Bibliothèque historique et militaire/Histoire générale/Livre XXVI

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Histoire générale
Traduction par Vincent Thuillier.
Texte établi par Jean-Baptiste Sauvan, François Charles LiskenneAsselin (Volume 2p. 917-923).
FRAGMENS
DU

LIVRE VINGT-SIXIÈME.


I.


Sentimens généreux de Lycortas dans l’assemblée des Achéens. — Députation au sénat de la part de cette nation. — Callicrate, un des ambassadeurs, trahit sa république et tous les Grecs.


Hyperbate, préteur des Achéens, ayant mis en délibération dans le conseil si l’on aurait égard aux lettres que le sénat avait écrites au sujet du rétablissement de ceux qui avaient été bannis de Lacédémone, le sentiment de Lycortas fut que sur cela l’on devait s’en tenir à ce qui avait été réglé. « Quand les Romains, dit-il, écoutent favorablement les plaintes des malheureux qui ne leur demandent rien que de juste et de raisonnable, ils ne font en cela que ce qu’il leur convient de faire ; mais lorsqu’on leur représente qu’entre les grâces qu’on veut obtenir, les unes passent leur pouvoir, les autres feraient déshonneur et un tort considérable à leurs alliés, ce n’est pas leur coutume de s’opiniâtrer et de forcer ces alliés à leur obéir. C’est aujourd’hui le cas où nous sommes. Faisons connaître aux Romains que nous ne pouvons exécuter leurs ordres sans violer nos sermens, sans aller contre les lois sur lesquelles notre ligue est établie, ils se relâcheront, sans doute, et conviendront que c’est avec juste raison que nous nous défendons de nous soumettre à ce qu’ils nous ordonnent. » Hyperbate et Callicrate furent d’un avis contraire. Selon eux, il fallait obéir, et il n’y avait ni loi, ni serment, ni traité qu’on ne dût sacrifier à la volonté des Romains. Dans ce partage de sentimens, il fut résolu qu’on députerait au sénat pour l’informer de ce que Lycortas avait exposé dans le conseil. Les ambassadeurs furent Callicrate Léontésien, Lysiade de Mégalopolis et Aratus de Sicyone, et on leur donna des instructions conformes à ce qui avait été délibéré.

Quand ces ambassadeurs furent arrivés à Rome, Callicrate, introduit dans le sénat, fit tout le contraire de ce qui lui avait été ordonné. Non-seulement il eut l’audace de blâmer ceux qui ne pensaient pas comme lui, mais il se donna encore la liberté d’avertir le sénat de ce qu’il devait faire. « Si les Grecs ne vous obéissent pas, pères conscrits, dit-il, si l’on n’a égard chez eux ni aux lettres ni aux ordres que vous leur envoyez, c’est à vous seuls que vous devez vous en prendre. Dans toutes les républiques il y a maintenant deux partis, dont l’un soutient qu’on doit se soumettre à ce que vous ordonnez, et que les lois, les traités, tout en un mot doit plier sous votre bon plaisir ; l’autre prétend que les lois, les sermens, les traités doivent l’emporter sur votre volonté, et ne cesse d’exhorter le peuple à s’y tenir inviolablement attaché. De ces deux partis, le dernier est le plus du goût des Achéens, et a le plus de pouvoir parmi la multitude. Qu’arrive-t-il de là ? Que ceux qui se rangent de votre côté sont en horreur chez le peuple, et que ceux qui vous résistent sont honorés et applaudis. Au lieu que si le sénat se déclarait tant soit peu pour ceux qui prennent à cœur ses intérêts, bientôt tous les chefs des républiques seraient pour les Romains, et le peuple intimidé ne tarderait pas à suivre leur exemple. Mais si vous regardez cela comme une chose de peu d’importance, attendez-vous à voir tous ces chefs se tourner contre vous. La raison, je vous l’ai dite, c’est que ce parti a pour lui la multitude, et qu’il y est incomparablement plus considéré que l’autre. Aussi voyons-nous des gens qui, n’ayant pour tout mérite qu’une opposition invincible à vos ordres et un prétendu zèle pour la défense et la conservation des lois de leur patrie, sont parvenus aux plus éminentes dignités de leur république. Continuez, pères conscrits, vous ne pouvez mieux vous y prendre, si vous ne vous embarrassez pas beaucoup que les Grecs vous soient soumis. Mais si vous voulez qu’ils exécutent vos ordres et qu’ils reçoivent vos lettres avec respect, songez-y sérieusement. Sans cela je puis assurer que vous les trouverez toujours rebelles. Jugez de leur résistance future par celle qu’ils viennent de faire. Pendant la guerre de Messène, quelles mesures Q. Marcius n’avait-il pas prises pour empêcher que sans l’aveu des Romains ils n’ordonnassent rien contre les Messéniens ? On les a vus malgré cela décerner la guerre de leur propre autorité, mettre leur pays au pillage, envoyer en exil quelques-uns de leurs plus illustres citoyens, et en faire mourir dans les plus honteux supplices d’autres qui s’étaient rendus à leur discrétion, sans qu’ils fussent coupables d’autre crime que d’avoir pris les Romains pour juges du différend qu’ils avaient avec les Achéens. Depuis combien de temps leur avez-vous écrit de rappeler les exilés de Lacédémone ? Cependant, loin de les rappeler, ils ont fait graver sur une colonne une résolution toute contraire, et se sont engagés par serment à ne jamais les rétablir. Apprenez de ces exemples quelles précautions vous avez à prendre pour l’avenir. » Après ce discours, Callicrate se retira. Les exilés entrèrent après lui, expliquèrent leur affaire en peu de mots et de façon à émouvoir la compassion de leurs auditeurs, et prirent congé.

Un discours aussi favorable aux intérêts de la république que l’était celui de Callicrate ne pouvait qu’être agréable au sénat. Il s’y trouva des sénateurs qui dirent qu’il fallait augmenter le crédit et le pouvoir de ceux qui prenaient en main la défense de l’autorité romaine, et abaisser ceux qui osaient ne pas s’y soumettre. Ce fut alors qu’on prit à Rome, pour la première fois, le funeste parti d’humilier et de décréditer ceux qui, chacun dans sa patrie, pensaient le mieux, et de combler de biens et d’honneurs ceux qui justement ou sans raison tenaient pour la puissance romaine ; parti qui, peu de temps après, multiplia les flatteurs et diminua beaucoup le nombre des vrais amis de la république. Au reste, le sénat ne se contenta pas, pour rétablir les exilés, d’écrire aux Achéens ; il écrivit encore aux Étoliens, aux Épirotes, aux Athéniens, aux Béotiens, aux Acarnaniens, comme voulant soulever tous les peuples contre les Achéens ; et dans la réponse qu’il fit aux députés, sans dire un seul mot des autres, il ne parla que de Callicrate, auquel il serait à souhaiter, dit-il, que tous les magistrats dans chaque ville ressemblassent. Avec cette réponse, ce député revint triomphant dans la Grèce, sans considérer qu’il était la cause des malheurs qui allaient fondre sur toute la Grèce, et en particulier sur l’Achaïe. Car jusqu’à lui on voyait du moins une certaine égalité entre les Achéens et les Romains. Ceux-ci souffraient que les autres allassent en quelque sorte de pair avec eux, parce qu’ils avaient éprouvé leur fidélité dans des temps très-difficiles, je veux dire pendant leurs guerres contre Philippe et Antiochus. Cette petite ligue commençait à se distinguer. Dans le temps dont nous parlons, elle avait déjà fait de grands progrès, lorsque la trahison de Callicrate vint troubler les espérances qu’on avait conçues de ce bel établissement. Je dis trahison, car tel est le caractère des Romains ; nobles dans leurs sentimens et portés naturellement aux belles actions, ils sont touchés des plaintes des malheureux, et sont charmés de soulager ceux qui ont recours à leur protection. Mais si quelqu’un, de la fidélité duquel ils sont sûrs, les avertit des inconvéniens où ils tomberaient en accordant certaines grâces, ils reviennent bientôt à eux, et réforment autant qu’ils peuvent ce qu’ils ont fait. Callicrate, allant à Rome, n’était chargé que de soutenir les droits des Achéens, puisque les Romains ne faisaient aucunes plaintes sur ce qui s’était passé à l’égard des Messéniens, il ne devait pas parler de cette affaire. Il revient ensuite dans l’Achaïe, répandant partout la terreur des Romains, racontant partout, pour effrayer, toutes les circonstances de son ambassade, et faisant peur au peuple qui, ne sachant pas ce qu’il avait dit dans le sénat, et les présens par lesquels il s’était laissé corrompre, le créa d’abord préteur. Il n’eut pas plutôt cette dignité, qu’il rétablit dans leur patrie les exilés de Lacédémone et de Messène. (Ambassades.) Dom Thuillier.


II.


Polybe dit, dans son livre xxvie, que Tibérius Gracchus avait détruit trois cents villes de la Celtibérie. Posidonius justifia plaisamment Tibérius de ce fait, en disant qu’il avait donné à de petits forts le nom de villes pour orner son triomphe. Et peut-être a-t-il raison sur ce fait, car les généraux ne sont pas moins enclins que leurs historiens à cette sorte de mensonges qui prennent de belles phrases pour de belles actions. (Strabo, Geograph. lib. iii.) Schweighæuser.


III.


Persée.


Après avoir renouvelé son alliance avec les Romains, Persée s’appliqua d’abord à se gagner la faveur des Grecs. Pour y parvenir, il fit placarder à Délos, à Delphes et dans le temple de Minerve Étonnienne, des édits par lesquels il rappelait en Macédoine tous ceux qui en étaient sortis, ou pour se dérober aux poursuites de leurs créanciers, ou pour sentences judiciaires, ou pour crimes d’état. Par ces édits, il défendait de plus qu’on les inquiétât sur la route, et il leur permit non-seulement de rentrer dans les biens dont ils avaient été dépouillés, mais encore de se faire payer des revenus que ces biens avaient produits depuis qu’ils étaient en exil. Il remit aux Macédoniens tout ce qu’ils devaient au trésor royal, et mit en liberté tous les prisonniers d’état. Cette douceur et cette générosité firent concevoir aux Grecs de grandes espérances favorables à ce prince, qui d’ailleurs soutenait son rang avec beaucoup de dignité. Il était bien de sa personne et d’une vigueur propre à supporter toutes sortes de travaux. Son air et tous les traits de son visage répondaient à sa jeunesse. En effet, ce prince avait évité les excès de son père pour les femmes et pour la table, et non-seulement il faisait preuve d’une grande sobriété, mais il exigeait encore que les amis qui l’approchaient donnassent un pareil exemple. Tel fut Persée au début de son règne. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


IV.


Eumène et Ariarathe font la paix avec Pharnace. — Articles du traité.


Une occasion si brusque et si terrible disposa Pharnace, et le rendit plus souple à accepter ce que l’on jugerait à propos de lui ordonner. Il envoya des ambassadeurs à Eumène et à Ariarathe, qui lui en députèrent aussi de leur côté ; et après plusieurs ambassades réciproques, le traité fut enfin conclu en ces termes : « Paix perpétuelle entre Eumène, Prusias, Ariarathe, Pharnace et Mithridate. Jamais Pharnace ne mettra le pied dans la Galatie. Tous les traités qu’a faits Pharnace avec les Gaulois, demeureront nuls. Il sortira encore de la Paphlagonie, et y rétablira tous les habitans qu’il en a chassés. Il y remettra les armes et tous les autres effets qu’il en a emportés. Il rendra à Ariarathe les pays qui lui ont été pris, tous les effets qui y étaient et les ôtages qu’il a reçus. Il rendra aussi Tèje, ville près du Pont. » Eumène donna quelque temps après cette ville à Prusias, à qui ce présent fit grand plaisir. Suit dans le traité : « Il renverra tous les prisonniers et les transfuges sans rançon ; outre cela, de l’argent et des richesses qu’il a emportés à Morzias et à Ariarathe, il donnera neuf cents talens à ces deux rois, trois cents à Eumène pour le dédommager des frais de la guerre, et trois cents à Mithridate, gouverneur de l’Arménie, pour avoir pris les armes contre Ariarathe, et cela contre le traité qu’il avait fait avec Eumène. » Dans ce traité furent compris, entre les puissances de l’Asie, Artaxias, qui régnait sur la plus grande partie de l’Arménie et Acusiloque ; entre celles d’Europe, Gatale, prince sarmate ; et entre les états libres, les Héracléotes, les Mésembriens, les Chersonésites et les Cysicéniens. On marque encore dans le traité, en quel nombre et de quelle condition devaient être les ôtages que Pharnace donnerait, et dès qu’ils furent arrivés, les armées se retirèrent. Ainsi se termina la guerre qu’Eumène et Ariarathe avaient avec Pharnace. (Ibid.)


V.


Ambassade des Lyciens à Rome contre les Rhodiens. — Les Rhodiens amènent à Persée Laodice sa femme.


Quand les consuls Tibérius et Claudius furent partis pour leur expédition contre les Istriens et les Agriens, le sénat, sur la fin de l’été, donna audience aux ambassadeurs, qui n’étaient venus à Rome de la part des Lyciens qu’après la victoire remportée sur ce peuple, quoiqu’ils fussent sortis de leur pays assez long-temps auparavant. Car, dès avant que la guerre fût déclarée, les Xanthiens avaient envoyé Nicostrate dans l’Achaïe et à Rome. Arrivé dans cette ville, il fit une description si touchante des maux que la cruauté des Rhodiens faisait souffrir aux Lyciens, que le sénat, pénétré de compassion, députa des ambassadeurs à Rhodes, pour déclarer que par les mémoires faits par les dix commissaires envoyés en Asie pour régler les affaires d’Antiochus, on voyait clairement que quand les Lyciens avaient été attribués aux Rhodiens, ce n’était pas un présent qu’on leur faisait, mais des amis et des alliés qu’on leur donnait. Cette décision ne plut pas aux Rhodiens. Ils crurent que les Romains, ayant appris les dépenses énormes qu’ils avaient faites pour construire la flotte sur laquelle ils avaient conduit la reine Laodice à Persée, voulaient, en les commettant avec les Lyciens, achever d’épuiser leurs épargnes et leurs trésors. En effet, peu de temps auparavant, les Rhodiens avaient équipé tout ce qu’ils avaient de vaisseaux pour faire à la reine la flotte la plus brillante et la plus magnifique. Persée en avait fourni les matériaux, et jusqu’aux soldats et aux matelots qui lui avaient amené Laodice, tous reçurent de lui un ruban d’or. (Ibid.)


Indignation des Rhodiens contre le décret fait par le sénat de Rome en faveur des Lyciens.


Les ambassadeurs romains, en arrivant à Rhodes, publièrent l’arrêt que le sénat avait donné. Cet arrêt excita parmi les citoyens de grands mouvemens. On y fut indigné que les Romains dissent que les Lyciens avaient été donnés à la république rhodienne, non comme présent, mais comme amis et alliés. Ils croyaient avoir déjà donné assez bon ordre aux affaires de la Lycie, il était triste pour eux de se voir menacés de nouveaux embarras ; car les Lyciens, sur le bruit de l’arrivée des ambassadeurs et de l’arrêt qu’ils avaient apporté, recommençaient à se soulever, et paraissaient disposés à revendiquer leur liberté à quelque prix que ce fût. De leur côté, les Rhodiens se persuadèrent qu’il fallait que les Romains eussent été trompés par les Lyciens, et députèrent Lycophron à Rome pour donner au sénat les éclaircissemens dont il semblait avoir manqué. Tel était à Rhodes l’état des affaires, et l’on y avait lieu de craindre que dans peu les Lyciens ne se révoltassent. (Ambassades.) Dom Thuillier.


VI.


Les Dardaniens députent à Rome pour demander du secours contre les Bastarnes et Persée.


Lycophron arrive à Rome, et y plaide la cause des Rhodiens ; mais le sénat diffère de lui répondre. En même temps que lui étaient venus des ambassadeurs de la part des Dardaniens, pour informer le sénat que leur province était inondée d’une multitude de Bastarnes, peuple d’une grandeur gigantesque et d’une valeur extraordinaire, avec lequel, comme avec les Gaulois, Persée avait fait un traité d’alliance ; qu’on y craignait encore plus ce prince que les Bastarnes, et qu’ils avaient été envoyés pour implorer le secours de la république contre tant d’ennemis, des députés de Thessalie attestaient la vérité des plaintes des Dardaniens, et demandaient aussi du secours pour eux-mêmes. Sur l’exposé de ces ambassadeurs, le sénat députa sur les lieux Aulus Postumius, suivi de quelques jeunes gens, pour examiner si le rapport qu’on lui faisait était fondé. (Ibid.)


VII.


Affaires de Syrie. — Commencement du règne d’Antiochus Épiphane.


Polybe, dans le xxvie livre de son Histoire, donne à ce prince le surnom d’Épimane, au lieu de celui d’Épiphane, à cause de tout ce qu’il a fait. Il rapporte sur lui les faits suivans : de temps à autre, à l’insu de ses ministres, on le voyait se promener çà et là dans les rues de la ville, accompagné d’une ou de deux personnes. Il aimait surtout à visiter les boutiques des sculpteurs et fondeurs en or et en argent, et conversait familièrement avec les ouvriers sur leur art. Il recherchait particulièrement la conversation des hommes du peuple, entamait des discussions avec le premier venu, et buvait avec les étrangers de la plus basse classe. Apprenait-il que des jeunes gens donnaient un festin dans quelque lieu, sans prévenir personne de son arrivée, il s’y rendait accompagné de joueurs de flûte et de symphonistes, folâtrait et s’abandonnait aux excès de la table, à tel point que parfois les convives, effrayés de sa présence inattendue, se levaient de table et s’enfuyaient. Souvent, dépouillant le manteau royal, il se promenait dans le forum, vêtu de la toge, comme un candidat devant les comices, donnant la main à ceux-ci, embrassant ceux-là, et sollicitant leurs suffrages pour se faire élire édile ou tribun du peuple. Avait-il obtenu la magistrature qu’il briguait, assis sur une chaise curule d’ivoire, à la mode romaine, il prenait connaissance des actions judiciaires, des causes commerciales, des contrats en litige, et prononçait ses arrêts avec l’attention la plus scrupuleuse. Au spectacle d’une telle conduite, les hommes modérés ne savaient quelle opinion concevoir sur lui. Les uns le regardaient comme un homme simple et facile, d’autres, au contraire, comme un insensé. Il se conduisait avec la même bizarrerie dans les dons qu’il conférait : aux uns il donnait des dés, à ceux-ci de l’or ; il arrivait quelquefois que ceux qui le rencontraient par hasard, et ne l’avaient jamais vu, recevaient les présens les plus inespérés. Il surpassait tous ses prédécesseurs dans les sacrifices et offrandes faites en son nom aux dieux dans les différentes villes, témoin le temple de Jupiter Olympien, à Athènes ; témoin les statues placées autour de l’autel à Délos. Il se rendait habituellement aux bains publics, et au moment du plus grand concours de la multitude ; et, dans ce cas, il faisait porter devant lui des vases remplis des parfums les plus précieux. Un jour, quelqu’un, à cette occasion, lui disant : « Vous êtes bien heureux vous autres rois qui pouvez vous servir de parfums si agréables à l’odorat ; » il ne lui répondit rien, mais le lendemain, étant entré à l’endroit où cet homme se baignait, il ordonna qu’on lui versât sur la tête un très-grand vase des parfums les plus précieux, qu’on appelle stacté ou myrrhe liquide. À cette vue, tous les baigneurs accourent en foule pour se laver dans les restes de ce précieux parfum. Le roi lui-même suivit, mais son pied glissa sur les traces visqueuses qu’avait laissées le parfum ; il tomba au grand amusement de tout le monde. (Athenæi lib. v et lib. x.) Schweigh.