Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome I/Séance du 22 novembre 1830
La séance a lieu dans le local de la Société, rue Jacob, au numéro 5.
M. Cordier occupe le fauteuil. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal, on passe à la correspondance.
M. Jouannet annonce la découverte de fœces de palæotherium dans les couches de la molasse des environs de Bordeaux.
M. de Léonhard adresse le prospectus de son ouvrage intitulé : Les rapports des formations basaltiques avec les dépôts normaux et anormaux (Die basalt-Gebilde in ihren Bezichungen zu normaleu und abnormen Felsmassen.)
Ce travail commence par une introduction, dans laquelle l’auteur s’occupe des théories géologiques concernant le basalte. Il divise ensuite son traité en 5 chapitres, dont il consacre le premier au gisement des basaltes, le deuxième aux détails sur leurs matières primitives, le troisième aux discussions sur leur âge, le quatrième aux développemens sur leurs divers dépôts et sur les roches qui les avoisinent ; dans le cinquième, enfin, il compare les effets produits par le feu des cheminées et des fourneaux avec ceux provenant des basaltes. Cet ouvrage aura deux volumes grand in-8o, chacun de 26 à 30 feuilles, avec un atlas de 18 à 20 planches, en partie coloriées, Il paraît chez E. Schweizerbart, à Stuttgardt. Le prix est pour les souscripteurs, jusqu’au premier juin 1831, de 29 fr. 50 cent.
M. Pusch envoie le prospectus d’une nouvelle publication irrégulière en langue polonaise, intitulé Mémoires sur les mines et sur les usines (Pamietnik gornictwa i hutnictwa), et qui commencera à paraitre à Varsovie le premier janvier 1831 ; sous la rédaction de MM. les professeurs J. J. Pusch et L. F. Reklewski.
Les matières qui seront traitées dans cet-ouvrage sont les suivantes : 1° la technologie des mines et des usines, et plus particulièrement de celles de Pologne ; titre sous lequel les auteurs comprendront la métallurgie, la minéralogie, la chimie, etc ; 2° Des renseignemens statistiques sur les mines et les usines de la Pologne ; 3° Des renseignemens historiques sur les mines récentes et anciennes de la Pologne ; 4° Des renseignemens sur la législation des mines en Pologne et dans d’autres pays ; 5° Des notices littéraires et biographiques relatives à l’art des mines ; 6° La terminologie de l’art des mines et des usines, comme devant servir de base à un dictionnaire sur la matière. — Chaque cahier de cet ouvrage in-8o contient 10 à 12 feuilles d’impression, et coûte 6, florins 20 gros.
M. Keferstein écrit à la Société pour réclamer contre le reproche de plagiat que lui a fait M. le professeur F. Hoffmann, à la page 471 de son nouvel ouvrage sur le nord-est de l’Allemagme (Ubersicht der geognostischen Verhaltissen in nordostlichen Deutschland, in-8 Leipzig, 1830.)
Ce dernier a imprimé que tout ce que M. Keferstein avait publié en 1825, Sur le quadersandstein des environs de Quedlinburg et de Halberstadt était complètement sa propriété, à quelques exceptions près. M. Keferstein répond que dès 1823, M. Hoffman avait fait paraître sa carte géologique et sa description de la contrée en question. Ayant exposé sur ces contrées des résultats différens de ceux de ses prédécesseurs, il n’a pu les puiser dans les manuscrits de ce géologue. Enfin dès 1824, il a reconnu dans le premier cahier du troisième volume de son journal (Teuschland geologisch dargestellt), de la page 75 à 109 la différence du keuper, du lias et du véritable quadersandstein. Or, M, Hoffmann n’a pas pu ignorer ce mémoire.
La Société reçoit les ouvrages suivans : De M. Jouannet, ses Considérations générales sur les terrains tertiaires du département de la Gironde, extrait du volume 4, livraison 4, des actes de la société linnéenne de Bordeaux, 1830.
De la part de M. Soyer Willemet, ses Observations sur quelques plantes de France, suivies du catalogue des plantes vasculaires des environs de Nancy, in-8o, Nancy, 1828.
De M. Passy, son discours de réception prononcé comme président de la société d’agriculture, des sciences, arts et belles-lettres d’Evreux.
De M. Levrault, le premier cahier du Journal de géologie, par MM. Boué, Jobert et Rozet.
De MM. Lyell et Murchison, leur mémoire sur les dépôts lacustres tertiaires du Cantal, et leurs rapports avec les roches primordiales et volcaniques, extrait des Annales des sciences naturelles, octobre 1829.
De M. Boué. 1° Profil géognostique (geognostische profile, in-8o, Munich, 1829), par M. le baron de Schwerin ; 2° Description géognostique et topographique de la Bavière méridionale (Sud-Baierns Oberflache, in-8o avec des cartes et des profils, Munich, 1820), par J. F. Weiss ; 3° Les procès-verbaux de la, société géologique de Londres, de 1829 à 1828, le n° 10 de l’année 1829, le 11 de l’année 1827, les n° 15 et 17 de l’année 1830, et la liste des membres de cette Société au 31 mars 1830 ; 4° Douze exemplaires de son Essai sur l’Écosse, comme moyen d’échange pour la Société contre d’autres ouvrages.
Le Secrétaire met sous les yeux de la Société les ouvrages suivans :
1° L’ouvrage de M. Hoffmann, dont on a parlé ci-dessus, et dont le 1er volume est consacré aux détails orographiques du nord-est de l’Allemagne, et le second à sa géologie proprement dite.
2° Le premier volume des principes de géologie ou essai
d’une explication des changemens qui ont lieu sur la surface terrestre
par les causes actuellement agissantes (principles of geology, in-8o, Londres, 1830), par M. Ch. Lyell.
3° Nouveau système de géologie (New system of geology, grand in-8o, Londres, 1830), par le docteur Ure.
4° Le premier volume des transactions de la société d’histoire naturelle du Northumberland, de Durham et de Newcastle sur le tyne, in-4o, 1830 ; ouvrage accompagné de cartes et de planches, et contenant sept mémoires de géologie.
5° Une carte allemande des eaux minérales, ferrugineuses, t X sulfureuses, alcalines, salines, acidules, gazeuses et boueuses, de l’Allemagne, de la Suisse et des Pays-Bas ; grande feuille, Weimar, 1830.
6° Les deux premières livraisons du magasin de conchyliologie, ou description et figures de mollusques vivans et fossiles inédits ou non encore figurés, par M. F. É. Guerin, in-8o, 1830.
Le Secrétaire annonce à la Société qu’il y a des mémoires géologiques intéressans dans les nouveaux ouvrages suivans :
1° Dans le premier volume des transactions de la Société de littérature et d’histoire de Québec, au Canada ; 2° Dans le premier volume des mémoires de la Société du même nom de Montréal, dans le même pays ; 3° Dans les transactions de l’institut d’Albany, aux États-Unis ; 4° Dans le journal philosophique de l’Afrique méridionale, publication trimestrielle qui a commencé au Cap en janvier 1830 ; 5° Dans le nouveau journal italien des sciences naturelles, qui a commencé cette année à Bologne ; 6° Enfin, dans les deux derniers volumes in-4o publiés par la société des sciences naturelles de Catane, sous le titre d’Atti dell academia gioenia di scienze naturale.
On passe à la lecture des mémoires.
M. Robert lit une note sur des ossemens fossiles observés près de Nancy.
Un peu avant d’arriver à cette ville, sur la route de Paris, on traverse une petite montagne, appelée la côte de Toul, qui domine toute la vallée, dans laquelle serpente au loin la Meurthe, après avoir baigné le pied de Nancy.
Cette côte est presque entièrement formée de calcaire oolitique, très puissant dans sa partie inférieure, et épiolitique dans sa partie supérieure.
C’est dans le pare de Monbon, près de la route, dans le terrain de transport formé de cailloux roulés et d’argile rougeâtre, qui remplit les excavations ou érosions produites par les eaux d’un grand cataclisme, que nous rencontrâmes, M. Barbe et moi, des ossemens fossiles qui nous ont paru provenir de pachydermes, tels que l’éléphant, dont nous recueillîmes une portion de défense. Tous les os que nous avons observés sont, à l’exception de celui-là, infiltrés d’un suc calcaire à la manière de certains ossemens des fentes de rocher. La terre argileuse qui les enveloppe y adhère comme un véritable ciment.
Nous avons cru devoir signaler à la Société ce gisement d’ossemens fossiles, remarquable sur tous ceux connus en Lorraine, par sa position très élevée et même escarpée, au dessus de la vallée de la Meurthe, dans laquelle on devrait plutôt les soupçonner.
On lit un extrait du Mémoire de M. Lill, intitulé : Description du bassin ou pays plat de la Gallicie et de la Podolie.
« Ce manuscrit commence par une introduction ou l’auteur donne des détails sur la configuration du sol de ces contrées, et il parle successivement des plateaux, des montagnes, des vallées, des cavernes, et des eaux minérales. Le pays plat de la Gallicie et de la Podolie, comprend 4 classes de terrains, savoir : le sol alluvial, tertiaire, secondaire et intermédiaire. L’auteur réunit les deux premiers dans la même partie, de manière que son mémoire est partagé en trois divisions, et il se termine par un résumé et un coup d’œil général sur le gisement des diverses formations du pays.
La 1re partie renferme cinq chapitres : dans le 1er, il donne des notions générales sur l’étendue des dépôts tertiaires et des alluvions, sur leurs roches principales et subordonnées, leur stratification, leur gisement et leurs fossiles. Le second chapitre traite des alluvions, divisées en modernes et anciennes. Dans les premières il distingue les dépôts chimiques et les dépôts mécaniques, il les décrit et en cite les localités, les fossiles, la position et l’étendue géographique. Il suit la même marche pour les alluvions anciennes et donne des coupes de ce terrain. Les alluvions modernes sont composées de sable, de limon, d’argile marneuse (Lehm), de cailloux, de tuf calcaire, de tourbe, de fer limoneux et de soufre pulvérulent ; les alluvions anciennes comprennent des masses puissantes d’argile marneuse, de sable et de cailloux. Elles atteignent un niveau supérieur à celui des plus grandes inondations, et elles indiquent ainsi qu’elles ont été formées pas des eaux qui devraient mettre la mer Noire en communication avec la Baltique. Les cailloux n’y offrent que les roches des Carpathes, le phénomène des blocs erratiques y est inconnu, et les blocs énormes de granit et de micaschite, sur le bord septentrional du Tatra lui paraissent plutôt le résultat des grands soulevemens éprouvés par ces montagnes. Il cite les localités où l’on trouve des ossemens de quadrupèdes, en particulier d’élephant et de mastodonte.
Le troisième chapitre traite du calcaire tertiaire supérieur, dépôt qui se subdivise naturellement en trois groupes, savoir : en groupe supérieur, ou le calcaire compacte brunâtre ou blanchâtre, dont la dernière variété alterne surtout avec un calcaire grossier ou sableux ; en groupe moyen, ou le calcaire grossier par excellence ; composé de calcaire globulaire ou oolitique, de calcaire blanchâtre friable et de calcaire marno-sabloneux enfin ; en groupe inférieur ; ou celui de grès renfermant du grès calcaire quarzeux, des agglomérats, du sable coquillier, et des argiles. Il consacre ensuite un paragraphe à chacune de ces divisions.
Dans le groupe du calcaire compacte, il décrit successivement les roches dominantes, les fossiles offrant des coquillages d’eau douce mêlés à des coquilles marines, la structure des couches, leur position horizontale et diverse, la configuration du sol formé par ces roches, et enfin leur étendue géographique. Ce calcaire, quelquefois à texture grenue fine et à druses de spath calcaire, passe du blanc au brunâtre, et est çà et là siliceux. Dans quelques lieux, il est sans coquilles et a un aspect poreux voisin des calcaires d’eau douce ou du calcaire siliceux de Paris ; ailleurs, les vénéricardes, les cérithes, les modioles, les serpules, y sont mélées de lymnées et des paludines, (P. pygmœa et inflatade Férussac).
Pour le groupe du calcaire grossier, il fait d’abord remarquer qu’il est caractérisé par sa composition moins simple, ses fossiles, et le mélange de sable. Il renferme des petits morceaux de silex corné, une argile smectique, du spath calcaire, et rarement des grains verts. Il montre qu’il est tantôt véritablement oolitique, et tantôt rendu globulaire par la multitude de débris de coraux qu’il renferme. Le calcaire friable est peu coquillier, et les fossiles se trouvent surtout dans le calcaire marno-sablonneux. Les fossiles de ce dépôt sont des huîtres, des peignes, des eschares, des vénéricardes, des cerithes, des patelles, des tellines, des cardes, des serpules, des trochus, des natices, des cidaris, etc. Il passe plus loin à la structure des ces roches ; il donne beaucoup de détails sur leur gisement dans les divers lieux de la Gallicie, enfin il termine par traiter de la configuration du sol qu’elles forment et de leur étendue géographique.
Le paragraphe concernant le groupe arénacé ou des grès, est très intéressant, surtout sous le rapport des relations de l’argile salifèré avec le sol tertiaire du pays. Nous avons déjà indiqué les roches de ce groupe ; nous pouvons ajouter que les particules vertes et le mica sont fréquens dans les grès en partie compactes ; les agglomérats sont peu fréquens et composés de fragmens des roches secondaires des carpathes, que l’argile marno-sableuse contient quelque-fois des petits nids de jayet, de gypse et d’anhydrite, et qu’elle a aussi quelquefois un goût un peu salé (Kniasdwor). Les fossiles y sont de genres encore plus variés que dans le groupe précédent ; car, outre les genres cités, on y voit aussi des lenticulites, des tarets, des cones, des volutes, des dentales, des delphinules, des turritelles, des peignes, des astartes, de pectoncles, des myes, des saxicaves, etc., des débris de poissons, ainsi que çà et là des os de quadrupèdes ; savoir à Sambor, une mâchoire du rhinocéros tibertinus de Cuvier, des molaires de mastodonte et de l’elephas jubatus.
Ce dépôt offre çà et là, sur le bord des Carpathes comme à Kossow et Kniasdwor, des couches inclinées au S.-O. de 60 à 80 deg. observation qui indique qu’en partie du moins, il a participé à un mouvement de bascule ou de soulèvement qui a affecté la chaîne secondaire mentionnée.
L’article étendu que l’auteur consacre au développement du gisement de ce groupe se recommande surtout par les détails donnés sur les couches percées, dont six puits salifères. Le pays, le plus souvent, étant plat, ce n’est que par ces moyens artificiels qu’on pouvait espérer de parvenir à connaître les relations des grès et sables tertiaires avec l’argile muriatifère. Nous croyons devoir appeler l’attention sur la coupe du puits n° 3, près de Kniasdwor ; car l’auteur nous y montre distinctement entre des couches tertiaires argilo-sableuses et assez inclinées de l’argile marneuse saline et surmontée de grès grossier, en partie coquillier et la gypse, et recouvrant du grès, de l’argile marneuse en partie coquillière, et enfin, l’argile muriatifère exploitable. Après ces détails si neufs, l’auteur termine ce paragraphe par quelques mots sur la configuration du sol et l’étendue géographique de ce groupe.
Un 4° paragraphe est consacré aux détails sur les masses gypseuses subordonnées, les roches tertiaires précédentes et leurs localités. En général, la sélenite domine ; ce dépôt forme des amas, surtout dans les groupes supérieurs et principalement sur le calcaire globulaire. Il donne quelquefois lieu à des petites cavernes sinueuses (Bilcza sur le Sered). Ce chapitre est terminé par un coup d’œil général sur les fossiles de la formation de ces calcaires. Les bivalves particulièrement, les vénéricardes, les peignes, les pectoncles, les tellines et les lucines paraissent prédominer. Après ces coquilles viennent les univalves, et surtout les cerithes, dans certaines localités. Les échinites sont des raretés, les polypiers sont au contraire très fréquens. Les accidens peu communs sont les ichtyolitbes, les ossemens de quadrupèdes et les restes de végétaux.
Quoique les fossiles des diverses subdivisions aient de grandes ressemblances, néanmoins on observe dans chacune des particularités relativement à l’apparition ou la disparition de certains fossiles. Les serpules, les cerithes et les vénéricardes sont propres à nos trois groupe ; l’accident des coquilles d’eau douce et le manque de beaucoup d’univalves propres aux deux groupes inférieurs distinguent celui du calcaire compacte. Si le groupe du calcaire grossier renferme beaucoup de fossiles de la division crétacée inférieure, néanmoins il s’en distingue par ses zoophytes, ses coraux, ses eschares, ses cidarites, tandis que le groupe inférieur offre des coquillages qui manquent dans les assises qui le surmontent. Enfin, l’auteur fait remarquer que les nucules méritent une attention particulière parce que les mêmes espèces existent dans l’argile salifère de Wieliczka et de Kniasdwor. Il donne ensuite un tableau général de tous les fossiles des dépôts tertiaires décrits et un second où ces pétrifications sont classées dans les trois groupes tertiaires, de manière à faire voir celles qui sont communes ou particulières à chaque groupe. Voici ce dernier tableau, dont la détermination des espèces est en grande partie due à le M. prof. Pusch de Varsovie.
Groupe du calcaire compacte. | Groupe du calcaire grossier. | Groupe du grès. |
Serpula. Cerithium. |
Serpula. Cerithium mutabile. Lam. ─ Scaber, Brug et d’autres espèces |
Serpula. Cerithium mutabile. Lam. ─ Scaber, Brug. ─ Margaritaceum. Broc. ─ Trichictum |
Lymnœa. Paludina pygmœa. Daud inflata. |
||
Patella. Trochus sulcatus. Broc. Ampullaria (plusieurs espèces) |
Patella. Trochusiurgiduius. Broc. | |
Turritella. Conus stratiulus. Broc. Lenticulus discorbimus (Schl.) Dentalium eburneum (Lam.) Delphinula. Voluta ou Ancilla. | ||
Venericarda (plusieurs espèces) Modiola (mytulites acuminatus. Schl.) |
Venericarda imbricata (Lam.) ─ Rhomboidea |
Venericarda imbricata (Lam.) ─ Rhomboidea. Modiola |
Ostrea. Pecten. |
Ostrea. Pecten. Pleuronectes. ─ Polonicus Nov. Sp. | |
Pectunculus (plusieurs espèces). Tellias pellucida. Broc. Lucina albella. Broc. Cardium obliquum. Mys gigantea |
Pectunculus pulivnatus et d’autres espèces. Tellias pellucida. Broc. Lucina albella. Broc. Cardium obliquum. Mys gigantea | |
Nucula (plusieurs espèces particulières) Jaccardia ? Astarte senilis. Cardita ? Saxicava. Teredo | ||
Echinite. Cidaris. Rachara. Coraux. |
||
Os de poissons. Rhinocéros tibertinus. Mastodonte. Reste de plantes. Bois fossile |
Ce chapitre se termine par une revue générale des rapports de position du calcaire tertiaire, et des coupes lui servent de commentaires. Le quatrième chapitre traite des grès à lignite, ce sont des roches plus ou moins argileuses, quelquefois quarzeuzes en partie schisteuses et alternant avec du sable et de l’argile feuilletée, ou même plastiques. Du lignite y forme des lits subordonnés et est accompagné de petits morceaux d’ambre. Les fossiles de ces grès sont nombreux, surtout pour les individus d’une même espèce, ce sont surtout des bivalves ; car parmi les univalves, on ne peut guère citer que des patelles et plus rarement des cerithes. Les peignes, (P. orbicularis et, cornea, Sow) et les vénericardes sont fort abondantes, et les espèces du genre peigne sont différentes de celles dans les grès et les calcaires tertiaires précédens. Il y a aussi des myes, des cardiums, du bois siliceux, des impressions de roseaux, etc. Ce dépôt, horizontal dans la plaine et quelquefois incliné sur le bord des carpathes sépare la craie des autres assises tertiaires. L’auteur donne des détails sur les localités où il a observé ce dépôt et en général sur son étendue. La seconde partie où l’article des formations secondaires commence par l’exposé de leurs rapports et caractères généraux, de leur étendue géographique, de leurs roches, de leur structure, de leur gisement, de leurs fossiles. Elles ne comprennent en Gallicie que le calcaire jurassique et la craie ; Les madrépores, les fungites, quelques espèces d’ammonites, des terebratules et des lenticulites paraissent propres au premier dépôt, tandis que de nombreuses échinites, d’autres espèces d’ammonites, des nucules, des peignes, des solenacées et des restes de végétaux caractérisent le terrain crayeux.
Le chapitre premier de cette partie est consacré à la craie, divisée en craie tendre ou dure et craie marneuse, ce qui fournit à l’auteur deux paragraphes où il examine successivement dans les deux espèces de craie, les caractères des roches, leurs fossiles, leur gisement, leur étendue et la configuration du sol crayeux. Les silex existent surtout dans la craie tendre, qui renferme par contre peu de fossiles. La craie marneuse est aussi sableuse et même mélangée quelquefois de mica. On y observe des impressions de plantes et les fossiles suivans : le solen vagina Lam, l’ammonites inflatus Sow, planulatus, comprimatus Schl, des madrépores, les nucula pectinata et stricta Sow, des limes, des avicules, des inocerames, des peignes, P. pleuronectes, Lam, asper, Lam et aranoïdes de France et pectoncles ; ce n’est que dans le royaume de Pologne que M. Pusch, y a vu le belemnites mucronatus, l’ananchites ovata, le mytiloïdes labiatus, la gryphea columba, etc. Ces couches horizontales ne ressortent que dans des vallées profondes ou des cavités de la partie S. E. de la Gallicie, surtout le long du Dniester et de ses affluens septentrionaux. La craie repose rarement sur le grès vert et plus souvent sur le grès intermédiaire, dont nous parlerons plus bas, en général elle est couverte du grès à lignite ou d’autres roches tertiaires supérieures.
L’auteur subordonne à la craie tendre ou dure des amas de gypse compacte, grenu ou spathique, et accompagnée de soufre ; néanmoins il avoue que les rapports de gisement de ces derniers, ne sont pas partout clairs, c’est=à-dire qu’on trouve ces masses quelquefois couvertes par des roches tertiaires sur ou près de couches de craie, comme à Sczersec, à Rohatyn, à Lemberg, etc.
Après avoir donné des détails sur l’étendue de ces gypses, l’auteur résume la position générale du terrain crayeux et vient à parler des gypses crayeux qu’il suppose dans la vallée supérieure de l’Oder.
Le chapitre sur le grès vert est très court, car ce dépôt de sable fin ou grossier, à particules vertes et à fragmens quarzeux, ou cet alternat de grès calcaire et de calcaire sableux ne se rencontre que dans la vallée du Zlota Lipa, à Babin et près de Bilcza sur le Sered. Il renferme des peignes, des huitres et des madrépores en général brisés.
Le chapitre suivant est sur le calcaire jurassique. Ce dépôt comprend du calcaire compacte, assez coquillier, quelquefois un peu poreux, et çà et là, de la dolomie ou de l’oolite. Il renferme quelques silex. L’auteur parle des fossiles de cette formation, de la structure de ses couches, de leur position, de la configuration du sol jurassique et de son étendue en Gallicie. Il retrouve dans ce pays, en petit, ces murailles crénelées et ces vallons pittoresques par leurs rochers, qui distinguent le sol dolomitique d’autres contrées. La formation jurassique n’existe qu’au sud de Cracovie, d’où elle s’étend dans le royaume de Pologne. La troisième partie du mémoire traite des formations intermédiaires qui ressortent avec la craie en couches horizontales dans le fond de la vallée du Dniester et le long de ses affluent septentrionaux. Après des notions générales sur ces dépôts, il nous apprend qu’ils offrent supérieurement un grès et inférieurement un calcaire. Les orthocères, les tentaculites ou piquans du strophomène rugosa, les trilobites, les Productus et d’innombrables terebratules caractérisent le calcaire, tandis que le grès n’offre que des gorgones, des solenacées et des débris d’univalves. Il consacre un chapitre à chacun de ces dépôts. Le grès est quarzo-argileux ou marneux, à grains fins, et de teintes rouge, verdâtre ou blanc rougeâtre ; les grès très micacés donnent des pierres à aiguiser. L’argile schisteuse alterne avec ces roches. Le calcaire est principalement sublamellaire, ou fétide gris ou noirâtre, et il alterne aussi avec des marnes ou des argiles schisteuses et se lie par alternance avec le grès supérieur. L’auteur entre dans les détails nécessaires sur la structure des couches arenacées et calcaires sur le gisement, leurs fossiles et leur étendue. Il nous suffit de remarquer ici que les calcaires fétides sont le moins coquilliers, et qu’il cite parmi les fossiles du calcaire les orthoceratites vaginatus ou undulatus et nodulosus, le terebratulites vestitus ou stritulus, (syn productus), intermedius, comprimatus (syn spirifer Sow) des moules de l’hysterolithes hystericus, des modioles, des huîtres, des retepores ou des eschares, et probablement des belemnites.
Ce beau travail est terminé par un coup d’œil général sur le gisement des formations du pays plat de la Gallicie et de la Podolie, L’auteur fixe d’abord l’attention du lecteur sur cette particularité de ces contrées, que les dépôts se succèdent en couches horizontales, de manière que sans les coupures profondes de quelques rivières on ne verrait que le dépôt le plus supérieur, et on ne serait continuellement qu’en plaine. Cette position et cette uniformité de dépôts permettent de supposer que ces derniers s’étendent fort loin ; néanmoins l’en ne revoit pas dans les Carpathes de traces des roches intermédiaires de la Gallicie, quoique cette chaîne n’en soit qu’à 20 lieues, au contraire, un grès secondaire, étranger au pays plat, y domine. D’un autre côté, ces dépôts anciens ont une ressemblance frappante avec ceux de l’Esthonie, ou des bords de la Baltique, Il paraîtrait qu’elles occupent peu d’étendue en Gallicie et en Podolie. Le contact de ces roches avec le grès carpathique est caché par des alluvions ou des lambeaux de roches tertiaires.
La partie la plus composée dans la constitution géologique de la
Gallicie est celle aux nord du Dniester : car tous les dépôts décrits
s’y rencontrent. Au sud de ce fleuve il y a un groupe puissant
composé de grès à lignites et de calcaire tertiaire. Le milieu de la
Gallicie, entre Zarno, Janworow et Przemysl, est occupé par des alluvions
et les groupes tertiaires ne sont développés entièrement que
dans la Gallicie orientale, en deçà d’une ligne tirée de Sambor à,
Jaworow et Lubica. En saisissant d’un coup d’œil toute la suite
des dépôts tertiaires de la Gallicie orientale, on trouve que tous les
terrains, à l’exception du calcaire tertiaire, ont une tendance à incliner
à l’ouest, de manière qu’on va progressivement de l’est à l’ouest
sous le calcaire tertiaire des formations anciennes aux plus récentes.
En suivant deux profils à travers toute cette partie du pays, l’auteur fait observer que les roches intermédiaires s’élèvent le plus au milieu du bassin entre Trembowla et Zalesczyky, et que le grès rouge se place d’une manière conforme sur les deux côtés nord et sud de cette proéminence peu considérable, au-dessus du calcaire à orthoceres, dent il laisse ainsi ressortir une grande masse sans la couvrir. De plus, on voit comment vers le nord la craie recouvre le grès rouge ; et toute la série tertiaire la craie ; tandis que, sur le côté méridional, le grès à lignite et le calcaire tertiaire avec du gypse reposent sans l’intermédiaire de la craie sur le grès rouge. Du reste le calcaire tertiaire occupant la place la plus supérieure et présent sur les côtes nord et sud, apparaît aussi dans les lieux où les formations inférieures entre ce dépôt et le calcaire à orthocères s’effacent et où les terrains les plus modernes et les plus anciens se touchent. Toutes ces données indiquent donc, dans la direction du nord au sud, un dos d’âne aplati et formé par le calcaire à orthocères, et de plus font voir que les dépôts les plus récens recouvrent seuls la partie supérieure de cette convexité, contre laquelle s’appuient au nord et au sud les formations plus récentes, ou stratification transgressive. Néanmoins l’existence de ce dos d’âne, dirigé du nord au sud, ne paraît qu’un accident subordonné, comparativement à l’inclinaison générale à l’ouest, des formations antérieures au calcaire tertiaire. Du reste ]’on ne peut faire que des conjecture ; sur l’étendue des roches anciennes de la vallée du Dniester et sur leurs rapports avec le sol secondaire et primaire composant la chaîne carpathique.
Après la lecture de cette analyse, M. Deshayes fait observer que, d’après la liste des fossiles tertiaires, il y aurait dans ce pays un mélange des espèces parisiennes avec celles des collines sub-apennines, Il désirait qu’on demandât à l’auteur des échantillons des bélemnites qu’il cite dans le calcaire à orthocères, ainsi que du salen vagina, qu’il prétend avoir observé dans la craie.
M. Boué fait observer à ce sujet que, vu que la craie de Gallicie ne ressort que dans le fond des petits vallons de ce pays plat. il est quelquefois difficile de la distinguer de certaines couches de calcaire tertiaire friable. D’ailleurs il ajoute que cette craie lui a paru offrir des fossiles assez particuliers.