Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BEETHOVEN, Louis VAN

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BEETHOVEN (Louis VAN) le vieux, musicien, né à Anvers, le 23 décembre 1713, décédé à Bonn, le 24 décembre 1773. Cet artiste descend d’une famille établie dès le xvie siècle à Rotselaer, Leefdael et Berthem, dans les environs de Louvain. Son grand-père, Guillaume van Beethoven, époux de Catherine Grandjean, était, en 1705, débitant de vin à Anvers ; son père, Henri-Adélard van Beethoven (né à Anvers en septembre 1683, et y décédé en septembre 1745), époux de Marie-Catherine de Herdt (morte à Anvers en novembre 1753), était maître tailleur. Ce dernier, après quelques années passées dans l’aisance et après avoir même acheté, en 1713, la maison Sphera mundi, qu’il habitait dans la rue Neuve, vit ses modestes ressources diminuer peu à peu et bientôt il put suffire à peine à nourrir sa famille, composée de douze enfants. Pour comble de misère, la mésintelligence éclata dans le ménage et les querelles en vinrent à ce point, qu’un jour Louis, qui était le puîné des fils, abandonna sans retour le domicile paternel. Doué d’une jolie voix et déjà bon musicien, il se rendit à Louvain et alla offrir ses services au chapitre de l’église collégiale de Saint-Pierre, qui, le 2 novembre 1731, l’admit parmi les chanteurs du jubé. Quelques jours après, le maître de musique, Louis Colfs, ayant dû se faire remplacer momentanément pour cause de maladie, Louis van Beethoven fut agréé pour remplir ses fonctions pendant trois mois. Ce temps expiré, notre jeune artiste se rendit à Bonn, où, au mois de mars 1733, il reçut sa nomination de chanteur effectif de la cour et de la chapelle du prince-élecleur, Clément-Auguste de Bavière. Conformément à l’usage, il avait probablement rempli déjà, en expectative, les mêmes fonctions durant l’année précédente. Un traitement annuel de quatre cents florins, somme élevée pour cette époque, lui fut alloué. Le 7 septembre 1733, Louis van Beethoven, n’ayant pas encore atteint l’âge de vingt et un ans, contracta mariage dans la même ville, avec une jeune fille, Marie-Josèphe Poll, qui n’en avait que dix-neuf. Dès lors il passa son existence à Bonn, et pendant de longues années il fut un des artistes les plus choyés de la cour semi-mondaine et religieuse de l’électeur-archevêque. Ce prince lui-même, né à Bruxelles, en 1700, lorsque son père Maximilien-Emmanuel de Bavière était gouverneur général des Pays-Bas, manifesta constamment pour le musicien anversois une grande bienveillance. Après sa mort, son successeur, Maximilien Frédéric, mit le comble à ses bontés, en appelant Van Beethoven, en 1763, au poste élevé de maître ou directeur général de la musique de sa cour, fonctions qu’il remplit jusqu’à la fin de sa vie. Quoique chef de la chapelle archiépiscopale, Van Beethoven, qui avait conservé la fraîcheur de sa voix, continua à remplir divers rôles dans les opéras-comiques qu’on représentait chaque hiver sur le théâtre du Prince-Électeur. En 1771, il joua, en français, le rôle de Dolmon, père, dans Sylvain, de Grétry, et en 1773, en italien, celui de Brunoro, dans l’Inganno Scoperto, du compositeur Luchesi.

De son mariage aec Marie-Josèphe Poll, décédée à Bonn le 30 septembre 1775, Louis van Beethoven le vieux laissa, entre autres enfants, un fils nommé Jean, né vers 1740, qui lui succéda en 1763, comme chanteur titulaire de la chapelle, après en avoir été chanteur adjoint depuis 1759. Celui-ci fut le père du maitre éminent, du célèbre compositeur Louis van Beethoven le jeune, qui, le 17 décembre 1770, fut tenu par son grand-père sur les fonts de baptême à l’église Saint-Remi, à Bonn, et mourut à Vienne en 1827.

Le portrait de Louis van Beethoven le vieux, peint à la fin de sa vie par Radoux, le peintre de la cour, est actuellement (1866) à Vienne, chez la veuve de Charles van Beethoven, sa petite-fille par alliance. Le vieux père flamand (tel est le nom qu’on lui donne encore) est représenté mi-corps, de grandeur naturelle, coiffé d’un bonnet fourré et tenant à la main un morceau de musique.

D’autres Van Beethoven de la branche anversoise ont cultivé les beaux-arts, nommément Pierre van Beethoven, peintre, élève d’Abraham Genoels le jeune, en 1689, et Gérard van Beethoven, sculpteur, reçu comme fils de maître dans la gilde de Saint-Luc, en 1713. Louis-Joseph van Beethoven, qui suivait les cours de dessin à l’Académie royale d’Anvers en 1713, était le frère cadet de Louis van Beethoven le vieux.

Chev. L. de Burbure.

Archives d’Anvers. — Ludwig van Beethoven’s Leben, von Alexander Wheelock Thayer. 1ter band. Berlin, 1866.