Arrêt de l'Assemblée provincialede la Partie du Nord de Saint-Domingue séant au Cap, contre Barbé de Marbois

La bibliothèque libre.
Assemblée provinciale du Nord de Saint-Domingue
(p. 1-5).


ARRÊT
DE L’ASSEMBLÉE PROVINCIALE
De la partie du Nord de Saint-Domingue ſéant au Cap,
Contre BARBÉ DE MARBOIS, ſes Conſeils, Complices & adhérens.


En date du 21 Septembre 1789.

Vu par ladite Aſſemblée de ce jour, la procédure par elle extraordinairement faite & inſtruite ſur la dénonciation & réquiſition du Procureur-Syndic de ladite Aſſemblée contre Barbé de Marbois, ci-devant Intendant de St-Domingue, ſes conſeils, complices & adhérens : ledit Marbois accuſé d’avoir abuſé dans diverſes circonſtances de l’autorité à lui confiée par S. M., & notamment d’avoir fait exécuter la réunion des Conſeils, quoiqu’il eût ordre de n’en rien faire ſi elle léſoit la partie du Nord, & de s’être oppoſé à l’admiſſion des Députés de St-Domingue aux États-Généraux de s’être approprié la manutention des deniers Curiaux & Suppliciers ; d’avoir fait paſſer en France plus de deux millions d’argent de cette Colonie pour acheter ſon crédit & d’avoir fait un commerce illicite relativement aux terres à réunir & à concéder en cette Colonie ; de s’être oppoſé formellement & de toutes ſes forces à l’introduction des farines Angloiſes, au moment où la Colonie étoit dans la plus grande diſette, & ce, à cauſe de la ſpéculation qu’il avoit projettée & propoſée à ſon beau-père, à la nouvelle Angleterre, lequel devait lui en faire paſſer excluſivement à tout autre une grande quantité ſur laquelle il auroit fait un bénéfice conſidérable, d’avoir voulu s’approprier le droit d’inſpection de la rade du Port-au-Prince, au détriment de l’Officier du Roi commandant la ſtation, & autres faits portés en ladite plainte, &c. &c. &c.

Concluſions du Procureur-Syndic.

Ouï le rapport d’un de Meſſieurs & tout vu & conſidéré, ladite Aſſemblée déclare ledit Barbé de Marbois duement atteint & convaincu des faits portés en ladite plainte ; pour réparation de quoi, le condamne à être pendu & étranglé juſqu’à ce que mort s’enſuive, à une potence qui ſera pour cet effet dreſſée ſur la place de Clugny de cette ville, par l’Exécuteur de la Haute-Juſtice, de ſuite ſon corps brûlé, ſes cendres jettées au vent, ſes biens confiſqués au profit des pauvres de la Colonie ; & en ce qui concerne ſes Conſeils, Complices & Adhérens, ladite Aſſemblée ordonne qu’il ſera plus amplement informé pendant un an, toutes choſes demeurant en état.


Donné au Cap, en la Chambre de ladite Aſſemblée, cejourd’hui 21 Septembre 1789.


Emanuel, Préſident & Rapporteur.
Collationné Doctorus, Greffier.


Vu & lu, l’Arrêt exécuté ledit jour & an,

 à 7 heures du ſoir au flambeau,

  Doctorus, Greffier.
EXTRAIT
Du Procès-Verbal de l’Aſſemblée des
Colons Américains.



Du 22 Septembre 1789.

L’ASSEMBLÉE, délibérant ſur la propoſition qui lui a été faite par un de ſes Membres, a unanimement arrêté que, pour donner à la Nation une preuve de leur zèle & de leur dévouement, les Colons Américains votoient, & que MM. leurs Députés demeuroient autoriſés, en vertu des Préſentes, à offrir à l’Aſſemblée Nationale, pour ſubvenir aux charges de l’État, la quatriéme partie de tous leurs revenus, ce qui peut être un objet de ſix millions ; & en outre un cautionnement de la cinquantiéme partie de leurs biens, pour liquider la dette Nationale.

De Joly, Préſident.
Rolland-Audiger,
Poizat,
Secrétaires.