Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome IV/Séance du 9 décembre 1833

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Séance du 9 décembre 1833.


Présidence de M. de Bonnard.


nouveaux membres.

M. le président proclame :

MM.

Brongniart (Adolphe), membre de plusieurs Sociétés savantes ; présenté par MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont ;

Nœggerrath, conseiller supérieur des mines, et professeur à l’Université de Bonn ; présenté par MM. Boué et de Bonnard ;

Féburier, docteur-médecin, à Paris ; présenté par MM. Boué et Desnoyers ;

Boselli, avocat à la cour royale de Paris ; présenté par Ml. de Verneuil et Desgenevez ;

Coquerel, ingénieur en chef des mines à Laon ; présenté par MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont.


dons faits à la société.

La Société reçoit :

1° De la part de M. Whewell :

Son Report on the Recent Progress and Present state of Mineralogy. In-8°. 46 p. Cambridge, 1833.

2° De la part de M. Boué : Journal des observations minéralogiques faites dans une partie des Vosges et de l’Alsace, par M. de Sivry. In-8°, 118 p. Nancy, 1782.

3° De la part de MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy : plusieurs exemplaires de leur Esquisse d’une carte topographique et géologique du Cantal et des Monts-Dores.

Revue encyclopédique. Tom. 59 (juillet et août 1833). In-8, 546 p.

5° The Athenœum, n° 318.

The American Journal of science and arts, par M. Silliman. Vol. 24, n° 1 (avril 1833). In-8°, 212 p. avec pl. et vign.

7° De la part de M. Duclos : le prospectus d’une Monographie de tous les genres de coquilles univalves marines.

Comptes rendus annuels des progrès des sciences. À l’Académie royale des sciences de Stockholm (Arsberattellser, etc.) Stockholm, 1832. In-8° de 1002 p., savoir : sur la physique et la chimie, par M. J. Berzelius ; sur la zoologie par M. B.-F. Fries ; sur la botanique, par M. Je.-Em. Wilkstrom, et sur la technologie, par G.-E. Pasch.

9° Éloge nécrologique d’Anché J. Hagstromer, lu à l’Académie des sciences de Stockholm, le 8 décembre 1832 (Aminnelse-Tal, etc.), par M. Magnus de Pontin. Stockholm, 1833. In-8°, 56 p. avec un portrait.

10° Mémoires de l’Académie royale des sciences de Stockholm pour l’année 1832 (Kong. Vetensk. Acad. Handlingar). Stockholm, 1833. In-8°, 334 p., 7 pl.

Parmi les Mémoires contenus dans ce volume, ceux qui intéressent les géologues sont les suivans :

Recherches sur le magnétisme terrestre, relativement à son intensité à Paris, Bruxelles, Gottingue, Berlin et Stockholm, en 1832, par M. F. Rudberg ;

Tableaux de la température moyenne de l’air à Neder-Calix dans la Bottnie septentrionale, et à Calix-Fogderi, par M. Er. Burman ;

3° Observations du même genre faites à Haapakylœ dans la partie supérieure de Torneo, par M. J. Portin ;

Analyse du cuivre arséniate cristallisé bleu du Cornouailles, par M. Trolle Wachtmeister ;

Analyse du fer météorique de Bohumiliz en Bohème, par M. Berzelius.


correspondance.
.

M. Nœggerath écrit de Bonn, qu’il a visité les lavages aurifères établis par M. d’Eschwege sur les bords de l’Eder en Hesse, et il remarque que sur cette rivière, comme le long de plusieurs autres rivières de Westphalie, l’or alluvial parait provenir des dépôts intermédiaires récens, qui renferment des alternats de schiste siliceux, de calcaire et de schiste argileux, ; il faut donc supposer que ce minerai fait partie intégrante de ces roches. M. Nœggerath va publier un Mémoire à ce sujet, dans les archives de M. Karsten.

M. Nœggerath exprime le vif intérêt qu’il prend aux travaux de la Société géologique de France, et promet de faire tous ses efforts pour lui être utile en accroissant, par une correspondance aussi active que possible, les relations de la Société en Allemagne. Il annonce l’envoi prochain de tous les Mémoires qu’il a publiés ; il témoigne en son nom, et au nom de plusieurs savans d’Allemagne, le désir que la Société géologique tienne ses séances extraordinaires de 1834 sur les bords du Rhin, dans l’espérance de voir naître entre les géologues allemands et français des relations plus intimes.

M. Pasini adresse quelques remarques tendant à montrer jusqu’à quel point son célèbre compatriote Arduino avait pressenti la théorie de la dolomisation. En conséquence, il appelle surtout l’attention sur les passages suivans de sa lettre oryctologique à Leske, dans ses Osservazioni chimiche sopra alcuni fossili. Venise, 1779. In-12, p. 32 à 36.

« Retzius, dans sa lettre du 30 avril 1780, ainsi que Bergman dans ses Opuscules physico-chimiques de 1779, ont démontré que la magnésie est une terre particulière, quoique fort analogue à la chaux. Leurs argumens sont de toute évidence. Je me garderai donc bien de nier que cette terre, dans l’état où on l’a trouvée sur notre globe, ne soit une espèce particulière ; mais ce qui reste à discuter, et ce que je ne saurais me persuader, c’est d’abord que ce soit une terre primitive, une terre qui ait été toujours dans cet état, et ensuite qu’il n’y ait pas dans la nature de force capable de modifier une substance et de lui donner une autre forme.

Je crois, comme le célèbre Baumé (voy. p. 46), que cette magnésie n’est qu’une terre calcaire réduite à cet état par suite, d’une altération naturelle, et je me fonde à cet égard sur des phénomènes que j’ai observés dans les lieux où existent les marbres et d’autres roches, et où ces dernières ont participé à ces altérations. J’ai toujours trouvé cette terre dans les matières d’apparence volcanique, ou mêlée bizarrement avec elles. En parlant des marbres (ou roches altérées) semblables d’Ena et d’autres masses de même nature, autant que s’étendent mes observations, je ne les ai trouvés qu’entre de grandes déchirures des couches calcaires de nos montagnes. Ces déchiremens montrent que ces masses s’enfoncent profondément et verticalement on dans une direction peu éloignée de la verticale, et qu’elles ont été produites anciennement par une force ignée souterraine.

Les matières qui remplissent ainsi dans nos Alpes des crevasses quelquefois très étendues et très souvent larges, ont les caractères d’avoir souffert une action du feu (bruciamento) ou une fusion, et dans quelques lieux ce marbre est mêlé confusément en morceaux de diverses grosseurs, et traversé de veines, de manière qu’il en résulte des brèches.

En méditant sur l’origine probable de ces roches, je n’ai su imaginer autre chose, si ce n’est qu’elles étaient dérivées de ces mêmes calcaires dont les fentes les encaissent ; les roches calcaires auront été brisées et broyées par le feu volcanique, elles auront été calcinées, et leur couleur foncée aura fait place au blanc le plus éclatant ; enfin, elles auront été mêlées bizarrement avec d’autres matières brûlées (bruciate) et pénétrées par les eaux, repétries (rimpietrite) elles auront pris cette nouvelle forme en passant de l’état de calcaire commun et rougeâtre à celui de marbre.

Je me figure que cela s’explique par mon idée que la magnésie n’est que la chaux douée de propriétés particulières par suite de faction souterraine pyrogène. Je le crois d’autant plus que les calcaires formant les couches des montagnes et enclavant les filons des roches en question n’offrent aucune trace de cette partie constituante étrangère. »

A la suite de ceci, se trouve encore le passage remarquable suivant. Après avoir dit que des bancs coquilliers existent dans les marbres aux sommets des Alpes vénitiennes, il ajoute : « Il est digne de remarque que, s’élevant graduellement du pied de ces montagnes vers leurs sommets, les espèces pétrifiées des testacées marins varient d’une couche à une autre et qu’on n’y revoit plus un grand nombre des espèces si multipliées qui abondent dans les collines et les basses montagnes. D’un autre côté, dans ces dernières il manque plusieurs de celles qui sont les plus abondantes dans les Alpes.

Enfin, p. 16, on lit la phrase suivante : « Certainement vous voulez parler du véritable granite ; de celui des montagnes primaires, car il y a certains granitelles, productions probablement volcaniques, dont l’âge me parait beaucoup moins ancien, puisque j’en trouve (en Italie), superposé sur des couches calcaires déposées par les eaux. »

M. Des Genevez lit la première partie d’un Mémoire intitulé : Observations sur le Cantal, les Monts-Dores, et la composition des roches volcaniques.

Il considère d’abord le cône volcanique du Cantal, sous le point de vue géométrique :

Après avoir jeté un coup d’œil sur les formes générales du, cratère, avoir remarqué l’élévation soutenue de ses bords et le peu de saillie des puys qui les dominent, il examine les escarpements inférieurs du cratère.

Les assises trachytiques ne sont pas continues, alors même que les apparences pourraient le faire supposer.

D’ailleurs les alternances de tufs et de laves en assises régulières ont été reconnues propres aux cratères des volcans en activité.

On ne retrouve pas dans le Cantal la cassure rayonnée qu’exige la théorie des cratères de soulèvement. Les vallées de Vie et de Mandaille sont les seules qu’on puisse considérer comme de véritables crevasses de déchirement. Les hautes vallées du Falgoux, de Chailade, de Dienne, de Murat, ne peuvent avoir été ouvertes par le développement de la force expansive au centre du cratère ces vallées ne convergent pas vers le centre, mais vers un axe qui porte le Plomb du Cantal, Peyrearse, et le Mary, c’est-à-dire les trois plus hautes sommités du groupe.

Si l’on ne voit pas les coulées de trachyte descendre à de grandes distances, c’est que la nature pâteuse de ces laves ne le leur permettait pas. Cependant dans plusieurs directions elles ont parcouru quelques kilomètres.

On ne peut attribuer aux masses phonolitiques placées au centre du cratère un grand soulèvement ; les assises sur lesquelles reposent ces masses n’offrent aucune trace de dérangement ; et les trachytes du contrefort qui unit le Griou à Bataillouse sont inclinés en sens contraire de la poussée qu’aurait exercée le Griou.

La plupart de ces faits sont contraires à l’hypothèse d’un cratère de soulèvement, et ne le sont pas à celle d’un cratère d’éruption.

M. Des Genevez étudie ensuite la nature et l’âge des diverses émissions.

Il croit pouvoir distinguer trois périodes trachytiques. D’abord les tufs, les poudingues et les coulées, puis les dykes, et enfin les filons, auxquels il réunit les masses du plateau de Dienne. Ces phénomènes se retrouvent dans les Cordilières et en Hongrie, presque avec les mêmes accidens.

L’émission des phonolites a suivi celle des trachytes, et précédé celle des basaltes. On ne voit nulle part les phonolites entamer les basaltes, et l’on trouve des filons de basalte dans le phonolite. L’antériorité des phonolites est un fait général. Il a été reconnu également au Mont-Dore et en Velay.

Ici M. Des Genevez fait voir par quels caractères minéralogiques, les phonolites forment passage des trachytes au basalte. Il annonce avoir trouvé des zircons au sommet du Griou.

La sortie des masses phonolitiques a été accompagnée ou suivie de l’apparition de filons qui en diffèrent assez souvent par un aspect plus schisteux et plus mat. Tous les filons qu’on avait réunis en un groupe sous le nom de trachytes schistoïdes appartiennent à cette époque ; ce sont des phonolites altérés par des vapeurs acides.

Les basaltes forment au moins deux époques d’émission. Peut-être les nappes qu’ils semblent former sur les flancs du cône sont-elles le résultat de l’accolement d’un grand nombre de coulées étalées à leur partie inférieure.

Les filons basaltiques, rares dans l’intérieur du cratère, sont très nombreux sur les crêtes. Les dérangemens qu’on observe sur ces crêtes doivent être rapportés à la sortie des filons et des dikes basaltiques.

Les terrains tertiaires les plus rapprochés du centre ne témoignent pas d’un soulèvement général ; on retrouve toujours sur place les causes de la dislocation ; tantôt ce sont les conglomérats trachytiques, tantôt les wackes basaltiques.

M. Des Genevez pense que toutes les vallées profondes du Cantal doivent leur origine à des efforts volcaniques qui ont déchiré le sol et donné prise à l’action des eaux.

La volcanicité ne s’est pas développée sous les eaux, car des végétaux croissaient sur le sol quand les matières volcaniques vinrent au jour. D’autres végétaux trouvés à de grandes hauteurs dans les conglomérats basaltiques permettent de supposer que les intervalles des éruptions ont été assez longs pour qu’une végétation nouvelle ait pris possession des flancs du volcan.

Le remaniement des conglomérats prouve l’intervention de masses d’eau considérables dans ces phénomènes.

Enfin M. Des Genevez se croit en droit de conclure de toutes ces observations que le Cantal est un volcan éteint dont le cratère ne doit pas son relief actuel au développement central d’une force expansive, mais plutôt à des éruptions excentriques, et sans simultanéité dans leur action.

Cette lecture donne lieu à une discussion à laquelle prennent part MM.de Beaumont, Dufrénoy et Burat, pour soutenir la théorie des cratères de soulèvement relativement au Cantal et au Mont-Dore, et MM. C. Prévost et Des Genevez pour combattre l’application de cette théorie aux mêmes chaînes.

M. de Beaumont entre autres réponses au mémoire de M, Des Genevez, trouve que celui-ci n’a point détruit les deux principaux argumens sur lesquels s’appuie le Mémoire de MM. de Beaumont et Dufrénoy, savoir :

1° La grande étendue des nappes trachytiques inclinées, différentes des coulées habituelles des volcans d’éruption, qui sur les pentes des cônes ne forment que des trainées étroites, et ne s’étaient que sur de larges surfaces horizontales.

2° L’inclinaison actuelle des basaltes, qui lui paraissent aussi n’avoir pu s’être formés qu’horizontalement en aussi grandes nappes que celles qui entourent les systèmes trachytique et phonolitique de l’Auvergne.

M. C. Prévost rappelle la lettre qu’il a adressée à l’Académie des sciences le 25 novembre dernier[1], et dans laquelle il a annoncé n’avoir vu dans les trois grands systèmes volcaniques du Mont-Dore, du Cantal et du Mezenc, envisagés chacun isolément, que trois groupes de volcans d’éruption dont la forme générale lui paraît représenter complètement celle de l’Etna, du Vésuve, et d’autres systèmes volcaniques d’Italie et des îles de Sicile. Entre autres preuves à l’appui de son opinion, il cite la disposition des matériaux autour de chaque foyer principal ; la plus grande abondance des filons, et la plus grande épaisseur des dépôts compactes vers le centre de chaque massif ; les coulées divergentes formant des nappes plus ou moins étendues sur les flancs ; des déchiremens aussi profonds dans le sol volcanique des volcans à cratères de Sicile et d’Italie (le val di Bove à l’Etna, Lipari, Ischia), que dans les systèmes volcaniques d’Auvergne.

Il semble à M. C. Prévost difficile de supposer que le soulèvement hypothétique ait eu constamment et précisément lieu au point même où les matières volcaniques avaient la plus grande épaisseur, c’est-à-dire au centre de leur émission, car pour se rendre compte de l’état actuel du sol, il faudrait admettre que les dépôts volcaniques ont été primitivement accumulés dans une cavité dont la profondeur aurait au moins égalé l’élévation actuelle du cône au-dessus de l’ouverture par laquelle se seraient faites les éruptions. Selon lui, les plateaux basaltiques n’ont qu’une continuité apparente ; et ils résultent plutôt d’un grand nombre de coulées successives et en partie contiguës. Il lui semble aussi que, suivant la théorie qu’il combat, les vallées regardées comme de déchirement devraient s’ouvrir vers une cavité centrale et non aboutir à une crête circulaire, saillante, de même nature que les bords de ces vallées.

M. Burat fait observer que le terrain tertiaire est disloqué dans le Cantal, partout où il se montre : de Polminhac à Giou et à Boudiou, il est dans un état de perturbation complet ; à Thiezac, bien que l’affleurement des couches paraisse horizontal, il est évident, si l’on compare son niveau avec celui des mêmes couches à Aurillac, qu’il a été exhaussé ; dans la Vallée de Mandailles, des couches argileuses à lignites sont portées à un niveau encore bien plus considérable ; enfin, les exploitations des calcaires de la Vyssière ont également mis à nu des failles et des inclinaisons.

D’une autre part, les conglomérats les plus récens et les plus évidemment créés par une sédimentation régulière sont bouleversés en un nombre infini de points ; au-dessous de Cantalon, leurs couches verticales atteignent un niveau de plus de 1,600 mètres, et il est impossible de ne voir dans ces perturbations si générales que des phénomènes locaux, et indépendants les uns des autres. L’hypothèse qui lie leur ensemble à un soulèvement qui aurait affecté toute la masse, et qui aurait donné à cette masse la forme actuelle paraît à M. Burat d’autant plus simple que cette forme ne peut se comparer avec celle des cônes volcaniques actuels, et qu’elle concorde au contraire avec la théorie et les exemples de cratères de soulèvement. Cette concordance se trouve encore confirmée par la position des masses phonolitiques au centre du cratère, et l’âge de ces masses, postérieur à une grande partie des basaltes (âge qui se trouve établi, non seulement par la superposition aux conglomérats les plus superficiels, mais par l’existence d’un filon phonolitique, qui, vers la base sud-ouest de Griounaux traverse des conglomérats en partie basaltiques).

Les formes analogues à celle du Cantal, que présentent le Mont-Dore et le Mézenc, indiquent que ces trois grands centres volcaniques résultent (quant à la forme) de phénomènes identiques. Le Mézenc ne diffère en effet des deux autres groupes trachytiques de la France centrale, que parce que ce sont les phonolites antérieurs aux basaltes qui ont été soulevés par ceux-ci. Ces relations géognostiques, divergentes, des phonolites et des basaltes dans des points qui ne sont pas très éloignés les uns des autres, prouvent, dit M. Burat, qu’il ne faut pas chercher à assigner aux phonolites une époque absolue, et que les deux formations (phonolitique et basaltique) ont alterné ensemble, avant que les basaltes n’eussent décidément pris le dessus.

M. Burat termine en faisant remarquer qu’il peut exister des cratères de soulèvement d’un diamètre et d’une profondeur moindres que le cratère de l’Etna. Le trait distinctif de la théorie n’est pas seulement de donner naissance à des cratères plus vastes que tous les cratères d’éruption cités ; ils peuvent en produire aussi de petits (témoin le cratère de soulèvement du Pal dans les granites du haut Vivarais) ; le caractère spécial consiste dans la disproportion qui existe entre le diamètre du cratère et le diamètre total du cône.

Le diamètre du cercle qui sert de base au cône du Cantal est au plus huit ou dix fois celui du cratère intérieur, tandis que le diamètre du cercle qui sert de base à l’Etna contient plus de cent fois peut-être le diamètre le plus considérable qu’ait jamais atteint le cratère.

La perturbation des tufs n’est, suivant M. Des Genevez, produite que dans une sphère étroite, et elle dont être attribuée à la sortie des dickes ou filons de toute espèce, à celle de toutes les laves qui se sont fait jour violemment à travers les masses plus anciennes.

Le bouleversement des calcaires tertiaires ainsi que celui des tufs et conglomérats qui les recouvrent paraissent à M. C. Prévost avoir été occasionnés, soit par des éboulemens postérieurs à l’ouverture des vallées comme à Polminhac, où il a reconnu une grande faille, soit par les dislocations naturelles qu’éprouve un sol volcanique agité de tremblements de terre, soit enfin par l’action des premières éjections volcaniques qui, traversant le calcaire, ont dû en arracher et en projeter des lambeaux, comme on en voit fréquemment des exemples au Vésuve et ailleurs ; mais il ne reconnaît point dans ces résultats locaux et partiels l’action d’une cause unique et l’effet d’un vaste soulèvement postérieur aux phénomènes d’épanchement des basaltes.

M. Dufrénoy exprime avoir vu les faits tout autrement que M. C. Prévost, relativement aux calcaires qui ne lui semblent point avoir été dérangés par des causes aussi locales que celles indiquées par ce géologue, et particulièrement les dislocations que l’on observe dans la vallée de Vic ; lui paraissent résulter d’un relèvement plutôt que d’un affaissement ; les calcaires se trouvent d’ailleurs, selon lui, en fragmens de toutes grosseurs, et même à l’état de dolomie, à de grandes élévations, empâtés dans le trachyte.

M. Dufrénoy dit aussi avoir observé les basaltes en nappes continues autour du Cantal, et il ne croit pas qu’ils résultent de plusieurs coulées distinctes, comme le pense M. C. Prévost. Les dépôts de la partie centrale des massifs et des parties latérales ne lui semblent point différens, mais de la même nature, et disposés de la même façon. Il insiste sur la distinction de deux sortes de vallées, vallées de déchiremens et vallées d’érosions.

A l’une des objections de M. C. Prévost, M. de Beaumont répond que la force soulevante a dû principalement s’exercer là où la plus grande masse de matière volcanique offrait moins de résistance que la roche granitique ou autre non volcanique, c’est-à-dire au centre même du foyer d’éruption.

M. Ampère demande si, dans le cas de l’étoilement du sol, la cavité centrale ne pourrait pas avoir été remplie par la matière soulevante qui aurait alors interrompu la communication des vallées de déchirement à leur origine.

M. C. Prévost fait observer que, dans cette supposition, la masse interposée entre les lambeaux du sol soulevé devrait différer, par sa nature, ou au moins par sa disposition, des matières qui composent ceux-ci, tandis qu’au Mont-Dore et au Cantal les vallées convergent, non pas vers un massif, mais vers une crête circulaire étroite, dont la composition est la même que celle des bords des vallées.



  1. Voir le Temps du 5 décembre.