Bepred Breizad/Le Soir dans une Ferme, en Été
Voici le soir ! Le soleil va se cacher, — il descend derrière la colline, si rouge, si rouge ! — Demain encore il fera chaud, et le foin séchera, — et le blé mûrira : il n’y a pas un nuage.
Les poules montent sur le perchoir, et voilà la servante — qui lave la chaudière : il n’y aura pas de pommes de terre — à souper, mais de la bouillie de sarrazin : le domestique Iouenn vraz — vient là-bas portant sur le dos un faix d’herbe verte. —
— « Laouik, allez vite quérir les vaches au champ ! » — Et voilà aussitôt le garçon vacher parti, en faisant claquer — son fouet sur la route, nu-tète, nu-pieds, — et en passant dans le bois il chante une chanson. —
Voilà un troupeau de vaches qui descend en courant, — et Laouik les suit : écoutez, je vous prie, — comme il fait claquer son fouet, comme il appelle chacune — de ses vaches par son nom : la noire, la mouchetée, la maigre.
— « Où allez-vous par là ?… en avant, en avant, la tête blanche ! — Je vous amènerai par ici ! plus vite donc, la jaune ! — Et toi, taureau du diable ! je t’apprendrai, méchante bête, — à contrarier ainsi les autres !
» Allez tous à l’eau, à l’étang ! » et les vaches beuglant, — Laouik faisant claquer son fouet et criant à haute voix, — et les pourceaux réclamant leur souper de la servante, — voilà la musique que l’on entend autour d’une ferme ! —
Voilà maintenant les domestiques qui reviennent : — les uns sont des faucheurs, les autres des moissonneurs, — et tous sont bien fatigués : depuis le matin, de bonne heure, — ils sont à moissonner ou à faucher sous le soleil. —
Ils échangent peu de paroles pendant le repas, — il parle peu, celui qui est brisé par la peine : — et pourtant nul n’ira se coucher — avant les prières, dites en commun.
Les bestiaux sont à l’étable, les hommes sont dans leurs lits, — et maintenant on n’entend aucun bruit, si ce n’est parfois — le chien aboyant à quelque passant, — ou le rossignol de nuit, dans le chêne, au-dessus de la maison. —