Biographies de l’honorable Barthélemi Joliette et de M le Grand vicaire A Manseau/Chapitre XLII

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XLII.

Portrait physique de M. Joliette.


Traçons en quelques mots le portait de cet homme qui restera grand aux yeux de la postérité.

M. Joliette était de taille moyenne, mais d’une charpente fortement constituée : épaules larges, membres musculeux, poitrine bombée, tête élevée et majestueuse ; c’était un bel homme dans toute l’acception du mot.

Il avait l’allure assez dégagée, et sa toilette, toujours propre et soignée, ne dénotait pourtant chez lui, aucune affectation ni vanité. Des traits réguliers, mais très accusés, des yeux bruns et pleins de feu révélaient son énergie, son courage et la perspicacité de son esprit.

Sa chevelure était abondante et d’un noir d’ébène ; son teint d’un brun clair disparaissant légèrement sous les couleurs plus vives d’un tempérament bilieux-sanguin. Sur son large front rayonnait l’intelligence, tandis que la douceur et la bonté se lisaient sur les contours de sa bouche souriante. En un mot, sur cette figure douce, calme, sereine, ouverte, expressive et pleine de noblesse, se reflétaient comme dans un fidèle miroir, la beauté de son âme, la générosité de son cœur, l’élévation de ses sentiments et la grandeur de son génie. »


Vertus morales.


Nous avons vu par les œuvres qu’il a accomplies pour la gloire de l’Église, quels étaient sa foi et son attachement à la Religion Catholique dont il reçut les félicitations durant sa vie et les consolations à l’heure suprême de la mort.

Son dévouement envers toutes les généreuses entreprises ne fut pas moins pur que sa vertu de religion. Jamais homme ne fut plus désintéressé pour lui-même et pour sa famille. Toute son ambition était de faire du bien à ses semblables. Il semble que toute sa vie a été vouée au bien-être de ses concitoyens. Dans ce but, il a dépensé, sans y regarder : talents, travail, fortune, forces physiques et morales, tout, jusqu’à sa vie.

Parlerais-je de son humilité qui s’effrayait des moindres éloges que l’admiration ou la reconnaissance inspirait à ses compatriotes ? qui lui faisait baisser le front, garder le silence en toutes ces circonstances où il était fait mention de ses œuvres et de ses nobles sentiments ?

Comment louer dignement cette sagesse et ce discernement qui le guidèrent si heureusement toute sa vie, en firent une des lumières du conseil législatif, et pendant vingt-cinq ans, comme le mentor et le père de la population qu’il a entourée des marques si sensibles de sa bienfaisance et de son amour ?

Sa douceur et sa patience, comme nous l’avons vu, n’étaient pas moins dignes de louanges. Ces qualités ne se démentirent jamais. D’une humeur toujours égale, il plaisait à tout le monde par son affabilité et ses bonnes manières.