Atar-Gull/11

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CHAPITRE II.

atar-gull.


En aucune chose l’homme ne sait s’arrêter au point de son besoin de volupté, de richesse, de puissance ; il embrasse plus qu’il ne peut estreindre : son avidité est incapable de modération.
Montaigne. — Liv. II. ch. xii.

Il y a des héros en mal comme en bien.
La Rochefoucauld.


On se souvient, je crois, du beau grand nègre que feu M. Benoît avait acheté du courtier, d’Atar-Gull enfin, réveillé si brusquement tout à l’heure par Brulart, parce que, disait-il, ce noireau lui riait au nez. — C’était lui qui excitait encore l’attention du capitaine.

Séparé, je sais bien pourquoi, des autres noirs, on l’avait étendu en travers de la porte d’une petite cabine, située à l’arrière du brick.

En repassant auprès de lui, maître Brulart glissa, trébucha, et finit par tomber en jurant comme un païen.

En se relevant, il vit ses mains toutes tachées de sang, et Atar-Gull presque sans haleine.

Il s’approcha, et, après un mur examen, il s’aperçut que le malheureux s’était ouvert les veines du bras… avec ses dents !!!

Les morsures encore saignantes le prouvaient assez.

« Ah ! chien ! — s’écria le négrier, — tu t’amuses à me faire perdre deux cents gourdes, une fois rengraissé ton compte sera bon. »

Puis, passant la tête hors du panneau : « Holà ! Cartahut, » — s’écria-t-il ; et le mousse descendit.

« Tu vas aller dans le coffre là-haut, tu prendras les deux mouchoirs à tabac de cette vieille bête que l’on est probablement en train de mastiquer sur les bords du fleuve Rouge ; il doit être coriace en diable le chien, mais ces petits Namaquois ont de bonnes dents… enfin grand bien lui fasse, ça le regarde ; tu vas toujours m’apporter ses mouchoirs, et, en outre, une chique que tu trouveras dans un vieux soulier, accroché à bord, près du porte-voix, car il faut bien que je fasse le médecin ici ! »

— Hélas ! le capitaine Brulart n’avait point de chirurgien, par une raison bien simple : un homme était-il blessé à son bord, dans un combat, par exemple… il avait vingt-quatre heures pour se guérir, et au bout de ce temps, s’il ne l’était pas, — à la mer. —

Quant à ces rhumes légers qui soulèvent à bonds précipités le sein de nos jolies femmes, toutes enveloppées de cachemires et de dentelles, de soie et de fourrures ; quant à ces petites toux gracieuses et coquettes, et que l’on calme à grand’peine en puisant une guimauve blanche et parfumée dans un drageoir d’or…

Quant à ces spasmes nerveux, à cette douce et triste mélancolie, qui voilent l’éclat de deux beaux yeux et les cernent d’une auréole azurée… on ne les connaissait pas à bord de la Hyène.

C’était quelquefois, souvent même, un homme couvert de guenilles et de fange, ivre-mort, gorgé de lard et de morue, que Brulart faisait pendre la tête en bas pendant qu’on lui administrait, comme digestif, une vigoureuse bastonnade.

Ou bien un autre qui recevait d’un ami intime, d’un frère, au milieu d’une innocente discussion sur le vol droit ou anguleux d’un goéland, sur l’avantage du poignard droit ou du poignard recourbé ; qui recevait, dis-je, un coup de barre de fer sur la tête… lequel coup Brulart guérissait encore au moyen d’une forte application de sa bastonnade digestive à la plante des pieds, parce qu’une douleur chasse l’autre, disait-il…

Et puis, pour rétablir l’équilibre, on finissait la cure en réitérant l’application sur les reins, parce qu’alors la douleur, quittant la tête pour les pieds et les pieds pour les reins, devait avoir perdu toute son intensité dans ces voyages successifs… — Sinon, comme il paraissait patent qu’on ne pouvait jamais guérir, et que Brulart n’avait pas besoin de bouches inutiles à son bord, — à la mer.

On le voit, le capitaine pouvait fort bien se passer de chirurgiens, puisqu’il réunissait des connaissances d’un effet aussi sûr et aussi prompt ; pourtant, lorsque Cartahut descendit, Brulart enveloppa avec une merveilleuse adresse les deux bras d’Atar-Gull, après avoir appliqué sur l’ouverture des veines ouvertes deux chiques, préalablement mâchées par Cartahut, qui reçut cinq coups de pied à irriter un éléphant, pour ne pas mastiquer assez vite le topique.

« Maintenant, — dit Brulart à deux des siens, — attachez-moi les mains de ce moricaud-là et montez-le en haut, sur le pont, il a besoin d’air… »

On emporta Atar-Gull presque inanimé : alors le vent, qui circulait plus vif, lui fit ouvrir les yeux.

C’était, on le sait, un homme d’une haute et puissante stature, en un mot, aussi colossal dans son espèce que Brulart l’était dans la sienne…

À un geste du capitaine, tout l’équipage reflua sur l’avant, et il resta seul à contempler son prisonnier.

Atar-Gull, de son côté, ne le quittait pas du regard, et tenait arrêté sur lui un coup d’œil fixe et intuitif.

Entre ces deux hommes, il existait je ne sais quelle affinité cachée, quels secrets rapports, quelle bizarre sympathie, naissant de leur conformation physique ; involontairement ils s’admiraient tous deux, car tous deux avaient prototypée dans tous leurs traits cette apparence de vigueur, de force et de caractère indomptable, qui est l’idéal de la beauté chez les sauvages.

Ces deux hommes devaient s’aimer ou se haïr, s’aimer, non de cette amitié timide et menteuse que nous connaissons dans nos brillants hôtels, que l’on éprouve par un peu d’or, qui s’effraie d’un mot, d’un adultère ou d’un soufflet ; mais de cette amitié large et puissante qui donne coup pour coup, du sang pour du sang, qui se montre au milieu du meurtre et du carnage quand le canon tonne et que la mer mugit, et qui veut qu’on s’embrasse les lèvres noires de poudre et les bras rougis… et puis… si Pylade est blessé à mort, — un énergique adieu, un bon coup de poignard pour terminer une lente agonie, un serment d’atroce vengeance que l’on tient, peut-être une larme, — et Oreste est en paix avec lui-même.

Voilà comme Brulart et Atar-Gull devaient s’aimer, s’aimer ainsi ou se haïr à la mort, car tout devait être extrême chez ces deux hommes.

Ils se haïrent… — Cette impression fut électrique et simultanée… mais elle se traduisit bien différemment chez chacun d’eux ; les yeux de Brulart étincelèrent et ses lèvres pâlirent. — Atar-Gull, au contraire, resta calme, froid, et un sourire d’une inimitable douceur vint errer sur sa bouche ; son regard, tout à l’heure fixe et arrêté, devint suppliant et craintif, et c’est avec une expression de soumission profonde que le nègre tendit ses bras à Brulart…

— Et pourtant la haine d’Atar-Gull était implacable, mais la subtile intelligence du sauvage lui apprenait que, pour arriver à satisfaire cette haine, il fallait se traîner par de longs et obscurs détours. Et la dissimulation, qui se trouve aussi savante, aussi instructive dans l’état de nature que dans l’état de civilisation la plus avancée, vint merveilleusement le servir.

« C’est un lâche… il me craint, et il me demande grâce, — avait dit Brulart, — je croyais qu’il valait mieux que ça ; au fait, c’est trop brute pour avoir de la colère et de la haine. »

Cette conviction perdait Brulart ; de ce jour Atar-Gull avait sur lui un avantage immense. Le capitaine, ne le jugeant donc pas digne de son animosité, lui tourna le dos. Et ses pensées prirent une autre direction ; il vint à se souvenir que ses noirs n’avaient rien pris depuis la veille, et, appelant le Malais qui parlait caffre et avait servi d’interprète dans l’échange du malheureux Benoît, il lui donna ses ordres.

Une heure après, les grands Namaquois reçurent une portion d’eau, de morue et de biscuits, puis vinrent par fractions de douze ou quinze humer un peu d’air sur l’avant du brick.

Ils s’épanouissaient aux bienfaisants rayons du soleil, ces pauvres nègres ; ils oubliaient la vapeur épaisse et humide de la cale, et riaient de leur rire stupide en voyant ce ciel bleu… qu’ils se montraient les uns aux autres.

Le Malais remonta comme la troisième fraction de femmes descendait… car les femmes que nous avons vues dans le faux pont participaient aussi à cette bienfaisante promenade, « Capitaine… » — dit le Malais à Brulart (et il lui parla bas à l’oreille).

« Tout à l’heure, dans ce moment je suis en affaire, répondit le capitaine qui paraissait courroucé. — Viens ici, toi, le Grand-Sec (il s’adressait à un matelot qu’on avait, je ne sais pourquoi, surnommé le Grand-Sec, car il était gros et petit). Viens ici, — reprit-il, — et pourquoi, carogne, as-tu osé toucher à une de ces dames qui viennent de descendre ; ne sais-tu pas mon ordre… et que c’est sacré ?… — Oh ! sacré… sacré… »

Et il allait ajouter je ne sais quel horrible blasphème, que la large main de Brulart fit brusquement rentrer dans sa vilaine bouche.

« Et vous croyez que l’on a une cargaison pour votre plaisir ! et que vous la gaspillerez, et que vous vous passerez toutes les douceurs de la vie ? — Vous en avez bien deux dans votre dunette, excusez… alors c’est différent, y paraît que ça vous va, et que ça ne vous va pas ! — dit l’incorrigible Grand-Sec, après avoir ramassé deux de ses dents et étanché le sang qui coulait à flots de sa bouche… — Ah ! tu raisonnes, mignon ?… tu la veux… et bien tu l’auras… — La négresse… — fit le Grand-Sec… — Oui !!! »

Et dans ce oui il y avait une horrible ironie qui fit, malgré lui, tressaillir le matelot. « Mais d’abord… il faut faire une petite promenade, mon garçon… ça t’ouvrira l’appétit pour souper… Mettez-le à cheval, » dit Brulart en montrant le malheureux Grand-Sec. — Et ce fut une grande joie à bord du brick.

Car si l’on comptait trouver parmi ces gens pitié ou commisération, c’était faute.

Une punition ça aidait à passer le temps, car les cris du condamné égayaient un peu… mais tout cela ne valait pas une mort… Oh ! une mort !… parce que, voyez-vous, à une mort on héritait… ce n’était pas tous les jours fête !

Enfin, dix minutes après, le Grand-Sec faisait sa promenade à cheval.

C’est-à-dire qu’on lui avait mis une barre de cabestan entre les jambes, après l’avoir exhaussé de manière à ce que ses pieds ne touchassent pas à terre ; de plus, pendaient à chaque jambe, à défaut de boulets, un des lourds pierriers de feu M. Benoît, et enfin, selon l’ordre du capitaine, on imprima au cabestan un mouvement rapide de rotation à peu près comme celui d’un jeu de bague ; la seule différence consistait en ceci, qu’au lieu d’avoir les pieds appuyés sur des étriers, le Grand-Sec les avait tiraillés par deux poids de cent livres chaque.

Ainsi les articulations commençaient à craquer et à se détendre, comme s’il eût été écartelé…

Il criait… il criait, et ses plaintes étaient aiguës, convulsives et saccadées.

« Vois-tu, Grand-Sec, — dit l’un en riant aux larmes, — tu es dans ta croissance… — Hue… hue donc, pique donc ton cheval, Grand-Sec… tu as pourtant de fameux éperons… — disait un autre, en montrant les deux masses de bronze qui allaient arracher et séparer la jambe de la cuisse… — Tu t’engageras comme tambour-major de cavalerie, car, vrai, tu as grandi de deux pouces, » criait un troisième.

Enfin c’était un feu croisé de quolibets et de hurlements de douleur atroce…

Brulart reprit sa conversation avec le Malais.

« Tu dis donc qu’il y a deux moricaudes qui ne veulent pas monter ?

— Je ne dis pas veulent, capitaine, je dis peuvent… vu qu’elles sont mortes… — Diable !… et est-ce des bonnes ? — Il y en a une qui n’était pas mauvaise… l’autre comme ça… un peu maigrotte… — Et le troisième jour déjà… tonnerre du diable ! qu’elles n’aillent pas se mettre à jouer ce jeu-là… Est-ce de chaleur ou de faim ? — Je crois que c’est de chaleur et de faim. — Débarrasse ça tout de suite du faux pont, ça me gâterait les autres. — Et c’est bien vu, capitaine, car elles commencent déjà à s’avarier. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dix minutes après, deux matelots parurent sur le pont, portant les cadavres des négresses… enveloppés, ou à peu près, dans une pagne…

On allait les jeter par-dessus le bord…

« Un instant, » dit Brulart…

Et on les laissa tomber sur le pont qui résonna sourdement. Un cri plaintif et faible sembla sortir d’un des linceuls… Les matelots se regardèrent.

« Ce b… de Malais s’est sans doute trompé, — dit Brulart, — il l’aura crue finie, et elle n’est peut-être qu’en train… voyons… »

Et il tira violemment la pagne qui entourait à peine une des deux négresses…

Un tout jeune enfant tomba du sein de sa mère où il était attaché…

(C’était une des deux négresses ayant un petit porté sur la facture Van-Hop, vous savez…)

Cette frêle et chétive créature redoublait ses faibles cris… et s’accrochait au corps de sa pauvre mère qui ne pouvait plus l’entendre !

Brulart eut l’air presque attendri…

« Toi, le Malais, — dit-il, — va chercher en bas l’autre négresse qui a un enfant, et monte-les ici… »

Et il prit le négrillon dans ses larges et grandes mains.

La négresse monta toute tremblante, croyant qu’on allait la battre, et serrant son fils entre ses bras…

Quand elle vit les deux cadavres, elle poussa un cri triste et doux, s’agenouilla et se prit à chanter quelques paroles d’une mélodie singulière…

« Toi, le Malais, — dit Brulart, — apprends-lui qu’elle n’est pas là pour seriner des antiennes, mais pour prendre ce négrillon et le nourrir avec le sien… »

Le Malais lui présentant l’enfant, « Tiens, — lui dit-il en caffre… — le chef pâle t’ordonne de partager ton lait entre ton fils et celui-ci. »

La jeune femme le regarda avec étonnement, et répondit en secouant la tête :

« Oh ! non, je ne puis, cet enfant, vois-tu, est le premier né d’une vierge… — Qu’est-ce que cela fait ?… — Oh ! non, je ne puis… sa mère est morte… elle est allée au grand Kraal de là-haut ! il faut que son enfant meure avec elle… sans cela… qui la servirait au grand Kraal… la pauvre mère… si ce n’est son enfant ?… Il faut qu’il meure ! le premier fils d’une vierge jamais ne doit quitter sa mère… »

Et la jeune femme reprit son chant triste et doux, puis baisa le petit enfant qui lui souriait en lui tendant ses bras.

Le Malais traduisit cette conversation à Brulart…

« Ah ! bah… tout ça m’embête… va au grand Kraal… alors ça vaut mieux pour toi… »

Et le négrillon voltigea au-dessus du bord et disparut !…

« Quant à elle, pour m’avoir résisté, fais-lui un peu tambouriner les reins. »

On se mit à battre la pauvre négresse, et, quoiqu’elle avançât les bras en avant pour garantir son négrillon des atteintes du fouet, il en reçut quelques coups, et la mère, je vous jure, criait plus pour lui que pour elle…

Ses cris se mêlèrent à ceux du Grand-Sec, à la grande joie de l’équipage, qui trouvait le concert complet. Enfin, comme l’homme à cheval perdait connaissance, on arrêta. On le descendit. Mais on le coucha sur le pont, car il ne pouvait se tenir debout.

« Il est plus fatigué que s’il avait fait dix lieues… le bon cavalier, — dit un plaisant, — il n’a pourtant pas été secoué. — Silence, canaille, » dit Brulart…

On fit silence…

Le brick et la goëlette marchaient toujours de conserve, la brise était fraîche et le soleil se couchait étincelant : pas un nuage, un ciel pur et chaud, une mer douce et calme…

« Vous avez tous vu, — continua le capitaine, — ce monsieur qui vient de descendre de cheval ; il avait manqué à mon ordre, et vous savez de quel bois je paye ordinairement ces fautes-là… aujourd’hui je veux être bon enfant. »

L’équipage frémit…

« Je veux, au lieu de le punir, le récompenser… »

Les matelots se regardèrent, et trois des plus intrépides pâlirent…

« Et que ça vous serve d’exemple : écoute, toi, Grand-Sec… »

Le Grand-Sec leva péniblement la tête et souleva des yeux éteints.

« Tu as voulu tâter des négresses… »

Le malheureux poussa un long soupir… il n’y pensait plus, je vous jure…

« C’est une idée comme une autre, d’ailleurs tu es dans l’âge des amours, aussi je ne t’en veux pas pour cela ; pour te le prouver, au lieu d’une… je t’en donne deux… mon bonhomme !… »

L’infortuné ne comprit pas… mais l’équipage saisit parfaitement l’intention, et fut d’abord comme atterré d’une atrocité si calme… mais après, voyant le côté plaisant de l’aventure, il se dérida, et un sourire, qui gagna de proche en proche, vint éclaircir ces figures un instant assombries…

« Qu’on l’amarre sur une cage à poules avec ces deux charognes… et — à la mer. — Vivant ? — demanda avec anxiété le Malais, qui était intime du Grand-Sec et l’aimait de tout son cœur… — Ça va sans dire, » — reprit Brulart en regagnant sa dunette…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

On entendit quelques mots entrecoupés, des imprécations, des blasphèmes, des prières à attendrir un inquisiteur, des rires, des sanglots, d’affreuses plaisanteries, des cris perçants… puis enfin un bruit sourd qui fit rejaillir l’eau sur le pont.

Alors Brulart se pencha sur le plat-bord, et, montrant à son équipage la cage à poules qu’ils laissaient déjà derrière eux, et le misérable Grand-Sec… dont les yeux flamboyaient… et qui, se tordant sur les cadavres malgré les cordes qui l’étreignaient… poussait des hurlements de rage qui n’avaient rien d’humain :

« Que ça vous serve d’exemple, mes agneaux, et encore, — ajouta-t-il en souriant… — il ne mourra pas de faim !… »

Dix minutes après la cage à poules ne paraissait plus qu’un point lumineux au milieu de l’Océan, car le soleil couchant la colorait fortement de ses rayons… puis elle s’effaça tout à fait quand le soleil disparut dans la brume… et que la nuit fut venue.

Alors, on vit poindre une lumière dans la dunette de Brulart : c’est cette lumière et cette retraite qui intriguaient si fortement l’équipage ; que faisait-il ainsi toutes les nuits ? et pourquoi s’enfermer aussi soigneusement ? car, à bord du brick comme à bord de sa goélette, il avait défendu, sous peine de mort (et il tenait sa promesse), il avait défendu d’approcher de sa cabine, à moins d’un cas imprévu et imminent, et encore s’était-il réservé le droit de juger après si le cas était réellement imminent ; or, si malheureusement il ne le croyait pas tel, — à la mer, — celui qui, oubliant ses ordres, se fût approché de sa cabine avant huit heures.