Poésies nouvelles (1836-1852)/Au roi, après l’attentat de Meunier

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AU ROI


APRÈS L’ATTENTAT DE MEUNIER.




Prince, les assassins consacrent ta puissance.
Ils forcent Dieu lui-même à nous montrer sa main.
Par droit d’élection tu régnais sur la France ;
La balle et le poignard te font un droit divin.

De ceux dont le hasard couronna la naissance,
Nous en savons plusieurs qui sont sacrés en vain.
Toi, tu l’es par le peuple et par la Providence ;
Souris au parricide, et poursuis ton chemin.

Mais sois prudent, Philippe, et songe à la patrie.
Ta pensée est son bien, ton corps son bouclier.
Sur toi, comme sur elle, il est temps de veiller.

Ferme un immense abîme, et conserve ta vie.
Défendons-nous ensemble, et laissons-nous le temps
De vieillir, toi pour nous, et nous pour tes enfants.