Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOCHAUTE, Charles VAN

La bibliothèque libre.
◄  Tome 1 Tome 2 Tome 3  ►



BOCHAUTE (Charles VAN), médecin, né à Malines, dans la paroisse de Saint-Jean, le 26 avril 1732, de Jacques et de Cornélie Kemmi, et mort à Bruxelles en 1790. Après avoir achevé ses humanités dans sa ville natale, il alla étudier les sciences médicales à Louvain et obtint le diplôme de licencié ; il se fixa à Malines pour s’y adonner à la pratique de son art. Il y épousa Élisabeth van Bat, dont il eut plusieurs enfants.

Van Bochaute s’était occupé d’une manière spéciale de la chimie et des sciences naturelles. Ces sciences firent, toute sa vie, l’objet de ses études favorites. En 1773 la chaire de chimie de l’Université de Louvain devint vacante par le départ du professeur Vounck. Le gouvernement de Marie-Thérèse nomma Van Bochaute pour lui succéder, avec le titre de professeur royal. C’était le huitième titulaire depuis l’institution de cette chaire en 1689. Notre compatriote se trouvait dans son élément ; aussi donna-t-il des preuves manifestes de ses vastes connaissances, et fut-il considéré, à juste titre, comme le meilleur professeur de chimie des Pays-Bas durant le XVIIIe siècle. Dès le 9 juin de la même année, il ouvrit son cours par un discours dans lequel il fit connaître le but et l’utilité de la chimie. Staes, rédacteur du Nieuws uyt Loven, de 1773, parle avec éloge de ce travail.

Le professeur de Louvain ne se tint pas seulement au courant de la science, il s’occupa avec succès de la chimie organique qui, avant les travaux de Lavoisier, se trouvait pour ainsi dire dans l’enfance. Son premier travail, publié, en 1778, après un grand nombre d’expériences faites en présence de ses élèves, fut une Dissertation sur la composition de la bile. À ce sujet il dit : Quæ mihi promiseram, sat bene successer unt igitur operæ pretium judicavi experimenta in eum finem a me cœpta cum publico communicare ; ad quod faciendum eo magis obligor quod verè nova et inaudita detexerim quæ orbi litterato reticere nefas foret. (Voyez Dissertatio physiologico-chemica de bile, page vi de la préface.)

Cette dissertation, qui contient des faits inconnus à cette époque, de véritables découvertes en chimie organique, reçut l’accueil le plus enthousiaste des savants. Dix ans après, en 1788, le seul journal médical du pays, paraissant à Bruxelles, chez Jouret, et intitulé : Nieuw geneeskundig tydschrift, en fit l’éloge le plus complet. Dès lors, la place du professeur Van Bochaute était marquée à l’Académie impériale et royale des sciences et belles-lettres, que Marie-Thérèse avait érigée le 16 décembre 1773. Dans la séance du 20 décembre 1781, il soumit au jugement de cette compagnie savante deux mémoires, à l’appui de sa candidature ; l’un est intitulé : Mémoire sur l’origine et la nature de la substance animale ; l’autre : Essai sur la reproduction des êtres organisés et la continuation de leurs espèces.

Le premier corps scientifique du pays lui décerna les honneurs académiques le 18 octobre 1782 en l’appelant au fauteuil laissé vacant par la mort du célèbre Needham et Van Bochaute envisagea cette honorable distinction comme un nouveau stimulant de ses études. Aussi, assista-t-il régulièrement aux séances et présenta-t-il plusieurs travaux intéressants, dont quelques-uns furent imprimés dans les Mémoires de l’Académie et dont d’autres restèrent inédits, par suite de la dispersion de ce corps savant lors de l’invasion de la Belgique par les Français.

Les travaux qu’il présenta à l’Académie y furent reçus avec intérêt et une bienveillance extrême, comme on peut le voir par la relation qui en est faite dans le tome IV des anciens Mémoires de cette compagnie.

Dans la séance du 4 février 1787, il déposa le Projet d’un établissement en forme d’hôpital pour les villages en temps d’épidémie, dans lequel il fit voir la nécessité de pareilles institutions philantropiques. Dans la séance du 18 mars 1785, il lut un Mémoire sur la matière colorante du quinquina rouge.

L’Académie avant résolu de former un cabinet de chimie sous la direction de l’abbé Mann, le professeur de Louvain contribua pour une large part à cet établissement. Dans la séance du 8 avril 1785, il offrit divers objets chimiques de sa composition.

L’activité de Van Bochaute n’eut plus de relâche ; toutes les fois qu’il se rendait aux séances académiques, il déposait de nouveaux travaux. A la séance du 8 avril 1785, il communiqua une Note sur la congélation subite du vinaigre radical. A celle du 20 novembre suivant, il lut un mémoire sur l’Origine et la nature du chyle.

Les mêmes idées progressives germent souvent en même temps dans les têtes des savants ; pendant que les chimistes français, à la tête desquels se trouvait Lavoisier, s’occupaient de reformer la nomenclature chimique, le professeur de Louvain présenta, à la séance de l’Académie du 5 mars 1787, une Nouvelle nomenclature chimique, étymologiquement tirée du grec. Van Bochaute, ayant eu connaissance du travail soumis à l’Académie des sciences de Paris, retira le sien, parce qu’il le trouva inférieur. Il publia toutefois sa nomenclature en 1788, en mettant en regard celle des chimistes français. La conquête ayant réuni la Belgique à la France, la nomenclature de Lavoisier, qui était plus euphonique, fut généralement adoptée en notre pays. Cette publication fut la dernière du professeur de Louvain. Par décret impérial du 17 juillet 1788, les facultés de droit, de médecine et de philosophie furent transférées à Bruxelles. Van Bochaute y suivit la faculté de médecine, au grand mécontentement du pays. Joseph II combla la mesure des illégalités par le décret du 6 juin 1789, déclarant tous les priviléges de la Joyeuse entrée révoqués, cassés et annules. C’était appeler la révolution. Aussi, le 17 décembre 1789, la Belgique s’affranchit-elle de la domination autrichienne. Le 4 mars 1790, l’université fut réinstallée à Louvain et les anciens professeurs rentrèrent dans leurs droits. On ne fit d’exception que pour ceux qui avaient eu la faiblesse de se montrer trop dévoués aux innovations de l’empereur. Le professeur Van Bochaute fut de ce nombre. Il resta à Bruxelles, où il mourut peu de jours après.

Voici la nomenclature des travaux de Van Bochaute : 1° Dissertatio physiologico-chemica de bile. Louvain, 1778, in-8o de 72 pages. — 2° Mémoire sur l’origine et la nature de la substance animale. Bruxelles, 1781, in-4o de 13 pages. (Mémoires de l’Académie de Bruxelles, t. IV.) — 3° Essai sur la reproduction des êtres organisés et la continuation de leurs espèces. Bruxelles, 1781,in-4° de 9 pages. (Mémoires de l’Académie, t. IV.) — 4° Projet pour établir des nitrières végétales dans ces pays par une abondante culture du Botrys ambrosioides mexicana et du Botrys ambrosioides vulgare. Bruxelles, 1783, in-4o de 5 pages. (Mémoires de l’Académie, t. IV.) — 5° Mémoire sur le cuivre de Hongrie, Bruxelles, 1783, in-4o de 5 pages. (Mémoire de l’Académie, t. IV.) — 6° Mémoire sur la matière colorante du quinquina rouge. Bruxelles, 1785 (en manuscrit). — 7° Note sur le liquor terræ foliatæ tartari. Bruxelles, 1785, in-4o. — 8° Note sur la congélation subite du vinaigre radical. Bruxelles, 1785 (en manuscrit). — 9° Mémoire sur l’origine et la nature du chyle. Bruxelles, 1785 (en manuscrit). — 10° Projet d’un établissement en forme d’hôpital pour les villages en temps d’épidémie (en manuscrit). — 11° Nouvelle nomenclature chimique, étymologique, tirée du grec. Bruxelles, 1788, in-8o.

C. Broekx.

D’Avoine, Notice sur Charles van Bochaute, Malines, 1851, in-8o. — Prodrome de l’histoire de la faculté de médecine de l’ancienne Université de Louvain, par C. Broekx. Anvers, 1865, in-8o.