Bourassa et l’Anti-Laurierisme/M. Bourassa jugé par les siens

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M. BOURASSA JUGÉ PAR LES SIENS.


M. Bourassa se fait accompagner dans les assemblées des élections actuelles, par M. Jean Prévost que son journal avait autrefois qualifié du surnom de « Jean Sans Terres » d’abord, puis de « Jean Sans Tête ».

Il n’a pas d’éloges suffisants à décerner à M. Jean Prévost, maintenant que celui-ci vogue dans la galère bourassiste.

Pour que le public sache bien quelle estime réciproque ont les pantins qui s’agitent dans la comédie autonomo-rationaliste, voici un aperçu de la façon dont M. Jean Prévost, alors ministre de la Colonisation et des Terres, traitait le Grand Rédempteur Bourassa, dans une assemblée, tenue à St-Jérôme, le 20 oct. 1907, et où M. Bourassa avait voulu aller faire la leçon à M. Prévost.

Écoutez M. Prévost :

« À St-Hyacinthe, à Rigaud et ailleurs, en août et septembre derniers, vous avez accusé M. Gouin de vouloir créer un ministère de l’instruction publique.

Vous MENTEZ, car vous saviez que M. Gouin dans un discours, prononcé à Montréal, en décembre 1905, a nié que telle était son intention. Vous saviez qu’à la session de 1906, les hon. Turgeon et Roy et deux collègues de M. Gouin se sont prononcés contre un ministère de l’instruction publique.

Vous avez encore MENTI dans le récit que vous avez colporté partout de l’affaire Breaky.

FAUSSE votre affirmation que des limites vendues à Breaky avaient d’abord été mises à l’enchère au prix de $400.00. M. C. Taché, sous-ministre des Terres vous a démenti sous sa signature.

FAUSSE votre histoire de lunch de l’hon. M. Turgeon et de M. Breaky au Club de la Garnison. MM. Turgeon et Breaky vous ont démenti sous leur signature.

FAUSSE votre affirmation que les limites en question n’avaient pas été suffisamment annoncées, M. Taché, sous-ministre, vous a démenti sous sa signature.

FAUSSE votre affirmation que M. Breaky avait revendu ses limites avec un bénéfice de $695,000.00, M. Turgeon vous a démenti avec pièces à l’appui.

Vous avez MENTI en mettant dans la bouche de MM. Eddy et Booth, des affirmations qu’ils n’ont jamais faites, concernant le bois de notre province.

Vous êtes démenti, ici par le texte même des témoignages de ces deux Messieurs, dans le rapport de la Commission de Colonisation.

Vous avez FAUSSÉ ou LAISSE FAUSSER LA VÉRITÉ par vos amis en laissant s’accréditer dans le public que Sir Wilfrid Laurier approuvait votre présente campagne. — Laurier vous a démenti sous sa propre signature dans une lettre à M. Beauparlant.

Vous avez MENTI en accusant M. Dupuis, recorder, d’avoir acheté et revendu avec bénéfice de $39,000, des terres achetées du gouvernement. M. Dupuis vous a démenti sous sa propre signature.

Vous avez MENTI quand vous avez affirmé que le gouvernement vendait « surtout dans le mois de mai » des lots aux colons, afin de laisser aux marchands de bois, un autre an pour enlever le bois de ces terres. Vous êtes démenti par les documents officiels qui démontrent que de 1900 à 1907 (sept ans), il a été vendu des lots aux colons :

En mars, 1498 ;

En avril, 2888 ;

En mai, 612 seulement.

Vous avez MENTI quand vous avez dit que le gouvernement en taxant les opérations de bourse n’avait atteint que les transactions faites au comptant, et que pour protéger M. Forget, il ne taxait pas les spéculations sur marge. Vous êtes démenti par la loi elle-même qui dit exactement le contraire.

Vous avez MENTI quand vous avez prétendu que l’hon. M. Lemieux et un autre chef libéral vous avaient offert un portefeuille de ministre dans le cabinet Gouin. Vous avez été démenti par l’hon. M. Lemieux.

Vous avez MENTI en faisant jouer à M. L. J. Lemieux, député de Gaspé, un rôle d’entremetteur auprès de « La Patrie. » — Vous avez été démenti par M. L. J. Lemieux lui-même et M. L. J. Tarte, gérant de « La Patrie ».

Vous avez MENTI en affirmant que M. J. C. Langelier et M. Parent faisaient remise des droits de coupe à certains marchands de bois.

M. C. Langelier, ainsi que Thon. M. Parent vous ont démenti sous leur propre signature.

Vous avez encore MENTI, lorsque vous avez prétendu que j’avais vendu pour $65.00 une mine que M. McKenzie avait revendue pour deux millions.

J’ai prouvé et je suis encore prêt à vous prouver, documents en mains, que la Northern Gold Field n’avait pas acheté un pouce de terrain.

Vous avez encore MENTI lorsque vous avez accusé l’hon. M. Taschereau d’avoir organisé des gens pour vous jeter des pierres à l’assemblée de Québec. M. Taschereau l’a nié sous sa signature et a poursuivi « La Patrie » qui a publié ce mensonge, sous forme d’interview.

M. Bourassa, vous qui reprochiez à M. Tarte à Laprairie, de ne faire que des insinuations et de ne pas offrir de preuves patentes, rendez-donc compte à cette assemblée de l’INSINUATION MENSONGÈRE que vous faisiez à Ste-Martine, contre le gouvernement, en faisant entendre que ce dernier, pour se procurer des fonds d’élections, votait un gros subside en terre, pour un chemin de fer du lac St-Jean à Chibougamoo.

Je donne à cette ACCUSATION PERFIDE le démenti le plus formel et je vois là que vous n’êtes pas scrupuleux sur vos moyens pour démolir les réputations de nos hommes publics et le gouvernement. Quant à moi, vous le voyez, électeurs de Terrebonne, je n’ai pas craint et ne craindrai jamais de faire face à mes accusateurs, je vous ai rendu compte de mes actes, loyalement, sincèrement. Je suis prêt à faire plus.

Je suis prêt à suivre l’exemple de M. Turgeon et à DONNER MA DÉMISSION COMME DÉPUTÉ DE TERREBONNE, SI M. BOURASSA S’ENGAGE À SE PRÉSENTER CONTRE MOI à l’élection qui suivra.

Nous ferons remarquer que M. Bourassa dont le journal s’offusque si bruyamment de voir les ministres négliger les défis insolents de ses compagnons en quête de notoriété, a absolument négligé de relever ces défis.

Ils restent sans réponse.

Un homme public qui s’est laissé traiter ainsi de menteur, qui a refusé le défi qui lui était lancé, de prouver sa bonne foi et qui reste volontairement sous une accusation de fausseté est, en vertu de tout code d’honneur, déqualifié du privilège de défier personne.

Qu’il aille d’abord SE LAVER.