Bibliothèque Canadienne/Tome I/Numéro 1/Découvertes

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Bibliothèque Canadienne/Tome I/Numéro 1
La Bibliothèque Canadienne, Tome I, Numéro 1, Texte établi par M Bibaud, éditeur et propriétaire, Imprimerie J. LaneVolume I, Numéro 1 (juin 1825) (p. 32-34).

DÉCOUVERTES.


Tous les ans, tous les mois, toutes les semaines, presque tous les jours, les journaux européens annoncent de nouvelles découvertes, d’armes, de vases, de bustes, de médailles, de tablettes, de manuscrits, &c. de l’antiquité grecque ou romaine ; et si cela continue, le tems sera bientôt arrivé où l’on aura recouvré, à peu de chose près, tout ce qui était perdu. La dernière découverte importante annoncée par les journaux, à notre connaissance, est la suivante. Nous aurions désiré des détails plus circonstanciés et des explications plus satisfaisantes ; mais enfin nous donnons la chose telle que nous la trouvons.

Découverte d’anciennes tablettes grecques relatives à la musique. L’incertitude où laissent tous les traités sur la musique des anciens, et l’obscurité dans laquelle le sujet est enveloppé en conséquence, rendent particulièrement intéressante la découverte de deux documens d’une haute antiquité et d’une authenticité incontestable. Ces documens sont deux tablettes de métal, qui datent de 709 ans avant l’ère chrétienne, sur lesquelles est gravé en ancien grec, le récit d’une fête musicale donnée à Épyros (Corinthe) par Lassus d’Hermione, la troisième année de la seizième olympiade, ou l’an 709 avant Jésus-Christ. Cette découverte, qui doit intéresser également et l’antiquaire et l’amateur de l’art, jette plus de lumières sur la nature de la musique grecque dans ces tems anciens, que n’ont pu faire les labeurs de tous ceux qui ont écrit sur le sujet depuis la renaissance des lettres.

On a fait dernièrement de nouvelles fouilles dans les ruines de Pompeii, et l’on y a trouvé un beau buste de Ciceron, bien préservé. On y remarque le pois chiche (en latin cicer) qui lui a fait donner le surnom qu’il a rendu si illustre. Il paraîtrait par là que les anciens sculpteurs s’étudiaient à attraper l’exacte ressemblance.

Le Canada a aussi ses monumens d’antiquité ; et quoique les découvertes que l’on peut faire en ce genre ne datent pas de fort loin, et ne soient pas de nature à intéresser beaucoup en pays étrangers, elles doivent avoir pour nous Canadiens, au moins assez de prix pour que nous ne dédaignions pas d’en faire mention.

Le Vendredi, 23 Juillet de l’année dernière, en creusant sur l’emplacement des Récollets, à Québec, vis-à-vis du palais de justice, on a trouvé la première pierre de leur église, avec une plaque de plomb sur laquelle était cette inscription :

P. O. M.
Anno Domini 1693, die 14 Julii, quæ
seraphici Bonaventuræ festo solemnis
agebatur ; sedente Innocentio XII. summo Pontifice,
regnante Rege christianissimo
Ludovico Magno XIIII. ;
Ad perpetuam Dei gloriam,
Virginis deiparæ honorem,
seraphici patris Francisci laudem,
necnon divi Antonii de Paduâ
expressam invocationem,
Illustrissimus ac Reverendissimus Domnus Domnus
Joannes de la Croix de Saint-Vallier,
secundus Episcopus Québecensis ;
reædificandæ novæ Fratrum minorum Recollectorum
Ecclesiæ et Domûs gratiâ, loco Conventûs antiqui
Nostræ Dominæ Angelorum,
eorumdem Fratrum, ab ipsomet eximiâ charitate
et pietate in xenodochium mutuati et
mutati, necnon ab iisdem Fratribus liberè cessi ;
hunc hujusce Ecclesiæ et Conventûs
sancti Antonii de Paduâ
primarium lapidem
admovit.

Et sur le revers :

Eidem ministrabat
F. Hyacinthus Perrault,
Commissarius provincialis totius
Missionis, Guardiunus dicti Conventûs,
et novi Ædificii promotor indignus.

Le Vendredi, 6 Août de la même année, en creusant sur le même emplacement, on a trouvé, à quelques pas plus au sud, une autre pierre contenant l’inscription suivante :


D. O. M.
Anno Domini 1693, 14 Julii
Seraphim sacrâ die,
illustrissimus ac nobilissimus Dominus
Dominus Joannes Bochart de Champigny
Noroy, rei judiciariæ civilis necnon ærarii
regii in totá Novâ Franciâ præfectus,
concessis à se Fratribus Minoribus Red. Missionum
Canadensium, pro insigni erga ipsos charitate,
in vicinio suo, terrâ et fundo eorum
Nostræ Dominæ de Portiunculâ nuncapati,
propè Quebecum, in memoriale perenne veteris
eorum Conventûs, tunc usui Pauperum sacri
hujus primarii Lapidis eorum novæ sancti
Antonii de Paduâ Ecclesiæ et Conventûs
Quebecensis positione munificentium
et benevolum affectum
consignavit.