Bourassa et l’Anti-Laurierisme/Le trust de M. Bourassa

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LE TRUST DE M. BOURASSA.


M. Bourassa parle souvent des trusts, et il a bien qualité pour s’y connaître. N’a-t-il pas essayé d’établir au profit d’une petite bande de mécontents, le trust le plus gigantesque qui ait jamais été organisé dans notre bonne province de Québec : le monopole du patriotisme et de la religion ? Il s’agit ici d’un trust qui a surtout un aspect moral (pardon, ô aveugle M. Monk !)

Pour arriver à ses fins, M. Bourassa a semé de tous côtés la calomnie et l’insulte, pesant comme seul soutien de l’autel et de la patrie (tout en faisant les appels que l’on sait à l’élément anglais et protestant), violant, à l’égard de ses adversaires, toutes les lois de la justice, sortant de toutes les bornes de la raison et faisant ou laissant, exposer dans son journal les propositions les plus contraires à une saine économie politique ; cherchant, en un mot, à exercer le monopole du patriotisme, et cela au moyen d’un capital archi-« mouillé », dont la mise en circulation (si les idées bourassistes pouvaient prévaloir) amènerait à courte échéance la banqueroute nationale. Par des méthodes à lui connues, il a réussi à s’emparer de l’âme de personnages haut placés et d’intelligence pourtant supérieure, qui se sont, pour ainsi dire laissé ensorceler et lui ont, en quelque sorte, donné des « lettres de marque » pour la campagne de flibustier qu’il a entreprise contre le gouvernement de son pays et contre l’intégrité de l’Empire.

Il s’est si bien insinué dans l’esprit de quelques-uns, qu’on a pu voir un jeune professeur de philosophie s’enthousiasmer au point de presque vouloir substituer la doctrine nationaliste aux manuels acceptés jusqu’ici : encore un peu plus et le petit catéchisme lui-même y paissait.

Pour avoir on aspect surtout moral, le « trust du bourassisme » n’en est pas moins dangereux. Sous prétexte de défendre les droits et les intérêts des Canadiens-français, il ne tend en somme qu’à les diviser entre eux qu’à désorganiser nos forces nationales et nous attirer la méfiance, en même temps que le mépris de nos voisins dont nos hommes publics ne cherchent qu’à nous conquérir l’estime et l’amitié.

Mais Monsieur Bourassa y trouve, ou croit y trouver son avantage personnel. Il s’imagine grandir en cherchant à nous abaisser aux yeux des étrangers ; il ne s’aperçoit pas de son erreur, ni de l’immense vérité contenue dans ce MOT d’un Français que nous reproduisons plus loin, qui connait bien notre pays et qui disait l’autre jour encore, qu’il faudrait au Canada « plus de Laurier et moins de Bourassa ».

Le trust de Monsieur Bourassa est voué à une faillite inévitable. Il le sait, où dû moins il s’en doute, car il multiplie les efforts pour rendre fructueuse la chasse aux gros sous.

Un ministre protestant des États-Unis, refusait naguère un don de M. Rockefeller, déclarant qu’il ne voulait pas toucher de l’argent sale ( “tainted money”.)

À en juger par de récents événements, M. Bourassa n’est pas aussi « regardant » quand il s’agit de faire tomber de l’argent dans la caisse du « Devoir ».