Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOURNONVILLE, Oudart DE

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BOURNONVILLE (Oudart DE), homme de guerre, baron de Capres, de Barlin et de Houllefort, seigneur de Hennin-Liétard et de Ranchicourt, naquit en 1533 et mourut le 28 décembre 1585. Il figure au nombre des pages de l’empereur Charles-Quint qu’il suivit, en 1547, aux guerres d’Allemagne. Comme tant d’autres gentilshommes belges, il signa le compromis de 1566 sans trop savoir à quoi il s’engageait. Marguerite de Parme, cependant, l’ayant accueilli avec une extrême bienveillance, quand il vint lui présenter ses excuses et lui offrir ses services, il alla rejoindre, en janvier 1567, avec deux cents piétons wallons, le grand bailli de Noircarmes sous les murs de Valenciennes. Après la reddition de cette ville, il équipa à ses frais une troupe de cavaliers peu nombreuse mais choisie;à leur tête il servit sous les ordres du comte d’Aremberg, et, pendant l’automne de 1568, dans les rangs de l’armée espagnole commandée par le duc d’Albe.

On lui donna en récompense de son grand zèle pour les affaires du roi le gouvernement de Louvain. En 1572, il assista au siége de Mons, fit la campagne de Zélande, et se rendit de là, avec son régiment, sous les murs de Harlem et de Naarden. Strada suppose que ce fut pendant son séjour en Hollande que le prince d’Orange tenta de le gagner à sa cause en lui offrant la charge de grand amiral de Flandre. Bournonville (qu’on appelait dans ce temps-là le seigneur de Capres) avait trop de mal à se faire pardonner une première défection pour en tenter une seconde. S’il prit les armes contre les Espagnols en 1576, pendant le sac d’Anvers, ce fut par un mouvement de généreuse indignation que nous ne saurions blâmer. Fait prisonnier par les soldats mutinés en même temps que le comte d’Egmont, le sire de Goignies et quelques autres officiers belges, il fut cruellement insulté et maltraité par eux. Son ressentiment le poussa à embrasser la cause des États-Généraux et à accepter d’eux le gouvernement de la ville d’Arras et le commandement d’un régiment de cavalerie. Quelques mois plus tard, les troupes étrangères quittaient les Pays-Bas et Bournonville, dont le seul grief n’existait plus, aurait dû sortir des rangs de l’opposition. Il n’en fit rien. L’amour-propre étouffait-il chez lui le cri de la conscience, ou bien aimait-il mieux trahir encore? Son panégyriste, Etienne Casellas, est d’accord avec l’histoire pour le condamner quand il s’écrie : « Son habileté pendant les troubles fit l’admiration de tous, et lui valut les faveurs du roi Philippe II et l’estime particulière du grand Alexandre Farnèse. »

Toute son habileté, cependant, consiste à se dire plus catholique que le Pape, à donner une plus grande importance au parti des Malcontents, et, enfin, à remettre dans les mains du roi d’Espagne, l’un des premiers, une ville conquise à l’opposition. La soumission des provinces wallones accomplie, Bournonville réclama le prix de ses services. Il obtint, par lettres patentes du 7 septembre 1579, l’érection de sa terre d’Hennin-Liétard en comté, conserva son gouvernement d’Arras et de l’Artois, et devint, en outre, conseiller d’État et chef-président des finances. De sa femme, Marie-Christine, fille du malheureux Lamoral d’Egmont, il ne laissa qu’un fils unique. V. Bournonville (Alexandre).

C. A. Rahlenbeck.

Doze fratos de la muy antigua y ilustre casa de Bournonville, Barcelone, 1680, in-fol. — J.-W. te Water, Historie van het verbond, enz., t. II. — J.-C. de Jonge, De Unie van Brussel, s’Gravenhage, 1825, in-8o. — La Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, Paris, 1771, t. III. — Famien Strada, Histoire de la guerre des Pays-Bas, liv. VIII et IX, etc.