Œuvres de Vauvenargues/Avertissement

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Œuvres de Vauvenargues, Texte établi par D.-L. Gilbert, Furne et Cie, éditeurs (p. i-viii).



AVERTISSEMENT

SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION.




En 1746, en même temps que l’Essai sur l’Origine des connaissances humaines de Condillac, et les Pensées philosophiques de Diderot, parut, chez le libraire Antoine-Claude Briasson, rue Saint-Jacques, à Paris, un petit volume in-12, de moins de 400 pages, dont l’auteur avait gardé l’anonyme. L’auteur était M. le marquis de Vauvenargues, et le volume se composait d’une Introduction à la Connaissance de l’Esprit humain, de vingt-deux Réflexions sur divers sujets, de onze Conseils à un Jeune homme, de cinq Réflexions critiques sur quelques poètes, de deux Fragments sur les Orateurs et sur La Bruyère, enfin d’une Méditation sur la Foi, suivie d’une Prière. Puis, le volume n’ayant pas paru assez long, disait Vauvenargues lui-même, il y avait joint un certain nombre de Maximes qu’il n’avait pas destinées à voir le jour.

L’année suivante, le même libraire publia une seconde édition de ce livre, que l’auteur avait préparée, mais que la mort l’avait empêché d’achever ; les abbés Trublet et Séguy y mirent la dernière main, et en surveillèrent l’impression. Elle ne différait de la première que par quelques corrections, retranchements, et additions, dont Vauvenargues donne le détail dans son Discours Préliminaire.

En 1797, le marquis de Fortia d’Urban, compatriote de Vauvenargues, ajouta aux deux éditions originales quelques morceaux posthumes, dont la famille et les amis du moraliste lui avaient donné communication[1]. Le travail de Fortia, et, bientôt après, les Mémoires de Marmontel, rappelèrent l’attention du public sur le livre et sur l’auteur, que Voltaire avait désignés à la gloire, et qui, toutefois, depuis près de cinquante ans, étaient, peu s’en faut, oubliés.

L’édition Suard suivit d’assez près[2]. Elle était précédée d’un travail, souvent réimprimé depuis, sur la vie et les écrits de Vauvenargues, et augmentée d’un assez grand nombre de morceaux inédits. L’éditeur donnait, en outre, des notes de Voltaire et de Morellet, auxquelles il avait joint les siennes[3].

Enfin, en 1821, parut l’édition-Brière, en 3 vol. in-8o, tirée, deux ans après, en 3 vol. in-18, dont un se composait d’œuvres nouvelles.

Ainsi, depuis plus d’un siècle que Vauvenargues est mort, il n’a été publié, en réalité, que trois éditions de ses œuvres, je veux dire celles de 1797, de 1806, et de 1821, les autres, en petit nombre d’ailleurs, n’étant que de simples réimpressions.

Je donne aujourd’hui la quatrième, et voici à quelle occasion : l’Académie française ayant proposé l’Éloge de Vauvenargues, comme sujet du prix d’Éloquence à décerner en 1856, je voulus savoir, dans le dessein où j’étais de prendre part au concours, s’il ne restait pas quelque partie inédite de l’œuvre du moraliste. Je n’eus pas lieu de regretter ma peine ; car, dès les premières recherches, à Paris, et en Provence, patrie de Vauvenargues, les découvertes que je fis[4], dans les dépôts publics et dans les collections particulières, me fournirent bientôt la preuve que l’édition-Brière, la plus complète qui eût paru jusqu’alors, était bien incomplète encore, et, d’ailleurs, souvent fautive ; que le public n’avait guère que la moitié de ce que Vauvenargues a écrit, et que le travail des précédents éditeurs était non-seulement à achever, mais presque entièrement à refaire. Dès les premiers mois de l’année dernière, je tentai l’entreprise ; mais peut-être, rebuté par sa longueur même, ne l’aurais-je pas menée à fin, si le résultat du concours ouvert pour l’éloge de Vauvenargues ne m’eût imposé, envers sa mémoire, une sorte de devoir pieux, dont j’étais tenu à m’acquitter, dans la mesure de mes forces. Aujourd’hui, le travail fait, je viens rendre mes comptes au public.

Pour la partie de ses œuvres que Vauvenargues a publiée lui-même, la tâche était tout indiquée : les deux éditions originales faisant foi, il n’y avait qu’à les suivre, tant pour l’ordre des matières que pour le texte ; cependant, elles n’avaient pas été toujours suivies par les précédents éditeurs, et bien des fautes leur étaient échappées, que j’ai dû corriger. La difficulté commençait aux œuvres posthumes : la distribution confuse qui en avait été faite jusqu’alors, avait frappé, non-seulement les critiques, qui regardent de près aux choses, mais même les lecteurs les moins attentifs. Telles Réflexions, par exemple, se rapportant à un même ordre d’idées, et souvent s’expliquant les unes par les autres, avaient été indûment séparées ; je les ai rapprochées. J’ai mis, de même, dans un ordre qui m’a semblé plus logique les Caractères, partie considérable, et trop peu connue, de l’œuvre de Vauvenargues (voir, à ce sujet, la 2e note de la page 291, et celles des pages 315 et 350). Tels Discours revenaient jusqu’à trois fois, avec des différences peu sensibles, à quelques pages de distance (voir les 1res notes des pages 151 et 190) ; de même, dans les Caractères, pour une variante de quelques lignes, et souvent de quelques mots, des pages entières étaient répétées ; de plus, tel morceau, faisant corps ici, reparaissait là, dépecé en maximes ; enfin, pour les Maximes elles-mêmes, un remaniement complet était à faire. Dans sa seconde édition, Vauvenargues en avait supprimé plus de deux cents que les divers éditeurs avaient cru pouvoir rétablir, de leur chef, d’après la première édition, malgré l’intention expresse de l’auteur (voir la 1re note de la page 472) ; déjà semblable liberté avait été prise pour plusieurs morceaux, entre autres, pour le parallèle entre Corneille et Racine (voir la 1re note de la page 239). D’un autre côté, certaines Maximes étaient répétées mot pour mot ; enfin, les pensées posthumes n’étaient pas distinguées de celles que Vauvenargues avait publiées lui-même. J’ai donné d’abord celles que l’auteur avait maintenues dans sa seconde édition, et j’ai mis à la suite les pensées posthumes, mais en marquant la séparation ; puis, j’ai joint, à titre de variantes, aux Maximes définitives, celles qui n’en différaient que par quelques détails de rédaction, et j’ai rejeté à la fin, imprimées en caractères plus petits, celles que Vauvenargues avait mises au rebut. Dans toute l’édition, d’ailleurs, en tenant un compte scrupuleux des véritables variantes, que l’on trouvera toujours placées au-dessous du texte auquel elles se rapportent, j’ai mis mes soins à retrancher les répétitions, qui, non-seulement grossissaient inutilement le volume, mais déroutaient ou fatiguaient l’esprit du lecteur, et c’est grâce à ces suppressions très-nombreuses que j’ai pu donner, en deux volumes in-8o, le double, au moins, de ce que l’édition-Brière donnait en trois.

Quant aux notes, j’ai conservé, autant que je l’ai pu, celles des précédents commentateurs ; cependant, j’ai dû en retrancher un certain nombre parmi celles de Fortia, de Morellet et de Suard ; souvent, elles remarquaient dans le texte de l’auteur, ici, une expression incorrecte, là, une phrase obscure, qui ne se trouvaient pas dans les deux éditions originales, ou dans les manuscrits que j’avais sous les yeux : la faute ayant disparu, il est clair que la correction devait disparaître en même temps. Au reste, si les trois éditeurs dont je parle tombent souvent à faux dans leurs remarques, ils ne sont pas toujours sans excuse : à part les deux editions originales qu’ils auraient pu suivre avec plus de respect, ils n’avaient entre les mains que des copies inexactes, ou des brouillons, qui ne contenaient pas l’expression dernière de la pensée de l’auteur ; bien des documents leur ont manqué, que j’ai pu réunir, et qui m’ont mis à même d’améliorer leur travail, en même temps que je le complétais.

La Bibliothèque du Louvre possède, sous le no 153, un manuscrit, petit in-4o, de 708 pages, entièrement écrit de la main de Vauvenargues. Il est composé d’une série de cahiers de grandeur inégale ; la pagination, faite après coup, n’en est pas toujours exacte ; par exemple, un Discours, commencé à la page 564, s’achève à la page 541. De plus, ce volume, mêlé de brouillons et de mises au net, est d’un dépouillement difficile : il faut chercher la version définitive d’un même morceau répété jusqu’à six ou huit fois, souvent sous des titres divers ; puis, quand on l’a trouvée, il faut reprendre, dans les versions préparatoires, les variantes qu’elles peuvent contenir. Non-seulement Vauvenargues revient sur ses idées avec une persistance qui en multiplie les expressions ; mais il en change, à tout moment, l’ordre ou la destination : c’est ainsi que telle page, placée d’abord dans une Préface, se retrouve ensuite dans un Discours, et qu’il faut prendre garde aux doubles emplois reprochés, à juste titre, aux éditions précédentes. Cependant, si confuse qu’elle soit, comment, depuis plus d’un siècle, une mine aussi riche après tout, n’avait-elle pas été exploitée ? C’est que les éditeurs, en général, contents de ce qu’ils ont, ne s’inquiètent pas de ce qui leur manque ; c’est qu’au temps de Suard, pour ne parler que de lui, l’éditeur se croyait quitte envers l’auteur, quand il en avait donné au public un texte plus ou moins pur, précédé d’une notice plus ou moins exacte ; c’est qu’enfin, pour tirer parti de la plupart des cahiers du Louvre, il fallait pouvoir les mettre en regard de manuscrits plus corrects ou plus achevés.

Heureusement, ces moyens de contrôle ne m’ont pas manqué. Les ouvrages de Vauvenargues ne sont pas nombreux ; mais il en faisait, pour ses amis et ses correspondants[5], de nombreuses copies, répandues aujourd’hui dans les collections particulières. Il est rare qu’elles soient entièrement identiques ; elles donnent presque toutes, non-seulement des variantes ou des corrections, mais des additions considérables, que j’ai relevées avec soin, et dont le texte de cette édition a profité.

Je n’ai parlé jusqu’ici que des œuvres déjà publiées de Vauvenargues ; il me reste à parler de celles qui, dans ce volume, paraissent pour la première fois ; je dis dans ce volume, et non pas dans le volume supplémentaire, qui doit le suivre, et dont un Avertissement particulier donnera le détail. Elles se composent, sans compter les variantes, de 49 morceaux inédits[6], et de plus de 200 Maximes. J’ajoute que la plupart de ces morceaux ne sont restés inédits, que parce qu’ils sont les plus intéressants peut-être ; presque tous sont d’un caractère tellement intime et personnel, que Vauvenargues ne pouvait songer à les publier, du moins dans la forme où il les a laissés. Je ne crains pas, d’ailleurs, d’annoncer à l’avance que, dans la plupart de ces pages nouvelles, la beauté de la forme se joint à l’intérêt du fond : en y regardant de près, les lecteurs délicats n’auront pas de peine à se convaincre que Vauvenargues était en progrès constant pour le style, et qu’il allait devenir, à coup sûr, un des grands écrivains de notre langue. On reconnaîtra les morceaux inédits aux crochets qui les renferment, dans le courant du volume, et à la Table des Matières : au moyen de ce signe [ ], les lecteurs qui connaissent déjà Vauvenargues, pourront aller au plus pressé, c’est-à-dire aux parties neuves de cette édition. J’avertis, toutefois, que beaucoup de parties ne sont pas désignées comme nouvelles, qui le sont néanmoins, grâce aux versions plus complètes que les manuscrits m’ont fournies. Il n’est pas, peut-être, une page de Vauvenargues, qui, sans parler des menues corrections, ne soit augmentée d’une ou de plusieurs phrases inédites. Dans un premier travail, j’avais signalé, à leur place, ces additions partielles ; mais je me suis aperçu bientôt que leur nombre même en rendait l’énumération fastidieuse, que cette énumération, en multipliant les notes outre mesure, y mettait quelque confusion, et j’ai dû sacrifier l’amour-propre de l’éditeur à la clarté de l’édition.

Dans le commentaire, aussi bien que dans les œuvres elles-mêmes, il y a une partie nouvelle, composée de notes de La Harpe et de Voltaire, que j’ai mises également entre crochets, pour les distinguer de celles qui ont déjà paru dans les éditions précédentes. Les notes inédites de Voltaire ont été recueillies sur l’Exemplaire d’Aix, dont il sera souvent question, et au sujet duquel je dois au lecteur quelques renseignements.

À la Bibliothèque d’Aix, dite Méjanes, du nom de son principal donateur, il se trouve, sous le no 490, un exemplaire de la 1re édition de Vauvenargues, chargé de notes manuscrites. On y lit en tête : « Les notes qui sont à la marge de cet exemplaire, sont de la main de M. le marquis de Vauvenargues, auteur de cet ouvrage, et c’est sur cet exemplaire qu’a été faite l’édition publiée en 1747. » Cette note n’est pas signée, mais il est avéré qu’elle est du Président Jules Fauris de Saint-Vincens, ami et correspondant de Vauvenargues.

Dans un premier voyage à Aix, en examinant les notes dont il s’agit, je fus frappé, tout d’abord, d’y reconnaître deux écritures entièrement différentes : l’une forte, même un peu pesante, et conforme, de tout point, à celle de Vauvenargues, dont, depuis plusieurs mois, j’avais les manuscrits sous les yeux ; l’autre plus déliée, plus cursive, et ne pouvant être, évidemment, de la même main. Quant aux notes elles-mêmes, elles sont également de deux espèces, corrélatives aux deux écritures : les unes, qui appartiennent incontestablement à Vauvenargues, consistent en simples corrections, ou additions de mots, telles que les peut faire un auteur révisant son ouvrage ; les autres sont des remarques critiques, tant sur le fond que sur la forme, et leur vivacité, dans la louange ou dans le blâme, exclut l’idée qu’un auteur ait pu se les adresser à lui-même. En effet, pour ne citer que quelques exemples, comment supposer que Vauvenargues se parle à lui-même, à la seconde personne, dans des observations comme celle-ci : Vous contredites le chapitre du bien et du mal moral (voir la note de la Maxime 905e) ? Comment supposer qu’il qualifie de déclamation triviale et de vieux sermons deux de ses plus célèbres Maximes, la 875e et la 933e (voir les notes de ces Maximes) ? Comment le supposer surtout, quand on voit, dans sa seconde édition, que non-seulement il a maintenu la dernière de ces Maximes, mais qu’il a même renchéri sur l’expression ? Comment supposer qu’il se traite de capucin (voir la note de la Maxime 934e) ? Enfin, comment admettre que Vauvenargues se gratifie lui-même de louanges dans le genre de celles-ci, qui reviennent à chaque moment : Beau, bien ; très-beau, très-bien ; excellent ; admirable ; profond et juste ; on ne peut mieux ; cest grand ; comment a-t-on pu faire si bien, étant si jeune !

À première vue, j’affirmai que ces notes étaient de Voltaire, et ne pouvaient être que de lui. Outre que sa lettre du 13 mai 1746 établit qu’il avait annoté, sur-le-champ, l’exemplaire de la 1re édition que Vauvenargues lui avait adressé ; outre que le mot le plus expressif de ces notes, celui de capucin, se retrouve dans sa lettre à Vauvenargues, datée du commencement de mars 1746, je n’hésitai pas un moment à reconnaître son écriture. Cependant, je ne pouvais faire encore la preuve, n’ayant pas sous la main les pièces de comparaison nécessaires ; mais, à un second voyage, muni de lettres originales de Voltaire, que je possède, et dont plusieurs sont adressées à Vauvenargues lui-même, j’ouvris une sorte d’enquête, assisté de MM. Rouard, bibliothécaire, Mouan, sous-bibliothécaire d’Aix, et Prevost-Paradol alors professeur à la Faculté des Lettres de cette ville. M. Rouard, que l’autorité, d’ailleurs si respectable, du Président de Saint-Vincens[7] tenait en suspens, jusqu’à preuve contraire, se rendit lui-même aux résultats décisifs de l’enquête, et M. Mouan en rédigea immédiatement les principales conclusions, dans une petite brochure[8].

Ces notes inédites de Voltaire, que j’ai mises entre crochets, ne font pas double emploi avec celles que Suard a publiées[9], et que je donne également ; mais on y remarquera une même façon preste et vive, qui indique assez que les unes et les autres sont de la même main. À ces annotations diverses, j’ai ajouté les miennes, dans lesquelles je me suis attaché surtout, par des rapprochements multipliés, à coordonner, autant que possible, les pensées éparses de Vauvenargues. Grâce à ces rapprochements, qui signalent tour à tour les ressemblances ou les différences, le lecteur aperçoit mieux la suite du livre, et se rend un compte plus exact de la persistance ou de l’incertitude de l’auteur sur une même idée. On trouvera d’ailleurs, à la fin du volume supplémentaire, un Index alphabétique aussi complet que possible. Quoique j’aie remarqué et noté dans Vauvenargues bien des passages contestables, ou mêmes contradictoires, cependant, je n’ai pas discuté avec lui, si ce n’est dans le Traité sur le Libre-Arbitre, où ses opinions sont tellement extrêmes que je n’ai pu me défendre de les combattre[10]. Je n’ai pas donné non plus de biographie expresse de Vauvenargues : l’histoire de la vie d’un homme à qui le temps et les occasions d’agir ont si cruellement manqué, se réduit à peu près à l’histoire de ses sentiments et de ses idées, c’est-à-dire à une biographie purement morale, que j’avais indiquée déjà dans l’Éloge, et que j’ai achevée dans le commentaire des œuvres. Toute la vie de Vauvenargues est dans son livre, et le lecteur aura peut-être quelque plaisir à soulever avec nous le voile léger qui la couvre. Je puis, d’ailleurs, en donner l’assurance, Vauvenargues n’aura rien à perdre à cette minutieuse épreuve, que peu d’écrivains pourraient soutenir ; on l’aimait, dans le demi-jour où il était resté ; on l’aimera plus encore, dans la pleine lumière où j’ai tâché de le mettre.

Il me reste à m’excuser d’un aussi long avertissement ; mais le lecteur voudra bien remarquer peut-être que si j’ai eu beaucoup à dire, c’est que j’avais eu beaucoup à faire.

G.









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  1. Paris, Delance, vol. in-12, réimprimés en 2 vol. in-8o.
  2. Paris, 1806, Dentu, vol. in-8o.
  3. Quelques années auparavant, l’Académie française avait chargé de l’examen des œuvres de Vauvenargues, au point de vue de la langue et du goût, une commission dont faisaient partie Garat. Destutt-Tracy, Suard et Morellet. Il est probable que les notes de ces deux derniers, dans l’édition dont il s’agit, sont le résultat de cet examen, qui ne fut jamais achevé, mais qui, certainement, avait été commencé.
  4. Aidé dans mes recherches par quelques amis des lettres, j’ai à leur exprimer ici ma gratitude, et à citer, entre autres, MM. Victor Cousin, l’illustre maître ; L. Barbier, conservateur-administrateur de la Bibliothèque du Louvre ; Rochebilière, de la bibliothèque Sainte-Geneviève ; Rouard, bibliothécaire de la ville d’Aix, et Chambry, qui fait, avec la meilleure grâce, les honneurs de sa belle collection de documents et lettres autographes. Quant à M. G. Lucas-Montigny, à qui je dois la cession toute désintéressée d’une longue et importante correspondance entre Vauvenargues et le marquis de Mirabeau, je ne saurais mieux le remercier, qu’en le signalant à la reconnaissance du public.
  5. Voir la note de la page XXII de l’Éloge de Vaugenargues.
  6. Au nombre de ces morceaux se trouvent 23 Réflexions sur divers sujets, et 23 Caractères.
  7. Reste, cependant, la note de Saint-Vincens ; mais, si l’on se rappelle qu’il est mort en 1798, c’est-à-dire plus d’un demi-siècle après Vauvenargues, à l’âge de 87 ans, et que la note dont il s’agit a pu être écrite dans les dernières années de sa vie, on imagine aisément que ses souvenirs pouvaient être peu présents ou affaiblis. La difficulté ne tient d’ailleurs qu’à un mot, et serait entièrement levée, si Saint-Vincens eût écrit qu’une partie des notes était de la main de Vauvenargues, car ce dernier point n’est pas douteux. Peut-être, enfin, le Président a-t-il fait confusion entre deux exemplaires, dont l’un aurait été annoté exclusivement par l’auteur, et serait aujourd’hui perdu. Vauvenargues corrigeait beaucoup ; or, les notes de l’exemplaire d’Aix se composant plutôt de remarques critiques que de corrections, l’auteur, en vue de sa seconde édition, a dû faire, sur un autre exemplaire, un travail plus approprié, et il ne serait pas surprenant que la découverte d’un semblable travail donnât, quelque jour, raison à cette dernière conjecture.
  8. Quelques mots sur un exemplaire de la première édition des œuvres de Vauvenargues, avec notes manuscrites aux marges, par M. Mouan, avocat, sous-bibliothécaire d’Aix. — Aix, 1856.
  9. Dans sa Préface, Suard dit expressément qu’il a trouvé les notes de Voltaire à la marge d’un exemplaire de la seconde édition de Vauvenargues (1747) ; or, l’exemplaire d’Aix est de la première (1746).
  10. Ai-je besoin d’ajouter qu’on reconnaîtra, aux initiales dont elles sont signées, les notes de Voltaire, Fortia, La Harpe, Suard, Morellet, Brière, et les miennes ?