Bepred Breizad/Yvonne Kerizell
À Kerizell est une jeune fille, — dont le nom est Môna ou Monik : — vous ne trouveriez pas sa pareille dans le pays : — je l’aime du fond de mon cœur, —
Il n’est pas au monde de paroles, — en aucune langue, ni de chansons, — pour dire, comme je le voudrais, — combien elle est et sage et jolie. —
Elle est plus belle que le soleil, quand il brille, — au matin, sur la terre, — et plus fraîche aussi que la rose, — quand elle est humide de la rosée du soir ! —
Son corps est si dégagé et si mince ! — comme le lys elle est pure : — son pied est si petit et si léger ! — son œil si vif et si bleu ! —
Elle ressemble à un petit agneau — folâtrant auprès de sa mère, — au mois de mai, parmi les fleurs — et les fougères, dans les prés.
Ses cheveux sont longs et blonds, — et son petit cœur est si joyeux ! — Son front ressemble à une demi-lune ; — je crois qu’elle est la sœur des Auges. —
Son regard est chaud et pétillant, — sa voix ressemble à celle du rossignol, — quand il chante, la nuit, près de son nid, — sur les arbres élevés, dans les bois de Breiz. —
Ses joues sont rouges et blanches ; — ses lèvres sont deux cerises, — si fraîches, si jolies et si luisantes, — qu’elles nous mettent l’eau à la bouche ! —
Ses dents ressemblent à un troupeau — de petits agneaux blancs, dans un pré, — et son haleine parfume, — comme le chèvre-feuille ou l’aubépine au bois. —
Oh ! qu’elle est belle à voir, — les dimanches, quand elle a fait toilette, — une coiffe de dentelles sur la tête, — et une petite croix d’argent au cou ! —
Jupe de drap, souliers à rubans, — avec un tablier à raies, — et si souriante, si légère dans sa démarche, — l’œil si clair et si vif ! —
Non, dans toutes les paroisses d’alentour, — il n’en est pas une autre, dans tout le pays, — aussi jolie et aussi sage que Mônik, — Mônik Kerizell, ma douce ! —
Me voilà âgé de vingt ans ; — l’an prochain je tire au sort : — oh ! s’il plaisait à Dieu — que je ne sois pas soldat du roi ! —
Le vieux curé qui nous baptisa, — alors, certes, nous mariera encore, — devant Dieu et la Vierge, — devant les Saints de notre pays et les Anges ! —