayant eu la hardiesse de toucher, par leurs Escrits, aux Oints du Seigneur, & de traitter de la deposition des Rois ; mettent expressement ce cas, auquel les Sujets ne sont plus tenus de reconnoistre le Prince ; quand luy-mesme, disent-ils, reconnoist une authorité Estrangere, & se fait Tributaire de quelqu’un. Tant ils ont estimé toute sorte de sujetion, & de dependance, peu compatible aveque la Royauté. Et qu’est la Royauté, adjoustent-ils, que la vaine magnificence d’une Feste, & qu’une monstre de Ceremonie, si celuy qui l’exerce a un Superieur, ou un Compagnon ?

Pour moy je ne vay pas si avant. Je me contente de dire qu’il y a quelque chose de plus noble, dans la Presomption, que dans la Foiblesse ; & que pareils exces sont moins à blasmer que pareils defauts. Ceux qui marchent à l’avanture, dans un Païs inconnu, & qui s’attachent trop à leur opinion, valent encore mieux que ceux qui suyvent des guides aveugles, & qui tombent, par docilité. Il y a dans les Fables, des Heros qui ont esté Furieux ; Mais il n’y en a point qui ayent esté Imbecilles ; On y voit quelquesfois le desbordement de leurs passions, mais il ne s’y parle jamais de la stupidité de leur esprit.

Que seroit-ce en effet, Monseigneur, d’estre en mesme temps au plus haut degré des choses humaines, & au dernier estage des hommes ; de s’appeller Sa Majesté, & Son Altesse, & de n’avoir rien que de petit & de bas ; d’avoir besoin d’un Curateur, sur le Throsne, & d’un Pedagogue, dans le Conseil.

Dieux, envoyez ce Mal aux Peuples de l’Asie ;

Mais il faut parler plus Chrestiennement, & plus charitablement. Finissons par une priere, qui comprenne l’Asie, comme l’Europe, & qui embrasse le bien general du Monde. Destournez, Seigneur, de tous les Estats un mal, qui est cause de tant d’autres maux : Ne refusez pas aux Souverains cet esprit de commandement, et de conduitte, qui leur est necessaire, pour gouverner : Donnez leur assez d’intelligence, pour se bien conseiller eux-mesmes, ou pour bien choisir leurs Conseillers.


FIN.