Barnabé Rudge/58

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Hachette (p. 144-152).
CHAPITRE XVI.

Ils ne mirent pas longtemps à regagner la caserne, car l’officier qui commandait le détachement voulait éviter de soulever le peuple par un déploiement inusité de force militaire dans les rues, et, par humanité d’ailleurs, il désirait donner le moins de tentation possible à la foule d’essayer quelque rébellion pour arracher le prisonnier de ses mains : car il savait bien que cela ne manquerait pas d’amener une effusion de sang fatale, et que, si les autorités civiles qui l’accompagnaient l’autorisaient à faire tirer ses soldats, la première décharge ferait tomber sur la place un grand nombre d’oisifs innocents, victimes de leur sotte curiosité. Il fit donc marcher sa troupe au pas accéléré, évitant avec une prudence louable les rues populeuses et les carrefours, prenant de préférence le chemin qu’il croyait le moins infesté par les partisans du désordre. Grâce à ces sages précautions, non seulement ils purent retourner dans leurs quartiers sans embarras, mais ils déjouèrent complétement les projets d’une bande d’insurgés qui s’étaient rassemblés dans une grande rue qu’on s’attendait à leur voir prendre, et qui restèrent encore à les attendre, pour délivrer le prisonnier, longtemps après qu’ils l’avaient déjà déposé en lieu de sûreté, avaient fermé les portes de la caserne, et doublé les postes de chacune d’elles pour mieux en assurer la défense.

Une fois là, le pauvre Barnabé fut coffré dans une chambre carrelée, où il n’y avait qu’une odeur empestée de tabac, un air lourd et épais, avec un grand lit de camp pour vingt hommes au moins. Quelques soldats à moitié déshabillés flânaient par là, ou mangeaient à la gamelle. On voyait des uniformes pendus à des rangées de portemanteaux le long du mur blanchi à la chaux, et une demi-douzaine d’hommes couchés sur le dos, dormant et ronflant de concert comme des bienheureux. Il avait à peine eu le temps de faire toutes ces remarques, lorsqu’on le tira de là pour l’emmener, à travers le champ de parade, dans une autre partie du bâtiment.

Dans une pareille situation, un coup d’œil suffit pour vous faire voir bien des choses, qui vous prendraient bien plus de temps dans un moment moins critique. Il y a cent à parier contre un que, si Barnabé avait flâné en pleine liberté à la porte, il serait sorti de là avec une idée très-imparfaite des localités, et qu’il ne s’en serait guère souvenu plus tard. Mais, avec les mains serrées dans les menottes, en traversant le préau sablé des exercices du régiment, il ne laissa rien passer. L’aspect sec et aride de cette place poudreuse, et du bâtiment de briques dans toute sa nudité ; les habits pendus ça et là à quelques fenêtres ; les hommes en bras de chemises et en bretelles se balançant à quelques autres, la moitié du corps en avant ; les jalousies vertes dans le quartier des officiers, avec quelques arbustes chétifs sur le devant ; les tambours étudiant dans une cour éloignée ; les hommes à l’exercice ; les deux soldats qui, tout en portant à eux deux le panier de provisions, se regardent du coin de l’œil, en voyant passer Barnabé, et font un geste de la main en travers de la jugulaire sans rien dire, triste augure pour la prisonnier ; le joli sergent qui se dandine, sa canne à la main et sous son bras un registre à fermoir, recouvert de parchemin ; les lascars, au rez-de-chaussée, occupés à brosser et à astiquer différents articles de toilette, qui s’arrêtent pour le regarder et se parlent tous ensemble, faisant retentir de leurs voix bruyantes les échos des longs corridors et des sonores galeries ; tout, jusqu’au râtelier d’armes devant le poste, et au tambour attaché dans un coin à son ceinturon blanchi à la terre de pipe, se grave dans son esprit, comme s’il avait passé par là plus de cent fois, ou qu’il fût resté un jour entier avec eux, au lieu de cette minute d’observations faites en courant.

On le mena dans une petite cour pavée, sur le derrière, et là on ouvrit une grande porte, doublée de fer, percée, à cinq pieds du sol, de quelques trous pour laisser pénétrer l’air et le jour. C’était le cachot, où on le mit incontinent ; puis on ferma la porte sur lui, on plaça devant une sentinelle, et on l’abandonna à ses réflexions.

Ce caveau ou trou noir, selon l’inscription peinte sur la porte, était très-sombre, et, comme le dernier occupant était un déserteur ivre, la place n’était pas propre. Barnabé alla trouver à tâtons un peu de paille au fond, et, regardant du côté de la porte, essaya de s’accoutumer à l’obscurité, ce qui n’était pas facile, en sortant de la clarté d’un beau soleil couchant.

Il y avait au dehors une espèce de portique ou colonnade, qui interceptait encore le peu de jour qui aurait pu à grand’peine faire son chemin par les petites ouvertures pratiquées dans la porte. Les pas cadencés de la sentinelle retentissaient avec un bruit monotone sur la dalle, de long en large, rappelant à Barnabé la garde qu’il avait montée lui-même une heure auparavant ; et, chaque fois que le factionnaire passait et repassait devant la porte, son ombre obscurcissait tellement le caveau que, quand elle disparaissait, il semblait que le jour revenait : c’était comme une nouvelle aurore.

Quand le prisonnier fut resté quelque temps assis sur la paille, à regarder les crevasses de la porte et à écouter les pas éloignés ou rapprochés de la sentinelle, le soldat se tint tranquille en place. Barnabé, qui n’avait pas assez de prévoyance pour réfléchir au sort qu’on pouvait lui réserver, avait été bercé dans une espèce de sommeil enfantin par le pas régulier du factionnaire ; mais, quand l’autre s’arrêta, cela le réveilla, et alors il s’aperçut qu’il y avait deux hommes en conversation sous la colonnade, tout près de la porte de sa cellule.

Il lui était impossible de dire s’il y avait longtemps qu’ils étaient là à causer, car il était tombé dans un état d’apathie où il avait totalement oublié sa position réelle, et, au moment où il entendit les pas du soldat cesser, il était en train de répondre tout haut à une question que lui faisait Hugh dans l’écurie : à quel propos ? sur quel sujet ? qu’allait-il lui répondre ? Quoiqu’il eût encore la réponse sur les lèvres en s’éveillant, il ne se rappelait plus la moindre chose. Les premiers mots qui frappèrent ses oreilles furent ceux-ci :

« Pourquoi donc l’à-t-on amené là, si on devait le reprendre sitôt ?

— Et où vouliez-vous qu’il allât ? Croyez-vous qu’il pût être nulle part aussi en sûreté qu’avec les troupes du roi ? Que vouliez-vous qu’on en fît ? Fallait-il pas le livrer à un tas de péquins qui tremblent dans leurs bottes à en enfoncer la semelle, à la moindre menace des gueux de son bord ?

— Pour ça, c’est vrai.

— Si c’est vrai ! … tenez ! je vais vous dire. Je voudrais tant seulement, Tom Green, être capitaine comme je ne suis que sous-officier, et qu’on me donnât à commander deux compagnies…. je ne demanderais que deux compagnies…. de mon régiment. Après ça qu’on m’appelle pour apaiser l’émeute. Qu’on me donne carte blanche et une demi-douzaine de cartouches à balle….

— Ouais ! disait l’autre voix, vous en parlez bien à votre aise, mais ils ne vous donneront pas carte blanche. Et si le magistrat ne veut pas vous autoriser, qu’est-ce que vous voulez que fasse l’officier ? »

Cette difficulté parut embarrasser le sergent, qui s’en tira en envoyant les magistrats à tous les diables. « De tout mon cœur, répondit son ami.

— Qu’y a-t-il besoin d’un magistrat ? reprit l’autre. Un magistrat, dans ce cas-là, ce n’est qu’une cinquième roue à un carrosse, une espèce d’intrus inconstitutionnel. Voilà une proclamation. Voilà un homme désigné dans la proclamation. Voilà des preuves contre lui, et un témoin oculaire. Que diable ! mettez-le en place, et tirez-lui une balle dans la tête, monsieur. Pour quoi faire un magistrat ?

— Quand est-ce qu’on le mène devant sir John Fielding ? demanda le premier interlocuteur.

— Ce soir, à huit heures, répondit l’autre. Eh bien ! voyez un peu les suites de tout ça. Le magistrat l’envoie à Newgate. Bon ! nous l’amenons à Newgate. Les insurgés nous attaquent. Nous reculons devant les insurgés. On nous jette des pierres, on nous insulte : nous ne tirons pas un coup de fusil. Pourquoi ça ? Parce qu’il y a des magistrats. Que le diable emporte les magistrats ! »

Après s’être donné la consolation d’épuiser toutes les malédictions de son vocabulaire contre les magistrats, l’homme ne fit plus entendre qu’un grognement sourd, qui lui échappait de temps en temps, toujours à l’adresse de ces autorités respectables.

Barnabé, qui avait encore assez d’esprit pour comprendre que cette conversation l’intéressait directement, resta parfaitement tranquille jusqu’à la fin ; puis, quand ils ne dirent plus rien, il reprit à tâtons le chemin de la porte, et jetant un coup d’œil par les trous ventilatoires, il essaya de voir ce que c’était que les hommes qu’il venait d’entendre causer là.

Celui qui condamnait en termes si énergiques le pouvoir civil, était un sergent, pour le moment employé, comme on le voyait aux rubans qui flottaient sur sa calotte, au service du recrutement. Il était appuyé de côté contre un pilier, presque en face de la porte, et, tout en grommelant entre ses dents, il dessinait avec sa canne des arabesques sur le trottoir. L’autre avait le dos tourné au cachot, et ne laissait voir à Barnabé que sa forme. À en juger par les apparences, c’était un bel homme, bien taillé, bien tourné, mais qui avait perdu le bras gauche. On l’avait amputé entre le coude et l’épaule, et sa manche flottante et vide était croisée sur sa poitrine.

C’est sans doute à cette circonstance qu’il dut d’attirer de préférence l’attention et l’intérêt de Barnabé. Il avait quelque chose de militaire dans la tenue, et il portait une toque gracieuse et une veste qui dessinait bien sa taille. Peut-être avait-il déjà servi ; dans tous les cas il ne pouvait pas y avoir bien longtemps, car il était encore tout jeune.

« Bon ! bon ! dit-il d’un air pensif. Que la faute en soit où ça voudra, il n’en est pas moins vrai qu’il est triste de revenir dans ma bonne vieille Angleterre pour la voir dans cet état-là.

— Je suppose que les cochons vont s’en mêler, dit le sergent, avec une imprécation contre les émeutiers, à présent que les oiseaux leur ont déjà donné l’exemple.

— Les oiseaux ! répéta Tom Green.

— Mais oui, les oiseaux, répéta le sergent d’un air bourru. Est-ce que vous n’entendez plus votre langue ?

— Ma foi ! je ne vous comprends pas.

— Vous n’avez qu’à aller voir au poste : vous y trouverez un oiseau qui sait leur cri de ralliement comme pas un d’eux ; vous l’entendrez brailler : Pas de papisme ! comme un homme, ou comme un diable, car il prend lui-même ce titre, et franchement je crois qu’il a raison. Il faut que le diable soit déchaîné quelque part dans Londres. Dieu me damne ! si on voulait me croire, je lui aurais bientôt tordu le col. »

Le jeune manchot s’était reculé de deux ou trois pas pour aller voir l’animal, quand la voix de Barnabé l’arrêta :

« C’est à moi, cria-t-il, moitié riant, moitié pleurant ; c’est mon chéri, mon ami Grip. Ha ! ha ! ha ! n’allez pas lui faire du mal ; il ne vous en a pas fait. C’est moi qui lui ai appris ce qu’il sait : ce n’est donc pas sa faute, c’est la mienne. Vous devriez bien me l’apporter. C’est le seul ami que j’aie à présent. Avec vous, voyez-vous, il se gardera bien de danser, de causer ou de siffler ; mais avec moi, c’est bien différent, parce qu’il me connaît ; vous ne croiriez jamais comme il m’aime. Vous n’êtes pas capable d’aller faire du mal à un oiseau, n’est-ce pas ? Vous êtes un brave soldat, monsieur ; vous n’iriez pas faire du mal à une femme ou à un enfant : un oiseau, c’est tout comme. »

Cette dernière supplication s’adressait au sergent, que Barnabé, d’après son habit rouge et ses épaulettes, jugeait d’un grade assez élevé dans les honneurs militaires, pour pouvoir décider d’un mot la destinée de Grip. Mais ce gentleman, pour toute réponse, l’envoya au diable comme un brigand de rebelle qu’il était, et jurant par le sang, par la mort, par la tête, etc., finit par l’assurer que, si cela ne dépendait que de lui, il aurait bientôt coupé le sifflet de l’oiseau…. et de son maître par-dessus le marché.

« Vous êtes bien brave en paroles avec un pauvre homme en cage, dit Barnabé furieux. Si j’étais seulement de l’autre côté de la porte qui nous sépare, et que nous fussions entre quatre yeux, je vous ferais bientôt chanter une autre gamme…. Oui, oui, remuez la tête tant que vous voudrez…. je vous ferais chanter une autre gamme. Tuer mon oiseau ! …. Eh bien ! essayez. Tuez tout ce que vous voudrez ; mais gare aux représailles, quand ceux qui ont les mains liées pour le quart d’heure seront en état de vous le rendre ! »

Après ce beau défi, il se jeta dans le coin de son cachot, en marmottant :

« Au revoir, Grip…. au revoir, mon bon vieux Grip ! »

Puis il versa des larmes, pour la première fois depuis sa captivité, et se cacha la figure dans la paille.

Il avait eu d’abord dans l’idée que le manchot aurait pris son parti, ou qu’au moins il lui aurait dit un mot ou deux d’encouragement. Pourquoi ? c’est ce qu’il n’aurait pu expliquer, mais enfin il s’était imaginé ça. Le jeune invalide, en l’entendant parler, avait pris soin de ne pas se retourner de son côté, et de se tenir immobile, sans dire un mot, écoutant attentivement chaque mot de ce que disait Barnabé. Peut-être était-ce cette attention de sa part, ou sa jeunesse, ou son air franc et honnête, sur lesquels le prisonnier avait bâti ses suppositions. Dans tous les cas, il avait bâti sur le sable. L’autre s’en alla tout de suite quand Barnabé eut fini de parler, sans lui répondre, sans se retourner seulement de son côté. Tant pis ! tant pis ! Il voyait maintenant que tout le monde était contre lui ; il aurait bien dû s’en douter : « Au revoir, mon vieux Grip, au revoir. »

Au bout de quelque temps, on vint ouvrir sa porte et l’appeler pour sortir. Il fut aussitôt sur pied : car il n’aurait pas voulu, pour tout au monde, leur laisser croire qu’il eût la moindre émotion, la moindre crainte. Il sortit donc et se mit à marcher comme un homme, en les regardant face à face.

Pas un des soldats qui l’accompagnaient ne fit seulement attention à cette fanfaronnade. Ils le ramenèrent au champ d’exercice par le même chemin qu’ils avaient pris pour venir, et s’arrêtèrent là, au milieu d’un détachement deux fois aussi nombreux que celui qui l’avait fait prisonnier dans l’après-midi. L’officier, qu’il reconnut, lui dit en peu de mots de bien faire attention que, s’il essayait de s’échapper, quelle que fût l’occasion qu’il pût rencontrer de le faire avec une chance de succès, il y avait là des hommes dont la consigne était de faire feu sur lui au moment même. Après quoi ils l’enveloppèrent comme la première fois, et l’emmenèrent de nouveau.

C’est dans cet ordre invariable qu’ils arrivèrent à Bow-Street[1], suivis et pressés de tous côtés par une foule toujours croissante. Là on le fit comparaître devant un brave monsieur qui n’y voyait pas clair, et on lui demanda s’il avait quelque chose à dire :

« Moi ? rien. Que diable voulez-vous que j’aie à vous dire. »

Après quelques minutes de conversation entre les officiers de police, dont il ne prit aucun souci, tant il montrait d’indifférence, on lui annonça qu’il allait se rendre à Newgate, et on l’emmena.

Quand il fut dans la rue, il était si bien entouré des deux côtés par les soldats qui le pressaient qu’il ne pouvait rien voir. Seulement, au murmure qu’il entendit, il reconnaissait la présence d’une foule considérable, et la mauvaise disposition des assistants pour la troupe, qui se manifestait par des malédictions et des coups de sifflets. Avec quelle ardeur il prêtait l’oreille pour démêler la voix de Hugh ! Mais non, dans toutes ces voix confuses, il n’y en avait pas une qu’il connût. Hugh ne serait-il pas aussi prisonnier par hasard ? alors, adieu l’espérance !

À mesure qu’ils approchaient de la prison, les huées du peuple devenaient plus violentes. On jetait des pierres à la troupe. De temps en temps on faisait contre les soldats une poussade qui leur faisait perdre un moment l’équilibre. L’un d’eux, tout près de lui, atteint d’un coup à la tempe, mit son fusil en joue ; mais l’officier releva l’arme avec son sabre, en lui défendant, sous peine de mort, de tirer. Ce fut là le dernier incident que Barnabé put voir d’une manière un peu distincte : car immédiatement après, il fut poussé, ballotté, agité comme une barque sur une mer orageuse. Mais, c’est égal, qu’on poussât par-ci ou par-là, il retrouvait toujours fidèlement ses gardes à ses côtés. Deux ou trois fois il fut renversé avec eux ; mais, même alors, il ne pouvait échapper un seul moment à leur vigilance. Ils étaient debout sur leurs pieds, et le serraient de près, avant que leur prisonnier, embarrassé d’ailleurs par ses menottes, eût pu seulement songer à jouer des jambes.

Ainsi gardé, il se sentit bientôt hissé et soulevé jusqu’au haut d’un étage d’escalier, d’où il put un moment embrasser, d’un coup d’œil, les assauts livrés par la foule aux soldats, qu’on voyait çà et là faisant des efforts désespérés pour rejoindre leurs camarades. Puis, le moment d’après, tout devint sombre et ténébreux. Il se trouva dans le corridor de la prison, au centre d’un groupe d’hommes inconnus.

Il y avait là un serrurier qui l’attendait pour river ses fers. Trébuchant sous le poids inaccoutumé des chaînes dont il était chargé, il fut conduit à un cachot solide, en pierre de taille, où on le laissa en toute sécurité, après avoir fermé sur lui toutes les serrures, les barres et les verrous de la porte. Il a.vait un compagnon qu’on lui avait jeté là avec lui, sans qu’il s’en aperçût d’abord : c’était Grip, qui, la tête basse et les plumes noires toutes chiffonnées et tout ébouriffées, semblait comprendre et partager la triste fortune de son maître.

  1. Il y a là un des tribunaux de première instruction pour les affaires criminelles.