Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850/D
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Né à Saint-Lô, vers 1740, d’une famille noble, sous-lieutenant dans le régiment de Touraine, fit la guerre de Sept Ans.
Maréchal de camp en 1792.
Employé à l’armée d’Italie sous Anselme et Biron, il se distingua auprès de Nice et au col de Negro. Au commencement de 1793, il passa à l’armée des Pyrénées-Orientales, sous le général de Flers, et y commanda un camp retranché de 8000 hommes.
Attaqué le 19 mai par les Espagnols qu’il avait repoussés, il fut forcé d’abandonner cette position ; mais le 30 juin, il arrêta une colonne de 6000 hommes qui marchaient sur Perpignan. Nommé commandant en chef de l’armée Pyrénées-Orientales, après la destitution de de Flers, il s’empara de Puycerda et de toute la Cerdagne espagnole dans l’espace de vingt-quatre heures ; battit de nouveau les Espagnols, le 4 septembre 1793, à Mont-Louis, leur enleva 14 pièces de canon et reprit sur eux une partie du Roussillon.
Nommé, à cause de ces succès, au commandement en chef de l’armée des Pyrénées-Orientales, il se fit battre, le 27 septembre par le général Ricardos.
Destitué pour cet échec, il se rendit à Paris pour rendre compte de sa conduite ; fut emprisonné, mis en liberté et renvoyé à son poste.
Arrivé à Perpignan en mars 1794, il ne put obtenir de Dugommier que quelques bataillons, au lieu de 12000 hommes d’infanterie et de 600 hommes de cavalerie qui devaient être mis à sa disposition. Il fit néanmoins une invasion en Catalogne, y enleva plusieurs positions ou places et mourut de maladie à Puycerda, le 18 avril 1794.
Né le 1er avril 1770 à Paris, avait servi en qualité de soldat avant la révolution dans le régiment de dragons de la Rochefoucauld (11e de ligne), depuis le 1er juin 1788 jusqu’au 3 mars 1790. De retour à Paris au moment de l’organisation des volontaires nationaux, il fut nommé sous-lieutenant dans le 2e bataillon de première formation le 20 juillet 1791, lieutenant le 10 janvier 1792, et donna sa démission pour entrer, en qualité de sous-lieutenant dans le 20e régiment de cavalerie, le 23 du même mois.
Envoyé alors à l’armée du Centre, et en 1793 à celle du Nord, il y obtint le grade de lieutenant le 1er avril 1793, et s’y distingua par deux actions d’une audace peu commune, et qui faisaient présager pour leur auteur un glorieux avenir.
Le 5 avril, il pénétra seul dans le village de Roncques, entre Lille et Menin, gardé par 600 hussards, et tua leur colonel d’un coup de pistolet, au moment où celui-ci donnait l’ordre, de monter à cheval.
Le 14 juillet 1793, après un combat opiniâtre, il avait été assez heureux pour arracher un prisonnier français des mains des Autrichiens, lorsque, saisi lui-même par 15 hussards du régiment de Barcow, il parvint à leur échapper après une lutte terrible et à sauver son camarade. Le général en chef Dampierre, témoin de cet acte de courage, le mit à l’ordre de l’armée, et en rendit compte à la Convention qui nomma Daigremont capitaine le 17 germinal an II (6 juin 1794) ; il servit ensuite aux armées des Ardennes et de Sambre-et-Meuse pendant les ans IV et V.
En l’an iv, sur le Hunsruch, il s’empara d’une pièce d’artillerie française enlevée dans l’action par des hussards de Kaisers, et dégagea une compagnie d’artillerie légère coupée de sa division. Aux environs de Guimmenden, il combattit seul contre 30 cavaliers ennemis. Il cessa d’êlre employé du 9 brumaire an vi au 17 frimaire an vin. La guerre éclata de nouveau avec l’Autriche ; il fut nommé le lernivôse an vin aide-de-camp du général de division Gobert, qu’il suivit à l’armée de réserve. A la bataille de Marengo, il arrêta presque seul, et pendant quelques minutes, une colonne de 1,300 cavaliers, reçut plusieurs coups de sabre sur la tête et fut fait prisonnier sur la fin de la journée ; mais sa captivité ne dura que deux heures. Le 19 vendémiaire an x, il.rentra au 20° régiment de cavalerie comme chef d’escadron, fut incorporé avec son régiment le 18 germinal an xi dans le-14-"de cavalerie (28° de dragons), et, mis à la suite, il devint titulaire par son passage au 8e de cuirassiers le 12 pluviôse an xu, et fut nommé membre de la Légion-d’Honneur le 25 prairial suivant, après les campagnes d’Autriche, de Prusse et de Pologne.
Major au 1er régiment de cuirassiers le 27 avril 1807, il fut nommé colonel du -13e de l’arme le 13 février 1809. Il
rejoignit immédiatement les escadrons de guerre en Espagne, et se trouva le 15 juin aux combats de Maria et de Bel-chitte, où on le vit fournir les charges les plus brillantes contre les Espagnols. Officier de la Légion-d’Honneur le 8 juillet 1809 à la suite de cette affaire, il prit part le 25 novembre à l’expédition du mont Tremendad, et reçut au retour les félicitations du général Suchet. L’année suivante, au siège et à la prise de Lerida, le 14 mai, sa conduite, à la tête du 43e de cuirassiers, lui valut de nouveaux éloges et bientôt après le titre de baron. Général de brigade le 10 avril 1813, il contribua le 25 juin suivant, par une marche forcée de quinze lieues, faite le même jour, à faire échouer les projets des Anglais sur Valence. Contraint de rentrer en France le 29 septembre par le mauvais élat de sa santé, il fut nommé le 18 décembre commandant du département de la Somme, et la Restauralion, qui le maintint dans ce poste, le fit chevalier de Saint-Louis le 26 août 181-4.
Mis en disponibilité le 3 avril 1813, et employé à l’inspection de la cavalerie le 28 mai, il fut choisi par Louis XVIII pour commander le département de l’Allier le lor septembre suivant. Passé dans la 21 division militaire le 13 novembre 1818, il y obtint le commandement de la 2e subdivision le 22 avril 1818, passa à celui de là lre subdivision le 29 avril 1820, et fut admis à la retraite le 17 décembre 1826.
Il est mort à Paris le 7 janvier 1827.
Fils d’un ingénieur de Limoges (Haute-Vienne), naquit dans cette ville, le 23 juin 1763. Jeune, plein d’ardeur et de patriotisme, on le vit accourir à la voix de la patrie, lorsqu’elle appela ses enfants à la défense des frontières menacées par la coalition. La confiance qu’il avait pu inspirer à ses concitoyens lui valut le commandement du second bataillon de la Haute-Vienne.
Ce fut en cette qualité qu’il débuta dans la carrière des armes. Après être parvenu rapidement au grade de général de brigade, il fit la campagne de l’an IV en Allemagne, et celle d’Italie sous les ordres du général Schérer. Il fut blessé à la cuisse le 5 germinal an VII (25 mars 1799), auprès de Castel-Nuovo. Chargé par le gouvernement impérial de diriger les opérations de la conscription dans plusieurs départements, et particulièrement dans celui de l’Oise, le général Dalesme s’acquitta de cette difficile mission avec autant de douceur que de justice.
Elu membre du corps législatif en l’an IX, il fut nommé membre de la Légion d’honneur le k frimaire an XII, commandeur de l’ordre et électeur du département de la Vienne le 23 prairial suivant (12 juin 1804) et baron en 1808. Louis XVIII le fit chevalier de Saint-Louis et lieutenant-général le 16 août, et le 21 octobre 1816.
L’Empereur lui confia le gouvernement de l’île d’Elbe au mois d’avril 1815, gouvernement qu’il avait déjà possédé sous l’Empire.
Le général Dalesme jouissait d’un repos acheté au péril de longs et glorieux services, lorsqu’une mort inopinée vint, le 13 avril 1832, trancher le cours d’une vie entièrement consacrée à son pays, jeter la désolation dans sa famille et plonger ses amis dans une profonde affliction.
né à Périeux-en-Bugey en 1734, s’engagea en 1773 comme simple volontaire dans le régiment de Hainaut, avec lequel il fit les campagnes d’Amérique ; il reçut le brevet d’officier en 1790 et fut nommé général le 22 décembre 1793. Il fit en cette qualité la campagne de 1796 à l’armée d’Italie, fut blessé au passage du Pô et à celui de l’Adda, décida la victoire de Lodi et mérita d’être cité avec éloge dans les rapports de Bonaparte, au siège de Mantoue et à la bataille de Lonato. « Le succès fut quelque temps incertain, » dit le général en chef en parlant de cette dernière action, « mais j’étais tranquille, la brave 32e demi-brigade, commandée par Dallemagne, était là. »
Dallemagne se fit encore remarquer par sa valeur dans une foule d’autres rencontres, et fut nommé général de division. Masséna le chargea en 1798 du commandement de l’armée de Rome.
Il fut envoyé après la rupture du traité de Campo-Formio à l’armée du Rhin ; mais sa santé le força bientôt à demander sa retraite.
Il devint membre du Corps législatif dont il fut nommé questeur an l’an XI, et membre, puis commandeur de la Légion d’honneur en l’an xn.
En 1807 le général Dallemagne reçut la croix de commandeur de l’ordre de la Couronne de fer, et le titre de baron en 1808.
Au mois de mars 1809 il commanda la 23e division militaire à Wesel, puis la le division de l’armée de Hollande qui fut opposée aux troupes anglaises, commandées par lord Chatam. Il répondit encore en cette circonstance difficile à la confiance de l’Empereur.
Il s’était retiré à Nemours, où il vivait dans une retraite absolue, lorsqu’il fut surpris par la mort le 23 juin 1813.
né le 20 avril 1776 à Brives (Corrèze), entra au service en qualité de sous-lieutenant le 13 septembre 1791, dans le 88e régiment d’infanterie ( ci-devant Berwick-Irlandais) au service de France, fut nommé lieutenant le 10 novembre de la même année, fit la guerre sur le Bas-Rhin depuis le commencement des hostilités jusqu’au mois de ventôse an m, et se trouva au siège du fort du Rhin.
Aide-de-camp du général Hédouville, commandant l’armée des Côtes de Cherbourg, le 17 germinal, capitaine à l’élection, le 7 prairial, dans la 159e demi-brigade ; il quitta le général Hédouville au mois de vendémiaire an V pour suivre le général Hoche dans l’expédition d’Irlande ; puis, il alla avec ce dernier général, en Allemagne, lorsqu’il obtint le commandement de l’armée de Sambre-et-Meuse. Après la mort de Hoche, le troisième jour complémentaire an V, le capitaine Dalton retourna auprès du général Hédouville.
Nommé chef de bataillon le 29 vendémiaire an VI, il passa cette même année avec lui à Saint-Domingue, d’où il revint au commencement de l’an vu pour faire la campagne d’Italie en qualité d’aide-de-camp du général Carra-Saint-Cyr.
En l’an vin, il suivit à l’armée de réserve le général Alexandre Berthier, qui le plaça, comme chef d’escadron, à la suite du 10e régiment de dragons. Le général Murat qui l’avait placé sous ses ordres au passage du Pô et à la prise de Plaisance, le 16 prairial, fit le plus grand éloge de sa conduite, qui ne fut pas moins brillante à Marengo le 25 du même mois.
Il fit la campagne de l’an IX dans les Grisons, fut promu le troisième jour complémentaire chef d’escadron titulaire au 10e régiment de dragons, et partit pour rejoindre le détachement de son nouveau corps, qui était alors à Saint-Domingue. A son arrivée, le général Leclerc l’attacha à sa personne le 18 brumaire an X, et le nomma chef de brigade le 15 vendémiaire an XI, à la suite d’une affaire contre les nègres révoltés où il avait eu trois chevaux tués sous lui.
A son retour en France, adjudant-commandant le f0 prairial suivant, pour être employé auprès du ministre de la Guerre, membre et officier de la Légion d’honneur les 15 pluviôse et 25 prairial an xu, il fit partie de l’armée des côtes de l’Océan jusqu’à la fin de l’an XIII ; il servit en l’an XIV au grand quartier-général, combattit à Austerlitz, et obtint le 30 frimaire le commandement du 59° régiment d’infanterie de ligne.
Attaché au 6e corps de la Grande Armée pendant les années 1806 et 1807, il se trouva à Iéna, à Eylau et à Friedland, et tint garnison à Dantzig en 1808.
Promu général de brigade le 21 mars 1809, il rejoignit aussitôt l’armée d’Allemagne et prit part à toutes les grandes opérations de cette campagne. Frappé en 1812 d’un coup de biscaïen au combat de Smolensk, il obtint le 23 septembre l’autorisalion de se retirer sur les derrières de l’armée pour guérir sa blessure. Napoléon qui, dans le cours de cette malheureuse campagne, avait fait plusieurs fois l’éloge de sa bravoure, lui conféra le titre de baron de l’Empire, et lui confia, le 10 juillet 1813, le commandement supérieur de la place et de la citadelle d’Erfurt, où il resta bloqué depuis le 25 octobre 1813 jusqu’au mois d’avril 1814. Il en sortit avec les honneurs de la guerre et ramena sa garnison en France.
Chevalier de Saint-Louis le 8 juillet 1814, commandeur de la Légion d’honneur le 23 août, comte, adjoint à l’inspection générale de l’infanterie dans la 1ere division militaire le 30 décembre, il fut envoyé à Metz, en mars 1815, pour commander la 2e division du 1er corps sous les ordres du duc de Berri, et nommé lieutenant-général le 13 avril, avec ordre d’aller prendre le commandement de la 25e division d’infanterie au 9’ corps d’observation (armée du Var). L’ordonnance du 1" août suivant annula sa nomination et le mit en non-activité comme maréchal de camp.
En 1816 et 1817,on l’employa comme adjoint à l’inspection général de l’infanterie dans la Ve division militaire, et le 27 mai 1818 on le comprit dans l’organisation du corps royal d’état-major.
Lieutenant-général le 25 ayril 1821 et mis en disponibilité, le comte Dalton fut chargé d’une inspection d’infanterie en 182-4 et resta en disponibilité de 1829 à 1830. En 1831, on lui confia le commandement des troupes à Alger. Il rentra en France l’année suivante.
Grand officier de la Légion-d’Hon-neur le 29 avril 1833, membre du comité d’infanterie et de cavalerie en 1834, et, en 1835 commandant de la 2’ division militaire, le général Dalton a été placé dans le cadre de réserve de l’état-major général en 1841.
lieutenant-général, chevalier de Malte, de l’ordre du Saint-Esprit, grand-croix de l’ordre de Saint-Louis, officier de l’ordre de la Légion-d’Honneur. Né en 1754 au château de Crux, il fut reçu au berceau chevalier de Malte.
Il entra au service en 1770 ; en 1779, il passa aux Indes avec le grade de colonel, et y servit d’une manière brillante. Un régiment de Cypayes qu’on lui avait donné à commander ayant un jour lâchement pris la fuite, le jeune colonel s’opiniâtra à rester presque seul sur le champ de bataille, où, accablé par le nombre, il fut fait prisonnier.
La paix, conclue peu de temps après, entre la France et l’Angleterre, le rendit à la liberté et il revint en France. M. de Damas émigra pendant la révolution avec une grande partie des soldats qui avaient fait partie de son régiment et qui ne voulurent pas le quitter. Il ne revint dans sa patrie qu’en 1814.
En 1830 il refusa le serment et se retira de la vie publique, restant fidèle jusqu’au dernier moment à ses croyances et à ses affections politiques.
Mort le 28 mai 1846.
né à Paris en 1764. Il se destinait à l’architecture. Ses connaissances en mathématiques le firent choisir pour aide-de-camp par le général du génie Meunier ; il le suivit à l’armée du Rhin commandée par Custine. Il était dans Mayence assiégée en 1793 et se trouva près de son général lorsque celui-ci fut blessé mortellement, en traversant le Mein.
Nommé adjudant-général, chef d’état-major de Kléber, général de brigade le 6 décembre, il se distingua au passage du Rhin, où il enleva à la baïonnette une position des Autrichiens et eut la jambe traversée par une balle, au moment où, selon l’expression de Jourdan, il montrait à l’armée le chemin de la victoire.
Depuis il continua à figurer avec éclat dans toutes les rencontres où il se trouva.
En Égypte, à l’assaut d’Alexandrie, à la prise de Rosette, au combat de Che-breiss, à la bataille des Pyramides, au combat deGhemélié. Il prit part à la destruction du camp des Mameluks devant El-Arichet fut atteint de la peste à Jaffa.
Nommé général de division, il commanda une partie de la haute Égypte après la mort de Kléber. Après la bataille imprudemment livrée par Menou, le général Damas fut mal traité dans les rapports envoyés à Paris et on le laissa cinq ans sans emploi. Murât le fit remettre en activité.
Il se distingua depuis à la campagne de Russie, commanda dans Mayence en 1814, fut nommé par le roi colonel d’armes, commandant la garde royale de Paris (depuis gendarmerie royale), inspecteur général d’infanterie pendant les Cent-Jours, et conserva ces fonctions de 1816 à 1828, époque où il mourut à Paris.
né à Montbrison (Loire) le 26 décembre 1786. Il est le chef de la branche aînée de la famille de Damas, issu des Guy-Chàtillon, comtes de Forez, anciens comtes de Syrie, d’Antioche, de Ptolémaïs et de Damas.
Ses parents, en émigrant en 1790, le laissèrent à un nourricier qui lui fit garder ses troupeaux. La tête de l’enfant noble fut néanmoins mise à prix ; mais le père nourricier le déroba à toutes les recherches. Plus tard, sa mère rentrée furtivement, le conduisit dans un couvent de capucins du Valais, où il devint enfant de chœur.
Lors de la conquête de la Suisse, le jeune Damas rentra en France, s’engagea, devint sous-lieutenant de dragons, se distingua partout : en Allemagne, en Prusse, en Espagne, en Portugal, mérita la bienveillance de l’Empereur, et compta autant de blessures graves, de chevaux tués sous lui que de campagnes.
De retour à Hanau, après avoir fait les campagnes de Russie et de Saxe, il fut désigné dans le nombre des officiers chargés de présenter à l’impératrice les drapeaux pris aux Bavarois.
L’Empereur, à son arrivée à Paris, lui donna le commandement d’un corps de Partisans qu’il était chargé d’organiser à Lyon pour s’opposer à l’invasion.
Malgré le mauvais vouloir et la trahison du maréchal Augereau, il parvint, aidé par M. de Bondy, maire de Lyon, à réunir 3 à 4 mille hommes dont Augereau ne sut pas ou ne voulut pas tirer parti, mais qui, commandés par le brave Gustave de Damas, ne laissèrent pas de faire beaucoup de mal aux Autrichiens dans plus de vingt rencontres.
A la Restauration, il fut repoussé par sa famille, persécuté comme bonapartiste, exilé, emprisonné.
Après les Cent-Jours, les persécutions recommencèrent. M. de Damas dut, pour soutenir sa famille, devenir tour à tour maître d’armes, professeur de dessin, journaliste et jardinier fleuriste. Rallié à la Révolution de 1830, il ne tarda pas à faire de l’opposition à la royauté de Louis-Philippe; il fut mêlé aux événements de novembre 1831, emprisonné et forcé de se retirer en Suisse, après s’être échappé de sa prison.
Les patriotes italiens conspiraient alors pour l’affranchissement de l’Italie et du Piémont. L’adjudant-général Gustave de Damas reçût des communications des principaux chefs; des députations polonaises lui furent envoyées. On le nomma général de l’expédition. Mais, dégoûté bientôt de s’être mêlé de cette affaire, il envoya sa démission et fut remplacé par Ramorino.
Malgré les avis de M. de Damas, les conspirateurs essayèrent un mouvement qui fut très-malheureux. On eut de nouveau recours à lui et il rentra dans la conspiration, peut-être pour empêcher les patriotes dé se perdre tout à fait, en tentant une nouvelle échauffourée ; mais les magistrats de Genève le renvoyèrent comme dangereux. Il fut errant pendant quelque temps et finit par obtenir la permission de résider dans le pays de Gex.
né à Fontainebleau le 23 janvier 1807, était élève de l’École militaire de Saint-Cyr. Il en sortit en 1827 et fut placé comme sous-lieutenant, d’abord 345 ■)
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dans le régiment de Hohenlohe, puis après 1830, dans le 58e de ligne. Il fit comme lieutenant la campagne de Belgique en 1832. Il passa en 1833, aux bataillons d’infanterie d’Afrique, y devint capitaine, et se distingua dans toutes les laborieuses campagnes qui décidèrent la soumission de l’Algérie, par une bravoure poussée jusqu’à la témérité, une énergie extrême, un entraînement auquel rien ne résistait.
Il fut nommé chef du 2e bataillon d’infanterie légère d’Afrique en 1840, et reçut, en 1843, une blessure Irès-grave dans le bas-ventre, dont il ne s’est jamais complètement guéri. Nommé lieutenant-colonel du 11e léger en 1844, il en devint colonel en 1847 et passa de là au commandement de la garde mobile.
On sait que c’est à l’attaque du Panthéon, le 24 juin 1848, qu’il reçut un coup de feu qui lui brisa la cuisse et a causé sa mort après amputation, en juillet suivant.
Il avait à peine 41 ans.
Damesme était un des plus braves et des plus estimables officiers de l’armée. Il était remarquable par sa parole brusque, sa bonté bourrue, ses allures toutes plébéiennes.
Sa mémoire sera éternellement mêlée à celle des terribles journées de juin.
né à Paris en 1756 d’une famille déjà connue par ses services militaires. Nommé, jeune encore, officier dans le régiment des gardes françaises, il donna bientôt après sa démission, à propos d’une punition. Il alla d’abord en Angleterre, puis à Berlin, où il étudia la tactique prussienne. De retour en France, il servit dans les régiments de Chartres et des chasseurs de Normandie. Admirateur de Frédéric,
il l’imitait jusque dans ses ridicules. Il parut un jour à la cour avec une longue queue ; Louis XVI, qui le vit, dit à M. de Biron : « Avez-vous vu ce fou avec ses manières prussiennes ? »
Dampierre sentit que ce mot connu des ministres nuirait à son avancement. Il avait une fortune considérable ; il se retira dans ses terres où la Révolution le trouva.
Partisan des doctrines nouvelles, il reprit bientôt la carrière des armes. Après avoir été aide-de-camp de Rochambeau, il était en avril 1792, colonel du 5e dragons, sous les ordres de Biron, à la malheureuse rencontre de Quiévrain, où des cris d’alarme occasionnèrent une déroute. En cherchant à rallier les fuyards, Dampierre fut renversé et foulé aux pieds des chevaux. Il commandait une division de l’armée de Dumouriez à la journée de Valmy ; mais ce fut la bataille de Jem-mapes qui commença sa célébrité. Cette victoire est due en partie à l’audace avec laquelle, marchant à la tête du seul régiment de Flandre et du 1" bataillon des volontaires de Paris, il attaqua les six bataillons étrangers qui débordaient le corps du général Beurnonville. L’heureux Dampierre culbute ces bataillons, enlève les deux redoutes qu’ils gardaient, en tourne les canons contre les Autrichiens et rend ainsi à Beurnonville assez de liberté pour pouvoir prendre l’offensive.
Peu de mois après, Dampierre commit une grande faute. Lorsque Dumouriez entra en Hollande avec l’élite de l’armée, Dampierre, chargé de tenir tête à 30,000 Autrichiens avec 15,000 hommes seulement, ne concentra point ce faible corps, ne lui indiqua pas de point de ralliement et alla placer son quartier général loin des avant-postes, à Aix-la-Chapelle, où il apprit seulement après l’événement que sa ligne avait été forcée. Il se hâta
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( de se replier sur Liège ; le prince de Cobourg fit lever le siège de Maestricht, et l’armée rétrograda jusqu’à Louvain, où se rendit enfiu Dumouriez.
Ce général voulut reprendre l’offensive et livra plusieurs combats où la valeur de Dampierre se fit encore remarquer et rendit assez de confiance au soldat pour qu’on pût risquer à Nerwinde un engagement général. Dampierre y commandait le centre de l’armée ; il sut conserver ses positions et seconda avec succès les efforts de l’aile droite ; mais, la retraite de l’aile gauche le laissant à découvert, il fut obligéde quitter le champ de bataille.
Dampierre rendait des services réels, mais on lui reprochait une ardeur inconsidérée et peu d’exactitude à exécuter les ordres du général en chef.
Après la défection de Dumouriez, il fut chargé du commandement en chef. Il n’avait que 30,000 hommes découragés contre des ennemis bien supérieurs ; il réussit cependant à s’emparer du camp de Famars ; mais il éprouva des pertes considérables en cherchant à dégager Condé.
Le 6 mai, il hasarda une attaque générale, deux ailes de son armée trop faible, mais pleine d’ardeur, s’avancèrent, l’une du côté de Valenciennes, l’autre jusqu’à Quiévrain, en renversant tout ce qui leur était opposé ; mais le cenlre ne put soutenir le feu des batteries autrichiennes, et après des efforts opiniâtres, Dampierre fut réduit à se retirer pour n’être pas enveloppé. Le lendemain, Dampierre attaqua la réserve autrichienne retranchée dans le bois de "Vico-gne, eut pendant le jour des succès contestés, se mit, vers le soir à la tête d’une de ses colonnes, et eui la cuisse emportée par un boulet. La retraite se fit en bon ordre, mais Dampierre mourut le lendemain.
La Convention lui décerna l’honneur du Panthéon.
né à Chaumont (Haute-Marne), le 8 février 1783. Charles-Marie, comte Denys de Damrémont, fut admis ù l’École militaire de Fontainebleau le 16 mai 1803.
En 1804, après avoir passé par les grades inférieurs, il sortit de cette école pour rentrer, en qualité de sous-lieutenant, dans le 12e régiment de chasseurs achevai. Nommé, en 1807, lieutenant aide-de-camp du général Defrance, il passa avec le même grade auprès du général Marmont ; et en cette qualité, il signa, en 1814, le traité de Chevilly. Dans les Cent-Jours, il fut nommé colonel. Il avait fait les campagnes de 1806 et 1809 à la grande armée et en Dalmatie, celles de 1811 et 1812 en Espagne et en Portugal, et enfin celles de 1813 et de 1814 à la grande armée. Resté sous les ordres du duc de Ra-guse, quand vint la Restauration, il ne tarda pas à être placé à la tête de la légion de la Côte-d’Or, et, dans ce commandement, continua à mériter la réputation d’un officier aussi sage qu’expérimenté.
Promu le 25 avril 1821 au grade de maréchal de camp, il fut, en 1823, appelé en cette qualité à un commandement dans le 5e corps de l’armée des Pyrénées.
Depuis 1823 jusqu’en 1829, il fut successivement employé comme inspecteur d’infanterie, membre d’une commission de révision de manœuvres de la même arme et fut attaché à une ambassade extraordinaire en Russie.
En 1830, il fit partie de l’expédition d’Afrique, où il commandait une brigade d’infanterie, et fut ainsi l’un des premiers à prendre possession de cette terre où il devait trouver une mort si glorieuse.
Le 13 décembre de la même année, il fut élevé au grade de lieutenanl-général. Après sa rentrée en France, il fut, le 6 février 1832, appelé à prendre le commandement de la 8e division militaire, et dans ce poste que l’esprit d’anarchie et de contre-révolution lui rendit quelquefois difficile, il montra une fermeté pleine d’habileté et de modération.
Ayant pu, par le long séjour qu’il avait fait dans la portion du territoire où l’on peut le mieux se renseigner sur les besoins de l’Algérie, acquérir sur l’administration de notre colonie des lumières particulières, il était l’un des officiers généraux le plus naturellement appelés à y prendre le commandement suprême, et le 12 février 1837, le roi le nomma gouverneur général des possessions françaises dans le nord de l’Afrique.
Les services qu’il rendit au pays dans cette position ont prouvé la sagesse de ce choix. Le 1" octobre 1837 eut lieu la deuxième expédition de Constanline dirigée par le général Damrémont et le duc de Nemours. Ce dernier passa la Sey-bousse à la tête des trois premières brigades. L’armée arriva sous les murs de Constantine le 6 ; la brèche, fut ouverte le 11, praticable le 12, et l’assaut donné avec un succès complet le 22 au matin ; mais la veille, le général Damrémont avait été tué par un boulet, comme il se rendait à la batterie de brèche.
Le général était grand officier de la Légion-d’Honneur depuis 1827, et le 15 septembre 1835 il avait été élevé à la pairie.
Il laissa une veuve et deux enfants, dont un fils âgé de 15 ans. Il avait épousé la fille du général Baraguay-d’Hilliers dont le fils commandait à Saint-Cyr.
Le roi Louis-Philippe ordonna que les restes mortels du général Damrémont fussent déposés à l’hôtel royal des Invalides.
officier de la Légion-d’Honneur et de la couronne de Westphalie, est né à Paris le 16 juin 1769.
Il entra au service en 1791 comme volontaire dans l’artillerie parisienne, et fut bientôt après nommé sous-lieutenant.
Capitaine en 1793, et aide-de-camp du général Tugnot.
Adjoint à l’état-major du maréchal Berthieren 1805.11 se distingua à Eylau ; fut nommé chef de bataillon au 4’ régiment de ligne le 2 février 1807, et décoré le 14 avril suivant, en récompense de sa belle conduite à la bataille d’Heil-sberg, où il fut grièvement blessé.
Colonel aide-de-camp de Jérôme, roi de Westphalie, en juin 1808 ; commandant (général de brigade) des troupes westphaliennes à Hambourg.
Général de division en 1813, il rentra au service de France en janvier 1814, en qualité de général de brigade.
Aprèsla rentrée desBourbons, M. Dan-loup-Verdun fut créé chevalier de Saint-Louis et mis à la demi-solde.
Pendant les Cent-Jours, Napoléon lui confia le commandement des gardes nationales actives de la 18e division (corps de Lecourbe).
Après la journée de Waterloo, il fut mis à la retraite.
petit-fils d’un aide-de-camp général du roi de Suède Charles XII, naquit à Verdun (Meuse), le 7 janvier 1773. Son père, ancien capitaine au régiment de Picardie, le fit admettre, le 1" septembre 1787, à l’École militaire de Pont-à-Mousson, en qualité de cadet gentilhomme. En 1789 il entra élève au
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corps royal d’artillerie, et devint, le 1" septembre, lieutenant à la suite dans le corps des mineurs. Le 30 juillet i790, nommé lieutenant en second au 3e régiment d’artillerie, ci-devant régiment de Besançon, lieutenant en premier au 4e de la même arme, ci-devant Grenoble, il passa capitaine le 18 mai 1792, et remplit, pendant la campagne de cette année, les fonctious d’adjoint du parc à l’armée du Midi.
Au siège de Genève, que fit l’armée des Alpes, il commanda l’artillerie, et, l’année suivante, devant Lyon, il dirigea les travaux de siège. Dans cette circonstance, il reçut une blessure assez grave, sans cependant nécessiter une cessation, même momentanée, de service.
En l’an n, il retourna à l’armée des Alpes, où le général Dumas le nomma sous-directeur des parcs. Kellermann, qui remplaça Dumas en l’an m, envoya le jeune Danthouard prendre la direction de la manufacture d’armes de Chambéri, et commander le dépôt d’artillerie de cette ville. Le même général le choisit en l’an v pour son chef d’état-major, emploi qu’il quitta quelque temps après pour rejoindre l’armée d’Italie, à laquelle il servit jusqu’au traité de Campo-Formio (26 vendémiaire an vi).
Le 30 floréal suivant, il accompagna le général en chef Bonaparte en Égypte. De cette mémorable expédition date la fortune militaire de M. Danthouard. Il se distingua au siège de Malte et à la prise d’Alexandrie. Chargé de diriger les éclaireurs de l’aile droite de l’armée marchant sur le Caire, il s’en acquitta avec beaucoup d’intelligence et de succès.
Sa conduite à la bataille des Pyramides lui mérita le grade de chef de bataillon, que le général en chef lui conféra le même jour. Lorsque l’armée eut pris possession du Caire., M. Danthouard de-
vint directeur de l’artillerie de cette place. Attaché pendant la campagne de Syrie à la division du général Lannes, il déploya, aux sièges d’El-Arich, de Jaiïa et de Saint-Jean-d’Acre, des talents de premier ordre.
Après la retraite, il fit partie d’un corps envoyé sur les côtes afin de s’opposer au débarquement des troupes turques. Un jour, suivi seulement de 50 hommes, il s’était écarté du centre de l’armée, 3,000 Arabes l’attaquèrent : ce ne fut qu’en faisant des prodiges de valeur que lui et 12 de ses soldats parvinrent à se dégager.
Kléber le nomma, le d6 messidor an vin. chef de brigade, et Menou, en l’an îx, lui confia la direction de l’artillerie et des parcs d’Alexandrie ; il la conserva pendant la durée du siège de cette place. L’arsenal et les magasins qu’il fit construire dans cette ville servent encore aujourd’hui à la marine de Méhémet-Ali.
Au retour en France des débris de l’armée d’Orient, au commencement de l’an x, M. Danthouard fut nommé colonel du 1" régiment d’artillerie à cheval (1" frimaire). Il se rendit à l’armée d’Italie, que Murât commandait alors. Il se trouvait à Plaisance sous les ordres du général Jourdan, quand, le 19 frimaire an XII, le premier Consul le comprit dans la promotion de la Légion-d’Honneur de ce jour, et lorsque, le 25 prairial suivant, il le fit officier de l’ordre.
En l’an xu, ayant passé sous le commandement du vice-roi, ce prince l’attacha à sa personne, le 17 prairial, en qualité de premier aide-de-camp, et lui confia, dans son cabinet particulier, le travail relatif aux armées de terre et de mer, aux écoles militaires, aux ponts et chaussées. C’est par son influence, et conformément à ses plans, que furent établis une
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école vétérinaire, un haras, une fonderie de canons, une manufacture d’armes. Nommé inspecteur des Pages, il forma pour eux une école d’instruction qui a fourni à l’armée des sujets excellents. Enfin, telle était l’estime que le vice-roi portait à M. Danthouard, qu’il le choisit pour l’accompagner à Munich, et assister à son mariage avec une princesse de Bavière.
Le 11 février 1806, l’Empereur l’éleva au grade de général de brigade ; il le fit chevalier de la Couronne de fer à peu près vers la même époque. Napoléon l’envoya, quelques mois plus tard, prendre possession de la Dalmatie, acquise à la France par le traité de Presbourg ; il rédigea sur ce pays et sur ses communications avec la Turquie, un mémoire dont l’Empereur se montra satisfait. Il fit ensuite à la grande armée la campagne de 1807.
L’habileté avec laquelle il dirigea ses batteries au siège de Dantzig, lui valut, le 4 juillet, la croix de commandeur de la Légion-d’Honneur, et d’être appelé auprès de Napoléon pour y remplir les fonctions d’aide-de-camp, mais le vice-roi ayant fait observer à l’Empereur qu’il lui était indispensable, il retourna à Milan.
En 1808, il inspecta les troupes des Étals romains, les licencia et les incorpora dans les corps du royaume d’Italie. Ensuite, il s’occupa de la réorganisation de l’armée et de l’amélioration des divers services. La guerre vint encore, en 1809, l’arracher à ses travaux.
Il fit, sous les ordres du prince Eugène, la campagne d’Allemagne, pendant laquelle il se distingua principalement le 14 juin, à la bataille du Raab, où il eut la main fracassée, et à celle de Wagram. L’armistice de Znaïm ayant suspendu les hostilités, il eut la mission de reconnaître les positions militaires
des frontières de la Hongrie et de la Croatie.
A son retour, il reçut le titre de comte de l’Empire, el un décret du 21 juin 1810 le nomma général de division ; puis il fut chargé, avec les commissaires autrichiens et bavarois, de fixer les limites du royaume d’Italie du côté du Tyrol.
Fait commandeur de la Couronne de ter le 20 avril 1811, il commanda en chef l’armée du vice-roi, et, en 1812, il eut sous ses ordres celle du 4e corps de la grande armée. Il assista aux principales-affaires de la glorieuse mais funeste expédition de Russie.
Blessé, pendant la retraite, par un boulet qui lui enleva les chairs de la cuisse, on le plaça sur un mauvais cheval de cantinier, et, privé de secours et souvent prêt à périr de faim et de froid, il atteignit la ville de Thorn, où régnaient des fièvres typhoïdes qui mirent ses jours en danger. La vigueur de sa constitution le sauva ; toutefois, il se trouva dans l’impossibilité d’accepter, l’année suivante, la direction des équipages de pont que l’Empereur lui avait conférée en remplacement du général Éblé. Quelques mois de séjour aux bains d’Albano ayant entièrement rétabli ses forces, il se rendit dans les provinces IHyriennes, dont Napoléon l’avait nommé gouverneur général le 16 juillet 1813. Mais l’Autriche s’étant déclarée contre la France, il prit le commandement de l’aile gauche de l’armée d’Italie ; et lorsque Murât, qui venait d’entrer dans la coalition, marcha sur Parme et Plaisance, le Vice-Roi donna le commandement de ces deux villes au général Danthouard, qui ne le conserva que peu de temps, les succès rapides de l’ennemi dans le Nord ayant fixé le sort de la Péninsule avant qu’il se fût passé rien de décisif dans le Midi de l’Europe.
A la chute de l’Empire, le général
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Dantliouard adhéra aux résolutions du Sénat relatives à la déchéance de Napoléon et au rappel des Bourbons, se rendit à Paris, et fut chargé, le V’ juillet, de l’inspection des places de Metz et de Mé-zières.
Le 8 du même mois, le roi le fit chevalier de Saint-Louis, et, le 29, grand officier de la Legion-d’Honneur. Au mois de mars 1815, il inspecta toutes les places de l’Est au nom de l’Empereur. En 1816, il présida, le 4 avril, le conseil de guerre devant lequel comparut le général Drouot, et fit partie, le 30 septembre, de celui qui jugea le général Delaborde ; mais il se trouva heureux d’avoir à prononcer l’acquittement du premier et de contribuer de tout son pouvoir à faire adopter par ses collègues le moyen qui sauva la tête du second.
Les fonctions qu’il eut à remplir dans la suite convinrent mieux à son caractère et lui donnèrent l’occasion d’utiliser ses talents. Une ordonnance du 4 septembre 1816, sur l’organisation de l’École polytechnique, permettant le renouvellement annuel des conseils de perfectionnement et d’inspection, il fut nommé, en mars 1820, membre, de l’un et l’autre de ces conseils »
Le 22 avril suivant, il entra au comité spécial et consultatif de l’artillerie pour la session de l’année. Deux ans après (mai 1822), les électeurs de la Meuse l’envoyèrent à la Chambre des Députés. 11 siégea au centre gauche et ne se fit remarquer que dans les comités. Il ne fut pas réélu. La révolution de Juillet obtint ses sympathies. Le 31 août 1830, le nouveau roi le nomma membre de la commission chargée d’examiner la situation de l’École polytechnique, et de proposer les moyens convenables pour en améliorer l’organisation et les études.
Le ler mai 1831, il reçut le grand
cordon de la Légion-d’Honneur, et, le 19 novembre, il devint pair de France.
M. Danthouard, pendant la session de cette même année, prit souvent la parole. Dans la discussion relative au projet de loi sur l’avancement de l’armée, il proposa plusieurs amendements empreints d’un esprit de justice, et qui décelaient des connaissances profondes en matière d’organisation militaire. Aussi, le public accueillit-il avec faveur, en 1832, sa nomination de président du comité d’artillerie. Atteint, à cette époque, d’une maladie grave qui mit ses jours en danger, il ne reparut à la tribune de la Chambre des Pairs que le 5 mars 1838, comme rapporteur de la commission chargée de l’examen d’une loi relative à l’acquisition, par voie d’échange, de la manufacture d’armes de Saint-Étienne.
Dans la séance du 13 juin, il demanda, mais sans succès, une loi sur l’état-ma-jor de l’armée. A cette époque, n’étant âgé que de soixante-cinq ans, il fut maintenu dans le cadre d’activité, et, par ordonnance du 3 août 1839, il entra dans la première section du cadre de l’étal-major général de l’armée, où une ordonnance du 13 avril 1841 le conserva, puisqu’il se trouvait dans la catégorie des officiers généraux ayant commandé en chef. Il a depuis été mis à la retraite. Nous ne terminerons pas cette courte notice sur M. le général Danthouard, sans constater que c’est sous sa direction que le Musée d’artillerie est devenu le plus bel établissement de ce genre en Europe.
né à Toulouse, le 1e novembre -1766. Il entra au service dans le 1er bataillon de la Haute-Garonne le 13 septembre 1791. Capitaine dès le 8 décembre suivant, il passa à l’armée d’Italie.
DAR ( 351 ) DAR Chargé de défendre un poste dans le comté de Nice avec cent hommes, et attaqué par 3,000, il fit plus de prisonniers qu’il n’avait de soldats. Cette action lui valut le grade de chef de bataillon de la 21e demi-brigade, le 25 janvier 1794..
Partout intrépide et audacieux il fit un trait à peu près semblable à Carpe-nello, près de Bassano, où tombant à l’improviste avec une poignée d’hommes au milieu de 600 Autrichiens, il ne leur laissa pas le temps de se reconnaître, et appuyant la pointe de son sabre sur la poitrine de leur commandant, il exigea que ce corps se rendit aussitôt ; les Autrichiens déconcertés par cette assurance mirent bas les armes. A cette époque, la 21e demi-brigade devint le 32e régiment de ligne. Nommé colonel de la 32e demi-brigade, après la bataille des Pyramides, où il s’était battu comme un lion, il entra le soir au Caire avec 300 hommes, se plaça au centre de cette ville populeuse et’s'y maintint jusqu’à l’arrivée de l’armée qui ne parut que le lendemain.
A Saint-Jean-d’Acre, il emporta d’assaut la Tour carrée et fut blessé dangereusement. — A Lisbeth, près de Da-miette, 4,000 Osmanlis occupent une redoute qu’on ne peut attaquer sans passer sous le canon de leur escadre ; le 2 novembre 1799, le colonel Darmagnac entreprend ce coup de main avec 600 hommes. 11 place en réserve une partie de sa faible troupe et avec le reste court à la redoute. Un boulet renverse dix grenadiers ; leurs’ camarades hésitent, a En-avant, s’écrie Darmagnac, nous nous passerons des grenadiers ! » Mais ces braves se raniment et tout le détachement se précipite dans la redoute que pourtant il faut quitter après un terrible combat ; en repoussant les Français, les Osmanlis tombent dans l’embuscade. La réserve tire à bout portant ;
Darmagnac fond de nouveau sur ce gros d’ennemis, le taille en pièces ou le prend à la vue de l’escadre ottomane qui n’ose pas tirer. Kléber envoya un sabre d’honneur à l’intrépide Darmagnac. Après d’autres faits d’armes glorieux, il fut nommé général de brigade, le 27 avril 1801. De retour de France, il reçut un second sabre d’honneur avec le commandement d’un département.
Il se distingua de nouveau à Austerlitz, fut nommé gouverneur de la Carinthie, commanda la garde de Paris en 1806 et 1807, débuta à l’armée d’Espagne par la prise de Pampelune (17 février 1808), fut grièvement blessé au combat de Médina de Rio-Seco, en emportant un plateau fortement occupé et n’en resta pas moins à cheval pendant l’action. Le 19 juillet 1808, il était nommé général de division.
Gouverneur de la Galice l’année suivante, puis de la Vieille Castille, etc., il se montra aussi bon administrateur qu’intrépide guerrier.
Il rendit encore de grands services à la bataille deVittoria et surtout à la bataille de Toulouse. En 1814, le général Darmagnac, commandant de la Légion-d’Honneur et chevalier de la Couronne de fer, fut créé chevalier de Saint-Louis par les Bourbons, et grand officier de la Légion-d’Honneur. Il commanda la 11e, puis la 20" division militaire. — Il passa à la 9e le 23 janvier 1821. Le 1er mai de cette année, le roi le créa commandeur de Saint-Louis et lui conféra quelque temps après le titre de vicomte en échange de celui, de baron que lui avait accordé l’Empereur.
Mis en disponibilité le 28 août 1830, il fut admis au traitement de réforme en juillet 1831.
lieutenantgénéral, né le 8 avril 1758 à.Bricy-le-Boulay ( Loiret ), entra au service comme soldat le 10 août 1777, dans le régiment d’Anjou (36e d’infanterie), et y fut fait successivement caporal le 21 mai 1782, sergent le 1er août 1783, sergent-major le 17 septembre 1787, sous-lieutenant le lb septembre 1791, et lieutenant le 25 août 1792.
Employé à l’armée du Rhin, il assista, le 30 septembre suivant, à la prise de vive force de Spire, et concourut à arrêter et à rallier une colonne de troupes qui, saisies d’une terreur panique, avaient pris la fuite. Il se trouva encore à la prise de Mayeiice le 21 octobre, à celle de Francfort-sur-le-Mein le 23, et à la re-Iraite de l’armée sur Landau et sur Weis-sembourg au mois de mars 1793. Arrêté. le 11 août suivant, au camp de Roth, près de Weissembourg, par ordre des représentants du peuple Ruamps, Lacoste, Dujardin, Milhau et Boyer, pour être conduit devant le Comité de salut public, comme soupçonné de royalisme, il fut réclamé, au nom de tout le corps, par l’adjudant-major Bernadotte, depuis roi de Suède. Immédiatement mis en liberté, il fut nommé capitaine le 13 du même mois, et passa, avec son régiment, à l’armée du Nord. Il combattit constamment aux avant-postes, se fit remarquer par sa bravoure, et par sa présence d’esprit sauva, devant Cassel, deux bataillons français exposés à être pris ou détruits. Le 9 septembre de la même année, à Hondscboote, chargé du commandement du lep bataillon, il s’empara d’une redoute armée de 9 pièces de canon et y fit 500 Anglais prisonniers qui, d’après le terrible décret de la Convention nationale, devaient être mis à mort sur-le-champ. Malgré le-danger qu’il courait en ne se conformant pas à cet arrêt sanguinaire, il conduisit ses prisonniers au quartier général. Les représentants lui ayant de-
mandé pourquoi il ne les avait pas fait fusiller, Darnaud répondit avec une noble fermeté : Je suis toujours prêt à verser jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour ma patrie, mais je ne puis être le bourreau d’un ennemi désarmé.
Nommé adjoint aux adjudants - généraux, il combattit à l’attaque des villages de Saint-Vaasl et de Saint-Aubert, le 9 germinal an n, et y affronta les plus grands dangers en ralliant la colonne de gauche de la division de Cambrai, que la cavalerie et l’artillerie ennemies, supérieures en force,’ avaient presque entièrement culbutée. Employé à l’armée de Sambre-et-Meuse en l’an ni, il déploya une grande énergie dans la défense de Longwy, dont le commandement lui avait" été confié par le général en chef Jourdan.
Le 7 floréal de cette année, il fut nommé chef de brigade de la 30e demi-brigade de bataille, dans laquelle avait été incorporé le 2" bataillon du 36e régiment.
Darnaud commanda cette demi-brigade pendant plus de quatre ans ; il y rétablit l’ordre et la discipline, régularisa son administration et la conduisit avec succès sur tous les champs de bataille où elle fut appelée à combattre. A l’affaire de Lintz, il mit en fuite quelques troupes autrichiennes et les poursuivit vivement à la tête de 60 hommes d’infanterie,’25 dragons et deux pièces d’artillerie légère ; mais ayant aperçu une très-forte colonne de cavalerie qui s’apprêtait à fondre sur lui, il prit position, fit jurer à sa troupe de mourir jusqu’au dernier plutôt que de se rendre et, disposant en avant ses deux pièces, il se défendit avec tant d’intrépidité que la cavalerie autrichienne fut obligée, non-seulement de renoncer à son attaque, miiis encore de se réfugier dans les montagnes voisines pour échapper aux coups qui portaient le ravage et la mort dans ses rangs. Après avoir servi
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quelque temps au blocus d’Ehrenbreit-stein, il reçut l’ordre de se porter sur Neuwied et d’y protéger la retraite de l’armée de Jourdan qui se disposait à repasser le Rhin.
Avec deux bataillons de la 30e demi-brigade, une compagnie d’artillerie légère et un régiment de chasseurs à cheval, il soutint les efforts d’un corps considérable de cavalerie qui, appuyé par une nombreuse artillerie, essaya vainement de l’entamer. Il résista pendant toute une journée et ne se décida à franchir le fleuve que lorsqu’il vit nos derniers bataillons en sûreté. Sa contenance ferme et tranquille, la précision des manœuvres, les charges vigoureuses qu’il fit exécuter lui valurent les éloges de la part du général en chef qui lui dit : Je vous félicite, mon cher Darnaud, j’ai admiré vos belles manœuvres, vous aviez devant l’ennemi le même sang - froid que L’année dernière à la revue sur la place de parade de Cologne.
A la prise de Francfort, Darnaud com-mâ’nda cette ville, où, par le plus sévère maintien de la discipline, il sut faire chérir le nom français. Deux ans auparavant une garnison française avait été égorgée dans cette ville ; sous prétexte de venger l’assassinat de leurs compagnons d’armes, des malveillants excitaient nos troupes à l’incendie et au pillage. Déjà des symptômes alarmants se manifestaient dans la garnison, et sans Darnaud, qui fut obligé de lutter corps à corps avec des soldats mutinés de la 48e demi-brigade de ligne, la ville eût subi le sort le plus affreux. Son courage et son dévouement, secondés de l’appui des soldats de sa demi-brigade, qui lui étaient entièrement dévoués, suffirent pour apaiser ce commencement d’insurrection.
Ce fut par des traits nombreux d’une incorruptible probité et d’une scrupu- T. I.
leuse fidélité à remplir ses devoirs que le chef de brigade Darnaud dut les témoignages d’estime qu’il reçut d’une cité dont les magistrats et les habitants le regardaient comme le bienfaiteur.
Il servit au blocus de la place de Mayence, devant laquelle il arriva le 18 germinal an îv. Dans une sortie que fit la garnison ennemie, avec des forces infiniment supérieures, le 3 fructidor suivant, Darnaud, à la tête de la 30e demi-brigade, défendit la position entre le Mein et le Rhin, et eut la mâchoire inférieure fracassée par un éclat d’obus. Malgré la gravité de sa blessure, il ne voulut point quitter le champ de bataille, et ne cessa de combattre que lorsque les ennemis, repoussés partout, furent forcés de rentrer dans la ville, laissant le terrain couvert de leurs morts et de leurs blessés.
S’étant rendu à Francfort pour y soigner sa blessure, il y reçut de la part des habitants de nombreuses marques d’intérêt et d’affection, qui le récompensèrent dignement des soins qu’il avait pris pour préserver de tout malheur leurs personnes et leurs propriétés.
Appelé à l’armée d’Italie vers la fin de l’an iv, il y commanda sa demi-brigade avec un grand succès. Le 15 frimaire an vu, à Civita-Castellana, et le même jour à l’affaire de Falavi, il défit complètement les Napolitains, culbuta une division avec un seul bataillon, mit l’ennemi en déroute et lui prit 20 pièces de canon et 30 caissons. Le 10 nivôse suivant, à l’affaire d’Atricoli, à la tête de sept compagnies, il donna l’impulsion aux troupes dont il faisait partie, et détermina par son exemple et sa conduite les avantages de cette brillante journée.
Le 24 prairial, au combat et à la prise de Modène, Darnaud se comporta avec le sang-froid, la valeur et les talents militaires qui le distinguaient depuis long- II
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temps, et la 3e demi-brigade mérita les plus grands éloges. A la bataille de Tré-bia, il traversa la rivière à la tête de sa brigade, formée en colonne serrée et l’arme au bras, sous un feu terrible d’artillerie. Electrisant sa troupe par son courage, il renverse tout ce qui s’oppose à son passage, perce la ligne ennemie, se porte à plus de 400 toises sur ses derrières, et s’empare de sept pièces de canon, dont il a affronté le feu. Mais n’étant pas appuyé sur ses ailes, il fut obligé de battre en retraite. Quoique blessé d’un coup de feu à la jambe gauche, il opéra son mouvement rélrograde dans le plus grand ordre, sans se laisser entamer et sans abandonner les canons qu’il avait pris. C’est à la suite de cette brillante affaire, qu’il fut nommé général de brigade, par arrêté du Directoire exécutif du 12 thermidor an vu.
Le 28 du même mois, à la bataille de Novi, il avait obtenu les succès les plus complets sur les Russes, qu’il avait mis en pleine déroute, lorsque le mouvement rétrograde des autres troupes de l’armée le força d’abandonner ces avantages. Néanmoins, tout en se retirant, il s’empara de deux pièces de canon, dont il tua les artilleurs qui les servaient avec une vigueur et une opiniâtreté dignes d’un meilleur sort.
A l’affaire de Bosco, le 2 brumaire an vin, le général Darnaud déterminale succès de la journée. Avec l’infanterie seulement, il combattit un ennemi bien supérieur en nombre et qui avait de la cavalerie et de l’artillerie formidables. Il le tourna, le déborda par la gauche, chargea audacieusement sa cavalerie, en plaine, à la baïonnette, et le mena battant pendant plus de deux milles.
Le 13 du même mois, à l’affaire de Rivalta, il commandait une colonne d’infanterie qui fut entourée par l’ennemi. Mais par ses manœuvres hardies, il par-
vint à se dégager et à se retirer pendant l’espace de deux lieues, en plaine, sans avoir éprouvé d’autre perte que celle d’un officier, et après en avoir fait éprouver de considérables à l’ennemi, qui ne cessa de le harceler.
Le 18, il défendit le front de Novi pendant trois heures contre les attaques réitérées d’un corps très-nombreux de troupes autrichiennes ; mais, obligé d’abandonner cette position, que l’insuffisance de ses forces ne lui permettait pas de garder plus longtemps, il se retira dans les montagnes voisines, espérant y attirer l’ennemi ; cette tentative eut un plein succès. Les Autrichiens s’étant engagés dans les gorges, le général Darnaud les fit charger à la baïonnette, les mit en fuite, et leur enleva trois bouches à feu avec leurs caissons, après avoir tué beaucoup de monde. Un grand nombre de fuyards furent faits prisonniers.
Attaqué le 23 frimaire par des forces autrichiennes et russes très-supérieures, il fut obligé de quitter la ligne de Monte-Cornua. Ses troupes plièrent en désordre et s’enfuirent à travers les montagnes jusqu’à Nervi où il devint indispensable de s’arrêter et de s’opposer à l’ennemi, qui avait l’intention de s’emparer de ce débouché pour couper la retraite à une colonne qui se trouvait versRecco et Sori, à quatre milles de dislance. Le général Darnaud s’empressa de réunir 300 hommes de la 73e demi-brigade, commandés par le chef de bataillon Verney, qu’il plaça à un défilé, où A hommes auraient pu en arrêter 100, et il leur ordonna de tenir jusqu’à la dernière extrémité pour assurer la retraite de la colonne qui était encore à Sori. Après avoir fait toutes les dispositions nécessaires pour empêcher l’ennemi de pénétrer plus avant, le général Darnaud demanda des hommes de bonne volonté
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pour aller avec lui explorer le pays. Mais telle était alors l’intimidation que causait à la troupe le nombre considé-rable des ennemis, que deux hommes seulement se présentèrent. Ce manque d’énergie et de confiance ne change point les projets du général, il marche seul eu avant de Nervi, avec les deux braves qui se sont offerts, et qui promettent d’affronter avec lui tous les dangers. Bientôt après, regardant en arrière pour s’assurer de la conduite des 300 hommes auxquels il a confié la garde de l’important débouché qu’il veut conserver, il s’aperçoit que l’ennemi s’en est rendu maître et qu’il s’empresse d’arriver et de s’établir dans les rues de Nervi. Ne prenant conseil que de son courage, Darnaud, le sabre à la main et suivi de ses deux intrépides compagnons, s’élance sur l’ennemi, qui fait feu sur eux. Personne n’est atteint, et après avoir porté le désordre dans les rangs des Impériaux, nos trois braves parviennent à les mettre en fuite.
C’est à ce trait d’une valeureuse audace que la colonne de Sori dut son salut, car elle ne pouvait éviter d’être faite prisonnière, les rues de Nervi ne permettant pas de former quatre hommes de front. Le chef de bataillon Verney qui, malgré son courage et ses efforts, n’avait pu parvenir à rétablir son bataillon qu’au plateau de Quinto, rendit lui-même justice au dévouement du brave général Darnaud, et le chef de brigade Wouille-mont, qui commandait la colonne de Gori, s’exprimait ainsi dans le rapport qu’il fit de cette affaire : « L’ennemi, ayant porté toutes ses forces sur la brigade de gauche, et l’ayant forcée et suivie dans sa marche rétrograde jusqu’à Nervi, avait coupé celle de droite que je commandais. Le général de brigade Darnaud, par les efforts de son courage, ne dut presque qu’à lui seul l’avantage
de me dégager et de me réunir à la 2° brigade, avec laquelle ce général se défendit dans Nervi, d’où il chassa l’en^ nemi, et prépara la glorieuse journée du lendemain. »
En effet, le 24, à l’affaire de la.Cas-tagna, le général Darnaud, avecses.trou-pes très-peu nombreuses, renverse les colonnes de l’ennemi. Atteint de trois coup de feu, mais sentant trop combien sa présence est nécessaire, il surmonte sa douleur, oublie ses blessures, et, chargeant à la tête de ses soldats, il culbute l’ennemi, lui enlève quatre pièces de canon et lui fait 1,200 prisonniers. Le 13 germinal suivant, la 8e demi-brigade d’infanterie légère, postée sur la montagne de Rua, en avant de Recco, fut obligée d’abandonner cette position et se retirait, vivement harcelée par un ennemi nombreux qui pénétra dans la ville de Recco. Le général Darnaud accourut sur le champ de bataille, et ne pouvant arrêter la déroute, arrache Je fusil des mains d’un soldat : « Si tu es brave, » lui dit-il, « reste auprès de moi ; donne-moi des cartouches et mourons ensemble au poste de l’honneur. » Seul avec ce soldat, il fait feu sur l’ennemi, qui s’étonne de tant d’intrépidité. La demi-brigade, revenue d’un premier moment de faiblesse, et encouragée par l’exemple de son général, s’arrête, se rallie, et sur les pas de l’intrépide général Darnaud, elle charge à son tour l’ennemi, renverse tout ce qu’elle rencontre et reprend Recco, où elle complète sa victoire, en faisant prisonnière ou passant au fil de la baïonnette toutes les troupes qui s’y trouvaient.
Le 16 et le 17 du même mois, à Mon-tefaccio, il combattit avec succès un ennemi toujours plus nombreux que lui et parvint à conserver à l’armée des munitions et de l’artillerie qu’il avait reçu l’ordre d’abandonner.
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Employé au blocus de Gênes par les Autrichiens et les Anglais, il se signala dans toutes les affaires qui eurent lieu pour la défense de cette place. Malgré ses nombreuses tentatives, jamais l’ennemi ne put le forcer à se retirer dans Gênes, et toujours le général Darnaud occupa des positions qui s’en trouvaient éloignées de plus de trois milles. Par ce moyen, il conserva les moulins sans lesquels la place aurait manqué de farine, et des potagers considérables qui fournissaient abondamment des légumes à la garnison et aux habitants.
Le 21 floréal an vin, il rompit la ligne de l’ennemi à Bisagno, l’attaqua par derrière sur le Monte-Cornua ; et seulement avec 400 hommes du 1" bataillon de la 2e demi-brigade d’infanterie de ligne, il battit complètement 4,000 Autrichiens, fiers de l’avantage qu’ils avaient ob-. tenu le matin sur la colonne qui avait été chargée de les attaquer dé front. Tout ce que le général Darnaud rencontra fut fait prisonnier, les magasins de l’ennemi et quatre pièces de canon tombèrent en son pouvoir. Le 8 prairial suivant, à la tête de 2,000 hommes, il prit d’assaut plusieurs redoutes, et il poursuivait ses rapides succès, lorsque, arrivé à travers la mitraille et les boulets, au pied d’un dernier retranchement qu’il se disposait à enlever, il fut grièvement blessé à la jambe gauche d’un coup de feu qui nécessita l’amputation. Après sa guérison, il fut nommé commandant de la place de Gênes, toujours en état de blocus, et passa dans la division de Ligurie le 23 germinal an ix. Le 3 floréal suivant, le gouvernement ligurien lui remit un sabre d’honneur en reconnaissance de ses services et de sa belle conduite avant et pendant le blocus de Gênes.
Le 1" fructidor an x, il fut mis en disponibilité et rentra en France ; mais
à son arrivée à Paris, il ne tarda pas à être employé, et le premier Consul lui confia le commandement du département de la Corrèze (20’ division militaire) par arrêté du 1" vendémiaire an xi. Le général Darnaud exerça ces fonctions jusqu’au 4 brumaire an xn, époque à laquelle il passa dans la 14’ demi-brigade militaire pour y commander le département de l’Orne.
Nommé membre de la Légion-d’Hon-neur le 19 brumaire an xn, il en fu créé commandeur le 25 prairial suivan et fut désigné pour faire partie du Collège électoral du département de l’Orne. Par décret du 19 mars 180b, l’Empereur lui conféra le.titre de baron avec une dotation de 4,000 francs de revenus. Le général Darnaud continua d’exercer ses fonctions dans le département de l’Orne ; il eut même le commandement provisoire de la 14e division militaire, en l’absence du général Grandjean, le 13 mai 1811, et fut appelé, le 22 juin suivant, au poste de commandant de l’hôtel impérial des Invalides, où sa sollicitude pour les braves, comme lui mutilés au champ d’honneur, lui acquit de nouveaux droits à la reconnaissance nationale. Lors de l’invasion des armées coalisées, ce fut à ses soins et à sa fermeté que l’on dut la conservation d’une partie des plans en relief, en dépôt à l’hôtel, et dont les Prussiens voulaient s’emparer.
Après sa rentrée en France, Louis XVIII le nomma chevalier de Saint-Louis par ordonnance du 27 juin 1814, et lui conféra le titre de lieutenant-général honoraire, le 6 septembre suivant. Nommé titulaire de ce grade, en conservant le commandement de l’hôtel des Invalides, le 1er juillet 1815, le général Darnaud fut créé grand officier de la Légion-d’Honneur le 24 août 1820, et
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commandeur de l’ordre royal militaire de Saint-Louis le 27 mars 1821.
Admis à la retraite le 10 octobre de cette dernière année, le général Dar-naud a terminé son utile et glorieuse carrière le 3 mars 1830. Son nom figure dignement sur la partie Nord de l’arc de triomphe de l’Étoile.
Né à Tartas (Landes), le 5 juillet 1773, s’enrôla à l’âge de dix-huit ans dans le 1er bataillon des volontaires nationaux de son département. Devenu capitaine le 17 octobre 1791, il passa en cette qualité à l’armée des Alpes, fit les campagnes de 1792 et 1793, assista au siège de Toulon, puis ser-vit avec la 77e demi-brigade, pendant les ans II, III, IV et V, aux armées d’Italie et d’Allemagne. Durant le cours de cette campagne, il fut atteint d’un coup de feu à la jambe droite au combat de Mologne, le 14 messidor an III, se fit remarquer à la prise de Dégo le 25 germinal an IV, en s’élançant un des premiers dans la redoute, et eut en cette occasion le tibia de la jambe gauche fracturé par une balle.
Après avoir combattu pendant quelque temps à l’armée d’Helvétie, Darricau fit ensuite la cam-pagne d’Orient, s’y distingua en plusieurs occasions, et fut promu au grade de chef de bataillon par le général en chef Kléber, le 30 vendémiaire an VIII. Attaqué impunément par une nuée d’Arabes, il soutint leur choc avec autant de sang-froid que de courage, les culbuta, les mit en fuite, puis en tua un de sa main et coupa le bras d’un autre.
Une blessure grave qu’il reçut à la cuisse droite, le 22 ventôse an IX, devant Alexandrie, l’em-pêcha de servir pendant un mois. Nommé colonel du 32e régiment de ligne par le général en chef Menou le 7 floréal suivant, Darricau revint en France avec les débris de l’armée d’Égypte, comman-da son régiment à l’armée des Côtes de l’Océan, fut décoré, le 19 frimaire an XII, de la croix de la Légion d’honneur, et combattit avec distinction à la Grande Armée d’Allemagne pendant les ans XIII et XIV. Ce fut lui qui battit à Aslach, entre Ulm et Albeck, la majeure partie des troupes du prince Ferdinand d’Autriche, lui fit 3 000 prisonniers et les ramena au camp français, à travers une légion de 6 000 hommes de cavalerie ennemie.
Le 16 vendémiaire an XIV, il enfonça à la baïonnette, à la tête de son régiment, une colonne de 6 000 Russes, qui menaçait, à Diernstein, les derrières du corps d’armée du maréchal Mortier. En récompense de ses services, le colonel Darricau fut créé, le 4 nivôse de la même année, comman-deur de la Légion d’honneur. Il se signala de nouveau au combat de Halle, le 17 octobre 1806, s’élança le premier sur le pont de la Saale, où son cheval fut percé de plusieurs coups de baïonnette, chassa l’ennemi de toutes ses positions, puis lui enleva 3 000 hommes et 6 pièces de canon.
Il déploya le même courage à la journée de Morunghen le 27 janvier 1807.
Élevé au grade de général de brigade le 15 février suivant, il contribua au succès de la bataille de Friedland. Le général Darricau fut créé baron de l’Empire en 1808, et envoyé à l’armée d’Espa-gne, où il eut le commandement de la réserve à la bataille d’Espinosa. Il se battit ensuite avec sa valeur accoutumée à l’affaire de Somma-Sierra. Le 3 décembre 1808, il concourut à la prise de Madrid, et marcha avec le corps d’armée que Napoléon dirigeait sur la Galice contre les Anglais le 22 du même mois.
Aussitôt après cette expédition, il se rendit à Benavente avec sa brigade, se porta successive-ment sur les villes de Toro, Zamora, Salamanque dont il s’empara, et reprit sur les insurgés deux pièces de canon de la garde impériale qui étaient tombées en leur pouvoir. Le général Darricau enleva aussi de vive force le pont et la ville d’Alcantara, Lors de la mort du général Lapisse, tué à la bataille de Talavera de la Reina le 28 juillet 1809, il fut chargé du commandement provisoire des troupes de cet officier général, obtint le gouvernement de Séville le 10 mai 1810, et devint général de division le 31 juillet 1811.
Pendant que les maréchaux ducs de Dalmatie et de Trévise assiégeaient Badajoz, le général es-pagnol Ballesteros marchait sur Séville avec un corps d’élite, composé de 6 000 hommes d’infante-rie et de 300 chevaux. Darricau, hors d’état de défendre cette grande cité, qui n’avait pour garnison que 1 300 fantassins et 400 chevaux, se retira avec toutes les administrations civiles et militaires dans la Cartuxa, vaste couvent de Chartreux que le maréchal duc de Dalmatie avait fait mettre à l’abri de toute insulte au commencement de cette campagne. Il était déterminé à défendre ce poste jusqu’à la dernière extrémité, et même à tirer sur la ville si les habitants se fussent révoltés, mais les Sévillans restèrent calmes et attendirent dans une complète neutralité l’issue de cette expédition, qui fut sans résultat, car l’arrivée du duc de Dalmatie, avec sa colonne, força l’ennemi à abandonner sa position devant cette ville.
Le général Darricau eut, en janvier 1815, le commandement de la 6e division de l’armée du Mi-di, en Estradamure, sous les ordres du comte d’Erlon. C’est lui qui, dans la retraite d’Andalousie, s’empara de la ville ainsi que du fort de Chincella par assaut, il établit une batterie à trente toises du fort et contraignit la garnison à capituler.
A l’époque où l’armée anglaise fut obligée d’opérer sa retraite sur Ciudad-Rodrigo, Darricau at-taqua avec sa division l’arrière-garde ennemie à San-Munos, la battit, la dispersa et lui fit un nom-bre considérable de prisonniers. Il se couvrit de gloire à la bataille de Vittoria, où il fut atteint d’un coup de feu à l’avant-bras. Après avoir puissamment contribué aux succès des combats livrés de-vant Bayonne, il commanda, le 9 février 1814, le département des Landes et en organisa la défense. Il combattit aussi à la journée d’Orthez, rejoignit l’armée française à Tarbes, où il fut chargé, le 20 mars, du commandement de la lère division.
Le général Darricau se fit remarquer aussi à la bataille de Toulouse, où il repoussa, à la tête de cette division, toutes les attaques que les Anglais dirigeaient sur les trois points du canal, depuis la Garonne jusqu’à la route d’Albi. A la première rentrée des Bourbons, il fut créé chevalier de Saint-Louis et commandant supérieur de Perpignan.
Il occupait encore ce poste lorsque Napoléon revint de l’île d’Elbe. Le maréchal Pérignon, qui commandait à Toulouse, lui donna presque aussitôt l’ordre de livrer la citadelle de Perpignan aux troupes royales qui se présentèrent pour en prendre possession. Le général Darricau, au lieu de sui-vre les ordres du général, fit arborer le drapeau tricolore dans tout le département des Pyrénées-Orientales. Pour lui témoigner sa reconnaissance d’avoir préservé cette ville de la guerre civile, le conseil municipal de. Perpignan lui offrit une épée riche et superbe, portant cette inscription : La ville de Perpignan au lieutenant-général baron Darricau.
L’Empereur, l’ayant rappelé à Paris, lui donna le commandement des fédérés, qu’il organisa avec beaucoup d’activité. Mais quand on eut renoncé au projet de défendre la capitale contre les armées alliées, le général Darricau quitta le commandement qui lui avait été confié, et ne fut plus employé pendant la seconde Restauration, et se retira à Dax, où il mourut d’une maladie de lan-gueur le 7 mai 1819, dans sa quarante-sixième année.
lieutenant-général, né à Arudy (Basses-Pyrénées), le 16 novembre 1774. Il entra au service le 17 brumaire an H, dans le 7e régiment d’infanterie légère, où il reçut ses grades jusqu’à celui de capitaine.
Passé en qualité de chef de bataillon au 25e de ligne, il entra plus tard dans le 1" régiment des grenadiers de la garde impériale et obtint successivement dans ce corps le grade de colonel et celui de maréchal de camp, et les titres de baron et de commandant de la Légion-d’Honneur. Cet avancement graduel et rapide annonce une conduite régulière et une bravoure remarquable.
Il fit les campagnes de l’an n et de l’an ni à l’armée des Pyrénées-Occidentales ; de l’an iv et de l’an v à l’armée d’Italie ; fit partie de l’expédition d’Espagne pendant les années 1808, 1809, 1810, et passa ensuite à l’armée du Nord.
Le général Darriule adhéra aux actes du Sénat, en 1814., et fut nommé par le roi chevalier de Saint-Louis et commandant du département des Hautes-Pyrénées.
Pendant les Cent-Jours, il remplit les fonctions d’inspecteur général de l’instruction de la garde nationale de Paris.
A la révolution de Juillet, il fut remis sur le cadre d’activité et fut nommé, en 1831, commandant du département de
la Seine et de la place de Paris, puis grand officier de la Légion-d’Honneur. En 1832 (29 juillet), il reçut le grade de lieutenant-général.
l’homme dont Napoléon à Sainte-Hélène résumait l’éloge en ces termes : « il joint le travail du bœuf au courage du lion, » naquit à Montpellier (Hérault) le d4 janvier 1767. Sa famille n’était ni noble ni riche, mais elle était entourée de l’estime publique ; son père occupait la place de secrétaire de l’intendance de Languedoc.
Le moment venu de choisir un état, il témoigna le désir d’entrer au service ; son père lui obtint une sous-lieutenance dans un régiment de cavalerie : c’était en 1783.
Le sous-lieutenant qui avait rêvé peut-être le bâton de Fabert, ne tarda pas à s’apercevoir qu’il attendrait longtemps le brevet dé capitaine ; les ennuis inséparables de la vie de garnison, les difficultés qu’il éprouvait pour se livrer aux travaux littéraires, pour concilier le goût de l’étude avec les occupations et les devoirs de la sou« -lieutenance, le dégoûtèrent du service militaire, et donnant sa démission de sous-lieutenant, il entra dans l’administration militaire. Il était commissaire des guerres en 1789. La Révolution le trouva disposé à accueillir, à seconder les principes d’une’ sage réforme. Quoique souvent dénoncé comme modéré, il fut conservé cependant à ses fonctions, parce qu’on avait besoin de ses talents, de sa capacité, de son expérience, si bien appréciés par tous les généraux aux armées de l’Ouest, de Sam-bre-et-Meuse, partout où l’appela le ministère de la guerre.
Dans les différents corps auxquels Daru fut attaché, jamais le soldat n’eut à se plaindre de ces cruelles privations qui
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décimaient les troupes et peuplaient les hôpitaux.
Sa réserve parut la preuve d’un secret penchant pour le royalisme, quoiqu’il ne fût pas noble, quoiqu’il n’eût pas émigré. Un ordre d’arrestation l’enleva même au milieu de l’armée, et conduit à Paris, il y attendit son jugement, ou plutôt il se prépara à la mort.
Il allait comparaîlre devant le tribunal révolutionnaire, lorsque la journée du 9 thermidor, en brisant la tyrannie sanglante de Robespierre et de ses complices, rendit la liberté à Daru.
Il ne cessait de demander à être envoyé à l’armée ; mais il était toujours éconduit par des promesses qui ne se réalisaient pas. Enfin, les circonstances lui devinrent plus favorables ; le ministre de la guerre avait besoin d’un administrateu r intelligent, ferme et probe, afin de régulariser le service des subsistances militaires ; il nomma chef de cette division si importante l’ancien commissaire des guerres qui était désigné à son choix par l’opinion publique. Daru entra d’abord au ministère de la guerre en l’an vi. Quelques mois lui suffirent pour établir un ordre parfait dans le service confié à sa surveillance.
Le tranquille travail des bureaux ne convenait pas à l’activité de Daru ; il aimait le mouvement, l’agitation de la vie militaire ; ils étaient même nécessaires à son tempérament. Il demanda et obtint la permission d’échanger la place de chef de division contre les fonctions de commissaire ordonnateur, et partit pour l’armée du Rhin. 11 n’y resta pas longtemps, et fut forcé de revenir à Paris, pour remplir les fonctions de secrétaire général du ministre de la guerre.
C’est qu’un homme habile à discerner le vrai mérite, à lui assigner les postes spéciaux où il peut briller avec le plus
d’éclat et rendre le plus de services, était alors à la tête du gouvernement.
Daru n’avait pas échappé à la perspicacité du premier Consul, qui le nomma secrétaire général du ministère de la guerre, avec le rang d’inspecteur aux revues, puis l’emmena avec lui en Italie.
Daru déploya, sous les yeux de cet excellent juge, les talents dont il avait déjà donné tant de preuves.
Après la bataille de Marengo, il reçut du général en chef de l’armée française une mission qui était un éclatant témoignage de l’estime et de la confiance qu’il lui avait inspirées : nommé l’un des commissaires chargés de veiller aux détails d’exécution de la convention signée par Mêlas etBerthier, il ne tarda pas à revenir à Paris ; il ne devait plus se séparer du chef de l’État. Alors, quelques jours de paix et de bonheur avaient lui pour la France ; un gouvernement régulier avait succédé à l’anarchie et au désordre ; les arts et les lettres sortaient, pour ainsi dire, de leur tombeau, et le signal de leur résurrection était une hymne de reconnaissance au grand homme qui leur promettait une protection éclairée. Daru, admirateur du premier Consul, voulut aussi lui payer le tribut poétique de son enthousiasme, et il emprunta, pour le louer, une forme ingénieuse et délicate ; il adressa à l’abbé Delille une épître pour l’engager à célébrer ses hauts faits et sa gloire.
Dis-moi, souffriras-tu qu’une Muse vulgaire S’empare d’un sujet digne d’un autre Homère ? L’abbé Delille’ garda son inflexible silence ; il ne voulut pas être l’Homère du premier Consul ; mais s’il refusa des vers au chef de l’État, il rendit justice au mérite d’une versification élégante, à l’esprit du poëte. Le jugement du public ne fut pas moins favorable à l’épître de Daru ; mais son poëme intitulé les Alpes,
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composition sans plan déterminé, ne réussit pas. Toutefois, cet ouvrage se distinguait par la même pureté de goût, la même correction qu’pn avait louées dans la traduction en vers des Odes d’Horace, publiées quelques années auparavant.
Un nouveau théâtre s’ouvrit bientôt pour M. Daru, appelé au Tribunat ; il apporta dans cette assemblée les leçons et les enseignements de son expérience dans tous les détails de l’administration de la guerre.
On ne doit pas s’étonner de voir Daru concourir dans les limites de son influence personnelle à l’établissement de l’Empire, car le premier Consul avait été son général et même son ami ; et puis le nouvel Empereur légitimait son’ introduction par le génie et par la gloire.
Napoléon, empereur, ne fut pas ingrat envers ceux qui avaient favorisé sa promotion, mais Daru avait encore d’autres droits à la bienveillance du nouveau monarque ; ce fut moins le membre du Tri-bunat que l’administrateur que Napoléon nomma membre de la Légion-d’Honneur le 4 frimaire an xu, et commandant le 25 prairial suivant.
La place de Daru était marquée au conseil d’État, et il s’y assit à côté des capacités dont l’Empereur s’entourait. Il prit une part glorieuse à toutes les discussions qui avaient lieu souvent devant Napoléon.
De l’an xu à 1806, Daru fut nommé successivement conseiller d’État, intendant général de la maison militaire de l’Empereur, intendant général de la liste civile, en remplacement de Fleurieu. 0 Commissaire général de la grande armée à l’ouverture de la campagne contre la Prusse, en 1806, il eut une tâche plus pénible à remplir après la bataille d’Iéna : L’Empereur le nomma intendant général des pays conquis, et ces fonctions ’comprenaient l’exécution terrible de la victoire. Il fallait que, suivant l’axiome-
militaire, la guerre nourrît la guerre. La Prusse vaincue, devait payer d’énormes contributions au vainqueur ; un décret de l’Empereur en avait fixé le chiffre, et Daru se trouva investi d’un pouvoir dont il n’était pas en sa puissance d’adoucir la rigueur. Toutefois, s’il fut rigoureux, il ne fut point injuste et jamais on n’attaqua sa probité.
La campagne de 1809 terminée par la bataille de Wagram avait livré aux armées françaises les États héréditaires de l’empire d’Autriche et une grande partie de ses autres provinces. Daru fut investi à Vienne dés mêmes fonctions qu’il avait remplies à Berlin. Il y montra le même droiture, la même modération.
En 1814, de Champagny, ministre des relations extérieures, avait encouru la disgrâce de l’Empereur ; celui-ci voulut néanmoins compenser pour le ministre destitué la perte de son portefeuille ; il le nomrna intendant général des domaines de la couronne à la place de Daru, qui reçut le titre de ministre secrétaire d’État. Il le nomma comte de l’Empire et grand officier de la Légion-d’Honneur le 30 juin 1811.
Vers la fin de 1811 et au commencement de 1815, de graves symptômes de mésintelligence annonçaient l’imminence d’une rupture entre la France et la Russie. L’Angleterre, par ses intrigues et par son or, avait rallié le Czar à la cause de sa haine. De chaque côté on se préparait à la lutte. Napoléon partit et Daru l’accompagna.
Après la bataille de Smolensk, Daru, consulté par l’Empereur, était d’avis que l’armée s’arrêtât, se fortifiât dans cette ville ; il ne la voyait pas sans crainte s’enfoncer au sein de la vieille Russie, en s’acharnant à la poursuite d’un ennemi qui se dérobait devant elle par une fuite calculée. Il objecta, au nom de son expérience, que les approvisionne-
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ments ne suivraient plus avec sécurité la marche de l’armée française, et que les convois ne pouvaient s’aventurer dans un pays où manquaient les lieux propres à recevoir des magasins. L’incendie deMoscou justifia les craintes de Daru : « Que faire ? disait l’Empereur à Daru, en jetant les yeux sur les ruines fumantes de la cité sainte. — Res : ter ici, répondit Daru, nous loger dans ce qui reste de maisons, dans les caves ; recueillir les vivres qu’on pourra encore trouver dans cette ville immense ; presser les arrivages de Wilna, faire de ces décombres un grand camp relranché, rendre inattaquables nos communications avec les provinces lithuaniennes avec l’Allemagne, avec la Prusse, et recommencer au printemps prochain.
« — C’est un conseil de lion, s’écria l’Empereur. » Le conseil de lion ne fut pas suivi : Napoléon donna le signal de la retraite.
Pendant cette retraite, le général Mathieu Dumas, malade et dans l’impossibilité de continuer ses fonctions d’intendant général, fut remplacé par le comte Daru. Vers la fin de la campagne il crut devoir donner à ces fonctions le titre d’un ministère spécial dont elles avaient d’ailleurs l’importance.
En 1813, l’intendant général de la grande armée fut nommé grand aigle de la Légion-d’Honneur (22 novembre) et ministre’chargé de l’administration de la guerre. Dans les campagnes de 1813 et 1814, Daru fut ce qu’il avait toujours été, actif, infatigable, fertile en ressources ; mais l’épuisement de la France imposait des limites à sa volonté. Cependant l’administration de la guerre, avec les faibles moyens dont elle pouvait’ disposer, sut pourvoir à toutes les nécessités des différents services ; elle ne put rien dans les malheurs qui amenèrent l’abdication de Fontainebleau.
Louis XVIII le nomma intendant général honoraire et lui donna la croix de Saint-Louis. Témoin et juge sévère des fautes de la Restauration, il seconda de ses vœux seulement le succès de la Révolution du 20 mars. Quand il vint saluer Napoléon aux Tuileries, l’Empereur lui serra affectueusement la main, car il savait qu’il pouvait toujours compter sur son dévouement. Le désastre de Waterloo et la seconde Restauration forcèrent Daru de quitter définitivement la carrière administrative ; il perdit toutes ses places, excepté celle qu’il occupait à l’Institut, où il avait succédé, en 1806, à Colin d’Harleville. Il échappa aux épurations de l’ordonnance de 1816. Rendu à ses livres et à l’étude, Daru trouva le bonheur dans sa retraite studieuse. Il avait renoncé sans regret à la vie politique, il y fut rappelé par l’ordonnance royale du 5 mars 1819 qui le comprit dans la nombreuse promotion de Pairs nommés par le ministre Decazes, à la suite de la réaction contre le parti qu’on appelait alors ultra monarchique.
Quoique appartenant à l’opposition de la Chambre, les opinions et le langage de Daru repoussaient l’idée des hostilités systématiques qui compromettent le succès des meilleures causes. Les ministères Villèle et Polignac trouvaient en lui un rude, mais loyal adversaire.
Daru vit se préparer la révolution de Juillet, mais il mourut avant qu’elle s’accomplît. Une attaque d’apoplexie termina son existence le o septembre 1829. Il se trouvait alors à sa terre de Meulan. Indépendamment de ses traductions du Traité de l’orateur, de Cicéron, et cfes Odes d’Horace, le comte Daru a publié plusieurs grands ouvrages et beaucoup de poésies ; il a laissé surtout un ouvrage qui lui a survécu, et qui assurera sa mémoire contre l’oubli : c’est Y Histoire de
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la République de Venise. On ne connaissait de Venise que les souvenirs de sa grandeur et de sa décadence ; Daru arracha cette République au roman et à la poésie pour la restituer au domaine des faits et à la réalité. L’Histoire de Bretagne suivit de près celle de la République de Venise ; mais elle est bien inférieure. L’historien s’est arrêté à la Révolution française, il est à regretter qu’il l’ait laissée incomplèle. (Extrait de la biographie de Daru,par C. SAINT-MAURICE.)
est né à Courteson, dans le comtat Venaissin, le 12 septembre 1764. Il débuta sur la corvette la Flèche, en 1782.
Plusieurs campagnes qu’il fit dans les Indes fixèrent sur lui l’attention du gouvernement. De retour en France, il se livra à l’étude de la tactique navale, s’embarqua, en 1787, sur un des paquebots destinés à faciliter les relations de nos ports avec les îles de l’Amérique, et fut promu au grade de lieutenant de vaisseau en 1789.
Après plusieurs années d’une navigation non interrompue, sa santé, gravement altérée, le força d’aller chercher, au sein de sa famille, le repos dont il éprouvait le besoin. Ses concitoyens l’avaient élu procureur de la cothmune de Courteson, lorsque la première coalition des Rois contre la France le rappela au service de la marine.
Le 5 janvier de l’année suivante, il fut nommé major général de l’escadre qui préserva Belle-Isle et Croix de la descente dont les menaçait la flotte anglaise aux ordres de lord Howe.
Les équipages, qu’un fatal concours de circonstances avait réduits au plus affreux" dénûment, se révoltèrent avec une violence extrême, sous prétexte d’aller à Brest pour sauver le port de la trahison
qui venait de livrer Toulon aux Anglais. Le péril était d’autant plus imminent, que l’escadre était en présence de l’ennemi. Daugier se rendit avec l’amiral à bord des vaisseaux insurgés, il harangua les marins, et parvint à calmer l’effervescence des esprits.
Le Comité de salut public crut devoir le destituer pour ménager l’ombrageuse susceptibilité du fanatisme populaire, mais sa réintégration suivit de près la perte de son emploi.
Le 1er germinal an m, il fut élevé au grade de capitaine de vaisseau. Villaret-Joyeuse, qui avait à ses ordres l’armée navale de l’Océan, lui confia le commandement de la frégate la Proserpine.
Daugier ayant participé avec cette frégate aux combats des 29 prairial et 5 messidor, fut chargé d’aller en rendre compte au gouvernement, qui lui donna quelque temps après la direction des convois de Nantes et de Rochefort, au nombre de soixante-quatre voiles. Ce fut dans cette circonstance qu’il ne craignit pas d’attaquer, avecquatre frégates, à l’entrée de la baie d’Audierne, une division anglaise composée d’un vaisseau et de trois frégates, pour laisser au convoi le temps de se réfugier dans la baie. Il commanda successivement le Jupiter et le Batave, et reçut l’ordre de se rendre à Lorient, pour y remplir les fonctions de chef militaire, fonctions qu’il fut obligé de quitter, en l’an x, pour venir siéger au Tribunal.
En récompense des services énnnents qu’il avait déjà rendus, Napoléon le fit membre de la Légion-d’Honneur le i frimaire an xn, commandant de l’ordre le 2") prairial suivant, et électeur du dé-.partement de Vaucluse, et le nomma commandant des marins de la garde et des quatre grands corps de la flottille destinés à opérer une descente en Angleterre.
En 1806, il fut chargé d’explorer le littoral de l’Adriatique*
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Daugier, de retour à Paris, après avoir rempli cette périlleuse mission, apprit que les marins de la garde avaient subitement quitté les bateaux de la flottille pour se rendre en poste au siège de Danlzig. Il partit aussitôt afin daller se mettre à la tête de cette phalange d’élite, dont la valeur contribua si puissamment à la reddition de cette place. Après avoir assisté au siège de Stralslund, à l’attaque de l’île de Ruggen, Daugier fut appelé aux frontières d’Espagne, où se réunissaient les différents corps d’armée destinés à envahir la Péninsule.
Le 2 mai 1808, lors de l’insurrection du peuple de Madrid, il faillit être victime de son inviolable attachement à ses devoirs. Toujours à la tête des marins de la garde, il reçut l’ordre d’aller joindre en Andalousie le corps d’armée du général Dupont. Il eut un cheval tué sous lui à la bataille de Baylen, le 19 juillet.
Voici en quels termes s’exprime le général Foy, dans le récit qu’il fit de cette malheureuse journée : « Bientôt, arriva la dernière réserve des Français, le bataillon des marins de la garde impériale, du capitaine de vaisseau Daugier. Ils n’étaient que 300 hommes, mais 300 hommes que la crainte ne pouvait faire broncher. »
Après la convention d’Andujar, en 1809, Daugier revint en France pour solliciter sa retraite. Il obtint seulement un congé de l’Empereur à l’effet de rétablir sa santé délabrée. Napoléon, qui venait de le nommer préfet maritime de Loriënt, lui dit publiquement, dans la salle des maréchaux : « Je sais l’éloge que les généraux ennemis ont fait de vous et des hommes de fer que vous commandiez. Cet éloge d’un ennemi en vaut bien un autre, monsieur Daugier. »
A la rentrée des Bourbons, en 1814,
Louis XVIII le nomma contre-amiral et chevalier de Saint-Louis. Il reçut en même temps le titre de comle. A la seconde Restauration, Daugier fut successivement appelé à la préfecture maritime de Lorient (18-14), de Rochefort (1817), et de Toulon. Il fut créé commandeur de Saint-Louis le 21 octobre 1818, puis grand officier de la Légion-d’Honneur, le 28 avril 1821.
Envoyé à la Chambre des Députés par le département du Morbihan (1815), il s’y montra constamment. l’interprète fidèle, le défenseur éclairé de la marine, qu’il parvint ainsi à réhabiliter dans l’esprit de ceux qui n’avaient point été à portée de l’apprécier dans les dernières années de l’Empire.
En 1817, Daugier fut encore élu député par le département du Finistère, dont il avait présidé le collège électoral.
Dans la session de 1817-1818, il vota avec la minorité, ce qui n’empêcha pas le ministère de le reconnaître pour son candidat dans le département de Vau-cluse, qui le choisit également en 1819 pour le représenter à la Chambre, où il resta jusqu’en 1827. A partir de cette élection, il se dévoua au ministère, qu’il crut devoir soutenir contre les attaques dont il était l’objet.
Lorsque Camille Jordan présenta un amendement important, le 29 juin 1820, dans la discussion de la loi sur les élections, la défection de Daugier et de cinq ou six autres de ses collègues fit rejeter cet amendement. Conseiller d’État et directeur du personnel de la marine en 1821, il eut bientôt leconimandementde la marine à Toulon, reçut la grand’-croix de Saint-Louis le 20 août 1823, et fut promu au grade de vice-amiral en 1825. Réélu député par l’arrondissement d’Avignon, au mois de novembre 1827, il termina sa carrière législative lors de
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la dissolution de la Chambre de 1830, opérée par le ministère Polignac.
Il avait été nommé membre du conseil d’amirauté le 7 janvier 1827, et conseiller d’État en service extraordinaire le 12 novembre 1828. Admis dans le cadre de réserve par ordonnance du 1" mars 1831, il mourut à Paris, le 12 avril 1834.
né à Périgueux le 14 juillet 1777. Volontaire à l’époque de la Révolution, il passa dans les guides de Bonaparte, chef d’escadron de la garde impériale en 1808, et bientôt après major. 11 perdit sa jambe à Vy’a-gram, maréchal de camp et gouverneur de Vincennes en 1812, gouverneur de Condé à la première Restauration, et une seconde fois gouverneur de Vincennes dans les Cent-Jours. Daumesnil était un de ces braves grenadiers qui donnèrent une preuve si touchante de leur dévouement héroïque au général en chef de l’armée d’Égypte, en Je couvrant de leurs corps pour le garantir des éclats d’une bombe tombée à ses pieds.
Gouverneur de Vincennes lors de l’invasion de 1814, la capitale était occupée par les alliés depuis plusieurs semaines que Daumesnil tenait encore. On ne parlait, dans Paris, que de la gaîté de sa réponse aux sommations russes : « Quand vous me rendrez ma jambe, je vous rendrai ma place. » (Mémorial-) — « Nous vous ferons sauter, dit un des parlementaires. — Alors je commencerai, » répondit le brave général, en lui montrant une énorme quantité de poudre ; « nous sauterons ensemble. »
En 1815, Daumesnil commandait encore à Vincennes, l’ennemi voulut le corrompre et lui offrit un million. Ce marché fut rejeté avec mépris. « Mon refus, dit-il, servira de dot à mes enfants. » Cinq mois après il capitula avec les Bour-
bons et sortit de la forteresse avec le drapeau tricolore.
On le mit à la retraite ; en 1830, on le réintégra dans son commandement ; en 1831, il défendit les ministres de Charles X, confiés à sa garde et que le peuple voulait mettre à mort. « Vous n’aurez leur vie qu’avec la mienne, » dit-il à la foule ; et le peuple respecta le vieux guerrier.
Il fut ensuite nommé lieutenant-général, mais il mourut du choléra le 17 août1832.
Les Chambres accordèrent une pension à sa veuve.
né le 28 juin 1770, à Pontacq (Basses-Pyrénées), entra au service comme sergent-major le 17 octobre 1791 dans le 1" bataillon des Basses-Pyrénées, incorporé en l’an n dans la 39e demi-brigade de bataille, amalgamée dans la k° d’infanterie de ligne à l’organisation de l’an iv. Il fit les campagnes de 1792 en l’an m a l’armée des Pyrénées-Orientales, fut nommé sous-lieulenant le 26 frimaire an n, et se distingua, le 30 thermidor suivant, en mettant en déroute, avec une seule compagnie de grenadiers, tout le régiment de gardes wallonnes espagnoles ; il ramena au quartier général quarante-deux officiers prisonniers. Ce brillant fait d’armes lui valut l’épaulelte de lieutenant le 16 fructidor de la même année.
A la tête de sa compagnie, il enleva, le 27 brumaire an ni, une redoute armée de huit pièces de canon et défendue par deux bataillons portugais sous les ordres du comte de Crillon, qui lui remit ses drapeaux.
Capitaine le 16 floréal suivant, il repoussa vigoureusement les charges d’un escadron des gardes du roi d’Espagne, et lui fit éprouver de grandes pertes. Passé à l’armée d’Italie, il prit part
3G6 ) DAV reçut un coup de sabre sur la figure dans une charge faite par un régiment de dragons anglais. Le 11 mai, il couvrit la retraite de l’avant-garde de l’armée vivement poursuivie par les troupes anglaises l’espace de dix lieues ; l’Empereur le récompensa de ses bons services en le nommant colonel du 9e d’infanterie légère le 10 février 1810, officier de la Légion-d’Hon- DAU
aux guerres des ans iv et v et se signala aux affaires de Milléhimo, du Pont de Barzanne. Au combat du faubourg de Saint-Georges, sous Mantoue, il entra un des premiers dans la redoute qui en défendait l’approche, et contribua à faire mettre bas les armes à un régiment de cuirassiers et à deux escadrons de hussards autrichiens qui se rendirent à discrétion. Dans ces différentes actions, il reçut trois coups de feu, au bras droit, à la poitrine et à la tête. A la bataille d’Ar-cole il eut la cuisse droite traversée d’un coup de feu.
Nommé sur le champ de bataille chef de bataillon à la 40e demi-brigade d’infanterie de ligne, le Directoire le confirma dans ce grade le 3 nivôse an v. Il servit à l’armée d’Angleterre pendant les ans vi et vu, et retourna en l’an vin à l’armée d’Italie. Au passage du grand Saint-Bernard, il emporta d’assaut, avec son bataillon, la place d’Ivrée ; à Romano, il soutint seul et repoussa plusieurs charges d’une nombreuse cavalerie ; à Casteggio, il montra tant de bravoure que le major général Berthier le rendit l’objet d’un rapport spécial ; à Ma-rengo, il reçut un coup de feu à l’aine droite, et au passage du Mincio il mérita les éloges du général Lannes.
Le gouvernement consulaire l’employa à l’armée de l’Ouest pendant les ans x et xi, et à celles des côtes de Bretagne depuis l’an xn, jusqu’en 1806 ; major du 47* régiment de ligne le 30 frimaire an xn, membre de la Légion-d’Honneur le 4 germinal suivant, l’Empereur l’attacha, en 4807, au camp volant de Napoléon-ville.
Il fit les campagnes de 1808 à 1814 en Espagne et en Portugal. Le 29 mars ■1809, à la prise d’Oporto, il enleva les batteries du centre avec quatre compagnies de voltigeurs du 47e, traversa la ville, s’empara du pont sur le Douro, et
neur le 6 août 1811, et baron de l’Empire en 1812.
Il reçut un coup de feu dans la cuisse gauche, le 30 juillet 1813, en avant de Pampelune où il fit des prodiges de valeur, et obtint le grade de général de brigade le 25 novembre de la même année. Mis en non-activité après l’abdication de l’Empereur, il devint cependant chevalier de Saint-Louis le 19 juillet, et commandeur de la Légion-d’Honneur le 27 décembre 1814. Remis en activité lors du retour de l’Empereur, et en demi-solde à la rentrée des Bourbons, il fit partie du cadre de l’état-major à l’organisation du 30 décembre 1818.
Le baron Dauture est mort à Pau (Basses-Pyrénées), le 12 avril -1820.
duc d’Auer-stadt, prince d’Ecmùlh, maréchal de France, ministre, né à Aunoux en 1770.
Il sortit a 1 o ans de l’école de Brienne et entra comme sous-lieutenant au régiment de Champagne-Cavalerie. Quelques années après, on le voit chef de bataillon du 3e régiment de volontaires de l’Yonne, dans l’armée de Dumouriez, et dans les années 1793, 1794 et 1795. général de brigade aux armées de la Moselle et du Rhin.
Ses talents et son intrépidité le firent distinguer par Moreau qui lui confia des commandements importants, et à qui il rendit des services signalés, particulière-
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ment au passage du Rhin, le 20 avril 1797.
Davoût suivit Bonaparte en Égyple, s’y distingua et contribua puissamment à la victoire d’Aboukir. Après cette bataille, le général en chef avait laissé à Lannes le soin de réduire le fort d’Aboukir ; Lannes, ayant été blessé, céda le commandement à Menou. La garnison, ayant tenté une sortie, parvint à se loger dans les maisons voisines du fort ; mais Davoût, qui commandait la tranchée, attaque les ennemis avec cinq bataillons, en tue 2,000, en culbute -10,000 dans la mer, où ils sont fusillés et mitraillés, rejette le reste dans la place et s’empare de vingt pièces d’artillerie que les chaloupes avaient mises à terre. Mustapha-Pacha lui-même fut pris avec les 200 hommes qui l’entouraient ; restait le fort, défendu par le fils du pacha, son Kiaja et 2,000 hommes.
Le 30 juillet, Davoût, étant de tranchée, fait une attaque générale, et le 2 août la garnison se rend à discrétion.
De retour en France avec Desaix, Davoût fut nommé général de division, en 1802 commandant en chef des grenadiers de la garde consulaire, et en 180-4 maréchal d’Empire.
En 1805, il reçut le commandement du 3e corps de la grande armée, avec lequel il prit une part glorieuse aux victoires d’Ulm, d’Austerlitz, d’Féna, d’Ey-lau etdeFriedland. Ce fut après la bataille d’Iéna qu’il reçut le titre de duc d’Auer-stadt, en récompense de la savante manœuvre qu’il opéra près de ce village avec la droite de l’armée française.
Nous entrerons dans quelques détails sur l’un des plus beaux titres à la gloire du maréchal Davoût. ~ Pendant que la droite de l’armée \ prussienne était mise en déroute à léna, [voici ce qui se passait à sa gauche : | Le duc de Brunswick, à la tête de
90,000 hommes, s’était porté dès le 13 octobre sur Naumbourg, pour occuper les défilés de Kœsen avant les Français. Son corps d’armée se composait d^e cinq divisions ; celle qui était en tête de la colonne prit position sur les hauteurs, entre Auerstudt et Gernstedt. Son quartier général fut établi à Auerstadt ; le roi de Prusse s’y trouvait en personne.
Dans la matinée du 13, le maréchal Davoût avait pris position en avant de Naumboui-g, dont il venait de s’emparer. Son corps d’armée était fort de 24,000 combattants seulement. Le pont sur la rivière d’Unstruth, au-dessus de Naumbourg, était occupé par les Français, et le maréchal avait ordonné qu’on le coupât, si l’ennemi s’y présentait. Les Prussiens ayant fait un grand mouvement sur Naumbourg, il envoya un bataillon du 2b’ régiment au défilé de Kœsen, en lui ordonnant de se défendre jusqu’à la dernière extrémité, et s’occupa en même temps des moyens de le soutenir. Jusqu’alors, le maréchal Davoût avait été appuyé par la cavalerie de Murât et par le corps d’armée de Bernadotle ; mais le premier, ayant reçu l’ordre de se rapprocher d’Iéna, et le second de se porter sur Comburg et Dornburg, Davoût se trouvait obligé, avec 24,000 hommes environ, dont 1,500 de cavalerie seulement, de tenir tête à toute la gauche de l’armée prussienne, presque toute composée de corps d’élite et forle de plus de 90,000 hommes, dont 12,000 de cavalerie. Et il fallait que le maréchal défendît jusqu’.à la dernière extrémité les défilés de Kœsen et le passage de la Saale ; car, une fois maître de ces débouchés, le duc de Brunswick aurait pu facilement tourner l’armée française et la placer entre deux feux.
Le 14, à six heures du matin, la division du général Gudin était déjà formée au delà des défilés de Kœsen ; les au -
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1res divisions se mirent successivement en ligne. Le brouillard était, comme à Iéna, extrêmement épais ; aussi le général Gudin s’avança-t-il jusqu’auprès dé Hassenhausen sans \oir l’ennemi et sans être vu. Mais il se trouva tout à coup à portée de l’avant-garde du général Blùcher. Le général Gauthier, qui marchait en tête de la division Gudin, fit tirer sur cette colonne quelques pièces chargées à mitraille ; les escadrons et le bataillon de grenadiers ennemis furent dispersés ; l’artillerie à cheval qui les suivait fut mise en désordre ; six pièces de canon tombèrent au pouvoir des vainqueurs.
La cavalerie du général Bliicher, qui déjà débordait la droite du maréchal Davoût, menaçait de la tourner et de l’envelopper. Le maréchal ordonna au général Petit d’aller, avec sa brigade ( les 21e et 12e régiments de ligne), au secours du 25e régiment sur la droite de Hassenhausen. Pendant ce temps, le 85* régiment, soutenu par deux pièces de canon, se formait à la gauche. L’intervalle était occupé par des tirailleurs français, qui, jetés dans le village, faisaient beaucoup de mal à l’infanterie prussienne. Dix pièces de canon vinrent renforcer la droite du maréchal. Le brouillard s’étant dissipé, un corps de cavalerie ennemi, après avoir tourné le village de Hassenhausen, se trouva sur le flanc et sur les derrières de la division Gudin qu’il chargea avec impétuosité dans tous les sens. Le général français ne perdit pas la tête : il forma aussitôt son infanterie en carrés pour donner à la division Friant, qui suivait, le temps d’arriver à sa hauteur. La cavalerie prussienne renouvela plusieurs fois sa charge sans aucun succès ; les carrés français foudroyèrent ces nombreux escadrons, qui s’enfuirent dans le plus grand désordre, après avoir éprouvé une
perte énorme, et sans avoir pu parvenir à entamer un seul bataillon français. Cette cavalerie en déroute se jeta sur Spilberg, où elle fut vivement poursuivie par la cavalerie française. En ce moment, le maréchal Davoût arriva avec quelques escadrons ; la division Friant l’accompagnait. L’ennemi occupait une hauteur couronnée de bois, et que soutenait six pièces d’artillerie. Après avoir enlevé la hauteur sous le feu, le plus vif, les troupes du général Friant occupèrent Spilberg. Le maréchal Davoût fit placer près du cimetière douze pièces d’artillerie qui prirent la ligne ennemie en écharpe, et lui firent beaucoup de mal. En même temps, le village de Popel était enlevé par le colonel Higonet qui prit aux Prussiens un drapeau et trois pièces de canon. Le maréchal Davoût, toujours1 à la tête de la division Friant qui marchait en colonnes serrées, se porta en avanl, laissant Auerstadt sur sa gauche. Le feu des batteries que l’ennemi avait sur ce point n’empêcha pas le général Friant de continuer son mouvement ; il s’appuya à droite pour couper la retraite à l’ennemi.
Depuis quatre heures, la division Gudin luttait contre des forces supérieures, et se trouvait livrée à elle-même par le mouvement de la division Friant. Déjà elle commençait à céder du terrain quand la division Morand arriva à son secours. La première brigade de ce corps enleva, à la baïonnette, le village de Hassenhausen.
A onze heures du matin, le roi de Prusse ordonna une attaque générale ; le prince Henri, son frère, se mit à la tête d’un corps nombreux de cavalerie prussienne, et tomba avec impétuosité sur la division Morand, qui se défendait contre une division d’infanterie prussienne. Le prince Henri ayant été blessé dans
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une charge, ses troupes se replièrent et vinrent se ranger derrière l’infanterie, et le général Morand, les attaquant à son tour, les dispersa dans la plaine.
Tandis que ces événements se passaient à- la gauche de l’armée française, le général Friant lança ses tirailleurs dans la direction des villages de Poppel et de Tauchwitz, qui obligèrent la brigade du prince Henri à se retirer.
Les trois divisions prussiennes engagées avant été forcées de rétrograder, la droite de la division Morand gagna du terrain. Le général de Billy, à la tête du 61e régiment, s’avança vers la tête du ravin qui conduit à Rehausen. Une masse d’infanterie, soutenue par un grand nombre de bouches à feu, y était postée. L’engagement fut terrible, on était à portée de pistolet, et les rangs français étaient rapidement éclaircis par la mitraille. Le général de Billy y fut blessé mortellement. Mais tous les efforts de l’ennemi ne purent empêcher la division Morand de marcher en avant. Les Prussiens firent renforcer leur droite pour arrêter les progrès de l’aile gauche des Français, tandis que quelques compagnies de tirailleurs filaient le long du vallon. Depuis que le duc de Brunswick avait été forcé de quitter le champ de bataille et avait eu un cheval tué sous lui, le roi de Prusse conduisait en personne toutes les attaques. La gauche des Français étant dégarnie de cavalerie, ce prince voulut tenter d’enfoncer l’infanterie pour tourner ensuite la division Gu-din ; mais le maréchal Davoût, devinant les intentions du roi de Prusse, envoya le général Morand pour empêcher cette manœuvre. Morand, disposant son artillerie sur un contre-fort qui dominait tous les environs,- prit en flanc l’armée prussienne et mit le désordre dans ses rangs.
Le maréchal Davoût profitant du succès de ses deux ailes, fit avancer le cen- T. I.
tre de son corps d’armée, et faisant attaquer le village de Tauchwitz par le général Gudin, l’armée prussienne se retira en désordre laissant sur les hauteurs de Hussenhausen la plus grande partie de son artillerie.
Les deux divisions de réserve, commandées par le général Kalkreuth, se mirent alors en ligne. Le prince de Prusse, commandant les grenadiers, et le général Blûcher qui avait rallié toute la cavalerie appuyaient le mouvement. Le général Kalkreuth tint ferme pendant quelque temps ; mais, voyant sa droite débordée par le général Morand, e’t écrasée par la batterie de Sonemberg dont le feu plongeant balayait toute la plaine, il fut forcé de reprendre sa position première ; le maréchal Davoût se rendit à l’aile droite qui achevait de décider la victoire par un mouvement de conversion, dirigea sa gauche sur le Sonnemherg, et envoya sur. la gauche des plateaux d’Eckarts-berg la division Gudin, qui débouchait des villages de Tauchwilz et de Poppel.
Une des deux divisions de réserve de l’armée prussienne étant presque tournée, prit position vers les quatre heures en avant d’Eckartsberg. Une forte batterie la soutenait. Le maréchal Davoût la fit attaquer par la Division Gudin qui se forma en bataille au pied de ces hauteurs. 400 hommes des 12’ et 21° régiments gravirent, sous les ordres du général Petit, l’escarpement sans riposter au feu de l’artillerie qui pleuvait sur eux, et chargèrent à la baïonnette. Pence temps, le général Grandeau, en tête de la division Friant, arrivait parla droite sur le plateau avec le IIIe régiment. A la vue de ce renfort, les Prussiens abandonnèrent précipitamment leur position, la dernière qui leur restât, laissant vingt-deux pièces de canon au pouvoir des Français. L’ennemi fut poursuivi jusqu’à la nuit ; il éprouva une telle panique, que u
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le général Vialannes, le chassant devant lui jusqu’à trois lieues du champ de bataille, ramassa sur son chemin, sans éprouver aucune résistance, un grand nombre de prisonniers, de chevaux et plusieurs drapeaux.
Ainsi, en résumé, la marche rétrograde de Bernadolte mit à même Davoût de se couvrir d’une gloire immortelle et de porter au plus haut point la réputa-tation de l’infanterie française. — Le maréchal avait pris cent-quinze pièces de canon en batterie et fait 4 à 5,000 prisonniers, n’ayant avec lui que 900 chevaux, tandis que l’ennemi en avait 12,000 soiîs les ordres de Blûcher.
Un ordre du jour fit connaître à l’armée que l’Empereur, voulant témoigner sa satisfaction à l’armée du maréchal Davoût (3e corps), par la plus belle récompense pour des Français, avait ordonné que ce corps entrerait le premier à Berlin le 25 octobre. En effet, dix jours après, Berlin vit entrer dans ses murs le maréchal Davoût à la tête du 3e corps qui avait battu la principale"armée prussienne, commandée par le roi et le duc de Bruns-wick. Ce dernier était mourant. Le roi avait passé l’Oder. Le titre de prince d’Eckmùlh fut donné au maréchal sur le champ de bataille, dans la campagne d’Autriche en 1809.
Après la bataille de Wagram où il fit des prodiges de valeur, le prince d’Eckmùlh, nommé commandant en Pologne, gouverna ce pays avec un despotisme outré qui lui mérita les reproches de l’Empereur. Dans la campagne de. Russie, il battit l’ennemi à Mohilow, et à la bataille de la Moskowa où il fut blessé et eut plusieurs chevaux tués sous lui, il donna de nouvelles preuves de sa bravoure et de son habileté.
Après la retraite de Moscou, il établit
son quartier général à Hambourg ( 30 mai 1813) ; il y fut bientôt assiégé par l’ennemi victorieux. En vain, les armées russe, prussienne et suédoise, formant un total de 80,000 hommes, cherchèrent-elles à s’emparer de la place et à ébranler la fermeté du prince d’Eckmùlh, leurs menaces et leurs efforts furent également inutiles. Ce ne fut qu’au mois d’avril 1814 qu’il consentit à remettre Ja place non aux généraux ennemis, mais au général Gérard, porteur des ordres de Louis XVIII.
Pendant la première Reslauraiion, il vint se retirer dans sa terre de Savigny-sur-Orge.
Après le retour de l’île d’Elbe, appelé par Napoléon au ministère de la guerre, Davoût, de concert avec l’Empereur, organisa en trois mois l’armée française sur le pied où elle était avant les événement de 181-4, et créa d’immenses ressources militaires pour la défense du pays. Toutes les mesures avaient été prises pour que, dans le courant du mois d’août, 800,000 hommes fussent sur pied, armés et équipés. Tous les ordres, toutes les instructions émanés à ce sujet, du maréchal prince d’Eckmûhl, peuvent être considérés comme des modèles d’organisation tant pour l’offensive que pour la défensive. A Paris, on fabriquait ou l’on réparait jusqu’à 2,000 fusils par jour ; l’activité de toutes les manufactures d’armes fut quadruplée ; le ministre de la guerre fit donner à la cavalerie 12,000 chevaux de gendarmes tout dressés, et quinze jours après ceux auxquels on avait payé comptant le prix de leurs chevaux, se trouvaient déjà remontés.
Après le désastre de Waterloo, Davoût reçut le commandement général de l’armée réunie sous les murs de Paris.
Le 3 juillet, il se disposait à livrer bataille àWellington et à Bliicher, et toutes
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( les chances de succès qu’un général en j chef peut prévoir lui étaient favorables, lorsqu’il reçut du gouvernement provisoire l’ordre de traiter avec l’ennemi. Ce même jour, il signa’à Saint-Cloud la convention de Paris, d’après laquelle l’armée française devait se retirer derrière la Loire.
Le 6 juillet, le prince d’Eckmûhl se mit à la tête des troupes qui abandonnaient la capitale ; avant de partir, il avait fait disposer dans le fort de Vin-cennes environ cinquante mille fusils, en donnant des ordres pour que ce fort ne fût, en aucun cas, livré à l’étranger. Il avait aussi fait évacuer, sur la Rochelle, le musée d’artillerie, et, pendant sa route, il fit jeter dans les places fortes près de treize mille pièces de canon qui furent ainsi conservées à la France. Le maréchal fit sa soumission au gouvernement royal le 14 juillet. Il remit le commandement de l’armée au maréchal Macdonald chargé de la licencier.
Quant il eut connaissance de l’ordonnance du 24 juillet, qui proscrivait les généraux Gilly, Grouchy, Excelmans, Clausel, etc., il écrivit au maréchal Gou-vion-Saint-Cyr, ministre de la guerre, pour demander qu’on substituât son nom à celui de ces généraux, attendu qu’ils n’avaient fait qu’obéir à ses ordres.
Lors du procès du maréchal Ney, Da-voût, interpellé.sur l’extension que devait avoir la convention du 3 juillet, relativement au prince de la Moskowa, répondit avec courage que, si la sûreté des militaires qui se trouvaient alors à Paris n’eût pas été garantie par les alliés, il n’aurait pas signé la convention et aurait livré bataille
Davoût vécut jusqu’en 1818 dans la disgrâce des Bourbons. On alla jusqu’à faire enlever son portrait de la salle des maréchaux aux Tuileries.
Il rentra à la Chambre des Pairs, le 5
mai 1819, et se rallia complètement à la cause de la Restauration.
Davoût est mort le 1er juin 1823, de phthisie pulmonaire et dans les sentiments religieux qu’on lui avait toujours connus. Il fut enterré à Paris, au cimetière de l’Est, dans une sépulture qu’il avait fait préparer pour sa famille.
naquit à Voreppe (Isère) le 27 novembre 1770. Entré comme cononnier au 6e régiment d’artillerie à pied le 1" juillet 1787, il passa, le 1er octobre 1789, dans le 1" régiment de chasseurs à cheval, où il devint brigadier le 15 mars 1791.
Nommé sous-lieutenant au 12’ régiment de dragons le 15 septembre suivant, lieutenant le 10 mars 1793, adjoint aux adjudants-généraux le 18 nivôse an u, il prit rang de capitaine le 14 vendémiaire an v, fut promu chef d’escadron à la suite du 12" régiment de dragons le 29 pluviôse, et colonel du 11° de dragons le 1er germinal de la même année.
Membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an xii, l’Empereur le fit officier de l’Ordre le 23 prairial suivant, et général de brigade le 12 pluviôse an XIII. Debelle avait fait les campagnes de 1792 à l’an XIII aux armées du Nord, du Rhin, des Alpes, de Sambre-et-Meuse, d’Angleterre, de Hanovre et des côtes de l’Océan. Il s’était distingué aux combats d’Altenkirchen et de Salzbourg les 27 germinal an v et 23 frimaire an îx, et à la malheureuse bataille de Novi, perdue par Moreau le 23 thermidor an vu, il s’était fait remarquer par la défense des plateaux qui dominent cette ville.
En l’an xm, employé dans les 7« et 28" divisions militaires les 11 ventôse et 29 messiiior, il rejoignit l’armée d’Italie le 24 fructidor, et fut ensuite appelé à la DEB grande armée, avec laquelle il fit les campagnes de l’an xiv, de 1806 et 1807 ; il reçut la croix de commandeur de la Légion-d’Honneur le 11 juillet de cette dernière année.
L’Empereur le créa baron de l’Empire en 1808 et l’envoya en Espagne ; mais il le fit revenir en France le 2 août 1809, le mit en non-activité le 5 septembre suivant, sans qu’on ait jamais pu deviner le véritable motif de cette mesure de rigueur, et l’admit à la retraite le 1S mars 1812. Il ne prit aucune part aux événements de 1814 ; cependant il les accueillit avec joie et se prononça hautement, et dans toutes les circonstances, contre Bonaparte. Lorsqu’il connut le débarquement de Napoléon, le 7 mars, il courut à Grenoble pour offrir ses services au général Marchand, qui les refusa, parce qu’il n’était point en activité.
Le 9, le général Bertrand lui ayant 372 ) DEB sitôt en grâce. Louis XVltl commua sa peine en une détention de dix ans dans une prison d’Élat, et il partit pour la citadelle de Besançon.
Le duc d’Angoulême étant passé quelques mois après dans cette ville, et sachant l’état de dénûment du général, lui fit remettre une somme de 800 fr., mon- ’ tant du premier semestre d’une pension sur sa cassette.
A la demande du prince, le roi lui fit, le 16 juillet 1817, remise du temps de détention qu’il avait encore à courir, et le rétablit dans son grade et dans la jouissance de sa retraite. Debelle écrivit aussitôt au duc d’Angoulême et au ministre de la guerre pour protester de sa reconnaissance et de son dévouement au roi et à la famille royale, ce qu’il avait déjà fait au moment de son emprisonnement dans un Mémoire fort étendu, explicatif de sa conduite.
ordonné, au nom de l’Empereur, de prendre le commandement du département de la Drôme, il obéit et se rendit à Valence, d’où il fut forcé de sortir ; il y rentra le 15. Le 29, apprenant que les troupes aux ordres du duc d’Angoulême s’étaient portées sur Montélimart, il réunit 600 hommes et marcha sur ce point. Un combat s’engagea, pendant lequel un des gardes nationaux qu’il commandait le blessa d’un coup de baïonnette, l’accusant de tromper les siens et de trahir l’Empereur. Ses discours, ses indécisions justifiaient, il faut le dire, des soupçons de ce genre.
Le 24 avril, le commandement de la Drôme lui fut retiré, et il reçut celui du département du Mont-Blanc le 18 mai.
Au second retour du roi, compris dans l’ordonnance du 24 juillet, il se constitua prisonnier à Grenoble. Amené à Paris, il fut jugé par le deuxième conseil de guerre permanent, et condamné à mort le 24 mars 1816. Il se pourvut aus-
Il est mort le 19 juillet 1826. Son nom est inscrit sur le monument de l’Étoile, côté Nord.
né le 16 février 1772, à Baugé (Maine-et-Loire), entra au service dans le régiment de Condé-Dragons (2e) le 1" mai 1788, et devint sous-lieutenant le 30 novembre même année, et lieutenant le 1" mars 1792. Le 14 septembre suivant, à l’affaire de la Groix-aux-Bois (Champagne), il reçut un coup de sabre qui le mit hors de combat.
Capitaine le 8 du même mois, il se trouva à la bataille de Nerwinde, où il fut encore atteint de deux coups de sabre à la tête et au bras gauche. Chef d’escadron le 3 germinal an m, il servit aux armées d’Allemagne, du Danube et du Rhin de l’an iv à l’an ix. Major du 5e régiment de dragons le 6 brumaire an xn, membre de la Légion-d’Honneur le A germinal, colonel du 13e de dragons le DEC
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13 floréal, officier de l’Ordre le 25 prairial de la même année, et aide-de-camp du prince Louis-Napoléon, qui l’avait eu sous ses ordres dans le S" régiment de dragons, il fit la guerre de l’an xiv en Autriche.
Sa conduite à Austerlitz. où il fut blessé d’un coup de feu à la main gauche, lui valut le grade de commandant de la Légion-d’Honneur le 4 nivôse an xiv. Passé au service de Hollande en qualité de général de brigade le 1" juin 1806, il rentra au service de [France comme colonel le 18 octobre 1808.
L’Empereur le nomma général de bri-grade le 26 février 1.809, et lui confia, le i" mars, le commandement des troupes à cheval qui devaient se réunir à Ulm. 11 rejoignit ensuite l’armée d’Italie, se fit remarquer le’2 mai à Montebello, où il reçut un coup de feu à la tête, à Sa-cèle, le 9 du même mois, et aux batailles de Raab et d’Engersdorf. A Wagram, il culbuta le corps ennemi qui lui était opposé.
Debroc fut fait chevalier de la Couronne de fer et baron de l’Empire.
Il est mort à Milan le 11 mars 1810.
né à Caen, le 13 avril 1769.
Il servit d’abord dans la marine royale, en qualité de canonnier, puis entra dans la carrière civile, et s’enrôla enfin en 1792, dans l’un des bataillons du Calvados.
Au siège de Mayence, il conquit les grades.d’adjudant-sous-officier, de sous-lieutenant, de lieutenant et de capitaine.
Kléber, qui défendait la place, disait, en parlant de De Caen, « qu’il faudrait « lui compter autant de campagnes qu’il « y avait eu de jours de siège.
Il fit comme adjudant-général et chef de bataillon les campagnes de la Vendée,
sous les ordres des généraux Canclaux, Dubayet, Moreau et Kléber.
Chargé en 1799 d’une reconnaissance importante sur les frontières du canton de Bâle, il y mérita le grade d’adjudant-général chef de brigade, et bientôt après celui de général de brigade. ■
A l’attaque de Frantzenthal, son impétuosité le porta jusqu’au centre de la place. Fait prisonnier, il fut rendu à la liberté sur parole et bientôt échangé.
En 1796, le général De Caen se distingua au passage du Rhin et au siège de Kehl. Le Directoire lui accorda un sabre d’honneur. Dans les campagnes suivantes, De Caen continua à se distinguer.
Au pont d’Erbach, devant Ulm (1800), il s’empara d’un convoi de 400 voitures de grains qui allait entrer dans la place. Il prit Munich, après avoir battu plusieurs fois le général Merfeld ; il décida le gain de la bataille de Hohenlinden en conduisant pendant le plus fort de l’action 6.000 hommes à Moreau, qui ne les attendait pas. Ce fut au milieu de ces exploits qu’il fut nommé général de division.
Le premier Consul le nomma (1802) capitaine général des établissements français dans l’Inde. Il alla d’abord à Pondi-chéry, puis revint à l’île de France, et protégea pendant huit ans les établissements français, situés à l’est de l’Afrique, contre les attaques réitérées des Anglais et leur captura un nombre considérable de navires marchands.
En 1810, n’ayant avec lui que 1,200 hommes de garnison, il fut attaqué.par une armée anglaise de 20,000 hommes. Il résista quelque temps, obtint une capitulation honorable, et en quittant l’île, reçut dans une adresse que lui votèrent les colons, l’expression de leur estime et de leur reconnaissance.
Il rentra en France vers le milieu de
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1811, avec ses troupes et les équipages de ses quatre frégates. Cette même année, il reçut le commandement en chef de l’armée de Catalogne, et les succès qu’il obtint lui valurent, en 1812, les titres de grand-croix de l’ordre de la Réunion et de comte de l’Empire. Depuis longtemps, il était grand officier de la Légion-d’Honneur.
Chargé d’organiser en -1814 un corps d’armée sous le titre d’armée de la Gironde, et de reprendre Bordeaux aux Anglais, il apprit l’abdication de l’Empereur, et après la bataille de Toulouse, traita d’une suspension d’armes avec le général anglais qui lui était opposé.
Il était gouverneur de la 11e division en 1815, au moment où le duc et la duchesse d’Angoulême apprirent à Bordeaux le débarquement de Napoléon. De Caen se comporta dans cette circonstance critique à l’égard de la duchesse, qui, seule, resta à Bordeaux, avec une convenance parfaite. Après le départ de la princesse, il reçut dans la ville le général Clause]. Pour ce fait, il subit plus tard une captivité de 15 mois, après laquelle il fut mis en disponibilité.
A la révolution de Juillet, il fut nommé président d’une commission chargée d’examiner les réclamations des officiers éloignés de l’armée sous la Restauration. Il est mort le 9 septembre 1832 à Montmorency, d’une attaque d’apoplexie foudroyante. Il était âgé de 03 ans.
Une loi spéciale (18 février 1835), a octroyé à sa veuve une pension extraordinaire de 3,000 francs.
Le nom du général De Caen est inscri sur le côté Ouest de l’arc de l’Étoile.
né à Guscard (Aisne), le 21 janvier 1768 entra au service en qualité de sous-lieutenant au 56° régiment d’infanterie 1< •1" avril 1792, et se trouva au bombar-
ement de Lille par les Prussiens, du 29 septembre au 9 octobre de la même nnée.
En 1793, il assista au siège et à la lataille d’Anvers, au combat devant Tir-emont le 16 mars, à la bataille de Ner-tvinde le 18, à celle de la Montagne-de-er, livrée en avant de Louvain le 22, et fit toute la retraite de Belgique avec Dumouriez. Nommé adjoint aux adjudants-généraux le 1er mai, il prit part aux batailles des 8 et 9 mai, entre Va-lenciennes et Saint-Amand.
En l’an H, il passa à l’état-major particulier du général Pichegru, se trouva à l’affaire du 7 floréal, à la bataille de Mont-Cassel le 10, au combat de Pont-Chartrain, à la bataille devant Courtrai le 15 floréal -, à celles des 28 et 29, au siège d’Ypres, à la bataille de Rousse-laër en prairial, et au combat d’Oude-narde le 17 messidor. Incorporé dans la IIIe demi-brigade d’infanterie le 26 du même mois, il assista le lendemain à l’attaque du canal de Malines, puis aux sièges de Crèvecœur et de Bois-le-Duc en vendémiaire an m. Chargé, lors du passage des fleuves de la Hollande, malgré l’infériorité de son grade, du commandement d’une avant-garde de 3 compagnies de grenadiers, il s’empara, le 7 nivôse an m, de la petite place de Bom-mel, après en avoir chassé le régiment de Hohenlohe, et fait quelques prisonniers ; il passa de suite le Waal et prit toute l’artillerie qui en défendait le passage.
Lieutenant dans sa demi-brigade le 14 germinal, mais toujours détaché à l’état-major général, et compris dans l’organisation de la 37e demi-brigade le 27 pluviôse an vi, il quitta le quartier-général le 14 vendémiaire an v, pour entrer eu qualité de lieutenant adjudant-major dans la 54e demi-brignde de bataille, alors en Hollande.
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Capitaine adjudant-major le 14 vendémiaire an vu, il fut nommé le 17 fructidor aide-de-camp du général Boudet, employé dans la république balave, et se trouva aux affaires des 3e jours complémentaires an vu et 10 vendémiaire an vm.
A la bataille de Castricum, le 14 du même mois, il se mit à la tête de 2 escadrons de hussards hollandais, et chargea un régiment de dragons anglais qu’il dispersa, et auquel il enleva toute son arrière-garde ; le même jour, en conduisant un bataillon à la charge, il fît prisonnier de sa main un officier anglais. Cette brillante conduite lui mérita le grade de chef de bataillon sur le champ de bataille. De retour à Paris avec son général, il prit part aux événements des 18 et 19 brumaire. Aide-de-camp du général de division Dupont le 14 germinal, il suivit l’armée de réserve en Italie, combattit à Ma-rengo, assista au passage du Mincio et à la bataille de Pozzolo.
Membre de la Légion-d’Honneur le 25 prairial an xn, il fit ensuite les campagnes des ans xin, xiv et 1806 aux camps de Saint-Omer et de Montreuil, ainsi qu’au 6e corps de la grande armée. Présent au combat d’Haslach, près d’Ulm, et à celui de Diernslein, il fut créé major du 56e régiment de ligne le 16 mai 1806, et rejoignit le dépôt de ce corps à Alexandrie (Piémont) dans le courant de la même année.
Colonel en second le 31 mars 1809, il organisa la 16’ demi-brigade provisoire et la conduisit à l’armée d’Allemagne. En janvier 1810, il obtint le commandement provisoire du 25e régiment d’infanterie légère, au 6° corps d’Espagne, et arriva à Salamanque le & mai 1810. Nommé officier de la Légion-d’Honneur le 6 août, à la suite des affaires de Rodrigo et d’Almeida, il devint colonel titulaire du régiment le 17 septembre, et le
commanda sans interruption pendant quatre campagnes consécutives.
Passé en Portugal, il forma l’arrière-garde avec son régiment, et eut à soutenir des combats très-vifs à Redinha, à Santa-Crux et à Four ; le maréchal Ney, souvent témoin de sa résistance pendant les 31 jours que dura cette retraite, lui donna plusieurs fois des éloges. Dans la seule journée du 22 juillet 1812, il perdit plus de 300 hommes, et son régiment eût été anéanti sans le sang-froid et la présence d’esprit avec lesquels il sut résister aux efforts de l’ennemi et profiter des moindres avantages que lui offrait le terrain.
Général de brigade le 8 février 1813, il eut, avec le titre de baron de l’Empire, le commandement des troupes dans la province de Guipuscoa, et mission expresse de poursuivre avec activité les partisans espagnols. Par suite d’attaques habilement dirigées, il était parvenu à les expulser de la province, quand la défaite de Vittoria le força de se replier avec l’armée ; il ramena sa brigade sans être entamée sur les bordsdelaBidassoa, et fut à la même époque autorisé à se rendre à Paris pour y rétablir sa santé.
A peine rétabli, il sollicita et obtint le 5 août l’autorisation de rejoindre l’armée d’Italie. Le 3 décembre, une colonne de 3,000 hommes d’infanterie et de 300 chevaux fit un mouvement pour couper ses communications avec le prince Eugène ; à cette vue, et sans se préoccuper de son infériorité numérique, il marche impétueusement à la rencontre de l’ennemi, le culbute sur tous les points et le force à repasser l’Adige à Rongo, après lui avoir tué 400 hommes et fait plus de 800 prisonniers. Le vice-roi le créa chevalier de la Couronne de fer.
Le 24 janvier 1814, chargé de couvrir la droite de l’armée à l’embranchement de l’Adigc et du Castagnero, il eut à sou^
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, tenir une double attaque dans cette position difficile ; mais, ayant prévenu et chargé l’ennemi à propos, il le força à faire retraite avec une perte considérable et resta maître des hauteurs qui assuraient la position de l’armée française. Le 10 février, il eut une affaire très-vive avec un corps autrichien de 6,000 hommes qu’il obligea encore à repasser l’Adige. Un armistice ayant été conclu entre les commandants des deux armées, le général Deconchy rentra en France avec un congé, le 23 avril, et se retira dans ses foyers.
La Restauration le rappela le 24 mai pour lui confier le commandement de la brigade formée à Paris des régiments du roi et de la reine (1er et 2e d’infanterie légère), le créa chevalier de Saint-Louis le 19 juillet, et commandeur de la Lé-gion-d’Honneur le 29 du même mois. Il n’exerça aucunes fonctions pendant les Cent-Jours, fut remis en activité dans la l’c division militaire le 11 août 1815, et successivement employé à l’inspection des corps d’infanterie dans différentes divisions militaires de 1816 à 1820.
Nommé lieutenant-général le 21 avril 1821, chef de la 1" direction au ministère de la guerre le 1er mai, grand-officier de la Légion-d’Honneur le 13 décembre, membre du comité spécial et consultatif d’infanterie le 9 janvier 1822, et inspecteur général de son arme la même année.
Il obtint, le 7 février 1823, le commandement de la 7° division au 3" corps de l’armée des Pyrénées, et mourut à Berrio-PJano, pendant le blocus de Pam-pelune, le 26 août suivant.
lieutenant-général, baron de l’Empire, commandeur de la Légion-d’Honueur, né à Annecy en Savoie, le 18 juillet 1775, s’enrôla dès,sa première jeunesse et obtint une sous-
lieutenance dans les volontaires du Mont-Blanc, en 1793, peu de temps après la réunion de la Savoie à la France.
La grande bravoure dont il donna des preuves dans les campagnes d’Italie le fit entrer comme lieutenant dans le 69° de ligne.
Capitaine sur le champ de bataille des Pyramides, il fut chef de bataillon au siège de Saint-Jean-d’Acre.
Lannes en fit son aide-de-camp et lui confia une mission importante pour- le pacha de Syrie qui lui valut le grade d’adjudant-commandant. A son retour d’Égypte, il fut nommé chef d’état-major de la 7e division militaire.
C’est à Grenoble qu’il épousa la fille d’un ancien juge de paix de Paris. Il fit ensuite la campagne de 1805 contre l’Autriche en qualité de sous-chef d’état-major du maréchal Lannes. A Auster-litz il eut deux chevaux tués sous lui, et montra tant de valeur que Napoléon le nomma colonel du 21e de ligne.
Ce fut à la tête de ce corps qu’il combattit avec sa vaillance accoutumée à Iéna, à Friedland, à Pultusk et à Ra-tisbonne. En 1809 il se distingua à Wa-gram par la prise de l’une des îles du Danube dans laquelle il s’empara d’un grand nombre de pièces d’artillerie et de 600 prisonniers, parmi lesquels se trouvait le colonel de Saint-Julien.
L’Empereur le nomma alors général de brigade et commandant de la légion, et un an après Murât lui confia le commandement d’Otrante.. Plus tard Napoléon le chargea de veiller à la sûreté des ports de l’Adriatique.
Le roi Murât l’honora constamment de sa confiance et de son amitié, et voulut devenir le parrain de son fils ; mais l’Empereur le rappela en France en 1812 et lui donna en 1813 le commandement du 1" régiment de chasseurs à pied de la vieille garde.
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Sa belle conduite à Lutzen et à Baut-zen le fit nommer général de division.
Il commanda une division de la jeune garde aux batailles de Dresde et de Leipzig. Après la défection des Saxons et des confédérés du Rhin, il fit partie de l’ar-rière-garde, sous les ordres d’Oudinot, pour protéger la retraite de l’armée contre Bernadotte et ses Suédois.
Il défendit avec non moins de courage le sol de la patrie en 1814, mais blessé grièvement à Brienne-(29 janvier 1814), au commencement de l’aciion, il refusa de quitter le champ d’honneur ; il reçut une seconde blessure, qui cette fois était mortelle. Il se fit transporter mourant à Paris, où il expira le 18 février suivant. • Decouz emporta dans la tombe l’estime de ses compagnons d’armes et les regrets de Napoléon.
préfet maritime à Lorient, ministre de la marine en 1802, vice-amiral, sénateur, grand officier et chef de la 10’ cohorte de la Légion-d’Honneur en 1804, inspecteur général des côles de la Méditerranée, grand cordon de la Légion-d’Hoiineur en 1805, grand officier de l’Empire en 1806, duc en 1813.
Decrès naquit à Château-Vilain (Haute-Marne) le 18 juin \ 761. Des traditions de famille, des études spéciales, un goût prononcé pour le service de la marine, le déterminèrent, bien jeune encore, à suivre cette brillante et périlleuse carrière. Il y fut admis comme aspirant, le 17 avril 1779 ; son zèle, son intelligence précoce le firent nommer garde de la marine en 1780.
Embarqué sur la frégate le Riche-mond, qui faisait partie de l’escadre aux ordres du comte de Grasse, il se signala dans les divers combats que cette armée navale eut à soutenir dans la mer des Antilles.
Il donna surtout des preuves d’une rare intrépidité à la journée du 12 avril 1781. La fortune avait trahi nos efforts, plusieurs de nos vaisseaux étaient déjà devenus la proie de l’ennemi, d’autres étaient désemparés ; il ne restait plus de chances de salut, on allait s’éloigner de ce lieu de désastre, lorsqu’une bordée brise les mâts du Glorieux et l’expose aux plus grands périls. A l’aspect de l’état de détresse de ce bâtiment, Decrès jure de le sauver. Il s’élance dans un canot, porte la remorque d’une frégate au Glorieux, et le préserve ainsi d’une ruine inévitable. Le jeune aspirant fut immédiatement promu au grade d’enseigne, et se concilia par cet acte de bravoure la bienveillance et l’affection de ses supérieurs.
L’année suivante, il se fit remarquer au combat où deux frégates s’emparèrent du vaisseau anglais l’Argo. Ses talents, ses services, les missions dont il s’était acquitté avec autant de zèle que de succès, lui valurent, le 25 mars 1786, le grade de lieutenant de vaisseau.
Embarqué.bientôt après sous les ordres de M. Kersaint, pour aller constater la réalité des lacs de bitume de la Trinité espagnole, Decrès envoya au maréchal de Castries, alors ministre de la marine, le journal des opérations relatives à cette expédition. .
De retour en France, au moment où -la Révolution venait d’éclater, il reçut presque aussitôt l’ordre de se rendre à Brest, où il passa sur la Cybèle comme major de la division que M. de Saint-Félix conduisait dans les mers de l’Inde.
Le 6 février 1792, l’escadre, croisant en vue de la côte de Malabar, s’aperçoit qu’un bâtiment de commerce français, capturé par les Marattes, était amariné sous la protection du fort Coulabo. Decrès propose à l’amiral de l’enlever à l’abordage ; il arme trois canots de la
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frégate, part à la nuit tombante, se dirige vers le bâtiment, s’élance à bord avec ses marins, tue ou jelle à la mer ISO Marattes qui veulent le défendre, et le ramène en triomphe au milieu des acclamations de l’escadre. Cette belle action augmenta l’estime et la considération que M. de Saint-Félix avait déjà pour ce noble caractère. Aussi, en 1793, lorsque la guerre venait d’éclater, que les colonies étaient en proie à toutes les convulsions de la métropole, l’amiral chargea-t-il Decrès d’aller en France pour rendre compte au gouvernement de leur situation, pour solliciter et amener promptement des secours. Il arriva le 10 février 1794 à Lorient, où il apprit tout à la fois que, promu au grade de capitaine au mois de janvier 1793, il avait été destitué par mesure générale. Arrêté immédiatement, on le conduisit à Paris, où il fut assez heureux pour échapper à la présomption dont il était menacé. Il se rendit ensuile au sein de sa famille, où il vécut dans l’isolement jusqu’au mois de juin 1795, époque à laquelle il fut réintégré dans son grade et nommé au commandement du Formidable, qui devait faire partie de l’expédition de l’Irlande.
Cette tentative n’ayant pas réussi, on désarma l’armée navale, et Decrès resta dans l’inaction jusqu’au moment où les préparatifs d’une expédition à jamais glorieuse lui offrirent l’occasion de s’associer aux conquérants de l’Égypte. C’est de cette époque que date sa nomination au grade de contre-amiral.
Commandant en cette qualité l’escadre légère de l’armée navale aux ordres de Brueys, il fut chargé, àl’attaque deMalte, de protéger le débarquement des troupes et de soutenir un engagement avec les galères de l’île. Il paraît qu’ayant serré de trop près la côte, il fut un instan compromis sous le feu des batteries di
fort La Valette ; mais il parvint bientôt, ivec autant d’habileté que de bonheur, se soustraire aux dangers qui le menaçaient.
Au combat d’Aboukir, il ne montra pas moins de dévouement et d’intrépidité. De l’arrière-garde où il se trouvait, il passa successivement sur deux vaisseaux du centre, et ne revint au sien que lorsqu’il le vit aux prises avec l’ennemi. Il lutta pendant deux heures et demie avec un acharnement inouï ; ses mâts étaient brisés, ses ancres perdues ; mais son ardeur, son courage, sa prodigieuse activité ne se démentirent pas un instant au milieu des périls qui l’environnaient ; il se réparait en combattant, et parvint enfin, à force de sang-froid, d’habileté, de persévérance, à rallier à son pavillon les débris de l’escadre dont il protégea la retraite jusqu’à Malte.
Les forces anglaises ne tardèrent pas à se réunir devant ce port pour en former le blocus. Decrès prit le commandement des avant-postes. Pendant dix-sept mois, nos troupes eurent à soutenir les assauts réitérés de l’ennemi. Mais chaque jour notre position devenait plus critique, une partie de l’ile était tombée au pouvoir des Anglais, les subsistances devenaient très-rares, et le nombre des malades se multipliait avec une effrayante rapidité. Le contre-amiral, pour soulager la détresse de la garnison, fit embarquer 1,000 combattants et 200 malades à bord du Guillaume Tell, et appareilla sous le feu des batteries qui hérissaient la côte orientale de l’île. Il était désemparé avant d’avoir quitté le port. Les vaisseaux anglais, prévenus de son départ, l’attendaient dans leurs positions respectives. Leurs forces réunies étaient triples de celles que commandait Decrès ; mais le moment décisif était arrive, et l’on ne pouvait se sauver que par une vigoureuse résolu-
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lion. La Pénélope se présenta la première au combat ; Decrès l’élude, fond avec impétuosité sur le Lion, le démâte, l’oblige de fuir vent en arrière, lorsque le Foudroyant arrive pour soutenir le bâtiment avarié ; l’action dura pendant une heure avec le plus grand acharnement. La Pénélope et le Lion, ayant réparé leurs avaries, reviennent à la charge avec une nouvelle opiniâtreté. Le Guillaume Tell est environné d’une ceinture de feu, ses mâts sont successivement abattus, la moitié de l’équipage est hors de combat. Une explosion de gar-gousses, qui a lieu au même moment sur la dunette, renverse le contre-amiral du banc de quart sur lequel il était monté. Après neuf heures et demie du plus terrible combat qui ait jamais été livré, Decrès, tout criblé de blessures, et cédant à la nécessité qui l’accable, amène enfin avec la conscience d’avoir tout sacrifié à la gloire de son pavillon. Les vaisseaux ennemis furent extrêmement maltraités dans cette lutte sanglante, et ne purent atteindre qu’à grand’peine Minorque, où ils relâchèrent en faisant eau de toutes parts. Cette glorieuse résistance valut à Decrès un sabre d’honneur des mains du premier Consul.
A son retour en France, Bonaparte le nomma préfet maritime de Lorient, et lui confia bientôt après le commandement de l’escadre de Rochefort. L’habileté avec laquelle le contre-amiral s’acquitta de ses diverses fonctions le fit appeler au ministère de la marine en octobre -1801. Ce posle était difficile dans la situation déplorable où se trouvaient nos forces navales.
Le désordre s’était introduit dans toutes les branches de l’administration ; les employés qui en faisaient partie étaient ou des hommes incapables ou d’une profonde incurie. Les arsenaux manquaient d’armes, les magasins n’avaient ni appro-
visionnements, ni agrès. Tout, en un mot, se ressentait de l’instabilité des événements et de la désunion des hommes qui avaient longtemps présidé à nos destinées.
Le nouveau ministre embrasse d’un coup d’œil toutes les calamités qui pèsent sur notre marine. A sa voix, les produits affluent dans nos ports de mer, les services s’organisent avec célérité ; des chantiers, des arsenaux, se construisent comme par enchantement, enfin le nombre de nos bâtiments s’accroît dans une proportion imposante.
Le premier Consul, satisfait de’ la vigilance, de l’activité de Decrès, le stimule, l’encourage, et le rassure sur les machinations dont il craint de devenir la victime. « La confiance, lui écrit-il (25 pluviôse an xi), que je, vous ai témoignée en vous appelant au ministère, n’a pas été légèrement donnée ; elle ne peut être légèrement atténuée. C’est la marine qu’il faut rétablir. La première année d’un ministère est un apprentissage. La seconde du vôtre ne fait que commencer. Dans la force de l’âge, vous avez, il me semble, une belle carrière devant vous, d’autant plus belle que nos malheurs passés ont été plus en évidence : réparez-les sans relâche. Les heures perdues dans l’époque où nous vivons sont irréparables. » Cette lettre produisit le résultat que Bonaparte en attendait. Le ministre, heureux de la confiance du premier Consul, dédaigna les obscures menées de l’intrigue, et s’efforça, par un redoublement de zèle, de constance, de dévouement, de réaliser les espérances que ses talents avaient fait concevoir au chef de l’État.
Cet homme, dont les conceptions hardies commençaient déjà à étonner le monde, faisait rassembler des.troupes considérables sur les côtes de l’Océan pour tenter une invasion en Angleterre.
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Decrès se mit à l’œuvre avec activité. Il créa de nombreuses compagnies d’ouvriers, multiplia les ateliers sur le littoral, s’occupa des munitions, des approvisionnements, satisfit à toutes les exigences, et bientôt des milliers de navires armés, équipés, pourvus de tout ce qui leur était nécessaire, furent prêts à mettre à la voile. Mais la descente ne s’effectua point ; d’abord, parce que nos flottes, au lieu de venir la protéger, se rendirent à Cadix, et que les escadres anglaises, qui étaient dans les Indes, arrivèrent inopinément dans cette conjoncture. Ces malheureux événements semblaient être le prélude des désastres qui devaient nous assaillir.
Villeneuve, malgré les ordres du ministre de la marine, ne craignit pas d’affronter les Anglais, et une partie de la marine française périt à Trafalgar. Decrès fut profondément affecté de cette catastrophe, mais son courage n’en fut point ébranlé. Il trouva dans l’énergie de son caractère, dans la combinaison de son génie, des ressources inépuisables pour remédier à nos revers.
Il communiqua son ardeur, son héroïque constance à nos marins. Aussi exécuta-t-il de grandes et belles choses. Malgré la perte de plusieurs batailles navales, la prise de quelques-unes de nos colonies, l’insuccès de diverses expéditions, notre marine prit, sous son ministère, un rapide accroissement de forces. Pour en donner une idée avantageuse, il suffira de dire que de 55 vaisseaux dont elle se composait, en 1805 elle avait été portée à 103, et que le nombre de nos frégates était presque doublé. Le personnel des équipages présentait un effectif de 60,000 hommes sans les garnisons. Mais ce qui dépose éternellement en faveur.de Decrès, ce sont les immenses travaux qu’il a sinon conçus, du moins fait exécuter à Venise,
à Niewdep, à Flessingue, à Anvers, et surtout à Cherbourg, dont nous ne pouvions pas nous passer sans abandonner de fait la souveraineté de la Manche à l’Angleterre. Aussi, lorsqu’une partie de nos vaisseaux et de nos ports devint, en 1814, la proie de nos ennemis, Decrès éprouva-t-il un vif sentiment de douleur.
L’espoir de venger la France de cette humiliation, de lui faire recouvrer ces anciens monuments de sa puissance, fut sans doute le motif qui le décida à accepter de nouveau le ministère lors du retour de Napoléon en 1815.
A la seconde Restauration, il rentra dans la vie privée. Une instruction solide et variée, une’ rare perspicacité, toutes les ressources d’une conversation piquante, spirituelle, pleine d’agréments, faisaient rechercher encore dans la retraite.l’homme d’État qui avait fait un si noble usage du pouvoir.
Fatal et triste exemple de l’incompréhensible destinée ! Le marin intrépide qui, sur la dunette de son vaisseau, fut renversé par une explosion, s’est trouvé n’avoir survécu à ce danger que pour tomber vingt ans plus tard victime d’une autre explosion. Après lui avoir volé des sommes assez considérables, son valet de chambre résolut de le faire périr. Le 22 novembre 1820, il plaça des paquets de poudre sous les matelas de son maître, et, vers minuit, ayant allumé la mèche qu’il avait préparée à cet effet, l’explosion jeta le duc hors de son lit, tout couvert de contusions et de blessures. Son assassin, dont il invoqua d’abord le secours, ne lui répondit que par un cri d’effroi, et se précipita de la croisée dans une cour, où la violence de sa chute le fit expirer quelques heures après. Le duc Decrès fut si profondément affecté de cette catastrophe, qu’il mourut lui-même le 7 décembre 1820. (Fastes de la Lêgion-d’Honneur.)
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, né à Toul Meurthe), le 21 octobre 1762. Entré au service comme aspirant à l’École d’artillerie de Metz le 1" avril 1777, il en sortit le 15 juillet -1780, avec le grade de lieutenant, et devint capitaine le 17 mai 1787.
En 1792, il dirigeait l’artillerie d’une division de l’armée, successivement commandée par les généraux Kellermann et Custine ; il se trouva au combat du 3 août devant Landau à la prise de Spire et de Mayence, et aux affaires du 2 décembre devant Francfort. A la fin de cette campagne, le général Custine lui confia la direction de l’artillerie de la place de Mayence.
L’année suivante, il assista aux combats du 19 juillet et à la bataille du 22, sous les murs de Landau, à la suite de laquelle il entra dans cette place pour y prendre le commandement en chef de l’artillerie. Dans une sortie de la garnison, il reçut un coup de feu à l’épaule gauche en dirigeant lui-même les troupes.
Il fit ensuite les guerres de l’an H et de l’an ni à l’armée du Rhin, fut nommé, le 10 floréal an m, chef du bataillon de pontonniers, dont on lui avait confié l’organisation. Le général Moreau lui donna la direction des pontons destinés au passage du Rhin, sous le fort de Rehl, et il s’acquitta avec habileté de cette mission.
Après le siège de Kehl, auquel il prit-part, il rendit le même service à l’armée du Rhin, en facilitant le 1er floréal an v, le même passage à Diersheim. Cette action lui mérita, le 21 prairial, le brevet de chef de brigade et le commandement du corps des cantonniers. La lettre ministérielle qui lui annonçait cette nomination contenait l’expression des témoignages les plus flatteurs de.la part du gouvernement.
Passé sous les ordres du général Auge-reau, il fit avec l’armée d’Allemagne la campagne de l’an vi.L’année suivante, il fut’chargé de diriger le blocus d’Ehren-breis’ein, ainsi que le passage du Rhin vers Manheim et Philisbourg ; il reçut à cette occasion une lettre de félicitation du Directoire.
Le colonel Dedon, passé à l’armée d’observation, commandée par Berna-dotte, ne se fit pas moins remarquer à la prise de Manheim, puis, pendant la campagne d’Helvélie, sous Masséna, notamment au passage de la Limalh, à Dieti-con, lequel contribua si puissamment au succès de la victoire de Zurich. Il était parvenu à organker une flottille sur le lac de Constance, qui décida la retraite des Russes. Après le passage de la Li-math, le général Masséna embrassa De-don, sur le pont même qu’il avait établi, en présence de toute l’armée, et lui conféra le grade de général de brigade. Cette nomination ne fut pas confirmée.
En l’an vin, il était à l’armée du Danube, au nouveau passage du Rhin près de Schaffhouse, où il fut blessé au poignet gauche. Envoyé à l’armée du Rhin, commandée par Moreau, il y fit la campagne de l’an ix. A la paix de Lunéville, le premier Consul lui confia le commandement du T régiment d’artillerie à pied (12 prairial en îx), et lui envoya un sabre des manufactures de Versailles.
Appelé à la direction d’artillerie de Strasbourg, le 20 brumaire an xii, il fut nommé membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire même année, et officier de cet Ordre le 25 prairial suivant. ■ II organisa pendant les ans xn et xm l’équipage d’artillerie de la grande armée, et fit construire quatre ponts sur le Rhin pour en faciliter le passage.
Nommé général de brigade, le 6 brumaire an xiv, il alla prendre le commandement de l’artillerie de l’armée du
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Nord. En 1806, l’Empereur lui con6a la direction générale des parcs d’artillerie de l’armée de Naples ; il y commanda l’artillerie au siège de Gaëte, où un éclat de bombe lui écorcha la jambe droite. Il rétablit et réorganisa les établissements napolitains avec un zèle et une promptitude remarquables, et le roi de Naples (Joseph) lui donna, le 3 novembre 1807, le grade de général de division et le titre de commandant en chef de l’artillerie des armées française et napolitaine.
Ayant reçu l’ordre de se rendre en Espagne, il y trouva, en 1808, des lettres de service du gouvernement français pour y commander en second, comme général de division, l’artillerie de siège et de campagne. Le 12 juillet l’Empereur le décora de la croix de commandeur de la Légion-d’Honneur. Désigné, en 1809, pour prendre le commandement en chef de l’artillerie de siège de Saragosse et de l’armée d’Aragon, il donna dans ces deux circonstances de nouvelles preuves de capacité et de bravoure ; il avait réuni un équipage de soixantes bouches à feu et fait construire sur le haut Ebre un pont de ba-■ teaux destiné à faire communiquer entre eux les différents quartiers de l’armée. Le siège avait commencé vers la fin de juin. Après une première attaque qui fut repoussée, il y eut une sorte d’interruption causée par l’insuffisance des troupes. Le 11 juillet les Français passèrent l’È-bre, grâce aux travaux exécutés par le général Dedon. La ville put être entièrement investie à la fin de juillet. Dedon établit sept batteries contre le couvent de Santa-Engracia menaçant le front entre ce couvent et la porte del Carmen et en flanc le couvent des Capucins. Le 1" août, le bombardement et un feu effroyable commencèrent. Ce feu dura jusqu’au ii. Des brèches étant ouvertes par-
tout, l’assaut général commença. Après deux attaques repoussées, les assiégeants pénétrèrent dans Saragosse. Partagés en trois colonnes, ils éprouvèrent des pertes considérables et furent contrainte de revenir sur le même point. Le 7 aoûl les Espagnols reçurent un renfort de 3,000 hommes et des munitions. Pendant huit jours de suite le plus affreux combat se prolongea de rue en rue. Les Français n’occupèrent plus qu’un huitième de la ville. Les femmes espagnoles rivalisaient avec les hommes de patriotisme et de dévouement. On cite entre autres une femme du peuple nommée Augustina, la comtesse Zurita, jeune femme, belle et délicate, que l’on vit partout au milieu du feu le plus terrible des bombes, des obus et de la mousque-terie. Le 14 août le général "Verdier, commandant les opérations de siège, fit rétrograder les troupes, les événements qui suivirent le désastre de Baylen l’appelant sur un autre point. Mais quatre mois après, les maréchaux Moncey et Mortier recommencèrent le siège. Saragosse fut investi une seconde fois sur les deux rives, le 19 décembre. Dans la nuit du 21 au 22, le général Dedon ouvrit une batterie sur les hauteurs qui dominaient le monte Correro. Cette position importante fut enlevée. Moncey envoya à Palafox une sommation. Le général espagnol y répondit par un refus. Le 2 janvier, Junot, duc d’Abrantès, vint prendre le commandement du siège. L’armée assiégeante se trouva diminuée pendant que Dedon disposait ses terribles moyens d’attaque. Le fort Saint-Joseph fut pris et plusieurs sorties repoussées. Cependant les forces des assiégés s’élevaient à 50,000 et les Français n’avaient que 22,000 hommes sans vivres et entourés d’ennemis extérieurs, tout l’Aragon étant en insurrection. Mortier fut chargé de disperser les insurgés, et
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Lannes vint remplacer Junot. Le 27 les brèches étant praticables, Lannes ordonna un triple assaut àja suite desquels les couvents de Santa-Engracia, Saint-Joseph, elc, tombèrent en notre pouvoir. Les progrès des assiégeants étaient lents, la prise de chaque maison nécesr sitait un siège.
Plusieurs petits mortiers de six pouces que le général Dedon avait fait.entrer dans l’artillerie pouvaient être aisément transportés partout où besoin était. En outre, ce général avait établi des pièces de douze, de quatre, el des obusiers dans plusieurs rues. Deux portes, le couvent de Jésus, le faubourg de l’Arabal furent pris. L’occupation des couvents de Saint-Lazare rendirent les Français maîtres du pont de communication et du faubourg. Le 19, le général Palafox envoya un parlementaire, mais ses propositions ne purent être accueillies. Le général Dedon fit mettre en batterie sur la rive gauche les 50 pièces qui avaient servi à l’attaque du faubourg et les dirigea contre les maisons du quai. Il fit charger de trois milliers de poudre chacun des fourneaux qui devaient éclater ensemble le lendemain, ce qui eut produit la plus épouvantable explosion. Le 20 février, la junte de Saragosse envoya une députation au maréchal Lannes. 11 était temps. On avait terminé ’ une mine énorme pour faire sauter toute la ville. La capitulation était signée, les Français montèrent par-dessus les décombres dans l’intérieur de la ville, où gisaient 5,000 cadavres sans sépulture ; les habitants s’étaient retirés dans les caves. Les maisons ouvertes à jour ou écrasées, partout des ruines ; plus de 100,000 individus entassés1 dans une ville qui n’en contenait ordinairement que 50,000. On trouva dans Saragosse 113 bouches à feu ; plus de 80 avaient été prises par les assiégeants dans le cours du siège.
Le général Dedon, qui avait eu une part si glorieuse dans ce terrible siège, continua à se signaler dans les expéditions qui suivirent. 11 se couvrit de gloire aux batailles de Talaveyra et d’Ocana et fut nommé, le 2 décembre 1810, colonel général de l’artillerie du roi d’Espagne. Il prit part à l’expédition d’Andalousie et au passage de la Sierra-Morena ; . il conserva cet emploi jusqu’en 1813, et assista à l’expédition sur Torenès, à la retraite sur Valence, à l’expédition sur Salamanque, enfin, à la reprise de Madrid (1812).
Après la campagne de 1813, pendant laquelle il se fit remarquer à la bataille de Vittoria et dans toutes les affaires d’arrière-garde, depuis cette ville jusqu’à Kursum et au col de Maga, il alla prendre le commandement de l’artillerie du 4e corps de la grande armée, figura avec gloire aux batailles de Leipzig, aux combats de Kosen, d’Auerstadt et de Hanàu. Il fit partie de l’arrière-garde jusque sur le Rhin. L’année suivante, il prit le commandement en chef des équipages de pont et se trouva enfermé dans Mayeuce.
Rentré en France après la reddition de cette place, l’Empereur refusa de le confirmer dans le grade de général de division. Dedon protesta énergiquement, mais inutilement contre cette décision. La cause de sa défaveur auprès de Napoléon fut attribuée, à cette époque,-à la publication d’un Mémoire dans lequel il donnait les plus grands éloges aux ta-lenls militaires du général. Moreau. On a vu plus haut qu’il avait servi sous ses ordres.
Une ordonnance royale du 1" juin 1814 le reconnut dans son grade de lieutenant-général pour prendre rang le 10 mai de cette-année. Louis XVIII le nomma chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis le 16 juillet suivant.
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Admis à la retraite le 24 décembre, le roi lui confia une mission importante dans le Midi. Il avait été remis en activité le 17 mars 1815, mais la marche rapide de Napoléon le retint à Paris. L’Empereur lui ayant conservé sa position par décret du 1" mai, il fut réadmis à la retraite le 9 décembre 1815.
Le nom de cet officier est inscrit sur l’arc de triomphe, côté Est.
fils d’une fille du littérateur Chompré et de Jean-Claude Defrance, médecin de l’École militaire de Rebais en Champagne, et député à la Convention, au conseil des Cinq-Cents et au Corps législatif.
Il est né à Vassy en Champagne en 1771 et fut élevé à l’École militaire de Rebais.
Il se trouvait à Saint-Domingue lors de la première révolte des noirs, et servit dans les volontaires dits dragons du cap, et fut à son retour (1792) nommé sous-lieutenant au régiment de cavalerie royal-étranger.
Il servit à l’armée du Nord, fut nommé adjudant-général chef de brigade à l’armée des Ardennes et de Sambre-et-Meuse et chargé de missions importantes.
Il fit la campagne d’Helvétie comme chef d’état-major d’une division et nommé général de brigade sur le champ de bataille de Zurich (1799) ; mais il refusa et demanda le commandement d’un régiment de chasseurs à. cheval, à la tête duquel il se distingua en Suisse.
Il passa ensuite en Italie sous les ordres de Moncey, et assista à toutes les affaires qui précédèrent la bataille de Marengo.
Pendant l’hiver de 1800 à 1801, il fit la campagne de l’armée des Grisons, sous Macdonald, et rentra en France après la paix de Lunéville.
En 1802, il fît partie du camp de
Saint-Omer, et devint écuyer cavalca-dour du premier Consul.
Nommé de nouveau général de brigade en 1803, il fit les campagnes de 1803 contre l’Autriche, et celles de 1806 et 1807 contre la Prusse.
Il se signala à Wagram (1809), où il commandait la brigade de carabiniers. Après avoir rempli à plusieurs reprises les fonctions d’inspecteur général de cavalerie, il fut nommé général de division en août 1811, et commanda en février 1812, dans le corps d’armée de Murât, la division de cavalerie dont les carabiniers faisaient partie.
Il rendit d’importants services pendant la retraite de Russie, fit la campagne de Saxe en 1813, à la tête d’une division de dragons et fut ensuite nommé inspecteur général des remontes pour toute l’armée.
En janvier 1814, il fut chargé du commandement en chef des quatre régiments des gardes d’honneur et se couvrit de gloire, le 11 février, à Montmirail.
Le 7 mars suivant, avec des forces bien inférieures, il repoussa le corps russe commandé par le comte de Saint-Priest, qui cherchait à s’emparer de Reims ; mais, obligé, le 12, de se replier à son tour, il revint le lendemain à la tête de ses gardes d’honneur, attaqua la cavalerie russe, et la força de battre en retraite.
Nommé inspecteur général de cavalerie à la première Restauration, il présida, pendant les Cent-Jours, dans la 18* division militaire, aux remontes, et inspecta les dépôts de cavalerie, et fit partie de l’armée de la Loire. ’ II fut maintenu dans son grade eu 1816, et commanda, de 1819 à 1822, la 1" division militaire, à Paris. 11 était écuyer cavalcadour du roi.
Le général Defrance est mort à Épinay le 6 juillet 1835.
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Son nom est gravé’sur le côté Est de l’arc de l’Étoile.
Il avait épousé mademoiselle Foncier, fille de l’un des plus riches bijoutiers de Paris.
né le 24 février 1768, à Rhétiers (Ille-et-Vilaine), prit du service le 15 août 1792 dans le 17e bataillon de volontaires nationaux des réserves qui, après avoir été embrigadé dans le Ie’ bataillon du 71e régiment d’infanterie, ci-devant Vivarais, et le 8e bataillon "de Paris, forma, en l’an ii, la 131e demi-brigade de bataille, amalgamée à l’organisation de l’an vi dans la lre d’infanterie de ligne, devenue 1er régiment de même arme an l’an xn.
Promu adjudant-major le 21 septembre suivant, il fit les campagnes de 1792 à l’an m à l’armée du Nord, et prit le commandement d’une compagnie de grenadiers le 10 vendémiaire an H. Le 25 prairial de cette dernière année, sur la route de Rousselaër à Menin, il soutint seul la retraite de la brigade du général Salen.
Employé à l’armée du Rhin pendant les guerres des ans îv, v et vi, il passa1.en l’an vu à celle du Danube. Le 16 floréal, à l’affaire devant Zurich, il fut blessé d’un coup de feu à la jambe droite, et le 15 prairial suivant, devant la même place, il sauva 2 pièces de canon par son énergie et sa présence d’espvit. Les tirailleurs ennemis ayant pénétré sur la route qui communiquait à une redoute, empêchaient les pièces de partir, et la redoute n’était qu’à moitié armée ; l’officier d’artillerie craignant de ne pouvoir sauver ses pièces, s’apprêtait à les faire dételer et à les enclouer, lorsque le capitaine Dein s’y opposa. Il lui prescrivit de les tenir prêtes à partir, laissa un détachement pour garder la redoute, et, marchant avec le reste de sa compagnie, il T.I.
balaya la route de tous les ennemis qui s’y trouvaient et fit passer les pièces. Mais pendant ce temps, la redoute avait été occupée par l’ennemi ; le capitaine Dein se retira alors à quelque distance en arrière, et ayant rassemblé le plus de monde qu’il put, il s’empara de la redoute qu’il perdit et reprit encore une fois dans la journée.
Chef de bataillon le 12 messidor, il fit à l’armée d’Italie les campagnes des ans vin et ix. Major du 15e régiment d’infanterie de ligne le 11 brumaire an XII, il alla rejoindre son nouveau corps à Brest.
Membre de la Légion-d’Honneur le 4 germinal suivant, il fit partie, en 1807, du camp de Saint-Venant. Colonel du régiment où il servait, le 28 juin 1808, et envoyé à l’armée d’Espagne, il reçut la croix d’officier de l’Ordre le 12 novembre de la même année. Baron de l’Empire le 15 août 1809, le mauvais état de sa santé l’obligea, en 1812, à renoncer au service actif. Placé le 13 août de cette année en qualité de commandant en second à l’École militaire de Saint-Cyr, il passa au commandement du Morbihan le 9 novembre 1813.
Mis en non-activité après l’abdication de l’Empereur, il demeura dans cette position jusqu’au 5 août 1822, époque à laquelle il obtint sa retraite avec le grade de maréchal de camp honoraire. Il est mort à Plounevez-Lochrist (Finistère) le 31 mars 1831. ==DEJEAN (JEAN-FRANÇOIS-AIME, comte)==, né en 1749, à Castelnaudary, officier du génie, général de division en 1795, conseiller d’État, l’un des commissaires chargés de l’exécution des conventions signées à Marengo ; envoyé extraordinaire à Gênes et président de la Consulta, chargée d’organiser la République ligurienne. a as
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Rappelé à Paris et nommé ministre directeur de l’administration de la guerre, le 12 mars 1802, il conserva ce portefeuille jusqu’au 2 janvier 18.10. Grand trésorier de la Légion-d’Honneur, sénateur en 181.2 et.président à vie du collège électoral d’Indre-et-Loire.
Pair de France en 1814, gouverneur de l’École polytechnique, président du comité de liquidation de l’arriéré, directeur général des subsistances militaires, auteur de quelques opuscules sur les subsistances.
Il est mort le 12 mai 1824, à 73 ans.
« — Il était semblable, a dit le général Haxo dans son éloge funèbre, à ces hommes que l’antiquité présente à notre admiration également propres à la guerre et à l’administration de l’État ; grand dans le public et grand dans son intérieur. »
né à Chalabre (Aude), le 23 novembre 1765. Il entra au service.comme lieutenant dans le 1èr bataillon de son département le 11 novembre 1791. Il devint capitaine en 1792 et chef de bataillon le 27 mars 1793. Le l’r thermidor an îv, il obtint le commandement de la 13« demi-brigade devenue 80e. En l’an xu, cette demi-^brigade fut incorporée dans le 34e d’infanterie de ligne, et le premier consul fit Dejean colonel de ce régiment, après l’avoir créé membre, puis officier delà Légion-d’Honneur et électeur de l’Aude.
Le 27 vendémiaire an xui, le colonel Dejean fut promu au grade de général de brigade.
Il fit les campagnes de 1792, 1793, des ans II, ni, îv et v, aux armées des Pyrénées-Orientales et d’Italie. Il se distingua à la prise de Piguières, au passage de la Bormida, aux batailles de Casti-glione et de Roveredo, etc.
Le 10 août 1793, il prit aux Espagnols,
à Corneilla-la-Riyière ? cinq pièces de canon et deux obusiers ; le 27 brumaire an n, il enleva douze redoutes qui couvraient le fort de Figuières, dans l’une desquelles le général en chef La Union fut tué, et il entra le premier dans le fort.
Il servit dans les Grisons sous Macdo-nald, pendant les ans vm et ix. Il effectua avec son régiment le premier passage des montagnes de Spuglen et de la Bé-résina. A Inspruck, il culbuta plusieurs colonnes ennemies, défendant divers passages considérés comme inexpugnables. Nommé général de brigade il commanda à Marseille, puis le département des Bouches-du-Rhône, ses blessures ne lui permettant plus de service actjf.
A l’arrivée des Bourbons, il se déclara leur partisan, et reçut la croix de Saint-Louis. Au retour de l’Ile-d’Elbe, il eut, le 30 avril, le commandement de la place de Lille et fut remplacé le 14 juillet.
Commandant d’armes à Perpignan le 14 septembre suivant, il fut rappelé à Lille comme lieutenant du roi, le 18 novembre,1818, reçut la croix de commandeur en ’1821, et fut admis à la retraite en 1832.
Son nom est inscrit au côté Sud de l’arc de triomphe de l’Étoile.
baron de Saint-Cyr, naquit le 23 janvier 1760, à Angers.
D’abord sergent et officier dans les ca-nonniers volontaires d’Angers en 1789, 11 passa sous-lieutenant de grenadiers le 12 septembre 1791 au Ier bataillon de volontaires nationaux de Maine-et-Loire, avec lequel il partit pour l’armée de la Moselle.
Adjudant-major le 31 janvier 1792, il combattit à l’affaire de Grand - Pré le 14
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septembre et fit-partie de la’garnison de Verdun. Quand cette ville se rendit au général prussien Kalkreuth, le 16 octobre, il resta dans la place avec 50 hommes afin d’enlever le corps du brave Commandant Beaurepaire, qui s’était donné la mort pour éviter de signer la capitulation, et à qui la Convention avait accordé les honneurs du Panthéon. 11 rejoignit ensuite l’armée de Belgique, se trouva à Jemmapes et à l’affaire de Liège en Novembre où, s’apercevant que les tirailleurs français, hésitaient à pénétrer dans un bois défendu par l’ennemi, De-laage s’y précipita suivi seulement d’un lambour et mit en fuite les Autrichiens. L’année suivante, il assista au combat de là Montagne-de-Fer, à la bataille de Nerwinde, et il prit part à toutes les fali-tigues des vingt jours de l’armée de Belgique. Il était au camp de Maulde, dans les premiers jours d’avril, lorsque Du-mouriez excita son armée à marcher contre la Convention. Delaage ayant répondu à cette proposition par le cri de « Vive la liberté, périssent les traîtres ! » un officier du k< hussards fondit sur lui le sabre à la main ; alors, faisant apprêter v les armes à sa troupe, il intimida tellement le général en chef que celui-ci fit cesser la revue et s’éloigna. Nommé capitaine de la 5« compagnie de son bataillon le 5 avril suivant, il prit part à la bataille sous les murs de Vàlenciennes. Le 8 mai, il fut fait prisonnier par les Autrichiens lors de la capitulation de cette place le 28 juillet, et obtint bientôt après son échange, à condition d’être employé dans l’intérieur.
Adjoint àl’étai-major le 27 septembre 1793, et envoyé à l’armée des Alpes, il se trouva au siège de Lyon, à la suite duquel les représentants lui décernèrent le grade d’adjudant-général chef de brigade provisoire le 8 frimaire ann. Confirmé à l’organisation du 25 prairial ah m, en-
voyé dans l’Ouest après la prise de Lyon’, il défendit l’artillerie de la division Beau-puy dans la déroute éprouvée à la Croix-des-Batailles ; et dans une mêlée sanglante où les Vendéens s’étaient emparés des canons des Républicains, quoique blessé et renversé par la chute de son cheval tué "sous lui, il eut l’énergie de conserver le commandement de sa colonne et de reprendre son artillerie. Dans une autre circonstance, Kléber, ralliant ses soldats près de Dole, dit à Delaage : « Tiens ferme une demi-heure à l’entrée du pont et l’armée est sauvée ! » Cet ordre fut ponctuellement exécuté. Kléber, qui demanda pour lui à la Convention le grade de général de brigade, lui ayant donné le commandement de son avant-garde, il partit de Château-briant, arriva en douze heures devant Angers qu’assiégeaient les Vendéens, et les contraignit, le 15 frimaire an u, à renoncer à leur attaque.
A la bataille du Mans, le 22 du même mois, il leur enleva vingt pièces de ca-rion et soutint à cette époque différents combats sur les deux rives de la Loire : enfin, à la tête d’une colonne républicaine, il surprit dans le Bocage plusieurs divisions vendéennes et défit lès troupes de Stofflet à Cheminé. Sur ces entrefaites, une révolte ayant éclaté à Paimbœuf parmi les troupes de terre et les soldats de marine, Delaage, après avoir couru dé grands dangers, rétablit la tranquillité et força les équipages à se rembarquer.
Il était à Luçon quand il apprit que Charette s’efforçait de réunir des troupes pour protéger le débarquement de la flotte anglaise : à l’instant il marche sur lui, atteint son avant-garde à Saint-Vincent-su r-Laye, le défait et lui enlève ses magasins d’armes, de munitions et d’uniformes anglais. Remis de cet échec, Charette marche sur Luçon, et chemin faisant, attaque, le 3 vendémiaire an iv,
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le bourg de Saint-Cyr, défendu seulement par 400 républicains qui, retranchés dans une église, y font une défense héroïque pendant plusieurs heures. De-laage y accourt à la tête d’un détachement de 4,200 hommes d’infanterie et d’un escadron de chasseurs à cheval, se porte en colonne sur le centre des Vendéens, les fait charger vigoureusement, tue plusieurs chefs de sa main et délivre les 400 braves enveloppés dans le bourg. Le général en chef Hoche le félicita sur sa conduite, et ce fut en souvenir de ce beau fait d’armes que Napoléon lui permit d’ajouter à son nom celui de Saint-Cyr.
Le même jour il prit le commandement de la colonne de 1,500 hommes du général Boussard, tué dans cette affaire ; et chargé de poursuivre Gharette à outrance, il lui enleva son artillerie, détruisit ses magasins à poudre, et obtint la soumission de plusieurs villes royalistes. Dans une de ces découvertes où il ne craignait pas d’aller lui-même pour se rendre compte de l’état des esprits et de la force de l’ennemi, reconnu par un parti royaliste, il reçut deux coups de sabre, et ne dut son salut qu’à l’arrivée de deux officiers républicains.
Le mauvais état de sa santé l’obligea de donner sa démission le 3 thermi-midor an îv, et ce ne fut qu’à la nouvelle insurrection vendéenne qu’il demanda l’autorisation de reprendre du service : à cette occasion, le ministre Bernadotte lui écrivait : « Quand on a fait un aussi bon emploi de ses armes, on ne doit pas les quitter. »
Il fut donc envoyé le 21 thermidor an vu, dans la 22° division militaire, faisant alors partie de l’armée d ! Angleterre : à la tête des gardes nationales actives du pays et d’un détachement de la 28e demi-brigade de ligne, il battit les Vendéens dans différentes rencontres. Escorté seu-
lement par 14 hommes, il tomba près de Noailles dans une embuscade de 300 Vendéens qui, dès la première charge, le mirent presque hors de combat ; cependant il put saisir le fusil d’un chasseur de sa troupe, blessa le chef ennemi et parvint à se dégager. Une autre fois, attiré à Chemillé dans le désir d’obtenir la soumission de quelques révoltés, il faillit être assassiné pendant jla nuit ; mais au lieu de prendre la fuite, il chargea les assaillants, se fit jour au milieu d’eux et regagna le poste où se trouvaient ses soldats. Dans une autre circonstance, il cerna un rassemblement dans Moulins-sous-Châtillon, s’empara de 15 chefs et dispersa le reste.
La Vendée pacifiée, il passa en Italie le 14 floréal an vin, y fut employé dans la division Monnier, et combattit à Ma-rengo le 25 prairial : dans cette journée mémorable, et lors de la seconde attaque de Castel-Ceriolo, ayant éparpillé ses tirailleurs comme il l’avait vu faire aux Vendéens, il réussit à s’emparer des pièces d’artillerie qui foudroyaient sa division. Après la paix de Lunéville, admis au traitement de réforme le 1er vendémiaire an x, et porté sur le tableau des adjudants-commandants le 9 fructidor an xi, il se rendit le 14 nivôse an xm au cantonnement de Saintes, puis au camp de Saint-Omer.
Delaage, légionnaire le 15 pluviôse an xii, officier de l’Ordre le 25 prairial suivant, et attaché, le 13 ventôse an xm, à la réserve des camps sur les côtes, servit dans le 5e corps de la grande armée en Autriche, en Prusse et en Pologne, pendant les ans xiv, 1806 et 1807, se trouva à Wertingen, à Ulm, à Holla-brùnn et à Austerlitz, où le maréchal Lannes le chargea d’aller rendre compte à Napoléon de la position du 5e corps, à la suite d’un mouvement des Russes. Il était aussi à l’affaire de Saalfeld et à la
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bataille d’Iéna, au combat de Pustulck, le 26 décembre 1806, pendant lequel, le général Treilhard ayant été blessé, De-laage prit le commandement provisoire de la division, avec laquelle il poursuivit les Russes dans leur retraite sur Ostro-lenka et leur prit des caissons, des bagages et 160 traînards : puis, à l’affaire en avant de Tikoczin, deux régiments français de cavalerie légère se trouvant ramenés par des forces très-supérieures, il chargea si impétueusement les Russes avec le 21e régiment de chasseurs, qu’il arrêta leur poursuite et dégagea plusieurs officiers entourés par les Cosaques.
Créé baron de l’Empire dans le cours de 1808, il prit au mois d’octobre de la même année le commandement de la cavalerie du 5’ corps de l’armée d’Espagne. Il se distingua l’année suivante au siège de Saragosse et à la bataille d’O-cana, et fut cité honorablement dans les rapports des maréchaux Lannes, Soult, Mortier et Suchet.
Mis en disponibilité pour cause de santé le 21 mai 1811, à peine rétabli, un ordre du 12 janvier 1812 lui prescrivit de se rendre à Mayence pour y remplir les fonctions de chef d’état-major de la lre division du 3e corps, avec lequel il fit la campagne de Russie sous les ordres du maréchal Ney. Chargé ! de l’attaque de Krasnoë le 2 août, et d’enlever les deux ouvrages qui flanquaient l’enceinte de Smolensk le 17 du même mois, il s’apprêtait, à la bataille de la Moskowa, à prendre avec une brigade deux redoutes au centre de la ligne des Russes, lorsque deux graves blessures le contraignirent à se retirer sur les derrières de l’armée. Un décret rendu à Moscou le 18 octobre le nomma général de brigade. A sa rentrée en France, il fut chargé, le 17 juin 1813, du commandement du Calvados. Conservé dans cet emploi à la paix de 1814,
et successivement chevalier de Saint-Louis le 29 juillet, et commandeur de la Légion-d’Honne.ur. le 14 février 1815, il fut mis en non-activité à dater du 1" de ce même mois. Napoléon, à son retour, lui confia le commandement du département des Deux-Sèvres, où des troubles venaient d’éclater. Ses efforts pour éviter cette nouvelle guerre civile ne furent pas complètement vains : il réprima quelques manifestations qui eurent lieu à Thouars le 19 juin. Après la signature de l’acte de pacification, le général De-laage, ayant remis à M. d’Autichamp son commandement sur la rive gauche de la Loire, retourna dans le département des Deux-Sèvres, où il reçut le 8 août l’ordre de se retirer dans ses foyers.
Compris comme disponible dans le cadre de l’état-major général le 30 décembre 1818, et mis prématurément à la retraite le 30 août 1826, la révolution de 1830 se rappela ses loyaux services et l’employa dans le département de Maine-et-Loire dès le 19 août. Placé par son âge dans le cadre de disponibilité le 22 avril 1831, il a été admis à la retraite par l’ordonnance du 5 avril 1832.
Le général Delaage est mort à Angers le 22 décembre 1840.
fils d’un boulanger, naquit à Dijon (Côte-d’Or), le 21 décembre 1764, et fit ses études au collège de cette ville. Il les avait à peine terminées, lorsqu’il s’engagea. A l’époque de la révolution, il était parvenu au grade de sous-officier. En 1792, il entra dans le 1" bataillon des volontaires de la Côte-d’Or, fut élu lieutenant de sa compagnie, et se rendit avec son corps à l’armée que commandait La-fayette. La première fois qu’il se distingua, ce fut le 3 juin, au combat de Gli-suelle, près Maubeuge, où, pendant l’ac-
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tion, il remplaça son commandant qui venait d : être tué.
Le 23 août de la même année, il refusa de signer la capitulation de Longwy, que ses habitants refusèrent de défendre, et sa protestation contre cet acte de pusillanimité’ fut insérée le 7 septembre dans le 2e bulletin de la Convention nationale.
L’année suivante, il se trouva au combat de Ruzabern (17 mai 1793), après lequel son bataillon se mit en route pour rejoindre l’armée des Pyrénées-Orientales. Carteaux, que la Convention avait chargé de soumettre les Marseillais révoltés par suite des événements du 31 mai, le retint et l’envoya contre les rebelles. Delaborde les atteignit et les mit en pleine déroute au village de Lépin, près d’Aix.
Nommé quelque temps après, général de brigade et gouverneur de l’île de Corse, il ne se rendit.pas à cette destination ; Dugommier lui ayant confié le commandement de la V’ division de l’armée devant Toulon, il contribua à la prise de cette ville en enlevant le camp retranché des Anglais. Arrivé en l’an u à l’armée des Pyrénées, il s’empara, le 7 thermidor, des redoutes de Biviata et de.Vera, situées sur les montagnes qui entourent la Bi-dassoa, et, le 14 du même mois, de concert avec Moncey, il se rendit maître de Biva, de Beriat et d’Aya ; puis, tous les deux, par une marche hardie, ils tournèrent le camp espagnol de Saint-Martial.
Le 26 vendémiaire an m, il battit com-pléicment le général Filanghieri, et s’empara de cette célèbre vallée de Ron-ceviiux, où furent défaits les lieutenants de Charlemagne. A cette affaire, le général Delaborde commandait la fameuse colonne,infernale, composée de troupes venu ni de la Vendée.
Après le combat de Bergara, livré le 8 frimaire an ni, il passa à l’armée de Rhin-.et-Moselle, et, au mois de thermidor an îv, il traversa le Rhinà Neufbri-sach, où les habitants lui témoignèrent leur reconnaissance pour l’ordre et la discipline qu’il avait su maintenir dans ses troupes ; ensuite il occupa le Brisgau et prit possession des villes frontières abandonnées par les Impériaux.
En l’an vm, promu général de division, il occupa la ligne comprise entre Ogger-sheim et Germersheim. A l’affaire du 25 brumaire, il attaqua l’ennemi devant Philisbourg, lui enleva^ 5 canons et lui fit 1,000 prisonniers. Dans la même année, après la paix de Luoé-ville, il fut nommé gouverneur de la 3e division militaire et y rétablit l’ordre et la discipline.
Le 19, frimaire an xii, le général Delaborde, qui commandait alors la 13e division militaire, se trouva compris dans la nomination des membres de.laLégion-d’Honneur, et, le 2S.prairial suivant, il reçut le brevet de, commandant de l’ordre, puis encore, en l’an xm, le 4 vendémiaire, il fut nommé grand officier, après, avoir fait, à Rennes, la.distribution des, aigles d’honneur accordées aux officiers et soldats de sa division.
Vers la fin de 1807, le général Delà-. borde rentra dans le service actif, et prît part à. la seconde,expédition de Portugal en 1809 ;
En avril ■ 1809, le général Freyre, commandant les troupes portugaises, ayant été massacré, ainsi que son état-major, pour s’être retiré devant l’armée du maréchal Soult, comme ses instructions le lui prescrivaient, un officier hanoyrien, le baron d’Ében, fut improvisé général et se disposait à livrer bataille pour obéir aux exigences de ses propres soldats ; mais le maréchal Soult ne lui en laissa pas le temps, et
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l’attaqua le 20 mars au matin ; le centre de l’armée était formé de la’ division dii général Dèlabbrde. Au signal donnée par ùrtè batterie placée su’r le front1 de la ligne, la’ division Delaborde marcha l’arme au’bras sur les Portugais, sans riposter à’ leur feu. Intimidés’ par cette confiance,’ les Portugais se dispersèrent et prirent’ la’fuite, le général Delabô’rde les poursuivit, ainsi que la division de dragons du général Lorge, et en fit une horrible boucherie. Cette poursuite cori-tinua’ jusqu’à' deux1 lieues au delà de Bràga. Les Français s’emparèrent’ de’ cette place, dé l’artillerie de’ l’ènrtemi,de’ ses bagages ; de ses munitions, e’t de’plû-sièurs’drapeaux : ’
Le 29 du même mois, la division De-lâbdrdë enleva plusieurs1 redoutes et s’empara dè"50’pièces dècanô’rï ! Elle arriva à1 Térïtrëe d’Oportô et réussit p’àr’là à’coùper l’extrême droite de l’arrrtée ennemie.1 Ces troupes furent bientôt’en pleine dérouté, et le général Délàbordé’ pénélra dans la ville.
Ju’uot’ confia’au "général’ Delaborde le commandement de la 1" division’qui occupa Lisbonne le 2 décembre, et le’ nomm’a' ensuite’ gouverneur de cette capitale. On"së rappelle combien cette campagne fut désastreuse pour’nos troupes.’ Les Portugais ; stimulés par lés Anglais et des bandes d’insurgés espagnols, se soulevèrent ’ eh 1808, et le 3 août un corps d’armée d’Anglais débarqua à Fi-guières, se mit en mouvement et s’avança sur Lisbonne. Dès que Juriot en fut averti, il donna le commandement’de la ville au général Travot, et fit partir le général Delaborde avec 2 bataillons du 70r régiment ! 150’chasseurs du 26e et "5 pièces de’canbiu1 Ces troupes, renforcées à Obidds et à Péniche, avaient pour but1 de ralentir les progrès de l’ennemi ; ei de reconnaître le terrain propre à un enga-gagemènt général ; ’ Delaborde ayant ap-
pris que les’ Anglais commandes" par sir Arthur Wélësléy, depuis lord Wellington, occupaient Lecrias, prit position le 14 août en avant du village dé Rblica. Le lendemain les’Aiiglais commencèrent l’aitàque et furent repoussés ! Revenus deux jours après’, Delaborde,’ blessé dès le commencement deTactionJ’ét qù’i n’avait à o’pp’oser à près de 4,OÔÔ assaillants que 1,900 hommes, lutta pendant cinq heures avec avantage ; mais ne recevant’ pas du général Loison le secours qu’il en attendait,’il opéra sa retraite, en’bon ordre. Ce beau ’fait’d'armes’, ’joint à tant d’autres preuves de courage’ et d’habileté, donna u : ril nouvel éclat à la- réputation déjà si brillante* du général Delaborde qui, cette même’année fut élevé à la dignité de comté."
Passé ensuite’ sous’ les’ ordres du’duc dé’Dalmatie,’il se distingua de nouveau,’ le 30 rhafs, à làbàtaille de Càrvalno-daT Este, ainsi qu’à'la’prisè d’Oporto. Après" la retraite dé’ Portugal, pendant laquelle les dispositiori’s"qu’il prit’au combat de’ Vimeiro furent jugées un chef-d’œuvre de tactique, il revint en.France où il resta’jusqu’en 1812. Alors’il’passa à l’armée de Russie et prit le commandement d’une division’ du corps ’du’duc de Trévise. A’sôn retour, il fut nomm’é gouverneur’du château de Cbmpiè’g'ne,’et en 1813 grand-croix de l’ordre de la Réunion.
En 1814, il commanda les deux subdivisions dé’TouTousé.
Le général Delaborde adhéra aux changements qui ’ suivirent l’abdication de Fontainebleau, perdit’sa’place de gouverneur de Comp’ièghe, endédommagement de laquelle le roi ’ lui accorda 10,000 francs de’ pension, le’nommà, lé 24 octobre, chevalier de’Saint-Lbuis, ’et le conserva dans son’comma’ndëment divisionnaire. H* s’y trouvait’encore au 20
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mars 1815- ; mais il n’envoya son adhésion au rétablissement de l’Empire que le 4 avril. Dans un rapport qu’il adressa au ministre de la guerre, il expliqua cette soumission tardive par les obstacles que lui opposait la présence du baron de Vi-trolles, commissaire du roi, annonçant qu’il venait de le mettre en état d’arrestation. L’Empereur, qui ne douta pas avec raison de la loyauté du comte De-laborde, l’attacha à sa personne en qualité de Chambellan, et le nomma, le 2 juin 1815, pair de France et gouverneur des divisions de l’Ouest.
Compris dans la liste de proscription du 24 juillet 1815, il fut mis en jugement au mois de septembre de la même année. Madame Delaborde publia un mémoire justificatif, et son avocat, parmi ses moyens de défense, fit ressortir une équivoque que les membres du conseil s’empressèrent d’adopter. L’ordonnance du 24 juillet portait Laborde, tandis que le général se nommait Delaborde. Ils le déclarèrent non coupable.
Depuis cette époque, le comte Delaborde ne participa en rien aux affaires publiques.
Il mourut le 3 février 1833, laissant un bel héritage de gloire à sa patrie, et un beau nom à inscrire sur l’arc de triomphe de l’Étoile, où il a été placé au côté Ouest.
né àBazoches (Loiret),le 17 juin 1776. Il s’engagea à l’âge de 16 ans dans le 2e bataillon des volontaires du Loiret, d’où il passa dans le 14° dragons. En l’an v, il fut incorporé dans les Guides a cheval de l’armée d’Italie. En l’an vin, et au retour d’Égypte, il entra dans les grenadiers à cheval de la garde consulaire, assista à la bataille de Marengo comme sous - lieutenant porte - étendard,
et fut nommé lieutenant, puis capitaine sur le champ de bataille.
A Eylau, où il se distingua, il fut grièvement blessé. Après avoir fait la première campagne d’Espagne en 1808 et celle d’Allemagne en 1809, il fit la campagne de Russie où il gagna les grades de chef d’escadron et de lieutenant-colonel.
Le 28 septembre 1813, il fut blessé à Altembourg de huit coups de sabre et fait prisonnier ; mais peu après il fut dégagé par ses intrépides grenadiers.
M. Delaporte fut de nouveau blessé à la bataille de Craone à la tête du 2e régiment des grenadiers de la garde. L’Empereur le créa baron ; décoré depuis 1804, il avait eu la croix d’officier le 14 avril 1810.
A Waterloo, il combattit au milieu de ce bataillon sacré qui mourait et ne se rendait pas. Il y reçut quatre blessures.
M. Delaporte ne fit aucun service pendant la Restauration. Il administrait, comme maire, une petite commune des environs d’Orléans.
En 1830, il fut nommé colonel du 11e dragons et commandeur de la Lé-gion-d’Honneur.
En 1836, il obtint le grade de maréchal de camp et le commandement du département de la Nièvre.
Il était chevalier de Saint-Louis depuis 1814.
Mort à Orléans en février 1848.
né le 10 mars 1770 à Douai. Grenadier au 9e bataillon de volontaires de son département le 26 septembre 1792, caporal, sergent et sergent-major les 1er, 7 et 8 octobre, sous-lieutenant le 12 mai 1793, il passa le 5 nivôse an H à l’emploi d’adjoint aux adjudants-généraux.
De 1792 à l’an vi, il servit aux armées du Nord, de la Moselle et de Sambre-et-
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Meuse, où il devint lieutenant le 14 germinal an iv et capitaine le 14 vendémiaire an vi. Dans cet intervalle, il prit part à l’affaire duCateau et à l’attaque de nuit des redoutes qui couvraient la route de Mons, devant Maubeuge, et reçut dans cet engagement un coup de feu au pied droit.
En l’an H, il était aux combats de Di-nan et de Neufchâteau, au siège, à la bataille et à la prise de Charleroi, à la bataille de Fleurus et au combat de Nivelles.
L’année suivante il se trouvait à la bataille de Julien, au passage de la Roër, au siège de Maëstricht, où il fut atteint,d’un éclat de bombe à la jambe gauche, au passage du Rhin, en l’an îv et en l’an v aux combats de Zulzbach et de Wal-fring, au second passage du Rhin et à la bataille de Neuwied.
Adjoint près l’état-major général le 16 messidor an vi, et choisi le 13 fructidor suivant pour remplir les fonctions d’aide-de-camp auprès du général Grenier ; il le suivit en Italie, combattit à Centalo le 6 brumaire an vm, où il fut blessé, ainsi qu’à Genola le 13 du même mois. Nommé chef de bataillon sur le champ de bataille, il continua à se faire remarquer en l’an vin pendant les opérations de l’aile gauche de l’armée du Rhin, et, en l’an ix, à la bataille de Hohenlinden.
Fait membre de la Légion-d’Honneur le 2o prairial an xn, employé à l’armée d’Italie de l’an xiv à 1808, promu adjudant-commandant (colonel) le 30 mai 1809, la brillante conduite qu’il déploya à l’assaut du fort Malborghetto et à la bataille de Wagram, lui mérita, le 9 juillet, son élévation au grade de colonel du 23e régiment d’infanterie légère.
Baron de l’Empire le 15 août suivant, chevalier de la Couronne de fer, et envoyé en 1810 à l’armée de Catalogne, il
se distingua sous les murs de Figuières et au combat d’Alta-Fulla le 24 janvier 1812. Il fit encore remarquer son régiment à Mataro, à Caza-Massana, au col Sainte-Christine et au Mont-Serrât. Entré le 24 janvier 1813 dans la garde impériale comme colonel-major du 5e régiment de la jeune garde, officier de la Légion-d’Honneur le 13 février, général de brigade le 23 juillet suivant et employé au 13e corps de la grande armée le Ie’ août, le général Delcambre, qui en commandait l’avant-garde, tandis qu’il se dirigeait de Swerin sur Hambourg, défendit le. passage du pont de Buken, sur la Stecknitz, avec quatre compagnies du 30e de ligne contre 2,000 Russes,’ auxquels il fit éprouver une perte considérable.
Pendant ce temps, les événements se précipitaient, Paris capitula, et, bientôt après, Louis XVIII fit son entrée dans la capitale.
Le lendemain arrivait M. Delcambre, porteur de l’acte par lequel le 13e corps annonçait son adhésion au rétablissement des Bourbons.
Chevalier de Saint-Louis le 29 juillet 1814, en non-activité-le 1" septembre, commandeur de la Légion-d’Honneur le 27 décembre suivant, et attaché le 17 mars 1815 au 2e corps commandé par le duc de Berry, le général Delcambre fut appelé le 23 avril aux fonctions de chef d’état-major général du 1er corps de l’armée du Nord.
Le roi lui donna, le 16 février 1816, le commandement du département de la Meuse, que les Prussiens occupaient ; il reçut en outre le titre de vicomte le 12 février 1824, et fut décoré de l’Aigle Rouge par le roi de Prusse le 30 septembre suivant.
Compris le 30 décembre 1818 dans le cadre de l’état-major général de l’armée, il commandait depuis 1820 à Châlons-
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sur-Marne, lorsque le roi Charles X, étant venu se faire sacrer à Reims, le général Delcambre présida à l’établissement du camp formé aux environs de la ville, et reçut, à cette occasion, la croix de grand officier de la Légion-d’Honneur. .. Inspecteur général’ d’infanterie ■ en 1829, ensuite appelé aucommandement de Strasbourg, cet officier général fut mis en disponibilité le 6 août 1830, et compris le 22 mars 183 ! dans le cadre d’activité de i’état-major général, jouit de la solde de retraite depuis le 11 juin 1832.
Son nom est placé sur le côté Nordde l’arc de triomphe de l’Étoile.
fils d’un homme de loi d’Arras, qui lui-fit donner une éducation distin-tinguée, naquit dans cette ville le 27 novembre 1757. Il s’engagea, le 5 mars 1776, dans le 25e régiment, ci-devant Poitou, et devint caporal le 11 décembre 1779 ; Fait sergent le 8 février, et fourrier le 21 septembre 1783, il obtint^ le 11 juin 1786, le grade de sergent-major. Dans cet intervalle, il avait servi à bord du vaisseau la Bourgogne, capitaine Dor-villiers, en 1779.
Le 28 janvier’1791, il s’embarqua sur levaisseau l’Apollon, capitaine Behague, destiné pour la Martinique, et revint en France le 16 mai suivant. Le 15 septembre de’la même année, il fut nommé sous-lieutenant de grenadiers. Lieutenant le 12 juin et capitaine le- 4" mai 1702, il fit les campagnes de cette année et de 1793 à l’armée de Sambre-et-Meuse.
Il setrouva, le 18 mars 1793, à la bataille de Nerwinden, où un coup de feu lui traversa la cuisse, tandis qu’à la tête dé son régiment il enlevait le village de ce nom ; on le guérit de cette blessure, mais il-resta boiteux.
Nommé, le 27 pluviôse an n, chef de bataillon, et le 19 fructidor an m chef de la 49e demi-brigade, plus tard la 13% il fut à cette époque investi du commandement d’Aire et de Bergues. Employé à l’armée des côtes de Cherbourg, il rejoignit en l’an iv celle d’Italie, et reçut une’ nouvelle, mais légère blessure, le 27 germinal an v (I7 : avril 1797), pendant le massacre des Français à Vérone. Le général Balland, qui commandait dans cette place, prévoyant une révolte, se renferme avec le petit nombre de troupes placées sous ses ordres dans le fort Saint-Félix et dans les deux autres châteaux. Les insurgés, ulcérés par lès maux d’une guerre et excités encore par les prêtres, se trouvèrent réunis au nombre de 30,000, partie dans Vérone, partie’ dans les environs ; 3,000 Esclavons y campaient sous divers prétextes. La haine contre les Français allait croissant. Balland, en se renfermant dans les forts, n’avait laissé à la garde des portes que le nombre d’hommes nécessaire. Les agents de l’administration et environ 600 malades se trouvaient sans défenseurs. Le lundi 17 avril, seconde fête de-Pâques, après vêpres, le tocsin sonna en même temps à’Vérone, à Vicence, à Pa-dôue. Ce ne fut qu’avec de grands dangers que, dans ces deux dernières villes, les Français’échappèrent au massacre ; mais à Vérone, les rues et les places publiques se’remplirent de paysans fanatiques ; tous les Français isolés, tous ceux qui-vivaient ! dàns les maisons particulières furent assassinés, sans distinction d’âge, d’état, ni de sexe. Des femmes enceintes furent égorgées sans pitié ; les malades et les blessés furent massacrés dans les hôpitaux ; plusieurs Véronais soupçonnés d’être partisans des Français périrent dans d’affreux tourments. Des bandes ■ de forcenés s’emparèrent’des
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portes de la ville, après avoir l’ait main basse.sur les sentinelles et les postes qui les gardaient.
Dans cette horrible journée, que l’on nomma les Pâques véronuises, Delegor-gue, sauva la vie à un grand nombre de ses compatriotes, ce qui lui valut les félicitations du général en chef Bonaparte, qu’il accompagna l’année suivante en Égypte. Arrivé le premier au Marabout, lors du débarquement de l’armée, le premier aussi il entra le lendemain (14 messidor an vi) dans Alexandrie. Il se distingua pendant toute la durée de cette guerre, particulièrement le 29 venlôse an vin, à Héliopolis où, sur le champ de bataille- même, Rléber le nomma général de brigade, nomination que le premier Consul confirma le 19 fructidor suivant. En l’an îx, il fit partie de la division du général Friant, et fut l’un des signataires de la capitulation d’Alexandrie, après laquelle il revint en France avec les débris de l’armée d’Orient.
Membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an xn, et le 25 prairial commandant de l’Ordre, Delegorgue, qui commandait-alors-lé département dé la-Manche, passa, Je 6 brumaire an xivi, à la grande armée, et en 1806’à l’armée d’Italie.
Au mois de.juin delà même année, il se trouvait sous les ordres du général Mar-mont, lorsque le 17, près de Raguse, marchant à l’avant-garde, accompagné de peu de soldats, il fut assailli par un parti de Monténégrins. A la première décharge, il a la cuisse fracassée et tombe ; quatre.de ses-grenadiers-le placent sur leurs épaulesetl’emportent. LesMonténé-grins-les poursuivent etbientôt les atteignent. Delegorgue qui. reconnaît l’iin-. possibilité d’échapper- à ces barbares, engage-ses compagnons, à l’abandonner, ils.refusent ; ; mais deux d’entre eux ayant
étéblessés : « N’oubliezpas, leur dit-il, que je suis votre général ; je vous ordonne de me déposer à terre et de vous éloigner. » Les braves qui venaient de résister à la prière de leur chef, obéirent à son commandement, et à peine l’avaient-ils quitté, que sa tête, séparée de son corps,, devint un trophée de victoire pour l’ennemi.
Son nom est gravé côté Sud de l’arc, de triomphe de l’Étoile.
naquit le 22 mars 1773 à Neuve--Église (ancien département de la Lys) de ■ parents français.
Réquisitionnaire dans le 3e régiment-de dragons lé 8 septembre 1793, il fit ses premières armes dans le Nord, devint-brigadier à l’armée de Sambre-et-Meuse le 9 pluviôse an îv, brigadier-fourrier en Italie le 4 brumaire an v, et reçut un-coup de sabre au poignet droit au combat de Sainte-Justine, près de Feltre, le 24 ventôse suivant.
Maréchal-des-logis en Helvétie le 9-germinal, et adjudant sous-officier te’ lendemain, il s’embarqua pour l’Égypte au commencement de l’an vi. ’ A l’affaire de Salahieh, le 24 thermidor, enveloppé par une troupe-nombreuse de Mamelucks, il reçut plusieurs • coups de sabre, et-parvint à se ■dégager -après avoir tué un cavalier qui le pressait vivement.
Nommé sous-lieutenant le 1" pluviôse ■ an vu, il-fit partie de l’expédition de. Syrie.
Surpris, le 23 ventôse, dans une reconnaissance en Jaiïa et Saint-Jean-d’Acre, parun détachement nombreux de cavaliers tares qui, après une lutte-désespérée,’lui tuèrent presque tout-son--mondej il reçut plusieurs coups de sabre au bras droit,- aux. reins, au côté-droit et-ton dernier-à la main.qui lui fit tomber-
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son arme, fut terrassé, fait prisonnier et conduit, garrotté, à la queue d’un cheval devant Djezzar, pacha d’Acre, qui, ne pouvant s’empêcher d’admirer sa bravoure, lui fit grâce de la vie et le remit au commodore Sydney-Smith.
Renvoyé en France le 26 germinal de la même année, nommé lieutenant le 26 pluviôse an x, et adjudant-major le 10 floréal, il prit rang de capitaine le 10 brumaire an xn, et devint membre de la Légion-d’Honneur le 25 prairial.
De l’an xiv à 1807, pendant les campagnes d’Autriche, de Prusse et de Pologne, successivement attaché au Ie’ corps et à la réserve de cavalerie de la grande armée, il se trouva, le 26 octobre 1806, à l’affaire du bois de Zedenich en Prusse, où, cerné par un groupe de hussards, il en tua plusieurs et dégagea le général Becker, qui, lui-même, fut sur le point d’être pris.
Nommé chef d’escadron, il combattit àEylau : démonté dans une charge auda-cieusement poussée au milieu de l’infanterie et de la cavalerie russe, il se remit à pied à la tête de son escadron et le ramena au pas dans les lignes françaises sans que l’ennemi osât l’entamer.
Le 3 mars 1807, à l’affaire de Gutts-dadt, il donna de nouvelles preuves de sa bravoure : à la sortie d’un défilé, son régiment, qui iormaitl’avant-garde de la division, trouva le chemin barré par un corps de 1,800 Cosaques qui se disposaient à attaquer son extrême gauche, quand, par un changement de front aussi prompt qu’imprévu, il dissipa l’ennemi en un instant et laissa le chemin libre à la division française.
A la bataille de Friedland, le 14 juin 1807, à la tête du 1er escadron du régiment, il fit une charge brillante sur une batterie ennemie et l’enleva après avoir tué un officier sur sa pièce ; en continuant sa charge, il eut à résister aux atta-
ques des Cosaques et des hussards qui soutenaient l’artillerie, et au retour il essuya le feu d’une embuscade d’infanterie.
Après la paix de Tilsitt, il fut envoyé à l’armée de Portugal, où il eut durant trois mois le commandement provisoire d’un régiment de cavalerie formé d’hommes appartenant au 2e corps ; pendant cette campagne, il remplit plusieurs missions difficiles, à la tête de détachements d’infanterie et de cavalerie, sur les frontières de Portugal du côté de Bra-gance et dans la province de Zamora, et s’en acquitta toujours à la satisfaction du général Millet, dans la brigade duquel il était placé. Fait officier de la Légion-d’Honneur le 15 janvier 1809, il combattit encore à San-Carpio dans la vieille Castille, où il reçut un coup de feu qui lui fracassa le genou droit et le rendit dès lors incapable de monter à cheval.
Chevalier de l’Empire le 11 juillet 1810, admis à la retraite le 1" janvier 1811, et désigné pour un commandement d’armes de 4e classe, il fut envoyé en cette qualité à la citadelle de Lille le 9 octobre de la même année.
Il conserva cet emploi jusqu’au 30 avril 1815, et reçut à cette époque le commandement de la place d’Hesdin ; il fut mis de nouveau à la retraite le 19 janvier 1816.
Lieutenant-colonelhonorairelel" juillet 1820, il est mort à Lille, le 17 juillet 1838.
naquit le 8 avril 1774 à Cahors (Lot). Volontaire le 31 août 1792 dans une compagnie franche de son département, il devint fourrier peu de temps après, et entra par incorporation, le 1er octobre suivant, avec ce grade, dans le 23e bataillon de volontaires, amalgamé plus
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tard dans la 36e demi-brigade de ligne. ■ II fit les campagnes de 1792 et 1793 aux armées de Hollande et du Nord, assista à l’occupation de la place de Geer-truidenberg, et prit part à toutes les affaires qui eurent lieu en avant de Lille.
Dans une découverte qu’il avait -été chargé de faire sur Lanoi, au mois d’août 1793, il fondit le premier sur une centaine d’Autrichiens et les força à prendre la fuite. Dans un engagement qui eut lieu le 29 septembre de la même année, il reçut une blessure à la jambe droite. Le 29 floréal an H, il contribua à la prise de 400 Autrichiens, et tomba au pouvoir de l’ennemi le 3 prairial suivant au combat de Templeuve, près de Tournay.
Rendu à la liberté dans le mois de frimaire an iv, il rejoignit son régiment à l’armée de Sambre-et- Meuse. Adjudant-major le 1er messidor même année, il prit rang de capitaine le 1" messidor an v, commanda à Bâle le dépôt général des conscrits, et rentra à son corps après avoir incorporé environ 13,000 jeunes soldats.
Il se fit remarquer à l’armée d’Helvé-tie en l’an vz et en l’an vu, notamment dans les journées des 27 et 28 thermidor de cette dernière année àinsielden et au pont du Diable. Placé à la tête de quelques braves, il poursuivit 2,000 Autrichiens jusque sur les bords du lac de Zurich, où il les força de mettre bas les armes. Le 10 fructidor suivant, il concourut à l’attaque du pont d’Uzenach, et enleva le lendemain, à la tête des grenadiers de son bataillon, celui de Nasel.
Chargé par le maréchal Soult, la veille de la victoire de Zurich, de reconnaître la rivière de la Linth, au-dessous du lac, il s’acquitta de cette mission avec autant d’intelligence que de valeur ; organisa lui même un corps de 200 nageurs, ar-
més de piques, de sabres et de pistolets. Le jour de la bataille, il franchit la rivière avec ses braves, s’empare des redoutes et des retranchements autrichiens, encloue les pièces ennemies, jette l’épouvante dans ses rangs et tue le général en chef Hotze dans son quartier général. Avant d’effectuer ce passage, il avait adressé à sa petite troupe l’allocution suivante : « Vous allez vous couvrir de gloire en portant dans un instant l’épouvante et la mort dans les rangs ennemis ; vous ne pouvez pas faire de prisonniers ; égorgez donc tout ce que vous rencontrerez. Marchez réunis, suivez mes traces en silence. Vaincre ou mourir, tel est notre mot d’ordre. Je vous rallierai sur la rive droite par un coup de sifflet. »
Cette action d’éclat valut à Dellard le grade de chef de bataillon sur le champ de bataille, et un beau cheval dont le général Soult lui fit présent. Le lendemain, aidé seulement de son domestique, il prit 80 Autrichiens qu’il conduisit au quartier général. La confirmation de sa nomination comme chef de bataillon ayant été retardée, il fut de nouveau promu à ce grade sur le champ de bataille du 12 iloréal suivant par le général Mo-reau, commandant en chef de l’armée du Danube, pour sa belle conduite à la prise du fort de Hoentwill. Le premier Consul le confirma dans son grade le 29 vendémiaire an x, pour prendre rang de sa première nomination (4 vendémiaire anvm).
Au passage du Rhin, à la tête d’un bataillon de la division Vandamme, il exécuta la première attaque contre la cavalerie autrichienne, placée sur le plateau en avant deStockach (15 floréal an vm), t soutint le lendemain, pendant plus d’une heure, à Mœskirch, le feu d’une batterie formidable placée au centre de armée ennemie. Placé quelques jours après à la tête
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d’un détachement composé de son bataillon, (de cavalerie et d’artillerie légère, et chargé d’éclairer la marche de la division Vandamme sur le Lech, il passa ensuite le Danube près de Dillingen, marcha sur Donawerth et suivit de près le corps autrichien du général Kray. Il repassa le Danube à Donawerth, se porta sur Neubourg, et de là sur le Tyrol,dans la direction de Dorneubirch. Cet officier supérieur coopéra à la prise d’Immens-tadt, et établit, avec son bataillon, des communications entre cette ville et la place de Bregentz, sur le lac de Constance.
Aussitôt qu’il apprit la reddition de Feldkirch, et la rupture de l’armistice conclu entre le général Moreau et le commandant de l’armée autrichienne, Del-lard rejoignit le corps du général Le-combe, qui formait l’aile droite de l’armée, et s’empara d’Ober-Auerdorff. point important par sa position dans la vallée de Kustein. Major du 46e de ligne le 20 brumaire an xii, membre de la Légion-d’Honneur le A germinal suivant, il lit les campagnes de l’an xiv, et servit en 4806 au camp de Boulogne, où il devint, le 10 février 1807, colonel du 16e léger. Il fit, à la tête de ce corps, les guerres de 1807 et 1808 à la grande armée, en Prusse et en Pologne, et prit une part glorieuse à la victoire de Friedland.
Après la paix de Tilsitt, le 16e léger rétrograda sur Berlin, où il cantonna pendant un an. Le 18 août 1808, le colonel Dellavd quitta le camp de Mitrow, et se rendit en poste, avec son régiment, à l’armée d’Espagne où il arriva le 29 octobre. Le 11 novembre suivant, le 16" léger battit seul l’aile gauche de l’armée espagnole, commandée par le général Black. Ce régiment, fort de 5,000 hommes, et posté d’une manière désavantageuse, détruisit ou dispersa 15,000 Espagnols qui occupaient les hauteurs
d’Espina de los Monteros. Au moment de marcher à l’ennemi, le colonel Dellard s’adressant à sa troupe, lui dit : « Brave 16e, votre immortelle réputation commande ma confiance : c’est à moi de gagner aujourd’hui la vôtre ; j’y parviendrai et je vous ferai faire de belles choses si vous exécutez en silence et avec calme les mouvements que je vous commanderai. » Atteint d’une balle en abordant le premier les colonnes ennemies, il continua de commander. Dans une revue passée à Burgos, le 22 du même mois, Napoléon accorda douze décorations au 16° léger ; cette distribution se faisait sous les yeux de l’Empereur ; il se retourna vivement vers Dellard et lui dit : « Vous ne demandez donc rien pour vous, colonel. — Sire, répond ce dernier, ma récompense est dans celle que Votre Majesté vient d’accorder aux braves que je commande. » L’Empereur le nomma le même jour officier de la Légion-d’Hon-neur, et peu de temps après baron de l’Empire.
Il se distingua particulièrement au passage du Sommo-Sierra et à la prise de Madrid ; une balle lui traversa le bras gauche au moment où il prenait d’assaut la caserne des gardes du corps. Après avoir rétabli sa santé aux eaux d’Aix-la-Chapelle, il alla reprendre le commandement de son régiment à Tolède. 11 commanda l’Arzobispo, d’où il observa et éclaira les routes de Truxillo et d’Es-tella ; rendit compte le premier de la marche de l’ennemi sur Ocana, et manœuvra avec le premier corps pour empêcher les ennemis les Espagnols de passer le Tage. Il occupa successivement différentes villes et s’empara d’Agado. Il se signala à la défaite des insurgés dans la Sierra-Morena, à la prise de Séville et à Puerto-Santa-Maria. Le roi Joseph lui fit offrir, en son nom, un anneau de grand prix.
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Il assista au siège de Gadix jusqu’au mois de juillet 1810, et passa ensuite avec trois bataillons d’élite, sous les ordres du général Latour Maubourg commandant une division de cavalerie à Médina-Sidonia. Chargé des reconnaissances sur Gausin et Saint-Roch, surpris etenvironné sur les hauteurs de Ximena par cent-soixante insurgés embusqués, il les délogea avec quatre voltigeurs qui l’accompagnaient, et rejoignit sa colonne après avoir bien reconnu la position de l’ennemi. Ses nombreuses blessures et les fatigues de cette guerre longue et difficile le forcèrent à rentrer en France dans les derniers mois de 1810 pour y rétablir sa santé.
Nommé commandant d’armes à Os-tende, le 23 janvier 1811, l’Empereur l’appela, en 1812, à faire partie del’expé-dition de Russie. Dans la journée du 11 novembre, il défendit, avec 230 hommes d’infanterie contre 2,000 hommes de cavalerie et quatre pièces de canon, les ap-r provisionnements considérables qu’il avait formés dans le château de Clemen-tina, et qu’il fit partir jusqu’à Smolensk ; ces provisions devinrent l’unique ressource de la grande armée au moment de sa retraite. ’ De retour en France, il alla commander la place de Bayorfne. Il y reçut le brevet de général de brigade, daté de Dresde, le 8 août 1813, et l’ordre de se rendre à Magdebourg. A peine arrivé sur le Rhin, il y trouva des lettres de service qui le nommaient gouverneur de Cassel et commandant supérieur des forts de Montébello, de Saint-Hilaire, ainsi que des avant-postes chargés de la défense de Mayence. Il conserva ce commandement pendant la durée du blocus de cette place.
Louis XVIII lui confia le commandement de la place de Valenciennes : il contribua, pendant les Cent-Jours, à la
conservation de ce boulevard de la.patrie. Sous la seconde Restauration, le gouvernement le. maintint dans ce commandement. En 1818, il passa à celui de Cherbourg. Il avait été nommé chevalier de Saint-Louis le 11 octobre 181-4. Le 20 août 1823, Louis XVIII lui donna le commandement de Besançon. — Il est mort dans cette ville le 7 juillet 1832.
né en 1767 à Argentat (Corrèze),- entra dès l’âge de onze ans au régiment de Tou-raine et fit la guerre d’Amérique ; mais ses passions ardentes le jetèrent bientôt dans des écarts tels que, malgré l’affection de son colonel, le vicomte de Mirabeau, il fut forcé de quitter son co.rps en 1788. Choisi unanimement, en 1791, pour commandant d’un bataillon de volontaires de la Corrèze, il acquit promptement une brillante réputation à l’armée du Rhin, où on le vit un jour aller chercher un drapeau au milieu de la cavalerie ennemie, tuer de sa main deux hussards qui le défendaient, et le rapporter aux applaudissements de toute l’avant-garde. Son habileté et son courage lui valurent bientôt le grade de général de brigade et le commandement de toute l’infanterie de lavant-garde. Envoyé à Landau, Dehnas y fut menacé de destitution par le représentant du peuple, et dénoncé par les Jacobins de cette ville, il parvint à s’y soustraire. Dès la levée du blocus il alla combattre sur la ligne de Kaiserslautern. Les clubs jacobins de Spire renouvelèrent les dénonciations de Landau. Il acheva glorieusement sa journée sur le champ de bataille, alla se constituer prisonnier et fut conduit à Paris ; mais l’armée le réclama bientôt.
Rentré en ligne à la tête d’une division et faisant la reconnaissance de la
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place de Bois-le-Duc, qui est couverte par des marais et des inondations, il se trouve tout à coup devant le fort d’Or-them, découvre un point dégarni de palissades et remarque dans la garnison une sorte d’hésitation. Il dit alors à ses officiers et à huit hussards qui l’accompagnaient : « Mes amis, le fort est à nous ; qui m’aime me suive ; » et lançant son cheval, il franchit le fossé, gravit le parapet et entre le premier dans le fort. Les 50 hommes qui le défendent, étonnés d’une telle audace, sont sabrés, repoussés au delà de l’enceinte, et poursuivis jusque sur les glacis de la place que le général fit canonner par l’artillerie de sa division, placée dans le fort d’Orthem. Ce fait énergique amena la capitulation du fort important de Crève-Cœur.
Vers la fin de 179o, Delmas commandait une division à l’armée du Rhin sous les ordres de Moreau. Il rentra en France à la suite d’une blessure grave, passa à l’armée d’Italie, combattit les Tyroliens, reçut le commandement en chef des mains de Joubert et le garda jusqu’à l’arrivée de Schérer.
Il se couvrit de gloire et rendit d’émi-nents services à la bataille de Magnano.
Le Directoire lui ayant offert le commandement de la 1" division (Paris), il refusa, reçut du gouvernement une armure complète en témoignage de ses éclatants services, alla de nouveau se distinguer à l’armée da Rhin, retourna en Italie comme lieutenant du général en chef, prit en 1801 le commandement des troupes en Piémont et fut condamné peu après à une sorte d’exil qui dura dix ans.
Frappé de nos malheurs en 1813, il alla offrir son épée à l’Empereur, com-hattit avec le même courage et fut blessé mortellement à Leipzig, laissant un nom qui vivra dans nos fastes militaires.
né à Arbois, en 1773 ; s’enrôla en 91 dans le 4’ bataillon des volontaires du Jura et fit toutes les campagnes de la Révolution. Partout Delort donna des preuves d’un rare courage. Il reçut plusieurs blessures à Austerlitz.
Il fut nommé colonel du 4e dragons en 1805 et chevalier de l’Empire avec dotation en 1808. Cette même année il passa en Espagne, se trouva à plusieurs sièges et batailles, enleva à Pont-du-Roi 25 pièces de canon et tous les bagages de l’ennemi dans une charge des plus hardies ; Le 23 mars 1810 il mit complètement en déroute, à Vaudrell, l’avant-garde espagnole.
Le 9 avril, à Villafranca, il battit une colonne ennemie et fit le colonel prisonnier. Une autre fois il arrêta sept escadrons espagnols avec un escadron de son régiment et sauva une division italienne ; il fut grièvement blessé dans cette charge. Le jour de l’assaut de Tarragone, il poursuivit les fuyards jusqu’à la mer et les sabra sous le feu des croisières anglaises. Son régiment de dragons, conjointement avec une brigade italienne, ramena une colonne de 9,700 prisonniers où se trouvaient le gouverneur de Tarragone et plusieurs généraux.
Delort fut nommé général de brigade en 1811. A la bataille de Sagonte, il culbuta l’ennemi et fut cité avec éloge par le maréchal Soult. Le 2 juillet 1812 O’Donnel attaqua avec 12,000 hommes le général Delort détaché à Castalla avec 1,500 hommes ; mais le mouvement de retraite fut exécuté si habilement et suivi d’une charge si heureuse, que toute la ligne ennemie fut mise dans le plus grand désordre et que le général anglais Roche fut forcé d’abandonner l’attaque du château d’Ibi. Cette affaire fut une des plus brillantes de la guerre d’Espagne.
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En 1813 Delort couvrit avec précision et vigueur la retraite de Suchet.
Il se trouva à la bataille de Monte-reau et força sur la route de Melun quatre régiments à se rendre prisonniers, après avoir sabré lui-même leur général. Napoléon le fit pour ce fait général de division.
En 1815 il contribua par les belles charges des cuirassiers à la victoire de Ligny ; deux jours après, il fit à Waterloo des efforts inouïs et reçut un coup de feu et huit balles dans ses habits.
A la seconde Restauration il se retira dans sa ville natale.
Après la Révolution de juillet, Delort obtint enfin le brevet de lieutenant-général que lui avait refusé la Restauration. Il fut nommé à cette époque chef d’état-major de. l’armée d’Afrique, sous le maréchal Glauzel ; il y resta jusqu’en 1831.
Pendant la Restauration, le général Delort avait consacré ses loisirs à la traduction des Odes d’Horace. A son retour d’Algérie il fut successivement chargé du commandement de plusieurs, divisions militaires et élevé à la dignité de pair de France.
Il est mort le 28 mars 1846, à la Chaussée-Saint-Victor près Blois, à l’âge de 73 ans. Il a légué à la ville d’Arbois une somme de 70.000 francs, dont 35,000 à l’hospice.
Son nom est inscrit sur l’arc-de-triom-phe, côté Ouest.
né le 24 octobre 1766, à Pouzols (Aude), entra au service le 12 janvier 1792 comme sous-lieutenant dans le 31e régiment d’infanterie, et fit partie du camp de Jalès, dont les troupes concoururent à former, à la fin de la même année, l’armée d’Italie.
Nommé lieutenant le 14 mars 1793, et T. 1.
adjudant chef de bataillon le 6 vendémiaire an n, il se distingua au premier combatde Gilette,en Italie, livré, le 26, contre les Autrichiens qui y furent complètement battus.
Élevé au grade d’adjudant-général chef de brigade le 2b prairial an m, il servit en cette qualité depuis le mois de messidor à l’armée des Alpes et d’Italie, et réformé lors de la suppression de l’armée des Alpes proprement dite, le 28 ventôse an îv, il resta sans fonctions jusqu’en l’an vin, prit part à la journée du 18 brumaire, sous les ordres du général Lefebvre, et présida le 2e conseil de guerre à Paris du 1b nivôse au 2b germinal.
Rappelé à l’activité et envoyé à l’armée de réserve comme chef d’état-major d’une division, réformé de nouveau le 1er vendémiaire an X par suite de la suppression de l’état-major de l’armée d’Italie, qu’il avait suivi pendant la campagne de l’an îx, il fit partie du tableau’ des 180 adjudants-commandants désignés par l’arrêté des Consuls du 7 nivôse.
Appelé successivement au commandement des places de Gavi et de Savone, les 18 prairial et 30 thermidor an xi, légionnaire et officier de l’Ordre les lb pluviôse et 23 prairial an xn, le 28 fructidor suivant il eut, à l’armée d’Italie, le commandement de la brigade stationnée à Rimini, avec laquelle il fit la campagne d’Italie et de Naples de l’an xiv à 1806 inclusivement.
Il était chef de l’état-major à Naples et investi du commandement de cette ville lorsqu’un ordre du mois de janvier 1807 l’appela à la grande armée, où il prit part au combat et à la prise du pont de Bergfied le 3 février, au combat’de Hoff le 6, enfin à la bataille d’Eylau le 8 du même mois. Chargé, à la cessation des hostilités, du commandement du dépôt général du
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■4* corps de la grande armée à Francforl-sur-l’Oder, il resta en cantonnement pendant l’année 1808, devint en 1809 chef d’état-major, de la lre division d’infanterie de l’armée du Rhin, et reçut le titre de baron de l’Empire le lo août 1810.
Ayant été appelé à faire partie de la grande armée de Russie, et promu au grade de général de brigade le 23 septembre 1812, il fut tué par les Russes, près la porte de Kowno, à Wilna, le 10 décembre de la même année.
né le 12 mars 1768 à Tournon (Ardèche), fit ses premières études à l’École militaire, et suivait les cours de droit à Paris lorsque la Révolution éclata.
Volontaire dans’ la garde nationale parisienne, le 14 juillet 1789, et appointé dans cette garde le 0 avril 1790, il devint troisième sergent de compagnie le 8 novembre, premier sergent au mois d’août 1791, et sous-lieutenant le 17 février 1792.
Le 25 mai suivant, il entra avec son grade dans le 1" bataillon du 91e régiment d’infanterie, embarqua pour l’expédition de Sardaigne sur la frégate la Caroline, et fut promu, le 21 novembre, lieutenant par ancienneté dans le même corps (165e demi-brigade d’infanterie par l’amalgame du 10 vendémiaire an n, puis 4oe demi-brigade de ligue, le 1" floréal an îv.)
Passé sur la frégate la Melpomène, il se distingua dans le combat du 30 vendémiaire au l" brumaire an II contre le vaisseau anglais l’Agamemnon, et y reçut un coup de biscaïendans la main gauche. Chargé, le 25 du même mois, du commandement des troupes de débarquement sur les côtes de la Corse, et destinées à la contre-attaque du poste de Farinole, il pénétra dans les retranchements, reçut un coup de feu à travers le corps, et ob-
tint le grade de capitaine par arrêté du représentant Lacombe Saint-Michel.
Présent, le 23 nivôse suivant, au combat de la Melpomène contre les frégates anglaises la Lêda et le Jiomulus, il prit également part au siège de Calvi soutenu contre les Anglais pendant les mois de Prairial et de Messidor, y commanda le fort Mosello, et reçut, le 2 thermidor, une blessure à la jambe gauche.
Envoyé deux fois en parlementaire, il y régla les conditions de la capitulation qui eut lieu le 1-4 du même mois.
Adjoint à l’adjudant-général Léopold Berthier, chef d’état-major de l’armée de Rome, le 15 nivôse an vi, il servit en cette qualité pendant les ans vi et vu, et obtint, le 1er messidor, le grade de chef de bataillon à la 45° demi-brigade de ligne.
Nommé membre de la Légion-d’Hon-neur le 25 prairial an xn, et attaché à l’étal-major du 2e corps de la grande armée par ordre du J 5 fructidor an xu, il fit en cette qualité les campagnes de l’an xiv à 1806 en Autriche et en Prusse, et fut promu adjudant-commandant le 31 mai de cette dernière année. En congé à Paris, au mois de juin 1809, pour cause de santé, il obtint, le 21 avril 1810, un ordre de service pour l’état-major de l’armée de Portugal, fit en qualité de chef d’état-major de la 1" division d’infanterie les campagnes d’Espagne en 1811, 1812 et 1813, et fut créé baron par décret du 15 août 1811. 11 fut, le 25 novembre de cette année, élevé au grade de général de brigade en même temps qu’à celui d’officier de la Légion-d’Honneur.
Employé à Bayonne pendant la campagne de France, et mis en demi-solde le 1er septembre 181-i, il concourut pendant les Cent-Jours à l’organisation des gardes nationales de la 5e division militaire. Mis en non-activité sous la seconde
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Restauration, disponible le lw avril 1826, et admis à la retraite à compter du 1er janvier 1825, il se retira à Paris et obtint le grade de lieutenant-général honoraire le -1" novembre 1826.
Il est mort en 1828 le 29 septembre, à Tournon (Ardèche).
fils d’un magistrat, né àAurillac en 1775 ; s’engagea en 1791 dans un bataillon de volontaires du Cantal, et fut nommé lieutenant de grenadiers.
Il fit les campagnes de 1792 et 1793 à l’armée des Pyrénées-Orientales, et fut nommé capitaine en 93 ; blessé au combat de la Jonquière en 1794, il se signala de nouveau au siège de Rosés.
Le 1" bataillon du Cantal ayant été incorporé dans le 8° chasseurs à pied, dit des Vosges, Delzonssuivit ce régiment en Italie. Il prit d’assaut la redoute de Mon-tenotte le 12 avril 1796, s’empara, le 14, d’une batterie sur le plateau de Dégo, se fit remarquer au passage du pont de Lodi, traversa le Mincio sous le feu de l’ennemi, et lui enleva les pontons parqués sur la rive opposée. Fait prisonnier près de Mantoue, il fut échangé huit jours après. Il fut blessé à l’affaire du 17 novembre près de Rivoli, et à la bataille de Rivoli il résista, avec sa compagnie, à un régiment autrichien. On le nomma chef de bataillon sur le champ de bataille.
Le 2 juillet 1798, Delzons pénétra l’un des premiers dans Alexandrie en Égypte, enleva les retranchements d’Embabeh, II fut promu chef de sa demi-brigade ; il avait alors 23 ans.
Delzons se prononça contre la capitulation d’Alexandrie, et, rentré en France, il fut nommé par Ronaparte général de brigade. Il prit en cette qualité une part active aux campagnes de 1804, 1803 et 1806.
En 1809, il commandait la brigade de droite du corps de Marmont qui se trouvait en Dalmatie, et assez éloigné de la grande armée. Delzons donna, dans le conseil réuni par Marmont, le conseil d’opérer, sans délai, un mouvement de retraite, de marcher sur la Croatie, et de combattre les dix-neuf bataillons autrichiens qui en défendaient les frontières. Le général Delzons contribua au succès de ce mouvement qui fut opéré et décida la victoire de Bilay, le 21 mai.
Le 5 juillet suivant, il eut deux chevaux tués sous lui, enleva une position formidable le 12, et décida encore le succès du combat de Zuaïm.
Après le traité de Vienne en 1809, Delzons organisa la province Illyrienne de Karlstadt, fut nommé général de division le 15 février 1811, et peu après, commandant en chef par intérim de l’armée d’Illyrie.
En 1812 il lit, sous les ordres d’Eugène, la campagne de Russie, et se distingua surtout aux journées d’Ostrowno et de la Moskowa. Le 24 octobre, pendant la retraite, il fut chargé de s’emparer du passage de la Louja qui devait faciliter l’occupation de Maloïaroslawilz ; Delzons lit rétablir les ponts détruits et parvint à y faire passer sa division. Il attaque alors les hauteurs de la ville et s’en rend maître. Cependant l’armée russe se dirige sur ce point et en chasse les régiments français. A cet instant, le prince Eugène donne ordre à la division Delzons de reprendre la ville. Le général s’élance à la tête du 84e régiment. Les Russes remplissaient en masse le chemin creux" qui monte à la ville. Delzons s’y enfonce tête baissée ; les Russes rompus sont renversés en cédant, et bientôt nos baïonnettes brillent sur les hauteurs. Delzons est sûr de la victoire, il n’a.plus qu’une enceinte de bâtiments à envahir ; mais les soldats hésitent ; lui s’avance ; il les
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encourage du geste, de la voix et de son exemple, lorsqu’une balle le frappe au front et l’étend par terre. On vit alors son frère se jeter sur lui et le couvrir de son corps, mais une seconde balle l’atteint lui-même et tous deux expirent ensemble.
Le général Delzons fut enterré le lendemain 25 octobre sur le champ de bataille. — Son nom est inscrit sur le côté Est de l’arc de l’Étoile.
né en Poitou le 41 août 1772, entra fort jeune dans la carrière des armes et fut nommé capitaine d’artillerie le 30 septembre i 7 93.
Il fit les principales campagnes de la révolution, y compris celle d’Égypte, et donna partout des preuves de courage et de capacité.
Devenu colonel, il se distingua àAus-terlitz où il fut nommé commandeur de la Légion-d’Houneur. Napoléon lui confia ensuite la direction de l’École d’artillerie et du génie de Metz. Il l’envoya en Hollande en 1807 comme major-général et premier inspecteur des corps de l’artillerie et du génie. Après avoir servi deux ans en Espagne, il demanda sa retraite à cause de ses nombreuses blessures. Il rentra alors dans ses foyers et s’occupa de travaux agricoles. Il ne reparut sur la scène politique que pendant lesCenUJours, comme colonel de la garde nationale de Poitiers.
Le département de la Vienne l’envoya à la Chambre en 1819. Il siégea à l’extrême gauche et s’opposa avec énergie à l’exclusion prononcée contre l’abbé Grégoire et contre Manuel en 1823. M. De-marçay fut, jusqu’à sa mort, arrivée le 22 mai 1839, l’un des plus fougueux défenseurs de la cause démocratique.
général de division du génie, naquit à Tar-bes (Hautes-Pyrénées), d’une famille noble, le 3 juillet 1747. En 1768, il entra avec le grade de lieutenant en second à l’École du génie de Mézières. Nommé ingénieur deux ans après, et capitaine de la même arme en 1777, il devint commandant du génie à Brest en 1792.
Appelé à-l’armée du Nord lors des premières hostilités, il concourut, avec le capitaine Lauriston, à la défense de Va-lenciennes, qui ne se rendit qu’après quarante jours de bombardement. La conduite de Dembarrère durant ce siège lui valut le grade de chef de brigade, et il suivit, en cette qualité, la garnison qui fut envoyée dans la Vendée.
Au combat de Doué, le 27 fructidor an n, il fit les savantes dispositions de bataille qui permirent au général San-terre de vaincre d’Autichamp et Tal-mont. Général de division le 28 pluviôse an ni, il demanda et obtint de quitter l’armée de l’Ouest. On l’envoya d’abord à Metz, puis, peu de temps après, à l’armée de l’Ouest, et ensuite à l’armée d’Italie, où il eut le commandement en chef de l’arme du génie.
Quand cette armée éprouva à son tour des revers qui l’obligèrent à se concentrer, en floréal an vin, sur les rives du Var pour arrêter l’ennemi prêt à envahir la Provence, Dembarrère fut chargé de diriger les fortifications sur toute la ligne, et notamment celles de la tête du pont du Var, qu’il défendit en personne sous le feu le plus meurtrier.
Il seconda puissamment les efforts du général en chef Rochambeau, particulièrement dans la journée du 30 floréal an vin, où les Autrichiens, repoussés par deux fois, perdirent tout espoir d’effectuer leur passage. Il fut nommé membre et commandant de la Légion-d’Hon-neur les 19 et 25 prairial an xn. Dembarrère continua à servir activement, soit
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à l’armée, soit comme inspecteur général-jusqu’au 12 pluviôse an xm, époque de son élévation à la dignité de sénateur. C’était la récompense de près de quarante ans de travaux. L’Empereur le créa comte de l’Empire en 1808.
En 1811, il présida le collège électoral des Hautes-Pyrénées. On lit dans un livre intitulé : Monsieur de Talleyrand, tome IV, page 251 : « Que ce sénateur était sous l’influence du prince de Béné-vent, et que, dès 1813, il était dans une conspiration ourdie contre le chef de l’Empire. » Lors des événements de 1814, il prit part aux délibérations du Sénat, qui arrêta la formation d’un gouvernement provisoire, la déchéance de Napoléon et le rappel des Bourbons. Aussi, fut-il compris dans la première promotion de chevaliers de Saint-Louis et de pairs de France faite par Louis XVIII le 4 juin 1S14. Le 23 août suivant, il fut nommé grand officier de la Légion-d’Honneur. Napoléon, à son retour de l’île d’Elbe, l’éloignade laChambre, mais Louis XVIII l’y réintégra après les Cent-Jours. Dem-barrère s’abstint de voter dans le procès du maréchal Ney. Il prit rarement la parole, et mourut à Paris le 3 mars 1828.
Son nom est gravé sur le monument de l’Étoile, côté Nord.
né à Toulouse le 14 janvier 1787, entra au service le 5 novembre 180b en qualité d’élève de l’École spéciale militaire de Fontainebleau. Après la bataille d’Iéna, un ordre de Napoléon appela deux cents élèves de cette École qu’il appelait sa poule aux œufs d’or, et M. Depanis partit en poste avec ses compagnons le 9 novembre 1806 et rejoignit lé quartier général impérial à Posen. Nommé-sous-lieutement au 16e d’infanterie légère, il assista au combat de
Golymin, et le 8 février 1807, à la sanglante bataille d’Eylau. Son régiment y fut presque détruit, plus de quarante officiers y perdirent la vie ; le jeune Depanis en fut quitte pour une contusion, et il put commander la compagnie après la mort du capitaine et du lieutenant. Il se battit encore à Friedland et fut témoin de l’entrevue de Tilsitt.
En 1809, le 16e d’infanterie légère fit partie du 1er corps, et se trouva, le 10 novembre, à Espinosa devant 20,000 Espagnols retranchés sur une montagne. L’action fut engagée et le 16’ eut les honneurs de la journée ; il gravit et enleva des positions inaccessibles et culbuta l’ennemi. Le 22 novembre, M. Depanis fut fait lieutenant sur le champ de bataille de Burgos.
Le 2 décembre, il perdit 40 hommes de sa compagnie à la prise de Madrid. L’embarquement des Anglais à la Coro-gne, la prise de Toro, de Zamora, l’occupation de Salamanque, l’assaut d’Al-cantara dont le pont, défendu par vingt pièces de canon, fut franchi avec une audace inouïe, la glorieuse bataille de Talavera, telles sont les actions éclatantes du 16e, et M. Depanis en revendique une bonne part.
Nommé adjudant-major le 3 avril 1810 au blocus et sous le canon de Cadix, il soutint sa réputation aux batailles de Chiclana et d’Albuera, au combat de Ca-lauas (3 juillet 1811), où, avec deux officiers et quinze dragons, il fit mettre bas les armes à trois compagnies d’infan-lerie, au siège de Tarifa et à la désastreuse bataille de Vittoriaoù il fut blessé.
Le 11 octobre 1813,1e maréchal Soult nomma chef de bataillon au 64e de ligne M. Depanis alors capitaine aide-de-camp du général Saint-Pol. Un décret impérial du 25 novembre le nomma chevalier de la Légion-d’Honneur après six prér-sentations antérieures.
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M. Depanis assista aux sanglants combats qui eurent lieu sur la Nive et l’A-dourj le 43 novembre, à la bataille de Saint-Pierre-d’Irrube, il marchait au pas de charge sur une batterie anglaise qui balayait la route lorsqu’un coup de feu lui traversa la poitrine et lui fracassa l’articulation supérieure du bras gauche. La première Restauration le laissa à la demi-solde. Pendant les Cent-Jours, il reprit le commandement de son bataillon. Ayant dix blessures ouvertes, il ne put assister aux funérailles sanglantes de Waterloo, se retira derrière la Loire et fut de nouveau licencié.
Retiré à Toulouse dans sa famille, il y fut persécuté comme bonapartiste et fut rappelé le 15 novembre 1826 comme major au 32e de ligne, et reçut la croix de Saint-Louis, "par rang d’ancienneté.
Le 11 septembre 1830, M. Depanis fut nommé lieutenant-colonel au 32% puis officier de laLégion-d’Honneur en 1831. Pendant l’insurrection de la Vendée en 1832, il commandait les arrondissements d’Ancenis et de Châteaubriant, et y mérita les éloges de tous par sa conduite.
Le 24 mars 1834, il fut nommé colonel du 9e de ligne, et le 26 avril 1841, il fut promu au grade de général de brigade.
M. le général Depanis est aujourd’hui à la retraite. Il comptait trente-quatre ans de service’et dix campagnes de l’Empire ; il n’avait que 26 ans lors -que sa carrière militaire s’est trouvée brisée.
né à Éclaron (Haute-Marne) le 26 août 1777.
A sa sortie de l’École du génie de Metz en 1796, il rejoignit l’armée d’Italie et assista au siège de Mantoue, aux batailles de Castiglione et de Saint-Geor-
ges, aux passages de la Piave et du Ta-gliamento et au siège de Rome.
En 1798, il accompagna Bonaparte en Égypte et se trouva aux prises de Malte et d’Alexandrie, fut chargé des travaux du siège du Caire, et défendit Alexandrie contre les Anglais.
Légionnaire à la création de l’ordre, et officier d’ordonnance de l’Empereur en 1806,Deponthon dirigea, comme chef de bataillon, les sièges de Glogau, de Bres-lau, de Neiss, de Stralsund, et coopéra à la prise du camp retranché de Glatz.
A la suite de deux missions en Russie, Napoléon l’attacha à son cabinet, et lui confia la reconnaissance des embouchures de l’Ems, du Welser et de l’Elbe.
Après les campagnes de Russie et de Saxe, pendant lesquelles il commandait le génie du 5e corps, Deponthon se jeta dans Hambourg, où, en qualité de général de brigade de son arme, il tint tête aux Russes jusqu’à la paix de 1814.
Pendant les Cent-Jours, il eut la direction des travaux de défense de la capitale.
Membre du Comité des fortifications et inspecteur du génie sous la Restauration. Lieutenant-général depuis le 24 août 1838, et grand officier de laLégion-d’Honneur. Il avait été maintenu dans le cadre d’activité en 1842 et admis à la retraite au mois de mai 1848.
Il est mort à Saint-Dizier, le 29 août 1849, à l’âge de 72 ans.
naquit le 3 mars 1771 à Crécy-au-Mont (Aisne). En 1789, il concourut à la prise de la Bastille, et. entra immédiatement après dans les grenadiers de la garde nationale de Paris, compagnie Odiot, quartier de la butte Saint-Roch.
Volontaire dans le 3e bataillon de l’Aisne le 4 septembre 1791, sergent de
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grenadiers et sergent-major les 4 avril et 3 juillet 1792, il fit la campagne de cette année à l'armée du Nord, se trouva au combat de Quiévrain, et embarqua à Lorient pour la Martinique, avec le général Rochambeau. Arrivé à Saint-Domingue, il parvint à ramener aux commissaires de la Convention, Polverel et Santhonax, les troupes qui tenaient encore pour d'Esparbès, gouverneur dépossédé.
Le 1er novembre, à la tête de sa compagnie, tous les officiers étant malades, il s'empara du morne Pellé sur les noirs, et les força de fuir.
Mis à l’ordre de l’armée, le 19 décembre, pour ce fait de guerre, il reçut le même jour le grade de lieutenant, et celui de capitaine le 28.
Il partit, le 1er octobre 1793, pour Philadelphie, afin d’y rétablir sa santé. Pris par des corsaires bermudiens, rejeté en mer par une tempête, il gagna enfin Philadelphie, où la fièvre jaune sévissait d’une manière si cruelle, qu'en deux mois elle enleva 22.000 colons.
Atteint de ce mal affreux, il eut le bonheur d’échapper à ses suites. Il profita, pour rentrer en France, du départ d’un grand convoi de la baie de Chesapeake, qui eut lieu le 2 floréal an II, et il arriva à Brest le 23 prairial.
Emprisonné pendant quelques jours comme tous ceux qui venaient d’outre-mer, attaché ensuite à l’armée des côtes de Brest, il combattit à Quiberon le 23 messidor, et retourna à Brest, où il remplit les fonctions d’adjudant de place. Le 12 vendémiaire an IV, il était à Paris, et le 13, il défendait la Convention au combat de Saint-Roch.
Nommé le 23 germinal an IV aide-de-camp du général Alexandre Dumas, il se rendit avec lui en Italie, puis, après la bataille de Rivoli et la reddition de Mantoue, il le suivit dans le Tyrol. Au passage du Lavis, il sauva la vie à l’aide-de-camp Lambert, que le torrent entraînait. S’apercevant qu’une redoute, défendue par 60 Autrichiens, et placée à la tête du village de Faner, situé à mi-côte, incommodait la division, il se mit à la tête de 50 grenadiers, se porta au-dessus de la redoute, la prit à revers, s’en empara, et ramena les Autrichiens prisonniers.
Il se distingua à l’enlèvement du pont de Newenark et à la prise de Bolgiano. On marchait sur Brixen. L’ennemi était posté à Clausen, sur l’Eisach, et l’entrée de cette petite ville se trouvait défendue par un pont couvert de 200 mètres de longueur. La fusillade engagée sur ce pont ne permettait pas à la cavalerie de passer. L’aide-de-camp Dermoncourt mit pied à terre avec une vingtaine de dragons, et, sous le feu de l’ennemi, dégageant le pont en jetant dans l’Eisach tout ce qui l’encombrait, livra le passage au général Dumas et à toute sa colonne, et Bixen tomba bientôt au pouvoir de nos troupes. En avant et à une lieue de cette ville, le général Dumas se trouva seul à lutter contre un escadron ennemi ; son aide-de-camp Dermoncourt se précipita aussitôt à son secours et reçut une blessure grave à l’épaule. Le général en chef Bonaparte, informé par le général Joubert de la belle conduite de ce brave officier pendant la campagne, le cita avec éloges dans son rapport au gouvernement.
Passé comme capitaine dans le 3e régiment de dragons le 6 brumaire an VI, il servit en Suisse, s’embarqua à Toulon le 30 floréal avec l’armée expéditionnaire d’Orient, et fit les campagnes d’Égypte et de Syrie jusqu’en l’an IX. A la bataille d’Aboukir, le 7 thermidor an VII, le colonel Duvivier, qui avait la cavalerie sous ses ordres, ayant été tué, le capitaine Dermoncourt lui succéda dans ce commandement jusqu’à son remplacement par le général Roise, et se conduisit avec autant d’intelligence que de courage.
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Durant l’action, il reçut une balle dans la poitrine qui le renversa sur la croupe de son cheval ; il n’évita le danger que parce que son manteau était roulé en croix devant lui, et fui blessé d’un coup de feu à la cheville gauche. Quoique sa blesurê le fit beaucoup souffrir et l’empêchât de se chausser, le général en chef le chargea de conduire des chameaux chargés d’argent à Rahmanié, puis à Alexandrie, avec des dépêches secrètes pour le général Marmont et l’amiral Gantheaume, dont il devait lui porter les réponses au Caire. Il remplit sa mission malgré les attaques répétées des Arabes ; la réponse de l’amiral était verbale, elle se bornait à ce peu mots : Le vent est bon. Le capitaine Der-moncourt la reporta exactement au général en chef, qui bientôt après cinglait vers la France. 11 se signala à la bataille d’Héliopolis, près de Coraïm, où il secourut Kléber, et à la reprise du Caire.
Le général en chef Menou reconnut ses services en le nommant chef d’escadron au 14e de dragons le 4 messidor an vin.
A la seconde bataille d’Aboukir, le 30 ventôse an ix, frappé d’un coup de feu à la gorge, il ne quitta point le commandement, rallia son corps et soutint la retraite avec une grande énergie. Revenu en France en vertu de la convention d’Alexandrie, confirmé dans son dernier grade par le premier Consul, le 15 ventôse an x, il passa dans le 22e régiment de cavalerie ; mais ce régiment ayant été incorporé dans les cuirassiers, on l’envoya dans le 21e de dragons, le 13 pluviôse an xi. En l’an xii le premier Consul le nomma, le 23 frimaire, major du 11e de cuirassiers, et le 4 germinal membre de la Légion-d’Honneur.
Il servit à la grande armée, de l’an xiv à 1807. Fait colonel du 1" de dragons, le 5 avril de cette dernière année, il
mena son régiment au feu pour la première fois, le 12 juin, à la bataille d’Heilsberg, et pour la seconde fois, le •14, à Friedland. A la fin de cette bataille, l’Empereur fit appeler Sopransi, aide-de-camp du prince du Neufchatel : « Allez dire au colonel du 1" régiment que je suis content de lui. » Baron de l’Empire, avec dotation, le 17 mars 1808, officier de la Légion-d’Honneur, le 4 octobre suivant, il entra immédiatement en Espagne avec la division Latour-Mau-bourg, et y resta jusqu’en 1811. Sa retraite deTarragone, au mois de décembre 1808, est un des plus beaux faits d’armes de nos campagnes d’Espagne. Le 29 juillet 1809, à Talaveira de la Reina, où il commanda sa brigade, il eut la cuisse droite traversé d’un coup de feu. Forcé d’interrompre son service, il le reprit au mois d’octobre, et reçut, le 29 décembre, dans la Sierra-Morena, une balle morte au genou droit. A Ma-drilejos, au Trocadéro, à Chiclana, il fit preuve de bravoure, d’activité et de talents militaires. Le 1" régiment de dragons étant devenu let de chevau-légers-lanciers, le colonel Dermoncourt quitta l’Andalousie, le 9 octobre 1811, et entra en France pour procéder à l’organisation du nouveau corps, organisation qu’il compléta à Chartres. Il quitta cette ville le 12 mai 1812, et rejoignit la grande armée à Moscou, le 11 octobre. Il se battit le 21 à Malo-Jaroslawetz.
Au commencement de 1813, il prit à Mayence le commandement d’un régiment de marche, et se rendit à l’armée près de Bautzen. Au combat de Rechen-bach, il fit plusieurs charges heureuses et eut un cheval tué sous lui. C’est pendant l’armistice que l’Empereur l’éleva, le 22 juillet, au grade de général de brigade, et lui confia le commandement de la cavalerie du 5" corps. Il se trouva aux affaires de Goldberg,
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de Lœwenberg, de Leipzig et de Hanau, et l’Empereur lui donna la croix de com-m’andeur de la Légion-d’Honneur, le 4 décembre ; le 25 il était à Neufbrisack, chargé de surveiller les travaux et les approvisionnements de cette place. Au moment de l’investissement, et lorsqu’il se disposait à se retirer avec sa brigade sur Schelestadt, ’ il reçut l’ordre suivant : a Par ordre du général Grouchy, lieutenant de la droite de l’armée, il est ordonné au général Dermoncourt de se jeter de sa personne dans la place de Neufbrisack et de la défendre jusqu’à la dernière goutte de son sang. Le général de division GROUCHY. » Et les Autrichiens n’y sont pas entrés.
Après l’abdication, il fit sa soumission à Louis XVIII, qui le nomma chevalier de Saint-Louis, le 17 septembre, l’employa au quartier général de la 5" division militaire, le 23 du même mois, et lui confia, le 10 octobre, le commandement supérieur de Neufbrisack, qu’il lui retira le 2 janvier 1815. Au retour de l’île d’Elbe, l’Empereur le rétablit, le 25 mars, dans ce commandement. Il soutint avec succès le second blocus de Neufbrisack. Remplacé, le 6 octobre 181u, on le mit à la retraite, le 26 septembre 1821. Relevé de cette position à la Révolution de 1830, il reçut, le 7 mars 1831, le commandement du département de la Haute-Loire, et celui de la Loire-Inférieure, le 24 avril 1832. Le ministre avait envoyé le général Dermoncourt dans la haute Bretagne avec l’intention de mettre fin aux agitations qu’il avait volontairement laissé grandir jusqu’alors. A peine arrivé à Nantes, le général s’aperçut qu’on ourdissait une grande conspiration et qu’elle ne tarderait pas à éclater ; qu’un chef y était attendu, et que ce chef devait être madame la duchesse de Berri. Il fit ses dispositions militaires. La princesse par-
vint en Vendée, le 16 mai, et les Bretons apprêtèrent leurs armes. Cependant il n’y eut point unanimité parmi eux, puisque de douze divisions dont on voulait composer l’armée royale, sept se prononcèrent contre le soulèvement, soit parce qu’on manquait de fusils et de munitions, soit parce que les événements du Midi n’étaient point de nature à encourager, soit enfin, comme l’écrivait, le 17, M. de Coislin à la duchesse, qu’une prise d’armes sans le concours de l’étranger parût devoir amener l’entière destruction du parti royaliste en France. Madame la duchesse de Berri persista et ordonna à tous d’être prêts pour le 24. Le commandement en chef était déféré à M. de Bourraont. Mais celui-ci pensait comme M. de Coislin, et les royalistes de Paris, qui partageaient l’opinion de MM. de Coislin et de Bourmont, avaient envoyé M. Berryer à la duchesse, afin de l’éclairer sur sa position ; de là l’indécision des ordres et des mouvements. La duchesse, malgré sa promesse à M. Berryer, se décida à agir, et la prise’ d’armes fut fixée par elle, d’accord avec M. de Bourmont, à la nuit du 3 au 4 juin.
Pour le général Dermoncourt, auquel les détails échappaient, la guerre civile était imminente. Il prit aussitôt son parti ; c’étaif de s’emparer des chefs et de multiplier ses postes à l’effet d’empêcher les rassemblements.
Le 4, le tocsin se fit entendre, et la guerre commença, guerre d’embuscade et de surprise, qui coûte du sang et qui se prolonge sans résultats définitifs.
Marches et contre-marches, visites et attaques des châteaux, combats partiels, arrestation de quelques chefs, poursuite incessante des autres, direction militaire qui ne laisse aucun repos, et qui exige une activité et une intelligence peu communes, voilà ce que fit et fit faire le général Dermoncourt pendant la durée de
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d’honorables antécédents. Il était naturel que le général s’attendît à voir récompenser ses longs et anciens services par le grade de lieutenant-général, auquel il avait tant de droits : on prononça sa réadmission à la retraite, le 1er avril 1833, conformément à la loi. Il alla résider à Batignolles, près de Paris.
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ce mouvement insurrectionnel, particulièrement jusqu’au jour (le 16) où la duchesse, déguisée en paysanne, crut prudent de chercher un asile secret à Nantes, mis en état de siège le 15.
Deutz, arrivé à Paris, s’était entendu avec M. de Montalivet, puis avec M. Thiers. M. Thiers l’avait envoyé à Nantes, accompagné d’un officier de police nommé Joly, et précédé d’un nouveau préfet, M. Maurice Duval.
Deutz vit la duchesse une première fois, le 31 octobre, et la seconde et dernière fois le 6 novembre, sous le prétexte de communications graves que, dans l’émotion qu’il avait éprouvée lors de l’entretien du 31, il avait entièrement oublié de lui faire.
Le 6, en quittant la duchesse, il alla porter ses renseignements à M. Maurice Duval ; on investit aussitôt la maison, les policiers firent leur office, et après seize heures de recherches, la duchesse sortit de sa cachette, où il lui était impossible de rester plus longtemps, et demanda le général Dermoncourt. En le voyant, elle courut à lui : « Général, lui dit-elle, je me rends à vous, et me remets à votre loyauté. — Madame, répondit le général, Votre Altesse est sous la sauve-garde de l’honneur français. »
Et le général eut pour madame la duchesse de Berri, la nièce du roi, tous les égards dus à son sexe et à ses malheurs ; le général la conduisit ensuite au château, et la fit respecter durant le trajet, car on entendait de fâcheux murmures dans le peuple.
Le surlendemain, tandis que le général se rendait au château de la Chaslièrc pour s’emparer deM. deBourmont, qu’on disait s’y trouver, l’embarquement de la duchesse pour Blaye eut lieu, et le général ne la revit plus.
On avait donné la pairie (11 octobre) à M, Maurice Duval, ancien préfet, ayant
né à Saint-Pierre (Martinique), le 2 février 1768, entra dans la marine le -4 mars 1780, en qualité de pilote à bord de la frégate Flphigéme, et le 6 juillet de l’année suivante, il passa comme garde-marine surnuméraire sur la corvette l’Élise.
Fait prisonnier sur ce bâtiment le 13 septembre 1782, ’il ne tarda pas à être échangé. Il continua de servir en Amérique jusqu’en 1783, et fut réformé le 17 juillet 1786.
Le 6 octobre 1788, il s’engagea dans le 12° de chasseurs à cheval, et devint successivement brigadier-fourrier le 21 mars 1791, maréchal-des-logis le 1er janvier 1793, et le 7 mars suivant, au combat de Saint-Trond, il s’empara de 2 caissons et reçut deux coups de sabre.
Sous-lieutenant le 1er juillet de la même année, et lieutenant le 1" ventôse an n, il combattit à la seconde bataille de Fleuras, le 8 messidor suivant, et y fut encore blessé de deux coups de sabre. Au combat de Kreuzenach, le 19 brumaire an ni, il s’empara de 2 pièces de canon.
Dery, qui déjà avait donné de nombreuses preuves de valeur pendant les campagnes de l’an m à l’an vu, se fit particulièrement remarquer en Souabe et en Italie en l’an vm ; et le 20 floréal, il s’empara de vive force d’un convoi de 180 voitures, et, le 3 prairial, il arrêta pendant quatre heures, à la tête de -12 hommes seulement, 2,000 cavaliers qui se dirigeaient sur ïortone, les
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chargea dix fois et leur enleva 7 hommes.
Blessé d’un coup de feu et prisonnier à Marengo, il fut nommé capitaine le 5e jour complémentaire an ix, passa à l’emploi d’adjudant-major le 22 ventôse an x, et fut nommé, le 26 frimaire an JEU, membre de la Légion-d’Honneur.
Il fit les guerres de l’an xiv et de 1806 en’Prusse et en Pologne, et obtint le grade de chef d’escadron le 10 février 1806, et celui de colonel du 5e hussards le 30 décembre de la même année.
Le & février 1807, il fut blessé au combat de" Watherdorff, en chargeant l’ennemi à. la tête de son régiment.
Il reçut la croix d’officier de la Légion-d’Honneur le 14 mai 1807, et fut nommé chevalier de l’ordre de Wurtemberg le Ie’ juillet suivant, en récompense de ses services pendant la dernière période de la campagne de Pologne. La guerre de 1809 en Autriche lui fournit de nouvelles occasions de se signaler.
Il était général de brigade depuis le 6 août 1811, lorsqu’il périt glorieusement pendant la campagne de Russie.
Voici en quelles circonstances :
L’Empereur avait ordonné tous les préparatifs de retraite sur Kaluga et Smo-lensk. Le 18 octobre, il reçut pendant une revue une dépêche du roi de Naples, qui lui apprenait que Kutusof venait de l’attaquer à l’improviste avec la totalité de ses forces, plus de 100 mille combattants, tandis que Murât n’en comptait que 20 mille. Napoléon acheva rapidement la revue et donna immédiatement l’ordre de départ. Le soir même, l’armée bivouaqua sur la vieille route de Kaluga ; mais l’attaque de Kutusof contre Murât avait pleinement réussi. Le roi de Naples avait sous ses ordres la division Cla-parède qui occupait Winkowo ; à droite et à gauche de ce village deux divisions de cavalerie ; le corps de Poniatowski campait à une demi-lieue de’Winkowo,
et* le corps de cavalerie de Scbastiani, dont le général Dery faisait partie, occupait Teterinka. Le corps de cavalerie de Saint-Germain, la division Dufour et le corps de cavalerie du général Nansouty venaient ensuite ; celui de Latour-Mau-bourg était placé en observation.
Le 17 octobre, Kulusof fit passer la totalité de son armée sur la rive gauche de la Nara. Platof, à la tête de ses nombreux régiments de Cosaques manœuvra de façon à déborder entièrenient la gauche de Murât. Le bois qui couvrait la position favorisait si bien ce mouvement que Murât n’en fut pas instruit. Le 18, au point du jour, Platof lança ses Cosaques sur le corps de Sébastiani. Ainsi surpris, le général français perdit ses bagages, son artillerie et une partie de ses troupes. Le général Dery fut tué dans cette circonstance, en chargeant les Cosaques à la tête de sa brigade. En même temps, les Russes attaquaient sur le reste de la ligne. Platof cherchait à s’emparer du défilé de Sparkublia, seule retraite du roi de Naples ; Bagawout et Strogo-now se dirigèrent sur la grand’route entre Winkowo.et Sparkublia. Osterinan et les autres corps russes manœuvraient pour tourner la droite des Français. Murât voulant arrêter le mouvement de Bagawout et de Strogonow, se précipita avec les carabiniers sur la tête de la colonne de Bagawout et la culbuta. Surpris d’une attaque aussi vigoureuse, le général russe s’arrêta et engagea un feu d’artillerie.
Dès lors, maître de ses mouvements, le roi de Naples put régler sa retraite. Claparède et Latour-Maubourg chassèrent Platof du défilé, et rétablirent la communication. La retraite s’effectua, non sans pertes, mais moins malheureusement qu’on pouvait le craindre, d’après les commencements du combat.
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né le 17 du mois d’août 1768, à Saint-Hilaire d’Ayat, près Riom, en Auvergne, d’une famille noble. Il venait d’achever ses études à l’École militaire d’Effiat, quand il entra, à peine âgé de 15 ans, en qualité de sous-lieutenant, dans le régiment de Bretagne, où il se fit remarquer par un caractère grave et studieux. Lorsque les guerres de la Révolution éclatèrent, il entra en campagne avec son régiment. Son zèle et son activité le firent bientôt distinguer par les généraux Victor de Broglie et Custines qui lui conférèrent les grades d’aide-de-camp et de capitaine adjoint à l’état-major. Ayant montré une rare bravoure et une grande présence d’esprit à la prise des lignes de Weissembourg, il fut nommé général de brigade.
Desaix exerça promptement une salutaire influence sur l’esprit des soldats. Il leur donna surtout l’exemple de la constance et de la bravoure : aussi l’avaient-ils surnommé le guerrier sans peur et sans reproche.
Moreau, juste appréciateur du mérite militaire, le nomma général de division dans l’armée de Rhin-et-Moselle le 2 septembre 1794 ; Desaix eut la plus grande part aux victoires de cette brillante campagne de l’an IV, qui a illustré le nom de Moreau.
Bonaparte s’associa Desaix pour son expédition d’Égypte, à la prise de Malte, à la bataille de Chebreïss. A celle des Pyramides, il développa de si grands talents et une si merveilleuse bravoure que le général en chef lui fit solennellement présent d’un poignard d’un très - beau travail et enrichi de diamants, sur lequel étaient gravés les noms des combats que nous venons de citer ; mais de tous les témoignages d’estime qu’il reçut de Bonaparte, celui qui le flatta le plus, fut l’ordre d’aller faire la conquête de la Haute-Égypte, et d’y achever la destruction des Mamelucks : cette entreprise était périlleuse et difficile, il l’exécuta avec courage et succès. Il livra divers combats à Sonaguy, à Thèbes, à Sienne, à Gosseys ; partout il triompha. Son administration fut telle, qu’elle lui valut de la part des vaincus eux-mêmes, le glorieux titre de Sultan juste.
Il sut procurer aux hommes éclairés chargés de reconnaître ce pays, tous les renseignements qu’il avait recueillis en recherchant lui-même, en homme instruit, les ruines et les monuments importants. C’est dans ces circonstances que Desaix, rappelé par Kléber de la Haute-Égypte, signa, par ses ordres, avec les Turcs et les Anglais, un traité en vertu duquel il s’embarqua pour revenir en Europe. A peine était-il arrivé à Livourne, que l’amiral anglais Keith le déclara prisonnier, au mépris des conventions, et joignit l’insulte à la perfidie en affectant de confondre Desaix avec les soldats qui raccompagnaient. Desaix ne répondit à ces lâchetés que par ces mots :
« Je ne vous demande rien, que de me délivrer de votre présence. Faites, si vous le voulez, donner de la paille aux blessés qui sont avec moi. J’ai traité avec les Mamelucks, les Turcs, les Arabes du grand Désert, les Éthiopiens, les noirs du Darfour, tous respectaient leur parole lorsqu’ils l’avaient donnée, et ils n’insultaient pas aux hommes dans le malheur. »
Délivré par un ordre supérieur des mains de l’amiral Keith, Desaix écrivit de Toulon au premier Consul : « Ordonnez-moi de vous rejoindre, général ou soldat, peu m’importe, pourvu que je combatte à côté de vous. Un jour sans servir la patrie est un jour retranché de ma vie. » Et peu de temps après, sans même avoir revu sa famille, il partit pour l’armée d’Italie. Arrivé à l’armée la veille de la bataille de Marengo, il y commanda la réserve qui changea la face des affaires. Les ennemis avaient tourné nos ailes et enfoncé notre cavalerie, lorsque ses deux divisions arrivèrent à la course d’une distance de deux lieues. Bientôt les Autrichiens sont repoussés ; Desaix se trouve vis-à-vis d’une colonne de 5000 grenadiers hongrois ; il marche à sa rencontre, ne démasque son artillerie qu’à portée de pistolet, et par le plus terrible feu de mitraille, ébranle et arrête la colonne. Déjà l’aile gauche de l’armée ennemie est coupée, lorsqu’une balle frappe Desaix au milieu de la poitrine. Il tombe dans les bras du colonel Lebrun et expire en laissant tomber, dit-on, ces paroles : « Allez dire au premier Consul que je meurs avec le regret de ne pas avoir assez fait pour vivre dans la postérité. » — Le même jour, à la même heure, Kléber périssait assassiné au Caire.
On fait mourir Desaix de plusieurs manières : Walter-Scott par une balle à la tête ; le Mémorial de Sainte-Hélène par un boulet de canon ; les Mémoires de Napoléon par une balle au cœur ; le général Mathieu Dumas, Simien Despréaux, qui a écrit son éloge, et Decayrol qui l’a fait embaumer à Milan, le font mourir par un coup de feu dans la poitrine. Cette version paraît la véritable ; mais Desaix a-t-il pu parler et a-t-on pu recueillir ses paroles ? Decayrol assure qu’il tomba sans témoins aucuns, et que, sa division ayant plié un moment, les colonnes autrichiennes ont dû lui passer sur le corps. Bourienne, témoin oculaire, affirma qu’il disparut au milieu d’une si grande confusion, que les circonstances de sa mort n’ont pu être constatées ; mais Bourienne est-il plus sincère que bienveillant ? Au reste, la mort de Desaix n’en est pas moins glorieuse.
Le premier Consul fit transporter au couvent du mont Saint-Bernard, la dépouille mortelle de Desaix. Son tombeau, dont les marbres ont été transportés à cette hauteur par les soins de l’habile ingénieur Polonceau, se trouve à l’entrée de l’église de l’hospice ; il est dû au ciseau de Moitte, célèbre sculpteur ; mort en 1810. .
Sa statue colossale en bronze décorait la place des Victoires ; mais elle a été renversée comme le monument élevé dans les plaines de Marengo. Néanmoins la reconnaissance nationale lui a consacré un cénotaphe entre Kehl et Strasbourg, et une fontaine, surmontée d’un buste, sur la place Dauphine, à Paris.
Desaix avait 32 ans lorsque la mort vint le surprendre. Général en chef et même conquérant, il n’avait pas d’argent, et l’on dut payer son écot à Neufbrisach. Voici en quels termes en parlait Napoléon :
« De tous les généraux que j’ai eus sous moi, Desaix et Kléber ont été ceux qui avaient le plus de talents ; surtout Desaix ; Kléber n’aimait la gloire qu’autant qu’elle lui procurait des richesses ; Desaix ne rêvait que la guerre et la gloire ; les richesses et les plaisirs n’étaient rien pour lui… C’était un petit homme d’un air sombre, à peu près d’un pouce moins grand que moi, toujours vêtu avec négligence, quelquefois même déchiré, méprisant les jouissances et même les commodités de la vie. Droit et honnête dans ses procédés, les Arabes l’avaient appelé le Sultan juste. La nature l’avait formé pour faire un grand général ; c’était un caractère tout à fait antique. Sa mort est la plus grande perte que j’aie faite. »
Quelques mots de Desaix achèveront de le peindre : un jour, à l’armée du Rhin, nos bataillons commençaient à plier ; le jeune héros se jette au-devant d’eux avec sa réserve : quelques officiers lui demandent s’il n’avait pas ordonné la retraite. — Oui, répondit-il, mais celle de l’ennemi.
Après la destitution de Pichegru, le général Michaud à qui l’on destinait le commandement, conduisit Desaix chez le député Léman : « Voilà, dit-il, l’homme qu’il nous faut pour général en chef ; il est adoré du soldat. — Comment, répond Desaix, c’est pour cela que tu m’as amené ? A moi le commandement, à moi qui suis le plus jeune des officiers ! Représentant, tu ne commettras pas une pareille injustice à l’égard de vieux militaires qui ont beaucoup mieux mérité que moi de la patrie. » Et il sortit après avoir refusé formellement.
né le 7 août 1757 à Brives-la-Gaillarde (Corrèze), entra comme élève à l’école des Mineurs de Verdun, le 28 septembre 1774.
A la suppression de cette école, le 25 septembre 1775, il passa comme surnuméraire dans les gardes du corps du roi (compagnie de Noailles), et fut nommé le 4 juillet 1780 lieutenant en second au 3e régiment d’artillerie.
Embarqué à Brest en 1781, pour une expédition dans l’Inde, qui échoua deux fois, il rejoignit son régiment en Bretagne.
Lieutenant en premier, le 1er septembre 1783, et capitaine dans les troupes coloniales, le 7 mai 1786, il accompagna l’envoyé extraordinaire du gouvernement français près le sophi de Perse. Rentré en France en 1787, il reprit rang dans le 1er régiment d’artillerie, le 27 janvier 1788, et fut nommé lieutenant en premier, aide-de-camp du premier inspecteur général de l’artillerie, capitaine en second au 2e régiment d’artillerie, et adjoint à l’état-major général de l’armée du centre, les 11 avril et 8 août 1791, Cet 8 février 1792, et il obtint du général Dumouriez, le 1er septembre de cette dernière année, le grade d’adjudant-général lieutenant-colonel.
Le 14 du même mois, à l’affaire de la Croix-aux-Bois, il rallia plusieurs fois et conduisit à l’ennemi les bataillons qui avaient été rompus pendant l’action.
Dans la même journée, il sauva, par une retraite habilement préparée, quatre bataillons qui allaient être enveloppés par l’ennemi, et, le lendemain, les équipages de l’armée attaqués par trois escadrons ennemis.
Adjudant-général-colonel, le 8 octobre suivant, il assista au siège de Namur en qualité d’adjudant-général de tranchée, conduisit la colonne à l’attaque du fort Vilatte, et monta l’un des premiers à l’assaut de ce fort, qui fut emporté de vive force.
Il reçut une blessure au bras droit par un éclat d’obus, le 26 novembre.
Chef d’état-major général de l’armée des Ardennes, le 26 janvier 1793, et chargé de diriger les travaux de siège pendant le blocus de Maastricht, un boulet de canon vint l’atteindre à la cuisse droite, le 27 février.
Général de brigade provisoire, le 7 août, il remplit en même temps les fonctions de chef d’état-major des trois armées du Nord, de Belgique et des Ardennes.
Le 13 mai il avait été confirmé dans son grade par le conseil exécutif, lorsqu’une nouvelle décision du 10 août, le suspendit de son emploi. Arrêté, conduit à Paris et incarcéré dans la prison de l’Abbaye, il ne recouvra sa liberté que le 9 thermidor an II. L’émigration de deux de ses frères, en 1791, avait été le motif de cette détention.
Mis de nouveau en état d’arrestation, le 22 du même mois, comme ancien chef d’état-major du général Cuslines, accusé d’avoir livré la frontière par la levée du Camp-de-César, puis élargi, le 19 frimaire an III, il reçut enfin l’ordre de se rendre à l’armée de l’Ouest.
Rappelé presque aussitôt à Paris, il défendit, le 1er prairial, la Convention nationale contre le peuple insurgé, et fut blessé à côté du représentant Ferand, l’une des victimes de cette journée.
Renvoyé, le 26 germinal, à l’armée du Nord, le gouvernement l’employa, le 25 pluviôse an V, dans les 1er et 16e divisions militaires, et lui confia le commandement des côtes.
Le 28 messidor an VI, il alla rejoindre l’armée dite à’Angleterre, qu’il quitta, le 21 nivôse an Vil, pour reprendre le commandement en chef provisoire des 1er et 16e divisions militaires jusqu’à l’arrivée du général Pilles.
Passé à l’armée du Rhin, le 26 frimaire an VIII, il se fit remarquer aux journées de Fribourg et de Biberach, suivit Moreau devant.Ulm, maintint et défendit la communication par le Saint-Gothard entre les armées du Rhin et d’Italie.
Au mois de vendémiaire an X, il prit le commandement intérimaire de la division Souham.
Mis à cette époque à la disposition du ministre de la marine, il reçut de ce ministre, le 25 nivôse, l’ordre de se rendre à Rochefort pour s’y embarquer sur la frégate la Thêmis, et passer à l’île de France, sous le commandement du général Magallon.
Celui-ci ayant été rappelé en France, un arrêté du capitaine général Decaen nomma Desbruslys lieutenant du capitaine général et commandant de l’île de la Réunion (île Bourbon). Il y reçut, le 4 germinal an XII, la décoration de membre de la Légion-d’Honneur, et le 13 juillet 1808, le brevet de général de division.
Une dépêche du général Decaen, du 9 octobre 1809, annonça au gouvernement que le général Desbruslys venait de se suicider.
Voici les faits qui ont amené sa fin tragique.
Le 21 septembre 1809, les Anglais envahirent le bourg Saint-Paul, dépendant de l’île de la Réunion ; le général Desbruslys, qui ne pouvait disposer que de 50 hommes de troupes de ligne et de 800 gardes nationaux, se retira devant l’ennemi dans la direction de Saint-Denis, laissant au capitaine Saint-Mihiel l’ordre de parlementer avec les Anglais.
Une convention signée à Saint-Paul, le 23, et portant suspension d’armes, fut présentée à sa signature le lendemain, et il refusa de la ratifier.
Le jour suivant, 25, il se brûla la cervelle et on trouva près de lui un billet ainsi conçu:
« Je ne veux pas être traître à mon pays; je ne veux pas sacrifier des habitants à la défense inutile de cette île ouverte. D’après les effets que j’entrevois de la haine ou de l’ambition de quelques individus tenant à une secte révolutionnaire, la mort m’attend sur l’échafaud... Je préfère me la donner. Je recommande à la Providence et aux âmes sensibles ma femme et mes enfants. »
Madame Desbruslys obtint, en 1811, une pension de 1,000 francs.
naquit le 13 octobre -1755-à Reims (Marne).
Soldat dans le régiment de la Reine-Infanterie le 20 décembre 1773, caporal le 25 mars 1774, il fit la campagne navale de 1778; sergent le 26 septembre 1780, fourrier en 1781, il obtint son congé absolu le 21 avril 1784.
Élu chef de division de la garde natiot ( 4 nale de Reims, il fut chargé, lors de l’invasion de la Champagne par les armées ennemies, en mars 1792, de l’organisation et du commandement des troupes de nouvelle levée.
L’activité, l’habileté qu’il déploya dans cette circonstance lui valurent le grade d’adjudant-général chef de bataillon le \" octobre de la même année.
Il servit d’abord en cette qualité au camp de Châlons, et passa successivement aux armées des Ardennes, du Nord, de laMoselleet de Rhin-et-Moselle, pendant les campagnes de 1792 à l’an III. Général de brigade le 16 août 1793, et général de division le 20 septembre, suivant, il se trouva au déblocus deMau-beuge, puis il prit le commandement de trois divisions destinées à l’attaque de Charleroi ; il passa ensuite avec un corps de troupes de 16,000 hommes à l’armée de la Moselle pour le déblocus de Landau et à la reprise des lignes de Wissem-bourg.
Le 4 prairial an II, il soutint la division Ambert, vivement attaquée par les Prussiens devant Kayserslautern, arrêta l’ennemi et opéra sa retraite sans avoir été entamé.
Vers cette époque se forma l’armée de Sambre-et-Meuse, et le général Desbureaux reçut l’ordre de défendre le pays compris entre la Sarre et la Moselle, de couvrir les places de Sarre-Libre et de Thionville, et de se jeter dans cette dernière place pour la défendre.jusqu’à la dernière extrémité en cas de siège.
Lors de la marche de l’armée de la Moselle sur Trêves, il commandait la division du centre ; il lit à l’ennemi un grand nombre de prisonniers, emporta de vive force la batterie du pont de Con-sarbruck. L’armée se porta ensuite sur Mayence et passa l’hiver devant cette dernière place.
Non compris dans le travail d’orga-
6 ) DES nisation du 25 prairial an III, il rentra dans ses foyers avec le traitement de réforme le 1er messidor suivant. Remis en activité le 5 thermidor an VII, il eut alors le commandement de la 12" division militaire.
Les Vendéens avaient repris les armes : Desbureaux parvint à rétablir l’ordre dans sa division, non sans avoir battu et dispersé de nombreux rassemblements d’insurgés, notamment le 12 brumaire an VIII aux Aubiers, où il leur avait tué 500 hommes.
Il reçut, le 11 frimaire, l’ordre de se rendre h l’armée gallo-batave ; à son arrivée à Paris, il trouva un contre-ordre qui le renvoyait dans l’Ouest, où l’insurrection avait reparu, et il y resta jusqu’au 1" ventôse an IX, époque à laquelle il fut de nouveau placé en traitement de réforme. Mis à la disposition dn ministre de la marine le 30 brumaire an X, il partit pour Brest le 18 nivôse suivant, afin de prendre le commandement delà deuxième expédition de Saint-Domingue.
Rentré en France le 20 germinal an XI, et maintenu dans le traitement d’activité par décision du premier Consul du 30 messidor suivant, il fut nommé membre de la Légion-d’Honneur le A germinal an XII, et appelé au commandement de la 7° division militaire le 30 fructidor an XIII.
Passé à celui de la 5e, le 10 novembre •1806, il reçut le titre de baron le 5 août ■1809, et la décoration d’officier de la Légion-d’Honneur le 27 décembre de la même année.
Il continua d’exercer ses fonctions jusqu’à ce que Napoléon revînt de l’île d’Elbe ; mais une ordonnance royale du A septembre 1815 prononça son admission à la retraite.
Il est mort à Paris le 26 février 1835.
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né le 23 mai 1762 à Alen-çon (Orne), était fils d’un avocat au parlement de Rouen.
Après avoir terminé ses études classiques à Sainte-Barbe et au collège du Plessis, il suivit les cours du collège de France, et s’adonna ensuite avec ardeur à l’étude de la médecine.
Ce fut dans le but de se perfectionner dans l’exercice de cet art qu’il fit plusieurs voyages tant en Angleterre qu’en Italie, où ses bonnes manières le mirent en rapport avec les savants les plus distingués.
Revenu en France dans le -cours de 1789, il fut reçu docteur à Montpellier, à la suite d’une thèse remarquable ayant pour titre : Essai physiologique sur les vaisseaux lymphatiques ; ce n’était point son premier ouvrage, il avait déjà publié plusieurs écrits parmi lesquels on citait son Analyse du système absorbant ou lymphatique, et avait été reçu membre de la Société des sciences de Montpellier et correspondant de l’Académie royale de médecine.
Mais les événements de 1792 et du commencement de 1793 ayant soulevé l’Europe contre la France, Desgenettes, animé d’un désir ardent de servir la patrie, de toutes parts menacée, sollicita et oblint au mois de février 1793 d’être envoyé à l’armée réunie sur les frontières d ! Italie, et il y déploya une activité et un courage qui le placèrent dans la suite au premier rang des médecins militaires.
En effet, durant cette première campagne, toujours aux avant-postes, il s’occupa d’un travail important sur la réorganisation des hôpitaux.
Le 24 nivôse an- II, il prit la direction de l’hôpital d’Antibes, sur lequel af-iluaient tous les malades, revint à l’armée le 30 fructidor pour y diriger en chef le service de la division de droite, T. I.
1 ) DES alors à Loano, et les représentants le chargèrent, le 2 nivôse an III, d’organiser le service médical de l’expédition maritime destinée à reconquérir la Corse tombée au pouvoir des Anglais. Après cette expédition il rejoignit l’armé active à Albenga, où il apprit que sur la demande de Barras, et à la recommandation de Bonaparte, il avait été nommé, le 7 brumaire an IV, médecin de l’hôpital du Val-de-Grâce et de la 17e division militaire (Paris).
L’année suivante, le général Bonaparte, qui avait apprécié son mérite, fit des démarches réitérées auprès du Directoire pour se l’attacher ; mais par un esprit de mesquine jalousie, les directeurs retinrent Desgenettes à Paris, sous prétexte qu’il était plus utile à la République dans une école qu’aux ambulances.
Ce fut pendant cette période de repos que Desgenettes rédigea son mémoire sur l’utilité des pièces anatomiques artificielles, dans lequel, après en avoir tracé l’histoire, et donné des détails sur la magnifique collection de Florence, il engagea le gouvernement français à fonder à Paris un établissement analogue.
Cependant, il est pénible de dire que, dans ses fonctions de professeur, le savant n’était récompensé de ses sacrifices de fortune et de santé que par l’indifférence et l’ingratitude ; quatre fois il donna sa démission dans le cours du mois de floréal an V, et quatre fois le ministre refusa de l’accepter.
Bonaparte, de retour à Paris après la paix de Campo-Formio, revit Desgenettes, et obtint cette fois du Directoire que son protégé fût attaché à l’armée d’Angleterre le 23 nivôse an VI ; on sait que l’organisation de cette armée sur les côtes de l’Océan n’avait, pour but, que de cacher les préparatifs de l’expédition de la Méditerranée ; aussi, dès le i" pluviôse, Desgenettes reçut-ilTordre de se rendre
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à Toulon pour y remplir, dans l’armée du général Bonaparte, les fonctions de médecin en chef. A peine arrivé en Égypte, Desgenetles eut à lutter avec les maladies nombreuses que faisaient naître dans l’armée un climat brûlant, des bivouacs continuels et le manque d’eau potable.
L’expédition de Syrie fut résolue. Le monde en connaît les particularités et les résultats. Malgré tant de glorieux faits d’armes, malgré ces prodiges de bravoure dont les souvenirs brillent encore aujourd’hui dans ces contrées comme autant de météores, ce résultat fut malheureux. Alors on vit apparaître dans les rangs de l’armée française la peste, ce fléau aussi funeste aux masses d’hommes par l’effroi qu’il inspire, que par son souffle empoisonné.
Bientôt tout fut perdu, hors l’honneur. L’honneur de la médecine en reçut toutefois un éclat immortel ; l’héroïsme de la médecine balança l’héroïsme militaire : c’est que le courage enfante le courage ; et tandis que Larrey court, avec les siens, se précipiter jusqu’au pied de la brèche, sous le feu de l’ennemi, pour secourir les malheureux blessés, Desgenettes, mû par ce froid courage que donne le sentiment du devoir ; Desgenettes parcourt avec calme des quartiers et deshôpitaux qu’a peuplés lapeste ; il connaît tout le danger, il le brave, il le déguise ; il donne le change aux esprits par de faux noms ; la sérénité de ses traits et de ses paroles passe dans le cœur des malades, et, pour achever de raffermir les imaginations ébranlées, il prend une lancette, la trempe dans le pus d’un bubon,ets’en faitune double piqûre dans l’aine et au voisinage de l’aisselle : deux légères inflammations se succèdent. Celait est consigné par Desgenettes lui-même dans son Histoire médicale de F armée d’Orient. On le retrouve en termes ex-
plicites dans la relation publiée par Ber-thier : quoi de plus authentique ; et cependant, quoi de plus équivoque ? Dans des conversations particulières, dans des solennités publiques, Desgenettes> dit-on, l’a hautement désavoué.
N’en croyons point un homme qui fait de sa propre gloire une abjuration si gratuite ; peut-être a-t-il craint d’avoir des imitateurs, et de compromettre des existences par une épreuvequi avaitépar-gné la sienne, et n’était, du reste, à ses yeux d’aucune portée scientifique. Quoi qu’il en soit, faute ou réalité, l’effet qu’il cherchait fut produit ; la tranquillité qui revint dans les esprits, rendit la maladie plus légère, et multiplia les guérisons.
Un des premiers soins de Bonaparte en Égypte est de créer des lazarets et d’imposer des quarantaines ; on en vint jusqu’à détruire, par le feu, et les effets des pestiférés et même les barraques qu’avaient habitées un moment des corps d’armée, où quelque ombre de peste avait paru. Était-ce raison, était-ce préjugé ? Préjugé, qui l’oserait dire de Napoléon ; qui l’oserait dire de Desgenettes ? Et dans tous les cas, n’est-ce pas pour nous une raison nouvelle d’admirer la mâle résolution qui les porta l’un et l’autre, Napoléon à visiter l’hôpital de Jaffa, à s’y mêler avec les infirmiers, à se faire infirmier lui-même pour soutenir, pour relever comme il convenait dans leur lit des pestiférés moribonds ; Desgenettes, à descendre faute d’auxiliaires, ou plutôt à s’élever jusqu’à leurs fonctions les plus humbles, jusqu’à fouiller dans un souterrain fangeux, jusqu’à remuer et déplacer des amas d’immondices, de haillons, de lambeaux en pourriture, dont il importait que le voisinage du camp fût délivré : travail-fatigant qu’il fallait faire à genoux, et si infect que Desgenettes était contraint de l’interrompre à chaque instant pour s’aller mettre à quelques
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pas de là dans un courant d’air pur, afin d’y respirer un peu et d’y reprendre la connaissance prête à lui échapper.
Un jour Berthollet venait de lui exposer ses idées sur les voies que prend le miasme pestilentiel pour pénétrer dans l’économie. Selon Berthollet, la salive en est le premier véhicule. Ce même jour, un pestiféré que traitait Desge-nettes,et qui allait mourir, le conjura de partager avec lui un reste de potion qui lui avait été prescrite ; sans s’émouvoir et sans hésiter, Desgenettes prend le verre du malade, le remplit et le vide : action qui donna une lueur d’espoir au’ pestiféré, mais qui fit pâlir et reculer d’horreur tous les assistants : seconde inoculation plus redoutable que la première, de laquelle Desgenettes semblait lui-même tenir si peu de compte.
A son retour en France, vers la- fin de fructidor an IX, Desgenettes fut désigné pour être médecin en chef à l’hôpital militaire d’instruction de Strasbourg ; mais sa nouvelle qualité de professeur adjoint à,l’École de médecine de Paris, et le besoin de stabilité après une campagne pénible, lui firent demander la faveur de continuer ses fonctions de médecin à l’hôpital du Val-de-Grâce, et le premier Consul approuva la proposition qui lui en fut faite le 8 nivôse an X.
La même année, nommé membre de l’Instilutetinembre associé des Sociétés de médecine de Marseille et de Montpellier, il publia, vers le commencement de l’an XI, son Histoire médicale de Varmée d’Orient, qui produisit une grande sensation dans le monde savant, et qui, depuis, a obtenu les honneurs de trois éditions.
Membre de la Légion-d’Honneur le 25 prairial an XII, et membre, en l’an XIII, de la commission envoyée, par l’Empereur, en Toscane, pour étudier le caractère de l’épidémie qui régnait alors, il fut en l’an XIV en Espagne avec d’autres
médecins français pour y faire des recherches sur la fièvre jaune, et reprit ses fonctions au Val-de-Grâce en janvier 1806.
Depuis la reprise des hostilités, les fatigues de trois campagnes consécutives avaient introduit dans l’armée de nombreuses maladies.
Le 6 avril 1807, Desgenettes reçut de l’Empereur l’ordre de rejoindre le grand quartier général ; son fils unique était mourant ; il cessa de lui donner des soins et partit dans les vingt-quatre heures ; le père eut le dévouement sublime d’oublier momentanément sa douleur pour ne songer qu’à ses devoirs de citoyen.
Après la paix de Tilsitt, il demanda à rentrer dans la vie privée pour se consacrer tout entier à sa famille ; mais Napoléon refusa de consentir à un tel sacrifice.
Desgenettes quitta Berlin avec un congé, au mois de mai 1808, et revint à Paris, d’où il repartit au mois ’d'octobre pour accompagner l’Empereur en Espagne, où ce dernier avait jugé sa présence nécessaire.
Baron de l’Empire en -1809, et employé à la grande armée pendant la campagne de Russie, il fut fait prisonnier à Wilna, pendant la retraite, le 10 décembre 1812.
Ayant réclamé sa liberté en qualité de non combattant, Alexandre lui fit donner une escorte d’honneur de Cosaques de sa garde qui le reconduisit jusqu’aux avant-postes français, à Magdebourg, le 2o mars 1813.
Il en partit pour Paris, chargé d’une mission secrète du Vice-Roi auprès de Napoléon, s’en acquitta, et repartit dans le courant d’avril pour aller reprendre ses fonctions de médecin en chef delà grande armée.
Il était enfermé dans -Torgau, quand un décret impérial du 5 octobre 1813 le
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nomma médecin en chef de la garde impériale ; mais les circonstances ne lui permirent pas d’entrer dans l’exercice de ses nouvelles fonctions.
Après la capitulation de la place, le 2 janvier 181-4, il se disposait à revenir en France, quand, au mépris des traités, il fut de nouveau relenuprisonnierdansDresde.
Ce ne fut qu’à la fin de mai qu’il put rentrer à Paris, où il apprit que le ministre Dupont lui avait retiré son titre de médecin de la garde.
Tandis qu’il était en bulle à ces persécutions de la part de l’administration militaire, on tentait d’un autre côté de le dépouiller de sa chaire d’hygiène à la_ Faculté de médecine de Paris, dont le Consulat l’avait doté en récompense de sa conduite devant Saint-Jean-d’Acre. Pour pallier ces iniquités, on le nommait commandant de la Légion-d’Honneur.
Le maréchal duc de Dalmatie, à son avènement au ministère, le rendit à ses fonctions de médecin en chef et de professeur à l’hôpital du Val-de-Grâce, et Napoléon, à son retour, le remit en possession de ses titres d’inspecteur en chef du service de santé et de médecin en chef de la garde, et le nomma le 20 mai médecin en chef de l’armée du Nord.
Après avoir assisté à la bataille du mont Saint-Jean, il revint à Paris avec l’armée, reprit son service au Va ! -de-Gràce le 1" juillet, et ne cessa ses fonctions d’inspecteur général qu’en janvier 1816, à la suppression de ce titre.
Après la Révolution de 1830, le baron Desgenettes fut nommé, le 14 novembre, maire du X’ arrondissement de Paris, et en remplit les fonctions jusqu’aux élections municipales de 1834.
Nommé, le 2 mars 1832, médecin en chef des Invalides, il y est mort le 3 février 1837, au milieu de ses vieux compagnons qui furent toute sa vie l’objet de sa sollicitude.
né le 13 mars 1779, à Digne (Basses-Alpes). Soldat au 13e régiment de hussards en l’an II, il passa en l’an IV, dans la compagnie des guides à cheval de l’armée d’Italie, fit la campagne d’Égypte et y devint brigadier.
De retour en France avec Bonaparte, il fut nommé maréchal-des-logis, se distingua à Marengo, et entra comme sous-lieutenant dans les chasseurs à cheval de la garde des consuls. A la bataille d’Ulm, cet officier, alors lieutenant, surprit devant Nuremberg l’arrière-garde autrichienne, et, à la tête de 30 chasseurs, fit mettre bas les armes à 300 hommes d’infanterie. Après ce premier succès, il fondit avec son peloton sur un gros bataillon, et pris 400 hommes et 2 drapeaux à l’ennemi. Au bruit de la fusillade, de dragons de la Tour vinrent charger les vainqueurs ; mais ils furent bientôt mis en déroule et abandonnèrent 25 pièces de canon, une caisse militaire et 150 prisonniers. Après cette action, le lieutenant Desmichels fut nommé capitaine, officier delà Légion-d’Honneur, et quelque temps après, colonel du 31e de chasseurs à cheval.
Il se distingua également dans le cours de la campagne de 1813, en Italie, et fit avec une grande distinction, la campagne de France de 1815.
Pendant les Cent-Jours, il commanda en Belgique le 4e régiment de chasseurs à cheval. Licencié le 25 novembre 1815, il fut remis en activilé en 1821 et promu colonel du régiment de chasseurs des Ardennes (3e chasseurs).
Maréchal de camp le 30 juillet 1823, il commanda la 2e subdivision de la 7e division militaire (Drôme), puis la 1" 1 Hautes-Alpes). Il était’déjà commandeur de la Légion-d’Honneur. Après la Révolution de Juillet, Louis-Philippe lui confia le département du
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Finistère, et en 1832, une brigade de cavalerie aux environs de MVeissem-bourg.
En 1833, il commanda en Afrique la province d’Oran. Depuis l’occupation de cette ville, les Garabats, dont les nombreuses et belliqueuses tribus habitaient la vallée de,1a Sig, à douze lieues d’Oran, n’avaient cessé de lutter contre la domination française : le général Desmichels résolut de se débarrasser de ces dangereux voisins. Il dirigea contre eux (8 mai) 2,000 hommes de toutes armes, et enleva quatre de leurs camps. 300 Arabes furent tués, les douars détruits, les femmes, les enfants faits prisonniers, les troupeaux enlevés.
Dans le même mois, 10,000 Arabes, dont 9,000 cavaliers, vinrent camper à trois lieues d’Oran : le général Desmichels fit jeter, en avant de la place, les fondations d’un blockaus, destiné à couvrir les fortifications non encore achevées. Le 27, les colonnes arabes attaquèrent la ville et le blockaus ; Abd-el-Kader les commandait. Après un combat acharné, il dut lever le camp, après avoir perdu 800 hommes ; les Français comptaient deux morts et 30 blessés.
Le 5 juin de la même année, le général Desmichels s’empara du pont d’Ar-zew, dont l’occupation devait faciliter l’attaque de l’importante ville de Mosta-ganem, occupée par les Turcs. Le 27 juillet, à la tête de -sa petite division, il entra dans cette ville et s’y fortifia. Attaqué par les Kabyles, il les repoussa avec énergie et leur fit essuyer des pertes considérables. Dans le moment où Mostaganem se défendait si glorieusement, le général avait détaché contre les parjures Zmélias, le colonel de l’Étang. L’expédition réussit ; mais, attaqué au retour par les Arabes exaspérés, le corps expéditionnaire allait succomber sous le nombre, lorsque le
général Desmichels accourut et le dégagea.
Après plusieurs actions d’éclat, ce général fut remplacé à Oran par le général Trézel, et reçut, en récompense de sa conduite, sa promotion au grade de lieutenant-général le 31 décembre 1833.
En disponibilité jusqu’en 1837, M. Desmichels fut appelé l’année suivante au commandement de la 17e division militaire (Corse). Il fit ensuite partie du comité de cavalerie.
né à Au-teuil, près Beauvais (Oise), le 14 octobre 1761, entra au service comme soldat au régiment de Flandre, le 2 novembre 1776 et passa par tous les grades de sous-officier dans ce régiment. Il se trouvait à Versailles lorsque les Parisiens y vinrent chercher le roi.
Après la bataille de Jemmapes, il fut nommé capitaine adjudant-major au 9’ bataillon du Nord, et se distingua à la défense du camp de Famars, où il fut grièvement blessé et nommé chef de bataillon sur le champ de bataille. Nommé général de brigade le 3 septembre 1793, il fut chargé d’une mission sur la Sam-bre, y fut blessé de nouveau, et peu de jours après, créé général de division (19 mars 1794.).
Un avancement aussi rapide s’explique par le courage reconnu de M. Despeaux plutôt que par sa capacité militaire. Il avait, d’ailleurs, une supériorité incontestable dans les manœuvres de l’infanterie.
Après la conquête de la Belgique et de la Hollande par Pichegru, le général Despeaux fut nommé commandant supérieur de Tournai, puis d’Anvers et du Brabant occidental, où il dut surveiller la suppression des maisons religieuses. En 1798, le Directoire lui confia la 18e division militaire (Dijon).
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Membre de la Légion-d’Honneur le 4 floréal an XIII, il reçut le 8 mai 1809 le commandement d’une division à l’armée d’observation de l’Elbe, à Hanau, et commanda même quelque temps en chef, après le départ de Junot. De là il parut quelques jours au siège de Flessingue, et fut chargé, le 20 septembre 1809, de la 20e division (Périgueux).
A la suite des événements de 1814, le général Despeaux commanda à Metz et le.25 mars 1815 au Quesnoy.
A la première Restauration, il fut créé chevalier de Saint-Louis, et à la seconde on le mit en disponibilité, et il fut chargé deux fois seulement de tournées d’inspection. Plus tard, il fut mis à la retraite.
Le 11 juin 1819, le roi le créa baron, et, en novembre 1821, commandeur. Il était officier depuis le 21 janvier 1814.
né à Valenciennes, le 22 mai 1764, entra au service le 18 juillet 1780, comme cadet-gentilhomme dans le régiment de Barrois, sous-lieutenant en ■juillet 1784, lieutenant en septembre 1 "91, capitaine des grenadiers en mai 1792 ; fit partie de l’expédition contre le comté de Nice avec le général Anselme ; chef de bataillon en 1793, se distingua aux combats de Sospello, de Lantosca, de Belvéder, etc.
Adjudant-général cette même année, il assista au siège de Toulon avecDugom-mier qui le fit son chef d’état-major. L’adjudant-général Despinoy se montra brillamment en plusieurs occasions pendant le siège, et y fut nommé général de brigade, après avoir reçu une blessure fort grave. Après sa guérison, il alla reprendre son service à l’armée des Pyrénées-Orientales auprès de Dugommier qui faisait le siège de Collioure, et se distingua de nouveau. Le 3 novembre 1794, il présenta
à la Convention vingt-six drapeaux et deux guidons pris à l’ennemi. Ses discours à cette occasion furent d’un républicanisme pur et exalté.
De retour à l’armée, il se signala par d’autres exploits. Au siège de Puycerda, avec 600 hommes, il résista pendant dix heures à des forces décuples, vit la moitié de son monde et la plupart des officiers tués ou blessés, fut lui-même atteint d’une balle au bras et fait prisonnier. Rendu à la liberté à la paix avec l’Espagne, il alla rejoindre Bonaparte en Italie, se battit bravement à Mondovi, fut nommé général de division, commanda tour à tour à Milan et dans la Lombardie autrichienne. Sa conduite à Milan fut surtout digne d’éloges. C’est lui qui emporta le château de Milan (messidor 1796), après 48 heures de tranchée ouverte.
Quelque temps après, le général Despinoy reçut la mission de détruire le fort de Fuentès et fut investi du commandement de la forteresse d’Alexandrie.
Vers ce temps, et pour des torts qui doivent avoir été graves, mais qui ne sont pas connus, Bonaparte retira sa confiance au général Despinoy, et le Directoire, refusant de faire droit à ses réclamations, le mit à la retraite le 13 octobre 1796.
Néanmoins Bonaparte, devenu premier Consul, lui confia, en 1801, le commandement de Perpignan, et en 1803, celui d’Alexandrie ; il le nomma membre, puis commandeur de la Légion-d’Honneur, mais jusqu’au dernier jour de son règne, il lui refusa un service d’activité réelle.
M. Despinoy rendit de vrais services à Alexandrie, en purgeant le pays des brigands qui l’infestaient. En quittant Alexandrie, en 1814, il ramena avec lui la garnison forte de 5 régiments, un bataillon de sapeurs et une compagnie de pionniers, et, en outre, 15 pièces d’ar-
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tillerie et 32 caissons pleins de vivres. Le roi le créa en récompense chevalier de Saint-Louis et commandant de Strasbourg. Il interrompit ces fonctions pendant les Cent-Jours et les reprit au retour des Bourbons.
Chargé du commandement de lai" division militaire (Paris) le 10 janvier 1816, le général Despinoy eut le triste avantage de faire oublier les violences de son prédécesseur le général Maison, de le faire regretter. Il appela sur lui les haines de tous les anciens soldats, envers lesquels il se montra d’un dureté inexorable. Le roi lui conféra le titre de comte le 2 mars ■1816 et de commandeur de l’ordre de Saint-Louis le 3 mai suivant.
Le 21 janvier 1819, M. Despinoy fut mis en non-activité, mais le 23 janvier 1821, on lui confia la 20e division militaire (Périgueux), puis la 1O (Toulouse), enfin la 12° (Nantes). — II fut en outre nommé, le 17 août 1822, grand officier de la Légion-d’Honneur.
Le général Despinoy se montra hostile à la Révolution de 1830. Il résista quelque temps à Nantes et tenta de soulever la Vendée.
Arrêté par les troupes du général La-marque, il fut bientôt remis en liberté, et peu après admis à la retraite.
né le 27^ décembre 1768 à Oisy (Pas-de-Calais), entra en 1784 au 13e régiment d’infanlerie légère.
Il se trouva, le 23 août -1792, au combat du camp de Maulde ; en 1793, le 9 septembre, au siège de Dunkerque ; en l’an II, au combat de Rousselaer ; et en l’an III, au siège de Graves, du 7 brumaire au 8 nivôse.
Il servit ensuite à l’armée qui, sous les ordres de Pichegru, conquit la Hollande. Passé dans le courant de là même année à l’armée de Sambre-et-Meusc, il assista
le 22 fructidor au passage du Rhin, et au siège de Mayence en vendémiaire an IV. En l’an V, son régiment, devenu la 15e demi-brigade d’infanterie légère, fut envoyé à l’armée d’Italie. Desailly, par la valeur qu’il déploya le 26 ventôse au passage du Tagliamento, et le 28 du-même mois, àlaprisedeGradisca,mérita, Ie6germinal, legradede chef de bataillon. Employé à l’armée de Naples, commandée par Championnet, il se fit de nouveau remarquer, le 14 frimaire an VII, au combat de Civita-Castellana ; puis, retourné quelque temps après à l’armée d’Italie, il eut un cheval tué sous lui à la bataille de la Trebia, à la suite de laquelle, le 6 messidor, ! il fut nommé chef de brigade.
De retour en France à la paix, il fut nommé, le 19 frimaire an XII, membre de la Légion-d’Honneur, le 25 prairial suivant, officier, et commandant. de l’ordre le 4 nivôse an XIII. Le 14 vendémiaire an XFV, il combattit à Wertingen, le 24 du même mois à Ollabrunn, et le 11 frimaire à Austerlitz. Il contribua, le 6 juin de l’année suivante, à la reddition de Kœnigsberg, devint baron de l’Empire en 1811, prit une part glorieuse, le 19 et le 22 avril 1809, aux batailles de Tann et d’Eckmùhl, et fut récompensé de ses services le 8 juin, par le grade de général de brigade. Le 6 juillet suivant, à Wagram, un même coup de canon le blessa à l’épaule droite et tua son cheval.
Le général Desailly, employé en Russie dans la division Gudin, concourut le 18 août 1812, à la prise de Smolensk ; mais, ayant eu la cuisse gauche fracassée deux jours après à l’enlèvement de Va-lutina-Gora, cette blessure l’obligea, le 13 mai 1813,-à demander sa retraite. Depuis cette époque jusqu’au 2°2 mai 1830, date de sa mort, son nom est demeuré étranger aux événements qui se
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sont passés en France. On l’a inscrit sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Ouest.
général de division, naquit à Thonon (Savoie, anciendépartementdu Mont-Blanc), le 24 septembre 1764. Fils d’un médecin, il prit le grade de docteur en médecine à Turin, et vint exercer son art à Paris. Il adopta les principes de notre Révolution, entra, au mois de juillet 1789, dans la garde nationale parisienne, retourna à Thonon en 1791 pour y faire germer les idées françaises, revint à Paris en 1792, et concourut avec Doppet, dans le dessein commun de porter la liberté en Savoie, à la formation de la société de la Propagande des Alpes, nommé presque aussitôt. Club des patriotes étrangers. « Ce n’était point assez, dit Doppet dans ses Mémoires, p. 35, de faire des dons patriotiques et de faire des vœux pour le triomphe de la liberté, nous résolûmes de former une légion composée de Suisses, de Savoisiens et de Piémontais, pour aller- partager aux frontières les lauriers des légions françaises. Nous nous présentâmes à l’Assemblée nationale le 31 juillet 1792. Chargé d’y porter la parole, je demandai la levée et l’organisation d’une légion franche, sous le nom de Légion des Allobroges. J’ai oublié de dire que, voyant depuis quelque temps la société composée de Suisses et de Savoisiens, nous lui avions ôté le nom de Club des patriotes étrangers pour lui donner celui des Allobroges. Ce fut la raison qui nous fit adopter le nom d’Al-lobroyes pour la légion. L’Assemblée législative décréta la levée et l’organisa’ tion de la légion des Allobroges. Presque tous les membres de notre société s’étaient fait inscrire dans la liste des soldats Allobroges avant que de présenter notre demande à l’Assemblée nationale ; mais, dès que le décret fut connu, les Sa-
voisiens vinrent en foule se faire inscrire, t l’on y reçut beaucoup de Suisses et quelques Piémontais qui se trouvaient à Paris. » Dessaix, nommé capitaine dans cette légion le 7 août, commandait le noyau de sa compagnie dans la journée du 10 août. Malgré les dangers qu’il y avait peut-être à courir en protégeant les gardes suisses, objet de la fureur populaire, il parvint à en sauver un assez grand nombre qui, par reconnaissance, demandèrent h être incorporés dans sa compagnie. Il fut fait chef de bataillon le 13. Suivant le décret, l’organisation définitive de la légion devait avoir lieu à Grenoble ; Dessaix et Doppet conduisirent donc leur troupe dans cette ville. Au mois de septembre, la légion entrait à Chambéri avec le général Montesquiou ; et au mois de novembre, Dessaix succédait à Doppet dans le commandement de cette troupe. En juin 1793, il marcha Contre les Marseillais avec l’armée des Pyrénées-Orientales,* fut nommé colonel le 17 août, entra le 2o à Marseille et se rendit ensuite à Toulon. Sa conduite au siège de cette place parut digne de récompense aux représentants du peuple, qui voulurent le nommer général de brigade ; mais il refusa un avancement qu’il croyait ne pas avoir mérité. En l’an II, il servit à l’armée des Pyrénées, et se distingua, le 13 floréal, en repoussant avec sa légion, forte de 1,500 hommes, les attaques de 8,000 Espagnols, auxquels il fit éprouver une grande perte. Le 17, il contribua à la prise de Saint-Laurent de la Monga. Il s’empara de Campredon le 19 prairial.
Après s’êlre trouvé aux différents com-batsqui signalèrent la fin de cette campagne, il passa à l’armée d’Italie au commencement de l’an III. Au mois de nivôse, il enleva les redoutes de Saint-Jean, en Piémont, et reçut un coup de baïonnette à la tête. Ses soldats voulaient
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fusiller les prisonniers qu’ils venaient de faire, mais il les sauva au péril de ses jours. Le 11 thermidor, il fut blessé à la retraite de Salo. Le lendemain, il pénétra dans cette ville, s’empara de deux pièces de canon, de deux drapeaux et de 200 Autrichiens, poursuivit l’ennemi ei délivra le général Guieux et 300 Français. Il se rendit maître de Rocca-d’Anfo le 19, et de Stora le 23. Le Ie* fructidor il reçut une blessure en s’emparant d’une redoute armée de deux canons ; il courut de grands dangers le 19, dans une reconnaissance sur l’Adige. Le 22, il prit San-Michaeli ; le lCr jour complémentaire, le général Vaubois lui ordonna de tenir jusqu’à la dernière extrémité au plateau de Rivoli. Il fit ses dispositions en conséquence ; mais, cerné par des forces supérieures, couvert de blessures’, il tomba au pouvoir des Autrichiens, qui le conduisirent en Hongrie. Après une captivité de sept mois, il revint en Italie à la suite d’un échange, et fut élu, en germinal an VI, par le déparlement du-Mont-Blanc, député au Conseil des Cinq-Cents, où il ne se fit remarquer que par des opinions républicaines des plus avancées.
Malgré son opposition au mouvement de Brumaire, le premier Consul lui conserva le commandement de son corps, devenu 27e demi-brigade légère et l’envoya en Hollande. Il commanda successivement Nimègue, Berg-op-Zoom, Rotterdam, Dusseldorf, le > grand duché de Berg, Aschaffembourg, Francfort, La Haye, Breda.
Le 11 fructidor an XI, le premier Consul lui conféra le grade de général de brigade, et le nomma en l’an XII, les 19 frimaire et 2o prairial, membre et commandant de la Légion-d’Honneur. Employé à la grande armée en l’an XIV, il se distingua à la prised’Ulm. En 1809, il commanda une brigade de l’armée d’Ita-
lie sous les ordres du prince Eugène, fut blessé le 10 avril, au passage du Taglia-mento, prit le commandement de l’avant-garde de l’armée, se trouva à la bataille de la Piave le 8 mai, et à toutes les affaires qui eurent lieu jusqu’à la jonction avec la grande armée, et fut créé comtede l’Empire et général de division le 9 juillet, quelques jours après la bataille de Wagram, où il avait été blessé àla cuisse. Dans un déjeuner qu’il fit à Vienne, Napoléon le salua du surnom d’intrépide. En 1810, il eut le commandement d’Amsterdam, et reçut, le 30 juin 1811, la décoration de grand officier de la Légion-d’Honneur ; l’Empereur le fit aussi électeur du département du Léman. Employé en 1812 au Ie’ corps de la grande armée, il fut blessé, le 22 juillet à Mohilow, concourut à la prise de Smolensk, combattit, le 7 septembre, à la bataille de la Mos-kowà, eut bientôt après le bras fracassé par un biscaïen, dut céder sa division au général Rapp, et reçut, au commencement d’octobre 1812, le commandement de-Berlin, commandement qu’il conserva jusqu’au 26 février 1813. Ilétaitdans ses foyers depuis plusieurs mois, lorsque, le 4 janvier 1814, l’Empereur le chargea d’une partie de la défense des Alpes. Obligé de se replier, il rejoignit le corps d’Augereau. Les faits de guerre qui lui sont propres pendant cette courte campagne, pour être obscurs, n’en méritent pas moins d’être cités, et c’est avec un sentiment de reconnaissance justement apprécié, que ses compatriotes l’appelè-reut alors le Bayard de la Savoie. Des-saix se soumit aux événements politiques de l’époque, et reçut la croix de Saint-Louis le 27 juin 1814. Napoléon, à son retour de l’île d’Elbe, lui donna le commandement de Lyon, puis celui d’une division de l’armée des Alpes, sous Sachet. Après la seconde abdication, il se ré-1DES ( fugia dans le pays de Gex, d’où il revint à Thonon. Arrêté au mois de niai 1816 et conduit au fort de Fenestrelles, il n’en sortit qu’au mois de septembre suivant, et sur un ordre du roi de Sardaigne. Il se retira à Ferney-Voltaire, où son frère exerçait la profession d’avocat.
En 1821, quand les patriotes piémon-tais voulurent secouer le joug qui pesait sur eux, ils jetèrent les yeux sur lui pour commander les forces de l’insurrection ; mais, soit raison de santé, soittout autre motif, il laissa ce commandement aux généraux Guillaume de Vaudoncourt et Belloti.
Il accueillit la révolution de 1830, et fut nommé, par ordonnance du 12 novembre, commandant de la garde nationale de Lyon.
Dessaix est mort le 26 octobre 183-i. Son nom est gravé parmi ceux de la face Nord de l’arc de triomphe de l’Étoile.
naquit le 19 mars 1762 à Orthez (Basses-Pyrénées). Le 14 juin 1777, il entra comme soldat dans le régiment d’infanterie de Brie (24e), et servit sur les côtes de Bretagne de 1780 à 1783. Caporal le 8 juillet 1780, sergent le 10 juin 1781, fourrier et sergent-major les 16 mars et 29 août 1783, il passa, le 20 novembre 1788, en qualité de quartier-maître-trésorier dans le régiment d’An-goumois-Infanterie (80e), devint lieutenant et capitaine les 12 janvier et 19 juin 1792, et fit les campagnes des Pyrénées-Occidentales de 1792 à l’an IIL
A l’affaire de Sarre, le 1er mai 1793, faisant partie d’un délachement de 150 hommes, commandé par le brave La-tour-d’Auvergne, qui arrêta l’armée espagnole, culbuta sa cavalerie et soutint pendant une heure et demie les efforts de la colonne d’attaque, il fut blessé de deux coups de feu au commencement de
>6 ) DES l’action. Le 22 juin suivant, il contribua, à la tête de 100 hommes, à la prise des retranchements de la Croix-des-Bouquets, et obtint le grade de chef de bataillon le 27 nivôse an II.
Il se fit remarquer, le 17 pluviôse suivant, devant Saint-Jean-de-Luz, où il remplissait les fonctions d’officier supérieur de.jour. Appelé à l’état-major du général Muller le 4 floréal même année, il reçut le 21 prairial le grade de général de brigade, et fut placé, en cette qualité, à la têle de l’avant-garde de l’armée.
Chargé le 7 thermidor du commandement de la colonne d’attaque dans la vallée de Bastan, il franchit avec impétuosité les retranchements ennemis et contribua au gain de cette journée. Le 14 du même mois, il eut une part brillante au combat de Fontarabie et à la prise de cette place ; le 16, il assista à la reddition de Saint-Sébastien, dont il prit le commandement le lendemain. Il se distingua aux affaires deBurguet les 23 et 27 vendémiaire an III, et participa à la défaite du duc d’Ossuna.
Le 8 frimaire suivant, il se fit remarquer au combat de Bergara, où le général Moncey battit complètement l’armée du général espagnol Ruby. Chef de l’état-major général de l’armée le 19 ventôse, il devint général de division le 25 prairial même année.
Quand le général Moncey eut conçu le projet d’envahir le Guipuzcoa et la province de Biscaye, il confia le commandement de la 1" division au général Dessein. Cette division, qui formait l’avant-garde, se mit en marche dans la nuit du 23 au 24 messidor, débusqua l’ennemi des fortes positions qu’il occupait, et lui prit treize pièces de canon et sesmagasins. Poursuivis jusqu’à Durango, les Espagnols laissèrent encore en avant de cette ville douze bouches à feu, deux
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cent quatre-vingt caissons de cartouches d’infanterie, cinquante barils de poudre, six mille gargousses à mitraille et deux mille fusils.
Le 1" thermidor, les Espagnols, poursuivis jusqu’à Bilbao et Portugalette, abandonnèrent soixante pièces de canon, un grand nombre de munitions de guerre et des magasins considérables. Après cette glorieuse expédition, le général Dessein reprit ses fonctions de chef d’état-major général. La paix ayant été conclue avec l’Espagne, l’armée évacua ce pays le 22 fructidor an III. Replacé à la tête de la Indivision, le général Dessein, dirigé sur la vendée, où il arriva le 7 vendémiaire an IV, fut appelé, le 25 du même mois, au commandement de la 4" division de l’armée de l’OuesJ. Le 19 ventôse suivant, le Directoire exécutif lui confia le commandement en chef de l’armée des côtes de l’Océan, que l’état de sa santé ne lui permit pas de conserver. Il quitta l’armée avec un congé de convalescence.
Le 8 nivôse an X, le premier Consul le nomma inspecteur aux revues., et membre de la Légion-d’Honneur le 4 germinal an XII. Passé dans la 9e division militaire (Montpellier) le 9 octobre 1811, il y r.esta jusqu’au 2 janvier 181 S, date de son admission à la retraite.
Louis XVIII lui avait donné la croix de Saint-Louis le 1er novembre 1814.
Il est mort le 30 septembre 1823, à Ortez (Basses-Pyrénées).
né à Auch (Gers) le 3 juillet 1767. Reçut une brillante éducation sous la direction de son oncle qui fut évêque de Digne, puis de Chambéry.
Il entra au service en 1792, où on le voit adjudant-général, sous les ordres de Bonaparte, pendant les premières campagnes d’Italie. 11 est bientôt élevé au
grade de général de brigade. Le 5 germinal an Vil, il bat, dans la Valteliûe, les Autrichiens qui avaient des forces doubles des siennes, leur tue 1,200 hommes, en prend 4,000 et dix-huit pièces -de canon ; il assista à la fatale journée de Novi, aux célèbres combats de Sainte-Marie où il fut nommé général de division, et de Lodi, où il mérita le glorieux surnom de Decius français, et assista à toutes les batailles, tous les combats, sièges, passages, etc., jusqu’à la paix de Lunéville. Nommé conseiller d’État à cette époque ; puis il reçut le commandement en chef provisoire de l’armée de Hanovre. Remplacé par Bernadotte, il fut en disponibilité jusqu’en.1808. fut chargé alors du commandement d’une division de l’armée d’Espagne, et se distingua à l’affaire de Tolède, à la bataille d’Ocana, au passage de Sierra-Morena, àDespena-Perros, etc. 11 s’empara de Cordoue qu’il gouverna de façon à se concilier les cœurs.
En 1812, l’Empereur le nomma chef de l’état-majordu corps d’armée du vice-roi d’Italie ; arrivé à Smolensk, sa santé l’obligea à revenir à Paris.
En 1814, le gouvernement provisoire le nomma général en chef de la garde nationale et de toutes les troupes de la 1" division ; le comte d’Artois le nomma membre du conseil d’État provisoire ; et le roi, ministre d’État, pair de France, major général de toutes les gardes nationales du royaume, commandeur de Saint-Louis, grand cordon de la Légion-d’Honneur. Ces faveurs furent la récompense de ses efforts auprès de l’empereur Alexandre pour repousser la régence de Marie-Louise et rétablir les Bourbons.
Pendant les Cent-Jours, Dessolles se tint éloigné des affaires et reprit tous ses emplois à la seconde Restauration. Le 28
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décembre 1817, il fut nommé président du conseil des ministres, et, lorsqu’il quitta le ministère, reçut de la reconnaissance publique le beau titre de Ministre honnête homme.
Il mourut en novembre 1828 à sa terre de Montluchet.
né le 23 septembre 1771 à Lons-le-Saulnier ; entra au service le 2 septembre 1792 dans le llrcorps de hussards dits de la liberté ( 7e bis de l’arme en l’an II, puis "28e régiment de dragons en l’an XII), partit pour l’armée du Rhin, où il combattit jusqu’en l’an III, et obtint les grades de brigadier le 13 octobre, de brigadier-fourrier le 28, et de maréchal-des-logis le 12 avril 1793. Le 17 mai suivant, il commandait un peloton de tirailleurs près de Landau, son cheval fut tué sous lui d’un coup de feu qui le blessa lui-même à la jambe gauche.
Dans la nuit du 18 vendémiaire an II, étant de grand’garde en avant de la Rebut, il culbuta les deux postes de hussards hongrois qui se trouvaient en avant de la porte d’Oggresheim.
Nommé sous-lieutenant le 8 fructidor suivant, il se fit remarquer dans plusieurs affaires de l’an III, et fut attaché ensuite à l’armée d’Italie en l’an IV et en l’an V.
Le 19 floréal, au combat de Fombio, il mit en déroute, à la tête de son peloton composé de 25 hommes, une colonne de plus de 200 hulans et hussards hon-grois qui protégaient la retraite de l’armée autrichienne. L’ennemi eut 30 hommes tués, 17 prisonniers, et nous laissa 33 chevaux.
Le 21 du même mois, ù la bataille de Lodi, chargé d’aller reconnaître un gué pour le passage de la cavalerie dans la rivière de l’Adda, il exécuta sa mission sous le feu de l’ennemi.
Le lendemain, 22, à l’instant ou Piz-zighitone se rendait aux troupes françaises, et à la suite d’une charge sur les hulans, il entra le premier dansCrémone, combattit et fit un prisonnier dans la ville.
Au combat de Borghetto, le 11 prairial, il commandait un des pelotons du régiment et fit quelques prisonniers à l’armée napolitaine.
Le 13 pluviôse an V, aux combats d’Imola, Faënza et Forli en Romanie, après avoir fait une multitude de soldats prisonniers, il rentra avec son détachement dans les rangs de son régiment qu’il trouva placé en colonne sur la route.
Il reçut alors un coup de mitraille qui lui fit une forte contusion au genou droit, et, malgré sa blessure, il fit plusieurs officiers et soldats prisonniers, parmi lesquels se trouvait un colonel, et obligea l’ennemi à abandonner deux pièces de canon, deux caissons, huit chevaux et leurs attelages.
Dirigé sur Civita-Vecchia, le 7 prairial an VI, il embarqua pour l’Égypte, assista à la prise de Malte et prit part aux différentes actions qui eurent lieu en avant du Caire.
Le 15 messidor, se trouvant avec douze cavaliers à la citerne de Beda, dans la basse Égypte, il protégea la retraite de plus de cent soldats qui étaient venus faire de l’eau à cette citerne, et qu’attaquaient à l’improviste une multitude de Bédouins.
Le 24 thermidor, commandant le peloton d’avant-gaïde à la bataille de Sa-lahieh,’ où son régiment se signala, il battit les Mamelucks d’Ibrahim-Bey.
Nommé lieutenant le 1er vendémiaire an VU, et capitaine le 1er frimaire suivant, il lit partie de l’expédition de la haute Égypte.
Le 3 pluviôse, envoyé avec un fort détachement pour soutenir une partie du
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régiment qui se trouvait dangereusement engagé, il fit une charge vigoureuse sur le flanc des Mamelûcks de Mourad-Bey et les dispersa. Rappelé par Desaix pour déloger l’ennemi qui s’était jeté dans un grand canal desséché, et qui y inquiétait par son feu les carrés de l’in-fanlerie française, il s’élança à la tête de sa colonne, et donna la première impulsion ; mais bientôt enveloppé par de nombreux ennemis, il reçut plusieurs coups de sabre, perdit son cheval frappé de plusieurs coups de feu et de deux coups de poignards, et fut mis lui-même hors de combat.
Maîtres du canal après une lutte acharnée, les Français recueillirent leurs blessés, parmi lesquels se trouvèrent le capitaine Desvernois et le commandant Rapp, aide-de-camp du général en chef. Desvernois, guéri de ses.blessures, était le 13 germinal de la même année à la tête de l’avant-garde du régiment qui avait ordre de s’enfoncer jusqu’à deux lieues dans le désert de Birembra, près de Coust, sur la rive orientale du Nil.
Le 29 du même mois, commandant encore l’avant-garde du régiment à Bé-néade,il s’empara de neuf cents chameaux appartenant à des caravanes qui avaient pris le* armes et faisaient cause commune avec les Mamelûcks et les habitants du pays.
Le soir du même jour, l’ennemi renfermé dans Bénéade et pressé par les flammes, se détermina à une sortie générale. Placé en embuscade avec sa troupe, Desvernois fondit sur les assiégés et leur tua plus de 300 hommes.
Le capitaine Desvernois se trouva à la bataille d’Héliopolis, le 29 ventôse an VIII, aux combats de Belbeis et de Co-raïm, les -Ie* et 2 germinal, aux sièges du Caire et de Boulac, le même mois, à
l’attaque du fort d’Aboukir et du camp d’Alexandrie au mois de thermidor.
Rentré en France et employé à l’intérieur pendant les ans X, XI et XII, il fut nommé membre de la Légion-d’Hon-neur le 23 prairial an XIII ; il passa à Turin en l’an XIII, fit la campagne de l’an XIY en Italie, celles de Nàples et des Calabres en 1806, et obtint, par décret du roi Joseph (17 septembre), le grade de chef d’escadron pour remplir les fonctions d’aide-de-camp auprès du général Mathieu-Dumas, ministre de la guerre à Naples.
Décoré de l’ordre des Deux-Siciles en 1807, et promu major le 1er février 1808, puis colonel le 2 décembre de la même année, il reçut le litre de baron avec un majorât en 1809, et le grade de maréchal de camp le 3 juillet 1813.
De retour en France au mois de mai 1814, il reslaen non-activité comme colonel de cavalerie, obtint son admission au service de France avec le même grade par ordonnance du 21 janvier 1816, fut nommé chevalier de Saint-Louis le 20 janvier 1819, et admis à la retraite le 8 juin 1823.
Retiré à Lons-le-Saulnier, il y obtint le 15 octobre suivant, le grade de maréchal-de-camp honoraire, et reçut le 1er mai 1831, la croix d’officier de la Légion-d’Honneur.
né le 3 septembre 1770. Il fit comme chef de bataillon la désastreuse campagne de 1799, qui nous enleva l’Italie, et fut blessé au combat de Monte-Faccio, où les soldats français insurgés, voulant réparer leur faute et recouvrer leurs drapeaux que le général Saint-Cyr leur avait enlevés, combattirent avec la plus grande intrépidité, rompirent et culbutèrent du premier choc les Autrichiens. Le 26 septembre 1800, le chef
DEV- ( 4 de bataillon Devilliers, à la tête de six compagnies de carabiniers de la 25e légère, passa le Mincio malgré la mitraille, et prit poste pour couvrir les tirailleurs.
Colonel du 6e d’infanterie de ligne en 1809, général de brigade et baron au siège de Dantzig. Il y donna des preuves d’une grande valeur. La capitulation de cette place ayant été violée, ses défenseurs souffrirent une dure captivité dans les provinces glacées de la Russie ; le général Devilliers partagea le sort de ses compagnons d’armes.
Rentré en France, en 1814, il reçut la croix de Saint-Louis, le commandement du dépôt du Mont-Blanc, et fut promu, le 27 décembre, au grade de commandeur de la Légion-d’Honneur.
Dans la nuit du 5 au 6 mars 1815, ayant reçu du général comte Marchand l’ordre de se rendre à Grenoble, il partit de Charhbéry, avec quatre bataillons, deux du 7e de ligne, commandés par Labédoyère, et deux du 11e, commandés par le colonel Durand. Ces troupes, qui avaient reçu une distribution d’eau-de-vie, se trouvaient depuis trois heures en position sur le rempart qui fait face à la route de Gap, par où l’on présumait que Napoléon devait arriver, et le géné-.rai Devilliers était chez le commandant de la division, lorsqu’on vint l’avertir que le T régiment de ligne, commandé par Labédoyère, sortait de Grenoble et marchait aux cris de vive l’Empereur ! Le maréchal de camp Devilliers courut aussitôt sur les pas des déserteurs, et en fit rétrograder une centaine ; mais arrivé à la tête du corps, ses ordres, ses prières, ses menaces furent inutiles. Le général Devilliers doit à cet épisode de s’être trouvé plus tard dans la circonstance la plus critique de toute sa vie ; il fut appelé comme témoin dans le procès du malheureux Labédoyère. M. Louis Devilliers fut nommé vi-
).
D1G comte, lieutenant-général le 2o avril ■1821, commandeur de Saint-Louis la même année, enfin grand officier de la Légion-d’Honneur.
On lui confia plus tard la 13e division militaire.
fils d’un fermier général, naquit à Paris, le 27 juin 1771. Il entra au service comme sous-lieutenant dans le 104’ régiment d’infanterie, d’où il passa quelques mois après avec le même grade dans le 9e régiment de chasseurs à cheval. Nommé chef d’escadron au 19e de dragons, Digeon fut blessé d’un coup de baïonnette à l’attaque du pont de Kehl ; il le fut plus tard à Trébia sans vouloir abandonner un seul instant le commandement de son régiment dont il se trouva investi par la mort de son colonel ; à la fin de cette bataille si disputée, le cheval de Digeon, tué sous lui, le laissa au pouvoir de l’ennemi. A la bataille de Marengo, un frère puîné de Digeon, qui devint aussi lieutenant-général, s’étant distingué dans l’artillerie de la garde consulaire, le premier Consul, à son retour à Paris, envoya le général Bessières chez M. Digeon, pour le complimenter et le rassurer sur une blessure qu’il avait reçue. M. Digeon n’hésita pas à demander pour la récompense de son jeune fils l’échange et le rappel sous les drapeaux de son fils aîné. Le vainqueur de Marengo fit aussitôt de Digeon l’objet d’un cartel particulier ; celui-ci rentra dans sa patrie et fut nommé colonel du 26e chasseurs. Ce régiment prit part aux grandes affaires de 1805, notamment de Lensberg et d’Aus-ferlitz, où il prit trois étendards. Digeon reçut la décoration de commandeur de la Légion-d’Honneur le lendemain de cette bataille, où il fut blessé. Il le fut de nouveau près de Stralsund en 1807 ;
DK ; {i. élevé au grade de général de brigade, cette même année, il commanda avec la plus grande-distinction les 20e et 25e de dragons aux batailles d’Heilsberg et de Friedland. Appelé en Espagne l’année suivante,,il s’y fit remarquer le 23 novembre dans un combat contre Castanos. Devenu en 1812 gouverneur civil et militaire des provinces de Cordoue et de Jaën, le général Digeon parvint par une administration sage, à gagner la confiance des habitants que les ravages de la guerre avaient irrités et réduits à la plus profonde misère. Pendant six mois entiers, plus de 7,000 individus furent arrachés aux horreurs de la famine. La brillante conduite de M. Digeon, pendant la retraite périlleuse de l’Andalousie, lui mérita, le 3 mars 1813, le grade de lieutenant-général. Il se trouva en cette qualité à la bataille de Yittoria, où il fut blessé pour la cinquième fois. A la fin de cette même année il passa à l’armée de Catalogne sous le maréchal Suchet, et fut chargé du commandement de toute la cavalerie et de la première division d’infanterie. Détaché en 1814 à l’armée de Lyon, commandée par Augereau, il rendit à cette ville, par un brillant fait d’armes, un service important. Le 20 mars, les Autrichiens s’étaient avancés jusqu’au faubourg de Saint—Just ; on commençait à se battre dans les rues, et cette grande cité, ouverte de toutes parts, se voyait au moment d’être enlevée de vive force. Le général Digeon, vers qui était dirigée la plus vigoureuse attaque, reprend tout à coup l’offensive, s’empare d’une batterie, taille en pièces le régiment de Hiller, et ramène près de. 400 prisonniers. Ce coup de vigueur arrêta sur-le-champ les progrès de l’ennemi. L’occupation de Lyon, qui pouvait être si désastreuse dans cette journée, n’eut lieu que le lendemain et en vertu d’une capitulation.
il ) L1G Après la Restauration, Digeon fut employé comme inspecteur général de cavalerie ; il se trouvait en cette qualité à Nevers lors du débarquement de l’Empereur. Le ministre de la guerre l’ayant désigné pour commander une division de cavalerie, il s’empressa de venir joindre MONSIEUR à Lyon, où il arriva le S mars ; après beaucoup d’efforts inutiles pour maintenir les soldats, il partit de cette ville avec le duc de Tarente, lorsque toutes les troupes eurent abandonné leurs chefs pour rejoindre Napoléon. Le roi nomma aussitôt Digeon aide-de-camp de MONSIEUR. Il ne prit point de service pendant les Cent-Jours. Au retour du roi, il fut nommé commandant de la division de cavalerie de là garde royale, et plus tard créé pair de France avec le titre de vicomte. Dansla Chambre haute, il appuya constamment la politique du côté droit et le système ministériel qui s’ensuivit. Dans les procès politiques, il vota pour les partis les plus rigoureux. Au mois de mars 1823, en l’absence du duc de Bellune, il fut chargé par intérim du portefeuille de la guerre ; trois mois après il fut nommé ministre d’État et membre du Conseil privé, puis commandant en chef de,l’armée d’occupation.
Le général Digeon est mort le 2 août 1826, à sa terre de Ronqueux, près Paris. Il avait épousé peu de temps avant sa mort une demoiselle de la maison de Saulx-Ta vannes.
naquit à Crest (Drôme), le 23 janvier 1763.
Soldat à l’armée du général Rochambeau, puis caporal, sergent et sergent-major dans le 39e de ligne, il assista au siège d’York, où il fut blessé à la jambe droite pendant les guerres d’Amérique, de 1779 à 1783.
Rentré en France, il fut nommé adjudant-major au 2e bataillon des Landes, en octobre 1792, et passa en 1793 à l’armée des Pyrénées-Orientales.
Il se distingua lors de l’enlèvement du camp de Mandaris, occupé par l’armée espagnole, sous le commandement du marquis de Saint-Simon.
La Bidassoa, Fontarabie, Saint-Sébastien furent également témoins de sa valeur. Nommé commandant le 1er mai 1793, il fut appelé à commander le 4e bataillon des Landes, avec lequel il prit, en l’an II, une part active à tous les combats qui obligèrent les Espagnols d’abandonner les importantes positions d’Altobiscar.
Blessé au bras droit, dans la journée du 17 pluviôse, il devint général de brigade le 25 germinal, et servit en cette qualité dans la division Marbot.
C’est lui qui guida l’avant-garde au combat où 13 000 Espagnols furent battus par 4 000 Français, et assista, en l’an III, à la bataille d’Yursum.
Dès que la paix eut été signée avec l’Espagne, Digonet reçut l’ordre de se rendre à l’armée de la Vendée, où il fit la campagne de l’an III à l’an IV.
Dans le cours de cette campagne, il battit Charette près de Saint-Fulgens, et l’obligea de fuir avec les débris de sa bande.
C’est à la suite de cette déroute que Charette tomba entre les mains du général Travot. Il obtint le même succès contre Stofflet qui, lui-même, tomba quelque temps après au pouvoir du général Ménage. Hoche, parvenu à pacifier les départements de la Vendée, de l’Orne, de la Manche, du Calvados, fit le plus grand éloge de Digonet, dans le rapport qu’il adressa au Comité de salut public.
Pendant les ans V et VI, il commanda les départements de la Charente-Inférieure et des Deux-Sèvres.
Lorsque les Chouans reprirent les armes, en l’an VII, il s’avança contre le général Bourmont, qui s’était emparé du Mans, le força d’évacuer cette ville, poursuivit les rebelles, battit dans le département de la Sarthe un autre de leurs chefs, le força de prendre la fuite, et se rendit maître de toute l’artillerie qu’ils avaient enlevée au Mans. Appelé à l’armée du Rhin, commandée par Moreau, il prit part à la bataille d’Engen, à celle de Maëstricht, à l’affaire de Biberach.
Après avoir franchi le Saint-Gothard à la tête de l’avant-garde de l’armée destinée à envahir l’Italie, il commandait une brigade dans la division Lapoype, lorsque ce général se porta sur Marengo.
En l’an IX, il servit sous les ordres de Brune, général en chef de l’armée d’Italie, et chassa les Autrichiens de la vallée Camonica, de la Valteline, du comté de Borméo. Membre de la Légion d’honneur le 23 vendémiaire an XII, il fut fait commandant de l’Ordre le 25 prairial suivant.
Le général Digonnet servit encore en Italie et en Allemagne, jusqu’en 1810, époque à laquelle il quitta la carrière des armes.
Il est mort à Modène le 17 mars 1811.
maréchal de France, né à Saint-Geoire (Isère), le 30 avril 1775, entra le 11 mars 1794, en qualité de sous-lieutenant, à l’École du génie de Metz, en sortit lieutenant, fit avec une grande distinction les campagnes de 1793 à 1804 aux armées du Rhin, d’Égypte et d’Italie.
Il se signala à la bataille de Rastadt et à la défense du pont d’Huningue. Colonel en 1805, général de brigade DOG ( 4 et baron de l’Empire en 1809, il s’était distingué dans tous les combats, surtout à Iéna. Employé en Espagne en 1808 et 1810, il montra au siège de Saragosse beaucoup de talents et une rare intrépidité.
Chargé en 1811 d’inspecter les côtes depuis Brest jusqu’à la Loire, il reçut les félicitations de l’Empereur. Il commandait le génie du corps d’armée de l’Océan, lorsqu’il eut, au commencement de 1812, l’ordre de se rendre à Mayence. Après la campagne de Russie, il se renferma dans Glogau et s’y défendit.
Nommé général de division le 5 décembre 1812, il fut chargé en 1813 du commandement du génie sur l’Elbe ; bientôt après il fut appelé pour remplir les mêmes fonctions au 11e corps et prosque immédiatement en Italie.
En 1817, le général Dode fut chargé d’inspecter les frontières des Pyrénées, des Alpes et des côtes de la Méditerranée.
Il fit partie de l’armée d’Espagne en 1823, et fut nommé grand officier de la Légion-d’Honneur, pour sa conduite à la redoute du Trocadéro.
Au retour de cette campagne, il fut nommé membre du comité des fortifications, pair de France et vicomte, puis membre delà commission mixte des ira-vaux publics, inspecteur général des fortifications, président du comité, directeur supérieur honoraire des fortifications de Paris. — Maréchal de France le 17 septembre 1847.
né à Orléans, le 11 janvier 1774.
Élève d’artillerie en 1793, lieuteuant à l’armée du Rhin en 1794, capitaine en 1798, se distingua en cette qualité aux siège de Jaffa, de Saint-Jean-d’Acre, à Aboukir et au Caire, chef de bataillon en 1800 sur les côtes de l’Océan et à la grande armée ; colonel le 9 mars 1806,
3 ) DOG et commandeur de la Légion-d’Honneur le 11 juillet 1807. En 1809, le colonel Doguereau aîné commandait en Espagne le 2e régiment d’artillerie à pied et y donna de nombreuses preuves de talents et de courage.
Directeur de l’artillerie à Paris et chevalier de Saint-Louis à la première Restauration. Maréchal de camp le 26 avril 1821 et vicomte, il fut chargé du commandement de l’École d’artillerie de La Fère et du commandement supérieur de la place.
Il est mort le 20 août 1826.
né à Dreux le 11 juillet 1777-.
Entré à l’École d’artillerie en 1794, lieutenant à l’armée du Rhin en 1795, capitaine en Égypte et blessé à Saint-Jean-d’Acre, chef de bataillon en 1803, major dans la garde impériale en 1806, colonel en 1807 et envoyé en Espagne, comme chef d’état-major de l’artillerie du général Sébastiani. Il eut un cheval tué sous lui à la bataille deTalaveyra.
En 1811, il donna sa démission et reprit du service quand l’ennemi menaça notre territoire. Napoléon le nomma colonel d’artillerie à cheval dans la garde impériale. Ce corps se couvrit de gloire pendant la campagne de 1814.
Le roi nomma M. Doguereau maréchal de camp, commandeur de la Légion-d’Honneur et chevalier de Saint-Louis.
Pendant les Cent-Jours, il commanda l’artillerie du 3e corps à Mézières.
A la seconde Restauration, il fut placé à la tête de l’École d’application d’artillerie à Metz. Nul n’était plus digne ou plus capable d’occuper ce poste. Il possède à un degré élevé le talent de diriger une institution régimentaire. ■
Le général Doguereau, Louis, fut • nommé général de division à la promotion du 9 janvier 1833. a
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Élu membre de la Chambre des députés par le collège électoral de Blois, puis réélu en 1839, il devint président du comité d’artillerie le i9 avril 1841, et grand-croix de la Légion-d’Honneur le 28 avril 1843.
né le 17 octobre 1769 à Possesse (Marne), était clerc de notaire lorsque la Révolution éclata. Mû par le sentiment d’un patriotisme qui ne s’est pas démenti un seul instant pendant sa longue et honorable carrière, il s’enrôla, comme soldat, le 11 mai 1791, dans le 23e régiment de cavalerie, fit la campagne de -1792, en Champagne, et celle de 1793 à l’armée de Sambre-et-Meuse.
Brigadier-fourrier le 1er avril de cette dernière année, il devint adjoint aux adjudants-généraux le 1er nivôse an II, et fut promu au grade de lieutenant de cavalerie le 14 messidor suivant. En quittant l’armée de Sambre-et-Meuse, Dommanget devait être placé en qualité d’adjoint auprès de l’adjudant-général Cottin, mais cet officier supérieur, affaibli par l’âge, n’était plus en état de faire la guerre ; aussi le jeune lieutenant chercha-t-il un emploi qui lui offrît quelques chances de danger et de gloire. Le général Durand, qui commandait une brigade de la division Garnier à l’armée d’Italie, et qui connaissait la bravoure et la capacité de Dommanget, s’empressa de l’appeler auprès de lui en qualité d’aide-de-camp ; mais il ne remplit ces fonctions que pendant deux mois : un événement funeste priva la France des services du brave général Durand. La cause de sa mort et les circonstances qui l’accompagnèrent sont empreintes d’une telle fatalité que ce fait doit trouver place dans cette notice. Le 22 fructidor an H, l’ennemi devait attaquer la brigade Durand au col de Frememorte. Dès le ma-
tin, Dommanget avait été envoyé en reconnaissance pour observer les mouvements de l’ennemi.Il vint rendre compte à son général que les Autrichiens ne bougeaieut pas et que tout était tranquille. Vers trois heures de l’après-midi survint un orage des plus violents ; le lieutenant Dommanget étai couché entre le général Durand et le capitaine Bodard, de la 84e demi-brigade, sous une tente adossée à un mur de rocaille ; la foudre touche sur ce mur qui s’écroule et ensevelit la tente sous ses ruines. Dommanget en fut quitte pour quelques contusions, mais, lorsqu’on retira des débris le général Durand et le capitaine Bodard, ils étaient morts. Après cette déplorable catastrophe, Dommanget servit pendant quelque temps à l’état-major de la division Garnier.
Confirmé dans son grade de lieutenant le 4 pluviôse an III, et attaché en cette qualité, le 11 vendémiaire an IV, au 15’ régiment de chasseurs à cheval, il fut employé comme adjoint auprès de l’adjudant-général Dalons le 20 floréal suivant.
Depuis 1793 jusqu’en l’an VI, il fit avec distinction les guerres d’Italie.
Nommé capitaine-adjoint le l/i vendémiaire an V, il passa avec son grade à la suite du 5’ régiment de dragons le 4 prairial, et y devint capitaine titulaire le 13 thermidor de la même année. Il servit en l’an VII contre les insurgés de la Belgique.
Nommé chef d’escadron au même régiment le 13 pluviôse an VIII, le premier Consul le désigna pour faire partie de l’armée de réserve avec 500 dragons duo’, lors du passage du Saint-Bernard. A son arrivée à Milan, il alla rejoindre à Lodi la division Duhesme, dont il forma depuis l’avant-garde. Cette division s’é-tant approchée de Crémone, Dommanget rencontra à peu de distance de la ville
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un bataillon autrichien établi sur la route, et qui voulut opposer quelque résistance ; chargé vigoureusement par les braves dragons du 5e, il fut culbuté, sabré et fait prisonnier. La légion de Bussy, qui était en réserve, attendit la charge des Français et la soutint assez bien ; mais, enfin, rompue et sabrée, le commandant Dommanget la mena battant pendant plus d’une lieue au delà de Crémone, sur la route de Mantoue. Pour cette brillante affaire, le 5e dragons reçut quatre sabres d’honneur ; Le lendemain de la prise de Crémone, le général Du-hesme rejoignit le gros de l’armée avec sa division, et laissa le commandant Do-manget dans la place, afin d’observer, d’éclairer les routes de Mantoue et de Brescia, et de couvrir le blocus de Pizzi-ghitone. A la fin de la campagne, le 5e de dragons rentra en France, et, au mois de floréal an IX, il fit partie de l’armée de la Gironde. Cette armée auxiliaire des Espagnols fut portée sur les frontières du Portugal depuis Ciudad-Rodrigo jusqu’à Alcantara sur le Tage.
Au mois de nivôse an X, le régiment rentra en Fiance et alla tenir garnison à Joigny, où il resta jusqu’à la réunion du camp de Compiègne, au mois de vendémiaire an XII.
Major du 8e régiment de dragons le 6 brumaire, et membre de la Légion-d’Honneur le 4 germinal suivant, Dommanget ne voulut point rester au dépôt lorsque les troupes de l’armée des côtes de l’Océan se portèrent sur le Rhin. Il demanda au ministre de la guerre d’aller commander les escadrons de guerre de dragons montés, puisque le colonel était aux dragons à pied de la division Bara-guay-d’Hilliers. Le ministre fit quelques difficultés ; Dommanget lui offrit alors de déposer ses épaulettes de major et de reprendre celles de chef d’escadron pour aller rejoindre l’armée. « Retournez à
votre dépôt à Chantilly, lui répondit le ministre, vous y recevrez mes ordres. » "Vingt-quatre heures après, Dommanget était en route. Il ne put atteindre la grande armée qu’au delà de Munich, le 8 brumaire an XIV. Le 8° régiment de dragons appartenait à la division Beau-mont. Le jour de son arrivée au corps, le major Dommanget, faisant tête de colonne de la division, rencontra à quelque distance de Munich un bataillon de l’arrière - garde ennemie, posté sur la lisière d’un bois, pour arrêter le mouvement de la division française. Le major Dommanget le chargea aussitôt ; en moins de dix minutes, il l’enfonça et lui fit mettre bas les armes. Au delà du bois se trouvait un régiment de hussards autrichiens, il le culbuta et le mena battant jusque dans les rues de Bied. Sa belle conduite dans cette journée et à l’affaire de Lambach, qui eut lieu le lendemain, fut citée dans les bulletins de l’armée.
A la bataille d’Austerlitz, le 8e régiment de dragons chargea sur l’artillerie russe, qui était fortement défendue, et, en se repliant, il se jeta, sur un corps d’infanterie ennemie, le sabra, lui fit poser les armes, et prit le général russe Langeron, que le major fit conduire à l’Empereur. Pendant tout le reste de cette campagne et la suivante, Dommanget donna de. nouvelles preuves de son courage, et, le 20 septembre 1806, il obtint le grade de colonel et le commandement du 10e régiment de dragons. Le 27 octobre suivant, il chargea, avec une grande résolution, près du village de Wickmansdorff, les dragons de la reine de Prusse, qui, avant de partir pour léna, étaient venus, par fanfaronnade, aiguiser leurs sabres sous les croisées de l’ambassadeur français. Il les rompit, passa le défilé pêle-mêle avec eux, et quoiqu’il n’eût sous ses or-
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dres que trois cents chevaux, il obligea ce régiment, fort de 550 hommes à déposer les armes. Au moment où le 10e de dragons ramenait les prisonniers, parmi lesquels se trouvait le général major de Zastro, le prince Murât arrivait avec la division Beaumont. Le régiment fut accueilli par les cris de Vive le 10e ! et le prince félicita le colonel sur la prise qu’il venait de faire.
Après avoir assisté aux combats Je Prentzlau, de Lubeck, de Hoff, etc., cet officier supérieur se trouva à la bataille d’Eylau, où il eut un cheval tué sous lui. Il combattit à Friedland avec sa valeur habituelle, et, démonté, foulé aux pieds des chevaux, criblé de coups de sabre sur la tête, il eût infailliblement péri, si ses dragons ne fussent venus le retirer des mains des hussards ennemis. Il reçut à cette occasion, le H juillet 1807, la croix d’officier de la Légiori- d’Honneur des mains de l’Empereur, qui accorda vingt-huit décorations à son régiment.
Créé baron de l’Empire le 19 mars 1808, avec dotation, il fit les campagnes de 1808 à 1811 en Espagne et en Portugal, et se signala surtout au combat d’Alba de Tormès le 28 novembre 1809. Le 12 janvier 1811, pendant la retraite du général portugais Silveyra, l’avant-garde du général Claparède, commandée par le colonel Dommangct, chargea l’arrière-garde portugaise près de Mondin, la culbuta et la rejeta au delà de la Coura. A la bataille de Fuentes de Onora, il eut un cheval blessé sous lui, et le général Montbrun, commandant la division de dragons, le proposa pour le grade de général de brigade, que l’Empereur lui accorda par décret impérial du 6 août 1811.
Rentré en France à la fin du mois de novembre suivant, et appelé, le 13 mars 1812. au commandement de la 3e bri-
gade de cavalerie légère du 3e corps de la réserve de cavalerie, composée des 1er et 2e régiments de chevau-légers bavarois et du régiment de chevau-légers du prince Albert de Saxe. Il fit la campagne de Russie. Il eut une affaire d’avant-garde assez brillante au delà de Minsk, et une autre à Babinowisk, entre Orscha et Wilepsk. Le 16 août, sous Smolensk, il sabra et culbuta un corps de cavalerie régulière russe. Le 27, l’ennemi ayant été forcé d’abandonner Wiasma, il attaqua son arrière-garde, qui se sauva dans les bois. Le 7 septembre, à la Moskowa, il chargea avec une rare intrépidité une masse énorme de cavalerie russe en avant de la grande redoute. Dans la mêlée, où il fit des prodiges de valeur, le général Domanget fut atleint d’un coup de sabre sur la tête et d’un autre coup qui lui ouvrit la joue droite dans une largeur d’environ trois pouces, et lui abattit presque entièrement la lèvre supérieure. Cette blessure, quoique très-grave, ne l’empêcha pas de suivre la grande armée jusqu’à Moscou, d’où il se retira avec elle. Ses services pendant cette campagne furent récompensés par la croix de commandeur de la Légion-d’Honneur, le 28 mars 1813.
A peine rétabli de ses blessures, l’Empereur lui confia le commandement d’une brigade de cavalerie légère, composée de régiments de marche. Au delà de l’Elbe, l’Empereur passa en revue cette brigade, et donna au général Dom-manget la décoration de chevalier de la Couronne de fer, le -15 mai : « Vous étiez delà vieille armée d’Italie, lui dit-il, cette croix vous est bien due. »
Après la bataille de Wurlschen, Dom-manget envoya ses escadrons de marche rejoindre les régiments auxquels ils appartenaient, et alla prendre le commandement de la 2e brigade (2e lanciers, 11’ et lv2c chasseurs) de la division Roussel-
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d’Husbal, du 2e corps de réserve de cavalerie. Le 16 juillet suivant, le roi de Saxe lui adressa la croix de commandeur de l’ordre de Saint-Henri, avec une lettre autographe, par laquelle ce monarque le remerciait des soins qu’il avait pris de son régiment de chevau-légers du prince Albert pendant la campagne de Russie. Le 10 août de la même année, le roi de Bavière le nomma commandeur de l’ordre du Mérite militaire de Maximilien-Joseph. Le 26, le général Roussel-d’Husbal ayant été grièvement’ blessé à la tête, le général Dommanget prit le commandement de la division. Le 12 octobre, vers Zerbst, entre Dessau et Postdatn, il rencontra quelque infanterie qui fut culbutée, et ensuite les équipages de l’armée suédoise, qui avaient passé l’Elbe à Dessau. Les Irou-pes qui gardaient ces équipages furent sabrées et mises en fuite, et les baguges, caissons, voilures, etc., furent immédiatement détruits. Le général Dommanget était à l’extrême gauche de l’armée, lorsque, le 16 octobre, au combat près de Leipzig, il dégagea le 9° régiment de chasseurs à cheval, uu bataillon de vé-lites toscans et 3 pièces de canons qui observaient et défendaieut un passage de rivière à trois lieues à gauche et en avant, mais qui, débordés par des forces beaucoup trop considérables, allaient tomber au pouvoir de l’ennemi. Le 30, il prit une part très-active au combat de Hanau, et exécuta plusieurs charges, couronnées d’un plein succès.
Pendant la retraite, se portant tantôt à gauche, tantôt à droite pour protéger les flancs de l’armée, il repoussa constamment les tentatives de l’ennemi, et après avoir repassé le Rhin à Mayence, il fut placé à Andernach pour observer et garder la rive gauche avec sa brigade.
Le général Dommanget soutint sa brillante réputation pendant la campagne de
France. Le 3 février 1814, au comhàt de la Chaussée, il soutint les efforts, de l’ennemi, et donna le temps au corps d’armée d’opérer sa retraite. Le 1-4, au combat de Vauchamps, il détruisit complètement un carré russe, qui s’était formé au bord de la roule, près du bois d’Eloges. Le 2e lanciers et le 11" chasseurs s’y couvrirent de gloire. Après cette brillante affaire, la voix publique lui décernait le grade de général de division, mais il se vit préférer, sur la désignation du général commandant le corps de cavalerie, un ancien aide-de-camp de Bernadotte, qui ne possédait pas les mêmes titres que lui. Ce passe-droit fit un mauvais effet dans sa brigade, qui avait su apprécier depuis longtemps les droits de son général à un avancement bien mérité. Dirigé sur différents points par des marches rapides* le général Dommanget trouva l’occasion de se distinguer encore, notamment aux combats de Vandcêuvre, de Bar-sur-Aube, de Villenave, etc.
Le 30 mars, au matin, l’Empereur quitta Troyes pour revenir sur Paris ; Le général- Dommanget reçut l’ordre de former l’avant-garde de l’escorte de l’Empereur, et il l’accompagna jusqu’à Sens. L’abdication de Fontainebleau fit cesser les services du général Dommanget. Cependant Louis XVill le nomma chevalier de Saint-Louis, le 31 juillet 1814, et le mit en non-activité le \". septembre suivant. Au retour de Napoléon, le 20 mars 1815, il se porta à sa rencontre et l’escorta depuis la Cour-de-France jusqu’à Paris. Dès le 21, Dommanget reçut l’ordre de partir de Paris à la tête des 1" et 5e de lanciers et A’ de chasseurs, pour aller prendre position aux environs de Landrecies et de Maubeuge. Yers la fin de mai, il prit le commandement d’une autre brigade-, composée des 4" et 9e,dè
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chasseurs, à la tête desquels il se signala de nouveau à Ligny, à Fleurus et à mont Saint-Jean.
Après les déplorables résultats de cette campagne, le licenciement de l’armée vint mettre un terme à la carrière militaire de ce brave officier général. Rentré dans ses foyers au mois d’août, on le mit en non-activité et on le soumit à.la surveillance de l’ombrageuse police de cette malheureuse époque. On avait trouvé trois lettres de lui dans le portefeuille de l’Empereur, tombé au pouvoir des ennemis.
En 1817 le général Dommanget se vit plus particulièrement en butte aux tracasseries du pouvoir, et comme- son nom avait été écrit dans quelques lettres saisies lors de la conspiration de Lyon, et qu’on trouva dans ses papiers une lettre d’invitation à dîner de madame de La-valetle, on vit là des motifs suffisants pour le mettre en état d’arrestation. Conduit le 1" juillet à la prison de la Préfecture de police, il resta au secret pendant trente-cinq jours. Après plusieurs interrogatoires par-devant le grand prévôt du département de la Seine, assisté de M. Reverdin, juge au tribunal du même département, on le transféra à la Force avec ses compagnons de captivité, le général Jullienne de Rellair et M. Antoine Chedelle, négociant de Lyon. Les charges n’ayant pas paru suffisantes pour le renvoyer avec ses coaccusés devant la cour prévôtale de Lyon, on les autorisa à se retirer sur parole dans la maison de santé de Cartier, faubourg Poissonnière. Enfin, au mois d’octobre suivant, le général Dommanget obtint sa liberté, mais il n’en demeura pas moins l’objet de l’attention active de la police. Frappé avec 150 autres officiers généraux par l’ordonnance du 1" décembre ’1824, il fut mis à la retraite à compter du 1er janvier 1825, après plus de trente-trois ans
de bons services, vingt campagnes et de nombreuses blessures.
Lors de la révolution de Juillet, le nouveau gouvernement le plaça, le 22 mars 1831, dans le cadre de réserve, et l’admit de nouveau à la retraite, le 1" mai 1832.
Son nom est inscrit sur le côté Nord de l’arc de triomphe de l’Étoile.
Le général Dommanget est mort à Paris, le 10 février 1848, entouré de l’estime et de la vénération de tous ceux qui l’ont connu ; et si, comme tant d’autres, il n’a pu léguer une grande fortune à ses enfants, \l leur a laissé du moins quelque chose de plus précieux : un nom sans tache et de nobles souvenirs.
célèbre général polonais, issu d’une famille ancienne. Fit ses premières armes dans l’armée de l’Électeur de Saxe où il servit de 1788 à 1791. Il revint en Pologne pour prendre part à la campagne de 1792, se fit remarquer dans la guerre de l’indépendance de 1794. Kosciuszko lui avait confié le commandement de l’aile droite du camp retranché de Varsovie. Après avoir tenu tête avec autant de talent que de courage aux armées prussiennes et moscovites, il fut fait prisonnier ainsi que les autres généraux polonais et conduit devant Suvarow qui le reçut avec distinction et lui fit obtenir des passeports pour l’Allemagne. Dombrowski refusa le titre de lieutenant-général que Frédéric, roi de Prusse lui offrit, se rendit sur les bords du Rhin et fut présenté à Cologne au général Jourdan qui obtint pour lui du Directoire (18 novembre 1795), la formation de la première légion polonaise. Les cadres furent promptement remplis ; une seconde légion fut organisée à Strasbourg. Ces légions se composaient chacune de quatre bataillons, quatre escadrons et une compagnie
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d’artillerie à cheval. La première légion commandée par Dombrowski fut appelée de bonne heure à prendre part aux brillants faits d’armes de l’armée française d’Italie. Elle entra à Rome le 3-mai 1798, à Naples en 1799. Macdonald ajouta à cette légion la 8e demi-brigade légère. C’est avec, cette petite division qui n’avait pas 3,600 hommes que Dombrowski vint rejoindre en juin 1797 sur la Trebbia l’aile gauche de l’armée française. Il soutint avec un admirable sang-froid le feu de l’artillerie ennemie. Débordée par les forces supérieures russes, puis enfin enveloppée, la légion polonaise se forma en carré, se défendit longtemps avec le courage du désespoir et fut presque détruite. Dombrowski fut atteint d’une balle dans la poitrine et ne dut son salut qu’à l’exemplaire de X’Histoire de la guerre de trente ans, par Schiller, qu’il portait toujours avec lui. La légion polonaise se renforça avec les hommes tirés des dépôts ; Joubert y réunit la 17e légère et la 55e de ligne. Avec cette division, Dombrowski donna, sous les ordres de Gou-vion Saint-Cyr et de Masséna, de nouvelles preuves de dévouement et de capacité.
Après la bataille de Marengo, Bonaparte ordonna la formation de deux nouvelles légions polonaises que Dombrowski fut chargé d’organiser à Milan.
A la paix d’Amiens, il passa au service de la république italienne en qualité de général de division-et contribua à hâter l’organisation militaire de ce pays.
En 1806, Napoléon annonçant le projet de rétablir la Pologne, Dombrowski reparut, après quinze ans, dans ces mêmes palatinats où il avait cueilli ses premiers lauriers. En moins de deux mois 30,000 hommes furent levés et équipés par ses soins ; deux divisions furent réunies sous les ordres de Dombrowski et firent partie du corps du maréchal Mor-
tier. Renforcé ensuite par un corps, de troupes badoises, Dombrowski fut employé au siège de Danlzig jusqu’à sa reddition. Après la paix de Tilsitt, il resta en Pologne à la tête d’un corps d’armée nationale et établit son quartier général à Posen. A la reprise des hostilités en 1809, l’armée autrichienne, devenue quatre fois plus forte, ayant forcé le prince Joseph Poniatowski d’évacuer Varsovie. Dombrowski organisa des corps volants sur les derrières de l’ennemi et lui fit beaucoup de mal. En 1812, il commanda une des trois divisions du 5e corp’s polonais et resta dans la Russie blanche. Il occupa Mohilow sur le Dnieper et se montra de tous côtés, poussant ses partisans dans toutes les directions avec une admirable activité. Quand l’armée française évacua Moscou, Dombrowski fut chargé de maintenir les communications entre Minsk et Wilna. C’est cet infatigable général qui, avec les débris du corps de Poniatowski, contribua avec succès à couvrir les ponts de la Bérésina, le 26 novembre. Il y fut grièvement blessé et ne rentra à Varsovie que vers la fin de décembre 1812.—En 1813, Dombrowski forma une nouvelle légion polonaise sur les bords du Rhin et avec elle reparut en automne dans le 7e corps. Cette division se couvrit de gloire dans toutes les rencontres et surtout à Leipzig.
Après l’abdication de Napoléon, Dombrowski, séduit par les belles paroles de l’empereur Alexandre, fit partie du comité des généraux à qui le vainqueur confia le soin de réorganiser l’armée polonaise, et en 1815, il fut élevé au grade de colonel général de cavalerie, nommé sénateur palatin et décoré des ordres de la première classe de Saint-Wladimir et de Sainte-Anne. Depuis ce temps, retiré du service, accablé de blessures et d’infirmités, il s’occupa à écrire Y Histoire des légions polonaises d’Italie.
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Il a fini ses jours le 16 juillet dans ses terres situées dans.le grand duché de Posen qui passa en 1815 sous le joug de la Prusse.
né le 2 mars 1774, à Maurepas (Somme), entra au service le 6 septembre \ 791 dans le 4e bataillon de volontaires nationaux de la Somme et fut envoyé en 1792 à l’armée du Nord, où il devint lieutenant le 12 mai 1793, et capitaine le 4 juin suivant. . Amalgamé dans la 2e demi - brigade d’infanterie en germinal an II, il passa en qualité d’aide-de-camp provisoire auprès du général Compère le 12 floréal et eut un cheval tué sous lui au combat li-\ré à la même époque entre l’abbaye de Flens et le village de Coutiches.
Successivement employé aux armées de Rhin-et-Moselle, de Sambre-et-Meuse, d’Angleterre, du Danube et du Rhin, il donna, dans maintes circonstances, les preuves de la plus rare intrépidité.
Le 3 prairial an II, s’étant mis à la tête d’une compagnie de grenadiers qui venait d’être repoussée du village de Hé-chier, il saisit une échelle qu’il appliqua sur les retranchements, y pénétra -le premier, malgré un coup de sabre qu’il reçut à la main droite, et s’empara d’une pièce de canon. Au siège de Nimègue, le 18 brumaire an III, l’ennemi étantparvenu, lors d’une sortie, à pénétrer dans le camp français où plusieurs compagnies avaient déjà lâché pied, Domon rallia les fuyards et repoussa les assiégés dans leurs murs.
Au passage du Wahal’, le 3 messidor an III, il eut le commandement d’une colonne chargée d’enlever une redoute contre laquelle on avait déjà vainement dirigé plusieurs attaques ; il s’empara de la position du premier élan, et tua plusieurs canonniers sur leurs pièces.
DOM Dans une autre circonstance, comme un détachement de hussards du 5* régiment faisant boire ses chevaux dans la Meuse, avait été surpris par 400 Hollandais sortis à l’improviste du fort de Saint-Michel, Domon s’élança au milieu des assaillants, suivi seulement de son soldat d’ordonnance, les mit en déroute et leur fit 22 prisonniers.
Pendant la même campagne, lors d’une reconnaissance aux environs d’O-denzuel, il enleva 25 chevaux aux hussards du Salm et de Hompech ; enfin, à l’attaque du château de Bentheim, chargé de se porter sur le village de Gilham, il y fit prisonniers 10 Hessois avec leur commandant.
Domon suivit son général à l’armée du Rhin, et se trouva à la bataille de Neu-wjed ; le 30 vendémiaire an V, il emporta une redoute frisée et palissadée, eut son cheval tué sous lui, reçut plusieurs balles dans ses vêtements, et fut cité dans le rapport du général Hoche. Au combat livré en avant de Dettin-gen, ù l’armée du Danube, le 4 germinal an VIII, on le vit déployer tour à tour les talents d’un chef et l’intrépidité d’un soldat : démonté au milieu de l’action et blessé à la jambe gauche par uu éclat d’obus, il eut assez de courage pour remonter à cheval et conserver son poste pendant trois heures.
Voyant, à la fin de la journée, son général blessé et sur le point d’être fait prisonnier, il rassembla quelques braves, et, sabrant autour de lui avec autant d’énergie qu’au commencement de l’affaire, il parvint à le dégager et aie conduire aux ambulances. .
Tant de courage et de dévouement ne reslèrent point dans l’oubli : tandis que le Directoire, par son arrêté du l’r prairial an VII, élevait Domon au grade de chef de bataillon, Masséna, par un ordre du jour du 12 du même mois, le nom-
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niait chef d’escadron au 5e régiment de hussards’.
Dans le courant de l’an XI, il fut envoyé en Hanovre, et passa le 23 frimaire an XII au 3e régiment de hussards, alors au camp de Monlreuil, où, le 23 prairial suivant, il obtint la décoration de la Lé-gion-d’Honneur.
Employé au 6e corps pendant la campagne d’Autriche, il se trouva au combat d’Elchingen, prèsd’Ulm, le 23 vendémiaire an XIV, où il eut le cou traversé par une balle en chargeant à la tête de son régiment sur deux bataillons auxquels il enleva cinq pièces de canon.
Promu au grade de major au 7e régiment de hussards, le 7 janvier 1807, il continua la guerre de Pologne avec la réserve de cavalerie de la grande armée jusqu’à la paix de Tilsitt, et vint, à la fin de 1807, tenir garnison à Ruremonde.
Il avait été élevé au grade d’officier de l’Ordre le 3 juillet précédent, et désigné en janvier 1808 pour commander le régiment de hussards de la division de réserve de Poitiers ; mais une nouvelle disposition de l’Empereur ayant prescrit aux majors de rester aux dépôts de leurs corps, il reçut contre-ordre.
Nommé, le 7 avril 1809, au grade de colonel en second, il reçut l’ordre de conduire le 7e régiment de hussards au 3e corps de l’armée d’Allemagne, et combattit à la tête de ce corps à Wagram les 5 et 6 juillet, à Znaïm le 10 du même mois, devint colonel du 8e hussards le 10 août, et fut créé baron de l’Empire au mois d’oclobre.
Employé au corps d’observation de la Hollande pendant les années 1810 et 1811, il fit la première partie de lacam-pagne de Russie avec le 1" corps de cavalerie, fut nommé général de brigade à Witepsk, le 7 août 1812, en récompense de sa conduite distinguée aux combats d’Ostrowno, les 25, 26 et 27 juillet, où
la cavalerie, engagée par Murât, fit des prodiges de valeur.
Maintenu dans son nouveau grade au 1er corps de cavalerie, le général Domon devint. dès ce jour, le compagnon et l’ami du roi de Naples, qui obtint de l’Empereur, à son départ de Moscou, le 20 octobre, l’autorisation de prendre Domon à son service avec les titres de lieutenant-général et de capitaine de ses gardes.
Arrivé à Naples au mois de mars 1813, il y fut nommé colonel-général de là cavalerie du royaume, et repartit avec le roi pour aller prendre le commandement d’une brigade de cavalerie légère à la grande armée.
Blessé grièvement à la jambe eu passant le Bober à Lœvemberg, le 21 août, action pour laquelle il obtint la croix de commandeur de la Légion-d’Honneur, il retourna bientôt à Naples avec Murât ; mais quand il apprit la honteuse défection de ce monarque et son alliance avec l’Autriche, il se hâta de donner sa démission, le 21 janvier 1814, et revint à Paris le 21 mars où il fut attaché à la vieille garde.
Chevalier de Saint-Louis le 29 juillet, et en non-activité le 19 août, il fut désigné, à la nouvelle du retour de Napoléon, pour accélérer l’organisation des volontaires royaux ; mais il renvoya sa lettre de service en prétextant son incapacité pour mener à bien un semblable travail.
Le 19, un nouvel ordre lui prescrivit de se rendre à Châlons sur-Marne pour y prendre le commandement de 8 régiments de cavalerie ; arrivé le 21 dans cette place, il y trouva toute la garnison, composée des 12* de ligne et 5e hussards, en pleine défection ; et, presque tous les officiers nommés par le Roi ayant abandonné leur poste, le général Domon prit le commandement des troupes actives de-
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la 2e division militaire, et les porta sur Rethel afin de pourvoir à la défense de cette partie de la frontière.
Le 6 avril, il obtint le commandement de la 6e division de cavalerie au 3e corps de l’armée du Nord, et prit part aux combats de Fleurus, de Wavres et de Namur, les 15, 46 et 17 juin. A la bataille de mont Saint-Jean, le 18 juin, sa division, destinée à se porter en arrière de la droite, pour s’opposer à la marche du corps prussien qui avait échappé à Grouchy, eut à soutenir, après les combats de la journée, le premier choc de Blùcher, et s’y couvrit de gloire. Quand la retraite fut ordonnée, il ramena le reste de son monde en bon ordre sous Paris, passa la Loire le o août, et fut envoyé par lé maréchal Mac-donald à Montpellier pour y préparer le licenciement de 5 régiments de l’armée du Midi.
Mis en non-activité le 1er octobre, éloigné de Paris comme suspect, il reçut l’ordre de se rendre à Péronne, où il vécut dans la retraite jusqu’à la fin de •1822.
Les préparatifs de la guerre d’Espagne amenèrent son rappel à l’activité ; il fut désigné, le 12 février 1823, pour commander une division de cavalerie au 2e corps de l’année des Pyrénées, et montra, dans cette campagne, les talents. d’un officier de cavalerie expérimenté. Arrivé à Baza le 25 juillet, il marcha contre Ballesteros, qu’il rencontra le 28 aux environs de Montelegiar dans la position d’El-Castillo : ayant su à propos prendre l’ennemi à revers par sa gauche, il seconda parfaitement le mouvement de front opéré par le maréchal Molitor, et fit éprouver à l’ennemi des pertes considérables.
A la fin de la campagne il reçut l’ordre de Saint-Ferdinand le 20 octobre, quitta
, Grenade le 28, et rentra en France où le roi le créa vicomte et commandeur de Saint-Louis le 2 novembre. Grand officier de la Légion-d’Honneur le 29 octobre 1828. Il est mortàParis le 5juilletl830.
fils d’un officier de carabiniers, naquit à Nîmes le 11 novembre 1777. Entré dans la carrière des armes sous Lukner et Piche-gru, il était capitaine de dragons à l’armée du Rhin, sous Moreau, et vint présenter à la Convention un drapeau qu’il avait enlevé aux Prussiens. Il fut blessé le 15 juillet 1796 à la tête d’un détachement du 8e des hussards, et fut -mentionné avec éloge par Moreau.
Nommé lieutenant-colonel, il se signala par la haine qu’il portait à Bonaparte, fut arrêté en 1801, à la suite d’un banquet séditieux et détenu plusieurs années. En 1806, il rentra dans l’armée et fut envoyé sur les côtes de Brest. Adjudant-général le 25 septembre 1806, colonel du Alc régiment d’infanterie, il fit les campagnes d’Autriche et de Prusse et fut nommé général de brigade, le 6 août 1811 et envoyé en Portugal. Là, il fut compromis dans une nouvelle conspiration conire l’Empereur, en faveur de Moreau. Acquitté faute de preuves, il resta sous la surveillance de la haute police, à Tours, jusqu’en 181-4.
Les Bourbons lui donnèrent le commandement du département d’Indre-et-Loire, qu’il conserva jusqu’au 20 mars.
A cette époque, se voyant méprisé des troupes qui le regardaient comme traître, il abandonna son poste, se rendit à Bordeaux, auprès de la duchesse d’Angou-léme, puis àGand, auprès de Louis XVIII, qui le nomma lieutenant-général, grand officier de la Légion-d’Honneur, et le 22 juin suivant commissaire extraordinaire pour les départements du Midi. Cette dernière ordonnance est datée de Lon-
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dres et signée Marie-Thérèse (duchesse d’Angoulême).
Ici commence pour le général Donna-dieu une carrière toute nouvelle, dont l’histoire n’est pas de notre ressort. Il nous suffira de dire qu’il fut à la tête de la sanglante réaction de 1815 et 1816. se montra royaliste frénétique et proscrip-teur implacable. Il commanda la 7e division militaire, fut créé vicomte et commandeur de l’ordre de Saint-Louis, à la suite des troubles sanglants et des exécutions de l’Isère. Privé de son commandement peu de temps après, il vint à Paris et y fut souffleté publiquement par le colonel Duchamp qu’il avait fait destituer.
Nommé député en 1820,, remis en activité en 1822, il commanda une division en Espagne en 1823, passa ensuite au commandement de la 4e division militaire à Tours, fut nommé grand-croix de Saint-Louis par Charles X, fut rayé du cadre d’activité en 1830 et porté au cadre de réserve, en attendant sa retraite qui fut liquidée le 15 mars 1838.
Dès lors, le général Donnadieu vécut éloigné des affaires publiques ; mais, ayant publié un ouvrage intitulé : De la vieille Europe, des Bois et des Peuples de noire époque, il fut poursuivi pour offenses envers la personne du roi, et condamné le 24 juillet 1837, par la cour d’assises de la Seine, à deux ans de prison et 5,000 francs d’amende, et après l’expiration de sa peine, à l’interdiction des droits mentionnés dans les trois premiers paragraphes de l’art. 42 du Codé pénal.
né le 6 janvier 1764 à Mamirole (Doubs), s’engagea en 1783 comme simple soldat dans le régiment Royal-Marin, alors en Corse, fut employé successivement à l’é-tat-major du gouvernement militaire de l’Alsace, au ministère de la guerre, et fut nommé, en 1792, sous-lieutenant au 21°
régiment de cavalerie, passa, en 1793, lieutenant au 22e chasseurs à cheval, puis adjudant-général chef de bataillon dans la même année, et adjudant-général chef de brigade le 4 juin 1794.
Il fit avec distinction les campagnes de la Révolution sous Pichegru, son compatriote et son ami, et sous Moreau. En 1797, il fut blessé deux fois à l’attaque du pont d’Huningue.
Nommé chef d’état-major à l’expédition d’Irlande, il fit la campagne d’É-gypte, et se signala à la bataille de Sedi-man, à la bataille d’Héliopolis et au siège du Caire. Dans le dernier conseil de guerre de 1799, il parla contre l’évacuation de l’Égypte et proposa de faire la guerre dans la haute Égypte, à la manière des Mameluks,.en attendant des renforts. Nommé général de brigade le 23 juillet 1799, il fut employé à l’état-major de Berthier,’ alors ministre de la guerre, puis aux camps de Bayonne, de Brest et à l’armée d’Italie en 1804 et 1805. Il fit sous Masséna les campagnes de 1806 à 1807, assista au siège de Gaëte et fut nommé général de division le 6 décembre 1807.
En février 1810, Napoléon le nomma gouverneur général des îles Ioniennes. Son administration fut pleine de sagesse et de modération.
Rappelé en 1814, Louis XVIII le nomma grand officier de la Légion-d’Hon-neur. — II prit une part brillante à la bataille de Waterloo, se retira en ordre sur la Loire, avec sa division, et remplaça le maréchal Soult comme major-général.
Inspecteur général en 1816, gouverneur civil et militaire de la Martinique le 31 octobre 1817, il demanda son rappel en 1825, et fut admis à la retraite le 1er mai 1832. — Retiré au château de Ville-Evrard, il y est mort le 11 juin 1843. — Son nom est inscrit sur le côté Est de l’arc de triomphe de l’Étoile.
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né en 1786 dans les environs de Sainte-Ménehould (Meuse).
Volontaire en septembre 1803 dans les troupes du génie, resta à l’École régi-mentaire du génie à Melz jusqu’en mars 1805. Envoyé à cette époque, comme caporal, à une compagnie de mineurs du camp de Zeist (Hollande), d’où il partit pour l’Allemagne, assista à la prise d’Ulm et se distingua en diverses circonstances, notamment à Breslau, Glogau, etc.
Adjudant du génie en 1808, il vint en Espagne, assista comme officier au siège de Saragosse, après lequel il fut nommé lieutenant de sapeurs.
En 1809, il accompagna le général Dode en qualité d’aide-de-camp et assista au blocus de Cadix. Chargé d’une mission particulière par le rnaréchul Soult, pour le prince major-général, il partit de Séville en septembre 1811, traversa toute l’Espagne à cheval, soutint plusieurs combats avec son escorte contre les Guérillas, et arriva à Paris après 21 jours de marche.
En 1812, il assista à la prise de Wilna et au combat de Polotsk, à la suite duquel il fut chargé par Gouvion-Saint-Cyr de porter à l’Empereur la nouvelle de cette victoire. 11 trouva Napoléon à Moscou, fut décoré de sa main, et retourna annoncer à Gouvion-Saint-Cyr sa nomination au grade de maréchal.
Pendant la retraite, il prit part à la confection des ponts de la Bérésina,, qu’il traversa un des derniers, et fut nommé capitaine.
En 1813, il combattit à Lulzen, àBaut-zen, à Leipzig, àHanau, où il eut un cheval tué sous lui. Il alla ensuite rejoindre en Italie le général Dode.
En 1814, M. Des Essarts fut employé au comité de la guerre, assista à la prise du Trocadéro. En 1823, comme chef de bataillon, il reçut la croix de Saint-.
Louis et celle de Charles III d’Espagne.
Lieutenant-colonel au l*r régiment du génie en 1830 et officier de la Légion-d’Honneur en 1834, il fut nommé colonel du 2e régiment en 1838 et général de brigade le 22 avril 1846.
Il est aujourd’hui commandeur de la Légion-d’Honneur et en retraite.
né le 28 janvier 1760, à Camboulan (Aveyron), entra au service, le o août 1778, dans le 21’ régiment de cavalerie et devint brigadier, puis adjudant sous-officier, les 15 septembre et o octobre 1754.
Il embrassa avec chaleur les principes de la Révolution de 1789, et fut nommé sous-lieutenant et lieutenant les 25 janvier et 17 juin 1792. Sa conduite distinguée au début de la campagne du Nord lui mérita, le 26 janvier 1793, le grade de capitaine et celui de chef d’escadron le 1er juillet de la même année.
Il se fit remarquer aux différentes armées de la République, de 1793 à l’an VI, et particulièrement à l’armée du Rhin en l’an IV, lors de la retraite de Moreau, durant laquelle il fut signalé par son courage, son activité et sa vigilance. Use rendit en Italie avec son régiment, lorsque Moreau vint s’opposer aux progrès de Souvarow, et assista aux combats les plus importants de celle époque.
Le 4 thermidor an IX, il passa dans le 23e de cavalerie, incorporé, le 16 pluviôse an XI, dans le 1er régiment de cuirassiers. Le premier Consul le nomma, le 6 brumaire an XII, major de ce régiment, et membre de la Légion-d’Honneur le 4 germinal suivant. Il fit la brillante campagne de vendémiaire an XIV, et reçut, le 6 nivôse, le grade de colonel du 12e régiment de cuirassiers, à la tête duquel il prit part, durant les guerres de 1806 et 1807 en Prusse et en Pologne, à toutes les affaires les plus importantes,
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et surtout à la bataille de Friedland, où son régiment, chargé de la défense de l’un des postes les plus périlleux, éprouva des pertes considérables, mais se couvrit de gloire. Le 12e de cuirassiers reçut des récompenses nombreuses, et le colonel Dornès, nommé officier de la Légion-d’Honneur le 14 mai 1807, reçut, le 19 mars 1808, le litre de baron de l’Empire arvec une dotation en Westphalie. Cette dernière distinction était d’autant plus flatteuse que peu de colonels l’avaient obtenue à cette époque.
Il servit en Autriche en 1809, toujours à la tête du 12e de cuirassiers, qui soutint sa belle réputation aux batailles d’Esslinget de Wagram. Le colonel Dornès eut un cheval tué sous lui à cette dernière bataille, à ’la suite de laquelle il fut promu (30 août) général de brigade, et envoyé (26 septembre) à Luxembourg en qualité de commandant du déparlement des forêts. Au moment de l’expédition de Russie, l’Empereur l’appela à la grande armée pour y prendre le commandement d’une brigade de cuirassiers.
A la Moskowa, il faisait partie de la division successivement commandée par les généraux Caulincourt et Montbrun, tous deux morts sur le champ d’honneur pendant l’action. Son cheval reçut trois balles dans le corps au moment où sa brigade s’élançait sur les retranchements russes et contribuait à emporter d’assaut 14 pièces de canon qui défendaient la re^ doute.
Le général Dornès devait obtenir un nouvel avancement à raison de sa brillante conduite, lorsqu’il mourut à Wilna, treize jours avant l’entrée des Russes dans cette ville. Agé de cinquante-deux ans, il avait servi son pays avec honneur pendant trente-cinq ans, avait fait quinze campagnes et avait assisté aux batailles les plus importantes de la République et
de l’Empire. Il passait pour un excellent officier de cavalerie, et était connu pour sa sévérité à maintenir la discipline en campagne, et pour son désintéressement.
né à Ardres (Pas-de-Calais), en 1773, partit comme volontaire en 1792, et fut élu capitaine par ses camarades le 13 septembre suivant.
Il Gt avec distinction les campagnes de 92,93, ansII, IN, IV et V, et fut nommé chef de bataillon sur le champ de bataille le 3 germinal an V. Il fit en cette qualité les campagnes des ans VI, VII en Égypte, fut blessé au combat de Kelé et fut nommé en l’an VIII colonel de la 61e demi-brigade.
Il resta encore en Égypte pendant les ans VIII, IX et X, et revint sur le continent pour y faire les campagnes des ans XII et XIII. Il se signala à la bataille d’Austerlitz et fut nommé général de brigade le 4 nivôse an XIV.
Il contribua au gain de la bataille d’Eylau en se précipitant sur l’ennemi, à la tête d’un bataillon de la garde. Nommé en 1808 colonel des grenadiers de la garde, il passa en Espagne avec son régiment, fut ensuite à la grande armée et se fit remarquer à Ratisbonne pendant la campagne de 1809. A Essling, il soutint avec la garde qu’il commandait, tous les efforts de l’ennemi, lui imposa par sa contenance et protégea la rentrée de nos troupes dans l’île de Lobau. Dans cette journée, le général Dorsenne eut deux chevaux tués sous lui ; l’un d’eux, en tombant, le renversa et lui fit éprouver à la tête une contusion qui, dans la suite, devait enlever à l’armée un de ses plus intrépides soldats.
Il se signala encore à la bataille de Wagram, et fut nommé général de division le 5 juin 1809. Revenu’à Paris après la paix de Vienne,
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il fut envoyé en Espagne avec 20,000 hommes delà garde impériale. Il succéda le 8 juillet 1811 au maréchal Bessières, dans le poste difficile de commandant en chef de l’armée duNord. En Espagne, dans le mois d’août suivant, il battit et dispersa l’armée de Galice etforçal’armée anglaise à évacuer les positions qu’elle occupait ; il parcourut ensuite la Navarre et la Biscaye et rétablit partout l’ordre et la tranquillité.
Depuis la bataille d’Essling, le général Dorsenne ressentait de violentes douleurs de tête ; mais surmontant ses souffrances, il continuait de diriger les opérations. Ainsi, on le vit se faire porter en litière pour commander en personne le siège d’Astorg.
Ce fut son dernier exploit : sa santé se trouvant de plus en plus altérée, il fut contraint de revenir à Paris, où il suc-comba’le 24 juillet 1812, à la suite de l’opération du trépan. Il était à peine âgé de 39 ans. — Son nom est sur la partie Ouest de l’arc de triomphe.
général de division, né le 7 octobre 1767,. entra dans un régiment de cavalerie au commencement de la Révolution, se fit remarquer, par sa conduite militaire, obtint tousses grades à l’armée, et reçut en l’an XII, les 19 frimaire et 25 prairial, les étoiles de membre et d’officier de la Légion-d’Honneur’ : il était alors colonel du 9’ cuirassiers et servait dans les Vosges.
Il combattit à Austerlitz, et en récompense de la bravoure et de l’intelligence dont il avait fait preuve dans cette journée, l’Empereur le nomma, le 4 nivôse an XIV, commandant de laLégion-d’Hon-neur.
Élevé au grade de général de brigade le 31 décembre 1806, il continua de servir avec beaucoup de distinction et fut
fait baron de l’Empire en 1808, et général de division le 30 novembre 1811. En 1812, il commanda à la grande armée de Russie la 5e division de cuirassiers, du corps du maréchal Saint-Cyr, laquelle eut à défendre, en octobre et en novembre, les deux rives de la Dwina du côté de Polotsk et le passage de la Bérésina.
Pendant les campagnes de 1813, en Saxe, et de 1814 en France, il signala maintes fois son courage, particulièrement devant Dresde et à Vauchamps.
Lors des événements politiques de 1814, il adhéra aux actes du Sénat, et Louis XVIII le fit chevalier de Saint-Louis (’l*’juin), inspecteur général pour les 9% 10e et 11e divisions militaires, et grand officier de la Légion-d’Honneur (17 janvier 1815).
Quand revint Napoléon, il le nomma, au mois d’avril, inspecteur général de la 1" division militaire et membre de la commission instituée pour l’examen des nominations faites depuis le mois de mars 1814. Il demeura sans emploi durant la seconde Restauration ; mais, après les journées Je Juillet, il fut accueilli par le gouvernement nouveau qui lui conféra le commandement de la 18° division militaire (Dijon).
Admis au traitPinent de retraite au mois de décembre 1832, Louis-Philippe lui conféra, le 4 mai suivant, la dignité de grand’eroix de la Légion-d’Hon-neur.
Mort en avril 1847. Son nom est inscrit sur la face Nord de l’arc de triomphe de l’Étoile.
maréchal de France, né à Reims, le 29 juin 176S, s’enrôla en 1792 dans un bataillon de volontaires nationaux, et fit, en qualité d’aide-de-camp du général Lefebvre les campagnes de 1793, 1794,
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1793 et 1796, aux armées de la Moselle et de Sambre-et-Meuse.
Il servit ensuite dans l’armée de Hanovre comme général de brigade, fui nommé général de division en 1803,-se signala à la bataille d’Iéna, à la prise de Halle (1806), à la bataille de Friedland où il fut blessé et où il se trouvait en qualité de chef d’état-major du corps d’armée du maréchal Lannes.
Il fût cette même année décoré du titre de grand officier de la. Légion-d’Honneur.
En 1809, il contribua puissamment à la soumission duTyrol.
De 1810 à 1814, il combattit en Espagne et en Portugal et y obtint de nombreux succès. Après la déroute de Yitto-ria, il devint l’un des lieutenants du maréchal Soult et se trouva aux batailles de l’Adour, d’Orthez et de Toulouse.
Sous la première Restauration, le général Drouet fut nommé chevalier de Saint-Louis, grand cordon de laLégion-d’Honneur et commandant de la 16e division militaire.
Il fut arrêté, le 13 mai 1815, comme complice de Lefebvre-Desnouettes qui avait formé le projet de rassembler toutes les forces qui se trouvaient dans le Nord de la France, pour tenter un coup de main sur Paris ; mais les événements qui suivirent le rendirent bientôt à la liberté et lui permirent de s’emparer de la citadelle de Lille.
Pendant les Cent-Jours, il fut nommé pair de France et reçut le commandement du 1er corps de l’armée du Nord. A la journée de Fleurus (-16 juin), il se promena toute la journée avec 20,000 hommes de Ligny aux Quatre-Bras, à cause des ordres opposés qu’il avait reçus de Napoléon et de Ney, et de la sorte ne put être d’aucune utilité ni à l’Empereur ni au maréchal. S’il eût pu donner contre l’ennemi sur l’un de ces deux points,
l’armée anglaise ou Tannée prussienne était écrasée. Le 18, à Waterloo, il fit des prodiges de valeur, et néanmoins, dit Napoléon, il s’y rendit inutile. « Si le soir il eût connu la position de Grou-chy et qu’il eût pu s’y jeter, il lui eût été possible, au jour, avec cette magnifique réserve, de rétablir îles affaires et peut-être même de détruire les alliés par un de ces prodiges, de ces retours de fortune qui lui étaient si familiers, et qui n’eussent surpris personne. Mais il n’avait nulle connaissance de Grouchy, et puis il n’était pas facile de se gouverner au milieu des débris de cette armée : -c’était un torrent hors de son lit, il entraînait. » (LAS CAZES.)
Après la capitulation de Paris, Drouet d’Erlon se rendit avec son corps d’armée au delà de la Loire. Compris dans l’ordonnance du 24 juillet, il fut assez heureux pour gagner la frontière et arriver à Bayreuth où il trouva un asile. Plus tard, il établit une brasserie dans les environs de Munich. Rentré en France plusieurs années après, il vécut dans la retraite jusqu’à la Révolution de 1830. Depuis, il a été pendant deux ans gouverneur général des possessions françaises dans le Nord de l’Afrique, puis commandant de la division militaire dont Nantes est le chef-lieu ; il était pair de France depuis le 19 novembre 1831.
Une ordonnance royale du 9 avril 1843 l’éleva à la dignité de maréchal de France.
Son nom est gravé sur le côté Est de l’arc de triomphe de l’Étoile.
né à Nancy, le 11 janvier 1774, de parents pauvres, son père était boulanger. Il termina ses études au collège de Nancy en 1792, entra le 1er juin 1793 à l’école d’artillerie en qualité d’élève sous-lieutenant, et un mois après fut nommé sous-lieutenant au 1er régiment d’artillerie ; il fit toutes les campagnes de la Révolution dans cette arme, notamment celle d’Égypte, et parvint au grade de colonel-major dans l’artillerie à pied de la garde impériale, grade qu’il occupait en 1809. Il fut nommé ensuite général de. brigade et aide-de-camp de l’Empereur, le 26 janvier 1813. En 1815 il suivit Napoléon à l’ile d’Elbe et en fut nommé gouverneur militaire et Ministre de la Guerre. Devenu, à son retour commandant général de la garde impériale, et après avoir fait des exploits à Waterloo, il fut compris ensuite dans l’ordonnance du 24 juillet 1815, traduit devant un Conseil de guerre et acquitté après avoir prononcé ces paroles : " Quand j’ai connu l’ordonnance du 24 juillet, je me suis rendu volontairement ; j’ai couru au-devant du jugement que je devais subir. Si je suis condamné par les hommes qui ne jugent les actions que sur les apparences, je serai absous par mon juge le plus implacable, ma conscience. Tant que la fidélité aux serments sera sacrée parmi les hommes, je serai justifié ; mais quoique je fasse le plus grand cas de leur opinion, je tiens encore plus à la paix de ma conscience. J’attends votre décision avec calme… »
Napoléon élevait au plus haut point les talents et les facultés du général Drouot. « Tout est problème dans la vie, disait-il ; ce n’est que par le connu qu’on peut arriver à l’inconnu. » Or il connaissait déjà comme certain dans Drouot tout ce qui pouvait en faire un grand général. Il le croyait supérieur à beaucoup de ses maréchaux. Il n’hésitait pas à le croire capable de commander cent mille hommes : « et peut-être ne s’en doutait-il pas, ajoutait-il, ce qui ne serait qu’une qualité de plus. » (LAS CASES.)
« Drouot vivrait aussi satisfait avec 40 sous par jour qu’avec le revenu d’un souverain. Plein de charité et de religion, sa probité et sa simplicité lui eussent fait honneur dans les plus beaux jours de la République romaine. » (O’MÉARA)
« 11 n’existait pas deux officiers dans le monde pareils à Mural pour la cavalerie et à Drouot pour l’artillerie. » (O’MÉARA.)
Entre mille actions d’éclat de Drouot il faut citer la grande part qu’il eut à la victoire de Lützen, où il commandait la fameuse artillerie légère de la garde, sa conduite à la bataille de Bautzen, où il fut nommé général de division, et l’affaire de Nangis, en 1814, où il franchit le déjilé de Vauclor sous le feu de 60 pièces d’artillerie. Ce fait d’armes, l’un des plus beaux de la campagne, suffirait pour l’immortaliser.
Drouot a refusé tout service et tout traitement, et il est rentré dans la vie privée. Son refus a été dicté par la crainte de se voir rappelé à l’activité et de se trouver, dans la prospérité, dans les honneurs, lorsque son bienfaiteur gémissait sur un rocher de l’Atlantique. En 1824 il accepta une pension de retraite qui lui fut offerte par le gouvernement en récompense de ses services. Il n’hésitait jamais à aider financièrement ses anciens soldats, allant même jusqu’à vendre les broderies de ses uniformes. En 1833, le duc d’Orléans (Louis-Philippe) lui avait offert la place de gouverneur des princes ses fils. Drouot avait cru devoir refuser.
Il avait commencé à écrire les mémoires de son temps, mais les infirmités, une cécité complète, interrompirent son travail. Ce brave général est mort à Nancy, le 24 mars 1847. Peu avant de mourir, il prononça ces simples paroles mais oh combien émouvantes : "Je vais rejoindre mon père, ma mère et mon Empereur"
Il avait été nommé légionnaire le 5 août 1804, officier de la Légion à Wagram, commandeur à la Moskowa, grand officier le 23 mars 1814 ; grand-croix le 18 octobre 1830 ; baron de l’Empire le 14 mars 1810 ; comte de l’Empire le 24 octobre 1813 ; pair de France par décret impérial le 2 juin 1815 ; pair de France par ordonnance royale le 19 novembre 1831.
Il était général de division depuis le 3 septembre 1813.
général de division. Né à Charle-ville en 1747, lieutenant des maréchaux de France ; député du tiers-état aux États-généraux ; membre de l’Assemblée constituante (comité militaire), membre de la Convention dont il fut président, il s’y fit remarquer par l’exaltation de ses opinions démocratiques ; dans le procès de Louis XVI il rejeta l’appel au peuple et vota pour la mort ; membre du Conseil des cinq-cents ; il avait présenté en 1791 un projet de constitution militaire et un rapport sur le recrutement où l’on trouve la première idée de la conscription ; il tit décréter que les hommes de couleur seraient libres en mettant le pied sur le sol français ; ce fut lui qui dirigea le. siège de Lyon, comme commissaire de la Convention.
Ministre de la guerre du 14 septembre 1799 au 10 novembre de la même année, il fit adopter plusieurs projets pour l’organisation générale de l’armée, l’embrigadement des troupes et la formation de l’infanterie légère.
Il se retira après le 18 brumaire qu’il combattit de toutes ses forces, quoiqu’il fût devenu un des plus fougueux réactionnaires.
Il est mort à Rethel, le 29 juin 1814, âgé de 67 ans.
frère de Dubois-Thainville, chargé d’affaires de la République française et commissaire général des relations commerciales à Alger, naquit le 27 novembre 1762 à Reux (Calvados).
Il s’enrôla volontairement, le 5 mars 1781, dans le régiment de Colonel-Général-Dragons (5e de l’armée en 1791), y devint brigadier dans la compagnie de Laurençon, le 17 mars 1784, et obtint son congé absolu le 3 mars 1789. Il reprit du service en 1792, et entra en T. I.
qualité de sbus-lieutenant, le 25 janvier, dans le 16e régiment de dragons.
Compris dans le détachement de 200 hommes que ce régiment envoya à Saint-Domingue, il partit le 12 juin suivant, et fut nommé lieutenant le 17 décembre.
Il fit dans cette colonie ou sur mer les campagnes de 1792 à l’an II, et obtint le grade de capitaine le 12 juin 1793.
Lors de la retraite de l’escadre de Saint-Domingue, les consuls français de New-York et de Baltimore firent connaître au ministre des relations extérieures la conduite pleine de sagesse et de fermeté que le capitaine Dubois avait tenue pour rétablir l’ordre et la discipline parmi les troupes embarquées sur l’escadre, et lui attribuèrent la plus grande part dans le succès des mesures prises à cet effet.
Rentré en France en l’an III, il servit en Vendée sous les ordres de Canclaux et de Hoche, et fit les campagnes des ans IV et V aux armées de Sambre- et-Meuse et du Rhin.
Pendant les ans VI et VII, il prit part aux guerres d’Italie et de Naples.
Le 19 frimaire an VII, à l’affaire d’O-tricolis (armée de Naples), il sauta dans un ravin avec son chef de brigade, un capitaine, un sous-lieutenant et un dragon, pour tâcher de- débusquer un bataillon ennemi qui, par son feu, inquiétait nos troupes. Démonté pendant l’action, il combattit à pied et fit une vingtaine de prisonniers qu’il ramena au quartier général à l’aide de quelques dragons.
Employé aux armées de Bâtavie et Gallo-Batave en l’an VIII et en l’an IX, il tint garnison dans la lre division militaire pendant les ans X et XI, et fut promu au grade de chef d’escadron dans le 3e régiment de dragons, le 10 vendémiaire an XII.
Il reçut le 2o prairial la décoration de Î9
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la Légion-d’Honneur, et fit de l’an XIV à 1807 avec la réserve de cavalerie de la grande armée les campagnes d’Autriche, de Prusse et de Pologne ; il passa major, le 24 septembre 1806, dans le 5° régiment de dragons.
Le 4 février 1807, à la tête de la compagnie d’élite, il alla reconnaître une colonne d’infanterie russe qui filait dans un ravin ; ayant atteint son arrière-garde, il la chargea avec vigueur, la culbuta et lui fit des prisonniers.
L’audace et l’intrépidité dont il fit preuve dans cette rencontre excitèrent Vadmiration de toute l’armée, et lui valurent les éloges les plus flatteurs du prince Murât.
Nommé colonel du 7° régiment de cuirassiers, le 25 juin -1807, et baron de l’Empire, le 17 mars 1808, il fit la campagne de 1809 en Allemagne, se distingua, le 22 mai, à Essling ; et ie 6 juillet suivant à Wagram, il chargea un carré d’infanterie ennemie à la tête d’un peloton du 7e cuirassiers. Officier de la Légion-d’Honneur, le 8 octobre 1811, il se couvrit de gloire pendant la campagne de Russie, et reçut, le 7 février 1813, le grade de général de brigade.
Appelé en cette’ qualité au commandement du dépôt général de cavalerie de Brunswick le 1er avril suivant, il fut mis en non activité le 1er septembre 1814, et nommé chevalier de Saint-Louis, le 21 janvier 1815.
Rappelé à l’activité au retour de l’île d’Elbe, il commanda une brigade de cavalerie à la bataille du mont SaintrJean, où il fut blessé d’un coup de sabre, en soutenant la retraite.
Admis à la retraite, le 6 octobre, il se retira à Villeneuve-sur-Yonne, et y vécut loin des affaires publiques.
A la révolution de Juillet 1830 il prit provisoirement le commandement de la
18" division militaire, et fut le 11 dumois d’août chargé de celui de la 2e subdivision de cette division.
Commandeur de la Légion-d’Honneur, le 20avril 1831, ilfut admis à la retraite, le 1e* mai 1832, et se retira à Sens.
général d’artillerie, né à Grenoble le 1er avril 1749. Il entra dans l’artillerie en 1763. Il était chef de brigade le 1er novembre 1784, et deux ans plus tard sous-directeur, à Brest, de l’artillerie de marine.
Maréchal de camp et inspecteur général de son arme le 1er juillet 1792, ministre de la marine après le renvoi deRoland, puis ministre des affaires étrangères.
Destitué le 10 août comme antirévolutionnaire. 11 conseillait à Louis XVI la résistance ; ce prince préféra se retirer au sein de l’Assemblée.
Le vicomte Dubouchage l’y accompagna donnant le bras à la Reine et tenant MADAME.par la main.
Le 13 août il quitta Paris, mais il n’é-migra point. Il fut arrêté quelques jours en 1805, comme soupçonné d’avoir des intelligences avec Londres.
Nommé commandeur de Saint-Louis en 1814, il resta inactif en apparence pendant les Cent-Jours.
Ministre de la marine le 27 septembre 1815, il déplaça de bons officiers pour en nommer d’incapables : tel était le commandant de la Méduse.
Il eut l’idée heureuse de créer une École de marine, mais il la plaça à An-goulême ; il rétablit la caisse des Invalides. ■
Il se montra contraire à l’ordonnance du 5 septembre, et, par suite de cette opposition, dut remettre son portefeuille au comte Mole, le 22 juin 1817.
Il fut nommé pair de France, ministre d’État avec 20,000 francs de traitement.
Il mourut le 12 avril 1821.
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baron de Fregoze, naquit le 25 octobre 1763 à Montauban (Tam-et-Garonne). Cadet-gentilhomme dans le régiment de Vermandois-Infanterie (62e) le 10 mars 1778, sous-lieutenant le 3 octobre 1779, et lieutenant le 11 janvier 1788, adjudant-major, capitaine adjoint aux adjudants-généraux, adjudant-général lieutenant-colonel et adjudant-général colonelles 7 et 12 février, 11 mai, 1" août et 1" septembre 1792 ; on le suspendit de ses fonctions le 1" juin 1793, comme appartenant à la noblesse.
Remis en activité le 14 juillet delà même année, il obtint, le 25 brumaire an II, le grade de général de brigade provisoire à l’armée des Pyrénées-Orientales. Il était employé à Toulouse pour surveiller les établissements militaires, lorsque, sur de fausses dénonciations, les représentants du peuple Milhaud et Sou-brany prononcèrent, le 4 ventôse suivant, sa. destitution et sa réclusion jusqu’à la paix. Toutefois, les démarches faites en sa faveur changèrent cette destitution en une simple suspension ; on lui laissa la liberté. Un rapport de la commission du Comité de salut public, du 25 fructidor an II, prononça la levée de cette suspension, et, le 28 thermidor an V, il fut réintégré dans le grade d’adjudant-général chef de brigade, et admis à jouir en cette qualité du traitement d’officier réformé, en attendant qu’il y eût possibilité de l’employer.
Nommé sous-inspecteur aux revues dans la 10° division militaire (Toulouse) le 9 ventôse an VIII, et inspecteur le 26 vendémiaire an IX, il reçut le 4 germinal an XII la décoration de la Légion-d’Honneur.
Le Ier septembre 1806, le ministre l’appela comme chef de division à la direction générale des revues ; il lui confia, le 23 novembre 1807, une mission spé-
ciale à Corfou, et le 6 octobre 1809 une mission extraordinaire à Naples.
Il était rentré au ministère de la guerre, le 15 janvier 1810, en qualité de chef de la division de l’habillement, et avait été créé baron de l’Empire le 3 mai suivant, sous le nom de Fregoze.
Inspecteur aux revues dans la lrc division militaire le 28 septembre 1814, LouisXVlll le nomma chevalier de Saint-Louis le 17’janvier 1815, et ordonna son admission à la retraite le 9 décembre de la même année.
né à Ploërmel, en Bretagne, le 18 janvier 1773, entra au service à 16 ans, dans le bataillon auxiliaire des colonies, le 1" mars 1790 ; lieutenant des gardes-côtes, puis sous-lieutenant et lieutenant au 78e régiment d’infanterie en 1791, il était adjudant-major en 1793, et deux ans après capitaine de grenadiers dans la 143e demi-brigade.
Il fît les campagnes de 1792 à 1796 aux armées du Nord et de la Vendée, passa dans la 52e demi-brigade et fit toutes les campagnes jusqu’en 1800.
Chef de bataillon au 11e léger, après le passage du Mincio, en 1801, il fit la campagne de Saint-Domingue et y fut nommé colonel en 1803. A l’évacuation de cette île, où il s’était distingué, il fut fait prisonnier par les Anglais, mais il parvint à rentrer en France et y prit le. commandement du 5eléger. Il continua à se faire remarquer en Hollande et en Allemagne et fut nommé général de brigade, le 6 août 1811, puis envoyé en Espagne où il e ut le commandement delà province de Santander. Il y soutint avec honneur plusieurs combats contre les Espagnols et les Anglais, évacua cette province, après, la bataille de Salamanque, et commanda une brigade d’infanterie dans la vieille Castille.
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En -1812, les Français ayant évacué Valladolid, se retirèrent sur Burgos, devant les forces trop nombreuses de Wellington. Le général Souham, commandant en chef, à la place de Clausel qui avait été blessé à la bataille des Arapyles, avait laissé dans le château de Burgos une garnison de 1,800 hommes, sous les ordres du général Dubreton. Burgos, construit sur une colline oblongue, présentait un poste fortifié, couvrant le seul dépôt de munitions et de vivres qui restait à l’armée de Portugal. Convaincu de l’importance de ce château, Wellington avait résolu d’en faire le siège. L’armée française s’étant mise en marche le 18 septembre pour continuer sa retraite, et l’ennemi ayant suivi ce mouvement, la ville et le château furent bientôt enveloppés, et la ville occupée en partie.
Le 19, les Anglo-Portugais s’approchant à la faveur des escarpements que l’artillerie ne pouvait apercevoir, refoulèrent tous les postes sur l’ouvrage à cornes et enlevèrent les redans que les ingénieurs français avaient commencés. Us purent ainsi s’établir sur les travaux avancés, non encore terminés et restèrent en position à portée de pistolet.
Pendant la nuit, Wellington voulant s’emparer de l’ouvrage dit Saint-Michel, qui était en mauvais état et peu susceptible d’être défendu, rassembla ses colonnes et à la faveur du terrain les dirigea sur ce point. Un bataillon de ligne défendit vigoureusement son poste contre l’attaque de ■& bataillons anglais ; mais forcé de céder au nombre, il dut, pour se retirer dans le château, se faire jour à la baïonnette à travers les ennemis. Il perdit 142- hommes et les assiégeants 420.
Le château n’étant pas assez vaste pour contenir tous ses défenseurs, le général Dubreton avait fait camper sa garnison
entouraient la colline. Les assiégeants munis d’échelles, se présentèrent en force dans la nuit de 22 au 23, pour emporter le camp retranché. Ils avaient marché sur deux colonnes, l’une du côté de la ville, et la seconde sur le pont du chemin de Saint-Amler. Cette dernière donna l’assaut avec une grande vigueur, mais elle fut reçue très-résolûment par 5 compagnies du bataillon qui avait défendu l’ouvrage de Saint-Michel. Les assaillants furent culbutés et mis en fuite, tant par la fusillade que par des obus chargés que l’on allumait à la main et que l’on jetait ensuite dans le fossé.
La colonne qui attaqua du côté de la ville n’eut pas,plus de succès ; elle ne put parvenir à descendre la contrescarpe. Cette attaque infructueuse avait coûté beaucoup de monde à l’ennemi. Des cadavres encombraient les fossés pêle-mêle avec les échelles apportées pour l’escalade.
Les Anglo-Portugais employèrent alors la sape et la mine ; mais la garnison faisant pleuvoir des grenades et des combustibles de toute espèce, les empêcha de continuer leur travail. Le 29, à une heure du matin, les assiégeants mirent le feu aux fourneaux établis sous le terre-plein du camp, près du magasin à poudre ; mais les poudres ayant été placées trop bas dans les fourneaux, la brèche ne fut pas praticable, et un feu très-meurtrier accueillit la colonne qui se présenta pour donner l’assaut. Dans le même moment échoua également l’attaque d’une autre colonne sur un autre point.
Bientôt après, les assaillants tentèrent de faire une brèche dans la muraille avec 3 pièces de gros calibre ; mais ces pièces furent aussitôt démontées par le feu des assiégés. Le 4 octobre, l’ennemi fit sauler la DUB ( rible explosion eut lieu ; les Portugais s’élancèrent à la nouvelle brèche, tandis que celle qui avait été ouverte le 29 était envahie par une colonne de grenadiers anglais. Malgré le feu à bout portant que les assiégés dirigeaient sur ces deux ouvertures, ils furent forcés de se retirer, et le camp retranché tomba au pouvoir de l’ennemi.
Le général Dubreton ordonne le lendemain une sortie. Deux compagnies de voltigeurs et un détachement de pionniers marchèrent résolument à l’ennemi, le chargèrent à la baïonnette, reprirent la plus grande partie du camp retranché, s’y maintinrent jusqu’à ce que les pionniers eussent complètement détruit les travaux commencés par les assiégeants, et se retirèrent ensuite emportant les gabions et les outils abandonnés par les tirailleurs.
Les Anglo-Portugais ne tardèrent pas à rentrer dans le camp retranché ; ils poussèrent leurs travaux jusqu’à près de 5 toises de la ligne française et perdirent beaucoup de monde à la construction de cet ouvrage. Cependant, l’ennemi continuait ses travaux sourterrains sur les autres points, le général Dubreton ordonna une nousrelle sortie dans la nuit du 7 au 8 octobre, 3 compagnies de grenadiers, 2 sections de voltigeurs et un détachement de pionniers et de tirailleurs s’avancèrent avec rapidité, passèrent à la baïonnette tout ce qui se trouva dans les ouvrages, à l’exception de 6 officiers et de 36 soldats anglais qui furent faits prisonniers, puis ils se retirèrent en bon ordre.
Le lendemain, les assiégés se rétablirent derrière les parapets retournés du camp retranché, et dirigèrent sur la place un feu terrible. Bientôt la brèche fut praticable.
Le 18, huit bataillons divisés en trois colonnes furent réunis dans les tranchées
53 ) DUB pour donner l’assaut. A quatre heures, une mine fit explosion et détruisit tout le mur crénelé qui défendait le poste de San-Romano. Les trois colonnes ennemies profitèrent de ce moment pour s’élancer. Le poste français qui gardait San-Romano mit le feu en se retirant à une fougasse pratiquée sous la chapelle de San-Romano. L’édifice tout entier s’écroula et 2 bataillons anglais furent complètement anéantis. L’explosion, jointe au feu de la demi-lune qui prenait en flanc la colonne d’attaque, causa aux ennemis une si grande perte qu’ils se retirèrent dans le plus grand désordre. Pareil échec fut éprouvé par la seconde colonne. L’ennemi ne réussit d’abord que dans l’attaque de la brèche du côté de Saint-Michel, où il avait placé ses meilleures troupes. Là les assaillants emportèrent la brèche et la seconde enceinte, quelques-uns pénétrèrent même dans le corps de la place. Bientôt la chance tourna : Le général Dubreton, ralliant sa garnison, chargea l’ennemi établi dans la troisième ligne et le chassa aux cris de vive. l’Empereur !
La garnison fit les 19,20 et 21 de nouvelles sorties où elle eut toujours l’avantage. Le 22, les Anglo-Portugais firent sauterie magasin à poudre qu’ils avaient établi sur les hauteurs de Saint-Michel. La fusillade ayant cessé presqu’en même temps, les Français s’aperçurent que l’ennemi était en pleine retraite ; en’effet, le même jour Burgos vit entrer dans ses murs l’avant-garde de l’armée française.
Le siège de Burgos avait duré 35 jours, et l’intrépidité du général Dubreton et de sa garnison avait fait échouer tous les efforts de l’ennemi, qui y avait perdu près de 2,500 hommes. Les Français eurent 600 hommes hors de combat.
Ce beau fait d’armes fut mis à l’ordre du jour de l’armée. Après le rapport circonstancié qui en fut fait au ministre de
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la guerre, l’Empereur nomma M. Du-breton général de division le 23 décembre 1812.
En 1813, le général Dubreton se distingua de la manière la plus éclatante à la bataille de Hanau. Après la première Restauration, il fut nommé chevalier de Saint-Louis et commandant supérieur de Valenciennes.
Le 28 mars 1815, il remit cette place au colonel Marbot, envoyé par l’Empereur.
Après la seconde Restauration,, le roi créa le général Dubreton commandeur de Saint-Louis et lui confia la 5e division (Strasbourg), puis en 1817 la 13e.
Le 5 mars 1819, il fut créé pair.
né à Grenoble, le 11 mai 1780, de parents riches. Entré à l’École polytechnique le lCl décembre 1796, il fut nommé officier d’artillerie le 13 mars 1798 ; mais un certificat de civisme, qui lui fut refusé, sans doute à cause de l’opinion de ses parents, le priva du grade qu’il avait mérité et le força a sortir de l’école. Il concourut alors pour une place de lieutenant en second dans l’artillerie de la marine’, et fut reçu le 2 juillet 1798. 11 fit eu cette qualité une campagne sur mer, fut fait prisonnier, envoyé à Port-Mahon, et parvint à s’évader en octobre 1801. Il fut plus tard envoyé à l’École d’application de Chàlons d’où il passa au camp de Boulogne, et plus tard à l’armée de Na-ples. Il fit la campagne d’Austerlitz sous Masséna.
En 1807, il fut envoyé à l’École d’é-quitation de Versailles, qu’il quitta le 21 juillet 1808, pour être attaché à la maison militaire de Napoléon, en qualité d’officier d’ordonnance avec le grade de capitaine. Il fit avec l’Empereur la campagne de Galice, assista aux premiers travaux du siège de Saragosse, et eut
occasion, devant Madrid, de sauver la vie au duc de Saint-Simon, émigré français, pris les armes à la main dans la ville, et condamné à mort par le conseil de guerre.
Le capitaine Duchand nommé chef d’escadron le 16 janvier 1809, passa dans le corps d’armée du général Sébas-tiani, assista aux batailles de Talavéra, d’Almonacid, fut fait légionnaire et passa, en 1810, au 8e corps (armée d’Aragon), sous les ordres de Suchet, et prit part à tous les sièges qui ont porté si haut la gloire, de cette armée. Il se distingua surtout au siège de Lérida et au siège de Tortose, où il commanda son arme à l’attaque de gauche, en janvier 1811. A peine guéri des blessures reçues au siège de Valence, le 30 novembre 1811, il allait rejoindre la grande armée en Russie ; il en rencontra les débris sur l’Oder.
Il combattit àBautzen (1813), sous les ordres de Ney, et passa au 12" corps, commandé par Oudinot, en qualité de chef d’état-major d’artillerie. Il rendit des services importants, fut créé officier de la Légion-d’Honneur le 8 juillet, major le 17 août et baron de l’Empire le •19 novembre.
A Leipzig, il soutint avec 12 bouches à feu, en avant de cette ville, l’effort de 25,000 hommes, soutenus par 30 pièces de canon, qui voulaient s’emparer du pont. Il fut autorisé à prendre le nom du terrain sur lequel il avait combattu, et s’appela dès lors le baron Duchand de Sancey.
Encore souffrant de sa blessure, il prit peu de part à la campagne de France. Louis XVIII le nomma, en 1814, lieutenant-colonel du &" régiment d’artillerie à cheval.
Il était à Valence en 1815, lors du débarquement de Napoléon ; aussitôt il alla le rejoindre à Grenoble et l’accompagna jusqu’à Paris.
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M. Duchand fît la campagne de Waterloo en qualité de colonel-major de l’artillerie achevai de la garde impériale. Son régiment se couvrit de gloire ; le COT lonel Duchand se précipita avec six bouches à feu sur un carré écossais, l’aborda à portée de pistolet avec tant de promptitude, que Napoléon, témoin de ce fait, dit avec un intérêt mêlé d’émotion : Ne dirait-on pas que Duchand déserte ?
Lorsque l’armée fut retirée derrière la Loire et eut reçu l’ordre de prendre la cocarde blanche, le colonel Duchand donna sa démission, qu’on s’empressa.d’accepter ; car il était considéré alors comme un homme hardi et dangereux. . BieDtôt il se vit persécuté, emprisonné, puis forcé de s’exiler. Chassé de l’Italie et de la Bavière, la Bavière lui offrit en fin un asile. Rentré en France en 4817, il fut de. nouveau emprisonné sans molif pendant trois mois.
Le 4 septembre 1830, il fut promu au grade de général de brigade, reçut peu après la croix de commandeur, le 11 juin 1831, et la direction de l’École d’artillerie de Metz. Il dirigea ensuite l’École de Vincennes, siégea au comité d’artillerie à dater de 1836, et obtint le grade de lieutenant-général le H mars 184’0.
Cette nomination sembla au moins prématurée à quelques officiers généraux qui en firent l’observation au duc d’Orléans ; mais’le prince leur répondit : a Duchand n’est point un courtisan, cela est vrai, mais on le trouve toutes lesfois qu’on a besoin de lui. »
Le général Duchand, qui remplissait chaque année les importantes fonctions d’inspecteur, reçut la croix de grand officier de la Légion-d’Honneur le 21 mai 1843, et se trouva investi, le 25 février 1848, par le commissaire provisoire de la guerre, du commandement de la forteresse de Vincennes., qu’il a gardé jusqu’au moment de son admis-
sion à la retraite, prononcée par l’arrêté du 17 avril 1848.
Il est mort à Paris le 5 janvier 1849, à l’âge de 69 ans. On a de lui plusieurs écrits remarquables sur l’artillerie, notamment des Observations sur la nécessité de changer le but en blanc des canons de siège, qui ont été publiés dans le Spectateur militaire de 1843.
né à Saumur (Maine-et-Loire), le 2 mars 1772.. Son père était président de l’élection de cette ville.
Il suivait un cours de droit à l’université d’Angers lorsque la Révolution éclata.
Il s’enrôla alors comme volontaire dans le 1*’ bataillon de Maine-et-Loire en septembre 1791. Il fit les campagnes de 92 et 93, combattit au camp de la Lune, à Valmy et à Jemmapes.
Vers la fin de 1793, il entra dans le 7e régiment de chasseurs à cheval et fut bientôt nommé capitaine par le représentant du peuple Cara. Il fit alors les campagnes de la Vendée. Il suivit le premier Consul en Italie comme capitaine au 12e régiment de hussards. Chef d’escadron sur le champ de bataille de Montébello, ilse fit remarquer à Marengo, au passage du Mincioet.fit partieducorps d’occupation des Abruzzes.
Plus tard il fit les campagnes d’Ulm, d’Austerlitz et d’Iéna, comme chef d’escadron au 12ede dragons, passa comme major au 19e et fut chef d’état-major des gouvernements de Valladolid • et de Sa-lamanque.
Colonel du 21e de chasseurs en 1810, il commanda pendant trois ans ce brave régiment et se signala à Vittoria et à Toulouse.
En 1814, son régiment fut incorporé dans le S" chasseurs, qu’il commanda jusqu’à son licenciement, le i°’ janvier
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1816. Il obtint sa retraite le 15 septembre 1821.
Le 12 août 1830, M. Duchastel fut rappelé au service comme colonel du 6e chasseurs. Le 2 avril 1831, il fut nommé maréchal-de-camp et mis à la retraite en 1834, après avoir commandé successivement dans les départements de la Somme, de la Haute-Saône et de l’Oise, puis enfin une brigade de la division de cavalerie de réserve de l’armée du Nord. Il avait alors 62 ans.
Le général Duchastel avait été décoré au camp de Boulogne. L’Empereur l’avait nommé successivement officier de là Lé-gion-d’Honneur et baron de l’Empire. Le roi Louis-Philippe le fit grand officier.
né à Saint-Seine en 1758, entra volontairement dans le régiment de Nivernais, et partit dans les premiers jours de la Révolution à.la tête d’un bataillon de la Charente. Se trouvant dans Verdun en 92, au moment où les Prussiens s’en emparèrent, il fut au nombre des officiers qui refusèrent de signer la capitulation.
Il coopéra à la prise de Namur, fut blessé à Nerwinde, et fit la. guerre de Vendée en qualité de général de brigade.
En 94, il se distingua à la défense du pont de Huningue, et aux actions que livra l’aile droite de l’armée. Après le passage du Rhin près de Strasbourg, ce fut lui qui vint complimenter à Bâle le général.Bonaparte qui se rendait, en 98, à Rastadt.
En 1799, il ouvrit la campagne sous les ordres de Bernadotte, et se jeta dans Mayence menacée par le prince Charles. A l’armée de Hollande, il contribua à repousser les Anglais et les Russes. Placé dans le parti démocratique du Conseil des cinq - cents, le général Du-
four fut porté sur la liste des candidats destinés à remplacer les directeurs Merlin, la Réveillère et Treilhard, renversés au 30 prairial.
Depuis le 18 brumaire, il ne.fut plus employé que dans l’intérieur. Il commandait à Nantes en 1809, lorsque Napoléon cessa de l’employer. Le républicain Dufour s’était souvent montré hostile au gouvernement impérial.
Retiré à Bordeaux, il offrit ses services à Napoléon à son retour de l’île d’Elbe. Il fut représentant de la Gironde à la chambre desCent-Jours, et parut au Champ de Mai comme commandant des gardes nationales de ce département.
Après le second retour des Bourbons, le général Dufour fut arrêté, conduit à l’Abbaye, et détenu jusque vers la fin de 1816.
Il mourut à Bordeaux en 1820.
naquit à la Basse-Terre (Guadeloupe) en 1736, et entra au service à l’âge de 13 ans ; il y obtint quelque avancement et mérita la croix de Saint-Louis.
Commandant général des gardes nationales de la Martinique à l’époque de la Révolution.
Arrivé en France en 1792, il fut employé comme général de brigade à l’armée d’Italie où il obtint le grade de général de division. Chargé du siège de Toulon vers la fin de 1793, il dirigea ce siège, après le rappel du général Carteaux, avec beaucoup d’habileté et de vigueur. Il passa bientôt après au commandement de l’armée des Pyrénées-Orientales, et fut tué près de Saint-Sébastien par un éclat d’obus, le 17 novembre 1794.
Voici en quels termes le duc de Bellune a raconté cette mort glorieuse :
« Du côté de la France, la montagne Noire s’élève presque à-pic ; sa pente va se perdre, à droite, dans le ruisseau de Darnuys, à gauche dans l’Obregal.
« Le comte de La Union, général en chef des troupes espagnoles, avait garni de retranchements toutes les hauteurs à la gauche de Darnuys et sous la montagne ; pas une éminence qui n’eut sa batterie. « La mauvaise saison approchait. La Union paraissait décidé à la passer derrière ses 80 "et quelques redoutes ; mais Dugommier, lui, avait résolu de se rendre maître de toutes ces positions formidables. Son plan était arrêté, et l’exécution en fut fixée au 27 novembre 1794.
« Pour mieux suivre les chances du combat, Dugommier s’était rendu à quatre heures du matin sur la montagne Noire, au centre de la ligne de bataille, avec le représentant Delbrel et tout son état-major.
« Dès que le jour permit de distinguer les objets, une pareille affluence de monde sur ce point fit présumer à l’ennemi que le général en chef s’y trouvait, et il y dirigea bombes et obus avec acharnement.
« L’action était engagée ; les opérations prescrites s’exécutaient avec précision et rapidité : Dugommier le vit et alla s’établir, pour déjeuner, au pied d’un mur en pierre sèche, qui formait une espèce de petit enclos, sur le sommet de la montagne ; près de lui se tenaient plusieurs de ses officiers, et le nègre Pa-toche son domestique, ou plutôt son ami le plus dévoué et le compagnon le plus fidèle de tous ses périls. Le représentant Delbrel était à cinquante pas de là dans une batterie d’où nous faisions feu sur le Castillet.
« Dugommier, tout en prenant de bon appétit son repas du matin, observait avec attention les mouvements de ses troupes et ceux de l’ennemi. Tout à coup, il lui semble que l’attaque de sa gauche se ralentit. Il se lève…, en ce moment un obus, parti des redoutes de Pasamilens, passe en sifflant au-dessus de notre batterie, et rase le mur du petit enclos. Dugommier tombe ; on accourt, on le soulève, on l’examine. Il avait trois côtes brisées et l’épaule droite emportée. Il n’était plus, le vaillant capitaine, le vertueux citoyen, le père de l’officier et du soldat.
« Le représentant Delbrel fit transporter à Bellegarde le corps du nouveau Turenne, et il fut enseveli dans la citadelle qu’il avait rendue à la France.
« Le brave Dugommier prit le commandement du siège de Toulon le 20 novembre. Il avait quarante ans de service. C’était un des riches colons de la Martinique, officier retiré. Au moment de la Révolution, il se mit à la tête des patriotes et défendit la ville de Saint-Pierre. Chassé de l’île par les Anglais, il perdit tous ses biens.
« Il avait toutes les qualités d’un vieux militaire ; extrêmement irave de sa personne, il aimait les braves et en était aimé. 11 était bon, quoique vif, très-actif, juste, avait le coup d’œil militaire, du sang-froid et de l’opiniâtreté dans le combat. » {Mémorial de Sainte-Hélène.)
né le 7 juillet 1766 à Bourgneuf (Saône-et-Loire), commandant de la garde nationale de son canton jusqu’en 1791, époque à laquelle il entra, comme capitaine, dans le second bataillon de Saône-et-Loire. Cette même année il équipa 200 hommes à ses frais, et Du-mouriez lui confia le commandement de ce bataillon.
Il commandait la place de Ruremonde pendant que l’armée traversait la Meuse ; assura les communications avec la Hol-
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lande en conservant le poste deHerstadt, et à la suite de la bataille de Nerwinde brûla un pont, sur la Hoo, en présence d’une colonne ennemie. Le 6juillet 1793, au combat du bois de Villeneuve, les grenadiers français se découragèrent et abandonnèrent leurs rangs. Duhesme, blessé de deux coups de feu, mit un genou en terre pour se soutenir, présenta la pointe de son sabre aux fuyards, et parvint à rétablir l’ordre et à obtenir quelques avantages sur l’ennemi. Ce trait -de courage lui valut le grade de général de brigade.
Lorsqu’il fut guéri de ses blessures, il fut placé à la tête de l’avant-garde et ■s’empara de la Capelle où il se maintint. A la journée de Grandjean, il ramena au combat les troupes qui se repliaient en désordre, et, malgré la blessure qu’il reçut en marchant à leur tête, il continua de commander la colonne qui protégeait la retraite. Le 6 prairial, les troupes se portaient sur Charleroi, et Duhesme, à la tête de sa brigade, débouchait d’un bois dans une plaine battue par la mitraille et défendue par une forte ligne de cavalerie, lorsque, apercevant quelque hésitation dans les rangs de ses grenadiers, il descendit de cheval, et, saisissant le fusil d’un soldat, se mit en ligne avec un des pelotons les plus opposés, et chargeant à la baïonnette, força l’ennemi à battre en retraite.
A l’attaque du pont de Marchiennes, dont l’abord était défendu par une nombreuse artillerie, il employa des espèces de matelas roulants qui permirent aux canonniers de faire avancer leurs pièces, et, malgré le feu de l’ennemi, il détruisit leurs retranchements. Il effectua alors le passage de vive force.
La veille de la bataille de Fleurus, il commanda une manœuvre qu’exécuta le colonel Bernadotte et à laquelle on dut la défaite de l’aile droite des Autrichiens.
Placé au centre de l’armée il contribua plus directement à cette victoire.
Il commanda le corps chargé de l’investissement de Maëstricht, en l’absence de Kléber, repoussa l’ennemi dans cinq sorties, et fut nommé général de division, le 8 novembre 1794. Il fit la guerre de la Vendée sous les ordres de Hoche, passa à l’armée du Rhin sous les ordres dePi-chegru, se distingua partout, principalement à la défense de Kehl, àBiberach, à Schussenvied. Dans la campagne de l’an V, à l’armée de Rhin-et-Moselle, sous les ordres de Moreau, il eut la main droite percée d’une balle à l’affaire de Dier-sheim, au moment où, précédant ses soldats, il battit la charge sur un tambour avec le pommeau de son épée. En 1798, il fut chargé d’aller offrir au gouvernement les drapeaux conquis par nos armes..
Il commandait l’aile gauche de Cham-pionnet lorsqu’il s’empara de Cerrita del ïronto, de Pescara ; il contribua puissamment à la prise de Naples, et fut chargé, par Championnet, du commandement militaire de la Pouille et des Ca-labres : il y battit un parti de 12,000 hommes et se rendit maître des villes insurgées.
Duhesme partagea ensuite la disgrâce de Championnet ; mais bientôt après il reçut le commandement des Alpes, puis, au printemps de 1800, il passa à l’armée de réserve organisée à Dijon.
Le 3 décembre, il commandait l’aile gauche de l’armée d’Augereau, et contribua aux succès de Burg, d’Éberach, de Bamberg, etc. ; il passa ensuite au commandement de la 19" division.
En 1806, il fit partie de l’armée chargée de la conquête du royaume de Naples. Il fit paraître à cette époque un Précis historiquede l’infanterie légère, etc. ouvrage très-eslimé, réimprimé en 1814.
Il quitta en 1808 l’armée de Masséna
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pour aller prendre un commandement en Espagne, et-y rendit de grands services en -1810 ; il quitta le commandement de la Catalogne et rentra en France, où il tomba dans la disgrâce de l’Empereur par suite de dénonciations relatives à son administration en Espagne.
En 1814, il commandait une division dans le corps d’armée du ducdeBellune, et un décret de Napoléon lui accorda le titre de Comte.
Le 1er février, sa division fut presque entièrement prise au combat de la Rothière. Cet échec fut bientôt réparé ; il se couvrit de gloire à Montereau. Le 1" juin, Louis XVIII le nomma inspecteur général d’infanterie, puis après chevalier de Saint-Louis.
A son retour de l’île d’Elbe, Napoléon le créa Pair, et lui donna le commandement de la jeune Garde. Il combattit héroïquement à la tête de cette troupe d’élite le 18 juin -1813, à la journée de Waterloo, y fut blessé morlelle-ment, se retira dans une maison de Ge-nappe où il expira.
Son nom est gravé sur l’arc de l’Étoile, côté Sud.
né à Laon, le 9 décembre ■176-1, d’une famille distinguée, entra dans l’artillerie en 1780, comme élève, il était capitaine en 1788, commandant l’artillerie du camp de Paris, lors de l’invasion des Prussiens ; se distingua dans la guerre de la Vendée et fut reçu colonel en 1793, puis général de brigade en 1794 ; il présenta à la Convention la capitulation de Niewport dans la fameuse séance du 8 thermidor an III, et fut employé à la direction du mouvement des armées par le Comité de salut public ; fut chef d’artillerie aux armées du Nord, de Sambre-et-Meuse et de l’Ouest, défendit Tortone en Italie el eut le coin-
mandement de Gênes et de la Ligurie.
Il organisa en 1808 l’école d’artillerie de Metz ; général de division en -1803 à l’armée de Hanovre, il revint commander l’artil}erie en Italie, dans le royaume de Naples.
Il passa au 4e corps de la grande armée en 1806, se distingua à Eylau, à Heilsberg, àFriedland en 1807, el reçut la croix de grand officier. Créé Comte de l’Empire en 1808 et envoyé en Espagne, il eut une grande part aux combats qu’y livra le 2e Corps. Détaché en Hollande lors de l’invasion anglaise, il revint à la grande.armée et fit les campa^ gnes de 1811 et de 1812.Nommé colonel commandant de l’artillerie de la Garde impériale, grand cordon de l’ordre de la Réunion, il se couvrit de gloire à Lutzen, où, à l’exemple de Travot, il contint et chargea toute la ligne ennemie avec l’artillerie légère, à Bautzen où il attaqua le centre de l’armée ennemie avec les réserves de l’artillerie de la garde, enfin aux batailles de Dresde et de Leipzig.
Conseiller d’État le 5 décembre 1813 et chambellan de Napoléon le 7.
Louis XVIII utilisa les talents du général Dulauloy dans lés inspections générales d’artillerie et lui donna le grand cordon.
Dans les Cent-Jours ; Napoléon le créa Pair et gouverneur de Lyon.
Il fut mis à la retraite à la seconde Restauration.
Le comte Dulauloy est un de nos généraux les plus distingués ; il était très-sincèrement attaché à Napoléon.
né en 1780 à Rosnay (Aube), était simple lieutenant de hussards au siège d’Ancône (janvier 1798), où sa belle conduite le fit citer avec éloges.
Plus tard commandant de la place de Pt’saro, il déploya tant de prudence et
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de fermeté, qu’après la capitulation qu’il avait été obligé de conclure avec les Anglais, Bonaparte le combla publiquement d’éloges.
Il fit, avec la même distinction, les campagnes suivantes, assista aux batailles de Marengo et d’Austerlitz ; il fut promu, en 1813, au grade de général de brigade.
Créé, par le roi, grand officier de la Légion-d’Honneur, puis lieutenant-général, il n’accepta pas d’emploi pendant les Cent-Jours, et devint, au second retour de Louis XVIll, lieutenant commandant de la compagnie des gardes dite écossaise.
Il prit, en 1823, le commandement de la’17e division militaire (Baslia) ; fut nommé en 1823 grand-croix de Saint-Louis, et plus tard gentilhomme de la chambre.
Le comte Dulong mourut à Paris le 19 mai 1828.
Vice-Amiral, né à Granville (Manche), le 2 août 1770, entra dans la marine en 1787 comme élève de port, et servit en Amérique jusqu’en 1790. Nommé sous-lieutenant de port, il monta les frégates la Pomone et la Néréide, fît une campagne à la côte d’Afrique, passa sur la flûte le Dromadaire, en qualité d’enseigne, et partit pour Cayenne. Lieutenant en 1790 et adjoint à l’état-major de l’amiral Martin, il prit part, sur le Sans-Culot le, au combat que cet amiral livra aux Anglais sur l’Océan. En l’an lit, il obtint le grade de capitaine de vaisseau et le commandement du Benvick, fit partie de la division du contre-amiral Richery qui s’empara d’un grand convoi sur la Méditerranée, et fut chargé ensuite d’aller détruire les établissements de pèche anglais à Terre-Neuve.
Il serait peut-être juste de dire pour expliquer l’avancement rapide de cet officier, que son oncle, Pléville-le-Pelley, dirigeait alors le ministère de la marine.
Il était chef de division et commandait sous les ordres du contre-amiral Bouvet, le vaisseau la Révolution, lors de l’expédition d’Irlande au mois de frimaire an • V, expédition malheureuse dans laquelle personne n’avait fait son devoir. Au moment où la frégate amirale, montée par Morard de Galles et Hoche, rencontra la Révolution, qui manœuvrait pour le retour, le Scévola coulait bas d’eau ; Du-manoir recueillit une partie de l’équipage.
En l’an VI, il concourut aux préparatifs du départ de la flotte pour l’Égypte, monta le vaisseau le Dubois, et fut chargé de la direction du convoi attaché à l’armée ; arrivé à Alexandrie, le général en chef le nomma commandant du port.
Le 18 thermidor de l’année suivante, le général en chef lui ordonna, ainsi qu’au contre-amiral Gantheaume, mais sans les mettre dans sa confidence, d’accélérer les approvisionnements des deux frégates ex-vénitiennes, la Muiron et la Carrère, déjà armées et équipées, et de lui donner avis des mouvements de la croisière anglaise. Le 4 fructidor, le général en chef arriva à Alexandrie ; le 5, il monta à bord de la Muiron, le 6, on mit à la voile ; la Muiron portait le général Bonaparte, le contre-amiral Gantheaume, Berthier, Andréossi, Monge, Berthollet, Denon, Lavalette et Bou-rienne ; la Carrère, qui accompagnait, avait à bord le chef de division Duma-noir, Lannes, Murât, Marmont et Par-ceval-Grandmaison. Le 17 vendémiaire an VIII, on débarqua à Fréjus.
Élevé au grade de Contre-Amiral quelques mois plus tard, il commanda, de l’an IX à l’an XI, plusieurs divisions à Brest, à Cadix et à Saint-Domingue. A
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( l’époque du combat d’Algésiras (messidor an IX), il était chargé, à Cadix, des détails aux armements : on lui reprocha alors de ne pas avoir, par son manque d’énergie et d’activité, fait secourir à temps le contre-amiral Linois à la suite de la journée d’Algésiras. En l’an XII, il fut fait membre de la Légion-d’Honneur le 17 frimaire, commandant de l’Ordre le 25 prairial suivant, et électeur du département du Finistère. A la mort de l’amiral Latouche, le 2 fructidor an XII, Dumanoir commanda provisoirement l’escadre de Toulon, et il espérait conserver ce commandement, mais l’Empereur y appela le vice-amiral Villeneuve. On ne sut dans le temps à quoi attribuer cette mesure ; la lettre suivante en indique le motif :
Saint-Cloud, 10 fructidor an XII.
« Monsieur Decrès, minisire de la marine,
« Il me semble qu’il n’y a pas un moment à perdre pour envoyer un amiral commander l’escadre de Toulon. Elle ne peut être plus mal qu’elle n’est aujourd’hui entre les mains de Dumanoir, qui n’est ni capable de maintenir la discipline dans une aussi grande escadre, ni de la faire agir. Il me paraît que, pour commander cette escadre, il n’y a que trois hommes : Bruix, Villeneuve et Ro-sily…
« NAPOLEON. »
Dumanoir se trouva au combat livré par Villeneuve à l’amiral Calder, sous la latitude du cap Finistère, à cinquante lieues en mer, le 3 thermidor an XIII, au retour des Antilles’.
A Trafalgar, le 29 vendémiaire an XIV, il resta spectateur immobile de l’action, quoiqu’il eut sous ses ordres les vaisseaux le Formidable, leDugay-Trouin, le Montblanc et le Scipion, et s’éloigna sans avoir combattu. Le 13 frimaire,
étant arrivé en vue du cap Villano, il souiint, contre le commandeur Strachan, un combat qu’il avait cherché à éviter, perdit ses quatre vaisseaux, et blessé à la tête, tomba au pouvoir des Anglais. Il resta quelque temps prisonnier sur parole et revint en France. Renvoyé devant un conseil d’enquête, puis au mois de mars 1809, devant un conseil de guerre maritime, il fut acquitté. Jusqu’en 1811, l’Empereur refusa de l’employer, tant l’opinion publique et la sienne.propre éprouvaient de prévention contre lui ; mais à cette époque il le nomma commandant de la marine à Dantzig, et le chargea de la direction des convois sur la Vistule. Pendant le blocus de Dantzig il rendit des services. Après un an de siège, la place capitula et Dumanoir, qu’un éclat de bombe avait blessé à la tête, fut emmené prisonnier.à Kiow. C’est de là qu’il envoya son adhésion aux actes du sénat qui prononçaient la déchéance de l’Empereur et le rappel des Bourbons.
Rentré en France au mois de juillet 1814., le roi le fit chevalier de Saint-Louis en 181b ; créé comte le 6 septembre, il commanda la division navale qui conduisit le marquis de Rivière, ambassadeur de Louis XVIII à Constantinople. Une ordonnance du 22 août 1816 avait réduit le nombre des contre-amiraux de 21 à 12 ; en 1817, on dressa, conformément à cette ordonnance, la liste de ceux de ces officiers généraux qui devaient être conservés, et Dumanoir y figura le premier.
Le 24 avril de la même année, il fut élevé à la dignité de grand officier de la Légion-d’Honneur. En 1819, Louis XVIfl le nomma vice-amiral, et en 1820, le 23 août commandeur de Saint-Louis.
Dumanoir avait été élu par le département de la Manche en 1815, et DUM avait siégé au centre. Réélu en 1816, il avait conservé son mandat jusqu’en 1822.
Il est mort subitement à Paris, dans la nuit du 6 au 7 juillet 1829.
homme de couleur, naquit à Jerémie (Saint-Domingue) le 25 mars 1762, du marquis Alexandre Davy de la Pailleterie et d’une négresse africaine. Il s’engagea à 14 ans dans le régiment de la Reine, et sous le nom de Dumas, obtint tous ses grades sur le champ de bataille. Il n’était que simple brigadier, lorsqu’au camp de Maulde, il tomba dans une embuscade de chasseurs tyroliens qu’il intimida par sa contenance et dont treize furent amenés par lui au général Dumouriez, qui le nomma maréchal-des-logis, et peu après lieutenant de hussards. Elevé ensuite au grade de lieutenant-colonel, Dumas, à la tête d’une légion franche d’hommes de couleur et de noirs, se distingua surtout à Mouveaux près de Lille, où, à la tête d’une patrouille de 14 hommes il surprit un poste de 40 soldats hollandais, dont trois furent tués de sa main et 16 faits prisonniers.
Créé général de brigade à la suite de ce brillant cpup de main, il fut chargé de la défense du Pont-à-Marque, par lequel communiquaient deux ailes de l’armée française. Il repoussa les colonnes qui vinrent l’assaillir, et fut promu au grade de général de division le 13 septembre 1793.
Appelé au commandement en chef de l’armée des Pyrénées-Orientales, il la quitta presque aussitôt pour passer à celle des Alpes. Il monta au pas de charge le mont Saint-Bernard, hérissé de redoutes, et s’empara des canons qu’il dirigea sur-le-champ contre l’ennemi. Cette opération terminée il exécuta l’attaque du mont Cenis, qu’il emporta d’assaut, s’empara de tous les bagages des ennemis et de 30 pièces de canon, et fit 1,700 prisonniers.
Nommé en 1794 général en chef de l’armée de l’Ouest, il assiégea Mantoue en 1796, battit le général Wurmser dans une sortie, le força à rentrer en désordre dans la forteresse et passa ensuite dans le Tyrol avec sa division noire.
A l’affaire de Brixen, l’ennemi était près de s’emparer d’un pont nécessaire au passage de l’armée française ; Dumas s’en aperçoit, court en toute hâte et arrive seul au milieu du danger. Aussitôt il se place eu travers avec son cheval, soutient les efforts de la cavalerie ennemie, tue trois hommes, en met plusieurs hors de combat, reçoit plusieurs blessures et donne aux siens le temps d’arriver.
Mis à l’ordre du jour pour l’intrépidité qu’il avait déployée, en cette circonstance, et surnommé par le général en chef l’Horatius Coclès du Tyrol, il concourut ensuite à l’attaque de la gorge d’Inspruck et harcela l’ennemi jusqu’à Sterzing, à quinze lieues du champ de bataille.
Après le traité de Campo-Formio, il revint en France et s’embarqua bientôt pour l’Égypte. Il y prit part aux affaires de Chebreiss, des Pyramides. Menacé de faire naufrage lors de son retour en Europe, il relâcha à Tarente, où le gouvernement de Naples le retint deux ans prisonnier avec le célèbre Dolomieu. Dix hommes entrèrent dans son cachot pour l’assassiner; Dumas saisissant sa canne à dard, menaça de mort le premier qui s’approcherait, et de la vengeance de Bonaparte ceux qui oseraient attenter à ses jours. Son regard et sa voix avaient produit leur effet sur les dix brigands ; ils s’enfuirent épouvantés, comme le soldat cimbre à l’aspect de Marius.
A son retour en France, Dumas encourut la disgrâce du premier Consul pour ses opinions républicaines. Il ne reçut même pas la croix d’Honneur, et '’Horatius Coclés français, après trois années de souffrances, causées par ses blessures, et plongé dans le plus grand oubli, mourut à Villers-Coterets, le 26 février 1806. Alexandre Dumas, l’un de nos plus illustres écrivains, est son fils.
né à Montpellier, le 23 septembre 1758. Entré au service à 15 ans en qualité de sous-lieutenant, dans le régiment de Médoc, nommé capitaine ’ et aide-de-camp de Rochambeau, il le suivit en Amérique. Il visita l’Archipel en 1784, pour reconnaître l’état militaire du Levant. Envoyé à Amsterdam en 87 pour défendre cette ville contre les Prussiens. Aide-de-camp du maréchal de Broglie en 89, et de Lafayette après la prise de la Bastille. Directeur du dépôt de la guerre en 91, puis commandant des gardes nationales de la province, fut chargé de ramener Louis XVI à Paris, après son arrestation à Varennes. Maréchal de camp et commandant de la 3’ division militaire, il organisa la lre compagnie d’artillerie à cheval qui ait existé en France. Député à l’Assemblée législative. Directeur des dépôts des plans de campagne pendant la Terreur ; député au Conseil des cinq-cents en 95. Provoqua l’établissement des Conseils de guerre aux armées. Proscrit au 18 fructidor et réfugié à Hambourg. De retour en France après l’établissement du Consulat, il organisa l’armée de réserve qui fit la conquête de l’Italie, il se distingua au passage du Saint-Bernard, et fut conseiller d’État à la paix. Ce fut lui qui proposa la création de la Légion-d’ Honneur ; grand officier
de la Légion et général de division en 1803. Ministre de la guerre à Naples, sous Joseph Bonaparte, puis grand Maréchal du palais et grand dignitaire de l’ordre des Deux-Siciles.
Il assista au passage du Danube le 4 juillet, à la bataille de Wagram, et fut chargé de l’exécution des conditions de l’armistice de Znaïm. Intendant de la. grande armée en 1812 ; blessé et fait, prisonnier à Leipzig en 1813, il ne rentra en France que sous la Restauration. :
Louis XVIII le nomma successivement, conseiller d’État honoraire, commissaire, de la vérification des litres des anciens officiers, directeur général, de la comptabilité des armées, commandeur de Saint-Louis, grand-croix de’la Légion-d’Honneur.
Pendant les Cent-Jours il reprit ses anciens titres et d’autres encore que Napoléon y ajouta, et fut mis en retraite, le 4 septembre 1816 ; nommé conseiller d’État et président du comité de la guerre en 4819, il fut rayé du service ordinaire à cause de son vote dans les élections de 1822 ; député de Paris en. 1828, il fut l’un des 221 en 1830. Inspec-, teur général des gardes nationales du royaume, conseiller d’État ordinaire et-pair de France en 1831.
Le général Mathieu Dumas a publié, entre autres ouvrages : Précis des événements militaires de 1799 à 1814, ou- : vrage très-estimé.
Il est mort à Paris, le 17 octobre 1837, âgé de 84 ans, en laissant la réputation ; d’un général habile, d’un législateur, consciencieux et d’un écrivain distingué..
né à Montmeillant en 1737, s’engagea en 1754 dans le bataillon des milices de Mazarin.
Général de division sous les ordres du général en chef Biron. Commanda par 464
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intérim l’armée d’Italie en 179ù. Il quitta le service lorsque son successeur Schérer fut arrivé, et se retira dans une solitude où il mourut à l’âge de 63 ans, en 1797 ; il en avait servi -43.
« Ce général, vieux capitaine de grenadiers, avait obtenu le grade de colonel, de général de brigade et de division dans les campagnes de 1792 et 1793 à l’armée d’Italie.
« C’était un homme de 60 ans, d’un esprit droit, brave de sa personne, assez instruit, mais rongé de goutte et constamment au lit. » (NAPOLEON.)
comte de Bergendaèl, maréchal de Hollande, général belge au service de France, membre delà seconde chambre des Pays-Bas, etc., né en 1760 à Bruxelles. Il s’était d’abord destiné à la profession d’architecte, pour laquelle il avait des dispositions marquées, et fit ses premières armes en 1788 comme volontaire. Son avancement dans cette carrière fut la récompense du plus brillant service ; devenu en peu de temps colonel d’un corps désigné sous le nom de Canaris (à cause de la couleur de son uniforme). il se signala en maintes occasions, notamment aux affaires de Falmagne et de Mont-d’Anseremme.
Il fut nommé général de brigade après" sa belle défense des approches de Lille contre le jeune comte de Bouille ; il passa ensuite, eu qualité de lieutenant-général, au service de la République batave, et plus tard fut revêtu de hautes distinctions par Louis Napoléon, roi de Hollande, quoiqu’il eût fait preuve d’une grande indépendance d’opinion.
Dans les diverses situations où il se trouva placé ultérieurement, Dumonceau se montra par-dessus tout l’homme de son pays ; et au rétablissement définitif, delà paix, il vint à Paris donner sa dé-
mission du service de France, et fixa sa résidence dans sa patrie, où il s’est vu entouré de la considération publique jusqu’à son dernier jour.
A une haute valeur Dumonceau joignait des talents très-distingués comme tacticien. Il a également rempli avec habileté quelques fonctions diplomatiques et administratives. Sa probité sévère lui avait mérité le surnom de général sans tache, sous lequel il était désigné par les soldats.
Il mourut à Bruxelles le 29 décembre 1821.
né à Condé-sur-Noireau (Calvados) le 23 mai 1790.
Il entra dans la marine en novembre 1807, à la suite de brillants examens, débuta à Brest sur le vaisseau l’Aquilon, passa successivement sur l’Amazone, le Suffren, le Borée et la Ville de Marseille, et parvint en 1812 au grade d’enseigne de vaisseau.
Le premier voyage de M. d’Urville eut lieu sur la Ville de Marseille, qui conduisit en 1814 le duc d’Orléans à Palerme, et qui l’en ramena avec sa famille.
En 1819, il accompagna.le capitaine Gauthier’dans ses belles reconnaissances àe la Méditerranée. L’année suivante, la reconnaissance complète du périple de la mer Noire fut exécutée.
M. d’Urville fut le premier à signaler à l’ambassadeur français à Constantino-ple, la Vénus de Melos, qui venait d’être • exhumée, et c’est sur la notice qu’il en avait tracée, que cette belle statue fut achetée par M. deMarcellus.
Nommé lieutenant de vaisseau en 1821, il s’unit à M. Duperré pour mettre à exécution un voyage de découvertes tracé par ces deux officiers et approuvé par le gouvernement.
Il en résulta le voyage de la Coquille,
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de 1822 à 1825. M.Duperré, plus ancien en grade, eut le commandement. M. d’Ur-vîlle rapporta au Muséum plus de 3,000 espèces de plantes, dont 400 nouvelles, et 1,200 espèces d’insectes, dont 300 nouvelles.
M. de Chabrol, ministre de la marine, ayant confié à M. d’Urville une nouvelle exploration de la mer du Sud, le commandement de la Coquille, devenue l’Astrolabe, lui fut confié avec le grade de capitaine de frégate ; il remit à la voile en avril 1826. Son expédition procura à la géographie et à la navigation la reconnaissance positive de plus de •4,000 lieues de côtes les moins connues du globe sur la Nouvelle-Islande, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée ; elle assura la position de près de ’ 200 îles ou îlots, dont une soixantaine n’avaient encore figuré sur aucune carte. Les immenses récoltes d’histoire naturelle, amassées durant tout le cours de la campagne, furent déposées au retour au Muséum d’histoire naturelle, et le Musée maritime s’enrichit d’une foule d’objets des peuples sauvages.
Le grade de capitaine de vaisseau fut accordé à M. d’Urville. Ce fut lui qui fut chargé du commandement du vaisseau qui transporta Charles X sur la terre étrangère. Il obtint dès lors du gouvernement anglais la reconnaissance du nouveau pavillon français, et, à son retour, il fit la proposition de réclamer à l’Angleterre les restes de Napoléon.
Pendant plusieurs années, le gouvernement de Juillet laissa M. d’Urville dans un repos qui semblait une disgrâce. Il obtint enfin d’exécuter un nouveau voyage dès longtemps projeté. L’Astrolabe et la Zélée partirent de Toulon le 11 septembre 1837, et le 13 novembre mouillèrent dans la rade de Rio-Janeiro. Le 11 janvier 1838, elles quittèrent la Terre de Feu et s’avancèrent vers les T. I.
glaces antarctiques. Les premières furent rencontrées dès le 59e degré ; au 64e de latitude Sud, ce ne fut plus des montagnes flottantes, maisune barrière compacte qui se prolongeait à perte de vue. A force de travaux, les navires remontèrent vers le nord et découvrirent une côte de 120 milles d’étendue, qu’on nomma la terre Louis-Philippe. Le 7 mars, ils sortirent des glaces, et, le 7 avril, ils firent relâche à Valparaiso.
M. d’Urville quitta cette rade le 29 mai, séjourna, du 26 août au 3 septembre, à Nouka-Hiva, archipel des Marquises, et fit le relèvement comple tdes îles Salomon du 18 au 26 novembre. Le 6 novembre, il avait revu Vanikoro (îles Nitendi), lieu célèbre par le naufrage de Lapérouse. Le 1" janvier 1839, l’Astrolabe ella Zélée arrivèrent à Gouaham, le 5 février à Amboine, le 1er juin à la pointe Sud de Bornéo, le 8 juin à Batavia, le 6 octobre à Lampongs (Sumatra). C’est dans ces parages que les deux équipages éprouvèrent un premier, un cruel désastre : la maladie enleva 17 hommes, et le capitaine d’Urville se vit contraint de laisser 16 malades à Hobart-Town vers les premiers jours de décembre. Ayant appris dans ce port que les capitaines James Ross et Crozier étaient en route pour le pôle Antarctique, le commandant ne voulut pas laisser aux Anglais seuls l’honneur d’une tentative et se décida à faire une nouvelle pointe vers le Sud.
Le 1" janvier 1840, Y Astrolabe et la Zélée remirent à la voile ; le 15, elles coupèrent la route de Cook en 1773, et depuis ce moment se trouvèrent dans un espace de mer que jamais navire n’avait sillonné ; le 16, par 60 de latitude et 141 de longitude, on vit la première glace, masse de 50 pieds de hauteur sur 200 d’étendue ; le 17, les glaces avaient de 100 à 130 pieds sur 3 à 400 toises d’é-teudue. La terre était à 8, à 10 milles 30
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de là ; c’était un immense ruban s’éten-dant à perte de vue du S.S.-E. à l’O. S.-0., haut de 2 à 300 toises, entièrement couvert de glace et de neige ; on était par 66°,38 latitude et 138°,21 longitude Est, sous le cercle polaire antarctique et à peu de distance du pôle magnétique ; c’était une haute et puissante barrière qui fermait la route aux navires. M. d’Ur-ville annonça à son équipage que cette terre porterait désormais le nom de Terre Adélie, du nom de sa femme. Le 27 janvier, forcé de renoncer à tous projets d’exploration de la terre Adélie, dont on avait tracé environ 150 milles d’étendue, il se porta au Nord, sous toutes voiles possibles, pour s’échapper du labyrinthe où il se trouvait engagé ; ainsi, le Ie’ février 1840> par 65°,20 latitude et 128°,121 longitude Est, il dit un adieu définitif à ces régions sauvages, et mit le cap au Nord pour rallier Hobart-Town, où il arriva le 17 février.
Il visita encore la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, le détroit Torrès-Tinior, toucha à l’île de France et revint en France. Le gouvernement acquitta en partie la dette du pays en élevant M. d’Urville au grade de contre-amiral.
Le 8 mai 1842, un convoi parti de Versailles pour Paris, par le chemin de fer de la rive gauche de laSeine, éprouva, à la hauteur de Meudon, un accident épouvantable qui coûta.la vie à M. d’Urville. L’essieu de la machine qui était en tête vint à se briser, la locomotive s’arrêta court, la seconde locomotive vint lui donner une violente impulsion et la poussa devant elle l’espace de 150 pas. La force de cette impulsion fut telle que la seconde machine monta sur la première, brisa le foyer et couvrit la route de charbons ardents. A leur tour, les wagons arrivèrent sur la seconde locomotive, poussèrent le premier wagon sur
elle, le second sur le premier et ainsi de suite jusques et y compris le cinquième. Le convoi était sorti des rails, les voitures se renversèrent les unes sur les autres fermant toutes les issues, enlevant toutes les chances de salut, et au-dessous de ces voitures amoncelées se trouvait le foyer de l’incendie que le vent alimentait encore. En peu d’instants, l’incendie s’éleva à une hauteur prodigieuse et l’intérieur des wagons devint une fournaise ardente. Quand le feu eut perdu son intensité, on se précipita au secours des victimes ; trente-neuf cadavres défigurés furent couchés sur le tertre qui borde le chemin ; on ne trouva ensuite que des fragments informes de corps humains, des troncs sans membres, des jambes et des bras séparés du tronc. Parmi ces débris, on reconnut les tronçons des corps du contre-amiral d’Urville, de sa femme et de son fils âgé de 14 ans. » Telle fut la fin de l’illustre navigateur.
naquit le H mai 1749 à Paris.
Grenadier le 1er janvier 1776 dans le régiment de Barrois (91e d’infanterie), il fit partie de l’expédition de Genève sous M. de Jaucourtj et obtint son congé le 1" janvier 1782.
Admis le 1er novembre suivant dans la compagnie des gardes des impositions de Paris, il y devint lieutenant le 10 juillet 1787, et fut nommé le 15 décembre 1791 adjudant-major du bataillon de la garde nationale de Saint-Méry.
Elu capitaine au 1e’ bataillon de la commune de Paris le 5 septembre 1792, il en devint le chef le 16 du même mois, et le conduisit à l’armée des Ardennes, où il se distingua dans différents petits combats livrés à l’ennemi sur les hauteurs de Bretteville et près du pont de Favergier, et pendant le siège de Na-mur, où, le 27 septembre, le général
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Monnet lui confia le soin d’enlever le château d’Achts, près Simeg.
Passé à l’armée du Nord au commencement de -1793, il assista au siège de Maëstricht depuis les premiers jours de février jusqu’au 2 mars, époque à laquelle l’armée fut obligée de battre en retraite.
Il se distingua aux batailles de Tirle-mont, Nerwinde et Louvain, les 16, 18 et 22, et ramena sa troupe au camp de Maulde le 27.
Embrigadé dans la 162e demi-brigade d’infanterie le 17 germinal an II, il se trouva le 28 à l’affaire de Cateau-Cam-brésis, protéga la retraite de toute la division Goguet, engagée depuis le matin contre des forces considérables, et sauva vingt-deux pièces de canon déjà entourées par l’ennemi.
Les affaires du bois de Tupigny, en floréal, celle du camp de l’Equelle, près Guise, le siège de Landrecies en messidor, ceux du Quesnoy et de Valenciennes en thermidor et fructidor, mirent bientôt au grand jour toute sa valeur et ses talents militaires, et lui valurent le grade de chef de brigade de la 162e le 4 fructidor.
Attaché depuis cette époque à l’armée de Sambre-et-Meuse, il se trouva le deuxième jour complémentaire à la bataille de Sprimont, où, ses soldats ayant montré de l’hésitation, il saisit le drapeau du 1" bataillon, fit battre la charge, et, s’élançant à la tête de ses soldats, il chassa l’ennemi du champ de bataille.
Dirigé sur l’armée de Rhin-et-Moselle, il combattit le 20 brumaire an IV, à Franckenthal, où sa demi-brigade soutint pendant trois heures et demie le choc de l’armée autrichienne, et sauva la division Beaupuy, menacée d’une destruction totale. Le lendemain, 21, il reçut, à l’attaque de la ville, une blessure au pied gauche.
Chef de la 104e demi-brigade à l’or-
ganisation du 1" ventôse an IV, il se trouva au passage du Rhin les o et 6 messidor, combattit à Offenbourg, à Reu-chen, à Rastadt, à Ettingen et à Ingol-stadt.
Envoyé en Helvétie en l’an VI, il formait l’avant-garde à l’attaque des Grisons le 16 ventôse an VIII.
A la bataille de Zurich contre les Russes, les 3 et 4 vendémiaire an ’VIII, il força le passage de la Harr, et battit l’ennemi dans deux engagements partiels à Andelfigen les 14 et 15 du même mois. Rentré en France à la paix de Luné-ville il partit de Cologne en Qoréal an XI, pour l’expédition de Hanovre, et reçut la décoration d’officier de la Légion-d’Honneur, à l’avant-garde de cette armée, le 25 prairial an XII.
Créé général de brigade le 12 pluviôse an XIII, et employé dans le déparlement de la Dyle (24e division) le 11 ventôse, il y fit marcher la conscription arriérée, tout en se conciliant l’estime et la confiance des habitants par son caractère, ses manières et sa franchise.
Envoyé dans la 15e division militaire le 12 janvier 1808, et de là au camp de Boulogne le 10 avril 1809, il prit le 25 avril le commandement de deux demi-brigades provisoires de gardes nationales formées à Saint-Omer, qu’il conduisit dans l’île de Cadzand dans les premiers jours d’août, pour s’opposer aux tentatives des Anglais dans l’Escaut. Une fièvre violente qu’il gagna dans cette île le contraignit de se faire transporter à Gand, où il mourut le \ 1 septembre 1809.
Le général Dumoulin possédait, outre les qualités précieuses d’un officier de détail, un ascendant immense sur le moral des soldats qui-, sous ses ordres, n’avaient jamais reculé d’un pas.
Sa perte fut sentie par Napoléon, qui traita sa femme comme la veuve d’un officier mort sur le champ de bataille
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né à Cambrai le 25 janvier 1739, d’une ancienne famille parlementaire de Provence qui portait le nom de Duperrier.
Dumouriez vient, par corruption, de Mouriez, nom de la femme de sa bisaïeul. Le père de Dumouriez était commissaire des guerres. Il fit sa première campagne à 19 ans, comme cornette de cavalerie dans le régiment d’Escars, et il était parvenu au grade de capitaine, lorsqu’à la paix de 1763, il se trouva compris dans une réforme nombreuse, n’ayant recueilli de sept années d’un brillant service et de 22 blessures qu’un brevet de pension de 600 livres qui ne lui fut jamais payé et la croix de Saint-Louis. Dans cette situation précaire, il alla offrir ses services à la République de Gênes qui faisait la guerre en Corse ; il fut refusé. Il alla trouver Paoli, qui le repoussa également. Il tenta alors de révolutionner la Corse au profit delà démocratie ; il n’eut pas plus de succès. Enfin, il alla présenter au duc de Choiseul un plan pour la conquête de l’île ; le ministre le repoussa durement.
Mais le beau-frère de la Dubarri le fit rentrer en grâce ; le duc de Choiseul accorda à Dumouriez une gratification de 18 mille livres, et lui confia une mission secrète à la cour de Madrid. Au retour de cette mission, il reçut un brevet d’aide-major général pour aller faire la guerre en Corse, sous MM. de Chauvelin et Devaux.
En 1770, on le chargea d’une autre mission secrète en Pologne, auprès des chefs du parti de l’indépendance, réunis à Êperies en Hongrie. Dans ces entrefaites, le duc de Choiseul mourut, et il se trouva sans instructions. Il se plaça alors à la tête d’un parti de confédérés, attaqua 5,000 Russes commandés par Suvarow, qui battit et dispersa sa troupe. D’Aiguillon, successeur du duc de Choiseul, le rappela en
1772. Il alla alors aider Gustave III dans sa lutte contre l’aristocratie suédoise. Cette mission lui avait été donnée par le duc de Broglie, ministre de la correspondance secrète de Louis XV. D’Aiguillon, qu’on n’avait point informé, le fit arrêter à Hambourg et enfermer à la Bastille, puis au château de Caen, d’où il ne sortit qu’à la mort du roi. Louis XVI lui rendit son grade de colonel et l’envoya à Lille enseigner l’exercice à la prussienne, puis, peu après, le fit gouverneur de Cherbourg, où il dirigea pendant onze ans, avec talent et activité, les travaux du nouveau port. On l’avait nommé pendant ce temps brigadier en 1787, maréchal de camp en 1788, et commandant de la garde nationale de Cherbourg.
En 1789, il vint à Paris, se lia avec Lafayette, Mirabeau, et adopta avec circonspection les principes de la Révolution, se fit recevoir aux Jacobins en 1790, se fit donner néanmoins un commandement en Vendée en 1791, fut nommé lieutenant-général par ancienneté et ministre des relations extérieures en 1792 ; fit licencier la garde constitutionnelle de Louis XVI, provoqua la déclaration de guerre au roi de Hongrie, opéra le renvoi des ministres Roland, Servan et Clavière ; fut chargé un moment du ministère de la guerre, en sortit le 15 juin et alla commander à l’armée du Nord, sous les ordres de Lukner, la division du camp de Maulde ; enfin, après le 10 août, par l’influence de Danton, son ami, il prit le commandement de l’armée des Ardennes, que Lafayette venait de quitter.
Dumouriez n’avait à opposer au duc de Brunswick, qui avait 60,000 hommes, qu’environ 28,000 hommes. Les ennemis menaçaient Verdun : il s’empare des défilés de l’Argonne, seul moyen d’arrêter leur marche. Le 4 septembre 1792, il écrit à Paris la dépêche suivante : DUM
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« Verdun est pris, j’attends les Prussiens. Les défilés de l’Argonne sont les Thermopyles. de la France ; mais je serai plus heureux que Léonidas. » II s’y maintint en effet. L’armée prussienne, retardée par plusieurs causes, donna le temps à Kellermann de rejoindre Dumouriez, le 19 septembre, avec 27,000 hommes, et à Beurnouville de lui amener 10,000 hommes. Le 20, les Prussiens furent attaqués et la victoire de Valmy les força à la retraite. Dumouriez pouvait détruire cette armée en déroute, il ne fit que la suivre sans l’inquiéter, ne voulant pas enlever à Louis XVI, dont il n’avait jamais été l’ennemi, tout espoir d’être protégé à l’extérieur.
Il fit même prévenir secrètement le roi de Prusse que Custine allait envahir ses États. Au reste, son intérêt personnel était dans la balance : la Prusse lui abandonnait la Belgique, qu’il devait posséder avec le titre de duc de Brabant.
Dumouriez se rendit à Paris, se fit donner le commandement de l’armée du Nord, fit paraître le 26 octobre, à Valenciennes, une proclamation qui excitait les Belges à se soulever contre l’Autriche, et se disposa, le 3 novembre, à attaquer l’armée autrichienne sur les hauteurs fortifiées de Jemmapes ; mais ce sont les Autrichiens eux-mêmes qui l’attaquent, le 6, et ils sont battus, et la Belgique est conquise.
Dumouriez repartit pour Paris, pour essayer de sauver Louis XVI, a-t-il dit, mais ses projets ambitieux l’occupaient davantage. 11 voulait s’assurer le commandement, faire ratifier certains marchés avec les Belges, etc. Mal reçu des Montagnards, il s’attacha aux Girondins. Eux comptaient sur lui, lui espérait sur eux. Le 26 janvier 1793, il quitta Paris. Arrivé à Amiens, il y apprit la rupture de la France avec l’Angleterre, et consé-quemment avec la Hollande. 11 com-
mence à l’instant l’invasion de cette république avec 13,S00 hommes mal équipés. Bréda et Berg-op-Zoom tombent en son pouvoir ; mais le 18 mars, la journée de Nerwinde qui eut pour lui toutes les conséquences de la défaite la plus complète, renversa tous ses projets. La Convention, au sein de laquelle une foule d’accusations s’étaient élevées contre lui, décréta qu’il serait traduit à sa barre, et bientôt (2 avril) Dumouriez voit arriver à son quartier général (au bourg de Saint-Amand) pour lui signifier ce décret, le ministre Beurnonville, accompagné de Camus, Lamarque, Bancal et Quinelte, commissaires de la Convention.
Dumouriez, qu’ils trouvèrent entouré de son état-major, leur demanda quelle était leur mission. Les députés refusèrent de s’expliquer devant un aussi grand nombre d’officiers et demandèrent à passer dans une pièce voisine. Dumouriez y consentit, mais les officiers exigèrent que la porte restât ouverte. Camus lui lut alors le décret de la Convention. Dumouriez répondit qu’il ne pouvait quitter son armée dans l’état de désorganisation où elle se trouvait. Camus déclara que l’ordre était impératif ; Dumouriez répondit qu’il ne serait pas assez sot pour se livrer lui-même aux tigres qui brûlaient de l’immoler à Paris. Puis il engagea les commissaires à prendre un arrêté par lequel ils déclareraient que, obéissant à une impérieuse nécessité, ils avaient jugé qu’il était dangereux d’enlever un général en chef à une armée battue et en retraite. Il les quitta ensuite, passa avec Beurnonville dans la salle où étaient les officiers de son état-major.— Les commissaires s’y présentèrent un instant après. — « Voulez-vous obéir à la Convention ? dit Camus.— Non. — Eh bien ! vous êtes suspendu de vos fonctions, vos papiers vont être saisis et votre personne est arrêtée.—C’est trop fort, s’écria Dumouriez ; à moi ! hus-
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sards ! » Les hussards de Berchiny se présentèrent : « Arrêtez ces hommes-là, » leur dit-il en allemand. Beurnonville demanda à partager le sort des députés. — « Oui, répondit-il, je vous rends un service ; je vous sauve du tribunal révolutionnaire. » Puis après avoir offert quelques aliments à ses prisonniers, il les envoya à Tournay, au quartier général des Autrichiens.
Le lendemain, il harangua ses troupes qui restèrent muettes. Dumouriez, abandonné par une grande partie de ses soldats, poursuivi par l’autre comme traître, n’échappa qu’avec peine à la mousqueterie très-vive qui l’accompagna presque jusqu’aux retranchements de l’armée autrichienne, et fut rejoint peu de jours après par environ 1,500 hommes, que le prince de Cobourg prit à la solde de l’Autriche.
Dumouriez, voyant un peu tard combien il avait eu tort de compter sur les promesses des ennemis de la France, quitta le camp autrichien, se rendit en Franconie, d’où il fut durement éconduit par l’Électeur de Cologne, puis à Stutt-gard, où il ne fut pas mieux accueilli, puis, sous un nom supposé, en Suisse, en Italie, en Angleterre ; mais tout séjour lui était interdit dès qu’il était reconnu. Enfin, il se fixa à Nériss, près de Hambourg, sur le territoire danois.
En 1800, il alla en Russie offrir à Paul 1" ses services contre la France, mais Paul se prononça tout à coup pour la France contre l’Angleterre.
Depuis 1800, il vécut d’une pension considérable que lui payait le gouvernement anglais pour prix des conseils qu’il lui donnait.
En 1803, à l’époque du camp de Boulogne, il alla habiter l’Angleterre. En 1805, il fit un voyage en Prusse. En 1807, il s’était lié avec Gustave, et il était question de lui donner le commandement de
l’armée suédoise, lorsque la paix de Tilsitt le força de retourner en Angleterre.
En 1808, il alla offrir ses services au Portugal menacé par la France. Il parcourut l’Espagne, donna aux Espagnols le système des guérillas, et composa pour eux un ouvrage qui, traduit sous le titre de Pardidas de guérillas, fut longtemps leur manuel.
De 1812 à 1814, il fut le conseiller du ministère Castlereagh et de Wellington.
La Restauration n’osa ni le rappeler, ni l’employer. Il resta en Angleterre et continua à recevoir une pension de 1,200 liv. sterl. et une somme annuelle de 4 0,000 francs, qu’un de ses anciens amis lui fit remettre jusqu’à sa mort.
Au mois de mars 1822, il quitta sa résidence de Little-Ealing et alla demeurer à Turville-Park, dans le comté de Buckingham. On lui acheta un troupeau, des vaches… Il avait 84 ans.
Il mourut le 14 mars 1823. Ses restes sont déposés dans l’église de Henley.
né à Saint-Quentin, le 17 mars 1771. S’engagea comme simple soldat, en 1792. dans le (5° hussards, passa par tous les grades et fut nommé en 180-4 colonel du 63e de ligne avec lequel il parut à Ulm, Auster-litz", Iéna, Pultusk, Ostrolenka. Après cette dernière campagne, il passa eu Espagne, revint en 1809 à la grande armée, commanda les chasseurs à pied de la garde à Wagram, retourna en Espagne en 1810 à la tête de quatre divisions de la jeune garde, et fut fait général de division en 1811. Il combattit en 1812, à Lutzen et à Dresde. Rentré dans ses foyers à la Restauration, on le mit en surveillance à la Révolution de 1830. Il commandait les gardes nationales de la 12e division dont le gouvernement nouveau lui confia le commandement.
Il est mort à Nantes le lijuin 183J.
[[w: Martin François Dunesme|DUNESME (MARTIN-FRANÇOIS, baron)]]
né le 17 mars 1767 à Vieux-les-Asfeld (Ardennes), entra au service comme sergent-major le 22 septembre 1791 dans le 1" bataillon des Ardennes, incorporé en l’an XI dans la 102e demi-brigade d’infanterie de bataille devenue, en l’an IV, 106* demi-brigade de ligne et 106e de cette arme à l’organisation de l’an XII.
Il fit aux armées des Ardennes et du Nord la campagne de 1792, et passa capitaine le 15 mai de cette même année.
Le 4 mars 1793, à l’affaire d’Hesmin, petit village situé entre Hervé et Liège, l’armée française se reposant dans un défilé fut surprise par les Autrichiens ; le capitaine Dunesme court à sa compagnie, la rassemble, se précipite sur l’ennemi à la baïonnette, lui tue une cinquantaine d’hommes, met toute sa ligne eu déroute, et ne rejoint son bataillon qu’après avoir entièrement dégagé la colonne.
Dans cette action, il s’élança seul au milieu des rangs ennemis, et alla y chercher deux soldats autrichiens qu’il ramena prisonniers.
Le 16 du même mois, en avant de Tirlemont, il tomba à l’improviste sur les postes autrichiens qu’il força à une retraite précipitée.
Le 20 vendémiaire, à Châtillon, les royalistes étant venus attaquer une colonne républicaine placée en avant de cette ville, et l’ayant mise en déroute, le capitaine Dunesme, qui était de garde au quartier général, ne quitta son poste que le dernier, soutenant la retraite avec son détachement.
Parvenu à quelque distance hors de la ville, il aperçut un des drapeaux des rebelles et résolut de s’en emparer. Il s’élance aussitôt, mais ma) soutenu par les siens, il se trouva seul au milieu des ennemis.
Chargé alors par les royalistes, accourus en grand nombre, il eût infailliblement succombé, si le nommé Hoclet, son ancien fourrier, alors canonnier à cheval dans la légion de Westermann, ne fût accouru à son aide.
Ce brave soldat, malgré le feu meurtrier des Vendéens, parvint jusqu’au capitaine, le fit monter sur un cheval qu’il conduisait en main, et l’aida ensuite à se faire jour à travers la foule des ennemis.
De retourà sa compagnie, Dunesme soutint encore la retraite avec une poignée de braves jusqu’au bois des Chèvres, où on avait rallié quelques centaines de républicains auxquels il se joignit pour reprendre l’offensive, et les royalistes, attaqués à leur tour, furent obligés de prendre la fuite.
Le 3 brumaire suivant, Dunesme soutint seul, avec sa compagnie, pendant plus d’une heure, la retraite de l’armée, et fut même assez heureux pour arracher des mains des Vendéens un grand nombre d’habitants qu’ils étaient sur le point d’immoler à leur fureur.
Il reçut dans cette circonstance une forte contusion au genou droit, et serait devenu victime de son dévouement sans l’intrépidité de Taide-de-camp Cavaignac qui l’emporta sur son cheval après l’avoir retiré de dessous les baïonnettes ennemies.
Il fit ensuite la campagne de l’an III à l’armée des côtes de Brest, et fut blessé au bras droit en chargeant avec sa compagnie.
Nommé le 24 brumaire an IV chef de bataillon dans le même corps, il passa, en l’an V, à l’armée du Rhin, en l’an VI à celle d’Helvétie, et servit, en l’an VII aux mêmes armées et à celle d’Italie. Le 20 prairial an VII ; avec un bataillon de conscrits qu’il menait pour la première fois aufeu, il attaqua l’ennemi sur l’Albis, près de Zurich, lui tua 500 hom-
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mes et reprit une position que la division Soult avait été obligée d’évacuer.
Le 27 thermidor suivant, il débusqua les Autrichiens du petit Saint-Bernard, après leur avoir tué ou blessé une centaine d’hommes et fait 20 prisonniers. Le 13 fruclidor de la même année, à Suzë, où il commandait quatre compagnies formant la colonne de droite, il enleva 150 prisonniers à l’ennemi, et le 30 du même mois, à Rivoli, il fit encore 150 prisonniers.
Le 13 brumaire an Vin, au combat de Savigliano, il se fit jour à travers les bataillons ennemis, leur enleva une pièce de canon, en reprit une autre, et fit mettre bas les armes à 230 Autrichiens. Le 16 germinal, au combat de Monte-faccio, près de Gênes, où il commandait la colonne du centre, il fit 300 prisonniers et eut sa capote criblée de balles. Le 25 du même mois à Albissola, après avoir dégagé le général en chef Masséna, il se battit seul contre plusieurs Autrichiens et en terrassa trois, qu’il força de se rendre. A Yolta, le 28, il mit en déroute, avec 30 hommes seulement, un bataillon autrichien fort de 700 combattants ; et il fut blessé, le 10 floréal suivant, d’un coup de feu à la cuisse au combat des Deux-Frères.
Rentré en France après le siège de Gênes, on l’employa dans la 9e division militaire.
Retourné à l’armée d’Italie en l’an IX, II tint garnison à Cornegliano, pendant les ans X et XI, devint major du 96e régiment d’infanterie de ligne le 30 frimaire, et membre de la Légion-d’honneur le -4 germinal an XII.
Il fit les campagnes de 1807, 1808 et 1809 à la grande armée, et fut nommé colonel du 25e régiment de ligne, le 10 novembre 1807.
Baron en 1808 avec une dotation de 4,000 livres de rente, le 12 juillet 1809
il reçut la croix d’officier de la Légion-d’Honneur et fit les campagnes de Russie ei de Saxe en 1812 et 1813.
Général de brigade le 13 juillet 1813, il fut tué d’un coup de feu, le 30 août suivant, à la bataille de Kulm, au moment où, à la tête des troupes qu’il commandait, il perçait la ligne prussienne pour reprendre le village d’Hellendorf.
né le 13 février 1761 à Êvian (ancienne province de Chablais en Savoie), entra au service du roi de Sardaigne en qualité de soldat dans Piémont-Dragons, et passa le 30 mars 1787 au service de la république de Genève, où il obtint son congé avec le grade de sergent-fourrier en 1786.
Le 1" août 1787 il fut admis au service de France comme soldat dans le régiment suisse de Châteauvieux, dont il rejoignit le 1" bataillon à Corte (Corse). De retour en France, en 1788, il passa aux grenadiers du 2e bataillon, et entra le 13 juillet dans la garde nationale parisienne soldée, et ensuite, le 3 septembre, aux grenadiers du bataillon de l’Estrapade, où il reçut le brevet et la médaille de garde française pour s’être distingué à la prise de la Bastille. Sorti de ce corps le 25 avril 1791, et breveté, le 1er août 1792, chef de bataillon lieutenant-colonel de la division de gendarmerie à pied du 6e arrondissement de Paris, composée de vainqueurs de la Bastille, il donna sa démission pour aller aux frontières, lorsque la patrie fut déclarée en danger, et obtint du ministre Servan, le 13 du même mois, une place d’adjudant-major dans la légion des Allobroges, qu’il rejoignit à l’armée des Alpes.
Devenu capitaine titulaire le 1" décembre suivant, à son retour de la première campagne de Savoie, il fut
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nommé, le 10 août 1793, chef de bataillon commandant les carabiniers de cette légion, assista au siège de Toulon, et remplit momentanément les fonctions d’aide-de-camp auprès du général en chef Carteaux.
Rentré à son corps après la destitution de ce général, il passa, en l’an II, à l’armée des Pyrénées-Orientales, prit part à l’expédition de Cerdagne, fut envoyé dans les Pyrénées-Occidentales, et se trouva, en l’an III, à la conquête de la vallée d’Arau. Compris en qualité de commandant du 3" bataillon dans l’organisation de la &° demi-brigade de troupes légères ou demi-brigade des Allobroges, le 16 brumaire an IV, il servit à l’armée d’Italie après la paix avec l’Espagne, et commanda les deux bataillons des carabiniers réunis, lors du passage du Pô, les 18 et 19 floréal an IV.
Le 21 du même mois il passa le premier le pont de Lodi à la tête de 200 carabiniers allobroges et de la 29e légère, et décida la victoire.
Le général en chef, Bonaparte, fit le plus grand éloge de sa conduite dans cette affaire, et lui décerna un sabre d’honneur, l’année suivante, en récompense de ce brillant fait d’armes. Dupas, lors de l’organisation de la 27e légion en prairial an IV, commanda le 5e bataillon de grenadiers de l’armée à V expédition de Livourne et au siège de Mantoue.
Il passa ensuite au 8e bataillon et commanda le 1", le 22 brumaire an V, à l’affaire de Caldiéro, où il reçut quatre coups de feu dans la main gauche et au bras droit.
Rentré au 1" bataillon de la 27e légère, le 23 nivôse an V, il fut blessé par une balle dans la cuisse droite le 25, en poursuivant le général autrichien Pro-vera.
Le 22 floréal an VI, il s’embarqua pour l’Égypte, et fut nommé chef de bataillon dans les Guides à pied du général Bonaparte, à la prise de Malte, le 25 prairial suivant.
Il obtint, le 23 nivôse an VII, avec le grade de chef de brigade provisoire, à la suite de la 69e, le commandement de 1" classe de la citadelle du Caire, dont il soutint le siège pendant trente-quatre jours, sans moyen de défense et avec une garnison de 200 écloppés, contre les habitants révoltés et 2,000 Osmanlis, auxquels il enleva 3 queues de pacha, 5 drapeaux et des armes, trophées qui furent transportés à Paris et suspendus à la voûte du dôme des Invalides. Débarqué à Marseille avec l’armée d’Orient, le 1" vendémiaire an X, Dupas fut nommé par le premier Consul adjudant supérieur du palais du gouvernement, le 28 ventôse, obtint la confirmation de son grade de chef de brigade, le 15 germinal suivant, et devint colonel des Mamelucks, le 12 floréal an X. Promu au grade de général de brigade, le 11 fructidor de la même année, il partit le 12 vendémiaire an XII, pour la 15e division militaire, en qualité de commandant supérieur des côtes, depuis la Seine jusqu’à la Somme, entra le 21 frimaire au corps des grenadiers de la réserve, rassemblé à Arras, revint à l’état-major du palais, le 3 germinal, et retourna au corps des grenadiers de la réserve, le 11 floréal, en vertu des ordres du premier Consul.
Membre de la Légion-d’Honneur de droit, le 1er vendémiaire an XII, et commandeur à la promotion du 25. prairial suivant, il devint sous-gouverneur du palais de Stupinis, en Piémont, le 1" jour complémentaire de la même année, et commanda une brigade de la division de grenadiers d’Oudinot au 5* coçps de la grande armée.
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Général de division et grand cordon de l’ordre du Lion de Bavière, après la bataille d’Austerlitz, le 3 nivôse an XIV, il reçut, le 15 septembre 1806, l’ordre d’aller prendre à Mayence le commandement des 14° régiment de ligne et 28e léger, en attendant l’arrivée de deux autres régiments, et fit les campagnes de 1806 à 1807 en Prusse et en Pologne, ayant sous ses ordres une division du 8’ corps commandé par le maréchal Mortier.
Chevalier de la Couronne de fer après Friedland, le 25 décembre de la même année, il passa en 1808 en Danemark, et reçut le titre de comte de l’Empire.
L’année suivante il commandait à l’armée d’Allemagne une division des corps du prince de Ponte-Corvo, avec laquelle il combattit à Essling et à Wa-gram. Deux jours après cette bataille, il se trouvait encore en ligne avec 23 hommes du 5° léger qui restaient seuls de toute sa division.
En disponibilité pendant les années 1810etl8U, le comte Dupas, employé à la grande armée en 1812, aux corps des maréchaux Augereau et Gouvion Saint-Cyr, passa, le 1" juin 1813, au corps d’observation de Mayence ; mais le mauvais état de sa santé le contraignit à rentrer en France, le 13 septembre.
Il obtint sa retraite le 25 novembre suivant, et mourut à Fernay (Ain), le 6 mars 1823.
est né à La Rochelle, le 20 février 1775. Partid’a-bord comme pilotin d’un navire de commerce ( le Henri IV), il passa en 1793 dans la marine militaire, en qualité d’enseigne, et après une longue captivité et un embarquement sur le vaisseau le Vétéran, commandé par Jérôme Bonaparte, il fut fait capitaine de frégate en 1806. Sa belle défense de Syrène (1808) con-
tre une frégate et un vaisseau anglais fixa sur lui l’attention de l’Empereur et lui valut la croix d’Honneur et le grade de capitaine de vaisseau. Chargé en cette qualité de coopérer à la défense de l’île de France contre les Anglais, il s’acquitta si bien de cette mission que, malgré la capitulation de la colonie, l’Empereur crut devoir le créer baron de l’Empire et commandeur de la Légion-d’Hon-neur, du 20 août au 20 septembre 1810. Devenu contre-amiral en 1812, il fut chargé du commandement des forces navales dans l’Adriatique et défendit Venise contre les forces de la coalition.
La Restauration adopta la gloire de M. Duperré et récompensa ses exploits d’un autre règne par la croix de Saint-Louis.
Après les Cent-Jours, pendant lesquels il contribua à sauver Toulon des dangers de la convoitise anglaise, il fut chargé du commandement de la station navale des Antilles, et fut nommé grand officier de la Légion-d’Honneur.
En 1824, lors de la guerre d’Espagne, il contribua à la reddition de Cadix, et pour ce signalé service fut fait vice-amiral. Survint enfin la célèbre campagne d’Afrique à laquelle le baron Duperré prit une si glorieuse part. Chargé du commandement de la flotte et du transport des troupes confiées au général Bourmont, il décida, par ses habiles manœuvres, du sort de la campagne et partagea avec le général en chef l’honneur de la prise d’Alger. Créé Pair de France, le 16 juillet 1830, il vit cette nomination annulée par les événements de la Révolution ; mais le roi Louis-Philippe se hâta de confirmer, par une nouvelle ordonnance du 13 août suivant, une récompense si méritée, et à laquelle il ajouta le titre d’amiral.
Depuis cette époque, lebaronDuperré, parvenu au plus haut point de gloire, a
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été tour à tour président du Conseil d’amirauté et ministre de la marine et des colonies. Sa santé l’avait forcé de donner sa démission, le 7 février 1842. 11 est mort, sans fortune, le 2 novembre 1846. Sa dépouille mortelle a été déposée dans les caveaux de l’hôtel royal des Invalides.
capitaine de vaisseau.
Né en 1760, près de Saumur, il entra dans la marine en 1778, se distingua à Ouessant, au fort Saint-Louis du Sénégal, au combat de la Grenade, etc.
Après avoir fait plusieurs courses et croisières comme commandant du Tar-leton, il forma le projet d’aller à la recherche de La Péroiise. Il mit à la voile le 2 août 92, sauva de la faim quarante Portugais qu’il trouva dans l’île de Sel, l’une des îles du Cap-Vert, perdit le tiers de son équipage par la maladie, perdit son bâtiment et fut arrêté et envoyé prisonnier à Lisbonne. Après une très-longue captivité il partit pour l’Amérique Septentrionale, il y resta jusqu’au retour de la tranquillité en France. De retour à Paris, le Directoire lui confia le commandement du Tonnant, vieux vaisseau de 80, compris dans la flotte de l’expédition d’Égypte. A la bataille d’Aboukir il se battit avec intrépidité contre les vaisseaux anglais, et signala une mort glorieuse par des circonstances plus glorieuses encore : mutilé par un boulet et se sentant mourir, il se fit mettre dans un tonneau de son pour arrêter l’effusion du sang et prolongea son existence. Tant que ses forces le lui permirent il continua de donner des ordres, et il cria en expirant : équipage du Tonnant, n’amenez jamais votre pavillon !
né à Lyon au faubourg de la Guillotière, vers 1770. Entra au service à 15 ans ; fit partie de l’un des bataillons de volontaires nationaux créés au commencement de la Révolution.
Nommé chef de bataillon adjudant-général en l’an II.
Général de brigade à l’armée d’Italie ; il se trouvait à Rome à la suite de l’ambassadeur Joseph Bonaparte. Il y fut tué le 8 nivôse an VI, à côté de l’ambassadeur, dans une émeute contre les Français. Le lendemain Duphot devait épouser la belle-sœur de Joseph ; qui devint l’épouse du roi de Suède.
a Le jeune Duphot était un général de la plus belle espérance. 11 était la vertu même. » (Mémorial.)
général de division. Né à Cha-bannais (Charente), le 27 décembre -1759, s’enrôla, le 18 mai 1775, dans le 52 » régiment d’infanterie ( ci-devant La Fère), où il devint sous-lieutenant le 26 juin 1776, lieutenant en second le 15 mars 1783, et lieutenant en premier le •18 novembre 1785. Il servait en cette qualité dans la compagnie des chasseurs du même régiment, le 29 juin 1789, lorsqu’il fut aide-de-camp du général Lafayette, avec rang de capitaine d’infanterie, le 17 avril 1791. Promu au grade de lieutenant-colonel du 24e régiment d’infanterie, le 6 octobre suivant, Dupont-Chaumont reçut le brevet d’adjudant-général le 21 mars 1792, combattit en cette qualité à l’armée du Nord, et assista, le 29 avril de la même année, à la funeste expédition de Tournay, où il fut atteint d’un coup de feu au bras droit La valeurqu’il déploya dans cette journée lui valut la croix de Saint-Louis, qui lui fut décernée par un décret de l’Assemblée législative, rendu sur le rapport de Carnot. Colonel du 24° régiment de ligne
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le.16 mai 1792, Dupont-Chaumont se distingua à la bataille de Jemmapes, le 6 novembre, y fut blessé d’une ballp au bras gauche, et se rendit à l’armée du Nord le 8 mars 1793, où il fut élevé au grade de général de brigade le 15 mai suivant. C’est vers ce temps qu’on lui confia le commandement de la place de Douai et de son arrondissement. Il la préserva des atteintes de l’ennemi, grâce aux bonnes dispositions qu’il prit pour la défendre.
Malgré ses brillants services. Dupont-Chaumont fut suspendu de ses fonctions pendant le régime de la terreur, et ne fut remis en activité que le 20 frimaire an III, époque à laquelle il commanda le camp de Marly, près de Paris.
Une escadre anglaise parut sur les côtes de l’Ouest et fit craindre une descente de leur part ; la Convention y envoya le général Dupont-Chaumont pour prendre le commandement des départements menacés, et comprimer le feu de la rébellion. La sagesse de ses mesures empêcha l’ennemi de rien entreprendre.
Nommé ensuite inspecteur général, il parcourut successivement les places du Nord, de la Hollande, passant tous les corps en revue, et laissant partout des traces d’une connaissance profonde dans l’organisation et l’instruction particulière aux armes de l’infanterie et de la cavalerie. Lorsque le gouvernement consulaire s’éleva sur les ruines du Directoire, le premier Consul, qui avait été à portée d’apprécier les talents du général Dupont-Chaumont, lui confia, le’27 brumaire an VIII, le commandement de la 14e division militaire à Caen. La terreur y régnait encore, ainsi que l’insurrection des chouans ; la fermeté qu’il déploya dans ce poste écarta promptement’ ces deux fléaux. Nommé de nouveau, le 14 frimaire de la même année, inspecteur général de l’infanterie de l’armée du Rhin,
il ouvrit bientôt la campagne de l’an VIII, sous les ordres d’Augereau, dont il seconda les opérations. Mis encore une fois en inactivité, le 2 nivôse an X, il fut pourvu, le 5 germinal an XI, du commandement de la 27e division militaire, à Turin, en remplacement du général Rivaud, devint membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an XII, et commandant de l’Ordre le 25 prairial suivant. Dupont commandait encore à Turin en 1805, quand Napoléon alla se faire couronner roi d’Italie.
Quelques démêlés élevés entre lui et le général Menou, gouverneur général du Piémont, lui ayant fait désirer son changement de résidence, il passa en Hollande, et devint ministre plénipotentiaire auprès de Louis Bonaparte, lorsque ce prince eut été proclamé souverain de ce royaume. Il l’accompagna en 1806 en Prusse, reprit ses fonctions d’in-specte.ur général d’infanterie le 20 mars 1809, et obtint presque aussitôt le commandement du camp de Boulogne. Après avoir été remis de nouveau en activité le 14 septembre suivant, il eut ordre de se rendre en Italie en 1810, et fut mis à la retraite le 25 juin 1812. Cette disgrâce valut à Dupont-Chaumont, en 1814, les faveurs du gouvernement royal. Il devint inspecteur de l’École royale militaire de La Flèche, le 30 juillet, et le, lendemain gouverneur de celle de Saint-Cyr, et grand officier de la Légion-d’Honneur.
Ayant obtenu sa retraite définitive en 1817, il se retira dans une propriété qu’il avait à Chaillot, où il mourut le 16 février 1838.
naquit à Chabannais en 1765. Il était en 1792 aide-de-camp du général Théobald Dillon ; il fut ensuite, à l’armée de Dumouriez, aide-de-camp d’Arthur Dillon, et se distingua dans la campagne de l’Argonne et au passage des Mettes.
Général de brigade en 1793, il contribua puissamment à la bataille d’Hondscoote, et, par ses conseils, rendit d’importants services aux généraux Lamorlière et Houchard.
Appelé par Carnot au Comité de salut public, et employé comme chef du bureau topographique, il fut nommé général de division en 1797 et directeur du dépôt de la guerre.
Il contribua à renverser le Directoire, servit Napoléon en Italie, comme chef d’état-major de l’armée de réserve et se signala à Marengo’. En 1805, avec sa seule division, il battit, devant Ulm, toutes les forces du général Mêlas ; deux jours après, il fit vingt mille prisonniers au prince Ferdinand qui était sorti d’Ulm avec 25,000 hommes. Après la prise de cette place, Dupont battit le général Ru-tusoff ; dans la campagne de Prusse, il s’empara de Halle ; avec trois régiments seulement, il battit le prince de Wurtemberg qui avait 22,000 hommes, et à l’attaque de Bransberg, il mit en déroute un corps de 10,000 hommes, auquel il fit 2,000 prisonniers et prit seize pièces de canon. Il battit les Prussiens à Bar-tenshein, contribua à la prise de Lubeck et se signala à Friedland.
Après la paix dé Tilsitt, Dupont fut envoyé en Espagne. Avec une division de 7,000 hommes, il battit 36,000 Espagnols devant Cordoue et s’empara de la ville ; il y était encore lorsque le général Cassanos, avec 40,000 hommes, menaça de couper ses communications avec Madrid. Dupont rétrograda jusqu’à Andujar où il reçut des secours qui lui permettaient de commencer la retraite. Il resta à Andujar et perdit un temps précieux ; quand enfin il décampa de cette ville et arriva à Baylen, il se trouva cerné par toute l’armée espagnole. Au lieu de se tirer de ce mauvais pas à force de cou-
7 ) DUP rage et d’héroïsme, Dupont signa une capilulation déshonorante pour la France et pour ses soldats, le 22 juillet 1808 ; 20,000 Français durent mettre bas les armes ; ils devaient être transportés en France, mais la capitulation fut violée et on les envoya mourir sur les ponlons de Cadix. Les résultats de cette capitulation furent immenses. L’Espagne allait être pacifiée, elle se releva plus fière.
Dupont fut traduit devant une haute cour impériale, mais la procédure n’était pas terminée quand Louis XVIII remonta sur le trône. Dupont sortit de prison pour passer au ministère de la guerre (13 mai 1814) : son administration fut déplorable. Remplacé par Soult le 13 décembre 1814, on lui confia la 22" division militaire. Destitué pendant les Cent-Jours, il fut réintégré après la rentrée des Bourbons, fut député en 1815 et 1816, vota avec le centre gauche et mourut à Paris en 1840.
né en Belgique en 1795. Fut successivement élève du lycée de Bruges, de l’École d’artillerie organisée à La Flèche en 1812 et de l’École militaire de Saint-Cyr. Il entra dans l’armée française en qualité de lieutenant au 28 régiment d’artillerie, prit part aux Campagnes de 1814 et 1815 et fut grièvement blessé dans la dernière.
Après la paix de 1815, il rentra en Belgique, le gouvernement hollandais lui fit perdre tous ses droits d’ancienneté, aussi était-ril encore lieutenant en 1830 ; dans ce grade, il a rempli les fonctions d’adjudant-major et d’instructeur dans le corps de l’artillerie. Lorsque la Belgique se sépara de la Hollande en 1830, il obtint la démission de son grade dans l’armée des Pays-Bas et vint offrir ses services à son pays. Le nouveau gouvernement le créa major, puis lieutenant-colonel après la campagne de 1831,
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colonel en 1836, général-major et ministre de la guerre en 1843. Il organisa la plus grande partie des batteries de campagne, commanda l’artillerie de l’armée de l’Escaut en 1831, fut chef d’état-major de l’artillerie de l’armée et en même temps chef du corps d’artillerie de campagne qui devint le 1er régiment d’artillerie. Pendant le siège d’Angers, en 1832, il eut le commandement des batteries du Nord de l’Escaut.
Le général Du Pont avait été nommé chevalier de la Légion - d’Honneur pendant les Cent-Jours, et, cette nomination fut confirmée par l’ordonnance’ du 28 novembre 1831. Une autre ordonnance royale du 12 janvier 1845 l’a nommé commandeur.
Il est officier de l’ordre de Léopold.
Distingué par ses connaissances, le général Du Pont a la réputation d’un bon ministre delà guerre.
naquit le 3 avril 1771 à Phalsbourg (Meurthe).
Soldat au 89° régiment d’infanterie (Royal-Suédois) le 1" juin 1787 et congédié le 1" juin 1791, il entra comme sergent le 8 août suivant dans le 3e bataillon de volontaires de la Meurthe, où il devint adjudant sous-officier le 16 mars 1792, et adjudant-major le 15 juillet 1793.
Il avait fait les campagnes de 1792 à 1793 à l’armée des Ardennes.
Au commencement de l’an II, il était à l’armée du Nord ; il- passa le 7 nivôse de cette année au commandement de la compagnie des grenadiers de son bataillon, et servit de l’an III à l’an VI devant Mayenee, sur le Rhin et en Helvétie.
Il reçut deux coups de feu à l’affaire de Guersbach, le 4 messidor an IV, devint chef de bataillon à la 106e demi-brigade de ligne le 1er floréal an VII, et combattit en Italie de l’an VII à l’an IX.
Pendant le siège de Gênes, il reçut quatre coups de feule 16 germinal sur le Montefaccio, et fut signalé à l’ordre de l’armée.
Major du 67e de ligne le 30 frimaire an XII, il devint membre de la Légion-d’Honneur le A germinal suivant.
Il fit les guerres d’Italie des ans XIII et XIV, passa le 1er mai 1806 chef de bataillon dans les grenadiers à pied de la garde impériale, et colonel du 85e
ment de ligne le 20 octobre de la même année.
Duppelin fit, à la tête de ce corps, les campagnes de 1806 et 1807 à la grande armée, et devint officier de la Légion-d’Honneur le 21 septembre’de la même année, et baron de l’Empire ; vers le même temps, l’Empereur l’employa au 3e corps de l’armée d’Allemagne, et lui confia, le 19 juin 1811, le commandement d’une brigade d’infanterie.
Passé au 1" corps de la grande armée au commencement de 1812, il mourut à Thorn (Prusse), le 25 janvier 1813.
né le 19 avril 1749 à Paris (Seine), entra le 11 janvier 1769 au corps royal de l’artillerie de l’Inde.
Employé successivement à l’île de France et à Ceylan, de 1770 à 1777 ; il fit les campagues des Indes de 1778 à 1784, pendant lesquelles il assista à plusieurs sièges, batailles et combats sur mer et reçut cinq blessures.
Capitaine le 28 août 1780, il se fit remarquer à la bataille deGoudelour, le 13 juin 1783.
Capitaine commandant au 8e régiment d’artillerie le 1" mai 1786, il reçut la croix de Saint-Louis le 10 janvier 1788 ; chef de brigade d’artillerie (major) le 27 janvier 1791, lieutenant-colonel le 1" juillet 1792, et colonel le 14 du même
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mois ; il rentra en France à la fin de l’an IV, après un séjour de vingt ^huit ans dans l’Inde.
Il fit la campagne d’Allemagne en l’an V, passa l’année suivante à la direction d’artillerie de la place de Lille, puis à celle de La Rochelle en l’an VIII, chargé en l’an X du commandement du parc de l’armée d’Espagne, il prit, en l’an XI, celui de l’armée des côtes de Brest.
Nommé membre de la Légion-d’Hon-neur le 1S pluviôse an XIII, il obtint la croix d’officier de l’Ordre le 2b prairial de la même année. Il rendit d’importants services pendant les campagnes de 1805 à 1807, en Allemagne, en Prusse et en Pologne, en qualité de directeur de l’artillerie du T corps de la grande armée. Le 19 mars 1808, l’Empereur lui conféra le titre de baron.
Le colonel Durand - d’Herville passa dans le mois d’avril suivant à la direction de l’artillerie de Paris et de la 1 " division militaire. Commandant de l’artillerie à Passau, en 1810, il fit deux nouvelles campagnes en Allemagne, vint reprendre en 1813 la direction de Paris, et fut élevé au grade de maréchal-de-camp le 8 janvier 1814
Louis XVIII lui donna la croix de commandeur le 10 septembre 1814, et l’ad-. mit à la retraite le 24 décembre de la même année.
Il est mort le. 19 juin 1830.
duc de Frioul, né à Pont-à-Mousson le 25 octobre 1772 ; son père était capitaine, chevalier de Saint-Louis.
Duroc fit ses études à l’école militaire de Pont-à-Mousson, entra ensuite à l’école d’artillerie de Châlons.
Lieutenant le 1er mars 1702 ; capitaine le 1er frimaire an III ; capitaine-commandant en l’an V ; aide-de-camp du général Lespinasse, et ensuite du géné-
ral en chef Bonaparte ; chef de bataillon et chef de brigade dans la campagne d’Égypte. Après le 18 brumaire, envoyé en mission diplomatique à Berlin ; premier aide-de-camp du premier Consul à Marengo ; général de brigade et gouverneur des Tuileries ; général de division en 1805 ; grand maréchal du palais sous l’Empire ; sénateur, ducde Frioul.
Duroc fut souvent chargé de missions fort importantes ; il fit néanmoins toutes les campagnes avec Napoléon, et fut tué par un boulet le 13 mai, après la bataille de Wurtchen.
Le baron Fain a ainsi raconté sa mort :
« La bataille de Wurtchen est gagnée. — L’armée française poursuit l’armée ennemie qui se retire en combattant. Les alliés finissent par nous abondonner le passage de Reichembach ; mais la victoire nous fait acheter ses moindres faveurs ; le général Bruyères vient d’être emporté par un boulet. L’armée ressent vivement cette perte, et chacun répète avec douleur : « C’est encore un ancien soldat d’Italie ! »
« Nous retrouvons l’ennemi posté sur les hauteurs, en arrière de Reichembach. L’Empereur, qui est sans cesse sur les pas de l’avant-garde, arrive et fait encore déployer des troupes pour attaquer. Les boulets sifflent de nouveau, et bientôt après l’ennemi se met en retraite. Napoléon ne peut cacher un mouvement d’humeur en voyant cette arrière-garde lui échapper toujours. « Comment ! dit-il, après une telle boucherie, aucun résultat ! Point de prisonniers, ces gens-là ne me laisseront pas un clou ! . « Dans ce moment, un chasseur à cheval ajoute en s’adressantau grand maréchal : « Duroc ! la fortune nous en veut bien aujourd’hui. »
« La journée n’était pas finie.
« Le quartier impérialdevaits’arrêter à
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Reichembach ; le grand maréchal y avait fait marquer les logements. Mais l’Empereur apprenant que l’ennemi tient encore du côté de Markersdorf, rejoint de nouveau l’avant-garde. On se dirigea sur le Landserone, dont le pic domine toute la contrée, et l’on trouve l’ennemi en position derrière le ravin de Markersdorf.
« L’Empereur ordonne au prince de la Moskowa d’attaquer ; il veut pousser jusqu’à Gorlitz ; mais le mouvement éprouva des délais. Les troupes saxonnes qui devaient y prendre part n’arrivant pas, Napoléon envoie aide-de-càmp sur aide-de-camp pour qu’on se presse ; il aperçoit, à gauche, une hauteur d’où il pourra voir ce qui se passe, et il descend rapidement par le chemin creux du village pour gagner la route qui conduit sur cette éminence. On le suivait en trottant, au milieu d’un nuage épais de poussière, serrés quatre par quatre, et chacun distinguait à peine son voisin. Sur la première file se trouvaient le duc de Vi-cence, le duc de Trévise, le maréchal Duroc et le général de génie Kirgener. Dans ce moment les troupes du maréchal Ney débouchent du village. L’ennemi tire trois coups de canon, et l’un des boulets vient frapper un arbre auprès de l’Empereur. Parvenu sur le plateau qui domine le ravin, Napoléon se retourne pour demander sa lunette, et ne voit plus que le duc de Vicence qui l’ait suivi. Le duc Charles de Plaisance accourt bientôt après ; il est pâle et dit un mot à l’oreille du grand écuyer. L’Empereur demande ce que c’est. Le duc de Plaisance a peine à parler ; il finit par dire que le grand maréchal vient d’être tué. « Duroc ! s’écrie l’Empereur ; cela n’est pas possible, il était tout à l’heure auprès de moi. »
« Cependant le page arrive -ivec la lunette ; des aides-de-camp surviennent et la nouvelle est confirmée.
« Le boulet qui a frappé l’arbre a ricoché d’abord sur le général Kirgener, et ensuite sur le duc de Frioul. Kirgener a été tué raide ; Duroc n’est pas encore mort. Les docteurs Larrey et Yvan et tout ce qui se trouve là d’officiers de santé sont accourus ; mais les efforts de l’art seront impuissants. Le boulet a déchiré les entrailles : on vient de transporter le mourant dans une des premières maisons de Markersdorf. »
« Sur ces entrefaites, le colonel Gour-gaud était venu annoncer, de la part du maréchal Ney,’que l’ennemi ne présentait plus qu’une faible arrière-garde ; l’Empereur se porte machinalement à la suite de ses troupes, et reste encore près d’une demi-heure à observer le mouvement qui s’opère au delà du village.
« Cependant il a ordonné que la garde s’arrêtât : on a fait dresser la tente du quartier impérial dans »un champ, sur la droite de la route, avant de descendre à Markersdorf. Enfin, l’Empereur revient de ce côté. Il rentre dans le carré de sa garde et passe le reste de la soirée, assis sur un tabouret devant sa tente, les mains jointes et la tête baissée, gardant le plus morne silence. Le général Drouot fait demander des ordres pour l’artillerie. « A demain tout ! » est la seule réponse qui s’échappe de ce cœur oppressé.
« Les maréchaux et les principaux officiers de l’armée et de la maison impériale se tenaient à quelque distance dans l’attitude de la douleur.
« Toute l’armée prend la part la plus vive aux peines qui absorbent en ce moment les pensées de l’Empereur. La garde a les yeux tristement fixés sur lui : « Pauvre homme, disent les vieux grenadiers, il a perdu un de ses enfants ! »
« A la nuit close, quand toute l’armée a pris position, l’Empereursort du camp, accompagné seulement du prince de Neufchâtel, du duc de Viceace et du docteur Yvan. Il veut voir Durocet l’embrasser une dernière fois. Cette scène a été déchirante
« Duroc mourut dans la nuit.
« La nouvelle que Duroc a cessé de souffrir arrive à Napoléon à son quartier général de Gorlitz. L’Empereur ordonne que son corps soit transporté à Paris pour y être déposé sous le dôme des Invalides. Il veut acheter de ses propres deniers la maison où Duroc est mort, et charge le pasteur du village de placer, à l’endroit où fut le lit du maréchal, une pierre monumentale qui dise à la postérité :
« Ici le général Duroc, duc de Frioul, grand maréchal du palais de l’empereur Napoléon, frappé d’un boulet, a expiré dans les bras de son Empereur et de son ami.
« La garde et la conservation de ce’mp-nument sont une charge qui doit grever désormais la propriété de la maison, et c’est à cette condition que Napoléon en fait don à celui qui l’occupe actuellement comme locataire. Le pasteur, le juge et le donateur sont appelés et reçoivent les fonds nécessaires à l’accomplissement de la volonté de Napoléon.
« Les instructions de l’Empereur ne furent point remplies. — Un ordre de l’état-major russe fit saisir, entre les mains du pasteur Hermann, à Markers-dorf, la somme destinée à élever un monument à la mémoire d’un guerrier mort sur le champ de bataille. » (Manuscrit de 1813.)
—« Napoléon, au siège de Toulon, distingua et s’attacha un jeune officier du train, qu’il eut d’abord beaucoup de peine à former ; mais dont il a tiré depuis les plus grands services ; c’était Duroc, qui, sous un extérieur peu brillant, possédait les qualités les plus solides et les plus utiles ; aimant l’Empereur pour lui-même, dévoué pour le bien, sa- T. 1.
chant dire la vérité à propos. Grand maréchal, il avait mis le palais sur un pied admirable et dans l’ordre le plus parfait. A sa mort, l’Empereur pensa qu’il avait fait une perte irréparable, et une foule de personnes l’ont pensé comme lui. L’Empereur disait que Duroc seul avait eu son intimité et possédé son entière confiance. »
(MÉMORIAL.)
— « Duroc avait des passions vives et tendres qui répondaient peu à sa froideur extérieure. J’ai été longtemps pour le savoir, tant son service était exact et régulier. Ce n’était que quand une journée était entièrement close, quand je reposais déjà, que la sienne commençait.
« Duroc était pur et moral, tout à fait désintéressé pour recevoir, extrêmement généreux pour donner. (MEMORIAL.)
— « Duroc influait plus qu’on ne pense sur la détermination de l’Empereur ; sa mort a peut-être été, sous ce rapport, une calamité nationale ; elle fut une des fatalités de la carrière de Napoléon. » (LAS GAZES, MEMORIAL, tome 2.)
— Napoléon avait résolu de rendre aux cendres de Duroc des honneurs extraordinaires. — Ce fut sous le nom de Duroc qu’il fit, en 18d5, le voyage de la Malmaison à Rochefort ; et s’il lui eût été permis de vivre en Angleterre, il aurait porté le titre et le nom de colonel Duroc.
Le nom de Duroc est inscrit au côté Est de l’arc de triomphe de l’Étoile.
né à Paris le 9 novembre 1771, est fils d’un chef de bureau au ministère de la guerre. 11 reçut une éducation soignée et fut destiné à la carrière militaire.
D’abord aide-de-camp du général d’Ar-ville, il passa rapidement par tous les grades, et fut nommé, sous le Directoire (27 juillet 1799), colonel du 16e régiment
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de chasseurs à cheval. Il fit, en 1800, la campagne d’Allemagne, se distingua à la bataille de Moskirch, où il enfonça et détruisit une force triple de la sienne ; à Hohenlinden, et en 1805, au combat d’Ems.
Sa conduite à Austerlitz lui mérita le grade de général de brigade ; il s’en rendit digne de nouveau dans la journée d’Iéna, où ses charges impétueuses dégagèrent l’Empereur un moment exposé.
En 1807, il se distingua encore au combat de Glottau (Pologne), où il défit complètement l’arrièré-garde des Russes.
Commandant delaLégion-d’Honneur, le H mai 1807, puis chevalier de l’ordre du Lion de Bavière, il fut créé comte en 1808, et gouverneur de l’École militaire des Pages. Bientôt Napoléon le choisit pour l’un de ses aides-de-camp le 30juin 1810, etle fitcommandantdesgendarmes de la Garde. La même année, il suivit l’Empereur en Espagne, et s’y fit remarquer en détruisant une colonne anglaise avec 400 cavaliers de la Garde impériale.
Le 16 avril 1809, il fit la campagne d’Autriche et fut nommé général de division le 16 avril. Il combattit au passage de la Traunn, sur le pont d’Ebersberg, ainsi qu’à la bataille d’Essling, où il fut blessé et fait prisonnier ; ce qui le fit passer pour mort au moment de l’armistice. Le général Durosnel fut nommé grand officier de la Légion-d’Honneur en 1811, et reçut peu après l’ordre de l’Éléphant du Danemark. Il fit la campagne de Russie comme aide-major général, et c’est lui qui fut chargé de surveiller toute la cavalerie de la plus grande armée des temps modernes. Après la prise de Dresde en 1813, il fut nommé gouverneur de cette ville et y resta jusqu’à la capitulation.
A la première Restauration, le comte
Durosnel fut fait chevalier de Saint-Louis.
Pendant les Cent-Jours, Napoléon l’ayant nommé Pair de France et commandant en second de la garde nationale de Paris, les Bourbons le laissèrent en non-activité après leur retour.
Après la révolution de Juillet, la ville de Meaux l’envoya à la Chambre des dé-pulés, où il vota avec les centres. En mai 1832, il reçut la croix de grand officier et fut enfin nommé Pair de France, président du conseil général de Seine-et-Marne, aide-de-camp de Louis-Philippe.
Un mal incurable, suite de la retraite de 1812, retenait chez lui le général Durosnel quand, le 24 février 1848, la société s’écroula tout à coup comme dans un abîme. C’est ce mal profond qui, un an après ce désastre, a terminé à 77 ans, le o février 1849, la noble carrière de ce général.
né en 1775 à Grenade (Landes). Il se joignit en 1793 au corps de mille hommes qui, armés à leurs frais, partirent de Bayonne pour garder à la frontière les positions que la troupe de ligne ne pouvait occuper. 11 était capitaine à l’armée des Pyrénées-Orientales. La paix faite avec l’Espagne, il passa en Italie et combattit dans le Tyrol avec Joubert et Belliard. Plus tard, il était devant Malte, et il se distingua à la bataille des Pyramides.
Revenu en France pour cause de santé, il combattit courageusement à Marengo et au Mincio ; mais par une sorte de fatalité, il resta capitaine pendant quatorze années de travaux (depuis 1793) dans l^s guerres les plus actives. Enfin, ayant été blessé enCalabre, sousMasséna, il fut fait chef de bataillon, et dix-huit mois après colonel sur le champ de bataille de Wagram. A la campagne de Russie, il était chef d’état-major général du prince
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Eugène, qui remarqua sa conduite à la bataille de la Moskowa.
La défense de Glogau fut confiée au colonel Durrieu ; il prit une part glorieuse aux batailles de Lulzen et de Baut-zen ; devenu général de brigade, il se renferma avec un fort détachement dans Torgau sur l’Elbe, où une lièvre épidé-mique consuma 25,000 hommes. Attaqué par les Prussiens, il leur résista.
Rentré en France, lors de l’invasion, il était en 1815 chef de division au ministère de la guerre. Il combattit à Fleu-rus et fut blessé à Waterloo.
Le général baron Durrieu, chevalier de Saint-Louis et de la Couronne de Fer, grand officier de la Légion-d’Honneur et promu au grade de général de division le 22 février 4829, fut depuis chargé de la 17e division militaire (Ajaccio).
général de division, naquit à Douai (Nord), le U juillet 1767. Après avoir fait d’excellentes études, il entra au service en 1792, dans le 3e bataillon du Nord, et se distingua sous les murs de Menin, de Courtrai et à la bataille de Jemmapes. Devenu lieutenant, puis capitaine en récompense de la valeur qu’il dépoya en 1793, à l’assaut du fort de Klumdert, Durutte, major de tranchée au siège de Williamstadt, obtint le grade d’adjudant-général, qu’il ne voulut pas accepter, ne croyant pas l’avoir suffisamment mérité.
Il était chef d’état-major d’une division lors de la journée d’Hondscoote, où il fit des prodiges de valeur. Chef d’état-major, en l’an H, du corps du général Michaud, Durutte occupa la ville d’Ypres ; il passa ensuite avec le titre de sous-chef d’état-major à l’armée du Nord, sous les ordres de Moreau, combattit peu de temps après sous ceux de Souham, dans l’Over-Yssel, la Frise et la Zélande, puis
commanda en l’an VII l’avant-garde du général de division Daendels> dans le Nord-Hollande. Sa brillante conduite à la bataille de Bergen, à la retraite de Beverwick, au combat de Castricum, lui valut le grade de général de brigade. Mœskirch, Bibe-rach, Hohenlinden, furent également téînoins de ses exploits.
Lors de la paix de Lunéville, il eut le commandement du département de la Lys, reçut les étoiles de général de division le 9 fructidor an XI, devint membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an XII, et commandant de l’Ordre le 2o prairial de la même année. Appelé au commandement du camp de Dunkerque, il obtint ensuite celui de la 10* division militaire à Toulouse.
Il occupait encore ce poste en l’an XIV, lorsqu’il fut envoyé à l’île d’Elbe, menacée, disait-on, par les Anglais et les Russes. Après y être resté pendant trois" ans, le général Durutte fit la campagne de 1809 contre les Autrichiens. L’Empereur l’avait alors créé baron de l’Empire.
Entré en Italie, sous les ordres du prince Eugène, ce fut lui qui débloqua Venise, ouvrit les portes de Trévise à l’armée française, s’empara du fort de Malborghetto, culbuta à Saint-Michel le corps de Giulay, et concourut au succès de la bataille de Raab. Créé chevalier de la Couronne de Fer le 17 juillet 1809, il se signala de nouveau à ’Wa-gram.
A l’époque où Napoléon réunit la Hollande à la France, le général Durutte fut nommé gouverneur d’Amsterdam. Il organisa peu- de temps après la 32e division militaire, mit en état de défense la côte, depuis le Texel jusqu’à l’Ems, se rendit dans le Mecklembourg, dans la Pomé-ranie, et de là à Berlin, et reçut le titre de gouverneur de cette ville. Lorsque Durutte quitta ce gouvernement, le roi Guillaume lui fit don de son portrait comme un témoignage de satisfaction de la conduite pleine de mesure qu’il avait tenue pendant son séjour dans la capitale de la Prusse.
Appelé à Varsovie pour y organiser la 32e division de la grande armée, il franchit bientôt le Bug, opéra sa réunion avec le 7e corps et se porta avec Schwart-zemberg sur la Bérésina.
Ce fut lui qui, au pont de Wolkowisk, soutint glorieusement pendant toute la nuit les attaques réitérées des colonnes ennemies, fortes de 33,000 hommes. Arrivé sur le Bug, après la désastreuse retraité de Moscou, le général Durutte s’arrêta à Varsovie pour ranimer le moral des troupes affaissé par nos désastres.
L’affreuse épidémie qui régnait en Pologne l’ayant obligé de quitter ce royaume, il se dirigea sur Kalisch, où il contint le corps d’armée de Winzenge-rode, sauva une division saxonne, et assura la retraite du 7e corps. Quand il pénétra dans Glogau, il n’avait rien perdu de son artillerie. Le 9 mars 1813, il parvint à recueillir un corps de Bavarois qui le suivit dans une retraite de quarante lieues qu’il fit de l’Elbe à la Sala. Cette retraite fit le plus grand-honneur à ses talents militaires.
Arrivé à Iéna le 1" avril, le général Durutte rejoignit le prince Eugène dans le Hartz, prit position avec les 3,000 hommes qui lui restaient, à Elbrengade, où ses troupes furent bientôt renforcées par 6,000 recrues et une division saxonne. A la bataille de Lutzen, il concourut à la diversion décisive faite par le prince Eugène, combattit avec sa valeur accoutumée dans les champs de Bautzen, et reçut l’ordre d’aller camper sur les frontières de la Saxe et de la Bohême.
Ce fut à cette époque que Napoléon lui conféra le titre de comte de l’Empire. Aussitôt que les hostilités eurent recommencé, sa division résista avec succès, â Wistoch, à la cavalerie ennemie. L’échec qu’il éprouva à la bataille de Dennevitz, livrée le 6 septembre 1813, ne l’empêcha pas de soutenir seul à Leipzig, au moment où il venait d’être abandonné par les Saxons, les efforts réunis de l’armée suédoise et du corps de Winzenge-rode. Après avoir sauvé à Freygbourg la presque totalité de l’artillerie de l’armée, Durutte arriva sous les murs de Hague-nau le jour même où les Prussiens venaient d’attaquer le maréchal Marmont. Quand ces deux généraux se furent repliés sur Metz, en 1814, Durutte défendit vaillamment cette ville contre 40,000 alliés qui la cernaient. Il entretint, malgré des forces aussi importantes, des communications libres entre Luxembourg, Thionville, Sarrelouis, Sarre-bruck, Bitch, etc. S’il avait été secondé par quelques-uns des chefs sous ses ordres, nul doute qu’il n’eût pris en flanc, comme il en avait conçu le projet, l’armée ennemie qui couvrait les plaines de la Champagne.
Le bruit ayant couru à cette époque que Metz s’était rendu, Napoléon demanda vivement à l’un de ses aides-de-camp : « Qui commande dans cette ville ? — C’est Durutte, lui fut-il répondu. — Je n’ai jamais fait de bien à cet homme-là : Metz est toujours à nous. » En effet, les troupes étrangères n’y pénétrèrent pas.
Dès que le général Durutte eut reconnu le gouvernement de Louis XVIII, ce souverain le confirma, dans son commandement de la 3e division, le créa chevalier de Saint-Louis le 27 juin, puis grand officier de la Légion-d’Honneur le 23 août de la même année. Le maire de Metz se rendit ensuite à la tête du corps municipal, accompagné d’un nombreux cortège d’officiers de la garde municipale, chez le commandant de la 3e division militaire, pour lui offrir, au nom de la ville, une épée d’or, en reconnaissance des services éminents que ce général lui avait rendus pendant le blocus.
Le général Durutte n’hésita point à se prononcer en faveur de Napoléon lors de son retour de l’île d’Elbe. « L’apparition de Napoléon, dans les circonstances présentes, est un malheur, dit-il à haute voix devant son ètat-major, cependant, il n’y pas à balancer : le pays est menacé d’une nouvelle invasion, notre devoir est de vaincre ou de mourir. »
L’Empereur lui ayant confié le commandement de la 4e division du premier corps formant l’avant-garde de la grande armée, le comte Durutte déploya un grand courage à Waterloo, où il reçut un coup de sabre qui lui fit une large blessure à la tête, et un autre qui lui abattit le poignet droit.
Mis à la retraite après le second retour des Bourbons, il se retira dans une propriété qu’il possédait en Flandre, et y mourut le 18 août 1837, à la suite d’une longue et douloureuse maladie.
longtemps connu sous le nom de DUVAL DE BEAULIEU. qui. est celui de sa famille. IL est né le 17 mai 1789 à Mons. Lors de son passage dans cette ville, à l’époque de son couronnement, Napoléon le désigna pour entrer dans les Pages, d’où il passa, en 1806, dans le 4e hussards en qualité de sous-lieutenant, puis dans le 5e avec le même grade. Il fit les campagnes de Prusse et de Pologne, fut blessé à Tilsitt ; envoyé en Espagne en 1808, il eut deux chevaux tués sous lui dans cette campagne ; rappelé à l’armée du Nord, nommé lieutenant, puis capitaine, il se distingua pendant toute la campagne de Russie, reçut la croix de la Légion-d’Hon-neur ; et fut attaché comme capitaine au 3e régiment des gardes d’honneur.
Nommé chef d’escadron, en 1814, il quitta le service de la France pour celui des Pays-Bas, fut nommé major du 5e de dragons, lieutenant-colonel, en 1819, dans le 3e cuirassiers, et peu après donna sa démission et rentra dans ses foyers.
Aux événements de 1830, les Montois le nommèrent commandant supérieur de la garde urbaine, et deux mois plus tard général commandant militaire de la province du Hainaut.
Il a été en disponibilité en 1841. Le général Duval est commandeur de la Légion-d’Honneur et officier de l’Ordre de Léopold.
né à Nangis (Seine-et-Marne) le 12 novembre 1760. Elève du génie en 1773, il prit du service comme cadet dans le corps de Nassau-Siegen, en 1779, et assista aux affaires de Jersey et de Cancale. En 1789 il entra dans la garde nationale parisienne comme capitaine adjudant-major du bataillon des Filles-Saint-Thomas. Capitaine au 14" bataillon d’infanterie légère, il combattit à Jemmappes, à Verviers, à Liège ; fut employé en Italie sous les ordres de Berthier ; après la bataille de Castiglione, il fut chargé par Bonaparte d’apporter à Paris les drapeaux pris à l’ennemi, et reçut du Directoire le titre de chef de bataillon et des pistolets d’Honneur. Il eut un cheval tué à Rivoli et un à Arcole ; prit part aux affaires de Balsano et de Brixen, repoussa avec six hommes un corps d’Autrichiens qui fermait le passage, perdit quatre de ses hommes, eut son cheval et ses vêtements criblés de balles et arriva, lui troisième, à Balsano où il avait une mission pour Joubert. Nommé colonel, le 23 brumaire an VI, il eut un cheval tué sous lui à Marengo, fut quelque temps aide-de-camp de Berthier, et fut nommé général de brigade en 1804. 11 fit les campagnes de 1805 et de 1806, et signa, comme chef d’état-major du 2e corps, la capitulation de Magdebourg, assiégé par le maréchal Ney, qui y trouva 16,000 prisonniers, des munitions immenses et 800 bouches à feu.
Le général Dutaillis eut le bras emporté, le 6 juin 1807, au combat de Dep-pen, où son corps d’armée, fortde 15,000 hommes, eut à se défendre contre 40,000 Russes. Le 29 du même mois il fut nommé général de division.
Chargé dans la campagne de 1809 du commandement supérieur de Munich, il reçut du roi de Bavière la grande décoration de l’ordre de Maximilien-Jo-seph, fut créé comte, et au mois de janvier 1811 candidat au Sénat, par le collège électoral de Seine-et-Marne. Pendant la campagne de Russie il fut investi du commandement supérieur. de Varsovie, et lors de la retraite de celui de Torgau, où il devint gouverneur, le 17 novembre 1813, à la mort du comte de Narbonne.
En 1814, le général comte Dutaillis fut nommé chevalier de,Saint-Louis et vécut dans la retraite.
né le 7 juillet 1794, à Rouen, entra à l’École polytechnique en 1812 ; il prit part, en 1814 à la défense de Paris, il était sergent-major et commandait une section de huit pièces. Sorti de l’École le deuxième jour de sa promotion, il passa à l’École d’application de Metz. Au sortir de cette École il devint successivement lieutenant, capitaine, chef du génie en Corse, aux Iles d’Hyères, à Saint-Pierre ( Martinique).
En 1830, il suivit l’expédition d’Alger comme capitaine du génie et fut nommé commandant de l’un des deux bataillons de Zouaves, on y incorpora les 5,000 volontaires parisiens qui arrivaient des barricades. Le commandant Duvivier fut chargé de les discipliner. Ce fut plus tard le 67e de ligne. Avec eux, en 1831, Duvivier couvrit la retraite de nos troupes à l’expédition de Médéah. Commandant supérieur de Bougie en 1833, lieu-nant-colonel en 1834, il commanda les Spahis, à Bône ; en 1833 et 1836, il remplit à Alger les fonctions d’Agha des Arabes. Déjà il était an premier rang de nos bons officiers d’Afrique.
A la fin de 1836, il fut de l’expédition de Constantine, attaqua avec 400 hom-, mes la- porte de Coudial-Aty ; il serait entré dans la ville s’il eût été soutenu.
L’année suivante on l’envoya avec 400 hommes, à Guelma, fonder une ville au milieu de populations exaltées par notre échec devant Conbtantine. Il remplit sa mission et se fit aimer des Arabes. Nommé colonel, il assista à la prise de Constantine, occupa, en 1838 et 1839, le camp de Blidah qu’il fit fortifier, et obtint le grade de général de brigade. Pendant la Guerre sainte proclamée par Abd-el-Kader, il repoussa constamment, avec une poignée de braves, les attaques incessantes des Arabes.
En 1840, il enleva, à la tête de sa brigade, la position la plus difficile de Mou-zaïa, le passage du Téniah. Chargé d’occuper Médéah, il engagea 900 Français contre 5,000 Arabes, commandés par l’Émir et tua 500 de ces derniers. — En 1841, il demanda et obtint son retour en France, et se livra à l’étude dans la retraite. Il fit paraître plusieurs savants ouvrages.
Le 25 février 1848, le gouvernement provisoire le chargea de l’organisation de 24 bataillons de garde nationale mobile. Il résigna ces fonctions pour être représentant du peuple à l’Assemblée nationale. Il fut tué en défendant l’ordre dans les funestes journées de juin.
Le général Duvivier était le Paul-Louis Courier de l’armée, on l’avait surnommé le général à pamphlets.
né à Ernée (Mayenne), le 28 octobre 1785. Élève à l’École spéciale militaire, le 20 juillet 1803 ; sous-lieutenant au 39° de ligne, le 22 décembre 1803, et lieutenant le 25 août 1806 ; il obtint dans le même régiment les grades d’adjudant-major, le 20 mars 1808 ; de capitaine adjadant-major, le 13 octobre 1808, devint aide-de-camp du général Marco-gnet, le 22 août 1809 ; chef de bataillon au 124e de ligne, le 15 novembre 1812 ; lieutenant-colonel au 100 léger, le 13 août 1823 ; colonel du 32e de ligne, le 22 août 1830, et enfin maréchal de camp le 31 septembre 1835.
M. Duvivier a été promu au grade de lieutenant-général, le 22 avril 1846.
Il est aujourd’hui inspecteur général d’infanterie et commande la lo’ division militaire.
Le général Duvivier est chevalier de la Légion-d’Honneur depuis le 1" octobre 1809 ; il a été créé officier, le 29 juin 1813, et commandeur le 19 août 1832. Il est, en outre chevalier des ordres de Saint-Louis et de Saint-Ferdinand d’Espagne, 2e classe.
Il a fait les campagnes des ans XII, XIII et XIV (cette dernière campagne est comptée double) à bord de la flottille et à la grande armée ; les campagnes de 1806, 1807 et 1808 à la grande armée, celles de 1809, 1810 et 1811 en Espagne et en Portugal, celles de 1812 et 1813 à la grande armée ; fait prisonnier et conduit en Russie, il rentra dans sa
patrie le 26 juillet 1814 et fit la campagne d’Espagne en 1823.
Avec des états de service aussi brillants, le général Duvivier peut citer encore plus d’une blessure reçue en combattant courageusement. Le 22 frimaire an XIV il reçut un coup de feu au combat d’Esslingen ; près d’Ulm il fut blessé d’un autre coup de feu à l’avant-bras droit, à la bataille de Friedland, le 14 juin 1807 ; enfin il fut blessé d’une balle à la cuisse gauche au combat de Tuma-mès en Espagne, le 28 octobre 1810.
Entra à l’École mililaire en 1805 et en sortit sous-lieutenant au 1’ régiment de chasseurs à cheval. Il fit toutes les campagnes de la grande armée, soit en Espagne soit à l’armée du Nord. L’Empereur qui l’avait remarqué, se l’était attaché en qualité d’officier d’ordonnance, avec le grade de chef d’escadron.
En 1815, M. de Resigny eut le glorieux et triste avantage d’accompagner Napoléon jusque sur le Belléroplwn, d’où ii fut transféré, avec six autres officiers et dix hommes du service de l’Empereur, à bord d’une corvette qui marchait de conserve avec le Belléroplwn ; plus tard, il fut réuni aux généraux Savary et Lalle-mand et conduit avec eux, comme prisonnier de guerre, à Malte où il resta jusqu’au mois d’août 1816, époque à laquelle il recouvra sa liberté.
M. de Resigny vécut dans la vie privée jusqu’en 1830. Il reprit alors du service et fut attaché au 6e régiment de hussards comme lieutenant-colonel. En janvier 1832, ilfutnommé colonel du l"régiment de dragons. Le 18 décembre 1841, il a été promu au grade de général de brigade.
M. de Resigny est aujourd’hui commandeur de la Légion-d’honneur, et il commande la 5e subdivision de la 3* division militaire.
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