Attouchements
Attouchements
Attouchements ! Tous les troupeaux de l’âme au fond d’une nuit d’éclipse ! Tout le sel de la mer en herbe des prairies ! Mais ces attouchements plus mornes et plus las ! Et des troupeaux d’agneaux s’éloignent au clair de lune le long d’un fleuve tiède.
Je me souviens de toutes les mains qui ont touché mes mains. Et je revois ce qu’il y avait à l’abri de ces mains, Et je vois aujourd’hui ce que j’étais à l’abri de ces mains tièdes. Je devenais souvent le pauvre qui mange du pain au pied du trône.
J’étais parfois le plongeur qui ne peut plus s’évader de l’eau chaude ! J’étais parfois tout un peuple qui ne pouvait plus sortir des faubourgs ! Et ces mains semblables à un couvent sans jardin ! Et celles qui m’enfermaient comme une troupe de malades dans une serre un jour de pluie ! Jusqu’à ce que d’autres plus fraîches vinssent entr’ouvrir les portes, Et répandre un peu d’eau sur le seuil ! Il y avait une musique de saltimbanques autour de la prison, Il y avait des figures de cire dans une forêt d’été, Et parfois je trouvais une vierge en sueur au fond d’une grotte de glace.
Ayez pitié des mains trop pâles ! Il me semble que les princesses sont allées se coucher vers midi tout l’été !
Il n’y a plus que des brebis noires en des pâturages sans étoiles !
Et les agneaux s’en vont brouter l’obscurité ! Elles apportent de l’eau claire et froide en leurs paumes ! Elles arrosent de lait les champs de bataille ! Elles semblent sortir d’admirables forêts éternellement vierges !
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