Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome I/Séance du 24 janvier 1831

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Dixième séance. — 24 janvier 1831.


M. Constant-Prévost occupe le fauteuil.

Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la dernière séance. sont proclamés membres de la Société.

MM.

Puillon-Borlaye, membre de plusieurs sociétés savantes, présenté par MM. Boué et Michelin.

Brué, géographe à Paris, présenté par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont.

De la Bèche, membre de la Société géologique de Londres, etc., présenté par MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont.

On passe à la correspondance ; M. Boubée envoie de Toulouse les détails suivans sur le puits artésien qu’on a commencé dans cette ville.

Ce puits est déjà creusé à 700 pieds au-dessous du sol (250 pieds au-dessous du niveau de la mer), et depuis cette profondeur jusqu’à la partie la plus élevée des collines, dont les plus hautes atteignent un niveau de 400 pieds au-dessus du sol (total 360 mètres environ) : tout le terrain se compose exclusivement de sables, de marnes et d’argile, qui par leurs modifications et leurs variétés constituent 8 à 10 roches assez distinctes. Ces roches, groupées en totalité ou en partie ensemble, sont dans un ordre régulier et très-naturel, et forment ainsi un très-grand nombre d’assises parfaitement tranchées ; mais se ressemblant toutes par leur composition.

Voici une coupe de bas en haut d’une partie de ce terrain où toutes ces roches se trouvent réunies : sable grossier quelquefois caillouteux. — Sable argileux, grès demi-dur. — Sable fin argileux micacé ou presque pur. — Argile marneuse. Marne argileuse, marne calcaire dure, calcaire marneux compacte, celluleux, avec veines et druses de chaux carbonatée laminaire ou cristallisée ; ce calcaire est plus souvent en rognons qu’en couches continues.

Ces assises ainsi composées et plus ou moins complètes, se répètent depuis la partie la plus profonde du puits, jusqu’à la partie la plus élevée des collines. Jusqu’à présent on n’a pas encore rencontré d’eau dans le puits foré ; mais le conseil de préfecture a décidé qu’on poursuivrait le forage jusqu’à la rencontre d’un nouveau terrain. — M. Boubée annonce qu’il se prépare à prendre les températures du puits à diverses profondeurs.

M. Lill répond à la question qu’on lui avait faite relativement à l’existence des bélemnites au milieu du calcaire intermédiaires à orthocères de Gallicie :

Que la réunion de ces fossiles ne lui paraît pas extraordinaire puisque, dans le Salzbourg, pays qu’il habite, le calcaire alpin à orthocères, nautiles et ammonites renferme aussi des bélemnites. Il ajoute que cette association existe en particulier dans la vallée appelée Miesthal, à l’ouest de Adneth, et que ce calcaire rougeâtre alterne avec des marnes schisteuses renfermant des plagiostomes, des moules, des modioles et des térébratules, etc. Quant au sol tertiaire de la Gallicie, M. Lill ne reconnaît qu’un seul dépôt de calcaire, savoir celui du terrain tertiaire supérieur, malgré les variétés que présentent ces roches.

M. le docteur Daubeny annonce la découverte de l’azote dans plusieurs eaux thermales des Alpes.

M. Vander Maelen, de Bruxelles, auteur de l’Atlas universel et de géographie physique, politique, statistique et minéralogique, écrit pour rectifier son nom dans le bulletin et envoie plusieurs prospectus.

Le prospectus de la Géographie, en douze dictionnaires pour les douzes divisions suivantes du globe :

1° Afrique ; 2° Allemagne, Autriche, Prusse, Confédération germanique. — 3° Amérique. — 4° Angleterre. — 5° Asie. 6° Espagne et Portugal. — 7° France. — 8° Italie. — 9° Océanie. — 10° Pays-Bas. — 11° Russie, Pologne, Turquie d’Espagne. — 12° Suède, Norwège, Danemark, Islande, Spitzberg.

Ont peut acheter ces dictionnaires séparément ou collectivement.

La description du royaume des Pays-Bas, publiée en 1830, le même auteur, forme 4 vol. in-8o, et coûte 32 fr.

M. Vander Maelen envoie encore deux autres prospectus, l’un relatif à la publication des cartes des différens états de l’Europe, ouvrage composé de 28 livraisons, de 8 feuilles chacune et coûtant 10 fr. la livraison. L’autre, relatif à un Atlas de l’Europe, qui sera composé de 160 feuilles et paraîtra en 41 livraisons. L’échelle de ce dernier ouvrage est de .

Il est fait hommage à la Société 1° de la part de M. Defrance de son ouvrage intitulé : Tableau des corps organisés fossiles précédé de remarques sur leur pétrification, in-8o, Strasbourg, 1824 ; 2° de la part de M. de Caumont, de son ouvrage intitulé : Revue Normande, rédigée par une société de savans et de littérateurs de Rouen, de Caen et des principales villes de la Normandie, ouvrage publié sous la direction de M. de Caumont ; 1er vol., 1re partie. in-8o, Caen, septembre 1830.

On trouve dans cette revue les procès-verbaux des séances des sociétés savantes de la Normandie.

3° De la part de M. Giraldin, ses Considérations générales sur les volcans, et son examen critique des diverses théories qui ont été successivement proposées pour expliquer les phénomènes volcaniques, in-8o, 250 pages, Rouen et Paris, chez. Carilian-Cœury, prix, 5 fr.

Cet ouvrage est divisé en six chapitres. Le premier est consacré à la définition des principaux termes en usage pour la géologie des volcans, à l’examen et à la discussion des diverses classifications des terrains volcaniques.

Le second chapitre traite des caractères géognostiques et minéralogiques de ces terrains.

Le troisième comprend la position géognostique et géographique des volcans à la surface du globe, ainsi que des données sur les volcans sous-marins et sur les îles volcaniques auxquelles ils donnent naissance.

Dans le quatrième chapitre, l’auteur décrit les phénomènes que présentant les volcans dans leurs momens d’activité et dans leur état de repos.

Dans le cinquième, il se livre à l’examen critique des diverses théories que l’on a tour-à-tour admises pour expliquer l’origine des phénomènes volcaniques, et il expose ensuite celle qui lui paraît être le plus en harmonie avec nos connaissances actuelles en géognosie.

Le dernier chapitre est destiné à l’énumération des volcans actuellement brûlans et des solfatares, dispersés sur la surface du globe. L’auteur donne des détails très-intéressans sur chaque volcan en particulier. On n’avait point encore présenté jusqu’ici un catalogue raisonné des volcans aussi complet.

Enfin, l’ouvrage est terminé par des tableaux indiquant l’élévation des principaux volcans actifs et éteints au-dessus du niveau de la mer.

M. Clément Muller, rapporteur de la commission pour l’examen des comptes du trésorier, présente à la Société le rapport suivant, suivi du procès-verbal de la vérification.

Messieurs,

Nous avons été chargés, MM. de Roissy, Defrance et moi, de vérifier les comptes de M. Michelin, votre trésorier, pour ensuite en faire notre rapport ; c’est ce rapport que j’ai l’honneur de vous présenter avec le procès-verbal que nous avons dressé.

Ces comptes sont extrêmement simples et d’une clarté parfaite. Aussi, messieurs, le travail de votre commission a été très-facile, elle n’a eu qu’à constater l’exactitude du comptable sans avoir aucune erreur à relever.

L’actif de la société se compose des sommes dues par les souscripteurs, d’abord pour le droit d’entrée ou de diplôme fixé à 20 fr. ensuite de la cotisation annuelle, dont vous n’avez eu à encaisser qu’un semestre pour 1830, c’est-à-dire 15 fr. Le nombre des souscripteurs s’élevait au 1er janvier 1831 à 141, en déduisant trois 4 membres démissionnaires et un quatrième (M. Duvau), dont la société et la science ont à déplorer la perte.

Ces 141 souscripteurs présentent :

Pour droit d’entrée une somme de 2,820
Pour cotisation 2,115
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au total 4,935

Ce total aurait dû être encaissé par votre trésorier s’il n’avait éprouvé des retards de la part des débiteurs, soit oubli chez les uns, soit impossibilité ou éloignement pour les autres. Au lieu de 4,935 fr. il n’a donc encore été reçu que 3,165 fr. Cette recette et ses divers motifs nous ont été très-faciles à constater au moyen d’un registre contenant compte ouvert pour chacun des membres de la société individuellement. Ainsi, il y a encore à recouvrer 1,770 fr. que nous avons invité votre trésorier à faire rentrer promptement, et tout fait espérer que bientôt le recouvrement aura été effectué.

Le chapitre du passif est établi d’une manière aussi claire que celui de la recette. Les dépenses se composent des articles suivans :

Impressions et lithographie 322 fr. 50 c.
Bulletin 243 40
Mobilier acheté 726 50
Ports de lettres et affranchissemens 112 60
Traitement de l’agent de la société 75 »
Loyer 375 »
Chauffage et éclairage 52 40
Dépenses diverses 100 05
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Total des dépenses 2,007 45

Chaque article est accompagné de sa pièce comptable et vos commissaires n’ont éprouvé d’autre difficulté que celle d’en faire l’application.

La recette, comme vous voyez, messieurs, est supérieure à la dépense de 1,157 fr. 55 c., que M. Michelin nous a représentés. Nous ne vous parlerons pas de l’ordre et de l’économie qu’il a fallu apporter dans ces dépenses pour faire face aux premiers besoins toujours assez multipliés d’une société naissante, et présenter en même temps un reste en caisse aussi important.

Ainsi, messieurs, la société possède en reste après les dépenses faites en 1830 :

Une somme effective de 1,157 fr. 55 c.
Une autre somme à recouvrer de 1,770 »
──────────────
au total 2,927 55

à reporter sur les comptes de 1831 et qui formeront le premier chapitre de l’actif du budget pour cette année.

Vous voyez, messieurs, que la position financière de la société est aussi heureuse qu’elle pourrait l’être. Tout nous fait espérer que son utilité sera goûtée de plus en plus, et qu’appréciée comme elle le mérite, elle verra avec le nombre de ses souscripteurs s’accroître ses ressources pécuniaires, et qu’elle pourra donner plus d’extension à ses travaux et faire tout le bien qu’on en doit attendre.

La commission vous propose d’approuver le compte présenté par M. Michelin et de le déclarer quitte et libéré de la gestion de mil huit cent trente.

D. CLÉMENT-MULLET, rapporteur.


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Vérification du compte du trésorier pour l’année 1830.

Les soussignés, Félix de Roissy, Jacques Defrance et Jean-Jacques Clément-Mullet, commissaires nommés par la société géologique de France dans sa séance du 10 janvier 1831 pour vérifier et arrêter la comptabilité de M. Michelin, trésorier de ladite société pendant l’année 1830, jusqu’à ce jour ;

Après avoir examiné et comparé entre eux les registres de comptabilité et les pièces de dépenses au nombre de trente-six, et les avoir trouvées en parfaite concordance, ont arrêté :

Les recettes, à la somme de trois mille cent soixante-cinq francs, ci 3,165 »
Les dépenses à la somme totale de deux mille sept francs, quarante-cinq centimes, ci 2,007 45
──────────
1,157 55
Partant le reste en caisse s’élève à la somme totale
de onze cent cinquante-sept francs, cinquante-cinq centimes, ci 1,157 55
laquelle somme a été représentée aux soussignés et fermera le

premier article des recettes de l’année 1831.

Les soussignés ont ensuite fait le relevé des comptes ouverts à chacun des membres de la société ;

Il en résulte qu’au 1er janvier 1831, la société se composait de cent quarante-un membres, ce qui donne :

Pour droit d’entrée à raison de 20 francs, la somme de deux mille huit cent vingt france, ci 2,820 »
Pour contribution annuelle à, raison de quinze francs (six mois seulement devant être perçus peut l’année 1830), une somme de deux mille cent quinze francs, ci 2,115 »
────────
Total des droits d’entrée et de la cotisation, quatre mille neuf cent trente-cinq francs, ci 4,935 »
Quatre-vingt-neuf membres ont entièrement soldé leur compten c’est-à-dire trois mille cent quinze francs, ci 3,115 3,165 »
Deux membres ont versé à compte, cinquante fr., ci 50
Il reste à recouvrir 1° sur les deux membres qui ont versé des acomptes, vingt fr., ci 20 1,770 »
2° Sur les cinquante membres qui n’ont rien versé, mille sept cent cinquante fr., ci 1,750
───────
Somme pareille, quatre mille neuf cent trante-cinq francs, ci 4,935 » 4,935 »

d’où l’on voit qu’aujourd’hui il reste du à la société la somme de dix-sept cent soixante-dix francs dont M. le trésorier est invité à presser le recouvrement.

Après avoir reconnu l’exactitude de ces divers résultats, les soussignés déclarent M. Michelin, trésorier, entièrement quitte et libéré de la gesiont de mille huit cent trante, jusqu’à ce jour, sauf l’approbation de la société, et ils ont, en présence de M. Michelin clos et arrêté le présent procès-verbal de vérification, dont un double signé par les commissaires et le trésorier sera déposé aux archives de la société, avec les pièces à l’appui.

Fait et arrêté à Paris, sauf erreur, omission ou double emploi, le vingt-un janvier, mil huit cent trente-un.

Defrance, Félix de Roissy, J.-J. Clément-Mullet

La société adopte les conclusions de la commission.

Sur la demande de M. Michelin, le président nomme une commission composée de MM. Cartier, de Beaumont et Michelin, pour examiner s’il serait convenable d’insérer dans le Bulletin des rapports ou des analyses de tous les ouvrages envoyés soit par les étrangers, soit par les membres de la Société.

M. Boblaye présente à la Société une Carte topographique et géognostique de l’île d’Egine, et lit quelques observations sur la constitution géognostique de la Morée, et des extraits de son Voyage dans l’Argolide et l’île d’Egine.

L’auteur signale la Morée comme un des pays les plus ingrats pour l’étude de la structure du globe, par suite de la suppression d’un grand nombre de formations et de la prédominence des calcaires compactes presque totalement dépourvus de fossiles.

Ce n’est qu’après de longues recherches qu’il est parvenu à y reconnaître les formations suivantes.

1° Des phyllades anciens et quelques micaschistes formant la base des hautes chaînes du Taygète et de Monembasie ainsi que le plateau des monts Chelmos au nord de Sparte.

2° des schistes talqueux et diverses autres roches de transition associés à des marbres variés dans les grandes chaînes précédentes, dans l’île de Salamine et dans l’Attique.

3° Des calcaires gris de fumée avec bélemnites et des calcaires lithographiques avec jaspe liés si intimement à la formation précédente par le gissement et le passage oryctognostique, qu’il regarde leur réunion comme probable.

4° La formation du grès verd et de la craie avec nummulites dicérates, hippurites et nérinées, analogue par tous ces caractère aux formations reconnues pour telles au mont Perdu et dans les Alpes maritimes.

5° Des argiles et des poudingues polygéniques qui s’élève à la heuteur de 12 à 1,500 mètres et représentent peut-être dans le bassin méditerranée les assises les plus anciennes du bassin parisien.

6° Le terrain tertiaire. Il est ou continental ou littoral. Le premier remplit tous les hauts bassins intérieurs, tels que ceux d’Orchomènes, de Tripolitza (680 mètres), et la vallée supérieure de l’Eurotas (400 à 170 mètres) ; des calcaires lacustres en occupent souvent la partie supérieure.

Le second règne sur les rivages et à l’ouverture des grandes vallées.

On y reconnaît deux principaux étages, savoir : des marnes bleues avec lignites, huitres, cérithes, anomies et surmontées de calcaires ou sables calcarifères avec terebratula vitrea, cydarites, spatangues, clypeastres.

Ce terrain tertiaire se rapproche beaucoup, comme on devait s’y attendre, du terrain sub-apennin.

Parmi les produits sous-marins du temps actuel, on remarque des brèches avec poteries et ciment de calcaire crystallin et ayant toute la dureté des brèches les plus anciennes.

7° Des trachytes dans les presqu’îles de Poros ; de Methaua et l’île d’Egine.

L’auteur parlant des révolutions, que le sol de la Grèce paraît avoir éprouvées, confirme l’opinion émise par M. Élie de Beaumont sur le soulèvement contemporain des chaînes de la Grèce dirigées du, N. O. au S. E. et des chaînes parallèles de l’Apennin, du midi de la France, et des Pyrénées.

La catastrophe qui donna naissance aux Pyrénées souleva du fond du même bassin, les montagnes du Pinde et de l’Arcadie.

Une révolution postérieure produisant plutôt d’immenses saillies que des rides telles que la précédente, paraît avoir tracê dans la direction du N. au S. ; tous les principaux traits du relief de la Laconie et de la Messénie.

Le terrain tertiaire lui-même sans avoir éprouvé de grandes dislocations a fréquemment varié de niveau. Ses couches marines n’atteignent cependant nulle part plus de 150 à 200 mètres, tandis que la craie compacte, s’élève, à 2,000 mètres et peut-être 2,300 mètres (Zyria) au-dessus de la mer.

À ces dépôts modernes se rapporte une série de fractures parallèles dirigées de l’E. N à l’O. S, direction qui règne dans l’attique et l’Argolide, et se prolonge dans le grand massif de la Morée, par des ligues de faîtes et de points de partage.

Des lignes de pholades dans des positions qui ont cessé d’être horizontales, des soulèvemens partiels de calcaire tertiaire, des terrasses ou gradins qui découpent le rivage, quelle que soit sa nature, et en trop grand nombre de lieux pour pouvoir être attribuées à des causes locales, indiquent des soulèvemens faibles, mais des terrains les plus récens.

L’itinéraire de Napolie à Egine termine cette note.

La route suit une vallée dirigée de l’E. N. E. à l’O. S. 0. de Napolie à Epidaure.

Au nord de la route, les calcaires compactes s’élèvent à 1,200 mètres dans les monts Arrachnées ; le grès verd occupe le fond de la vallée ; on y observe une couche remarquable par ses fossiles et sa composition minéralogique : c’est un poudingue à ciment calcaire et noyaux de roches ophiolitiques, rempli de nombreux fossiles du grès verd.

La série très-complexe et très variée des couches du grès verd annonce une période de trouble terminée par le dépôt uniforme des calcaires compactes à nummulites.

Un fait important signalé par l’auteur, est la présence de fragment et de grains verds d’ophiolite, de diorite, d’euphotide, etc., dans toute la période du grès verd et dans le calcaire à hippurites. Il annonce qu’un épanchement de roches ophiolitiques et autres caractérisées par les bisilicates de fer et de magnésie a précédé la formation du gres verd et lui a donné naissance.

La présence des ophiolites au-dessous des calcaires à bélemnites, mais aussi dans des positions variées au milieu de ces couches, le passage fréquent, au contact, du calcaire compacte au calcaire grenu annoncent que les ophiolites ont pénétré au milieu de ces calcaires ; on ne les a jamais vus s’étendre en nappe à leur surface comme dans l’Apennin.

Des couches puissantes de calcaire d’eau douce occupent le milieu de la vallée de ligourio, elles reposent sur la tranches des grès verds sans l’intermédiaire du terrain marin tertiaire.

La plaine de Hiéro qu’on rencontre ensuite offre un double intérêt.

Un grès verdâtre s’y montre associé à des roches variées, les unes schisteuses, les autres phorphyroïdes et amygdaloïdes, formation qui se retrouve occupant des collines basses ou des plaines, dans toute l’Argolide, à Lycosure, près de Mégalopolis, et dans la Laconie où je la crois associée à l’Ophite ou au porphyre verd antique.

Le temple d’Esculape entouré de nombreux monumens occupe le fond de la plaine.

L’auteur pense que ce petit canton, à raison de sa fraicheur et de sa salubrité, fut consacré à Esculape, et devint le Barèges de l’Argolide. Les eaux n’y ont cependant aucune propriété minérale, mais il en est de même des sources nombreuses consacrées à Esculape dans diverses parties de la Morée ; il cite celles du temple d’Esculape hypertéléate (Laconie), et celles des temples de Chionia qu’il découvrit dans les montagnes du Cako-Vounio (Micra-Magnia).

Les alluvions anciennes des torrens de l’Argolide annoncent un soulèvement plus récent que leur dépôts.

Auprès d’Epidaure, les ophiolites sont très développées et l’on voit des calcaires tertiaires probablement lacustres couronner le sommet d’une colline élevé.

La partie nord de Méthana porte ses traces d’actions volcaniques, qui appartiennent à la période historique. L’auteur cite des passages d’auteurs anciens qui y font allusion.

L’ile d’Égine renferme des trachytes, des calcaires compactes et le terrain tertiaire.

Ce dernier, très développé dans la partie nord de l’île, entoure la ville moderne. Il est formé à sa base de marnes verdâtres que surmontent des calcaires grossiers et des conglomérats trachytiques, puis des calcaires lacustres.

La composition du sol a facilité l’excavation de nombreux tombeaux. Les marnes qui en étaient retirées étaient employées à amender les terres (Strabon). Le mont fendu dans l’intérieur de l’île annonce un soulèvement récent au milieu des roches trachytiques, qui sont passées à un état voisin de la domite. Ce phénomène doit avoir eu lieu à une époque postérieure au terrain tertiaire supérieur.

Près de là on a trouvé un riche dépôt d’alunite ; rien n’annonce que l’apparition des trachytes eux-mêmes remonte à une époque plus reculée que les marnes bleues dont les couches sont partout plus ou moins inclinées et ne contiennent des débris trachytiques, que dans leur partie supérieure.

Les calcaires compactes qui forment plusieurs petites chaînes dirigées à l’E. N. E, entre autres celles du temple de Jupiter Panhellenien, passent fréquemment à la structure grenue ; quelque fois au voisinage des trachytes ils sont après, tendres et légers (Méthana, vieille Égine).

Toute la partie méridionale de l’île est trachytique. Au pied du pic Oros, sommet le plus élevé (532 mètres), on voit des trachytes phonolithiques, qui malgré leur dureté ont servi à la construction d’un monument hellénique très remarquable.

Les vallées ou crevasses au milieu du terrain de trachyte se dirigent à Égine comme à Méthana à peu près de l’est à l’ouest.

L’auteur termine en faisant remarquer la coïncidence de direction de tous les chaînons de l’Argolide et de l’Attique liés à des monvemens récens avec la direction des Alpes du Valais jusqu’en Autriche.

On lit un mémoire envoyé par M. Rozet et intitulé : Notice géognostique sur le pays parcouru par l’armée française dans l’expédition de Média en Afrique.

La plaine de la Metidjah est couverte d’alluvions arénacées et argileuses en couches horizontales. Les cimes principales du petit Atlas s’élèvent à 1,200 mètres sur la Méditerranée. Près de Bleida il paraît composé de roches primaires, schisteuses et calcaires. En traversant le petit Atlas depuis la Huche, l’auteur trouva du calcaire gris-noir à veines spathiques et alternant avec des marnes à petites bivalves, telles que, des peignes, des fragmens d’huîtres. Il compare ce dépôt au lias. Plus loin, les marnes deviennent plus dominantes. En-deçà de cette chaîne, les collines sont composées de marne argileuse bleuâtre tertiaire, et çà et là coquillère. Ce dépôt est couvert de sables et de grès jaunâtres à fossiles, tels que peignes, pectoncles, etc. La ville de Média est située sur une hauteur de la même formation. Comme près d’Alger, ce sont encore des dépôts sub-apennins.

L’auteur achève son mémoire accompagné de coupes, en discutant l’âge des soulèvemens arrivés dans le petit Atlas. Le dépôt secondaire aura été redressé entre l’époque oolitique et la fin de la période crayeuse, et le sol tertiaire aura été soulevé plus tard, mais il n’y a pas en de dérangemens depuis l’époque ante-diluvienne.

N’ayant pas pu avoir connaissance de tout le mémoire de M. de Beaumont sur les révolutions de la surface du globe, M, Rozet suppose que le résultat de cette excursion est contraire aux idées du dernier géologue. Celui-ci présente verbalement sa réclamation à la Société. Il n’a jamais dit que les montagnes de l’Afrique septentrionnale se soient formées d’un seul jet et M. Rozet n’a fait que confirmer ses présomptions concernant les soulèvemens variés, qui ont dû avoir lieu en Afrique, comme partout ailleurs. Il avait indiqué la probabilité que quelques-uns d’entre eux étaient postérieurs au dépôt des terrains tertiaires, tandis que d’autres devaient être antérieurs à ce dépôt. Le parallélisme de certaines chaînes de la Barbarie avec celle des Pyrénées lui avaient fait soupçonner des dislocations de même date que celles qui ont redressé les couches de ces dernières montagnes.

M. Robert envoie quelques échantillons de roches et de fossiles accompagnés d’une vingtaine de notes géologiques recueillies pendant un voyage fait en 1830 dans la Lorraine et la Suisse, par MM. Barbe et Robert ; parmi ces notes on remarque les suivantes :

1° En allant de Naucy à Vic, on observe à droite de la route, près de Marshal, derrière une colline, une église dont, il y a une vingtaine d’années, on voyait à peine le clocher, depuis le dernier village ; Les habitans attribuent ce prétendu phénomène à un abaissement de la colline, mais qui pourrait aussi bien provenir, selon nous, d’un exhaussement de cette route, ou même de l’emplacement de l’église.

On exploite actuellement à Dieuze ; à 400 pieds de profondeur, la huitième couche de sel, la plus forte et la plus belle qu’on ait encore rencontrée. Plus bas, la sonde n’indique plus que des couches de sel très-faible, ou disséminées au milieu d’une argile schisteuse très-puissante. La température dans la dernière galerie, à la profondeur précitée, est de 15 degrés 7 dixièmes centigrades.

3° Le calcaire jurassique parait régner depuis Dieuze jusqu’à Baccarat, au-pied des Vosges, sur une distance de 12 à 15 lieues, en formant un pays assez plat et livré à une riche culture. On le rencontre avec des ammonites à Brouville, où il est à peine recouvert par la terre végétale ou des cailloux roulés primitifs et quelquefois agglomérés avec la terre, qui leur est propre. le calcaire oolitique s’élèvent entre Bronville et Baccarat. Sur la droite de ligne parcourue, nous devons signaler comme des indices de sel, des terres rouges, qui ont la plus grande analogie avec celles de Vic et Dieuze.

4° À Massevaux dans les Vosges, il y a une fontaine intermittente.

5° Il y a des empreintes de plantes dans un schiste-ardoise Planchex-bas, au pied des Vosges, en descendant du vallon de Giromagny. Cette roche, rarement impressionnée, pourrait appartenir au terrain de transition, sur lequel repose la houille de Ronchamp.

6° Le terrain de transition qui forme le fond du bassin houillier, renferme, au rapport des ouvriers, des blocs de granit.

7° Entre Alkirck et Ferret, au pied de la chaîne du Jura, il existe un terrain de transport très-puissant formé de cailloux primitifs fortement cimentés par une infiltration calcaire.

8° Dans la vallée de Charmoz, près de Lussel, sur les frontières de la Suisse, il y a un travertin très-épais et d’autant plus remarquable, qu’il occupe une profonde vallée voisine des mines de fer oolithique formé dans des vallées semblables.

9° à Cornold, au pied du mont Terrible, en Suisse, M. Kévy de Bienne, a fait depuis un an entreprendre un sondage, dans l’espoir d’y découvrir du sel gemme. On est déjà à plus de 600 pieds de profondeur, sans en avoir rencontré la moindre traite et après avoir traversé environ 300 pieds de marne et de gypse exploité dans le pays, et autant de calcaire très-dur ; enfin on est sur le point d’atteindre une deuxième masse de gypse, avec l’espoir de trouver du sel au-dessous.

10° La grande vallée de Porentruy paraît avoir été jadis le lit d’un lac, qui se serait écoulé, dit-on, à la suite d’un tremblement de terre par une rupture survenue à l’un des points des montagnes, qui devaient former son enceinte. La route de Perentruy à Bienne. admirablement taillée au milieu du calcaire oolithique, a donné le profil de plusieurs nids de fossiles, presque entièrement formés de polypiers ou de nérinéœ. Ces dernières sont quelquefois groupées isolément, comme en rencontre les cérites dans le calcaire grossier ou toutes autres coquilles dans divers terrains ; faciles à isoler, la plupart de ces fossiles paraissent d’ailleurs avoir été roulés. Actuellement encore, les tests des mollusques morts, sont ballotés par la mer, et d’autant plus altérés, qu’ils ont long-temps roulé sur un sol résistant ; ils se réunissent enfin dans les anfractuosité du rivage qu’ils comblent avec les sables, et ils se trouvent quelquefois exclusivement entassés en espèces, sois isolées, soit nombreuses, en laissant de grands espaces sur la côte, entièrement dépourvus de ces dépouilles marines. La presqu’île de Quiberon offre toutes ces particularités.

11° Près de l’endroit si pittoresque, appelé la Roche percée, la même route de Porentruy à Bienne a encore mis à nu un calcaire noirâtre, tombant en poussière, renfermant des trigonies et offrant en relief plusieurs lits de rognons calcaire plus solides, inclinés de 75 degrés vers le nord. Ce lambeau est recouvert par les débris du calcaire jurassique oolithiqeue, qui parait avoir éprouvé un grand soulèvement dans cet endroit.

12° La tourbière de Chaudefond et de Locle, près de la chute du Doubs, est noire inférieurement et rouge supérieurement, sans offrir aucun fossile. Beaucoup de vallées du Jura renferment ou ce combustible, ou du fer oolithique ou du travertin.

13° A la Sagne, près de la sortie du Jura, on suit le passage du calcaire jurassique au oolites, d’une manière si insensible que cela confirme l’opinion de plusieurs géologues, que le calcaire oolithique n’est qu’une modification du calcaire jurassique compacte, ou en d’autres termes, que ces terrains. ont été formés dans la même mer.

Un peu plus loin nous avons encore trouvé, à l’appui de cette opinion, dans le calcaire jurassique, des nérinées que nous avons observées si abondamment dans le calcaire oolithique.

14° Quant aux blocs erratiques et cailloux roulés à une très-grande hauteur dans le Jura des environs de Neufchâtel, ne pourrait-on pas expliquer leur origine par l’hypothèse suivante, savoir : 1° que le Jura dans son origine, était contigu aux Alpes, ou en formait le prolongement ; 2° qu’il avait reçu avant d’en être séparé en s’exhaussant toutefois, les blocs détachés des cimes alpines, qui ont dû rouler (ceux de forme et de volume semblables), à-peu-près à la même distance. On s’expliquerait assez bien le rapprochement des blocs erratiques ; quant aux cailloux, nous admettrions que déjà réunis au pied des premières montagnes de l’Europe sur le système du Jura, lorsqu’il était plaine, ils ont été soulevés en même temps que les blocs appelés erratiques.

15° Près de la perte du Rhône, coule une fontaine, qui, recouverte par un terrain de transport très-épais, incruste de carbonate de chaux tous les végétaux qu’elle rencontre, à la manière de celle de Saint-Allyre, à Clermont-Ferrand.

15° En sortant de la grotte de Balme, la route de Cluses à Sallenche est menacée par une très-haute montagne à pic ; formée de calcaire noirâtre sublamellaire, dont les débris n’offrent en corps organisés fossiles, que des spatangues remarquables par la compression qu’ils ont éprouvée.

16° La montagne schisteuse et singulièrement repliée, d’où se précipite la cascade d’Arpenaz, la suivante formée d’ardoise, enfin une troisiëme située entre elles, au fond d’une petite gorge, £orment par les directions de leurs couches, représentées par des lignes droites, un véritable triangle placé obliquement sur une de ses pointes.

On termine la discussion du réglement administratif, et on décide son impression au nombre de 500 exemplaires.


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