Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome III/Rapport sur les progrès de la géologie

La bibliothèque libre.



SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE.

―――――

RÉSUMÉ


DES PROGRÈS DE LA GÉOLOGIE,


ET DE QUELQUES UNE DE DE SES PRINCIPALES


APPLICATIONS,


PENDANT L’ANNÉE 1832.


PAR M. AMI BOUÉ.


(Lu aux séances du 4 et 18 févier 1833)

――――――

Chargé une troisième fois d’exposer les progrès de la géologie cette faveur de la Société m’engage à suivre dans ma récapitulation presque la même méthode que précédemment.

Après l’énumération des nouvelles sociétés et des publications périodiques récemment entreprises, je passerai en revue les monographies géognostiques des différentes contrées du globe, les cartes géologiques, les travaux sur la mesure des hauteurs, les traités généraux de géologie, et les faits ou les problèmes géologiques dont les géologues se sont spécialement occupés en 1832. J’entrerai ensuite dans le détail des ouvrages sur les sciences paléontologiques, divisés en ouvrages généraux, en monographies et mémoires particuliers, en terminant par la botanique fossile. Enfin je résumerai les nouveaux faits recueillis sur les eaux minérales, et je choisirai le forage des puits artésiens, parmi les applications de la géologie dont je devrai entretenir la Société.

Je dois rappeler que je n’aurai à m’étendre sur aucun des travaux présentés à la Société ; c’est M. Dufrénoy qui, à la prière du conseil, a bien voulu accepter, cette année, cette utile tâche de récapituler, dans un ordre méthodique, les nombreuses observations qui ont occupé si agréablement nos séances.

L’année qui vient de s’écouler a été pour presque toute l’Europe un temps de calamité ; la crainte des maladies ou des orages politiques à occupé la plupart des esprits qui ordinairement s’efforcent de reculer les bornes du savoir. Cette partie du globe n’était donc pas favorable à l’établissement de nouvelles Sociétés scientifiques : il est heureux que les anciennes aient pu résister à cette déviation des idées habituelles ; cependant l’activité scientifique en a été peu ralentie, puisque quelques nouvelles publications périodiques ont même pu commencer. Si, d’une autre part, nous nous transportons dans les possessions européennes au-delà des mers, et surtout dans le nord de l’Amérique, nous y trouvons la science faisant chaque jour des progrès plus étonnans, à l’ombre de la paix et de le prospérité.

Il paraît en ce moment aux États-Unis vingt-deux journaux périodiques qui s’occupent de l’histoire naturelle et en particulier de la géologie.

Neuf sont mensuels[1], cinq sont trimestriels[2], un est hebdomadaire [3], et sept sont publiés à des époques irrégulières, par des Sociétés ou des individus[4]. Philadelphie possède une revue trimestrielle, quatre journaux mensuels et trois publications à époques irrégulières ; Boston et Cambridge, un journal trimestriel, un journal mensuel, et un autre publié de temps à autre ; Washington, deux journaux mensuels ; Newhaven, Lexington et Charleston (Car. mer), chacun journal trimestriel ; Vandalia et Cincinnati un, journal mensuel ; New-York, Albany et New-Harmony, un journal publié à époques irrégulières. En donnent cette liste, M. Feasterstonaugh observe que Philadelphie fournit les huit vingtièmes des publications périodiques

La Société philosophique américaine vient de publier le quatrième volume de ses Transactions. Une nouvelle société s’est formée dans cette même ville, sous le titre de Société géologique de Pennsylvanie. Les procès-verbaux de ses séances sont publiés dans le journal mensuel de géologie de M. Feasterstonaugh, professeur de géologie. Elle promet d’être plus active que la société semblable de New-Haven, qui ne publie rien, et elle espère lever une carte de la Pennsylvanie.

On parle d’établir à New-York un Institut national des sciences.

Dans une autre partie des États-Unis il s’est formé une association, sous le titre de Cabinet de sciences du comté de Bradford. Une Société et un Musée ont été établis à Cincinnati, sous le nom de Western Museum society, et un Musée à Charlottesville, en Virginie.

Parmi les publications nouvelles, il est remarquable de voir commencer en juillet 1831, à Vandalia, dans l’état d’Illinois, un Magasin mensuel Illinois (Monthly Magazine), rédigé par M. J. Hall. À Nashville, dans le Tennessee, MM. le docteur Troost et Le Sueur ont entrepris de faire connaître, par livraisons périodiques, toutes les productions naturelles, y compris la géologie et les fossiles de cet État. C’est un ouvrage accompagné de planches. À Lexington, dans le Kentucky, cette année a vu paraître un journal tribimestriel, intitulé : Journal Transylvain, de médecine et des sciences accessoires (Transylvanian Journal of medecine and the associated sciences). On le dit surtout intéressant pour le conchyliologue et le botaniste.

À Boston se publie un nouveau journal mensuel, intitulé : the Naturalist, où l’on trouve des notions générales d’histoire naturelle.

À Philadelphie M. Dought publie un Cabinet d’histoire naturelle (Cabinet of Naturel history of Philadelphia). M. Rafinesque a commencé son Journal atlantique, ou l’Ami du savoir, journal encyclopédique et revue des sciences en général et des progrès dans l’histoire naturelle, la médecine, les sciences, l’industrie, l’agriculture, l’éducation et toutes espèces de connaissant utiles (Atlantic Journal, etc.). Il y a quelques nouvelles botaniques et conchyliologiques ; ce recueil est accompagné de plançhes.

Enfin il parait dans la même ville une Revue mensuelle de la littérature et des sciences à l’étranger (Monthly museum of foreign literature, science and arts). À Albany, dans l’État de New-York on remarque assez d’activité scientifique dans le Lycée d’histoire naturelle et la Société pour avancement des arts utiles.

Dans le Canada, la Société d’histoire naturelle de Montréal et la Société littéraire et historique de Québec ont publié chacune un second volume de Mémoires.

Aux Indes orientales un nouveau journal scientifique mensuel a commencé à Calcutta, en août 1829, sous le titre de Recueil scientifique (Gleanings in science, in-8o). Cette publication s’occupant de sujets fort divers, offre de l’intérêt par les Notices géologiques sur l’Himalaya et sur l’Inde. De plus, la Société asiatique de Calcutta a entrepris, dès 1831, de publier elle-même les procès-verbaux de ses séances dans un Bulletin particulier intitulé : Journal of the Asiatic Society, in-8o. Cette publication est destinée à recevoir aussi les Notices et les petits Mémoires, qui y seront plus convenablement placés que dans les Transactions in-4o de la Société. On sait que jusqu’ici le Journal asiatique de Londres donnait les procès-verbaux de la Société de Calcutta. Enfin l’on trouve dans l’Oriental Magazine and Review, un résumé des travaux, en partie géologiques, de la Société littéraire de Bénarès.

La publication trimestrielle du Cap de Bonne-Espérance continue ; mais nous n’avons pas de nouvelles de celles qu’on avait annoncées à Sainte-Hélène et à l’Ile Maurice.

Dans les trois numéros du South African Journal, pour 1830, on observe, au milieu de beaucoup d’intéressantes commnnications sur l’histoire naturelle, des rœnarques sur la géologie de l’Afrique méridionale, par M. Thom. Ce journal est publié par l’Institut africain, pour avancer les connaissances d’histoire naturelle, de géographie, de physique, d’économie et de statistiques ; étant déposé chez Richardson, libraire, rue de Cornhill, à Londres, il mériterait d’être plus connu.

Depuis 1830 le Cap de Bonne-Espérance possède aussi une Gazette littéraire, destinée à la littérature, à la critique, aux sciences, et à l’avancement des connaissances utiles.

Vous savez qu’en Angleterre des congrès annuels de savans ont eu lieu en 1831 et 1832, à l’instar de ceux de l’Allemagne et de la Suisse. Tout ce qui s’est passé dans la première réunion à York, se trouve dans un rapport qui est intitulé : First report of the proceedings, recommandations and transactions of the British Association for the advancement of science, in-8o, 1832. Cette Société a pris le titre d’Association britannique pour l’avancement des sciences, et elle était déjà composée en 1831, de deux cent quarante membres ; leur nombre a été encore plus, grand en 1832.

Comme en Allemagne, tout savant qui est membre d’une Société scientifique, ou qui a écrit sur une science quelconque ; peut être membre de l’Association ; on reçoit aussi des personnes présentées par des membres. Chacun paie une livre sterling par an, ou cinq livres une fois pour tout. Les officiers de la Société sont élus un an d’avance. Outre l’assemblée générale, la Société se divise en sections ou sous-comités des sciences mathématiques et physiques, de chimie, de minéralogie, de géographie et de géologie, de zoologie et de botanique, et des arts mécaniques.

Une heureuse innovation sur la Société allemande, est l’adoption des comités locaux que la Société helvétique possède aussi. Ces comités, répartis dans divers centres d’instruction en Angleterre et dans ses possessions d’outre-mer, entretiendront l’émulation et donneront plus de vie à l’Association, que si elle se bornait la une réunion annuelle.

Ensuite, les sections ont proposé certaines questions scientifiques dont la solution leur paraît désirable, ou ont chargé certaines personnes de leur exposer l’état de la science dont elles s’occupent spécialement. (Voy. Bulletin, vol. II, page 371.)

À York la Société a été présidée par le vicomte Milton, et l’an passé, à Oxford, par M. Buckland.

La section de géologies a eu en 1832 pour président M. Murchison, et pour secrétaire M. J. Taylor ; la section d’histoire naturelle, pour président M. P. Duncan, et pour secrétaire M. le professeur Henslow ; la section de chimie, pour président M. J. Dalton, et pour secrétaire M. Johnston ; enfin la section de physique, pour président M. le docteur D. Gilbert, et pour secrétaire le révérend M. Coddington.

On a élu à Oxford, M. Sedgwick, président pour 1833 ; le docteur Dalton et le professeur Airy vice-présidens ; M. Vernon-Harcourt secrétaire, et M. J. Phillips vice-secrétaire. La Société se réunira, en 1833, à Cambridge.

La Société d’Oxford a tenu, au théâtre de cette ville, plusieurs séances générales fort brillantes, vu l’affluence des assistans ; on y a prononcé des discours de circonstance.

Enfin les botanistes ont fait avec des dames une grande promenade, tandis que cent cinquante géologues à cheval et autant à pied ont suivi, pendant six heures, une leçon péripatéticienne donnée par M. Buckland.

En présence de toute l’assemblée, M. Murchison a remis à M. Williams Smith la médaille d’or que lui avait décernée la Société géologique de Londres.

Au premier rang des travaux de la Société d’Oxford, sont des résumés fort intéressans de l’état actuel de certaines sciences : ils serviront à la Société de point de départ. Ainsi M. Forbes a présenté un rapport sur l’état actuel des connaissances météorologiques, M. Cumming a parlé sur l’électricité en rapport avec la chaleur, M. Willis sur la théorie des sons, M. le docteur Ritchie sur l’électricité magnétique, M. le docteur Turner sur la chimie, M. D. Brewster sur les progrès de l’optique, M. Johnston sur les progrès de la chimie, surtout à l’étranger ; M. Powell sur les phénomènes connus du rayonnement de la chaleur, M. W. Conybeare sur les progrès récens de la géologie, en particulier sur la théorie des soulèvemens de M. de Beaumont, et M. Whewall sur l’état actuel de la minéralogie.

Parmi les autres Mémoires on remarque un Essai sur l’application des recherches philosophiques à l’histoire physique de l’homme, par M. le docteur Prichard ; le récit des curieux effets d’un coup de foudre sur un vaisseau garni d’une pointe de fer, par M. Scoresby, et une Description du Megatherium, par M. Buckland.

La Société philosophique de Chelmsford, fondée le 7 octobre 1828, a publié son premier rapport, rédigé par M. Neale, socréhire et professeur de géologie de cette association.

Le Société géologique du Cornouailles vient de publier le quatrième volume de ses Mémoires, et la Société littéraire et philosophique de Manchester, le cinquième volume de la deuxième série de ses Mémoires.

La Société royale de géographie de Londres a imprimé un premier numéro de ses Transactions, en a un second sous presse ; et fait paraitre, depuis 1830, un journal (Journal of the royal geographical Society, in-8o).

Parmi les Instituts philosophiques et littéraires d’Angleterre, celui de Canterbury, ainsi que son Musée, paraissent s’êre amélioré. On parle aussi avec éloges d’un Musée d’histoire naturelle, formé à Birmingham par M. Weaver, ainsi que de la collection, publique de la Société d’histoire naturelle de Manchester ; association coommencée il y a cinq ou six ans.

Le Bureau topographique de l’Angleterre., appelé Board of Ordnance, a chargé M. de La Bèche de colorier géologiquement les cartes levées du Devonshire et de certaines parties du Cornouailles, du Somersetshire et du Dorsetshire. Cette innovation est de bon augure, et présage d’autres relevés géologiques. On a donc senti que l’aide d’un géologue n’était pas si inutile qu’on l’avait pensé sous l’administration du duc de Wellington, lorsqu’on renvoya M. Macculloch.

Le Club des naturalistes de Berwick, en Écosse (Berwick naturalist Club), fondé en septembre 1831, a célébré en septembre dernier son premier anniversaire à Coldstream. M. G. Johnston y a résumé les observations faites par la Société pendant l’année écoulée.

La Société d’histoire naturelle de Belfast, en Irlande, a inauguré, le 27 oct. 1831, son nouveau Musée, construction faite exprès.

Quant aux nouvelles publications périodiques, on a commencé l’an passé, à Dublin, en Irlande ; un journal trimetriel médico-chimique (Journal of medical and chemical science) ; qui renferme des articles géologiques, et est rédigé par M. J. Kane.

Le Journal des sciences de H. Brewster ne pouvant soutenir la concurrence du Journal philosophique de M. Jameson, s’est réuni, depuis le mois de juillet 1832, aux Annales de philosophie de MM. Phillips et Richard Taylor, sous le titre de London and Edinburgh philosophical Magazine, and Journal of science. Le Journal mensuel en a augmenté de volume.

Depuis cette année, il se publie à Londres un Journal mensuel zoologique Zoological Magazine, in-8o, chez Whitakker).

On peut encore citer une nouvelle série du Cambrian quaterly Magazine, et la cinquième année d’une espèce de récapitulation des progrès des sciences et des arts, sous le titre d’Arcana of sciences and arts, ou Registre annuel des inventions utiles et des découvertes, abrégé des travaux des Sociétés savantes et des journaux scientifiques anglais et étrangers. (In-8°, Londres.)

En Belgique j’ai à mentionner le Bulletin de l’Académie et les Annales du Musée des sciences et des lettres de Bruxelles ; publications commencées en 1832. La dernière contient un Aperçy des leçons élémentaires de géologie et de minéralogie données au Muséum, par M. Kickx fils. On va reprendre la publication du Messager des sciences et arts de Gand qui avait cessé de paraître depuis la mort de l’éditeur.

La Société des sciences de Harlem, en Hollande, a mis au concours la question de la formation des Dunes, et de l’augmentation de la chaleur de la terre, à mesure qu’on s’enfonce

En France un seul journal scientifique a commencé en 1832, ce sont les annales des sciences et de l’industrie du Midi de la France, publiées chaque mois à Marseille. La Société philimatique a repris ses Bulletins, et une petite Société géologique a été établie à Metz, par les soins de notre confrère M. Simon.

M. Boubée continue ses voyages et fait chaque année aux bains des Pyrénées deux cours de géologie pour les gens du monde ; il a acheté l’an passé une belle maison à Bertrand de Comminges, à huit lieues de Bagnères de Bigorre, propriété qu’il destine à de venir un musée pyrénéen des trois règnes de la nature.

Du reste, les journaux périodiques scientifiques semblent avoir eu, en général, beaucoup de peine à se soutenir ces dernières années ; le Bulletin universel a cessé, au grand regret des étrangers, et ne pourra guère être repris que sous une autre forme. La capitale devait à M. de Ferrussac de voir réunis pour la première fois presque tous les journaux scientifiques périodiques, et tous les Mémoires des Sociétés savantes du monde entier. Où trouver maintenant à Paris ces sept cents publications dont tout au plus les deux cinquièmes vont s’enfouir dans les bibliothèques publiques et particulières de Paris, de manière à n’être consultées isolément, en temps opportun, que par un très petit nombre de personnes.

Maintenant la science et les découvertes utiles se trouvent surtout dans les publications périodiques ; on ne se donne pas le temps de faire des ouvrages, dans la crainte d’être devancé, tant est grand le nombre des observateurs. Ainsi une bibliothèque de journaux est devenue aussi nécessaire au savant, qu’une collection de gazettes pour l’historien ou l’homme du monde ; Chaque bibliothèque devrait donc avoir un cabinet particulier pour les journaux, comme cela se pratique déjà dans plusieurs villes étrangères, Quand on réfléchit à la modique somme qu’exigerait l’achat de 600 à 700 recueils pareils (8 à 10,000 f.), l’on est étonné que Paris soit encore privé d’un pareil moyen d’instruction, que les amis des sciences ou le Gouvernement pourraient si aisément lui donner. Espérons que, pour l’honneur de la France et des personnes à la tête de l’instruction publique, ce qu’on se plait à appeler la capitale du monde savant ne restera pas en arrière de villes beaucoup plus petites qui, grâces à un esprit d’association bien entendu, offrent de grandes collections de journaux scientifiques.

En Suisse la presse n’a été que peu occupée d’objets de sciences ; cependant la Société helvétique a fait paraître un second volume de ses Mémoires, et elle a tenu à Genève sa dix-septième assemblée générale.

La Société de physique et d’histoire naturelle de Genève a publié le tome V de ses Mémoires.

La ville de Neuchatel, pays scientifiquement peu éclairé, a fondé une nouvelle chaire d’histoire naturelle, à laquelle elle a appelé notre collègue, l’habile ichtyologie M. Agassiz ; nous allons donc connaître bientôt les richesses fossiles de ce canton.

La Société de la Minerve de Padoue, en Italie, a entrepris. depuis 1832 la publication des Annales des sciences naturelles du royaume Lombardo-Vénitien, in-4o ; commencées en 1831, à Vicence, par M. Fusnieri ; elles contiennent plusieurs Mémoires de M. Pasini.

L’Académie de Turin a publié le tome XXXV de ses Mémoires.

La Société Gioénienne d’histoire naturelle de Catane imprime le tome VI de ses Mémoires.

Le roi de Naples a fait commencer depuis cette année, à ses frais, une publication statistique intitulée Annales civiles du royaume des Deux-Siciles (Annali civili del regno delle Due Sicilie).

En Autriche les Sociétés du Johanneum de Gratz et du Ferdinandeum d’Inspruck ont fait paraître chacune un nouveau volume de leurs Mémoires, tandis que la Société du Musée de Prague a été obligée d’interrompre son journal mensuel (Monatschrift). Comme je l’ai déjà dit, les États de l’Autriche inférieure ont nommé une commission pour faire publier des Mémoires sur la statistique et l’histoire naturelle de l’Autriche. Le troisième volume de cet ouvrage, intitulé Beitrage zur Landeskunde Œsterreichs, in-8o, est sous presse.

Dans la Prusse et l’Allemagne les publications périodiques ont continué ; l’académie de Berlin, la Société des Curieux de la nature et la Société des sciences naturelles de Marbourg ont fait paraître chacune un volume de leurs Mémoires.

L’Académie de Berlin a pris le sage parti de faire ses publications de manière qu’on puisse acheter chaque mémoire séparément ; ainsi les travaux ; de M. de Buch sont devenus le domaine du public, au lieu de rester celui d’un très petit nombre de privilégiés.

Une Société de géographie s’est formée à Berlin. M. Keferstein a fait paraître un nouveau volume de son Teuschland.

La Société Physiographique de Christiania, en Norwége, a publié en août 1832, le premier cahier du tome premier d’une seconde série du Magasin for Naturvidens-kaberne. L’ancienne série forme dix volumes.

En Russie la Société Minéralogïque de Saint-Pétersbourg a publié les deux premiers volumes de ses Mémoires, en russe ; il faut espérer qu’elle voudra bien en donner une traduction française ou allemande. Ces Mémoires ne sont point encore parvenus à Paris, mais MM. le baron de Meyendorff et Teploff nous les font espérer, et ce dernier pourra l’été prochain nous donner connaissance de leur contenu. Comme le gouvernement russe est occupé sans cesse à faire recueillir par ses agens des notions sur les découvertes faites à l’étranger dans toutes les branches des sciences, il lui a paru avantageux d’avoir à Paris quelqu’un qui, tout en remplissant le dernier but, pût en même temps faire connaître en français les travaux principaux des Russes. C’est notre confrère M. Teploff, qui a été honoré de cette dernière charge, sous la direction éclairée de M. le baron de Meyendorf. Le Bulletin et le nouveau volume des Mémoires de la Société des naturalistes de Moscou ne sont pas arrivés, que je sache, à Paris.

M. Virlet, l’un des membres de l’expédition scientifique de Morée, à qui la Grèce est redevable des premiers travaux d’exploitation entrepris dans le but d’y rechercher le charbon de terre, a doté cette contrée d’une collection minéralogique provenant d’un Grec instruit qui avait long-temps voyagé en Europe. Le hasard voulut qu’on proposât à M. Virlet d’en faire l’acquisition ; il eut aussitôt l’heureuse idée de l’acheter pour en enrichir la Grèce. Elle figure maintenant au Musée d’Égine, où il l’a classée avec le plus grand soin, et il y a joint une collection complète de toutes les roches de l’île, ainsi que des échantillons des principales substances minérales trouvées tant en Morée que dans les îles de l’Archipel. Ainsi les Grecs peuvent non seulement venir reconnaître les principales richesses de leur sol, mais encore y puiser des notions de minéralogie et même de géologie suffisantes pour étudier avec fruit la constitution géologique et minéralogiques de leur pays.

Pour le reste de l’Europe je n’ai plus rien à ajouter, si ce n’est de déplorer l’état où les sciences se trouvent réduites aujourd’hui en Pologne.

Les journaux ont fait mention de l’établissement d’une Société d’agriculture au Kamtschatka.

Après ces observations préliminaires, je vais entrer en matière en parlant des descriptions géologiques de pays ou de diverses localités ; et en m’arrêtant davantage sur les plus intéressantes, et naturellement sur celles composées par nos confrères.

M. Huot a fait une heureuse innovation en introduisant dans les traités de géographie un exposé exact et général de la géologie de chaque contrée. (Voy. Précis de la Géogr. univ. de Malte-Brun.) M. Balbi a aussi fait entrer la géologie générale dans sa Géographie.

L’Angleterre continue à s’enrichir de monographies géologiques locales.

M. Nathaniel de Wetherell a lu à la Société Géologique de Londres une notice sur l’argile de Londres, sa position, son étendue, et la succession de ses couches.

D’après lui, les fossiles les plus communs de ce dépôt sont le Pectunculus decussatus, la Natica glaucinoïdes, le Modiola elegans et le Teredo antenauta ; les plus rares sont l’Acteon elongata ; la Cypræa oviformis, la Neritina concave et la Serpula crassa. (Proceedings 1832, p. 403.)

M. W. H. Fitton a donné une esquisse géologique des environs de Hastings. (Geological Sketch of the vicinity of Hastings.)

M. Octavien Blewitt a inséré des notes géologiques sur les cavernes du Kent, par M. Th. Northmore, dans la seconde édition de son guide de Torquay ou son esquisse descriptive historique du district compris entre les rivières du Dart et du Teign. (The Guide of Torquay, a descriptive, etc. Londres ; in-8o de 288 p. avec une carte géologique médiocre et des planches, 1832.)

M. Sedgwick a lu à la Société géologique de Londres une note. sur un banc de coquilles fossiles recouvrant l’argile de Londres du Warder Cliff dans l’ile de Wight. Ces coquilles sont à 140 pieds au-dessus de la mer et n’offrent que les espèces qui vivent encore sur la côte telles que l’Ostrea edulis, etc. (Ann. of Phil. février 1833.)

M. Lonsdale a donné un Mémoire sur le district oolitique de grès vert et de craie, de Buth. L’énumération des fossiles de chaque dépôt et de chaque localité, et la récapitulation des pétrifications propres à chaque terrain décrit, recommandent ce Mémoire à l’attention des géologues. (Trans. géol., vol. 3, part. 2.) Ce savant conservateur des collections de la Société Géologique de Londres a reçu de cette association le prix annuel fondé par M. Wollaston, afin de le mettre en état de continuer ses recherches sur les terrains secondaires d’Angleterre.

M. Murchison a décrit la structure des monts de Cotteswold-hills et le district de Cheltenham, composé du grès bigarré, de l’oolithe inférieure, de la grande oolithe et du forest-marble. Il signale dans les premières montagnes des dérangemens locaux ; les couches de l’oolithe inférieure offrent quelquefois diverses inclinaisons assez fortes, et sont recouvertes par les masses horizontales du forest-marble. (Proceedings, 1831-1832, page 388.)

M. J. Prideaux a donné un Relevé géologique de quelques parties des environs de Plymouth, entre le Tamar et l’Erme. Cette contrée présente, aux sources du Plym et de l’Erme, une grande étendue de granite schorlifère, bordé de schiste intermédiaire, dont il est séparé çà et là par des schistes légèrement micacés, comme à Meavy et Shaug-Prior. Quelquefois on observe entre ces deux dépôts une masse épaisse, composée d’un mélange de schorl, de quarz et de schiste, comme près de Sheepster et entre Torybrook et Blachford.

Le schiste passe à la grauwacke, entre les débouchés du Tamar et du Plym et sur quelques autres points. Un porphyre quarzifère a percé ces roches sous la forme d’amas, comme à Walkhampton, ou de filons-couches, comme près de Milton et de Fancy. Du trap ou grunstein traverse le schiste sous la forme d’amas, près de Collwell et de Stowford. Enfin le calcaire intermédiaire à encrines et à cavernes (Voy. l’ouvrage de M. Hennah) s’associe au schiste entre Plymouth et l’Yealm, et du grès pourpré intermédiaire forme la côte entre l’embouchure de l’Yealm et Plymouth, ainsi que la baie de Cawsand. L’auteur a soin d’indiquer les inclinaisons variées et les directions de toutes ces masses minérales. (Trans. of the Plymouth institution. Vol. I, 1830.)

M. H. S. Boase a donné une description complète de la géologie du Cornouailles, sous le modeste titre de Contributions towards a Knowledge of the geology of Cornwall. (1 vol. de 310 pag. in-8o, avec une carte et deux planches de coupes, extrait du vol. IV, des Trans. de la Soc. géol. du Cornouailles.) Il divise ce pays en district oriental, district central, le district de Carnbrea, et le district du Lands’end, et il consacre un chapitre à des détails géologiques particuliers à chacune de ces contrées. Un cinquième chapitre offre le résumé méthodique de toutes ses observations. On y remarque un Essai de classification des roches du Cornouailles, dans lequel il propose plusieurs nouveaux noms, tels que celui de Corneo-calcite pour divers calcaires, de Corneanite pour une espèce de diorite compacte, de Dunstone pour du feldspath compacte, de Delabolite pour certain schistes, quelquefois à aiguilles d’amphibole.

Il donne ses idées sur la structure des granites et des schistes, sur l’origine des vallées du Cornouailles, qu’il rapporte surtout aux contournemens des couches, sur les filons métallifères très variés dans ce pays ; sur l’origine des roches granitiques et schisteuses attribuées toutes à des degrés différens d’une même crystallisation, enfin sur les alluvions.

M. Conybeare a donné une Note sur l’étendue du bassin houiller de la partie méridionale du pays de Galles, comme addenda à une Notice de M. Martin. (Phil. Mag., févr. 1832, page 111.)

M. J. Yates a décrit une Forêt sous-marine dans la baie de Cardigan, dépôt qui se trouve le long des côtes des comtés de Merionet et de Cardigan. La tourbe ne contient surtout que des bois du Pinus sylvestris, et laisse voir beaucoup de traces du Teredo navalis et de la Pholas candida. Il cherche à prouver par des documens historiques que cette tourbière a été submergée en l’an 520. (Proceedings, 1832-1833).

M. Robinson Wright a donné un Mémoire sur les formations secondaires des environs de Ludlow, dans le Shropshire. C’est un district composé de schiste argileux, de calcaire intermédiaire avec des masses de grès pourpré intermédiaire, et de calcaire carbonifère, des houillères et du basalte. Il estime de huit cents à mille pieds l’épaisseur du terrain schisteux, et de quatre cents à sept cents pieds celle du grès pourpré. Le basalte occupe les deux cimes d’un monticule, et repose sur le grès pourpré et les roches charbonneuses qui sont coupées aussi par un filon basaltique. (Proceedings, 1831-1832, page 387 et 403.)

La surface des rochers calcaires à Yealand, non loin de Lancaster, est fendillée d’une manière extraordinaire ; serait-ce encore un effet de retrait, de brisement ou d’érosion acide ? (Magaz. de M. Loudon, juill. 1832, page 550.)

M. Fox a indiqué entre Falmouth et Helford, un banc de cailloux roulées, de un à trois pieds d’épaisseur, à neuf ou dix pieds au-dessus du niveau des plus hautes marées ; ce fait se joint d’autres observés sur les côtes du Cornouailles, et en général de l’Angleterre. (Philos. Magaz., déc. 1832, page 471.)

M. Henwood continue ses recherches de détail sur les accidens des filons du Cornouailles. Il vient de lire à la Société géologique de Londres un mémoire sur quelques uns de leurs entre-croisemens. Il devrait nous donner un jour une carte complète de tous les filons de ce pays si riche en ce genre de fentes. (Proceed., 1832-1833.)

M. Murchison est revenu sur la découverte de M. Gilbertson, relativement à vingt espèces de Coquilles marines qui vivent encore sur les côtes de l’Angleterre, et se trouvent de quatre-vingts à trois cents pieds au-dessus de la mer. (Voy. Bull., vol. II, page 142.)

Ce dépôt s’étend sur toute la côte du Lancashire, de Blackpool à Preston, et se prolonge le long du Ribble et du Derwent, à quelques milles dans l’intérieur du pays. Il recouvre des couches redressées du système carbonifère, du grès rouge et des dépôts houillers de Chorley.

M. Murchison y voit une preuve que le dernier soulèvement de la chaîne centrale de l’Angleterre septentrionale date de la période où les animaux actuels existaient déjà. (Fïrst. Rep. of the Britan. Assoc., page 91.)

Nous n’y voyons qu’une très petite partie d’un phénomène qui est général sur toutes les côtes de la Grande-Bretagne : M. Phillips l’a bien décrit dans le Yorkshire. Dans tous les lieux convenablement placés, il y a des alluvions à coquilles marines qui vivent encore actuellement vers la côte et qui sont à un niveau supérieur à celui des plus hautes marées. La mer s’est abaissée ou le continent a été soulevé, voilà les seules explications de l’origine de ce dépôt, dont on a fait aussi du diluvium ou des restes du déluge de Noé. Sur les côtes du Lancashire le soulèvement paraîtrait donc avoir été localement plus grand.

M. Samuel Woodward promet la Géologie détaillée du Norfolk ; il a trouvé que l’étendue du crag y était plus grande qu’on ne le pensait. ; La craie, près Postwich-Church, est traversée de trous percés par une coquille tubicole, ce qui indique le niveau des eaux à l’époque du dépôt du crag.

Dans l’assemblée des savans anglais à York, M. Phillips a décrit les Caractères particuliers des systèmes carbonifère et oolithique de l’Yorkshire, qui comprennent de vastes dépôts subordonnés de grès, d’argile et d’amas charbonneux. L’auteur attribue ces derniers à une formation littorale ou d’embouchure de rivière.

M. Phillips a donné Trois coupes de la série houillère inférieure de l’Yorkshire, qu’il appelle la série du Ganister-Coal. Cette masse comprend une couche de houille de quatorze à trente pieds d’épaisseur ; elle existe à Leeds, Bradford, Sheffield et Panistor. Elle est couverte de calcaires à Peignes (P. papyraceus), Ammonites (A. Listeri), Orthocères et Huitres. Dans la houille on rencontre des Unio.

Dans la partie supérieure des houillères du Durham, du Northumberland, du Yorkshire et du Derbyshire, se voient plusieurs couches d’Unio ; à Swan-Banks il y en a deux, une sur la houille à Peignes et l’autre au-dessous. L’Unio n’existe pas dans le calcaire de montagne. Ces faits indiquent que l’eau de mer a fait irruption dans un lac d’eau douce ; mais comme ces dépôts sont en stratification conforme, cette irruption n’a pas été violente. (Philos. Mag., nov. 1832.)

M. W. Hutton s’est occupé de l’examen des localités de l’Angleterre septentrionale, où le basalte est associé à la formation carbonifère sous la forme de filons-couches. Après des détails de distribution géographique, il énonce que le whin ne forme qu’une, deux, ou rarement trois masses, ayant d’une à trente ou quarante toises d’épaisseur et offrant des renflemens et des étranglemens. Il se forme quelquefois ainsi des buttes en forme de dôme. Les altérations produites sur les roches voisines se voient surtout dans les roches sous-jacentes ; néanmoins, M. Hutton cite quatre localités où la marne schisteuse et le calcaire supérieur au trap ont été aussi modifiés ou contournés.

Contradictoirement à M. Sedgwick, il pense que ces matières ignées n’ont pas été injectées latéralement, mais qu’elles ont coulé à la manière des laves pendant le temps même de la formation des roches neptuniennes qui les renferment. (Proceedings, 1831-1832, page 341.) C’est ce Mémoire, lu à l’assemblée des naturalistes d’Angleterre, à York, en 1831, qui a donné lieu à une vive réplique de la part de M. Murchison. (Voy. First report, etc.)

Dans les houillères du Northumberland, M. W. G. Trevelyan a observé sur les côtés d’un filon basaltique à salbande bréchoïde, un dégagement d’hydrogène carburé et une source ; la houille était changée en coke près du fïlon et était de mauvaise qualité jusqu’à quarante verges de chaque côté de cette masse étrangère. (Geol. Trans., vol. II, part. 3.)

L’Esquisse géologique de l’Angleterre et du pays de Galles va enfin se terminer. MM. Sedgwick et Conybeare sont occupés à revoir le premier volume, et le premier de ces géologues a entrepris la tâche difficile de rester dans un second volume à la hauteur des connaissances développées dans la rédaction du premier ; C’est ce qui a donné lieu à cette série de Mémoires sur le sol ans sien de l’Angleterre et en particulier du pays de Galles et du Cumberland. Récemment M. Sedgwick a donné deux Mémoires sur ce sujet, l’un sur les Relations géologiques des groupes de roches stratifiées et massives des montagnes du Cumberland, et l’autre sur les Dépôts recouvrant la série carbonifère de la vallée de l’Eden et sur la côte N.-O. du Cumberland et du Lancashire.

Ce dernier Mémoire est important en ce que l’auteur y détermine l’âge exact des grès rougeâtres s’étendant entre les montagnes du Cumberland et les bords écossais de la baie du Solway-Firth. Il les classe dans le grès bigarré, et fait voir que des proéminences de calcaire carbonifère en ressortent à Broadlield, Aketon et Rosley.

Il détaille ensuite une coupe entre Whitehaven et le cap de Saint-Beeshead, section qui expose le système carbonifère disloqué, un grès rouge secondaire à calamites, passant au grès houiller, et en stratification discordante sur le dépôt précédent, des agglomérats, et le calcaire magnésien, la marne gypsifère et le grès bigarré.

Il en conclut que dans le Cumberland, le Durham, l’Yorkshire et le Shropshire, il existe toujours du grès rouge secondaire, comme en Allemagne, tandis qu’il manque dans les bassins houillers du S.-O. de l’Angleterre ; ce qui explique pourquoi il n’y a pas concordance entre leurs couches charbonneuses et les dépôts secondaires plus récens.

Il trouve que la géologie de l’Écosse étaie l’opinion des géologues qui comprennent dans un groupe le grès pourpré, le calcaire carbonifère et le grès rouge. De plus, il classe, comme nous, dans le grès pourpré la bande d’agglomérats qui borde les montagnes primaires de l’Écosse, et il y subordonné les marnes calcaires à Ichthyolites de Caithness et des Orcades, et les couches à débris de poissons trouvées sous la série carbonifère du Fifeshire. (Proceedings, 1831-1832, page 344.),

Le système central des montagnes du Cumberland comprend des roches stratifiées et massives ; les premières forment quatre groupes, savoir : celui des grauwackes placées sur des couches calcaires et recouvertes par la zone carbonifère ; 2° celui des roches quarzo-chloriteuses, des schistes argileux et des porphyres, roches ayant la même direction que les grauwackes ; 3° celui des schistes argileux, luisans, à filons de quarz de Skiddaw ; 4° celui des schistes cristallins entre le groupe précédent et le granite de Skiddaw-Forest : les roches non stratifiées comprennent, outre le granite central de Skiddaw, la siénite de Carrockfell, traversant et recouvrant le troisième et quatrième groupe de roches stratifiées, et placée en apparence à la base du second ; 5° un grand dépôt syénitique, porphyrique et granitique, qui perce entre le deuxième et le troisième groupe, traverse et recouvre le troisième, mais jamais le second ; 6° le granite de Sharp, qui sort entre le premier et le deuxième groupe, et fait disparaître le calcaire coquillier qui les sépare ; enfin, des filons de granite, de porphyre et de trap. Toutes ces roches ont produit de nombreuses altérations.

Je ne puis suivre l’auteur dans le détail qu’il donne sur chacun de ses groupes, qui paraissent fort naturels. D’un autre. côté, je n’admets pas son opinion, que toutes les roches composant son second groupe, ont été formées en même temps, et passent en réalité les unes aux autres. Connaissant ce genre de dépôts mixtes et modifiés, dans le Cumberland, dans les Vosges, en Allemagne (Fichtelgebirge), en Carinthie, et en petit aux Pyrénées, comme dans le N.-O. de la France, j’ose croire trompeuses ses intercalations en apparence si régulières du porphyre dans du schiste argileux ou chloritique, tandis que plusieurs brèches me semblent injectées en même temps que les masses porphyriques, ou souvent sur leurs flancs.

On comprend qu’une espèce de phonolite schistoïde injecté en filon-couche, ou même produite en place par l’altération ignée des roches schisteuses, puisse former avec ces dernières une masse quelquefois homogène ; mais ces roches n’en seront pas pour cela contemporaines, et si on poursuit avec attention les passages prétendus des schistes aux roches feldspathiques, on apercevra bientôt ça et là des anomalies. Les coupes données par les vallées ne sont pas suffisantes ; or, dans des montagnes telles que celles du Cumberland, les bois, la végétation, et une assez grande hauteur, rendent des recherches pareilles fort difficiles. (Proceedings, 1831-1832, p. 399.)

Il n’y a en en 1832 aucun grand travail descriptif concernant l’Écosse. M. Gordon y a découvert un lambeau de lias à Linksfield près d’Elgin, sur la côte sud du golfe du Murray-Firth, dont le bord septentrional offre aussi des dépôts jurassiques. D’après M. Godon, le lias de ce point serait dans la même position que l’ont trouvé MM. Murchison et Sedgwick. Une bonne partie du rivage de la baie de Lossiemouth serait formée de marnes à bélemnites. D’un autre côté, il nous a été communiqué des doutes sur l’exactitude des détails donnés par MM. Murchison et Sedgwick, relativement aux rapports de gisement des roches secondaires et granitiques du Sutherland, et, d’après ce qu’en a dit M. Conybeare, on voit qu’il en pense presque de même.

M. Dundas-Thomson a donné un mémoire sur la Géologie du Berwickshire. (Magaz. of nat. history of London, sept. 1832, p. 637.) Il décrit surtout la composition du pays entre la Tweed et les monts Lammermoors. Le grès bigarré gypsifère forme les forme les bords de la rivière et repose, dans deux points de la paroisse d’Eccles sur le calcaire magnésien, savoir : à Eccles et à Birgham-Haugh Il alterne avec des bancs de porpbyre ; à Haddeh Rigg, l’auteur compte cinq alternatives semblables ; des roches amygdalaires forment le bord de la Tweed à l’est de Birgham-Haugh. Le vieux grès rouge ne se rencontre que plus au nord, à Greelaw sur le Blackadder, et à Long-Formacus, ce grès passe insensiblement à la grauwacke des Lammermoors. Dans la paroisse de Polwarth, la cime porphyrique du mont Kyleshill ressort du grès rouge. On donne le nom de Merse à une contrée marécageuse qui était jadis un lac peut-être salé, car les eaux de ce lieu contiennent assez de sel commun.

M. Maxwell a indiqué un gros bloc granitique de 44 pieds de haut et 38 pieds de largeur sur la côte d’Appin en Argyleshire. (Proceed., 1831-1832, p. 402.)

Pour l’Irlande, je n’ai à mentionner que les Tableaux des minéraux, des roches et des coquilles (Tables, etc. Belfast, 1831, in-8o), par M. J. Bryce, et son mémoire sur la structure géologique de la partie nord-est du comté d’Antrim. On sait déjà par les travaux de MM. Berger, Buckland et Conybeare, que cette contrée offre un groupe central de micaschiste à masses subordonnées de calcaire, de roches amphiboliques, de porphyre, et même, sur un point, de granite (Ardsilloch). Le grès pourpré intermédiaire forme une bande de Cushendan à Ballyeemin-Glen. L’auteur en sépare un agglomérat de la baie de Cushendan ; qu’il réunit au grès bigarré, parce qu’il recouvre le terrain houiller ; on l’avait annexé jusqu’ici au sol intermédiaire récent. Il n’y a pas vu de fragmens granitiques ou de micaschiste, mais bien du quarz et de porphyre. Le calcaire carbonifère et les houillères recouvertes de basaltes sont à Fairhead. Enfin il décrit le grès bigarré, et le lias de Cushendan, la craie verte et compacte et le basalte, et il termine par des observations sur la grande dénudation éprouvée par les derniers dépôts. (Proceed. 1831-1832, p. 377.)

M. Verscheyle a décrit la partie N.-O. des comtés de Mayo et de Sligan, où dominent les schistes crystallins et le système carbonifère. (Proceed. 1831-1832.)

En France, les environs de Paris ne cessent de fournir de nouvelles observations, témoins la Notice sur Épernay, par M. Deshayes, (Voy. Bull. v. 2, p. 63) ; le Mémoire de M. Desnoyers, sur les terrains tertiaires du N.-O. de la France autres que la formation des faluns de la Loire (Voy. dito, p. 414), avec les observations de MM ; C. Prevost et Deshayes, sur les lignites du nord du bassin parisien (Voy. dito, p. 428, 435 et 446), celles de M. de Beaumont, qui a émis sur le même niet des classement un peu différens (Voy. dito p. 434 et 445) ; la notice de M. La Joie, sur les couches coquillières de Lizy-sur-Ourcq et de Saint-Aulde (Voy. dito, p. 28), et les Mémoires de M.Héricart-Ferrand, savoir : la coupe du département de l’Oise entre Chéry en Orceois et Gournay, le classement des grès marins de Levignan, de Nantheuil-le-Haudoin et de Bregy, une coupe des couches parisiennes depuis Laon jusqu’à Châtillon, et une autre de la Vallée de Montmorency. (Voy. dito, p. 38, 415 et 420). En dire davantage serait empiéter sur l’office de celui qui résumera ces intérêssans travaux.

Notre confrère, M. Passy, a vu cette année paraître sa Description géologique du département de la Seine-Inférieure (in-4°, Rouen). Cet ouvrage, couronné par l’Académie de Rouen, est accompagné d’une carte et d’un atlas de coupes et de planches de fossiles, et a été exécuté avec le luxe des ouvrages anglais du même genre. Il paraîtrait que, vu le bas prix de vente (20 fr.) ; il n’en a été remis que cent exemplaires au libraire ; les amateurs doivent donc se hâter de se pourvoir.

Cet ouvrage ajoute de nouveaux détails la ce qu’on connait déjà sur la proéminence jurassique du pays de Bray, sur le grès vert, sur la craie, sur les fossiles crayeux, sur ses puits naturels, sur les brèches crayeuses, sur sa surface ravinée par les eaux, sur les poudingues et les argiles tertiaires, ainsi que sur le fer limoneux du Bray. On trouve figurées dans les planches quelques unes des pétrifications nouvelles du sol crétacé.

Il serait à souhaiter que chaque département trouvât un historien-géologue tel que M. Passy, qui semble déjà nous promettre une autre description départementale ; je veux parler de celle de l’Eure, dont il a donné un prodrome (Voy. Recueil de la Soc. d’agric., sciences, arts, du département de l’Eure, vol. 8, 1832)

Dans ce département le calcaire tertiaire occupe presque entièrement les cantons de Gisors, d’Écos, de Vernon, de Pacy et de Gaillon, tandis que le calcaire siliceux et les meulières ne se montrent que sur le plateau commun aux trois derniers de ces cantons. L’argile plastique s’étend au pied du calcaire tertiaire, dans les cantons de Gisros et d’Ecos, et elle forme un dépôt dans la forêt de Lyons, à Verclives, et de l’autre côté de la Seine à Infreville, à la Hunière, à Louviers et Saint-Martin-du-Tilleul.

Les grès et les poudingues qui suivent l’argile sont répandus dans le reste du département ; ils sont en masses remarquables dans les parties méridionales des arrondissemens de Bernay et d’Évreux.

Le minerai de fer et le calcaire siliceux en fragmens, forment surtout le terrain de transport, avec des bancs de silex, de la craie et des couches argilo-sableuses.

La craie ne se montre que dans les arrondissemens d’Évreux, de Louviers et des Andelys, tandis que la craie marneuse et verte, ainsi que le sable vert, occupent les vallées de la partie occidentale de l’arrondissement de Pont-Audemer ; enfin dans quelques vallées du district de Bernay, dans le Calvados, ressortent des formations très anciennes.

M. Hérault vient de réunir dans un seul ouvrage tous ses mémoires relatifs aux terrains du département du Calvados, en y ajoutant de nouveaux faits et en rectifiant d’anciennes observations. C’est encore une monographie départementale qui sera consultée avec fruit, et qui est à comparer avec celle de M. de Caumont. Le Calvados offrant une si grande variété de dépôts schisteux et cristallins, ainsi que la plupart des termes de la série anglaise, des formations jurassique et crétacée, sa description est tout à la fois une espèce de géologie élémentaire et un point de repère pour le géologue classificateur.

M. Boubée a fait paraitre trois numéros de ses Bulletins de nouveaux gisemens en France, savoir : un pour la minéralogie, un pour la géognosie et la géologie, et un troisième pour la paléontologie. (Paris. Chacun de lô pag. in-12.)

M. Graves a continué à nous donner, dans l’Annuaire du département de l’Oise pour 1832 et 1833, des détails géologiques sur cette partie de la France, que la Société a visitée en 1832 avec tant de fruit, grâce à l’extrême obligeance et aux connaissances locales de ce savant confrère. (Voy. Bull., vol. 2, pag. 1-23.)

Les cantons d’Estrées-Saint-Denis et de Froissy étant crayeux, il n’a consacré que de petits articles à leur géologie, dans le précis statistique de ces cantons ; néanmoins il donne ses observations sur les sables et les argiles à lignites qui recouvrent souvent la craie dans le premier canton.

Dans le canton de Guiscard, arrondissement de Compiègne, domine le calcaire grossier représenté seulement dans la région méridionale par les couches à nummulites et à grains verts. Ce dépôt se lie à des sables qui recouvrent partout la craie et contiennent des lignites et des marnes à coquilles d’eau douce. M. Graves donne la coupe des lignites de Muirancourt, de Solente et de Golancourt, et celle des argiles de Guiscard. Quant au canton de Marseille, arrondissement de Beauvais, la craie, couverte d’alluvions anciennes, en forme presqu’à elle seule tout le sol.

MM. Leymerie et Clément Mullet ont donné une Note sur le sable ou grès vert de Montieramey (Aube). (Mémoires de la Soc. d’agricult., scienc., arts et belles-lettres du dép. de l’Aube ; n° 40, pag. 157.) Ils ont observé le Gault, ou une marne crayeuse avec beaucoup de grandes gryphées ; le grès contient une multitude de corps cylindriques du genre des Spongiaires. Ils n’y ont vu, du reste, qu’une Ammonite à côtes saillantes, une bivalve, l’Astrée flabelliforme, une dent de squale et des morceaux de bois bituminisé ; la partie supérieure du sable vert offre des Inoceramus concentricus dans des blocs de grès ferrugineux.

Notre confrère, M. Simon, a publié un Itinéraire géologique et minéralogique de Metz à Sarrelouis et Trèves, et un autre des départemens de la Moselle, du Haut-Rhin, du Bas-Rhin, des Vosges et de la Meurthe. (Mém. de l’Acad. roy. de Metz, 1831.)

Lorsqu’ils sont bien faits, ces sortes d’itinéraires peuvent être utiles non seulement au voyageur, mais encore à la géologie en général : ils exigent de grandes connaissances de détail. Vous savez que M. Boubée a entrepris une publication semblable, appliquée successivement à toute la France. Il a commencé par sa Promenade de Lyon 21 Grenoble, pour l’étude des blocs erratiques et le creusement des vallées, et par sa Relation des expériences physiques et géologiques faites au lac d’Oo, suivie de l’Itinéraire du naturaliste, de Bagnères à ce lac. (Paris, in-12, 1832.)

D’une autre part, MM. Lecoq et Bouillet ont publié un Itinéraire géologique très instructif, sur le département du Puy-de-Dôme, ouvrage accompagné d’une carte où les grandes formations se trouvent indiquées.

M. J.-B. Bouillet promet de donner un Itinéraire minéralogique et historique de Clermond-Ferrand à Aurillac, par Massiac, Saint-Flour, Chaudesaigues et Murat.

M. Achille Penot a récapitulé des Notions générales sur la géologie du départ. du Haut-Rhin, dont il promet une carte géologique. (Statistique générale du départ. du Haut-Rhin, chap. 4.) M. Moggridge a dit quelques mots sur l’étendue des falunières de la Touraine. (Magaz. of London, n° 27.) M. Delpon a joint au premier volume de son intéressante Statistique du département du Lot (1831), une Description géologique générale, le détail de plusieurs grandes coupes, des remarques curieuses sur les vallées circulaires du sol granitique, sur les gouffres du terrain calcaire, sur la serpentine et les roches porphyriques et trappéennes, etc. (Voy. Bull. des scienc. natur., août 1831.)

M. Jouaunet il fait paraître un petit volume intitulé le Portefeuille périgourdin, dans lequel sont insérées des observations d’un père Mul, sur la fontaine intermittente de Marsac, qui sort d’un trou profond.

Je me félicite que mon voyage à Bordeaux et une lettre écrite de cette ville, sur les roches tertiaires des environs (Voy. Bull., vol. 2, pag. 37), ait engagé M. Desmoulins à exposer clairement ses idées sur la distribution géologique des fossiles tertiaires de ce pays et sur le classement de ses masses, appuyé spécialement sur la zoologie. (Voy. Bull., vol. 2, pag. 440, ainsi que les notes de MM. Desnoyers et Dufrénoy, pag. 448.)

On doit désirer, à présent encore, plus de détails géologiques sur les alternats des molasses et du calcaire d’eau douce, et sur le calcaire dit parisien, au-dessous de la molasse.

Je demanderai encore s’il n’y a point de molasse entre cette roche et la craie, ou ce qui sépare ces dépôts, et j’observerai de plus que les seules observations géologiques publiées jusqu’ici sur la position de ce qu’on appelle le calcaire parisien, de Bordeaux, se trouve dans les résultats d’un forage pratiqué dans cette ville, et observé par M. Jouannet. (Act. de la Soc. Linn. de Bordeaux, vol. 4.} Ce que M. Dufrénoy a dit de la séparation du calcaire parisien d’avec les faluns, au moyen d’un dépôt d’eau douce, m’était bien connu (Voy. Bull., vol. 2, pag. 444.), mais je ne vois pas comment ce fait lève tous les doutes sur le classement des calcaires du Bordelais, puisque le calcaire du Fronsadois, reposant distinctement sur la molasse et formant la cime des collines, ne m’a paru qu’une continuation du calcaire dit parisien, de Blaye et des bords de la Dordogne.

Si ces dernières masses sont parisiennes par les fossiles, il resterait toujours l’anomalie qu’elles sont séparées de la craie par un massif épais de molasses à ossemens de paleotherium, tortues, etc.

De plus en remontant la vallée du Lot, l’on ne trouve aucun calcaire tertiaire marin ni d’eau douce entre la molasse et la craie, et ce n’est que dans ses parties supérieures que la molasse alterne avec calcaires d’eau douce.

J’attendrai donc les documens que peut avoir recueillis M. Dufrénoy, avant de regarder la question comme résolue géologiquement ; qu’elle le soit zoologiquement, je dois le croire ; mais il n’est encore nullement prouvé que, dans quelques parties de la terre, la géologie zoologie ne puisse pas être en désaccord avec la géologie géognostisque. Cette dernière science est venue avant la première, et ses bases fondamentales sont des propositions mathématiques, tandis que la géologie zoologique est déduites de considérations purement physiques, qui semblent se plier à plusieurs espèces de systèmes, ou dont l’ensemble n’est pas encore étudié suffisamment.

M. Chaudruc a découvert des bancs d’huîtres d’espèces encore vivantes sur les côtes et les bords de la Charente, près de Soubise, non loin de son embouchure. Ces bancs, semblables à ceux du Mont-Saint-Michel, avaient déjà été indiqués par le père Arcère, dans son Histoire de La Rochelle, et par Palissy. Beaucoup d’huîtres présentent encore leur ligament, comme c’est aussi le cas quelquefois pour les huîtres d’autres lieux.

M. Tournal a fait de nouvelles observations sur les Ophites milieu des calcaires de l’époque secondaire récente des Corbières (Voy. Bull., vol. 2, pag. 361). M. Boubée s’est occupé des mêmes roches dans d’autres parties des Pyrénées. (Voy. dito, pag. 362.) M. Tournal a aussi comparé de nouveau les assises tertiaires de Paris, de Pézenas et de Narbonne (Voy. dito, pag. 379), tandis que M. Reboul est revenu sur le synchronisme des terrains tertiaires inférieurs et métalymnéens et prolymnéens (Voy. dito, pag. 383.)

M. de Villeneuve a détaillé une Coupe prise de Toulon au volcan de Rougier. D’après cet ingénieur, le schiste micacé de Toulon serait surmonté de grès bigarré et de muschelkalk avec ses térébratules et ses encrines particulières. Ce calcaire ne s’élève qu’au tiers de la hauteur des montagnes sous lesquelles il plonge, et est recouvert de gypse contourné. Plus haut viennent des calcaires argileux, des grès, puis du calcaire jaunâtre, dolomitique ; roches qu’il classe dans le grès vert et la craie, et qui forment toutes les montagnes entre Revest et Vieux-Rougier.

La hutte basaltique de Rougier ressort au-dessous d’une masse de muschelkalk recouverte aussi par du grès vert et de la craie. L’inclinaison de ces couches étant l’opposé de celles de Toulon, l’auteur en conclut qu’il y a là un système de couches demi circulaires, recouvertes d’un vaste dépôt crayeux qui supporte lui-même à Latay et aux Vieux-Rougier des lignites tertiaires. (Ann. des sc, et de l’ind. du Midi de la France, no 3.)

Pour ceux qui ne connaissent pas les variétés présentées par le calcaire à Hippurites et Caprines, comme à Marseille, et en général le système crayeux du Midi, le classement du calcaire compacte provençal dans la craie peut paraître hasardé. Néanmoins je me contente de répéter avec MM. Dufrénoy et de Beaumont, qu’il faut tout-à-fait renoncer à cette idée d’un dépôt crétacé terreux ; la craie terreuse n’est qu’un mince accident d’un dépôt, qui dans le Midi paraît presque aussi puissant que les calcaires jurassiques. Il comprend des calcaires d’une compacité très variée, de teintes les plus opposées, et plus ou moins mélangés d’argile ou de magnésie ; de véritables dolomies des corgneules (rauchtwacke), et des gypses sont aussi compris dans ce dépôt. C’est à ce terrain que la Provence doit surtout la sécheresse de son sol.

M. de Villenenve a consigné dans ses Annales du Midi de la France, la coupe intéressante du terrain récent creusé pour l’établissement du bassin de carénage à Marseille. Ce travail a montré que le calcaire crayeux compacte est recouvert en stratification discordante de marne et de calcaire bitumineux à empreintes de feuilles de palmiers, de saules, de roseaux et de mousses, ainsi qu’à paludines et lymnées. Un sable remanié de main d’homme, à briques romaines et coquilles méditerranéennes, recouvre ce petit lambeau tertiaire. C’est ce dernier dépôt qui a montré des restes de cloisonnaire dont M. Matberon a donné une description étendue, et qu’il rapproche du Septaria arenaria de Lam., animal qu’il suppose à tort n’avoir pas encore été observé dans la Méditerranée (Ann. du Midi de la France, vol. 1, pag. 76), tandis que Linnée l’y a indiqué en 1785. M. Marcel de Serres a fait aussi sur le même sujet un mémoire inséré dans la seconde livraison du tome V des Actes de la Société linnéenne de Bordeaux.

Le littoral de la Provence n’offrant que des côtes escarpées entre lesquelles il y a de petites plages, il est naturel de n’y trouver les dépôts tertiaires sabapennins que par lambeaux. Depuis le port de Bouc jusqu’à Antibes, on ne connaissait, jusqu’ici, que le calcaire tertiaire à huîtres et peignes du cap Couronne, les marnes à huitres sur le lignite à mélanopsides de Martigues, le calcaire à hélix d’Aix, où l’on trouve aussi des coquilles marines, des bancs d’huîtres et de cardium ressemblant à celles qui couvrent, au Grand-Canadeau, les lignites de la Cadiére, enfin les marnes et calcaires arénacés près d’Antibes, de Biot et de Vence, qui se rattachent au dépôt tertiaire du Var et de Nice. M. Panescorse vient de découvrir du calcaire tertiaire subapennin au Castelas, quartier de Valescure, près de Fréjus ; Le grès rouge secondaire y est couvert, sur une étendue de plus de 100 mètres, par une couche de calcaire arénacé d’environ 30 à 50 centimètres d’épaisseur. Ce dépôt est à couvert, du côté de la mer, par le cap Saint-Raphaël, ce qui est aussi la position des lambeaux tertiaires de la Ligurie, comme à Sestri, Arenzano, Albizzola, Savone, etc. ; mais dans ces derniers lieux on trouve encore, outre le calcaire, des marnes bleues et des sables. Il en est de même près d’Antibes, à Biot, Vence et Saint-Jeannet, dis qu’à Vaugranier un agglomérat volcanique se rattache à la formation tertiaire. Après l’énumération des fossiles de Fréjus, M. Pareto observe que les sables de cet ancien port renferment des coquilles qui ont un aspect un peu différent des fossiles tertiaires, et qu’il y a peut-être, près de Toulon, des lambeaux d’un dépôt coquillier aussi récent que celui du cap Saint-Hospice, prés de Nice. (Ann. des sc. et de l’industrie du Midi de la France, mai 1832, pag. 34.)

Cette notice vient se joindre au mémoire de M. Texier, Sur la géologie des environs de Fréjus. (Voy. Bull., vol. 2, pag. 422.)

M. Dufrénoy nous a donné des détails pleins d’intérêt sur les Rapports des amas ferrifères des Pyrénées orientales avec les marbres et les roches granitoïdes (Voy, dito, pag. 69), et il a imprimé dans la nouvelle série des Annales des mines, toutes ses Observations sur le terrain crétacé des Pyrénées et du S.-O. de la France (Voy. Bull., vol. 1, pag. 9), ses Remarques sur les rapports des ophites avec les dépôts salifères et les sources salées (Voy. Bull., vol. 2, pag. 410), sujets sur lesquels il est appelé, comme rapporteur désigné de vos travaux, à revenir lui-même.

Enfin, M. Reynaud a communiqué à la Société une Notice sur la géologie de la Corse. (Voy. dito, pag. 409, et Mémoires in-4o, vol. 1, part. 1.)

En Suisse, M. Lardy a donné une description du Saint-Gothard, avec une carte géologique et des coupes. (Denkschift. der allg. Schweiz. Gesellch., vol. 2.)

M. Schinz a décrit et assez médiocrement figuré les Ossemens des lignites de Koepfnach et d’Elgg, en Suisse ; il y a joint une notice sur leur gisement : elle n’est pas à la hauteur de la science, la molasse étant encore pour lui de l’argile plastique. (Denkschrift, der allg. Schweiz. Gesellch., vol. 2.)

M. Thurmann a classé les dépôts jurassiques du Porentray, avec le même talent que M. Thirria a développé dans sa description des couches secondaires de la Haute-Saône. Il distribue les dépôts jurassiques en trois étages, savoir : le groupe supérieur moyen et inférieur, représentés, le premier par la coupe du Banné, et le second par celle du Mont-Terrible, ce qui donne 230 mètres à la puissance totale de toutes ces masses. Le premier groupe, appelé Portlandien, comprend le calcaire portlandien et compacte ou oolitique à Exogyres, Protos et Isocardes, et les marnes kimméridgiennes à Exogyres. C’est la place du calcaire à tortues, sauriens et ornitholites bordant le pied du Jura, depuis Aarau jusqu’à Soleure et même à Neuchâtel : ce dépôt manque dans le canton de Bâle et dans celui d’Argovie, au nord des hautes chaînes ; le calcaire asphaltique de Motiers-Travers, qui repose sur des marnes bleues à Ammonites et fer pisolithique, fait aussi partie de ce groupe.

L’étage jurassique moyen comprend deux groupes, le corallien et l’oxfordien. Le premier est caractérisé par le calcaire compacte crayeux à grosses oolites, à Astartées, Nérinées et polypiers. Ce dépôt existe aussi dans les cantons de Bâle, de Soleure et de Neuchâtel et comprend le calcaire compacte de l’Alp du Wurtemberg, certaines dolomies d’Allemagne, ainsi que le schiste lithographique de Solenhofen. Ce groupe se sous-divise en calcaire compacte à Astartées, calcaire à Nérinées, oolite corallienne et calcaire corallien à polypiers silicifiés.

Le groupe oxfordien est composé de calcaire sableux avec chailles et Sphérites, et de marnes ; il comprend le terrain à chailles de M. Thirria et les marnes oxfordiennes à oolites ferrugineuses.

L’étage jurassique inférieur ou groupe oolithique a pour caractères des calcaires oolithiques fins gris jaunâtres, avec des marnes, des calcaires sableux et des oolites ferrugineuses. Il se sous-divise en dalles nacrées ou calcaires lumachelles et oolithiques fins, calcaires rouux, sableux et ferrugineux, grande oolite, marne à Ostrea acuminata, oolite subcompacte, oolite ferrugineuse, et grès superliasique. L’auteur tâche de mettre toutes ces subdivisions en rapport avec celles adoptées en Angleterre ou par les géologues français, et joint les déterminations des fossiles, la plupart nouveaux, et ayant reçu des noms de M. Voltz.

Tous ces dépôts reposent sur le lias, le keuper gypsifère et le muschelkalk. Le lias est lié au keuper par une assise marneuse à couleur bigarré ; le keuper comprend, de haut en bas, des marnes gypsifères, des marnes irisées à dolomies, du grès, de la houille, du gypse fibreux, des argiles endurcies et du gypse impur. Le Muschelkalk n’a été découvert, dans le Porentruy, que par un sondage qui a pénétré à 225 mètres ; mais il est fort bien développé dans les cantons de Bâle, d’Argovie et de Soleure. (Mém. de la Soc. d’hist nat. de Strasbourg, vol. 2.)

En Belgique a paru un ouvrage posthume de M. Schols, intitulé : Description de la grotte de Rémouchamps, située à deux lieues à l’ouest de Spa. (Bruxelles, in-fol, 1832, avec neuf belles lithographies.) Nous ne possédions sur cette caverne que les notes non scientifiques de M. quetelet (publiées en 1823). elle est située à extrémité méridionale de plusieurs bandes calcaires qui vont du sud-est au nord-est, alternent avec des bandes de schiste argileux et de grauwacke, et comprennent ainsi tout le terrain entre les Ardennes, au midi, et le bassin houiller de Liège, au nord.

La bande du calcaire de montagne de Remouchamps touche presque la plus méridionale de deux énormes chaînes de poudingoes qui font partie du grès rouge ancien et qui traversent toute la Belgique, depuis Montigny-sur-Roc, à l’ouest, jusqu’à Poleur, à l’est du royaume. À Remouchamps ces deux bandes se rapprochent et enclavent un grand nombre de couches subordonnée dont la composition est identique avec celle du terrain ardennais. du midi, et de celui du nord, au-delà de ces chaînes ; dépôt qui s’étend au-dessous du bassin de la formation houillère.

L’auteur admet que ces terrains sont intermédiaires et ont été relevés et plissés de bas en haut d’où proviennent les couches en forme de toit ou de murailles, les déchirures, etc. La grotte aurait été formée de même par ce soulèvement ; les bandes de calcaires se seraient solidifiées avant les autres. De semblables excavations abondent dans ce sol intermédiaire ; l’action de l’eau n’aurait fait qu’augmenter l’étendue des cavités, et y aurait charrié le limon et les débris des animaux carnivores, etc., qui habitaient les montagnes émergées.

la grotte se trouve placée à l’endroit où la direction de la bande calcaire et celle des poudingues qui l’avoisine, subirent une inflexion partielle en déviant brusquement de leur direction ordinaire de 67° nord vers l’ouest, par un coude qui se dirige du nord vers l’est ; inflexion qui correspond à un changement analogue dans la direction des résultantes des forces qui ont produit le plissement, et qui dans tous les points de la bande sont perpendiculaires à sa direction. La stalagmite de cette cavité contient beaucoup d’ossemens d’animaux domestiques, et à 3 ou 4 mètres, on a trouvé le fragment d’une mâchoire d’hyène avec ses dents. Près du précipice de la rivière du Rubicon, qui passe dans la grotte, on a découvert les ossemens d’un petit rongeur.

L’auteur donne ensuite une description topographique, une fort belle coupe verticale des sinuosités souterraines, des coupes transversales, et une belle projection horizontale à vue d’oiseau. Les autres planches représentent divers stalactites.

Dans la séance du 4 février 1832 de l’Académie de Bruxelles, M. Cauchy a fait part de deux découvertes ; l’une faite à Samson (province de Namur), d’un calcaire lithographique ; l’autre, dans la province d’Anvers, d’une pierre susceptible de fournir le ciment romain, employé en Angleterre dans les constructions hydrauliques, et notamment dans celle du Tunnel de Londres (Bull. de l’académie, no 1, pag. 3). Cette annonce donna lieu à une réclamation de M. Van Breda, aujourd’hui professeur à Leyde. Ce dernier prétend avoir reconnu bien avant M. Cauchy (en 1829), les septaria ou pierres calcaires à ciment romain, dans le Luxembourg, à Rupelmonde, à Boom, dans la province d’Anvers, à Saint-Nicolas, dans la Flandre orientale ; M. Van Breda dit que l’argile à septaria entoure toute la Belgique comme une bande qui n’est que la continuation du Londonclay (Bull. de l’acad., no 7, p. 33). Dans le fait, la découverte de cette argile date, de 1820 ; elle est due à feu M. Kickx père, qui l’a mentionnée dans son Tentamen mineralogicum, pag. 45, sous le nom de Dolomitus margaceus, (ludus Helmontii de Wallerius), et M. Kickx cite aussi les localités d’Anvers et de Boom.

Le 5 août 1832, M. Cauchy avait adressé à l’Académie une notice sur la marche du choléra, influencée si fortement, à ce qu’il parait, par la disposition des terrains géologiques. Cette note tendait à prouver que les terrains primordiaux (de M. D’Omalius) étaient à l’abri du fléau destructeur, selon la théorie peu fondée de M. Boubée. Ces observations nous valurent une carte géologique de la Belgique, de M. Jobard, dressée selon la distribution des terrains, d’après M. D’omalius d’Halloy (Moniteur belge). Le 30 novembre, M. Cauchy communiqua une seconde lettre à l’Académie, dans laquelle il fit observer qu’effectivement presque tout le Hainaut, le Namurois, la province de Liège et le Luxembourg ont été préservés du fléau ; il a trouvé pourtant que sur ces terrains primordiaux et un peu au-delà de leur lisière, de grandes masses d’eau peuvent avoir contrebalancé l’influence préservatrice des terrains anciens situés à proximité. (Bull. de l’acad., no 9, pag. 46, et Lettre de M. Morren, du 18 févr.)

De tous les travaux géologiques belges qui ont paru en 1832, le plus important est sans contredit le Mémoire sur la constitution géologique de la province de Liége, par M. Dumont. (Un beau vol. in-4o, de 374 pag., avec plans, coupes, cartes, etc.) Un rapport détaillé de ce livre serait lui-même un mémoire ; je rappellerai seulement que, selon l’auteur, le terrain antraxifère (D’Omalius) se compose de quatre systèmes : 1o le système quarzo-schisteux inférieur, composé de schistes argileux, de psammites et de poudingues le plus souvent rouges ; 2o le système calcaire inférieur, composé de calcaire et de dolomie ; 3o le système quarzo-schisteux supérieur, formé de schistes argileux, de psammites sans poudingues et non rouges ; 4o le système calcaire supérieur, formé aussi de calcaire et de dolomie. Le terrain antraxifère est disposé d’une manière analogue au terrain houiller qui l’a précédé dans la série chronologique des terrains ; les trois systèmes supérieurs sont disposés en bassins au-dessus du grès rouge ancien, qui parait être disposé lui-même en vaste bassin au milieu du terrain ardoisier (Voy. le Rapport de MM. Cauchy, D’Omalius et Sauveur fils.) Ce dernier serait formé de deux roches différentes par leur âge ; les talqueuses seraient les plus anciennes et intercalées au milieu des plus récentes. Les couches de houille sont disposées, au nombre de 83, en trois étages, inférieur, moyen et supérieur. Les terrains plus récens que la houille occupent moins M. Dumont. Ce travail devra fixer ultérieurement l’attention des géologues.

Les ouvrages de géologie descriptive sur les pays allemands n’ont pas été nombreux en 1832. M. Mérian a publié une description de la partie méridionale de la Forêt-Noire. (Geognostische Ubersicht des Sudlichen Schwarzwaldes, in-8o, Bâle, 1832.) Cot ouvrage sera consulté avec fruit par ceux qui s’intéressent à cette contrée, comme aussi par les géologues qui étudient la paléontologie des formations et les rapports singuliers de position des roches granitiques ou porphyriques et de leurs agglomérats.

On a trouvé du grès houiller à fougères, entre le grès rouge le granite de Schramberg, dans la Forêt-Noire.

Dans sa Géographie naturelle du Wurtemberg, M. Édouard Schwarz a réuni tout ce qu’on savait sur la géologie du Wurtermberg, et y a ajouté une coupe enluminée. (Reine naturl. géographie von Wurtemberg, 1832.)

M. de Buch pense, avec M. Voltz, que dans le Jura du S.-O. de l’Allemagne, les oolites inférieures renferment les fossiles les clus Caractéristiques des roches de Kelloway et de l’argile d’Oxford, et que le grès du lias n’appartient plus au lias. Il ajoute que le calcaire lithographique de Solenhofen repose sur du coralrag ; si donc le schiste de Stonesfield est parallèle au calcaire de Solenhofen, il s’ensuit qu’il ne doit pas être placé dans l’oolite de Bath, mais au-dessus du Coralrag. (Jahrb. f. Min. 1832, cah. 2, pag. 223.)

M. de Buch a découvert des pétrifications dans un filon basaltique traversant le calcaire jurassique du Mont Wartenberg, près de Donau-Eschingen, sur le Danube. Le filon a des salbandes tufacées à fragmens de lias à Posidonia Bronnii ; ces débris sont devenus jaspoïdes. (Jahrb. f. Min., 1832, cah. 2, p. 224.) M. Walchner, de Carlsruhe, a observé de même des roches coquillières, du lias et du calcaire jurassique dans des roches basaltiques.

M. d’Althaus a trouvé l’Helix Hortensis dans un tufa phonolitique, près de Magberg, en Wurtemberg ; cet Helix existe dans le calcaire d’eau douce du voisinage, dont la Formation a du être précédée par celle du phonolite, tandis que des fragmens de molasse se trouvent empâtés dans cette dernière roche, aussi bien que dans le basalte. (Jahrb., f. min.., 1832, cah. 2, 228.)

M. le docteur Hibbert a publié une Histoire des volcans éteints du bassin de Neuwied, sur le Rhin inférieur. (In-8°, avec beaucoup de planches. Édimbourg, 1832.) Cet ouvrage intéressant est fait avec le luxe anglais, et réunit à une foule d’observations connues, beaucoup d’autres inédites et surtout des vues nouvelles sur les dépôts et les accidens volcaniques qui ont eu lieu dans cette contrée.

L’auteur commence à présenter l’historique des dérangement éprouvés par le terrain schisteux des bords du Rhin. Puis il se représente sur la place actuelle du lit du Rhin trois bassins, celui de Mayence et de Francfort, dont les eaux se rendaient dans le bassin du Danube, et ceux de Neuwied et de Cologne, qui étaient en échelons l’un sur l’autre, et qui versaient leurs eaux dans la mer du Nord. Après cela il décrit successivement les environs de Laach (le cratère de soulèvement entouré de fentes), le bassin de Rieden, les éruptions trachytiques à la source de la Bruhl, celles de trachyte et de basalte à l’origine de la Nette, l’état progressif des dépôts argilo-sableux des bassins de Neuwied et de Cologne, leurs dépôts de lignite, le soulèvement de quelques montagnes à cette époque, les volcans des bassins de Neuwied, l’écoulement de ce lac et de celui de Cologne, les volcans entre Kempenich et Hochstein, les laves de Menuig, les volcans à l’est et au nord-est du lac de Laach, les volcans en rapport avec le dépôt de trass de la vallée de Bruhl, les dernières éruptions du cratère de Laach, les lieux volcaniques au sud-est du bassin de Neuwied, les dépôts existans à la-fin de la période tertiaire, les courans diluviens, l’éjection des ponces, près de Niedermennig, l’éruption ponceuse de Humrichs, l’abaissement de l’eau du bassin de Neuwied au niveau actuel des eaux, les ponces au commencement de l’époque actuelle, la cessation de ce phénomène, les changemens éprouvés par les roches et le sol dans le bassin de Neuwied ; depuis l’apparition de l’homme et depuis les temps historiques.

On voit que l’auteur a voulu classer et décrire chronologiquement les dépôts neptuniens et ignés ; c’est un essai qui n’avait pas encore été fait si complètement et surtout sous l’influence des idées les plus récemment en vogue parmi les géologues ; c’est à eux d’en suivre les détails, qu’aucune analyse ne peut suppléer.

M. Reynaud a publié dans les Annales des mines (1832), les Observations qu’il a faites sur les volcans des mêmes contrées, et en a donné quelques coupes.

Nous devons à M. de Meyer de nouveaux détails sur les porphyres des environs de Kreuznach, les roches d’Oberstein, etc., dans l’ancien palatinat du Rhin. (Jahrb. f. Min., 1832, cahier 2 ; p. 217.)

M. Klipstein parait avoir examiné avec beaucoup de soin les cinq roches porphyriques situées sur l’Insterberg, près de Bruchkaufen, en Westphalie. Ce terrain intéressant de schiste intermédiaire à bancs de Schaalstein, avait déjà été décrit par MM. le prince Salm et Dechen. (Voy. Rheinland Westphalen, vol. 2 et 3, de M. Noggerath).

M. Klipstein est venu compléter la description de ce point particulier si curieux, en donnant des détails sur la nature variée de ces masses porphyriques passant au porphyre quarzifère, au diorite, aux brèches, etc., sur leur gisement en amas d’éruption accompagné de roches fragmentaires, et sur les altérations produites sur les schistes, qui sont devenus feldspathiques ou talqueux, ou sont décolorés dans le voisinage de la roche ignée. (Jahrb. f. Min. 1832, cah 1.)

M. Noggerath a donné une notice intéressante sur un gisement de basalte et d’argile tertiaire à lignite d’Utweiler au sept montagnes, qui à la plus grande analogie avec le gite du Meisner. L’agglomérat trachytique y est couvert d’un lit de lignite et de jayet, dont la partie supérieure est divisée en prismes et séparée du basalte par une argile noirâtre et en petites masses prismatiques. (Archiv. de Karsten, vol. V, cah. 1.)

D’après M. Hessel, les dolérites et les tufasbasaltiques de Mardorf en Hesse recouvrent des argiles et des sables tertiaires, tandis que d’autres basaltes du même pays paraissent plus anciens. (Jahrn. f. Min., 1831, cah. 4, p. 412.)

M. Keferstein a fait des remarques sur les rapports géologiques des environs de Munder en Hanovre, pays composé de Keuper et riche en sources salées.

Il décrit les montagnes sur les bords du Leine et celles du Weser, et en donne des coupes. Le Keuper est recouvert de lias et des oolites inférieures ; il place les grès charbonneux qui leur sont supérieurs en parallèle avec les dépôts semblables du Yorkshire, sous la grande oolite, tandis que M. Hoffmann les classe dans le grès ferrugineux et le wealdclay, et transforme en grande oolite l’oolite inférieure de M. Keferstein.

Ce dernier croit que le grès charbonneux de Helmstedt fait partie du Keuper supérieur, et est comme ce dernier un dépôt de delta, tandis que le lias est une formation de haute mer.

La controverse entre MM. Keferstein et Hoffmann va bientôt être terminée, puisque M. le comte de Munster s’occupe de la détermination des fossiles des dépôts du Weser. (Teuschland, vol. VII, cah. 2, p. 167.)

M. de Strombeck a examiné avec soin la montagne de Kahlenberg, près d’Echte, dans le Hanovre, entre Gottingue et Brunswick. Le côté N.-O. de la montagne est composé de calcaire jurassique tout-à-fait supérieur, à Nérinées, Pterocera Oceani, Brongn. Donacites Saussuri et Alduini, Brongn. Pholadonna Protei, Brogn. Melania Headdigtonensis, Sow., Perna quadrata, Phil., Inoceramus mytiloïdes, Sow., Gervilia et Astacus.

La partie inférieure de la montagne offre des oolites ferrugineuses à Gryphea cymbium, Bélemnites compressus, Ammonites, etc.

D’après M. de Strombeck, le calcaire à Nérinées aurait été changé en dolomie vers Dogerode, et on y reconnaît encore des traces de la stratification et des fossiles. Ce serait un fait tout semblable à ce qu’on observe à Kehleim, près de Ratisbonne, où le coralrag à Nérinées et Dicérates est aussi modifié en dolomie, et les deux roches sont recouvertes par le calcaire lithographique. (Archiv. de Karsten, vol. IV, cah. 2, p. 395).

M. Haussmann a donné quelques généralités sur le Harz, dans sa statistique des mines du Harz hanovrien.

M. C. Zincken a entrepris d’étudier en détail les roches entourant les amas granitoïdes du Ramberg et du Rosstrapp, au Harz. Les couches du Hornfels sont coupées sous divers angles par les masses granitiques ; elles sont le plus souvent une modification ignée de la grauwacke, le granite s’y prolonge en filons divers, près desquels les feuillets schisteux sont quelquefois brisés ou plissée, tandis que des fragmens de Hornfels se rencontrent dans le granite. Des filons quarzeux avec chlorite, actinote, grenat, fluore, etc., se trouvent au contact des deux roches, et le schorl se mélange çà et là au hornfels, tandis qu’ailleurs il y a quelques variétés de roches feldspathiques vertes, et même du diorite qui sont séparés quelquefois du granite par du hornfels. Une carte, deux plans et dix-huit coupes accompagnent ce mémoire, qui est un travail utile et bien fait. (Archiv. f. Minéral. vol. V, cah. 2, p. 323.)

M. Ch. Naumann a examiné les limites méridionales du leptinite dans la vallée de Zschopau, en Saxe, et a trouvé ce dépôt entouré d’une manière non conforme par des couches fort inclinées d’un micaschiste qui passe au grès ou devient une roche anphibolique. L’auteur pense que le leptinite a fait éruption à travers les schistes à la manière du granite. (Archiv. f. Minéral., vol. V, cah. 2, p. 393, avec une petite carte.)

M. Freiesleben a fait connaître de nouveaux gites de roches et de minéraux intéressans, en Saxe. (Magazin fur die Orictographie van Sachsen, cah. 5.)

Les recherches bibliographiques de son ouvrage sont précieuses pour les personnes qui n’aiment pas à reproduire comme nouvelles des observations anciennes.

M. Glocker de Breslau a publié un essai sur la littérature minéralogique et géologique de la Silésie, de 1800 à 1832. (Versuch einer Charakteristik der schlesisch. minerlalogische Literatur, in 4°, Breslau, 1832.)

Cette compilation utile et arrangée méthodiquement ferait désirer pour chaque pays un travail semblable.

Le même savant a commencé une publication annuelle sur la minéralogie de la Silésie, sous le titre de Mineralogische Jahreshefte, dont le premier volume vient de paraitre.

MM. de Zobel et de Carnall ont achevé leur description géologique des montagnes de la Silésie inférieure, du pays de Glatz et de la Bohème. (Archiv. de Karsten, vol. IV, cah. 1.)

Le dernier géologue a voulu terminer ce travail de détail par une récapitulation théorique des idées sur la formation successive des dépôts et de leurs redressemens. C’est un mémoire d’une lecture intéressante ; ainsi, il fait voir que le sol primaire a été traversé par deux immenses fentes, que les roches intermédiaires et primaires ont été soulevées avant la formation des dépôts secondaires, que les houillères sont liées aux grauwackes et placées dans des enfoncemens, se prolongeant de la Silésie en Bohème, que le grès rouge recouvre en stratification discordante ces derniers dépôts de végétaux et dérive des porphyres, qui ont percé le sol intermédiaire ; qu’en Bohème il y a une bande de grès rouge entre deux zones charbonneuses, ce qui n’existe pas en Silésie, etc. L’auteur détaille aussi le remplissage successif des divers golfes et bassins des anciennes mers, par les dépôts secondaires. (Archiv. de Karsten, vol. IV, cah. 2.)

M Keferstein a publié les observations qu’il a faites en 1829 avec moi, pendant un voyage de Vienne à Wieliczka, à travers les Carpathes septentrionales et le Tatra. Ce journal de route peut servir de contre-épreuves à mon exposé méthodique des résultats du voyage. (Voy. Journal de Géologie, vol. I.)

Ses classemens se rencontrent à très peu de chose près avec les miens ; néanmoins il place le sel de Wieliczka au-dessus de la molasse de la Suisse et non en parallèle avec cette molasse. Il termine sa relation par l’énumération de ce qu’il a vu en se rendant de Cracovie en Silésie, chemin qui lui a donné l’occasion-de s’assurer de l’existence du muschelkalk en Silésie. Ce dépôt y est bien caractérisé par sa zoologie toute particulière, et il comprend décidément tout ce calcaire magnésien zincifère et ferrifère de la Silésie supérieure, qu’on a si long-temps confondu avec le zechstein. (Teuschland geologisch dargestellt, vol. VI, cah. 2.)

M. de Sidow a publié ses observations faites pendant un voyage dans les Beskides et le centre des Carpathes septentrionales (Bemerkungen auf einer Reise, etc., in-8o, Berlin 1830.) L’auteur classe encore dans la grauwacke le grès des Carpathes.

N. Boutenev a inséré dans les Annales des Mines de Saint-Pétersbourg, une Notice sur les alluvions de la Transylvanie. (Gorn. J. 1831, no 10, p. 40.)

MM. Murchison et Sedgwick ont publié l’an passé toutes leurs observations sur les Alpes d’Autriche et de Bavière ; ce beau travail met les géologues anglais au fait de bien des détails qu’ils ignoraient, et est un bon exemple de l’utilité des controverses scientifiques entre gens de bonne foi et ne cherchant que la vérité ; les intrigans ou les esprits chagrins seuls les détestent. En effet, nos savans anglais avaient donné en 1829 et 1830 une série de mémoires sur les Alpes ; plusieurs de leurs observations ou de leurs classemens furent combattus par M. Keferstein et par moi (Journal de Géologie et Mémoires géologiques) ; en hommes d’honneur ils ne refusèrent point de relever le gant, et de retourner sur les lieux pour assurer leur victoire (voy. p. 325 et 348) ou reconnaître leur défaite. (Voy. p. 321 et 323.) De retour chez eux, ils reconnurent qu’il fallait refondre toutes leurs observations en un seul ouvrage, accompagné de belles coupes, d’une carté géologique générale, de plusieurs planches de fossiles nouveaux, et de la détermination d’un grand nombre d’autres, faite par M. Sowerby. C’est donc un présent dont tous les amis de la science doivent leur savoir grè.

D’abord, nos savans confrères donnent une idée de la structure générale des Alpes autrichiennes, étudiées surtout entre Venise et Salzbourg.

Sur l’axe schisteux central viennent s’appuyer des roches feuilletées et calcaires, coquillières ; puis vient, un assemblage de masses arénacées et calcaires avec des amas subordonnés et salifères, qui seraient des représentans du grès rouge secondaire, du zechstein et du grès bigarré. Plus haut s’élèverait le calcaire alpin inférieur, ou leur lias et oolite inférieure ? le calcaire alpin supérieur ou le système oolithique supérieur, le grès viennois et carpatique, ou système en entier ou en grande partie du moins du grès vert et de la craie, enfin les dépôts plus récens.

Ce n’est guère que sur les derniers et sur l’âge assigné aux roches salières que j’entretiens des idées différentes. Le sel et le gypse sont pour moi un accident igné local, qui peut se trouver dans toutes les formations ; je m’explique ainsi les anomalies nature, de structure et de gisement, présentées par les roches qui recèlent ces substances salines, et je crois devoir les placer dans le sol jurassique, même quelquefois supérieur.

Pour faire saisir la liaison des systèmes secondaire et tertiaire des Alpes, ils font suivre ce mémoire de l’exposé de plusieurs coupes transversales, savoir : celle des dépôts à l’extrémité supérieure du lac de Constance, celle de la vallée de l’Iller, près de Sonthofen, en Bavière, celle d’Immenstadt à Nesselwang, celle des bords de la Traun bavaroise, au sud de Siedsdorf, celle des couches du Kachelstein et du Kressenberg, celle du pied nord de l’Untersberg et celle des roches à Mattsee et Saint-Pancratz, en Salzbourg. Par ces observations de détail on apprend à bien connaître le grès viennois à fucoïdes et le grès vert ; elles ajoutent des faits à ce qui se trouvait déjà dans mon tableau sur l’Allemagne (Gemalde-Deutschlande, etc., 1829), et sont à comparer à mon mémoire sur les Alpes et les Carpathes inséré dans le Journal de géologie pour 1830.

Nos savans persistent à réunir le grès viennois et le grès vert parce qu’ils passent l’un l’autre, et à séparer de notre grès vert, proprement dit, quelques lambeaux tels que le Kressenberg, pour en faire un dépôt postérieur à la craie[5]. D’après eux, comme je le pense aussi, le Kressenberg est supérieur aux couches de grès viennois du Kachelstein ; personne n’y aurait trouvé de Belemnites ni d’Ammonites, ni de Scaphites, ni de Turrilites, et il y aurait, sur 172 espèces de fossiles, 42 espèces tertiaires. Ils émettent de nouveau avec doute le passage du sol secondaire au système tertiaire dans les Alpes orientales (p. 350).

Un troisième chapitre est consacré aux détails sur les dépôts de Gosau et sur ceux du même âge des environs d’Aussée, de Windisch-Gersten et du Mont Wand, qui formeraient, suivant ces messieurs, un terrain intermédiaire entre la craie et le sol tertiaire. Ces descriptions soignées sont à comparer avec celles que j’ai données sur les mêmes localités dans mes Mémoires géologiques et paléontologiques (Paris 1832). Je me suis occupé encore de huit autres lambeaux semblables, et j’en ai donné des coupes et une carte. Si nous ne sommes pas d’accord sur ce point, la science ne peut que gagner à ce que chacun expose ses idées de classement sur des sujets aussi difficiles que la géologie alpine, et si dignes du talent de nos confrères d’Angleterre.

Les pièces du procès sont devant le public, c’est à lui de décider qui de ces messieurs ou de moi a raison ; aussi je ne me permettrai qu’une seule observation, savoir : que M. Deshayes aurait bien plus désiré les figures des coquilles de Gosau, identifiées par Sowerby avec des fossiles tertiaires, que celles des espèces nouvelles, car il persiste à n’y voir aucune identique tertiaire et prétend n’avoir jamais émis l’opinion que les pétrifications de Gosau caractérisaient un dépôt supérieur à la craie. Ainsi, je ne crois pas avoir cité mal à propos le témoignage de M. Deshayes, et ces messieurs paraissent être dans l’erreur en disant que l’opinion de M. Deshayes concorde parfaitement avec la leur. (Comparez leur mémoire, page 359, et la note de la page 360.)

Le quatrième chapitre est le développement de leurs observations sur le sol tertiaire. Dans les détails sur le lignite de Héring, en Tyrol, on remarque une détermination des plantes fossiles faite par M. Brongniart, qui y a reconnu, outre plusieurs espèces de Phyllites, la Comptonia breviloba, un Thuja nudicaulis, un Juniperites subulata et le Lycopodiolites cespitosus de Schloth. Tous les autres rapprochemens faits entre ces végétaux et des genres existant dans ce pays sont faux ; mais ce qui est particulier, c’est que les feuilles de Héring n’ont pas d’identiques dans la nombreuse collection d’impressions de feuilles tertiaires de M. Bnongniart.

Avec les Cyclades, les Caracolles et les Paludines de ce dépôt, les auteurs et M. Buckland ont reconnu, comme moi, des coquilles marines, telles que des Rostellaires voisines du R. Pes pelicani, des Crênatules ou Pernes, une Auriculaire voisine de l’A. simulata ? de Londres, des Cérithes ? et de petites huîtres.

On lit avec intérêt les détails sur les molasses à lignite des bords du Lech supérieur, qui présentent aussi des mélanges semblables de coquillages d’eau douce et d’embouchures de rivières, comme à Pansberg, où il y a des Myes, Cardium, Cérithes, Calyptrées, etc., et à Pansberg près de Miesbach, où il a des Mélanopsides, des Lucines, des Cyclades, etc. Nos confrères expriment sur l’âge de ces dépôts la même opinion que moi. (Gemalde Deutschlands, p. 402.)

Enfin, ils donnent leurs observations sur les argiles et sables tertiaires reposant dans les environs d’Ortenburg, en Bavière, sur une roche crétacée. On aurait pu désirer des preuves péremptoires pour détacher ce dernier calcaire de la formation jurassique, mais je ne puis accorder le moindre rapport géologique entre ce dépôt tertiaire supérieur et l’argile de Londres.

Un limon crayeux durci tel que ce dépôt si moderne cité par moi sur le lac de Gosau, est indiqué par nos savans, près de Mittenwald, sur les frontières du Tyrol et de la Bavière.

Le chapitre sur le sol tertiaire et volcanique de la Styrie inférieure renferme beaucoup d’observations nouvelles, mais j’avoue qu’ils n’ont convaincu ni les géologues du pays ni moi, de l’existence en Styrie d’un dépôt tertiaire, parallèle à l’argile de Londres. Voir comme eux, soit dans ce bassin, soit dans celui de Vienne, autre chose que les faluns de Dax et de Bordeaux, et les collines subapennines, c’est retomber dans cette erreur de vouloir retrouver à toute force, partout, non seulement des couches déposées dans le même moment que les masses inférieures de Paris et de Londres mais encore la même zoologie que dans ces derniers lieux. aux conchyliologies que je laisse à juger si la liste des fossiles tertiaires donnée par ces messieurs est en leur faveur, et c’est à eux de juger de la justesse de toutes les déterminations de M. Sowerby. (Trans. Geol. N. S. vol. III.)

Parmi les papiers de feu M, Lill de Lilienbach, on a trouvé une coupe des montagnes sur le côté oriental de la vallée de la Salza dans le Salzbourg ; elle fait le pendant de sa belle section du côté opposé de la même vallée. (Voy. Jahrb. f. Miner., 1831.) La première coupe part du système rouge arénacé et calcaire qui vient se placer ’à Werfnerweng, sous toute la chaîne calcaire secondaire des Alpes. Elle coupe ensuite les montagnes du Tannengebirge, composées entièrement de calcaire à Ammonites, Isocardes, encrines et polypiers. Sur son pied septentrional ressort près de Scheffau une masse de diorite avec du fer oligiste et accompagnée de gypse, et ensuite viennent des marnes et des grès avec du gypse à fer oligiste. L’auteur y annexe avec doute le dépôt salifère de Berchtolsgaden. Dans le reste de la coupe, le terrain présente le calcaire inférieur du Tannengebirge ; recouvert par un système de couches peu inclinées et composées de bas en haut, 1o d’alternats de calcaire marneux gris plus ou moins schisteux et contenant des Plagiostomes, des Pernes, des Térébratules, des Ammonites, des Gryphées, etc. ; 2o de calcaire compacte rouge à Ammonites, Orthocères et encrines ; 3o des calcaires schisteux gris ; 4o du calcaire compacte de teintes blanchâtres ; 5o des alternats de marnes et de grès avec du gypse à soufre. L’auteur y croit retrouver le lias et le calcaire du Jura. Quant au grès viennois, il se place en couches très inclinées à côté du calcaire jurassique, compacte, blanchâtre, du Necken, près de Salzbourg, et il s’étend de là par Elixhausen, jusqu’au lac de Mattsee. L’auteur retrouve les roches de Gosau dans les marnes à Gryphées, sur les bords des lacs de Mattsee et de Saint-Gilgen, il parle des grès verts ferrifères et coquillier du mont Haunsberg, le pendant du Krensenberg. Dans un tableau il oppose son classement à ceux proposés par MM. Bronn, Murchison et par moi. (Jahrb. f. Miner., 1833, cah. 1, p. 1, avec une jolie coupe coloriée.)

M. Keferstein a fait paraître ses idées sur les particularités des rapports géologiques du système des Alpes. Il y admet dans les dépôts neptuniens cinq groupes, celui du killas ou de la grauwacke et des schistes, celui des calcaires, y compris le grès de Mels, celui du grès vert comprenant la molasse, le grès viennois, le flisch et son calcaire à teinte claire, celui du sol tertiaire et celui de l’époque alluviale. Dans les masses plutoniques il admet les schistes cristallins du Killas, du grès de Mels et du Flisch (roches granitiques, serpentineuses, trachitiques). L’auteur a joint à ce tableau ses idées théoriques sur l’origine probable de tous ces groupes. (Teuschand, vol. VII, cah. 2.)

M. de Rosthorn a donné une description très pittoresque de son ascension si périlleuse sur la plus hante cime du Terglou en Carinthie. (Wiener Zeitschrift für Kunst, etc.)

M. Russegger a publié un mémoire sur les filons aurifères dans le sol schisteux cristallin des valides de Rauris, du Pinzgau et du Lungau en Salzbourg. (Zeitsch. f. Physiq, vol. VIII, p. 385.)

M. F. Lorenz a fait paraître un essai géologique sur les environs de Krems, en base Autriche. (Dissertatio inauguralis geognostica de territorio Cremsensi. Vienne 1831.) Cette contrée de gneiss, de leptinite et de granite est fort curieuse. Les deux premières roches sont associées ensemble, tandis que le granite n’y est qu’en amas et en filons. Il y a en outre dans le gneiss des bancs amphiboliques accompagnés de fer oxidulé et d’épidote. De plus le leptinite contient à Berging un gros amas d’éclogite ou d’un mélange de pyroxène et de grenat, avec un de quarz bleuâtre et de feldspath, et entre Gurhof et Aggsbacb, une masse allongée de serpentine grenatifère, à Gurrhofite.

M. le professeur Anker a décrit les environs immédiats de Gratz en Styrie. La plaine est composée d’alluvions modernes et est entourée d’une ceinture de coteaux formés de dépôts anciens d’alluvions. Au milieu de ces cailloux primaires il y a des os d’hippopotame et de mammouth. Les montagnes autour de la ville, à l’ouest et au nord, sont composées de schiste argileux, de calcaire et degrés intermédiaire. La montagne du château de Gratz est une masse de calcaire de transition. (Stoyermark. Zeitschrift, cah. 9.) M. Pfaundler a communiquée les observations faites dans une excursion autour de Neustift, dans la vallée de Stubai, en Tyrol. Ce lieu est situé sur la limite du calcaire et de la dolomie secondaire, et du micaschiste à bancs de marbre. (Zeitsch. f. Tyrol, vol. VII, p. 245.)

Sur le Tyrol méridional, M. Aloïs Maier a donné des notes fort intéressantes. L’une a rapport à une masse dioritique et siénitique, d’une épaisseur irrégulière, placée entre du gneiss et du micaschiste, près de Clausen. Ces trois roches sont traversées par des filons remplis de galène, de pyrite cuivreuse, de fer sulfuré et de blende, avec un peu de chlorite et de spath calcaire. Ces filons présentent supérieurement plus de galène que de cuivre pyriteux, ils sont plus riches dans le diorite que dans la siénite. Dans une petite fente latérale où la siénite était très chargée d’amphibole, on a trouvé de l’argent natif, et dans son voisinage il y a davantage de minerais. Les divers minerais forment quelquefois des boules composées de zones, chacune d’une autre substance.

Le micaschiste du Val Largonza présente une bande de granite. Au Val Brutta on trouve de l’amphibole et de la chlorite dans le porphyre en contact avec le micaschiste, et ces parties seules sont métallifères. La richesse des minerais en cuivre et argent augmente avec la quantité de l’amphibole.

M. Maier donne aussi des détails sur les grès et les calcaires secondaires de Predazzo et d’Agordo, et il cite des fucoïdes dans les grès bigarrés marneux. (Zeitsch. f. Tyrol, vol. VI.)

On trouve quelques indications vagues sur l’Enneberg, en Tyrol, dans les vol. VI, p. 35, et VII, p. 80, du Zeitschrift fur Tyrol. Dans cette partie il y a plusieurs localités remarquables par la richesse de leurs fossiles, savoir : les communes de Saint-Cassian, de l’Abbaye de Badia et de Buchenstein. Ils offrent aussi de beaux exemples d’écroulements et de glissemens de montagnes. Près d’Enneberg, on cite du schiste alunifère ; à Biok sur le Campila, de l’argile à potier ; à Saint-Vigil, du gypse. Sur la prairie de Stores, dans l’Alpe Sar ou Irsara, près de Saint-Cassian, il y a beaucoup de fossiles secondaires, tels que des Ammonites, des Echinidées, des Polypiers et diverses bivalves. De semblables pétrifications secondaires existent sur les hauteurs d’Incisa, près de Corfara, au pied du Kreuzkofel, à Wengen, près de Campeit et au-dessus de l’église-d’Inserte, au col de Campill, appelé Joch Svel ou Sovel.

Pour l’Italie, l’on trouve dans le Catalogue de la collection, géologique du Musée de Turin, dressé par feu M. Borson en 1830, des indications utiles sur les gisemens des roches du Piémont.

M. Pasini a comparé les Apennins aux Alpes. Après avoir récapitulé les dépôts secondaires variés qui couvrent le pied sud des Alpes, il classe les dolomies dans le calcaire jurassique. et prend ce fait comme point de départ pour placer dans le grès vert les grès à fucoïdes des Apennins, qui recouvrent des dolomies à Sestri, près de Gênes, et dans divers lieux de la Toscane. Il compare certaines masses dolomitiques et des brèches de ce dernier pays aux calcaires altérés par le porphyre pyroxénique dans le Vicentin et le Tyrol. D’ailleurs, M. Pasini fait la distinction des dolomies produites par des altérations, d’avec les couches magnésiennes non altérées du calcaire jurassique.

Il donne une idée de la variété de la Scaglia ou craie, des Alpes vénitiennes, du Tyrol et de la Lombardie, y indique des fucoïdes, et la sépare du calcaire jurassique par un dépôt peu épais de grès vert quelquefois coquillier. D’une autre part, depuis le pays de Brescia jusqu’au lac Majeur, il y a au-dessous de la Scaglia, une bande continue arénacée, composée comme le grès des Apennins, de grès marneux, de calcaire marneux foncé et d’agglomérats. L’auteur entre sur ces pays dans des détails de distribution géographique intéressans et nouveaux.

M. Pasini distingue dans les grès, des Apennins trois dépôts. Le plus inférieur est composé de steaschiste, de schiste argileux et de calcaire légèrement grenu, reposant peut-être çà et là sur une base de micaschiste ou de gneiss. Le dépôt moyen. est formé de schistes, de grès argilo-marneux et de calcaire, et dans le supérieur le calcaire prédomine sur le grès. M. Pasini pense que la masse inférieure a été altérée par le contact avec les serpentines, et que tout ce système n’est que le grès vert particulier du pied des Alpes. Enfin, il oppose la Scaglia et ses fossiles a certains calcaires coquilliers des Apennins et liés à ses grès ; il trouve que M. Bertrand-Geslin à tort de soupçonner, en Italie, du gypse secondaire : il n’y a que du gypse subapennin. (Ann. delle sc. del regno Lomb.-Veneto, fasch. 6, 1831.)

M. Savi, s’occupe depuis plusieurs années, avec zèle, de la Toscane, et il a déjà donné sur ce pays des mémoires remplis d’idées curieuses sur le rôle des dolomies. Attendu la nouveauté, du point de vue, je crois utile d’en donner un aperçu détaillé. Après son mémoire sur les roches de Toscane, et celui sur le Mischio de Servezza (Jour. de géol. nov. 1830), il a publié ses Observations sur les environs de Campiglia dans les maremmes de Pise. Le mont Calvi est formé de marbre saccharoïdes non stratifié et divisé en masses rhomboïdales ou prismées. Il renferme du fer hydraté, de l’amphibole radiée, mêlée du jenite, du pyroxène jaune, du grenat, du quarz, de la galène, de la blende, du fer et du cuivre. Ces minerais servent de noyaux aux masses globulaires d’amphibole, et souvent, comme la diorite orbiculaire, ces matières forment des zones sphéroïdales concentriques, dont chacune est composée par un seul minéral. Il y a de ces boules qui ont un pied de diamètre. De grandes masses de porphyre, en partie quarzifère et micacé, et quelquefois prismé, traversent ce calcaire, et paraissent liées aux nids amphiboliques. D’une autre part, le grès secondaire à fucoïdes des Apennins, vient au contact avec le calcaire et y offre des fentes, de petits filons de manganèse, en un mot des anomalies. L’auteur croit que cette partie des grès a souffert l’action prolongée d’une forte chaleur produite par une roche en fusion, et il appelle ces sortes, de masses Terreni galestrini. Ils renferment inférieurement de pets lits de calcaire à entroques, reposant dans certains lieux sur le marbre, passant à ce dernier et ailleurs aussi au calcaire rouge ammonitifère ou à un schiste marno-ferrugineux de la même teinte. Dans d’autres lieux on trouve dans la même position, du jaspe qui passe çà et là à une masse argiloïde friable et même à une véritable alunite (Macheroni et Saracino). (Nuov. Giornal de letterati, n° 63.).

Dans une notice, suivante, publiée aussi en 1829, M. Sari concluait 1° que la dolomie de Gampiglia, le marbre de Carrare et du Mont-Altissimo, le Bardiglio de Serravezza et le calcaire gris de fumée, caverneux et fétide, ne sont que des modifications de la même roche ; 2° que ces dolomies sont toujours non stratifiées ou en filons, et formant à elles seules de grandes élévations, telles que la Pania, la Corchia, l’Altissimo ; 3° que la dolomie, lamelleuse et blanche et le marbre saccharoïde se montrent dans les parties les plus étendues et au centre du dépôt, tandis que ses bords sont formés de dolomie impure, de marbre bardiglio, de calcaire caverneux fétide, etc. ; 4° que lorsque la dolomie et le calcaire saccharoïde sont purs, les substances qui s’y mêlent ailleurs y existent en petits filons (Seravezza et Carrare) ou en petites masses sphéroïdes concentriques (Campiglia) ; 5° que les masses dolomitiques ressortent du mileu et de dessous les talcschistes et le macigno secondaire en produisant des soulèvemens, des ruptures et des altérations ; 6° que le jaspe de Barga n’est autre chose que du grès apenninin altéré par le contact de la dolomie ; 7° que le calcaire appelé alberèse et le grès apenninin ou macigno sont de la même formation ; 8° que dans plusieurs lieux ce dernier calcaire est converti en dolomie ou calcaire caverneux (Callomini) ou en marbre subsaccharoïde (Campigiglia). (Nuov. Giorn. de letterati, oct. 1829.)

Dans un dernier mémoire Sur les terrains anciens de la Toscane, M. Savi ajoute de nouveaux détails aux précédentes observations. M. Guidoni a trouvé un calcaire à bivalve en connections avec le marbre de Carrare, ce qui ne serait donc qu’un calcaire secondaire modifié. En examinant avec soin les calcaires de Verrucano, près de Pise, M. Savi y a trouvé près d’Asciano des moules spathisés de Mélanie, de Natice, de Peigne, de Térébratule, des entroques et des zoophytes, et à Mommin ; près Fivizzano, des Cardium et des Vénus, d’où il conclut, 1° qu’un calcaire modifié forme les marbres de Santo-Guiliano, comme ceux de Campiglia, de Corfino, de Gerfalco et Donoratico ; 2° que le même dépôt offrant des entroques, recèle des univalves ; 3° que ces fossiles se trouvant dans le calcaire des montagnes de Pise, comme dans celui du golfe de la Spezzia, ces deux roches sont du même âge ; 4° que le calcaire stratifié couvrant le marbre de Verrucano, renferme du silex et divers fossiles semblables, empâtés aussi bien dans le que dans le silex ; enfin, que les roches coquillières doivent être aussi à la base du grès secondaire des Apennins. Dans les Alpes apuennes, les effets plutoniques auront seulement été plus forts que dans les environs de Pise.

Sur le littoral toscan et.du duché de Massa-Carrara, les grès des Apennins sont couverts en stratification discordante des dépôts subapenninins et alluvial, et ces grès peuvent se diviser en trois masses. La supérieure paraît caractérisée, du moins çà et là, par un mélange de fucoïdes, et de restes de végétaux terrestres dicotylédones, dont l’accumulation produit même des lits de lignite (Caniparola, dans le pays de Sarzane, Val di Cécina près de Volterre). Le grès macigno apennin offre dans sa masse principale des couches de calcaire compacte ou lithographique, qui se trouvent accumulées surtout vers la partie supérieure et inférieure, et accompagnées de lits ou amas siliceux. À la base, l’on trouve des grès siliceux qu’on peut confondre avec des quarzites et qui alternent avec des schistes et des agglomérats talqueux.

M. Savi partage, sur l’origine de ces dernières masses, la même opinion que nous ; idée que mon dernier voyage est encore venu corroborer et sans laquelle la structure des Apennins reste inexplicable. Ces dernières masses doivent leurs caractères hétérogènes aux altérations ignées et gazeuses qu’elles ont subies. Le grès s’est endurci, est devenu siliceux, et s’est converti en une roche cristalline silico-calcaire, où du talc s’y étant développé, il est devenu une espèce de grauwacke stéaschisteuse ou talcschiste-nodulaire, ou bien attaqué par les gaz d’acide carbonique ou sulfureux, etc., il a été changé en une masse tripolienne. L’argile schisteuse est devenue du jaspe ou du silex corné, et le calcaire compacte ou coquillier a pris une teinte blanche et une structure grenue, a perdu sa stratification et presque tous ses fossiles. Dans le cas où le calcaire contenait des silex, l’action plutonique les a fait disparaître et a disséminé la matière siliceuse sous la forme de quarz prismé. Dans quelques parties de marbre massif, des traces de mouvement d’expansion ou de soulèvement se joignent à ceux de la fusion.

Quand les couches calcaires ont été traversées par des émanations acides, elles se sont changées en tripoli, en argile, en alunite, etc. D’une autre part, des calcaires cellulaires fétides, des corgneules et des brèches fétides de marne, de calcaire, de jaspe, etc., ont été soumises à l’action d’eau très chaude liquide ou en vapeur et saturée d’acide carbonique, d’hydrogène sulfuré et d’autres gaz semblables. Ces roches cellulaires ou bréchoïdes ont été souvent soulevées à travers les intervalles de divers dépôts et se sont étendues sur eux, en altérant et contournant les roches voisines, ainsi qu’en recélant ou emmenant fort loin des minerais, tels que le fer hydraté, la galène et le cuivre carbonaté. Enfin, quelquefois ces roches se convertissent en une véritable dolomie à druses de spath magnésien.

Des causes semblables peuvent avoir produit dans les masses de grès siliceux des ruptures dérangeant la direction des couches, et d’où sortent des crêtes de masses irrégulières, composées d’un ciment siliceux, ou schisteux ou ferrugineux, et à noyaux de quartz avec des fragmens de schiste talqueux. Leur surface a alors une apparence porphyrique. Dans ces masses, il y a beaucoup de fentes tapissées de quarz cristallisé ; et lorsqu’elles ont été soumises à des émanations métalliques et acides, on y remarque une stratification confuse et beaucoup de pyrite, de fer oligiste, de cuivre carbonaté, de galène, etc.

Outre ces altérations, ces dépôts ont éprouvé de grands mouvemens par des actions mécaniques. Des groupes de montagnes ont été ainsi formés, et le grès non altéré ou très peu altéré constitue celles qui sont le plus loin du centre du soulèvement ; tandis que d’autres montagnes, composées presqu’entièrement de calcaire lithographique ou siliceux, peu ou beaucoup ou tout-à-fait altéré, s’élèvent parallèlement aux précédentes et plus près du centre du soulèvement. Au-dessous de la masse calcaire ou de tout le dépôt, il y a des amas de grès quarzeux peu altéré, stratifié ou bréchoïde, ou bien très altéré, et alors on a un beau talc schiste nodulaire, non stratifié, en filons ou en masse. Les dépôts ignés qui ont produit ces changemens sont d’abord des filons de fer magnétique, comme au mont de Stazzema, ou de fer oligiste mêlé d’épidote, comme près de Fivizzano et à Tambura, dans les Alpes apuennes. Ailleurs il y a des masses de wacke (Capo Corvo), des gros filons d’eurite, du porphyre à apparence trachytique, du granite, de la sélagite, de l’euphotide, de la serpentine et du diorite. Les filons ferrifères, la wacke, l’eurite, le granite sont du même âge et ont apparu, lorsque le grès conservait encore une certaine mollesse. Ce sont ces masses qui ont produit le talcschiste, le calcaire grenu, cellulaire et dolomitique. Les autres roches ignées ont percé à une époque plus récente, lorsque les grès s’étaient durcis ; cela a eu lieu probablement avant la formation des dépôts gypseux, salifères et à soufre du terrain subapennin. (Nuov. Giorn. de letterati, etc., n° 63.)

En même temps que M. Savi publiait les idées précédentes, MM. Pareto et Guidoni ont fait connaître les leurs sur le même sujet dans une Notice sur les montagnes du Golfe de la Spezia et les Alpes apuennes. Ils y distinguent aussi trois dépôts, les gneiss et le schiste talqueux, une formation calcaire, en partie dolomitique et en partie coquillière, et un dépôt de grès et de schistes secondaires à fucoïdes. Le calcaire est associé avec des amas ou filons-couches de marbre brèche, sous lesquels les auteurs supposent une roche ignée qui aurait modifié les roches.

Les fossiles du calcaire sont des Peignes, des Cardium, des Moules, des Avicules, des Huîtres, des Térébratules, des Astartés, des Arches, des Anomies, des Tellines, des Cardites, des Mélanies, des Turritelles, des Trochus et des Cérithes, ainsi que des Serpules, des Turbinolies et des Cidarites.

Ils pensent que ces bancs coquilliers reposent sur le calcaire foncé à Ammonites et autres cloisonnées.

Ils trouvent que les roches talqueuses correspondent à celles des Alpes de la Savoie et d’une autre partie des Grisons, où il y a aussi comme à Serravezza, de la galène argentifère, et ils supposent que les gneiss talqueux sont des roches ignées qui ont fait rupture à travers les dépôts neptuniens, de manière que la dolomie se trouve quelquefois enclavée entre les roches talqueuses (Biblioth. ital., juillet 1832.) Ce travail sur la Spezia est à comparer à celui de M. de la Bèche. (Bull. vol II., p. 421, et Mémoires de la Société, in-4o, volume I, part. I.)

Un résumé des observations géologiques faites sur les environs de Rome, par M. Brocchi, Breislack et M. Daubeny, se trouve dans le Journal philosophique d’Édimbourg de janvier 1833.

Vous lirez tous avec intérêt le mémoire entier de M. Bertrand Geslin, sur le terrain de transport du Val d’Arno, en Toscane (Mém. de la Société, in-4o, vol I.).

M. J. Auldjo promet de donner des esquisses sur le Vésuve (Sketches of Vesuvius).

M. Tenore a publié une relation d’un voyage fait en 1831, dans quelques parties des Abruzzes (Relazione del viaggio, etc. Naples 1832, in-4o, avec une carte). Il s’y occupe de géologie, de statistique et de botanique.

Le voyage de M. Bigelow, à Malte et en Sicile, parait être complètement historique ou archéologique (Boston Mass. 1831).

En attendant la publication complète des observations faites à Malte, dans les îles Eoliennes et en Sicile par M. C. Prevost (voy. Bull., v. II, p. 112 à 116 et p. 403 à 407), on a reproduit en français le mémoire de M. Christie, avec une note de M. Pentland, sur les espèces d’ossemens des cavernes de Palerme. (Ann. des Sciences nat., vol. XXV.)

La physionomie des montagnes, des collines et des vallées formées en Sicile par les quatre grandes classes de terrains, a été esquissée à grands traits par M. Gemellaro. (Atti dell. Acad. Gionenia, etc. vol. V, p. 73.)

M. de Giacomo s’est occupé de l’Hydrologie de l’Etna, dans une séance de l’Académie de Catane, tenue en 1833.

De grands tremblemens de terre ont eu lieu cette année à Smyrne et autour de l’Etna.

En novembre dernier, le pied de l’Etna vient de donner jour à une coulée de laves de plusieurs milles de longueur, qui s’est dirigée sur la ville de Broutes. (Antologia, déc. 1832.) L’Histoire des éruptions successives d’un volcan aussi considérable que celui de l’Etna est précieuse pour celui qui cherche à pénétrer la cause des phénomènes volcaniques. Sous ce point de vue, M. le chanoine Joseph Alessi a entrepris un travail utile, en récapitulant tout ce qui est connu jusqu’ici sur les éruptions de l’Etna. Dans son troisième discours inséré dans le cinquième volume des Actes de la Société de Catane, il est déjà arrivé au xiie siècle, et dans une des séances de l’an passé, il a parlé des éruptions, qui ont eu depuis le xiie au xviiie siècle. D’un autre côté, le même auteur a passé en revue les minéraux de la Sicile, qui sont des silicates ou oxides de silice (Atti dell Acad. Gioerna, etc., vol. V, p. 95), tandis que M. G. Maravigna il commencé un catalogue des minéraux de l’Etna (dito p. 141).

Dans le volume V des Actes-de l’Académie des sciences naturelles de Catane, on trouve un mémoire de M. Ch. Gemmellaro sur l’île toute volcanique de Pantelleria. Il a utilisé les observations de M. le comte F. Beffa Negrini. La partie au sud de Porto Bovemarino et du Mont Cuddïa Rossa, est composée de grandes nappes ou de coupoles trachitiques avec des coulées d’obsidienne et de ponceux ; du phonolite y repose sur les agglomérats ponceux ; tout le reste de l’île est formé de laves feldspathiques plus modernes, qui offrent un peu de pyroxène et deviennent çà et là vitreuses, en pasant à l’obsidienne et à la ponce. La montagne le Cuddia S. Elmo s’élevant à 3,000 pieds, en est formée et occupe une grande partie de l’île. Cette portion de l’île offre quelques cratères et beaucoup de masses scoriacées. M. Beffa a trouvé du quarz hyalin concrétionné, déposé par les eaux thermales à Gadir, dans les fentes des laves sous la forme d’une gelée durcie, à Seraglia sous celle d’un silex meulière, et au mont S. Gaetano, sous celle d’un silex propre à donner des pierres à fusil. Il semble indiquer des salses à Vieni-Nicolao, sous le nom de petits volcans hydro-argileux.

Sur la Suède, M. G. Suckow a publié un ouvrage surtout intéressant pour les mineurs. Il est intitulé, les principaux dépôts de métaux et de roches utiles, et les masses principales qui les accompagnent dans le sol primaire de suède (Die bedeutendsten Erz. u Gesteindager, etc., in-8o, Jena 1831.)

M. Keilhau a donné ses nombreuses observations, faites pendant un voyage dans le Jemtlandé et la partie septentrionale du bailliage de Trondhjem, en Norwège. C’est une vaste étendue de terrain intermédiaire, qui est séparé du grand système des schistes cristallins par une ligne allant de Malmoe, sur la mer du Nord, à Tronaes, et le lac de Nams, et par un autre qui part d’Ostersund sur le lac de Storsjon, et passe par les lacs de Fla et de Jorm. Cette contrée de transition est composé de calcaire, de schistes argileux et alumineux, de grès quarzeux ou quartzites ou d’espèce de grauwackes, de schistes micacés avec des roches amphiboliques (diorites), ou chlorotiques et des filons quarzeux, enfin de gneiss et de roches granitiques et porphyriques.

L’auteur a noté soigneusement la direction et l’inclinaison des diverses masses ou couches, et en les exprimant par des signes sur sa carte, il a donné un bon exemple des grandes variétés qu’offrent sous ce rapport les roches intermédiaires et cristallines. Ses coupes montrent aussi les inclinaisons opposées que présentent souvent les diverses masses anciennes, malgré leur voisinage immédiat. Il suit les passages des roches intermédiaires aux gneiss, et il donne des renseignemens sur le gite des diorites et sur celui des porphyres en couches ou en filon et sur la dispersion des blocs. (Magaz. for Naturvidensk., 2e série, vol. I, cah. 1.)

M. le professeur Zeuschner a donné une description géologique et une coupe des environs de Czorsztyn, dans les Carpathes septentrionales. Il montre que le grès carpathique contient des masses de calcaire coquillier à Czorztyn et à Zamek-Dunajec. Les fossiles de ces calcaires sont des Ammonites (A. Gervillii Sow.), convolutus Schl., des Nautiles (N. excavatus Sow), et la Terebratula sella Sow., fossile de la craie verte, tandis que les autres sont dans les oolites inférieures d’Angleterre.

MM. Zeuschner et Pusch classent définitivement le grès carpatique dans le grès vert. (Jahrb. f. Min., 1832, cah. 1.)

Le premier géologue, dans un nouveau voyage dans les Carpathes, a découvert près de Szczawnica, du trachyte, perçant et altérant le grès vert des Carpathes à la manière des Basaltes.

On a découvert dans le sel de Wieliczka, des druses de 1 à 3 pouces de longueur sur 1 de largeur, qui étaient de cristaux de sel hexaèdre, avec des troncatures sur les angles. (Jahrb. f. Min. 1833, cah. 1, p. 58.)

M. Dubois, de Montpereux, a fait un voyage dans la Gallicie orientale et l’Ukraine pour y étudier la craie et le sol tertiaire. Il a récolté une trentaine d’espèces nouvelles de coquilles fossiles qu’il n’avait pas encore figurées. Dans l’Ukraine il a trouvé un sol granitique étendu, ressortant dans les vallées près de Lytin, Winnica, Sosenka, Lipowice, Ziesotow, et Boguslaw, ainsi que depuis Bialocerkiew jusqu’au débouché du Ross, dans le Dnieper. Au nord du Ross, les derniers granites se voient à Miconowka et Boutenia, mais cette roche s’étend davantage du côté du S.-E.

La rive droite du Dnieper, de Kiow à Czerkassy, lui a offert quatre dépôts, savoir : du schiste alumineux alternant avec des argiles schisteuses, rouges et jaunes, de la craie verte ou chloritée, du grès et du sable blanc tertiaire supérieur et des argiles alluviales. Parmi les fossiles crayeux, il est intéressant de voir figurer un Solen et des Cythérées, comme l’avait aussi annoncé notre confrère, feu M. Lill de Lilienbach. (Arch. f. Min. vol. V, cah. 2, p. 402).

Le Journal russe des mines (Gornoï Journal) est parvenu à M. Teploff jusqu’au cahier d’août de l’an passé. Il renferme sur la Russie les mémoires géologiques originaux suivans :

On y trouve d’abord un Mémoire sur les mines de la Pologne, par un officier des mines (Gorn. Journ., 1831, vol. 1, p. 23, et vol. 2, p. 122 et 433) ; et des Observations sur le Delta de la Newa, et sur son chenal. (Gornoï Journ., 1832, n° 1, p. 1).

Les dépôts crayeux du S.-E. de la Russie nous ont été bien décrits dans deux mémoires, savoir, dans les Recherches géognostiques sur les bords du Volga, entre les villes de Samar et de Sviaijsk, par MM. Chirokihin et Gouriev (Gorn. Journ., 1831, n° 7, p. 15), et dans l’aperçu de la Formation crétacé et des couches de grès vert du gouvernement de Simbirsk, sur le Volga, par M. Jasikow. Ce dernier y cite les fossiles suivans ; Baculites vertebralis, Belemnites Scaniœ, mucronatus et semi-canaliculatus Bl., Lenticulites Comptoni Nils., Nodosaria sulcata Nils., Frondicularia complanata Defr., Dentalium, Patella, Terebratuta carnea Sow., intermedia Sow., octoplicata Sow., pectita Sow., Defrancii, Br., aspera Defr., Crania, Ostrea vesicularis Lam., et curvirostris Nils., Pecten fragilis, corneus Sow., serratus Nils., undulatus Nils., arachnoïdes Defr., versicostatus Lam., Plagiostoma spinosa, et punctata Sow., semi-sulcata Nils., Casillus Cuvieri et Brongniarti Nils., Petacrinites, Spagantus coranguinum, Ananchites ovata, Cidarites variolaris et vesiculonus Gold, et scutiger Munst., ainsi que des Polypiers. J’ai donné toute cette liste parce qu’elle est la première qui montre bien clairement l’identité zoologique de la craie russe avec celle du N.-O. de l’Europe (Gorn. Journ., 1832, n° 5, p. 155.)

Naturellement ces dernières années, les ingénieurs des mines de Russie ont été occupés surtout des dépôts aurifères de l’Oural. MM. Helmersen et Hoffmann ont visité sous ce rapport l’extrémité de la chaîne, tandis que M. Protasov a commandé une expédition faite dans la même but, dans la partie tout-à-fait septentrionale au-delà des limites des colonies.

Le résultat de ces dernières recherches a donné, lieu à la publication d’un mémoire intéressant, accompagné d’une carte géographique, d’une carte géologique coloriée et de six petites coupes des gites aurifères.

Le terrain décrit se trouve entre les rivières de la grande Talmiia et la Lozva. La siénite occupe les bords supérieurs de la Talmiia, tandis que le calcaire forme le reste de ses rives et borde les vallées latérales arrosées par l’Irdil, le Tochenka et la Talmiia. Le reste du terrain est occupé par les roches dioritiques.

Après avoir donné une idée générale de la configuration, de la géologie et de la botanique du pays, et avoir décrit les bords du Lozva, de l’Irdil et des autres rivières, ces auteurs exposent leurs observations sur les mines de fer et sur les alluvions aurifères. Ces derniers sont indiquées successivement sur les rivières de Malinovka, Cholodnaïa, Bilnaïa, petite Chapcha, Garnitchenaïa et Olenaï. Ils donnent une coupe pour chacun des dépôts où les sables aurifères recouvrent le diorite et sont couverts d’alluvions non aurifères et d’une couche de tourbe. Sur l’Olenaï et la Chapcha, il y a de plus un lit d’argile au-dessous de cette tourbe. (Gornoï Journ., 1831, n° 11, p. 165.)

Il est difficile de rendre compte des recherches géologiques faites en 1828, par MM. E. Hoffmann et G. de Helmersen, dans la partie méridionale de l’Oural, parce que leur ouvrage est sous la forme d’un journal de route.

Cette portion de l’Oural est composée de trois chaînes parallèles, courant du N.-E. au S.-O. et séparées par deux vallées dont la plus large est celle de l’Oural ou du Jaïk. La chaîne occidentale atteignant 3,500 à 4,000 pieds, est la plus élevée et est composée surtout de granite, de gneiss, de micaschiste et de quarzite. La Belaja, l’Aï et l’Ufa se font jour à travers cette chaîne. La chaîne orientale, l’Ilmen-Gebirge, et le Déchambu-Karagaï, est surtout granitique et riche de beaux minerais. Elle est séparé de la chaîne moyenne ou de l’Oural proprement dit, par la vallé du Jaïk et celle du Mies, où se rencontrent les serpentines et les diorites aurifères. L’Ui, le Mias et deux autres rivières traversent les montagnes appelées Ilmen-Gerbige

La chaîne de l’Oural atteint 380 toises de hauteur, elle est composé de roches schisteuses cristallisés, et offre à son extrémité méridionale des montagnes dioritiques.

Au-devant de la chaîne occidentale, il y a entre Orenbourg et les sources de l’Ik, un terrain de grauwacke et de calcaire intermédiaire bordé de grès rouge et d’agglomérats. Le dépôt de transition se retrouve dans la vallée de Ghedima.

A Magnitnaja, sur le Jaïk, il y a des amas de fer oxidulé associé avec du porphyre, du calcaire coquillier et des diorites. L’association des serpentines, des diorites et des talcschistes s’observe surtout à Ryssajewa, dans la vallée de l’Oural, sur le Belaya, entre la chaîne occidentale et moyenne et sur le côté oriental des monts Irendik. Des lavages d’or existent à Mindjak et au milieu de la serpentine de Jetarminskoï. Des dépôts cuprifères s’associent ça et là aux serpentines, comme à Ryssajowa. Enfin, il y a du grès, du gypse à Jalanaus, et du gypse avec du calcaire à Bélemnites, Térébratules, etc., sur tes bords du Turatka, au sud de la chaîne formant l’extrémité méridionale de l’Oural.

Outre ces travaux importans, j’ai encore à signaler huit mémoires sur des localités aurifères de l’Oural, savoir : une note sur la Découverte des riches alluvions aurifères du district des usines de Goroblag datsk, une Description d’une semblable mine d’or, trouvée en 1831, dans le canton de résine de Bogoslovsk. (Gorn. Journ., 1832, n° 2, p. 163.)

M. Redikortsow a donné une notice sur le Sable alluvial aurifère du prince Alexandre, dans les environs des usines de Slatoust. Dans cette partie de l’Oural méridional, les roches se succèdent environ dans l’ordre suivant : schiste argileux, calcaire, serpentine, schiste siliceux, schiste argileux, brèche siliceuse, schiste siliceux., brèche siliceuse ; quarzite, porphyre vert, schiste argileux, calcaire et diorite amygdalaire. Les alluvions aurifères y paraissent dériver de la destruction des têtes de filons quarzeux au milieu des schistes, car on trouve encore beaucoup de ces filons ; mais ils contiennent très peu d’or. (Gorn. Jour. 1832, n° 6, p. 315.)

Dans sa Description des quatre mines d’or de Kaskinov, dans le district voisin de Tachkoutargansk, M. Richter nous expose environ la même série de roches, puisqu’il signale du schiste argileux, comprenant du schiste siliceux, la brèche siliceuse, le talcschiste, la serpentine, le diorite, y compris le porphyre vert, le calcaire avec la dolomie et le quarzite. D’après M. Teploff, ces sables aurifères sont les plus riches qu’on ait découverts, et ils ont fourni les plus grosses pépites. (Gornoï. Jour., 1832, n° 8, p. 145.)

M. Lisenki a fait d’intéressantes Observations géognostiques sur le district de l’usine de Miiask et des lieux environnans. Il y distingue 1° les montagnes d’Ilmen, composées de granit-gneis et de talc schiste avec siénite, leptinite, pegmatite, calcaire grenu et quarzite ; 2° les montagnes granitiques d’Ouachkovsk ; 3° les montagnes de schiste argileux sur la rive droite de l’Ouachkovsk et vers son débouché dans le Miiask, enfin, les montagnes de Tachkou-targavsk et de Maldaksevsk qui sont composées de roches dioritiques, de schiste talqueux et de granite à grains fins. L’auteur donne les détails de la distribution de tous ces dépôts. (Gorn. Jour., 1832, n° 3, p. 309.)

M. Ignatievski a été envoyé à la recherche des Sables aurifères dans le domaine de Varsinsk, dans le gouvernement de Vatka, sur la côte occidentale de l’Oural. Cette mission nous a procuré la description et la carte géologique de cette contrée, couverte d’alluvions à amas de tuf calcaire. Les dépôts qui en forment la base sont des argiles rouges, placés sur des grès bigarrés et des calcaires compactes secondaires en couches inclinées.

Cet ingénieur n’y a pas reconnu de sables aurifères, mais bien des traces de ces amas de cuivre carbonate et de fer, qui se trouvent sur beaucoup de points du pied européen de l’Oural. (Gornoï Journal, 1832, n° 2, p. 170.)

M. Slobin a donné une Notice sur les montagnes du district de Jakoustk, et sur leurs minéraux utiles. Il y décrit les roches, les formations modernes et anciennes, et énumère, parmi les premières, cinq espèces de calcaire secondaire, y compris un calcaire bitumineux, du gypse, du grès bigarré et du grès rouge. (Gorn. Journ. 1831, n° 10, p. 17.)

Enfin, ceux qui voudront savoir la quantité précise d’or et de platine trouvés ces dernières années dans l’Oural, trouveront ces données dans le Journal russe des mines pour 1831, n° 9, p. 479, et pour 1832, n° 3, p.443.

M. Gustave Bose y a aussi inséré un Mémoire sur la composition mécanique de l’or natif, en particulier, dans l’Oural. (Gorn. Journ., 1832, n° 4, p. 71.)

Le docteur Fiedler, de Saxe, a visité l’Oural, et en a rapporté beaucoup de minéraux, qu’il a décrits en partie dans les Annales de Poggendorf, pour 1831-1832.

Quant aux diamans de l’Oural, je n’ai pas trouvé de notice à ce sujet, depuis l’annonce de cette découverte, faite à l’usine de Bisersk, sur les terres de la comtesse Polier. (Gorn. Journ., 1831, vol. 2, p. 44.) On dit cependant qu’on en trouve encore rarement, de manière qu’on ne doit admettre qu’avec réserve que le public a été dupe d’une tricherie de quelque employé. Le fait certain, c’est qu’on n’en a point, trouvé jusqu’ici de nouveaux gîtes dans l’Oural.

Les bords du Bolchoï, à 85 verstes d’Ékaterinenbourg, offrent des nids d’émeraudes, au milieu de schistes micacés et talqueux, à côté d’un grand terrain granitique. Ce gisement est détaillé dans une courte notice, accompagnée d’une petite carte géologique et d’une coupe. (Gorn. Journ., 1831, n° 1, p. 147, et 1832, n° 3, p. 342.)

Le Journal russe des mines contient une instruction adressée au corps des mines, pour des recherches à faire sur les mines d’argent et les alluvions aurfères du district des usines de Kolyvano-Voskresenski, dans l’Altaï. Ce pays est composé de talc schiste, de schiste argileux, de calcaire, de quarz et de diorite ; il y a aussi des agglomérats et des grès houillers. Après une description générale, l’auteur anonyme parle des mines d’argent, de plomb, et des alluvions aurifères, sur le talcschiste, le calcaiee et le diorite. (Gorn. Journ., 1831, n° 12, p. 371.)

Depuis lors, douze expéditions de mineurs ont employé la campagne de 1831 à examiner, pour les sables aurifères, les monts Salair, près du petit Altaï, et pour les mines d’argent, les montagnes de Cholsoun, depuis les anciennes mines de Smiernegorsk, jusqu’à celles de Sirianovsk. Le résultat de ces expéditions, ordonnées par le gouvernement, est consigné dans un mémoire intitulé : Découverte faite en 1831 des sables aurifères et du gîte des mines d’argent du district de Kolyvano-Voskresenski.

La première expédition a découvert deux dépôts d’alluvions aurifères assez riches ; la seconde, deux autres qu’on exploite déjà ; la troisième, un dépôt qui promet beaucoup ; la quatrième, sous le commandement de M. Kovalecski (le frère de celui qui a décrit les bords du Donetz, voy. nos Mém. géolog. et paléontol. de 1831), a trouvé trois dépôts aurifères.

Les expéditions à la recherche des mines d’argent ont été moins fructueuses, parce que la découverte des sables aurifères occupait en même temps les mineurs ; cependant la première expédition, sous le commandement de M. Lapin, a découvert une mine d’argent, et trois alluvions aurifères. L’argent se trouve dans un filon de quarz, au milieu des montagnes porphyriques ; il est associé avec du fer ocreux, du plomb carbonate, du cuivre oxidé, de la pyrite cuivreuse et de la galène : l’argent s’y trouve disséminé. Le mur du filon est formé par le porphyre argileux, et son toit par du schiste siliceux ; on est occupé maintenant à l’exploiter.

La seconde expédition a trouvé des indices de gîtes semblables.

La troisième expédition est tombée sur des filons de quarz à fer oxidé ocreux et de galène argentifère, au milieu d’alternats de schiste argileux, de talcschiste porphyrique, et de calcaire talqueux.

Une quatrième compagnie de mineurs a rencontré des filons de quarz avec du fer ocreux, du cuivre oxidé, carbonaté et pyriteux. (Gorn. Journ. 1832, n° 7, p. 128.)

Un résumé de ces recherches a été envoyé à M. de Humboldt, et a été publié par notre confrère, M. Karsten. (Arch. f. Min. vol. V, cah. 2, p. 469.)

Dans les provinces caucasiennes, M. Kleimenov a examiné la composition géologique et la richesse métallifère de la vallée de Kachetin et des montagnes environnantes.

Dans la vallée il indique du schiste argileux, avec des filons de quarz à pyrite et galène. De plus, il signale dans la composition de cette partie S.-O. du Caucase la succession suivante des formations, savoir : les roches feldspathiques, de grands dépôts calcaires, des alluvions d’argile et de sable, parmi lesquels il y a des sables aurifères. (Gorn. Journ., 1832, n° 2, p. 186.)

Je ne sais pas si l’ouvrage de M. Eichwald, sur le péricyclique de la mer Caspienne, a paru ; mais il y en a du moins un extrait dans le Journal Philosophique d’Édimbourg pour 1833.

Cette mer, à 117,817 pieds plus bas que le lac d’Aral, paraît entourée d’une ceinture de calcaire tertiaire, de marnes, et de sables très récens. En outre, il y a des porphyres et des laves sur les bords de la baie de Balchan.

L’eau de la mer Caspienne est plus amère que celle de la mer Noire, mais leur liaison ancienne est mise hors de doute par les fossiles tertiaires des rives de la mer Caspienne ; car ils offrent plusieurs coquillages qui vivent encore dans la première mer sans se trouver dans la seconde. Dans ce cas sont le Donax trunculus, la Venus gallina, etc. De plus, on y observe des fossiles et des calcaires qui se retrouvent en Volhynie, tels que des calcaires à Serpules avec un Solen particulier. Le calcaire coquillier tertiaire forme sur la côte orientale de la mer Caspienne les collines de Tjuk-Karagan, et y atteint un niveau de 480 pieds sur la mer. Il forme aussi toutes les hauteurs entre cette dernière et le lac Aral, y offre des Paludines, et est associé avec une marne calcaire à Cyclades et Paludines. Sur le côté occidental de la mer Caspienne il y a, à Tarki, des calcaires tertiaires à Corbules, à Moules, Glycymeris, et à Cérithes ; et à Derbent, des calcaires tufacés avec les mêmes coquilles, ainsi que des Paludines.

Les gaz et te naphte du Bakow sortent d’une terre noire entourée du même calcaire tertiaire récent. Ces salses que l’auteur qualifie de volcans de naphte, se trouvent encore à Salfian, et sur plusieurs îles de la même côte. Il s’en développe une assez grande chaleur. M. Lentz a aussi décrit les salses de Bakou. (Rapport des travaux de l’Académie de Saint-Pétersbourg pour 1830.)

M. Voskoboïnikov a publié une notice sur le gîte du sel près de Kagisman, sur l’Araxe, dans le pachalik de Karsk, en Arménie. Il commence par donner une idée de la constitution géologique des bords de l’Araxe. Il y signale des granites, des leptinites, des schistes argileux verts, et du calcaire grenu ou compacte gris. Des basaltes recouvrent ces roches. Plus bas, dans la rivière, il y a des schistes argileux, puis des grès grossiers, et des argiles de diverses couleurs. À Kers, du basalte cellulaire forme les cimes des collines de grès, et il y a de plus des trachites et des perlites ; bref, un grand système volcanique.

Le sel se trouve avec du gypse, en nœuds et petits filons dans une argile jaune et rougeâtre, qui est associée ou placée sur du grès rouge et gris. Ce dépôt, dont M. Voskoboïnikov ne détermine pas l’âge, repose sur le granite, le calcaire ou le schiste argileux, sur le côté méridional de la vallée, tandis qu’au nord il n’y a que du grès grossier et de l’argile rouge. De grandes alluvions, avec des blocs des roches précédentes et de quarz, recouvrent les couches salifères et la vallée. Ces débris sont agglutinés en partie en poudingue, et il y a même à la surface du terrain des blocs isolés. (Gorn. J., 1832, no 7, p. 96.).

Le même M. Voskoboïnikov, réuni à M. J. Gouriev, a donné une Description géognostique de la presqu’île de Taman, dans le territoire des Cosaques de la mer Noire. Toute cette contrée est occupée par le terrain tertiaire, composé d’argile subapennine, de marne, de sable, de calcaire tertiaire, en partie à coraux avec du gypse et du fer hydraté. D’après ces géologues, ces roches alternant la plupart ensemble, seraient inclinées, et ils signalent dans l’argile marneuse du lignite, des pyrites et des cristaux de sélénite Il y a plusieurs sources de naphte ou de pétrole, et les salses, anciennement décrites par Pallas, Perrot et Engelhardt, y exhalent de l’hydrogène carboné. Ils rapportent qu’en 1805 il s’est formé des salses dans la mer même, et que la salse s’est élevée graduellement au-dessus du niveau des eaux, pour être ensuite détruite par les flots de la mer. Comme les autres salses ne sont pas éloignées de cet élément, ils insinuent qu’il y a une communication entre le foyer des salses et la mer. (Gorn. J., 1832, no 1, p. 21.).

M. Stanislas Chaudoir a visité la Crimée. Les montagnes n’existent que le long de la côte, y courent du sud-est au nord-est, et n’ont que 15 à 70 werstes de largeur. Il y indique de la craie à silex (Karasoubazar), un calcaire à huîtres univalves près de Simpheropol, du calcaire jurassique reposant sur du calcaire magnésien cellulaire, et du mountain limestone, des corgneules entre Rosenthal et Koutschouk-Kousin, du grès bigarré à Sably et Alma, des agglomérats calcaires autour de Théodosie, du calcaire magnésien formant les plus hautes sommités de la Crimée, du grès rouge grossier placé sous ce calcaire à Koos, du grès quarzeux à lignite à Nikita, du schiste argileux entre Koutlak et Kourousin, de petits amas de basalte à Sably, Kikineis, Kozloff, Sébastopol et Théodosie ; du diorite en partie décomposé sur le mont Aioudagh près Koutschouk-Lambat, des roches amygdalaires au couvent de St-George, et du porphyre prismé au-dessus d’Alma. (Proceed., 1831-1832, p. 342.)

Sur la Grèce nous avons eu plusieurs notices de M. Virlet, telles que ses Observations sur les Trachites alunifères d’Égine (voy. Bull., vol. II, p. 557), sur un agglomérat d’obsidienne et de coquilles, roche provenant de Milo (id., p. 356), et sur le Déluge de la Samothrace. (Id. p. 342.)

Le public attend avec impatience la partie de la relation de l’expédition scientifique française en Morée, où MM. Boblaye et Virlet nous feront connaître à fond la géologie et la paléontologie de ce pays.

Quant à l’Espagne, M. Hausmann a imprimé en 1831 son mémoire en latin, dans le dernier volume des Mémoires de la Société des sciences de Gœttingue. M. le capitaine Edward Cook a lu à la Société géologique de Londres, un mémoire sur les Pyrénées méridionales de l’Espagne ; malheureusement il n’y en a pas d’extrait dans leurs procès-verbaux. M. Le Plée va partir pour l’Estramadure.

MM. Ezquerra del Bayo, Bauza, de la Torre et Garcia, nous ont procuré quelques notions sur les gîtes de combustibles des Asturies qu’ils ont examinés en 1829, par ordre du gouvernement. Ils y distinguent trois dépôts, les premiers formant les mines de Camica, n’offrent que quelques impressions de monocotylédons et de l’anthracite au milieu d’un terrain composé de schiste argileux plus ou moins arénacé, avec des bancs de calcaire compacte, des filons de quarz et quelques masses granitiques.

Un autre dépôt qui à une étendue de quatre lieues se voit dans les environs de Quieros, de Lena, de Laviana, de Vimènes, de Langreo, de Tudela et de Nava. Il offre du bancs nombreux d’un bon charbon de terre au milieu de masses de marne, d’argile et de grès impressionné. Les couches ont des inclinaisons variées. Enfin, il y a un troisième dépôt dans le sol calcaire de Gozon, de Carreno, de Gijon, de Villaviciosa, de Colunga et de Rivadesella. D’après ce qu’en disent les ingénieurs espagnols, il y aurait là du lignite avec des argiles plastiques des grès, et ils en indiquent même au-dessus du calcaire coquillier, près de Rivadesella, et de l’albâtre dans un argile au débouché de l’Espana (Minas de Carbon de piedra de Asturias Madrid, 1831, p. 29-42.)

Si les mémoires concernant le Portugal sont rares, l’année passée on en a vu paraître trois sur les environs de Lisbonne et de Porto, les deux ports les plus fréquentés. Le premier mémoire est de M. d’Eschwege, qui s’attache à décrire les roches tertiaires, basaltiques et crayeuses de Lisbonne. Il figure plusieurs espèces d’Hippurites de ce dernier dépôt. (Archives de Karsten, vol. IV, cah. 1, p. 395.)

Dans un second mémoire, le même savant donne une coupe du pays entre les chaînes appelées la Serra d’Arrabida et la Serra di Cintra.

Cette ligne courant du N.-O. au S.-E., comprend, outre le chenal du Tage, une espace de 8 à 10 milles portugais. La rive droite du fleuve est couverte de collines s’étendant vers la Serra di Cintra, tandis que le bord opposé est occupé par des plaines ondulées. Les couches de la crête de Cintra inclinent au S.-E., et celles des montagnes d’Arrabida au N.-O.

La Serra di Cintra est composée de granite, flanqué de porphyre et de siénite, au Cap-Roc. Contre ces roches anciennes s’appuient à l’est, du grès bigarré et du calcaire jurassique, tandis que sur le côté S.-E. et S., l’on trouve des grès et des agglomérats rouges, surmontés de calcaires en partie foncés et fétides, et sans fossiles. Quelques amas de porphyre trachytique et de phonolite s’observent à la surface de ce dépôt, qui est couvert d’un grès que l’auteur classe dans le grès bigarré et le calcaire jurassique à Hippurites, etc. Des buttes de basalte à olivine, grenat, etc., sont éparses sur ce dernier sol. Le Portugal Faisant partie du système de l’Europe méridionale, cette description nous permet de soupçonner des erreurs dans la classement de l’auteur, et de n’y voir que du granite recouvert par du grès secondaire, le calcaire jurassique des Alpes, le grès vert et la craie. La Serra d’Arrabida n’est formée de ces deux derniers dépôts. Le sol tertiaire offre de bas en haut les couches ondulées suivantes, savoir : des calcaires sableux très coquilliers, des argiles, des sables à points verts, des marnes calcaires et du calcaire arénacé coquillier.

Il y a des ossemens de quadrupèdes et des dents de requins dans les argiles. Les able et le grès vert recèlent du mercure natif, qui a été exploité de 1798 à 1801. Il en sourd des sources hépatiques semblables à celles de Calidos du Rainha, mais n’ayant pas la haute température de ces derniers qui sortent du grès secondaire récent. Dans les alluvions il y a quelques couches sableuses aurifères, et ça et là, des amas d’agglomérat ou de nagefluh récent.

Sur la rive droite du Tage, le grès bigarré et le calcaire jurassique de l’auteur (grès vert et craie ?) disparaissent. Tout le pays au pied de la Serra d’Arrabida est formé de couches tertiaires décrivant un grand arc de cercle, à convexité tournée inférieurement, et recouvertes d’alluvions. (Arch. f. Min., vol. V, cah. 2, p. 365, avec une coupe coloriée.)

Cette notice intéressante est complétée par le mémoire de M. Daniel Sharpe, d’après lequel la formation subappennine forme le sol tertiaire de Lisbonne. Un dépôt épais d’argile bleue y supporte un massif arénacé calcaire de 200 à 300 pieds d’épaisseur, et abondant en Huîtres, Peignes, Vénus, Turritelles, Cérithes, Balanes, Serpules et Fistulanes, Au-dessus est une assise sableuse de 150 pieds.

Le calcaire crayeux est à Bélemnites et Silex, et forme les fameuses lignes de Torres vedras. Une formation plus ancienne de sable et de grès existe au nord et à l’est de Lisbonne, et à la Villa Franca. Les eaux minérales de Caldos en sourdent. Sous ce terrain il y a un calcaire particulier à Villa Nova da Reinha. Enfin, il y a un dépôt basaltique étendu en contact avec le sol tertiaire crayeux : et la montagne de Cintra est granitique et recouverte au nord de calcaire et à l’est par des schistes.

La ville de Porto est bâtie sur une crête de granite amphibolique en décomposition, et entouré de gneiss granitique. Cette dernière roche supporte vers Vallongo, de la chlorite schistoïde, des alternats d’agglomérats et d’anthracite, et des roches schisteuses, qui forment la Serra de Vallongo, et renferment des filons quarzeux à argent et antimoine. À l’est de cette chaîne la chlorite schisteuse est couverte de schiste argileux. (Proceedings of the geol. Soc., n° 16, p. 394.)

Il n’est pas venu à ma connaissance de nouvelles observations géologiques sur l’Afrique, depuis les intéressantes notices de M. Rozet, sur les environs d’Oran et sur les côtes de la Barbarie. (Voyez Bull. vol. II, p. 46 et 262.)

Le voyage de M. Douville au centre de l’Afrique équinoxiale avait fait espérer un instant d’acquérir des notions certaines sur l’existence des pays volcanisés, et en particulier sur le lac méphytique de Couffoua ; mais toutes ces espérances se sont évanouies depuis que ce voyage a été reconnu n’être qu’un pur roman.

D’un autre côté, l’ouvrage de M. le lieutenant-colonel du Prokesch sur l’Égypte et l’Asie mineure (Erinnerungern aus Egypten, Klein Asien, 3 vol.), est presque exclusivement géographique. Il est possible qu’il communique quelques données géologiques dans les volumes suivans, où il parlera de la Syrie, de la Crète et de l’Archipel grec.

MM. Higgins et Draper ont parlé de la mer Morte, en Palestine, ils n’adoptent pas l’idée de M. Daubeny, que ses eaux se déchargeaient dans la mer Rouge avant les phénomènes volcaniques arrivés dans ce pays. Ils pensent que le lac n’existait pas avant cette époque, et qu’il a été formé par suite des éruptions ignées, et que s’il déchargeait autrefois ses eaux dans une. mer, c’était dans la mer Méditerranée, par la vallée de Siddim. (Magaz. de London. Juillet 1832.)

Sur l’Indostan, on trouve plusieurs notices dans le journal de Calcutta, le Gleanings in science.

Le premier numéro de ce recueil contient des détails sur les alluvions de Bénarès, une note de M. Franklin sur le grès bigarré et le trapp de Bundulkund, entre Rewah, Jubulpoor et Sagor (p. 13), et une esquisse géologique du pays entre Saugor et Mirzapor, par M. Callinger. Il y a des roches trappéennes à Gangor, du lias et du grès bigarré à Huttah, du grès à Béharma, du lias entre Mohowah et Johargong, et du grès à Punnah. L’auteur a visité près de ce dernier lieu, quatre mines de diamans, et il en distingue deux gîtes ; les uns sont dans un grès solide couvert par du schiste chloritique, et les autres dans un agglomérat siliceux ou des cailloux ferrugineux. Leur gisement est donc analogue à celui qu’ils ont au Brésil. Ces mines sont à Singpoor Shaïd, Tehran, Dehlan et Choopoorah. Le grès domine près des mines semblables du Dukhun.

Il y a des granites, des siénites et des porphyres entre Punnah et Ehatterkote.

M. Everest a parlé des roches granitiques, des grauwackes et des calcaires de Penang (id. n° 36, p. 422) ; des roches du district de Ramgerh. (Id. n° 32.) Il a aussi donné des notes géologiques sur les roches entre Calcutta et Ghazipour (id. n° 29), et a discuté l’âge du grès rouge marneux, et du dépôt calcaire secondaire des districts de Bharpour, Torapass et Kutsapass ; il croit devoir classer le calcaire dans le lias, et le grès rouge dans le grès bigarré. (Id. n° 31.)

M. Scott a esquissé la géologie du pays d’Assam et de Sylhet (id. n° 8, p. 246), et M. Macpherson a présenté à la Société asiatique d’histoire naturelle un semblable travail sur les contrées entre Hydrabad et Masulipatam. (Id. n° 7.)

M. R. Lloyd s’est occupé de l’archipel de Tennasserim (id. n° 30, p. 191), et un anonyme, des roches des monts de Chéra-Punji. (Id. n° 35, p. 171.)

Dans le n° 9 du Gleanings in science on trouve que les montagnes de Casiah, dans l’Indostan, sont composées de grès et de calcaire secondaire. Il y a aussi une Notice de M. Jones sur le district houiller nord-ouest le long du Damoda, à Jéria ou Jériagerth, à Sanampar dans le Perganna of Shergerh ; ce terrain occupe une étendue de 65 milles.

Le même M. Jones a donné l’analyse de quelques dolomies (id. p. 265), et du fer de Burdwan (p. 295). D’autres analyses de calcaire, de dolomie et du singulier dépôt calcarifère, appelé kunkur, se trouvent dans le premier cahier du même journal.

M. Prinsep s’est occupé des analyses de la houille, du sable ferrifère de Ranigony, et du graphite de Ceylan. (Id. n° 33, p. 277.)

Le docteur Buchanan a signalé les minéraux des monts Rajmahal-Cluster. (Id. n° 25 et 26.)

Il y a des mines de cuivre à Singhara, près de Khétri, dans le pays de Shekhawati (id. n° 36, p. 380) ; des mines d’alun à Kutch (id. p. 384), et de la houille à Hosungabad, sur le bord du Bhoora-Nuddea. (Id. n° 33.)

M. J. Hardie a esquissé la géologie du district de Bhurtpore, où il y a une grande formation de nouveau grès rouge sans sel, mais avec des puits d’eau salée et amère contenant, outre du sel marin, du carbonate et sulfate de soude. C’est à Ruphas, à 32 milles au sud-ouest d’Agra, à Ingnear, à Bussai et Puharpool, qu’on peut bien étudier ce dépôt. Il y a de plus un calcaire compacte magnésien, un système d’agglomérat ancien à Biana, et des grauwackes courant du nord-ouest au sud-est dans la partie occidentale du district. Des mines de cuivre existent dans le sol intermédiaire. Le Burtpore est séparé à l’est par une zone de transition du sol primaire du Jeypoor, branche du Rajpootana. Le nouveau grès rouge forme les limites méridionales et septentrionales des vallées du Gange et du Jumna, et s’étend dans le Punjab, Banque contre le pied de l’Himalaya, dans les monts Aravalli qui séparent l’Ajmeerdi, du Marwar, dans le Harowtee, le Malwa et le Meywar ; plus à l’ouest il traverse l’Indus, et se prolonge en Perse. (N. Edinb. Journ. Oct. 1832, p. 328, et janv. 1833, p. 76.)

M. Jacquemont, voyageur naturaliste du Museum, parcourt la partie nord de l’Inde, et les parties accessibles de la chaîne de l’Himalaya. D’après ses lettres, on voit qu’il a visité les houillères anciennes de Rannigunge à grands troncs de Dicotylédons. Rewah, Loargong, Punnah et Adjighur sont situés sur un plateau qui s’élève à 300 ou 400 mètres au-dessus de la vallée du Gange et des plaines du Bundelkund. Ce plateau est formé des mêmes grès que la pente septentrionale des montagnes du Béhar, dont il n’est séparé que par la vallée profonde de la Sone.

Il a visité aussi les mines de diamant de Punnah. Le grès rouge secondaire qui forme la base des grès des montagnes du Bundelkund septentrional, se lie à la siénite qui le supporte ; au sud, la formation houillère du bassin de la Dammerdah, repose sur le gneiss sans être associé au grès rouge.

La première chaîne de l’Himalaya n’est qu’une rangée de hautes collines composées d’agglomérats modernes, et placées au-devant des montagnes primaires. M. Jacquemont a pénétré jusque dans le Kanaor et le Cachemire. Il s’est élevé sur les bords du Sutledge à 2000 mètres, et a vu beaucoup de fossiles provenant du Ladak, où ils se trouvent À 4500 mètres de hauteur. Un terrain secondaire coquillier est développé sur une étendue et avec une épaisseur immense au nord de l’Himalaya, dans la Tartarie indépendante, le Haut-Kanor, le Hangarang, et le Thibet chinois. Il a découvert que les montagnes de Koullou ne sont que le prolongement de chaînes plus au nord, et plus élevées que l’Himalaya. C’est dans ces dernières que s’ouvre du sud au nord, puis du sud-est au nord-est, la vallée profonde de Spiti, dont le fond supérieur a au-dessus de 4000 d’élévation. L’auteur a franchi des cols de 16 à 18,000 pieds, 5 à 6000 mètres, en allant à Beckhur. Il a visité des dépôts salifères coquilliers sur les bords de l’Hydaspe dans le Pendjab, dépôt qui se prolonge au-delà de l’Indus jusque dans l’Afghanistan. Le sel de Pindadenkhan est associé avec du gypse, minéral qui existe à Djellarpour dans un système de couches dérangées. L’auteur observe que dans l’Himalaya, dont ces collines salifères sont voisines, on retrouve la même direction générale pour les principaux accidens du terrain et les dérangemens locaux marqués par l’apparition d’amas calcaires, dolomitiques, ou quarzeux.

M. Jacquemont doit aussi visiter la mine de sel de Djummon dans les premiers gradins de l’Himalaya ; enfin il a pénétré dans le Cachemire par un col de 2500 mètres de hauteur. Ce pays est un bassin ovale de 16 à 1700 mètres d’élévation. (Nouv. ann. du Mus. d’hist. nat., vol. I.)

D’une autre part, M. Herbert a donné d’intéressans détails sur l’Hymalaya. Ces montagnes forment trois bandes ; la première est composée de grès et d’agglomérat, et s’élève de 2500 à 3500 pieds sur la plaine.

La seconde est formée de schiste talqueux et chlorite, de micaschiste passant au quarzite avec des minerais de cuivre ; elle atteint des hauteurs de 7 à 8000 pieds, et descend quelquefois à 1500 pieds ; les points les plus élevés sont aux extrémités sud et nord.

La troisième chaîne est une masse de gneiss très régulièrement stratifiés, et inclinant, comme le grès, au sud-ouest ; le granite n’y existe qu’en filons, et n’occupe une étendue un peu considérable qu’à Wongtoo sur le Sutlui. La pente nord-est de ces montagnes est douce, et celle au sud-ouest est escarpée.

Sur la pente nord-est l’on voit succéder, en se portant plus au nord, des gneis, du micaschiste, de la grauwacke ; du calcaire coquillier, et des alluvions anciennes.

L’auteur passe ensuite à la description des fossiles de l’Himalaya. Des Ammonites ont été découvertes sur la rivière de Gunduk. Des ossemens de cerf, de cheval, etc., et des ammonées, à Kensaoon, au milieu de la troisième bande de montagnes, ou la chaîne neigeuse, qui est le côté nord des hauteurs séparant le bassin du Gange de celui du Sutluj et du Dunipu.

Le mont Uta-Dhura, qui a 17,000 pieds de haut est composé de calcaire coquillier intermédiaire, de grauwacke, de micaschiste et de gneiss.

M. Gérard a trouvé dans l’Himalaya des Ammonites, des Bélemnites, des Orthocéres, une Turritelle, un Cône, le Turbo ornatus Sow., des oolites inférieures, un Cirrus, l’Ammonites subradiatus Sow., des oolites de Bath, l’A. vertebralis ? Sow., l’A. stellaris, un Naulite semblable au Nautilus pompilius Lam., un Inocérame, une Arche, une Modiole, une Donace, une Térébratule striée secondaire, un Productus strié, un Peigne ou un Plagiostome, et des os de tortues. Une planche fort médiocre représente la plupart de ces objets. (Gleanings, etc., n° 33.)

Le Graphite de l’île de Ceylan paraît être très bon et exploitable. (Edin. phil. J., n° 26, p. 346.)

On a découvert à Java, un ancien cratère appelé Guévo-Upas, ou Vallon empoisonné. C’est une cavité ovale de 50 pieds de profondeur, d’où s’exhale une odeur suffocante ; les montagnes environnantes sont volcaniques.

M. Ward a esquissé la Géologie de Pulo-Pinang et des îles voisines. Pulo-Pinang, ou l’île du Prince de Galles, est composé d’une chaîne centrale granitique à filons de quarz et de granite à grains fins. Les plaines de l’île sont alluviales et offrent un peu d’étain d’alluvion. La mer entame les côtés ; parmi les îlots voisins le granite forme ceux de Pulo-Rimau, Pulo-Jésajah, Pulo-Ticoose, et Pigeon-Island ; le feldspath celui de Puoting ; le calcaire et le schiste argileux celui de Pulo-Bidan, et le même calcaire celui de Pulo-Panghil. (Proceedings Soc. géol. de Londres. 1831-1832, p. 392.)

M. L.-P.-N. Wilton a esquissé la géologie d’un espace de six milles de côtes sur la ligne sud-est des rivages de Newcastle en Australie, où paraît exister un pseudo-volcan. (Phil. Mag. Août. 1832.)

M. le docteur Henderson a pénétré dans l’intérieur de la Nouvelle-Galles du Sud.

Aux États-Unis, MM. Jackson et Alger ont republié leur Mémoire sur la Nouvelle-Écosse et leur carte géologique, en y faisant des additions et des corrections. (In-4°. Cambridge. Mars 1832.)

M. P.-A. Brown a lu à la Société géologique de Pennsylvanie, un mémoire sur les roches trouvées dans les environs de Philadelphie. Elles sont toutes primaires, le granite n’y existe qu’en blocs, et le porphyre en cailloux ; le gneiss y contient des filons granitiques à béril blanc et schorl. Il y a de plus du micaschiste, et des roches amphiboliques et talqueuses.

M. Eaton a donné un mémoire sur les houillères de l’État de New-York.

M. Harlan a décrit une coupe des montagnes bleues en Virginie, dont le pied oriental est formé de talcschiste et de grès rouge avec des diorites. Près de la cime il y a du grès rouge, du diorite, du grès pourpré, du schiste et du granite. Il a remarqué des Ammonites et des Trilobites dans le calcaire du mont Massonett, dans le comté de Rockingham. (J. of Geolog. Août 1832.)

M. Richard C. Taylor, ingénieur civil de Londres, qui s’est établi aux États-Unis, a donné une coupe des Alleghany et des houillères de la vallée de Moshannon, dans le comté du centre en Pennsylvanie. Dans la vallée de Bald-Eagle il y a du calcaire de montagne inclinant à l’est ; en montant depuis là on trouve une épaisseur de grès de 1300 pieds, contenant des Productus, Spirifères et Unio ; sur ces couches inclinant à l’ouest sud-ouest reposent des masses houillères. À une hauteur au-delà delà de 1300 pieds il a rencontré des couches d’agglomérats, de manière que le calcaire est couvert par une masse arénacée de 1600 à 1800 pieds d’épaisseur ; en descendant on arrive dans le grand bassin houiller central, qui n’offre que rarement des failles. (Monthly Amer. J. Avril 1832, p. 434.)

Dans le comté de Bradford il y a beaucoup de houillères, de calcaire coquillier, du fer, des sources salées ; mais on n’y a pas encore trouvé de cavernes ni d’ossements fossiles, à l’exception d’une dent d’éléphant.

D’après M. J.-P. Davis, le comté de Wayne est occupé en grande partie par un plateau de 1300 pieds d’élévation sur la mer ; il est couvert de forêts, et entaillé çà et là par des vallées remplies d’alluvions. Le sol du comté est formé de schiste intermédiaire, de grauwacke, et de calcaire de. transition. (Monthly Americ. Journ. Mai 1832, p. 521.)

On trouve encore dans le Journal de géologie de M. Fentherstonaugh des idées très bonnes sur la fertilité comparative des deux Amériques et des autres parties du globe. Le continent américain est traversé dans sa longueur par de hautes chaînes de montagnes attirant l’humidité, et généralement sa largeur n’est pas trop grande pour empêcher la terre de profiter des vapeurs s’élevant de l’Océan.

M. Ross Cox a publié ses aventures dans un voyage fait sur la rivière Colombie, en deçà des montagnes rocheuses élevées de 11,000 pieds, et dont la base atteint 8000 pieds. (2 vol. in-8°. Londres, 1831.) La Nouvelle-Calédonie, près du fort Alexandrie, à 53° lat. nord, offre de la houille, des laves, du quarz, du cobalt, du talc, du fer, de la terre à foulon, du granite, du marbre noir, et du calcaire.

Sur le Brésil, nous avons eu, l’an passé, trois ouvrages qui intéressent le géologue. D’abord on trouve quelques renseignemens, surtout sur les mines, dans les Notices sur le Brésil publiées par le révérend R. Walsh. Ensuite M. d’Olfers a donné des détails sur les dépôts tertiaires arénacés et coquilliers qui s’étendent le long des côtes du Brésil, de Morro de S.-Paulo à Cabo do Calcanhar (Archiv. de. Karsten, vol. IV, cahier I).

Ces roches existent aussi sur le Rio-Abaité, dans la province de Minaes Geraes, et M. Weiss, d’après M. Sello, les indique dans le golfe de la Plata dans sa description géologique de ces contrées méridionales (Mém. de l’Acad. de Berlin).

M. d’Eschwege, de retour dans sa patrie, vient de réunir dans un ouvrage toutes ses observations avec celles d’autres voyageurs, et en particulier avec celles de MM. Spix et Martius. Ce volume de 488 pages, divisé en deux parties, porte le titre de Mémoire sur la géologie du Brésil (Beitrage zur Gebirgskunde Brasiliens, in-8o, Berlin, 1832.) Il est accompagné, 1o d’une carte géologique coloriée, d’un profil de hauteurs, et d’une coupe des contrées entre Rio-Janeiro et les nouvelles frontières de Goyas. On y voit que les couches plongent toutes au sud-est. 2o D’une carte et d’un profil de hauteurs du pays entre Villa-Rica à Sabra, de là à Villa-Nova du Rainha. 3o D’une coupe des mines d’or de Lavra de Passegam, situées dans un banc entre du schiste argileux altéré et du qarzite, 4o Une coupe de la Serva de Piedade, montagne de 5460 pieds, qui montre le gisement transgressif du Tanpanhoacanga sur les couches d’itabirite, ou de fer oxidulé et oligiste ; ce dernier à 1000 pieds d’épaisseur, et repose sur le quarzite, le schiste aurifère et le gneiss. 5o La coupe du gite des roches talqueuses à topazes en stratification non concordante par le micaschiste et les schistes argileux, recouvert près de là par l’itabirite. 6o La coupe des roches plus récentes des mines de plomb d’Abaete, où l’on voit le schiste siliceux, et supportant du calcaire intermédiaire plumbifère, du schiste argileux, et du grès rouge. Enfin, la coupe des roches sur la pente occidentale du Serro do Frio au Rio de S. Francisco, où le quarzite micacé couvre le granite ; et supporte en stratification discordante le schiste intermédiaire, le calcaire de transition avec cavernes à salpêtre, le grès rouge, et un dépôt argileux.

Cet ouvrage devait être précédé d’un travail plus considérable sur les richesses minérales et l’état de l’administration des mines du Brésil, sous le titre de Piuto Brasiliensis ; mais aucun libraire n’a voulu s’en charger jusqu’ici.

La seconde partie de sa description du Brésil est un résumé des observations de MM. Spix et Martiis, M. Moll n’ayant offert au public un travail semblable que pour le premier volume du Voyage de ces naturalistes (Voyez Neue Jahrbuch der Berg u Huttenkunde, vol. VI, livrais. 1re 1825), cet extrait doit être accueilli favorablement, vu le prix du voyage des savans bavarois. D’un autre côté, la première partie de l’ouvrage de M. d’Eschwage est presque entièrement de lui, et il y décrit successivement les environs de Rio de Janeiro, les roches entre ce point, Joao de Ypanama dans la province de St-Paul, et Villa-Rica dans la province de Minas-Gerais ; la coupe de Rio-Janeiro à la frontière de Goyaz, le terrain des deux Julgados de S. Domingos de Araxa et de Desomboque. les environs de Villa-Rica jusqu’à la Présidence de S. Joao-Baptiste, les formations autour de la ville de Marianna, des montagnes de Sertao do Rio-Doce, du district diamantifère du Sarro. Frio à Arrayol de Formiga, la coupe des bords du S. François aux mines de plomb d’Abacté, les roches entre et dernier point et Villa-Rica, et d’intéressantes courses dans le district Sabara et de Villa-Nova da Rainfh.

Sur les côtes du détroit de Magellan et de la Terre de feu, nous avons encore à attendre des détails géologique plus précis du voyage du capitaine King. (Voy. Journ. of the roy. geogr. Soc. of London, vol. II.)

M. le capitaine J.-E. Alexander a donné une note sur le lac d’Asphalte de l’île de la Trinité aux Antilles, et il a signalé des salses à 80 pieds sur la mer à Point du Cae, à l’extrémité sud-ouest de l’île. (New Edinb. phil. Journ. Janvier 1833.)

M. d’Althaus, intendant général des ingénieurs au Pérou a donné une note, sur l’état des mines d’or et d’argent, dans cette république. La province la plus aurifère est celle de Caravalla, où il y beaucoup de lavages d’or. On a découvert des mines d’or et d’argent à Caraveli, dans lot montagnes de Husyllura. À Arequipa, un négociant essaie d’envoyer en Europe, au lieu de les, les meilleurs morceaux des déblais des mines de Puantayaya. Le minerai d’argent surtout, sous la forme de sulfure, se trouve dans des filons de baryte au milieu d’un granite fin. La plupart des mines du Pérou sont dans les deux chaînes des Andes, et dans le plateau qui les sépare, comme à Pasco, Potosi, etc. (Jarhrb. f. Min., cah. 2, 1832.)

L’année 1832 n’a pas vu paraître beaucoup de carte géologiques[6], parce qu’elle n’a pas été favorable aux voyages.

Parmi les relevés géologiques ordonnés par des gouvernements, celui de la Belgique est interrompu par les circonstances politiques ; celui de la Bavière, confié à M. Kleinschrod, ne s’exécute pas, parce que ce géologue a été attaché au ministère de l’intérieur ; plusieurs milliers de florins avaient été votés pour cette allocation, et M. Kleinschrod avait déjà disposé à l’hôtel des mines un local propre à recevoir ses récoltes de roches et de fossiles. La collection des minéraux de Bavière est la seule qui ait pu se terminer.

D’un autre côté, la carte de la Saxe royale va enfin voir le jour ; M. le professeur Naummann a été chargé de coordonner. les matériaux rassemblés, et on promet pour Pâques les premières feuilles.

En Angleterre on continue de travailler à la grande carte du royaume qui aura un pouce pour un mille, et sur laquelle on indique les formations, les masses minérales utiles dans les arts, et tout ce qui intéresse le militaire.

M. de La Bèche doit colorier géologiquement la carte du Devonshure.

En Espagne, MM. Esquerra del Bayo, Bauza et La Torre, ont exécuté, par ordre du gouvernement, la carte d’une portion des Asturies.

Aux États-Unis je ne sais où en sont les relevés géologiques des États de Caroline et de Massachusetts.

M. P.-A. Browne fait des efforts pour engager le gouvernement de l’État de Pennsylvanie à en faire lever la carte géologique. Les géologues des États-Unis se plaignent de ce qu’on néglige trop la géologie dans les nombreux relevés topographiques qu’on y fait exécuter.

Aux Indes orientales, M. Turnbull Christie a été chargé de lever la carte géologique de la présidence de Madras.

Quant aux cartes géologiques publiés par des particuliers, on parle d’une seconde édition de la carte géologique de M. Greenough, qui est à la portée de tout le monde depuis que M. J. Gardner en a publié, en 1830, une réduction sur une échelle convenable.

M. Smith a dressé une carte géologique des environs de Hackness ; M. Murchison, des cartes représentant la géologie des frontières du pays de Galles et de certaines parties de la portion méridionale de ce pays, du Lancashire, du Durham et du Yorkshire.

M. Prideaux a fait paraître la carte géologique des environs de Plymouth, M. H. Boase, celle du Cornouailles ; M. Blewitt, celle des environs de Torquay. M. E.-F. Panckoucke a publié plusieurs vues géologiques des Hébrides dans son Voyage pittoresque aux îles Hébrides.

Toute la Société connaît la carte détaillée de la Seine-Inférieure, par M. Passy ; celle du département de l’Isère, par M. Gueymard (La minéralogie, la géologue et la métallurgie du département de l’Isère. In-8°. 1831) ; les coupes des Pyrénées données par M. Dufrénoy, et celle de Toulon au volcan de Rougier, par M. de Villeneuve.

M. E. Busset a commencé un atlas topographique, statistique et géologique du département du Puy-de-Dôme (chez Picquet). MM. Lecoq et Bouillet ont aussi donné une carte de ce département.

En Suisse, M. Lardy a publié la carte géologique du Saint-Gothard.

Nous allons avoir cette année la carte de l’Oberland bernois, par M. Studer, et M. Thurmann nous promet celle du Porentruy.

En Allemagne, M. Merian a publié une carte de la Forêt noire. De plus grands détails se trouveront dans celle que prépare M. le professeur Walchner à Carlsruhe ; il y joindra plusieurs beaux profils et des coupes. M. Hibbert a donné la carte géologique des volcans des bords inférieurs du Rhin.

En Saxe, M. de Lindig a donné une bonne carte des houillères des environs de Dresde.

En Silésie, M. Glocker, professeur à Breslau, s’occupe de lever la carte de la Silésie supérieure. J’ai déjà annoncé que M. Zippe va bientôt faire connaître sa carte de Bohême, et que M. Partsch commence à publier la première livraison de sa carte d’Autriche. M. Reichenbach a colorié géologiquement une partie de la Moravie. Une petite carte réduite de la Styrie a été lithographiée pour le conseil des mines de Vienne, et M. de Rosthorn a levé une carte d’une bonne partie de l’Illyrie. J’ai donné les cartes des environs de Hallein, de Goso et du Mont-Wand en Autriche.

MM. Murchison et Sedgwick ont publié une petite carte générale des Alpes autrichiennes et bavaroises. Si le tracé des montagnes y est malheureusement trop souvent fautif, ce travail est intéressant en ce qu’il donne des notions générales sur la distribution de certaines formations qu’on s’obstine à ne pas indiquer sur la carte de Schropp et compagnie, quoique j’aie publié à ce sujet une note où ne respire que mon admiration pour ce beau relevé. Je veux parler de la bande que forme le grès viennois secondaire sur le pied septentrional des Alpes, et la distinction des bandes jurassiques, crayeuses et tertiaires sur le revers sud. MM. Murchison et Sedgwick auraient pu facilement donner une idée plus exacte du bassin tertiaire de Vienne ; d’une autre part, on est surpris de la bande singulière qu’occuperait le grès rouge secondaire entre Brunecken et Klagenfurt ; on aurait désiré avoir au moins les preuves de ce tracé. Ensuite la zone jurassique de Carinthie ne devrait s’étendre que jusqu’au sol primaire du Bachergebirge, et les roches granitiques de Windisb-Kappel, au sud-est de Klagenfurt, devraient se prolonger de l’ouest à l’est, et non pas du nord au sud, ce qui est, du reste, une faute copiée sur la carte de Schropp.

Nous allons avoir la carte du val d’Arno en Toscane, par M. Bertrand Geslin. (Mém. de la Soc. géol. de France. In-4°, vol. I.).

Pour la Russie, M. Dubois de Montpereux a donné la carte géologique la Wolhynie et de la Podolie russe, carte qui se joint à celle de la Gallicie de feu M. Lill. (Voy. Mémoires de la Soc. géol. de France, vol. I, part. 1.)

M. Keilhau a ébauché la carte d’une partie du Jemtland et de la partie septentrionale du bailliage de Trondjem en Norwège. M. Forchhammer continue ses relevés en Danemacrk. MM. Savi, Pasini, Pareto, et le professeur Hoffmann, ont chacun dressé des cartes de certaines parties de l’Italie.

J’ai déjà parlé des cartes et coupes que M. d’Eschwege a donnés sur le Portugal et le Brésil. MM. d’Althaus et Weaver nous promettent de compléter celle que nous avons déjà sur le Mexique.

Aux États-Unis, MM. Alger et Jackson ont reproduit, sur une plus grande échelle, et perfectionné leur carte géologique de la Nouvelle-Écosse.

M. Jacob P. Davis a communiqué à la Soc. géol. de Pennsylvanie, une carte géol. et des coupes du comté de Wayne.

On a reproduit, dans les Annales des mines, la carte géologique des environs des mines de Paseo, un Pérou, ouvrage de M. Rivero.

Pour les mesures des hauteurs et les nivellemens, je ne trouve à citer cette année en France que les faits consignés dans le Mémorial topographique du dépôt de la guerre, vol. II, de M. le colonel Corabœuf, sur le niveau comparatif des mets, le Mémoire de M. Filhon, sur la différence de niveau de quelques points du bassin du Jura et du bassin du Léman, celui de M. d’Ombres de Firmas, sur les Cévennes, et sur plusieurs points remarquables des départemens de l’Ardèche, du Gard, de la Haute-Loire et de la Lozère (Ann. du midi de la France, n° 6 ; Nouv. Ann. des voyages, juin 1832 ; et Biblioth. britanniq., vol. II, 1832) ; enfin, les mesures données par M. Passy sur les départemens de la Seine-Inférieure et de l’Eure, et par M. Gueymard sur le département de l’Isère.

En Allemagne, outre les mesures données par M. Berghaus, MM. Zobel et de Carnall ont présenté un résumé des points mesurés dans la chaîne du Riesengebirge et de l’Eulengebirge, ainsi que dans les montagnes de la Moravie et de la Silésie. (Archiv. de Karsten, vol. IV, cah. 2.)

En indiquant la nature des roches des lieux d’observation, M. Merian a donné des mesures de hauteur pour la Forêt Noire, et MM. Schubler et Rogg pour la Souabe supérieur. (Beitrage zur Naturkunde Oberschwabens, par Ch. Lingg.)

M. Baumgartner a fait connaître dans le dixième volume de son Journal de physique (Zeitscfirt fur Mathematik u Physik), toutes les hauteurs mesurées trigonométriquement par les ingénieurs autrichiens en Autriche, en Styrie, en Tyrol, en Istrie, dans les îles du golfe de Carnero, en Carinthie et en Carniole, y compris les cercles de Gorizia et de Trieste. Ce travail de calculs, comprenant au-delà de 2700 points, a été republié à part, et sera incessamment complété par une autre brochure qui reproduira toutes les hauteurs données déjà en 1824 par le même auteur, sur l’archiduché d’Autriche. Plus tard, le relevé géographique du reste de la monarchie autrichienne lui permettra d’achever ce travail.

Pour l’Espagne, MM. les ingénieurs d’Esquerra del Bajo, Bauza et La Torre, ont donné quelques mesures prises en Asturie, et une table de hauteurs de divers lieux a été publiée à Londres. (Journ. of the roy. geogr. Soc. Vol. II.)

En Russie, MM. de Helmerseh et E. Hoffmann ont publié leurs mesures barométriques, prises entre Orenbourg et la mer Caspienne, et M. A. Terletski a fait connaître les mesures des hauteurs les plus importantes recueillies dans la Russie européenne. (Gornoi J. 1831, n° 11, p. 310.) M. Terletski a aussi donné des mesures de hauteur faites dans l’Oural. (Id. 1831, n° 3.)

Pour les États-Unis on trouve des données sur la hauteur positive de divers plateaux, des grands bassins et des lacs, dans le Journal de M. Featherstonaugh, dans celui de M. Silliman, et dans le no 25 du Journal philosophique d’Édimbourg.

À la Nouvelle-Hollande, M. Oxley a exécuté des mesures de hauteur. (N. Edinb. phil. J. Oct. 1832, p. 313.)

M. Macaire Prinsep a recherché si le niveau des eaux du lac de Genève avait changé, et il conclut que le niveau moyen du lac n’a pas éprouvé d’exhaussement sensible depuis un grand nombre d’années. Les dégradations observées sur les rivages ne sont que des effets de l’action des vagues et de l’impulsion que leur donnent les vents. (Mém. de la Soc. phys. et d’hist. nat. de Genève, vol. V, p. 63, 1832.)

Des mesures bathographiques ont été exécutées, en 1831, par M. Bérard, dans la mer Méditerranée. Connaître le relief du fond de l’Océan est aussi nécessaire que de savoir la configuration des continents. M. Bérard est parvenu à des profondeurs encore plus grandes que MM. les capitaines d’Urville et Beechey ; ainsi il a pu prendre la température de l’eau à six mille pieds de profondeur, sans atteindre néanmoins le fond, et il a trouvé, comme M. d’Urville, que l’eau offrait à ces profondeurs la température de 13° centig. Ce fait, joint aux résultats obtenus en 1826 et 1829 par M. d’Urville dans la même mer, prouve qu’au-delà de deux cents brasses la température reste fixée à 13°. M. Bérard doit avoir continué ses expér. en 1832, et espérait les étendre jusqu’à dix mille de profondeur.

En fait d’ouvrages généraux sur la géologie, il a paru cette année une seconde édition du Manuel de M. de La Bèche. Cet ouvrage, revu et augmenté, a été traduit en allemand à Berlin, par M. de Dechen, qui y a ajouté des notes, et, ainsi revu, il va paraître en français sous les auspices de M. Brochant, qui y a encore fait quelques perfectionnemens.

Le Tableau des terrains de M. Brongniart a été traduit en allemand par M. Kleinschrod.

Nous connaissons tous le Tableau de l’état du globe à ses divers âges, par M. Boubée, dans lequel il signale à l’attention des géologues, qu’on n’a pas jusqu’ici trouvé d’aérolithes dans les dépôts postérieurs aux alluvions modernes. Si cela devait indiquer qu’il n’est pas tombé d’aérolithes avant cette époque, on en pourrait déduire, avec quelque vraisemblance, qu’il s’est opéré, vers la fin de la période des alluvions anciennes, un changement dans certains corps célestes très voisins de la terre. La terre aurait-elle eu jadis plusieurs satellites ? ou une planète plus voisine de la terre se serait-elle brisée, comme le pense M. le docteur Brewster, qui place cette planète détruite entre les orbites de Jupiter et de Mars, et en fait dériver les quatre petites planètes de Cérès, Pallas, Junon et Vesta ; ou bien la lune se serait-elle partagée ? Toutes ces suppositions seront toujours subordonnées à l’hypothèse que les aérolithes sont plutôt des débris de corps planétaires que des formations aériennes. M. Boubée a exposé aussi ses idées sur la formation du globe. (Voy. Bull., vol. II, p. 425.)

M. Kuhn, professeur de géologie à Freiberg, a enfin publié le premier volume de sa géologie. Ce retard vient du désir qu’il avait de mettre son ouvrage au niveau de la science.

M. Keferstein aurait envie de faire paraître aussi un Traité de géologie.

Le Traité de géologie de M. Walchner (un très gros volume in-8o) doit, avoir paru ces jours derniers. Je suis obligé de me contenter de vous dire, qu’en habile chimiste et géologue il a fait beaucoup usage des connaissances chimiques acquises pour l’explication de nombre de faits géologiques jusqu’ici inexpliqués ou mal observés. Après avoir parlé en détail des roches, il expose les détails géologiques d’après l’ordre des dépôts comme il les conçoit, et environ comme il l’a exposé dans un intéressant aperçu des progrès de la géologie pour 1831. (Voyez Magazin der Pharmacie de Geiger et Liebig, vol. 36. Décembre 1831.)

Cet ouvrage, ainsi que la géologie chimique promise par M. Mitscherlich, feront probablement époque dans la science ; car l’origine de bien des dépôts ignés et neptuniens n’a pas encore été examinée avec toute la rigueur que comporte chimie actuelle. Si certaines apparences géologiques présentent des anomalies chimiques à résoudre, qui est-ce qui pourra mieux que des chimistes lever ces difficultés, ou les faire rentrer comme nouvelles lois dans leur code ?

M. Hermann de Meyer vient de publier un Tableau sur la géologie, pour la simplifier, et pour placer les roches d’une manière naturelle. (Tabelle uber die Geologie, etc. Nuremberg, 1833. In-8°.)

Après avoir résumé, dans une introduction, toutes les idées anciennes et nouvelles sur la géologie, et en particulier les applications de la chimie aux problèmes géogéniques, il adopte la division des dépôts en masses stratifiées et à fossiles, et en masses non stratifiées, les unes pyroxéniques (trachyte, basaltes, etc.) ; les autres amphiboliques (toutes les roches granitoïdes, les porphyres et les schistes cristallins.) Il donne des tableaux de la série des terrains à fossiles, avec l’indication de leurs pétrifications caractéristiques, et termine par des idées générales sur la distribution des créations anciennes.

Le dernier classement des formations géologiques, par M. Keferstein, se trouve dans le cahier quatre du Jahrbuch de M. de Leonhard pour 1831.

Tous les autres ouvrages généraux sur la géologie qui ont paru l’an passé ont été publiés en Angleterre et aux États-Unis. Dans ce premier pays surtout la géologie s’est tout-à-fait popularisée ; témoin le succès du Manuel de M. de La Bêche, de l’ouvrage de M. Lyell, et des Opuscules, tels que les Conversations de géologie comprenant l’exposé des systèmes de Hutton et de Werner, la Géologie mosaïque de M. Granville Penn, et les dernières découvertes de MM. Buckland, Humboldt, Macculloch, etc. (In-B°. Londres, 1828), et deux ouvrages tout récens, l’un de Maria Hack, intitulé Esquisses géologiques, et coup d’œil sur l’ancien état de la terre (Geological Sketches and glimpses of the ancient earth. 1832), et l’autre de M. J. Timbs, ayant pour titre les Connaissances populaires, ou le pourquoi et le parce que tout pur dans les sujets ordinaires de la curiosité et des recherches concernant la botanique, la minéralogie, et la géologie. (The Knowledge, for the people, in-12. 1832.)

M. Mantell a sous presse une Introduction populaire à l’étude de la géologie.

M. Bakewell prépare une quatrième édition fort augmentée de sa géologie.

M. Phillips a fait, pour l’Encyclopédie métropolitaine, un bon article sur la géologie. La première partie du troisième volume des Principes de géologie de M. Lyell doit être en vente. Ce fractionnement de volume retardera encore la publication des tableaux de fossiles de M. Deshayes. Comme M. Lyell introduit dans son traité de géologie les détails de beaucoup plus d’élémens accessoires que ses devanciers, nous devons regretter qu’il ne nous donne pas un ouvrage complet, où seraient épuisées à sa manière toutes les questions géologiques théoriques, pratiques et de classement. C’est un travail qui pourrait l’occuper long-temps, et dont la fatigue éprouvée par la publication de trois volumes serait bien faite pour l’en détourner.

M. Buckland doit faire incessamment paraître un ouvrage sur la géologie en général.

Aux États-Unis, M. Featherstonaugh a donné, dans son Journal de géologie de juillet 1831 à mai 1832, une série d’articles sur l’Histoire des progrès de la géologie, et son état actuel relativement aux théories. La citation de ses auteurs devrait se trouver plus souvent dans ses compilations, du moins lorsqu’on y insère des articles entiers extraits d’ouvrages bien connus en Europe.

On sait que M. Eaton a publié une géologie particulière sous le titre de Geological Text-Book. M. le général van Renselaer, qui a créé le professorat occupé par M. Eaton, s’est fait le champion de ce dernier. La critique qu’on a faite de cette géologie dans le North-American Review pour avril 1831, a reçu une réponse de M. van Renselaer, qui est satisfait du système de M. Eaton, et le critique M. Featherstonaugh a répondu (août 1832.)

Si la science géologique véritable avance dans les pays anglais, bien des théologiens y continuent de confondre, de la manière la plus grotesque, les récits bibliques avec des faits géologiques prouvés physiquement aussi bien que tout problème de mathématiques. La marche de l’esprit humain, débarrassée maintenant de ce déluge d’écrits sur la théologie scolastique, devra-t-elle s’entraver de nouveau par l’esprit de secte qui envahit ces pays au même moment où ils prétendent cependant au premier rang dans la civilisation ?

Si on a du talent, qu’on l’emploie à observer, et non à commenter ; mais si l’on manque d’esprit, qu’on ne se donne pas la peine de reproduire des lieux communs.

En Angleterre, il a paru une histoire sacrée du monde, comme elle se déduit de la création et des événemens subséquens au déluge (Sacred History of the World, etc. Londres, 1812). Dans cet essai, appelé philosophique, l’auteur, M. Sharon Turner, donne une idée de la diversité des fossiles dans les différentes classes de formations, puis il trouve moyen d’arranger tout cela à merveille avec la cosmogonie mosaïque.

M. W. Higgins a public un ouvrage semblable, intitulé Exposé et comparaison des géologies de Moïse et des minéralogistes. (The mosaïcal and mineral geology illustrated and compared, in-8°, Londres, 1832.)

Cet auteur a la bonhomie de nier la succession des diverses créations telles que nous l’offrent les couches du globe ; à ce compte nous devrions découvrir bientôt en vie des ptérodactyles, des ichtyosaures, et d’autres animaux semblables.

Dans le cahier d’avril du Journal philosophique d’Édimbourg (1832), on trouve un mémoire sur les sources probables dont Moïse a tiré sa cosmogonie, et sur la concordance générale de cette dernière avec la géologie moderne.

L’anonyme nie la probabilité que Moïse ait emprunté aux Égyptiens des notions rationnelles sur l’histoire naturelle, et il place gravement en opposition, sur deux colonnes, les passages de la Genèse et les faits géologiques relativement à la distribution particulière des animaux fossiles.

Aux États-Unis, M. le professeur Cleaveland a cru devoir ajouter, à la traduction de la géologie de M. Bakewell, un Essai pour faire concorder la Genèse avec les observations géologiques ; et, au Kentucky, M. le révérend J. P. Durbin, du collège d’Augusta, a revu, dans le même sens, l’Histoire mosaïque, publiée par M. Wood.

Enfin, M. G. Fairholme annonce pour cette année une revue générale sur la géologie de la Bible, dans laquelle il démontrera la vérité incontestable des écrits sacrés, relativement aux évènements qui se sont passés dans le monde, et s’étayera du témoignage corroboratif des faits physiques offerts par toutes les parties du globe. (A général view of the geology of scripture, etc. Londres, 1 vol. 8°, 1833.)

Espérons que plus de philosophie a présidé à l’ouvrage publié récemment par M. le révérend W.-D. Conybeare, et intitulé : Sur l’Application de l’éducation classique et scientifique à la théologie, et sur les preuves de la théologie naturelle. (On the application of classical and scientific education, etc. In-8°. Londres).

Nous en attendons aussi davantage de l’ouvrage que prépare M. Buckland, pour remplir le vœu testamentaire de lord Egerton, qui a désiré un exposé scientifique de la sagesse des. vues de la Providence.

Si les Anglais ont une tendance particulière pour ces sortes de recherches, il parait aussi quelquefois en Allemagne et même en France, des ouvrages semblables. M. Chaubard nous a honoré d’un exemplaire de ses Élémens de géologie qui offrent, suivant lui, la concordance des faits géologiques avec les faits historiques tels qu’ils se trouvent dans la Bible, les traditions égyptiennes et les fables de la Grèce (in-8°. Paris, 1833.)

Dans une Lettre sur le Déluge (in-8° de 54 pages. Paris, 1833), M. F. Passot a prétendu prouver la formation aqueuse simultanée de toutes les couches à restes organiques.

M. Boubée nous promet le développement du tableau de l’état du globe à ses différens âges, où il démontre la concordance géologiques avec la Genèse ; et il imprime aussi une Géologie populaire (un vol. in-8o de 250 p. Prix, 2 fr.).

M. Wagner a publié deux volumes intitulés, le premier, l’Histoire naturelle des hommes, ou les Élémens de l’Anthropologie populaire, et le second, l’Histoire du développement de la terre et des hommes. (Naturgeschichte des Menschen, etc. Kempten, 1831).

Quelques Allemands continuent isolément à parler de la vie du globe terrestre, et même des autres astres. Tel est en particulier le titre d’un ouvrage de M. Ch. Wagner (das Leben des Erdballs, in-8o, Berlin), probablement aussi l’auteur des deux ouvrages sur le monde souterrain habité.

Dans celui-ci, il a le talent de retrouver dans le globe toutes les parties du corps des mammifères et leurs fonctions : ainsi le sol primitif sont les os, etc. Nous sommes bien charmés de voir M. Keferstein blâmer ces folies ; car, en disant que la terre est un grand organe, il ne semble maintenant que la comparer à un grand laboratoire chimique.

M. Fitton a consigné dans les annales des sciences les progrès réels que M. W. Smith a fait faire à la géologie. D’après des données incontestables et des témoignages dignes de foi, il a établi que, dès 1787, Smith cultiva la géologie, et qu’entre 1790 et 1791 il arriva à reconnaître la succession de toutes les masses secondaires de l’Angleterre, et à leur assigner à chacune des caractères zoologiques particuliers. En 1799 ses observations devaient être publiées avec une coupe générale de Snowdon à Londres, et il avait déjà colorié la carte du Somersetshire et des environs de Bath. Townsend publia seul les idées de Smith, et son ouvrage ne put voir le jour.

En 1804, il présenta sa carte géologique de toute l’Angleterre à la Société d’agriculture de Londres, et en 1815 cet ouvrage fut rendu public. C’est pendant cet intervalle, en 1810, que MM. Cuvier et Brongniart prirent date pour leur Histoire géol. des environs de Paris, ouvrage dans lequel ils appuient, comme Smith, sur l’extrême valeur des caractères zoologique employés, non seulement pour des ensembles de terrains, mais même pour des sous-divisions de terrains.

Cette récapitulation des travaux de M. Smith a amené

M. Fitton à énumérer les principaux savans anglais qui, avant Smith, ont servi à avancer la géologie en Angleterre, et ceux qui, avant lui, se sont occupés à dresser des cartes géologiques. Cet exposé n’est pas une simple répétition de ce qu’on trouve ailleurs ; car il fait ressortir pour la première fois le mérite géologique d’auteurs peu connus, ou ne s’étant occupé qu’accessoirement de la géologie, tels que Michell en 1761, Struchey en 1719, Owen pour son Histoire du comté de Pembrokeshire (1595), Stuckeley, pour son mémoire sur une carte des terrains de l’Angleterre ; Christophe Packe pour sa nouvelle carte chorographique du Kent orienta, et Andrews pour son Atlas historique d’Angleterre, sous le rapport physique, politique, astronomique, etc. du déluge au temps actuel (1797).

En reconnaissant tout l’intérêt des essais de cartes de ces derniers savans, ainsi que de celles de Busche, de Guettard, de Monnet et de Desmarets, nous trouvons omis, parmi les Français, M. Palassou, et parmi les Allemands, Fuchsel et Charpentier. Nous devons regretter aussi qu’il passe si légèrement sur la quantité de savans anglais qui ont voulu faire concorder la Genèse avec les faits géologique. Ce n’est pas le silence, mais un exposé rationnel de l’absurdité de ces recherches qui les fera abandonner. Dans un temps elles ont fait certainement faire des pas à la géologie en disposant plusieurs personnes à s’en occuper ; mais actuellement c’est un véritable hors-d’œuvre. (Phil. mag., août, oct. et déc. 1832 et janv. 1833.)

Avant de parler des recherches géologiques particulières, je me permettrai d’arrêter l’attention de la Société un instant sur l’état actuel des idées géologiques, relativement au grand classement des terrains, et sur la manière dont il convient de faire actuellement de la géologie. L’on a déjà dit souvent qu’il n’y avait pas de limites tranchées entre les formations secondaires et intermédiaires, la position contrastante n’étant qu’un accident local, et n’étant vraiment important que lorsque c’est un fait général. Récemment on a cherché à trouver des passages entre le sol secondaire et tertiaire, deux terrains qui semblaient bien séparés par leur gisement.

Les fossiles sont reconnut les seuls caractères distinctifs des roches intermédiaires ; car leurs roches et leurs minéraux se sont déjà retrouvés trop souvent dans le sol secondaire et même tertiaire. Leurs roches ignées ne les caractérisent pas, puisque ces matières ont pu percer toutes sortes de dépôts.

On appelle sol primaire ou roches primitives, les roches schisteuses cristallines ; jadis on leur avait imposé comme caractères de ne pas contenir de fossiles ; maintenant cette idée n’est plus soutenable : jadis on les croyait placées sous tous les autres dépôts ; à présent on les retrouve à différens étages dans le sol intermédiaire et secondaire.

Peu de personnes paraissent s’être rendu compte de ce singulier mode de faire de la géologie ; on place les gneiss et les micaschistes comme la première pellicule de la croûte terrestre ; puis on en intercale ça et là de nouvelles pellicules dans les couches neptuniennes.

Or qu’est-ce que ces roches schisteuses cristallines, qu’elles soient micacées ou talqueuses, quarzeuses ou feldspathiques, en petites masses ou en grandes chaînes ? Ce ne sont, suivant les uns, que des laves particulières, selon les autres des sédimens neptuniens altérés et retravaillés par les agens plutoniques. Mais n’adopte-t-on pas que les roches ignées, telles que les basaltes, les traps, les porphyres, les granites, les siénites, les serpentines, les euphotides, les sélagites, etc., peuvent, vu leur origine, se trouver à tous les étages ; ne lie-t-on pas à ces roches des dépôts métallifères de divers genres dont on rajeunit ainsi extrêmement l’âge ? D’un autre côté, pour le classement rationnel des roches schisteuses, cristallines, presque tout le monde a peur de suivre la même logique ; or, puisqu’elles sont des produits ignés, leur nature particulière ne fait rien à la chose ; donc on doit, on peut du moins les trouver à tous les étages, et on doit cesser, une fois pour toutes, de les appeler primaires et primitives, ces mots n’ayant plus de sens. Pourquoi donc ne pas adopter le mot de schistes cristallins, facile à introduire dans toutes les langues ?

J’ai dit que des géologues célèbres, tels que M. Marzari, etc., regardaient ces roches comme des laves ; je ne puis partager cette idée, parce que ces masses sont associées intimement avec d’autres, telles que des calcaires souvent à odeur bitumineuse, qui indiquent un dépôt neptunien. D’ailleurs des fossiles ont été trouvés non seulement dans ces calcaires qui, de compactes, sont devenus grenus et se sont quelquefois remplis de minéraux, mais encore dans les schistes eux-mêmes, comme en Suisse, dans les Grisons et en Italie. De plus, ces roches schisteuses présentent des portions tout-à-fait arénacées ; des gneiss à cailloux ont été indiqués dès long-temps Écosse, et il y en a dans les Vosges.

Enfin, en étudiant les Alpes centrales, les roches schisteuses de l’Écosse, des Pyrénées, des Apennins et des montagnes de la Bohème, l’on y trouve une analogie frappante d’accidents qui semblent prouver que ce ne sont, d’un côté, que des schistes argileux, des grauwackes et des calcaires altérés, et de l’autre des grès secondaires et des calcaires même crétacés, modifiés de la manière la plus bizarre. Ce n’est qu’alors qu’on comprend pourquoi il y a de si grandes différences entre les grands groupes de schistes cristallins et les petits, entre les schistes placés entre la grauwacke et le granite, et ceux entre le grès vert et les roches ignées, ou le sol volcanique caché entre les gneiss ordinaires et les protogynes schisteuses.

Les fossiles ont le plus souvent disparu dans les schistes cristallins, comment en pourrait-il être autrement ; mais le petit nombre de cas où on les trouve doivent être des traits de lumière. Suivant la plus ou moins grande altération subie, les caractères originaires des roches se sont effacés. Il y a des savans distingués qui ont prononcé l’impossibilité de la formation encore actuelle de quelque chose qui ressemble aux schistes cristallins ; je ne serai pas si prompt à préjuger cette question, et je pense bien plutôt à priori que si les mêmes circonstances se représentaient, les forces encore inhérentes du globe pourraient reproduite ce qu’elles ont fait jadis.

Effaçant donc du tableau des formations le sol prétendu primordial pour en former un dépôt igné en tête des roches de cette espèce, quel besoin y a-t-il d’admettre un sol intermédiaire, puisque ces formations ne se distinguent que par des nuances d’avec celles du sol secondaire ? Reconnaissons que les anciens géologues en savaient tout autant que nous : en effet, ils n’avaient qu’une classe secondaire et une classe primaire. Werner n’a établi son sol intermédiaire que d’après sa théorie sur l’origine du sol primaire ; et ne faisons plus que trois grandes classes de formations, savoir, : les terrains secondaires, tertiaires et d’alluvion. Cela n’empêchera pas de conserver toujours soigneusement les divisions du calcaire de montagne, du grès, pourpré, de la grauwacke, d’un calcaire particulier et d’un terrain schisteux ; mais ce ne seront que des dépendances du sol secondaire.

Si cette manière de voir ne plaisait pas, ce seraient du moins les formations intermédiaires qui, seules, mériteraient, dans l’état actuel de la science, la désignation de sol primaire. Cette dénomination adoptée, le sens des mots de secondaire, tertiaire et quaternaire ne se trouverait plus faux, et indiquerait la véritable position de ces terrains ; au lieu qu’actuellement ces termes ne sont, comme les noms d’individus, que des désignations de convention.

Je passe maintenant au mode particulier qu’exige aujourd’hui la pratique de la géologie.

Dans le siècle passé., et même encore du vivant de Werner ; on restreignait la tâche, du géologue à faire rentrer toutes les observations dans un certain cadre systématique que semblait présenter une très petite portion du globe. De nos jours le p champ de la géologie s’est prodigieusement agrandi ; non seulement les rochers des pays les plus éloignés ont résonné sous les coups de marteau des géologues, mais l’Europe entière a été soumise à l’investigation d’une foule d’observateur tant minéralogistes ou géologues que zoologistes ou botanistes. En conséquence les idées étroites ont fait place à des vues beaucoup plus larges ; on n’a plus fait de la théorie purement spéculative ; mais les détails de la géographie géologique avec la marche seule rationnelle du connu à l’inconnu ont amené la science à un état tel que déjà plusieurs parties très importantes pour l’économie publique se trouvent aussi solidement établies que tout problème mathématico-physique,

La géologie d’une province, d’un royaume, et même d’un bassin géologique, n’est pas celle de toute la terre ; tel est l’axiome nouveau ressortant déjà de l’inspection du seul continent européen. En effet, la partie du monde que nous habitons parait se diviser géologiquement en trois grandes zones, ou types ; savoir : les zones boréale et méridionale, qui sont séparées par une zone particulière.

Le nord est caractérisé par d’énormes accumulations de schistes cristallins, de roches primaires ou dites de transition, et de grandes éruptions ignées. Toute la série complète, des dépôts secondaires avec certaines roches ignées est propre à l’Europe moyenne, tandis que le midi de ce continent a pour cachet particulier le vaste dépôt subapennin avec ses aggrégats coquilliers supérieurs, le grès et le calcaire crayeux à rudistes et nummulites, et le grès carpatique ou apennin avec ses calcaires et ses roches d’origine ignée immédiate ou secondaire. Si au milieux de ces grandes masses le lias ne disparaissait pas, vu son peu d’importance, on pourrait ajouter qu’il manque presque toujours dans le sud de l’Europe.

Ces trois grandes divisions une fois admises, on les trouve bientôt trop générales, parce que les dépôts neptuniens et platoniques ont été encore plus locaux. Il devient donc nécessaire de sous-diviser les zones en régions.

Dans le nord de l’Europe on pourrait distinguer ainsi une région orientale et une région occidentale, savoir : d’un côté le groupe cristallin et ancien de la Scandinavie et de la Russie, et de l’autre, le groupe écossais et irlandais avec ses produits volcaniques rêcens et ses lambeaux secondaires.

Dans le milieu de l’Europe il y aurait quatre régions : l’une serait composée de tout l’ancien empire d’Allemagne, y compris la Prusse, le royaume de Pologne, une bonne partie de la Russie européenne, mais sans l’Autriche.

Une région occidentale comprendrait l’Irlande méridionale, l’Angleterre, le nord-ouest de la France et la Belgique.

La France orientale formerait un autre groupe, tandis que la Bohème et la Moravie, d’un côté, et le groupe central de la France, de l’autre, apparaîtraient comme des ensembles isolés entre la zone moyenne et méridionale de l’Europe.

Dans cette dernière portion de notre continent, deux types généraux dominent : ce sont les groupes des dépôts alpins et le groupe des dépôts apennins. Le premier comprend, non seulement les Alpes, mais encore les Carpathes, le Balkan, la France méditerranéenne, les Pyrénées et le nord de l’Espagne.

Le groupe apennin s’étend de l’Italie aussi bien en Dalmatie, en Albanie, en Grèce, qu’en Sardaigne, en Sicile, en Afrique, et dans l’Espagne méridionale. On pourrait lui donner peut-être encore plus convenablement le nom de type méditerranéen.

La Bohême et la Moravie sont caractérisées par l’absence de tous les dépôts secondaires entre le grès rouge et le sol crayeux, par ses roches tertiaires particulières, par l’isolement de ce bassin et par ses roches cristallines.

De plus, les distributions des roches ignées offrent certaines particularités dans chacun de ces groupes ; témoin les basaltes de la Bohème sans trachytes, l’accumulation énorme des trachytes, et les volcans éteints dans le groupe central de la France, les porphyres du terrain primaire ou de transition des Vosges, du Fichtelgebirge et du Cumberland, en opposition à ceux du Cornouailles et de l’Erzgebirge, ou aux roches ignées des bords du Rhin et de la Bretagne.

Dans le midi de l’Europe, le type apennin ou méditerranéen est caractérisé par ses roches tertiaires à amas de soufre, de gypse et de sel, et à dépôts coquilliers particuliers ; par ses grès et ses calcaires si récens et de nature si diverse, par ses masses de schistes cristallins et de marbre provenant de modifications ignées, par des éruptions anciennes souvent d’un genre particulier, par la quantité des matières volcaniques vomies plus récemment, et ses volcans encore actifs.

Le type alpin est formé par une suite particulière de roches secondaires et par d’immenses masses de schistes cristallins, roches qui sont souvent d’une nature sui generis. Ainsi, dans ce grand système, il se joint au type méditerranéen un dépôt arénacé et calcaire secondaire ancien, et un massif considérable de couches de calcaire jurassique et crayeux, presque sans oolites, mais avec des dolomies, des brèches calcaires, effets de brisement et de broiement, ainsi que des gypses, du sel et des minerais, produits de la voie ignée. Ce n’est que sur ces masses que sont venus se déposer ces grès apennins, et ont habité ces millions de rudistes et de nummulites.

Enfin le grand caractère du type alpin consiste dans les effets de soulèvement et de fendillement qui s’y présentent sur une échelle telle qu’on ne peut les étudier mieux ailleurs. La clef de la géologie des Alpes est dans l’étude des effets de ces forces, ainsi que des glissemeos, des abaissemens, des plissement, des redressemens, des recouvremens et des altérations les plus contraires en apparence à la nature des choses. Pour donner des exemples extrêmes, je vous rappellerai la position des roches des sommités des Diablerets, où les masses sont tellement repliées, que les dernières couches formées sont recouvertes par celles qui ont été déposées les premières.

Le redressement des calcaires des Alpes me paraît aussi la cause que le grès viennois se trouve le plus souvent à côté du calcaire en couches verticales, ou qu’il a l’air de plonger sous le calcaire des Alpes dont il est cependant la suite.

Enfin je mentionnerai l’enchevêtrement des gneiss granitoïdes avec les calcaires secondaires du Jungfrau, sujet d’une controverse entre MM. Hugi et Studer, l’un plutoniste outré, l’autre pour les soulèvemens très récens. (Voy. Bull. v. II, p. 51.)

Il s’agirait maintenant d’effleurer les détails qu’on possède sur chacune de ces régions géologiques naturelles. C’est un sujet vaste ; aussi je me contenterai dans ce moment des remarques suivantes :

La nature particulière de la zone septentrionale de l’Europe offrirait un vaste champ de recherches. Les forces ignées y semblent avoir joué toujours un grand rôle, et ébranlent encore de temps à autre le sol, tandis que la glace couvre maintenant des pays dont les couches recèlent des familles de plantes équatoriales. Cette végétation paraît surtout avoir disparu, et la neige avoir pris pied, depuis que les laves souterraines ont trouvé une libre issue à travers la croûte du globe, et que les émanations souterraines n’ont plus eu à altérer si violemment les dépôts neptuniens. Il y a eu là de grands, d’immenses bouleversemens, et la place des mers actuelles y semble cacher celle d’anciennes vallées aussi bien que celle d’anciennes chaînes de diverse nature. Ainsi la mer du Nord a dû être une de ces grandes vallées, dont le fond inégal était formé de toute la série anglaise et allemande des dépôts secondaires et tertiaires. Ces masses ont été ravinées, et enfin couvertes de blocs par suite d’une révolution épouvantable, qui est peut-être la seule cause de la séparation de la Scandinavie de la Grande-Bretagne, de l’existence de la mer du Nord, et des fentes latérales qui la réunissent à d’autres mers, ou constituent à elles seules des bassins isolés.

Je n’ai que peu de mots à dire pour justifier l’établissement de mes quatre groupes de l’Europe moyenne, car tout le monde connaît la série des dépôts secondaires de l’Allemagne. Il est bien connu que le Muschelkalk manque en Angleterre et dans la France occidentale, tandis que mon second groupe offre le système carbonifère. La France orientale se lierait à l’Allemagne sans le manque du Zechstein ; c’est un groupe de passage entre ceux de l’Allemagne et de la France occidentale.

S’il était permis de s’aventurer dans les conjectures, on pourrait penser que les observations prouveront un jour que le type alpin entoure presque totalement le type méditerranéen, le premier étant le résultat de forces et d’effets ignés, et, par suite, de dépôts neptuniens infiniment moins grands que le second.

L’émersion de la zone moyenne de l’Europe et celle des régions méditerranéennes sont probablement en rapport avec les soulèvemens immenses éprouvés par l’épine dorsale de l’Europe, les Alpes et leurs dépendances.

Entre les neuf régions que nous présente l’Europe, il y a des contrées qui établissent un passage d’une région à l’autre.

Je ne vous signalerai aujourd’hui que le type intermédiaire de l’Illyrie et de la Croatie, et celui du sud-ouest de la France. Le premier sert à lier, par ses masses de schistes cristallins et de roches primaires ou dites de transition, le système alpin secondaire et central avec les dépôts analogues de la Macédoine et de la Thessalie.

Le type du sud-ouest de la France est de montrer clairement les rapports des assises jurassiques du grès vert, et de la craie, avec le grès carpatique et le système secondaire à Rudistes et à Nummulites.

Dans les zones septentrionales et moyennes de l’Europe, la craie ne présente pas de restes de ces deux dernières classes si curieuses d’animaux marins ; on ne commence à les y voir qu’en entrant dans le terrain crayeux flanqué contre le revers méridional du plateau schisteux ancien qui se prolongeait jadis de la Vendée dans le Limousin. Ce n’est que dans cette partie de l’Europe qu’on acquiert ainsi la certitude que la formation crétacée comprend des masses énormes et très variées de roches arénacées et de calcaire compacte, argileux, oolithique, bréchoïde, (ou magnésien, y compris des amas gypseux et salinières. D’après le degré de soulèvement éprouvé, ces roches bordent des côtes (Provence), forment des plaines (Égypte), des coteaux (Istrie, Sicile, Sardaigne, Égypte), de hautes montagnes (Provence, Transylvanie méridionale), ou simplement des crêtes (Alpes orientales et du Vicentin), et des sommités élevées (Pyrénées, Alpes de Savoie). Je dois ajouter que le sud-ouest de la France indique encore d’une autre manière son caractère de type intermédiaire, en présentant une série particulière de dépôts tertiaires, qui établissent un passage entre ceux de l’Europe septentrionale, et ceux de la zone méridionale. Dans ce cas la géologie est tout-à-fait d’accord avec la zoologie, qui a conduit, comme on le sait, aux mêmes idées.

Maintenant je pense, qu’avant toute autre chose, il faut étudier isolément chacune des régions de l’Europe sous le point de vue géologique et zoologique, avant d’espérer de pouvoir établir des parallèles satisfaisans entre les dépôts.

Ainsi on arrivera à voir si l’on doit adopter l’idée d’une contemporanéité parfaite pour chaque terme des formations dans chaque zone et chaque région ; ou bien si, ce qui paraîtrait plus probable, les séries de formations de l’Europe offrent bien en grand une espèce de concordance dans la succession de leurs dépôts, tandis que les dépôts parallèles de chaque grande formation n’auraient pas été formés dans le même ordre chronologique.

Prétendre déjà maintenant que les bassins tertiaires ont été émergés ou submergés l’un après l’autre me paraît jusque là une idée ingénieuse, mais trop hasardée. Néanmoins l’on ne doit pas méconnaître que les causes les plus notables des changemens dans les types géologiques et paléontologiques de l’Europe sont à chercher dans les soulèvemens graduels des chaînes et les diverses éruptions ignées. Ce sont ces phénomènes qui ont pu non seulement altérer la végétation et les créations animales, mais encore accélérer ou retarder la formation des grès et des calcaires.

Je m’arrête ici, et je ne voudrais pas m’éloigner de l’Europe ; néanmoins je crois bon de vous faire remarquer que nos connaissances géologiques actuelles sur les autres parties du globe nous permettraient d’apercevoir aussi des régions géologiques comme en Europe. Ainsi, dans le nord de l’Amérique, la partie tout-à-fait boréale forme un contraste frappant avec la géologie des États atlantiques des républiques du nord, et celle-ci avec les dépôts du grand bassin du Mississipi. Le Mexique et le Brésil donneraient deux grands types bien particuliers, et plusieurs autres se trouveraient dans le reste de l’Amérique méridionale.

Dans les Indes orientales, les îles volcaniques pourraient être opposées à l’île de Ceylan, et aux grandes étendues de schiste cristallin et de granite des présidences de Madras et de Bombay ; tandis que la géologie de ces contrées serait en disparate avec la région trappéenne centrale, avec celle à dépôts de houillères et de roches secondaires, et avec la nature de l’Himalaya et des montagnes du Thibet.

Enfin, le nord de l’Asie pourrait se diviser en Sibérie occidentale, Sibérie orientale, Kamtschatka et la Perse, et d’autres contrées (Asie mineure, Syrie, etc.) viendraient figurer comme régions et groupes intermédiaires. La géologie et la géographie donneraient ici les mêmes indications.

Je passe maintenant aux fait géologiques particuliers qui ont occupé les géologues en 1832.

M. Necker a exposé ses idées sur la minéralogie considérée comme une branche de l’histoire naturelle, et a donné une esquisse d’une classification des minéraux fondée sur les principes de la méthode naturelle. (Edinb. Phil. journ. Avril ; et Bibl. brit. Juillet et août 1832.)

M. Sokolov, professeur de minéralogie à Saint-Pétersbourg, a publié un Nouveau système chimique de minéralogie. (Gornoï. J., 1831, n° 12, p. 317.)

M. Zeuschner, professeur de géologie et de minéralogie à Varsovie, est occupé à imprimer en polonais des Élémens de minéralogie.

M. Uphans Shepard a imprimé à Newhaven, un Traité sur les caractères minéralogiques (in-12).

Le docteur Brewster ajoute aux quatre systèmes cristallins (rhomboïdal, pyramidal, prismatique et tessulaire), adoptés par M. Mohs et d’autres minéralogistes, un cinquième qu’il appelle composé, et qui comprend les séries de structure critalline qui ne rentrent pas dans les quatre premiers systèmes, et qui ont été découverts, surtout par les phénomènes de la polarisation de la lumière. Il partage cette classe nouvelle en deux, l’une pour les minéraux dont la combinaison n’altère pas individuellement les propriétés physiques des cristaux, et l’autre où cet accident change ces propriétés.

M. le professeur C. Karsten a analysé différens minéraux qui se présentent sous la forme d’une espèce de gelée, et qui paraissent des composés très récens. Ce sont le Kupfermanganerz de Schlackenwald, le Péloconit de M. Richter, le Pinguite de Wolkenstein, une Lithomarge de Rochlies, l’Urane oxidulé de Johanngeorgenstadt, le Kollyrite de Weissenfels, l’Alumocalcite d’Eibenstock, le Quarz concrétionné thermogène du Geyser, et deux substances bolaires, l’une de Freiberg et l’autre d’Oravitza dans le Bannat. Il observe que toutes ces matières minérales excepté la Lithomarge, renferment beaucoup de silice et d’eau, et que la silice y est dans un état intermédiaire entre la suspension mécanique et la combinaison chimique. Comme dans les scories de fourneaux, la silice se trouve toujours en état de combinaison, il conclut que les minéraux précédens ont été formés récemment par la décomposition de véritables silicates. (Jahrb. f. Chimie de Schweigger, vol. VI, cah. 1 et 2 ; et Arch. f. Miner., vol. V, cah. 2, p. 409.)

Cette notice se rattache bien à celle que M. Desnoyers a donnée sur divers échantillons de silice pure hydrophanique. (Voy. Bull., vol. II, p. 424.)

M. Brandes a analysé des roches argileuses compactes du Keuper du la Westphalie. (Annales de Poggendorf, vol. XXVI, cah. 6.)

Le changement de place de la cataracte du Niagara, et son rapprochement graduel du débouché du lac Ërié, a été souvent l’objet des calculs de divers géologues. M. Featherstonaugh croit que M. Lyell, basant son calcul sur un accident local, a exagéré beaucoup la rapidité avec laquelle se détruisent les roches calcaires et arénacées des bords du Niagara. (Monthly J. of geol. Juillet. 1831, page 21.)

À chacune des différentes époques géologiques il y avait des continents découverts qui ont dû acquérir petit à petit de la terre végétale ; or, dans les couches du globe on n’a guère retrouvé cet ancien humus. Le cas de Portland et Purbeck est encore sujet à des doutes. (Voy. Bull., vol. I, p. 68.)

M. le docteur Sprengel a cru retrouver une couche de cet humus dans des lits noirâtres placés au Habichtswald entre du lignite et du tuf basaltique. M. Beckmann croit de plus que cette masse, dont il donne l’analyse et la description minéralogique, est identique avec certaines argiles charbonneuses appelées par les Allemands Kohlenletten. (Jahrb. f. Min. 1831, cah. 4.)

J’ai publié mes idées sur les alluvions anciennes et modernes, et j’ai tâché de montrer qu’on avait voulu trop isoler le prétendu diluvium des dépôts de transport qui se forment encore journellement. De plus, je n’ai pas eu de peine à prouver que le déluge mosaïque n’avait rien de commun avec la formation des alluvions anciennes ; opinion à laquelle sont aussi revenus franchement MM. Conybeare, Sedgwick, Daubeny, Murchison, et d’autres géologues anglais. (Mém. géol. et paléontologiq., vol. I.)

MM. Murchison et Sedgwick avouent eux-mêmes que sur le pied des Alpes orientales, il n’est pas aisé de séparer les alluvions anciennes et modernes, ni même les premières avec les agglomérats de l’époque tertiaire la plus récente.

Le phénomène des blocs continue à exercer l’attention des géologues. Ces masses, présentes sur le pied de certaines chaînes, et absentes dans d’autres, sont un des meilleurs chronomètres des révolutions survenues sur le globe.

En 1832, M. de Meyer s’est occupé des blocs granitiques et dioritiques dans le Fichtelgebirge et en Bohème. Ces masses ne sont pas arrondies, mais angulaires, comme M. le comte Rasoumovski les a bien décrites en Moravie. Elles diffèrent des blocs roulés en ce qu’elles se trouvent sur la roche dont elles dérivent, ou dans son voisinage. Elles paraissent avoir été détachées avec violence, lorsque les roches étaient déjà, consolidées.

C’est aux environs de Carlsbad et du bain Alexandre, dans le Fichtelgebirge, que l’auteur a observé ce phénomène. Il pense que ce genre de blocs doit son origine au granite soulevé par l’apparition de roches ignées plus récentes. (Jahrb.fur Min., cah. 1.)

M. Boubée a parlé du terrain alluvial ancien à blocs erratiques près de Lyon. (Voy. Bull. v. II, p. 433.)

M. de Luc a donné un second Mémoire sur certains blocs erratiques (Euphotide, Protogine, Poudingue) du bassin de Genève, et en particulier sur les cailloux calcaires et de grès. Dans ce mémoire se trouvent consignées des observations sur diverses couches alluviales inclinées de 10 à 35°, et sur les bouleversemens et dégradations éprouvés par les roches tertiaires et secondaires du Léman. (Mém. de la Soc. de phys. et d’Hist. nat. de Genève, vol. V, p. 89, 1832.)

Pour les dépôts tertiaires, j’ai examiné les classemens exposés par M. Brongniart, et les caractères assignés par ce savant aux divers étages du sol tertiaire.

Nous avons maintenant des caractères paléontologiques pour distinguer le terrain tertiaire inférieur de celui des collines subapennines. et des dépôts coquilliers superposés à ces dernières.

D’une autre part, le sol subapennin est bien nettement séparé de ces dépôts coquilliers que M. Deshayes place entre le terrain subapennin et le terrain parisien.

Les molasses de Supergue remplissaient jadis une grande partie de la vallée du Pô, et séparaient les calcaires à nummulites et les argiles du Vicentin des marnes et des sables subapennins. Ainsi il y a dans le nord de l’Italie décidément trois ou quatre étages tertiaires.

D’une autre part, nos classifications manquent de bases, quand les fossiles ne sont pas présens ou que nous examinons des lambeaux tertiaires isolés ou seulement des lignites, comme il arrive dans tout le bassin de l’Europe septentrionale. Ces derniers amas de végétaux sont surtout très difficiles à classer, parce qu’ils ont pu se faire à toutes les époques, qu’ils ne sont accompagnés que de très peu de fossiles, et que, dans le cours de leur charriage, ils ont pu s’arrêter à toute espèce de niveaux. M. le capitaine Lehunte a analysé le Labradorite d’Écosse, et a trouvé ce minéral beaucoup plus fréquent dans les roches trappéennes à l’ouest des bassins houillers de Glasgow et de Stirling, que dans les trapps des houillères. On distingue ce minéral du feldspath au moyen d’une dissolution dans l’acide muriatique en excès et d’une précipitation par l’oxalate d’ammoniac. L’auteur trouve que les roches trappéennes doivent encore être soigneusement étudiées avant de leur imposer divers noms. (Edinb. phil. Journ., avril 1832, p. 86.)

M. Gmelin a analysé le basalte, et a trouvé que sa composition rendait impossible sa dérivation d’un granite en fusion, comme on a voulu le supposer quelquefois pour certains pays comme dans le Vivarais. Le basalte empâte des roches granitiques et les altère, mais il est une substance volcanique sui generis.

M. le major G. Bender a estimé la pesanteur spécifique des roches basaltiques sur les bords de la Delaware, aux États-Unis ; et M. de Dechen à Fait de semblables expériences sur celles de l’Écosse. (Jahrb. für Min. 1833, cah. 1, p. 56.).

M. Monticelli a observé ans une des laves les plus anciennes du Vésuve, celle de la Scala, beaucoup de fentes verticales et horizontales, et des couches curvilignes. Il ne croit pas que le refroidissement prompt produise toujours des fendillemens, témoin des laves qui, quoique coulées dans la mer, ne les présentent pas. Il préfère attribuer ces retraits et l’arrangement curviligne aux forces d’attraction agissant sur la masse pendant son état fluide. (Proceed. 1831-1832, p. 396.)

L’ouvrage de M. de Léonhard, sur les Basaltes, a paru, et est accompagné d’un bel Atlas. À ce qui en a été déjà dit dans le Bulletin (voy., Bull. v. II, p. 205), je ne puis qu’ajouter que les gisemens divers du basalte y sont exposés avec beaucoup de détails.

Deux de nos confrères ont traité la question des volcans : M. Girardin a donné des considérations générales sur les volcans, et un examen critique des diverses théories proposées pour expliquer les phénomènes volcaniques (Rouen, 1831), tandis que M. Huot a imprimé à part son coup d’œil sur les volcans et sur les phénomènes volcaniques considérés sous les rapports minéralogiques, géologiques et physiques (Paris, 1831), article de l’Encyclopédie méthodique, et accompagné d’un joli Atlas de vues et de coupes. Les titres de ces deux ouvrages montrent déjà le but différent dos deux auteurs ; l’un s’est occupé surtout des théories, l’autre des faits, du détail des roches, de l’énumération des fossiles dans les roches volcaniques, etc., etc.

M. Daubeny prépare un article sur les volcans, pour être joint à celui sur la géologie que M. Phillips a composé pour l’Encyclopédie métropolitaine. M. W. Higgins a donné quelques notions générales sur les volcans. (Mag. de London. Avril à sept. 1832.)

Enfin l’ouvrage de M. Hibbert sur le Rhin inférieur, est une publication qui doit intéresser vivement les personnes s’occupant des volcans et de leur action ancienne et moderne. Il y parle en particulier de plusieurs éruptions boueuses.

Le volcan qui a surgi pendant quelques instans du sein de la Méditerranée a occupé bien des personnes. Je ne citerai que MM. C. Prévost (voy. Bull. v. II, p. 32), Pasini (Annales des Sciences du royaume Lomb.-Vénit.), le capitaine Smith et le docteur Davy. (Transact. philosophiq. de la Société royale de Londres pour 1832, vol. II, part. 3. Phil. mag. Juill. 1832 ; et Ann. des Mines, 1832.)

M. Smith a rectifié l’idée que cette île était un banc sous-marin soulevé ; elle a surgi à l’est d’un banc à plus de 100 toises de profondeur, et on n’avait découvert dans son voisinage qu’un seul point très petit, qui ne se trouvait qu’à 7 toises sous la surface de l’eau. Sur le banc Adventure qui s’étend de la Sicile à Pantellaria, on trouve 76 toises de profondeur, tandis que, quelquefois, on n’arrive pas au fond de la mer à 375 toises.

M. le docteur Davy a trouvé que les phénomènes présentés par le volcan passager de la mer sicilienne confirment l’idée dernière à laquelle son illustre frère s’était arrêté relativement à l’origine des volcans en général ; savoir : que le noyau de la terre jouissant d’une fluidité ignée est poussé quelquefois à travers la croûte terrestre par la force de la vapeur et des gas. On se rappelle que sir Humphrey Davy avait préféré cette explication à l’hypothèse de l’origine chimique des volcans, et à la décomposition de l’eau par des bases métalliques.

Les matières rejetées par le volcan sicilien ont été trouvées composées d’alumine, de chaux, de magnésie et de silice, avec un peu de protoxide de fer et sans potasse. Ces masses n’étaient pas cristallines, excepté quelques portions ressemblant à du basalte rvsiculaire. Dans l’eau du cratère, M Davy a trouvé des parties végétales, du sulfate de chaux, un peu d’alumine, de l’oxide de fer et une trace d’oxide de manganèse. Toutes ces substances étaient combinées avec un acide probablement sulfurique ou muriatique, et il y avait une quantité notable d’hyposulfute de chaux et de magnésie, mais point d’acide libre, ni d’alcali, ni de potasse, ni d’ammoniaque, ni d’acide nitrique, ni d’iode ou de brome. Les gaz exhalés par le volcan étaient de l’acide carbonique et de l’hydrogène sulfuré. C’est décidément un cratère d’éruption de non de soulèvement.

Si un autre de nos confrères n’était pas chargé de résumer les travaux de la Société, j’aurais retracé les vives discussions qui ont lieu sur la théorie des cratères de soulèvement entre MM. de Montlosier, Cordier et Prevost (Rapport sur l’île de Julia, séance du 21 déc.), d’un côté, et MM. de Beaumont et Dufresnoy de l’autre. (Voy. Bull., v. Il, p. 395 à 400.)

Cette controverse devient d’autant plus piquante que M. Hoffmann vient de passer d’un camp dans l’autre, et que le Cantal et le Mont-d’or sont décrits par MM. Dufresnoy et de Beaumont (voy. Bull., v. II, p. 400, et séance du 3 déc. 1832), comme des exemples excellents de cratère de soulèvement et de barancos, tandis que M. Cordier n’y voit que des accumulations de coulées et de déjections incohérentes, et des vallées produites par une érosion diluvienne. (Voy. Bull., vol. II, p. 401.)

Enfin, M. de Beaumont, poussant la théorie en question aussi loin que possible, vous a décrit, comme un cratère de soulèvement, une protubérance crayeuse, sur les bords de laquelle s’appuie du calcaire grossier, et il y a trouvé de la dolomie crayeuse. (Voy. Bull., v. II, p. 419 et 421.)

Si l’hypothèse mécanique des volcans a gagné deux grands chimistes, les frères Davy, la théorie chimique a encore des partisans zélés, témoin M. Lyell et M. le professeur Daubeny qui a essayé de répondre aux objections faites à ce système. M. Lyell suppose qu’une masse d’eau de mer vient en contact dans l’intérieur de la terre avec des matières du moins incandescentes, si elles n’ont pas une fluidité ignée.

M. Daubeny proteste contre l’idée que l’eau salée soit nécessaire dans sa théorie ; il ne demande que la présence d’une masse d’eau quelconque, ce qui lui sert à faire rentrer dans les lois générales les prétendues anomalies présentées par les volcans situés fort loin de la mer. Il montre très habilement que les volcans éteints de l’intérieur n’ont cessé leurs éruptions que lorsque ces contrées volcanisées n’ont plus présenté de grands lacs d’eau douce, comme en Hongrie, en Auvergne, etc.

M. Daubeny trouve que la théorie mécanique ne rend compte que de l’émission des courans de laves, sans expliquer la force qui les soulève, leur nature chimique et la production des gaz et des vapeurs aqueuses. L’hypothèse de M. Lyell ne jette pas non plus assez de jour sur l’origine des parties gazeuses.

Sa théorie, au contraire, expose la manière dont l’hydrogène se combine en si grande quantité avec le soufre, la présence de l’acide muriatique libre dans les vapeurs, et les efflorescences de muriate et de carbonate de soude, faits inexplicables d’après lui par les autres hypothèses.

M. Daubeny s’occupe de la question de l’augmentation graduelle de la température à mesure qu’on pénètre dans les entrailles de la terre. Il trouve que cette donnée n’est pas encore établie d’une manière constante et uniforme, et que M. Cordier y signale même des différences locales sensibles. Il demande si cette augmentation de température dans les mines ne pourrait pas provenir de dégagemens de l’acide carbonique ou des propriétés électro-magnétiques des filons métallifères.

Enfin il trouve extraordinaire que sir Humphrey Davy, rejetant son ancienne théorie, reproduise ses expériences faites au Vésuve pour établir cette dernière, et il pense que l’autorité du célèbre M. Fourier ne peut être d’aucun poids dans la balance, parce que les résultats de ses recherches analytiques tendent seulement à prouver la compatibilité d’une pareille chaleur centrale avec les phénomènes observés à la surface du globe. On peut donc chercher ailleurs les causes de ces effets ; or le phénomène des climats peut être déduit clairement des effets de la radiation solaire modifiée par des situations locales ; donc il n’ajoute rien aux preuves dérivées de la température souterraine en faveur de l’existence d’une chaleur centrale. La température actuelle de la surface est, d’après M. Fourier, aussi près que possible celle que lui donneraient simplement les seuls rayons solaires. (Edinb. phil. journ., janv. 1832.)

M. Kuppfer continue ses remarques sur la température moyenne de diverses parties de l’empire russe, sur celle de Sébastopol en Crimée, et récemment il a donné des détails sur celle de Nikolaïev, de l’île d’Ounalachka et de Sitka, sur la côte du nord-ouest de l’Amérique, ainsi que la hauteur barométrique de ce dernier lieu. (Voy. Philos. Mag. Août et déc. 1832 ; et surtout son Mém. sur les lignes isogéothermales, lu à l’acad. de St-Pétersbourg en 1829.)

M. Kloeden a donné un mémoire sur l’Augmentation de la température à mesure qu’on s’enfonce dans le globe. Il y cherche à corroborer la théorie proposée par M. Cordier, et à répondre aux objections de M. Parrot, surtout relativement aux basses températures des profondeurs des mers. (Jahrb. f. Min. 1831, cah. 4.)

M. de Seckendorf a publié un mémoire sur le refroidissement et la pesanteur de la terre, considérés comme forces agissantes lors de la formation du globe. Après avoir admis de prime abord que la terre est un corps dans l’état de refroidissement, il demande si son incandescence a été précédée par un état chaotique ou une dissolution chimique, ou si la terre, amenée à cette haute température par des raisons physiques et chimiques, a dû, pour des causes astronomiques, s’agglomérer tout de suite en planète isolée.

Il ramène ensuite tous les fendillemens du globe aux effets du refroidissement lent, augmentant sans cesse la différence de température du noyau intérieur et de l’atmosphère, ou de la surface. Il s’explique ainsi, comme M. Cordier, la formation et les alternats des roches schisteuses cristallines et du granite, et reconnaît dans la croûte terrestre une série non interrompue d’effets ignés et neptuniens. Il passe après cela à la considération des effets de la pesanteur, qui a eu sa part d’influence sur la position des parties basses du globe au moment du soulèvement des portions les plus élevées : des abaissemens ont accompagné les soulèvemens ; la formation des cavités des mers est en partie concomitante de celle des chaînes des montagnes. Il déduit encore la formation des fentes ou des filons de la force de la pesanteur.

Plus loin, entrant dans des détails particuliers, il émet l’idée que l’abaissement du niveau de la mer Caspienne peut provenir des changement éprouvés dans le fond de cette mer.

Il n’attribue que peu d’effets à l’action de l’eau et de l’air dans la formation des dépôts terrestres, et prétend même que, si la dispersion des blocs est en partie un effet de charriage, ils sont dus originairement au fendillement et à la séparation de grandes masses ignées poussées hors des entrailles de la terre. L’intérieur du globe a été de tout temps le réservoir des différentes formations qui ont eu lieu à sa surface. Il attribue le dépôt du fer limoneux à l’échappement de gaz de l’intérieur du globe.

Il cherche à établir que la gravitation planétaire exerce son influence, non seulement à la surface de la terre, mais encore sur toute sa masse. Il conclut que la pesanteur de la partie de la terre tournée contre le soleil doit être moindre que celle de la portion opposée, ce qui naturellement déplace le centre de gravité, et le porte de ce qu’on appelle vulgairement le centre vers la partie du globe qui ne jouit pas du jour.

Supposant un moment d’arrêt dans le mouvement du globe, il commencerait, d’après les lois mathématiques, à tourner de l’est à l’ouest : donc le centre de gravité de la terre n’est pas fixe mais mobile, et il se meut parallèlement à l’écliptique en vingt-quatre heures autour du centre, tandis que tout le globe a un mouvement rotatoire.

Si la terre se refroidit, et si elle a eu à son origine une fluidité ignée, elle a dû avoir une plus grande surface ; donc elle a du tourner plus vite sur son axe, et éprouver une plus grande pression atmosphérique.

Enfin, les phénomènes des variations quotidiennes dans l’aiguille aimantée lui paraîtraient liés aux effets que l’attraction solaire produit sur le globe terrestre ; ce serait un phénomène analogue aux marées. (Jahrb. f. Min. 1832, cah. 1.)

MM. Hansteen et Adolphe Ermann ont publié chacun un mémoire sur les phénomènes du magnétisme terrestre. Comme M. Dupefrey, M. Hansteen a tracé les lignes d’égale intensité magnétique, telles qu’elles résultaient des observations faite dans l’Asie septentrionale (Tidskrift for naturvidenskab. N. S. n° 1, p. 1), et M. Ermann a réuni à une brochure son rapport à l’académie des sciences de Berlin, sur la suite de ses observations magnétiques dans l’Asie russe, et à travers le grand Océan et l’Océan atlantique. (Bericht, etc. In-8°. 1832.)

M. Fox croit avoir quelques faits contraires, selon lui, à l’hypothèse ignée. Les roches chauffées ont dû éprouver une expansion, et par le refroidissement elles ont dû se contracter ; ainsi donc ayant occupé plus de place qu’actuellement, comment les masses ignées ont-elles pu s’intercaler dans leur position ?

Il rappelle aussi qu’il y a des filons plus larges dans le bas que dans le haut. (London and Edinburgh philos. Magazine, 3e série. Nov. 1832.)

M. Zippe s’est occupé d’un sujet fort curieux, savoir, sur les pseudomorphoses observées dans divers filons de Bohème. M. Haidinger a déjà donné un mémoire sur cette formation parasite d’espèces minérales, où cette disparition de certains cristaux pour être remplacés plus tard par d’autres minéraux qui, au lieu d’offrir leurs formes ordinaires, prennent alors quelquefois celles des substances qu’ils remplacent (voy. Trans. of the roy. soc. of Edinburgh, 1827). C’est un sujet digne de toute l’attention d’un chimiste exercé, car il offre des problèmes qui, en apparence, paraissent quelquefois insolubles, d’après nos connaissances chimiques actuelles.

M. Zippe a observé à Przibram du plomb carbonaté provenant évidemment de la galène décomposée ; ce qui est extraordinaire, c’est qu’on n’y trouve pas de plomb sulfaté. La galène y a l’air quelquefois d’avoir coulé ou éprouvé une grande chaleur. Il est encore plus singulier, que divers minéraux, tels que le fer sulfuré, le quarz, le fer hydraté, soient venus prendre la place le cristaux de baryte sulfatée, minéral non soluble. il signale aussi des druses de galène sur des cristaux de pyrite.

Les filons de fer oxidé rouge de Giftberg, près de Horowitz, offrent des druses de baryte avec des impressions de cristaux de spath magnésien. Dans les filons du gneiss d’Altwossiz et de Ratieboriz la galène se change aussi en carbonate et phosphate. Dans ceux de Mies on observe des cristaux de plomb carbonaté ayant la forme hexaèdre de la galène, du quarz sous celle du spath calcaire, et sous celle d’un minéral probablement jusqu’ici inconnu.

Dans les filons de Joachimsthal il y a des pseudomorphoses drusiques, ayant différentes formes du spath calcaire, des pyrites ayant celle de l’argent antimonié sulfuré, et des pyrites sous celle de l’argent sulfuré. De plus, on y connait comme des produits secondaires, le Johannit, l’urane oxidé carbonaté, la pharmacolithe et le cobalt arséniate pulvérulent.

Les filons de l’amas d’étain de Schlacenwald offrent des cristaux de baryte ayant la forme du wolfram ; il y a aussi de la stéatite et de la lithomarge provenant de la décomposition. Le karpholite y passe à la stéatite. Enfin, M. Zippe y a découvert une pseudomorphose remplie de chaux phosphatée et d’une forme telle qu’un minéral jusqu’ici inconnu, et du système hémiprismatique, a dû primitivement composer ce cristal.

Des pseudomorphoses de chaux phosphatée avaient-elles déjà été trouvées ? (Verhandl. der Gesell. des vaterland. Museum in Bohmen. 1832.)

Sur la liaison des filons métallifères et des roches non stratifiées, j’ai à signaler deux mémoires, l’un de M. Necker, et l’autre de M. A. F. Maier, intitulé : Recherches géologiques pour la détermination de l’âge des filons, et la formation des filons d’argent et de cobalt de Joachimsthal dans l’Erzgebirge. (In-8° avec une carte. Prague, 1830.)

Les filons de Joachimsthal traversent le micaschiste, et offrent beaucoup de matières argileuses produites par des glissemens et des frottemens. Des filons de basalte et de porphyre s’associent au contact du granite et du micaschiste, aux fentes précédentes dont elles ont aussi la direction. Lorsqu’un filon porphyrique est traversé par un filon métallifère, la roche est altérée, siliceuse, et le filon est plus riche quand les minerais pénètrent dans des fentes du porphyre. Il en est de même à l’entrecroisement du basalte et d’un filon métallifère. Ailleurs on trouve le contraire, c’est-à-dire que le basalte traverse les ce qui prouve que ces deux sortes de fentes ont été remplies presqu’à la même époque.

D’une autre part le basalte recouvre le grès vert et les lignites tertiaires de Bohême ; donc la formation de ces filons métallifères tombe dans la période tertiaire.

Le porphyre de Johann-Georgenstadt est tout-à-fait semblable à celui de Tœplitz, et est intimement lié au granite d’Altewald et de Ziunwald ; mais à Toplitz le porphyre a altéré la craie coquillière ; donc ce sont des dépôts très récens.

On comprend que l’auteur est porté à placer le remplissage des filons métallifères par sublimation dans des époques beaucoup plus modernes qu’on ne le pensait, et qu’il les lie à l’apparition des porphyres et des basaltes.

Cette théorie n’est pas celle de M. Keferstein, qui préfère recourir au jeu des états électriques, opposés des masses terrestres. (Teuschland, vol. VII, cah. 2 ; Gaz. geol., p. 125.)

M. Necker a tâché de soumettre à des lois géologiques générales la position relative des dépôts métallifères, par rapport aux formations de la croûte terrestre. Il montre, par des exemples nombreux, que les filons métallifères sont toujours accompagnés de roches non stratifiées, et que certains dépôts aurifères sont disséminés dans les masses même non stratifiées, comme dans le granite, dans le bassin de l’Orinoco, dans les porphyres au Mexique, en Hongrie et Transylvanie, dans les serpentines, et les diorites dans l’Oural.

Il considère ensuite le cas où il n’y a pas de roches visibles non stratifiées dans un district de filons, et il tâche de prouver qu’alors les dépôts non stratifiés s’étendent sous ce genre de contrées, ou sont très près de là. Il cite à l’appui le granite placé sous les montagnes de Valorsine, et les dépôts métallifères de l’Écosse méridionale, de la Bretagne, de l’île d’Elbe, du Mont-Rose, des Vosges, etc.

Puis il répond à la question s’il existe vraiment des filons métallifères sans aucun rapport avec des roches non stratifiées. Dans cette classe il place les mines de la Belgique, celles d’Idris, les mines de plomb de la vallée de la Mur, de Pezay, et du calcaire du S.-O. de l’Angleterre.

Enfin il pense que les minerais sont plus abondans dans le granite, les siénites, certains porphyres, les roches amygdalaires et les trapps, que dans les porphyres récens, les dolérites et les roches volcaniques. (Proceed. 1831-1832, p. 393.)

Si les dépôts métallifères sont liés aux éruptions de diverses roches ignées, est-ce que tous les métaux indifféremment ont été des accessoires de chaque grand soulèvement volcanique, ou certains métaux ne semblent-ils pas plutôt en rapport avec l’apparition de certaines roches ?

La dernière supposition me paraît la plus probable. En effet, on trouve les minerais de cuivre surtout près des diorites ou dans les pays à éruptions de serpentines, comme dans le Cornouailles, le Bannat, l’Oural et le nord de l’Amérique. D’un autre côté, l’or et le tellure paraissent être un appendice des porphyres amphiboliques, appelés pour cela porphyres métallifères, roches d’un âge postérieur à la craie comme en Hongrie et en Transylvanie.

Un autre dépôt aurifère est-il lié à la formation des protogynes et des roches serpentineuses, comme dans les Alpies et l’Oural ?

L’argent est surtout l’apanage des terrains traversés par des porphyres quarzifères ou du granite, comme dans l’Erzgebirge. Le mercure accompagne aussi les porphyres quarzifères.

La galène et le zinc paraissent liés aux éruptions trappéennes et pyroxéniques, comme en Angleterre et dans les Alpes orientales. Le fer oxidulé est un dépôt concomitant de certaines roches très amphiboliques, le fer oxidé de certains dépôts trappéens, tandis que le fer oligiste est un grand accident des terrains talqueux, comme au Brésil. Sur la distribution des minerais de manganèse, d’antimoine et de bismuth, on pourrait aussi faire des observations semblables.

La théorie de la sublimation des minerais en filons et en réseaux est-elle définitivement établie ? je ne le crois pas ; car si elle présente des probabilités, il lui manque beaucoup de preuves que la marche du connu à l’inconnu devrait lui fournir, si elle était le seul véritable mode dont se soit servie la nature.

En effet, les volcans actuels n’exhalent que deux métaux, du fer et un peu de cuivre. Il est vrai que la presque totalité des autres se rencontrent en très petits filons, ou même disséminés dans des roches ignées ; mais, cela prouve-t-il incontestablement que les métaux sont des sublimations ?

On se retranche, il est vrai, toujours derrière l’idée que les métaux ont été déposés sous une pression considérable ; mais une très grande masse se trouve dans les alluvions, tandis qu’il n’y a que des parties ferrugineuses disséminées dans les dépôts de transport des époques tertiaires et secondaires. Cette absence des métaux, autres que le fer et le manganèse, dans les grès antérieurs au sol alluvial, n’indiquerait-elle pas déjà la formation récente des métaux, si d’autres rapports de gisement ou venaient à rajeunir tous les jours beaucoup de dépôts métallifères ?

La chimie est-elle arrivée à son apogée, ou ne l’est-elle pas ? les métaux sont-ils vraiment des corps simples, ou doit-un croire, avec certains physiciens, qu’un jour on les décomposera en un très petit nombre de gaz combinés ensemble dans des proportions différentes sous des jeux d’affinités déterminés par la présence de certaines substance, et par une distribution particulière des fluides électriques dans ces corps ou molécules ?

S’il était permis un instant de s’aventurer dans cette dernière voie, alors il semblerait bien plus naturel de faire arriver de l’intérieur du globe, les gaz en question dans les proportions convenables à la température et à l’état électrique nécessaire, et de produire ainsi les métaux que de les faire monter par une simple sublimation. Toutefois ce dernier mode d’action aurait pu aussi avoir été en jeu conjointement avec l’autre, ou être seulement résulté de la haute température, qui, à certains instans, ou dans certains lieux, aurait détruit les minerais pour les déposer ailleurs. D’une autre part, le premier mode expliquerait même mieux que la sublimation simple le gisement si varié des minerais ; le métal s’y serait formé plus lentement ; plus déliés, ces gaz simples auraient pu pénétrer plus facilement les roches dans toute espèce de direction. Mais j’abandonne mes rêveries pour passer à un autre sujet.

La théorie de la dolomisation continue à trouver des défenseurs et des adversaires. Parmi ces derniers cependant, la plus grande partie paraît reconnaître des altérations magnésiennes ou talqueuses au contact des roches calcaires avec certaines masses ignées ; mais on ne veut pas accorder au phénomène l’intensité que lui suppose M. de Buch, et surtout la conversion de montagnes entières de carbonate de chaux en carbonate de chaux et de magnésie.

M. Zeuschner ayant visité le Tyrol, combat M. de Beaumont pour sa note défensive de la théorie de M. de Buch. Supposant même que le carbonate de magnésie puisse se sublimer, cela n’aurait lieu que dans une température élevée, sous laquelle l’acide carbonique du calcaire s’échapperait.

D’une autre part, M. Pentland ne voit dans les roches calcaires de la vallée de Wellington, dans la Nouvelle-Hollande, que des oolites modifiées en partie en dolomie (Edinb. phil. Journ., janv. 1833) ; et M. Strombeck a donné une note sur les dolomies jurassiques de la Franconie, dans lesquelles il a observé divers fossiles, tels que des Scyphia, des Belemnites, des Térébratules, etc., dont le test calcaire a été remplacé par une matière siliceuse friable, tandis que des cercles concentriques siliceux ont pris la place de la matière organique L’auteur trouve dans ce fait une nouvelle preuve de la théorie de la dolomisation. (Archiv. de Karsten, v. 3, cah. 2, p. 537.]

M. Pasini m’a fait remarquer que M. de Buch n’est pas le premier qui ait proposé cette hypothèse ; car sans doute, à son insu, Arduino l’a exposée clairement, en 1782, dans son Mémoire épistolaire sur différentes productions minérales et fossiles. (Nuovo Giornale d’Italia, Venise, 1783, in-8o, p. 33.) J’ajouterai que le même savant a décrit parfaitement, pour son temps, les altérations produites sur les calcaires secondaires par les roches ignées du Vicentin, et il a même entrevu la production de ce qu’il appelle des marbres et brèches calcaires volcaniques (Raccolta, etc., p. 17), anticipant ainsi sur les découvertes de la géologie moderne. Je ne puis que recommander la lecture de son excellent recueil de Mémoires chimico-minéralogiques, métallurgiques et oryctographiques (Raccolta di Memoria, etc., extr. du Giornale d’Italia, Veuise, 1785, in-12 de 236 pages.)

Comme tant d’autres voyageurs, M. le professeur Savi a été frappé de la nudité des montagnes calcaires bordant la Méditerranée, et de leur surface crevassée, rugueuse, pleine des plus singulières aspérités, et comparée par M. Guidoni à la superficie d’une mer orageuse. M. Savi adopte l’idée que ces particularités sont le résultat d’une érosion produite par des eaux chargées d’acide carbonique, et il signale comme les faibles restes de ces déluges d’eau souterraine les nombreuses sources acidulés existant encore dans la Toscane. De plus, il retrouve dans les montagnes du littoral beaucoup de cavernes et de terres, d’où des eaux semblables lui paraissent avoir jadis débouché. Enfin, toutes les montagnes corrodées de la Toscane et de la Ligurie sont couvertes d’une couche plus ou moins épaisse d’une terre ocreuse et rougeâtre ; or, cette dernière étant composée d’alumine et de fer, ne peut pas dériver du sol calcaire qu’elle recouvre ; elle n’est pas non plus tertiaire, mais elle n’est réellement que le dépôt de ces nappes d’eau acidulé. Ce liquide se sera chargé d’alumine et de fer en agissant sur les couches inférieures du dépôt arénacé secondaire des Apennins. (Nuov. Giornale de letterati. Mai 1829.)

Ce sujet m’amène à rappeler la théorie de la formation des cavernes par érosion acide, comme M. Virlet l’a proposé pour l’origine de certaines cavernes dans les roches calcaires et schisteuses de la Morée et des îles de l’Archipel. (Voy. Bull., vol. II, p. 329.)

M. Savi est venu étayer, par des exemples, la théorie de l’origine volcanique du soufre, du gypse et du sel. Les effets des vapeurs acides des Lagoni du Volterranois et du Siennois lui paraissent analogues à ceux qui ont donné lieu aux dépôts gypseux et sulfureux du sol tertiaire de la Toscane. Comme ces actions s’exercent aussi bien sur les roches secondaires que sur les masses tertiaires, M. Savi regarde le gypse et le sel comme le produit altéré de plusieurs roches.

Les gypses plutoniques de la Toscane seraient dus aux mêmes causes que les Lagoni, les salses ou les jets de gaz ; mais ces causes auraient été jadis beaucoup plus puissantes. Les amas gypseux et saliferes seraient des portions altérées du sol, auxquelles se seraient jointes certaines masses transportées et soulevées par les émanations de vapeurs. Cette opinion vient s’étayer des observations faites sur certains amas gypseux et salifères du Salzbourg, qui renferment des fragmens de roches de divers âges, telles que du grès rouge et du schiste talqueux.

Comme le gypse et le soufre ne forment, du moins en Toscane, que des amas plus ou moins grands, épais, et placés sur toute espèce de terrain, M. Savi conclut que ce sont des dépôts qu’on ne doit rattacher exclusivement à aucune série déterminée de la croûte du globe. Comme d’autres géologues, il pense qu’il est plus raisonnable de s’attendre à trouver partout ces sortes de masses.

Dans les Lagoni on voit se former journellement du gypse, au moins des vapeurs sulfureuses, qui s’acidifient à l’air, décomposent le calcaire et en séparent l’alumine, puis ensuite le gypse devient anhydre par la chaleur ; ainsi il est aisé de comprendre l’origine du soufre, du gypse, de l’anhydrite, de la marne endurcie, et des dépôts gypseux.

Quant au sel, étant toujours anhydre, il a dû subir l’action de la chaleur, et avoir été sublimé ; néanmoins M. Savi penserait qu’il est plutôt le résultat de l’évaporation de l’eau marine, au moyen des vapeurs chaudes qui seraient sorties sur son fond ; or, le lit de la mer mis à sec, il n’a plus dû se former de sel, mais seulement du gypse et du soufre, comme cela a encore lieu actuellement dans les Lagoni continentaux. ((Nuov. Giorn. de letterati, no 63.)

M. Bischoff a publié un mémoire intitulé : L’importance géologique et chimique des sources minérales, et des émanations gazeuses pendant la formation de la croûte terrestre, et les changemens qu’elle a subis. D’après ce savant, tout le fer sulfuré des couches terrestres aurait été produit par des eaux minérales contenant du fer et des sulfates. Ainsi se trouverait contredite l’assertion si souvent répétée que ces sels sont le résultat de la décomposition des pyrites.

D’une autre part, les dépôts de soufre et de gypse auraient été des effets secondaires d’eaux chargées d’hydrogène sulfuré. (Journ. f. Chim. de Schweigger-Seidel, vol. VI.)


M. de Beaumonl a rapproché des fragmens tirés de Stenon, Kazwin, Strabon et Zoroastre, qui ont rapport aux soulèvemens indiqués par les rides de la surface terrestre. (Ann. des sciences natur., vol. XXVI.)

M. Keferstein a attaqué M. F. Hoffmann sur ses idées relativement aux traces si abondantes de soulèvemens et même de cratères, ou de vallées de soulèvement. Sur les bords du Weser en Westphalie les dépôts secondaires, depuis le grès bigarré jusqu’au calcaire jurassique, offrent dans leurs couches des coutournemens en grand et en petit ; jusqu’à présent on n’y avait vu qu’une série de surfaces bosselées et ondulées, recouvertes successivement par des roches arénacées et calcaires.

M. Hoffmann n’en a pas pensé de même, et y a trouvé un vaste champ pour appliquer ses idées de soulèvement et d’altérations. On se rappelle son mémoire sur la vallée circulaire du Pyrmont, entourée de couches plongeant dans des sens opposés (V. Journ. de géol., vol. I, 1830.) C’est contre l’exagération des idées de soulèvement que M. Keferstein proteste, et en vérité il n’a pas choisi un mauvais terrain. Quelle grandeur doit avoir l’angle d’inclinaison des couches pour qu’on soit fondé à y voir un redressement ? La solution de cette question est enveloppée dans cette controverse ; car si l’on admet qu’aucun dépôt ne peut se faire conformément à une surface légèrement inégale, alors les couches de la Westphalie, ressemblant à une mer agitée, ont été tourmentées par des soulèvemens sans nombre, ou d’une manière presque inexplicable, par quelques mouvement semblables, très brusques, et d’une puissance sans égale. Si au contraire on trouve raisonnable qu’il se déposait jadis, comme aujourd’hui, des sables et même des cailloux sur des surfaces assez inclinées, comme celles de 30 à 40°, alors la féerie des soulèvemens disparaîtra complètement en Westphalie, et il ne restera qu’à peser les raisons pour et contre l’admission de la formation subite des vallées circulaires de soulèvemens, au lieu d’y voir des effets de dénudations arrivés accidentellement sur l’endroit où les couches d’un des dépôts inférieurs formaient une convexité un peu forte. (Teuschland., vol. VII, cah. 2, p. 293.)

M. Hoffmann n’ayant pu trouver de cratères de soulèvemens dans les volcans d’Italie, il faudra voir s’il persistera encore dans ta théorie pour les dépôts anciens.

En Westphalie, un grand nombre de formations participent aux contournemens des couches en grand ; or ces ondulations sont telles qu’elles n’ont pu être produites par un soulèvement que dans la supposition que les masses minérales étaient encore molles. Si cela n’avait pas été le cas, on y observerait plus de fendillemens. Maintenant est-il probable que le grès bigarré était encore à l’état pâteux, lorsque le lias, ou même le keuper, s’était déjà déposé ? Cela paraît bien difficile à admettre ; et c’est une autre objection à l’exagération de la théorie des soulèvemens.

La théorie des soulèvement des chaînes, telle que l’a exposée M. de Beaumont, a excité partout l’attention. Comme à l’ordinaire, certains savans l’ont adoptée sans hésitation dans tous ses détails ; les uns sans examen, les autres d’après des observations faites dans des districts circonscrits. D’autres géologues, au contraire, reconnaissant dans cette théorie la déduction naturelle des anciens principes de la science (gisemens transgressif, redressemens des couches inclinées, etc.), n’ont accepté qu’avec une scrupuleuse réserve les propositions, et surtout les généralisations de M. de Beaumont.

M. Desnoyers a déjà parlé des critiques faites, sur cette théorie, par M.M. Sedgwick, Studer, Pareto, Keferstein, Reboul et mois (voy. Jour, de géol., vol. II, 1831). Me doutant que les observations modifiant cette théorie ne manqueraient pas de s’accroître, je me suis abstenu d’en parler l’an passé dans mon Compte-rendu. Aujourd’hui que des noms, tels que MM. Studer (voy. Bull., v. II, p. 68) ; de Montlosier (voy. id., p. 430) ; Conybeare, de La Bêche, Pasini, Hibbert, Thurmann, Schwarz et Reboul (voy. id., vol. II, p. 74) viennent se joindre à l’opposition contre ces idées trop systématiques, l’amour pour la vérité et pour les progrès de la science m’engage plus que jamais à examiner les objections faites aux détails de la théorie de M. de Beaumont, dont les soutiens ont été cette année MM. Murchison et Sedgwick pour les Alpes orientales, M. Villeneuve pour la Provence, et M. Passy pour le pays de Bray.

M. Passy n’ajoutant pas de faits nouveaux à ceux observés par la Société en 1831, je crois inutile de m’étendre davantage sur un point qui dépend de savoir sous quel angle d’inclinaison peut se trouver un dépôt neptunien, pour qu’on soit en droit de dire qu’il est redressé. Il est à regretter que M. Passy n’ait pas pu assister à la réunion de la Société à Beauvais, où la question du soulèvement du pays de Bray a pu être approfondie sur les lieux mêmes, et où il se serait peut-être rendu aux raisons qui ont déterminé M. Cordier à ne pas y voir de soulèvement. (Voyez Bull., v. 2, p. 23.)

M. de Villeneuve a remarqué que la cime crayeuse de la Sainte-Beaume est entourée de bandes déchirées d’un terrain calcaire tertiaire qui a été relevé à plus de 600 mètres de hauteur, ce qui montre que les montagnes crayeuses qui environnent Toulon et la Sainte-Beaume n’ont été soulevées qu’après les plus modernes dépôts tertiaires, nouveau motif pour rapprocher de l’âge des Alpes centrales l’époque de l’apparition de la Sainte-Beaume.

Il ajoute que les couches de cette chaîne ne lui ont pas offert la direction exacte que leur a assignée M. de Beaumont ; mais la différence, ajoute-t-il, est si légère qu’elle ne sert qu’à faire mieux ressortir l’exactitude des aperçus généraux auxquels la théorie a conduit M. de Beaumont. La Sainte-Beaume est placée entre deux systèmes d’éruptions volcaniques qui s’étendent parallèlement à sa ligne de faîte du nord au sud ; ce sont les dépôts volcaniques de la Valette, Ollioules et Saint-Nazaire, et ceux de Rougier et de Caudière, près Tourves. (Ann. du Midi de la France, cah. 3, p. 231.)

Le mémoire de M. Conybeare est intitulé : Recherches sur la question de savoir si la théorie de M. de Beaumont, relativement au parallélisme des lignes de soulèvement du même âge géologique, est applicable aux phénomènes présentes par les couches de la Grande-Bretagne. Ce travail a été lu à la réunion annuelle des savans anglais à Oxford, et la première partie seule est publiée. (Phil. mag., août 1832.) Il avait déjà entamé cette controverse sur des points isolés dam un Mémoire où il répondait au système géologique de M. Lyell. (Mes Mém. géol. et paléontol., vol. i.)

M. Conybeare commence à observer que trop souvent deux formations éloignées sont en contact transgressif sans présenter les dépôts intermédiaires entre ces deux époques. Ainsi, en Belgique, le terrain crayeux recouvre immédiatement le sol intermédiaire récent, et pour établir l’époque du soulèvement des roches de transition, il faut se porter au sud des Ardennes pour y voir les dépôts secondaires inférieurs en stratification discordante, à côté du terrain intermédiaire. Qu’est-ce qui prouve donc que le schiste des Ardennes, couvert de craie, n’ait été redressé que par le même choc qui l’a soulevé dans la partie méridionale de cette chaîne ? Ne peut-on pas y supposer aussi bien plusieurs redressemens qu’un seul, dût-il même être prouvé qu’ils ont pu être tous dans le même sens ?

Dans la vallée de la Meuse toutes les roches intermédiaires et houillères ont été bouleversées avant le dépôt du grès rouge, et les autres terrains très peu. Qui est-ce qui détermine si cela est arrivé par deux ou plusieurs chocs ? Or, cette dernière supposition est même plus conforme à la marche des actions volcaniques.

À ce sujet, j’observerai que cette seconde révolution de M. de Beaumont paraît être fondée sur un fait qui n’est pas incontestablement établi ; savoir : que les inflexions du terrain schisteux des Pays-Bas, caractérisés par la direction est-nord-est à ouest-sud-ouest, se lient d’une manière non interrompue à celles présentées par les couches houillères du pays de Sarrebruck, sur lesquelles s’étend horizontalement le grès vosgien.

Or, nous lisons dans l’ouvrage de MM. d’Oeynhausen, de Dechen et de la Roche (intitulé : Description des pays sur les bords du Rhin, 1825), que les couches houillères du pays de Sarrebruck, et au pied sud du Hundsruck, ont une direction générale du nord-est au sud-ouest (h. 5 à 7), de manière qu’on pourrait croire qu’ils gisent d’une manière conforme sur le terrain intermédiaire, tandis que des observations exactes prouvent qu’il y a gisement contrastant (p. 297). Ainsi, M. de Beaumont aurait mal choisi la Belgique et les bords du Rhin, comme offrant un exemple de sa seconde révolution.

En Angleterre, le sol tertiaire et la craie paraissent avoir participé au mouvement général des autres couches qui se dirigent toutes du nord-est au sud-ouest ; or, cette direction n’est pas l’effet d’un dérangement, mais d’un soulèvement graduel, ou bien une indication du changement successif du bassin des mers.

Le redressement qu’ont éprouvé les couches du système carbonifère, avant le dépôt du grès pourpré, suit une ligne dirigée aussi du nord-est au sud-ouest ; mais vers le nord elle prend la direction nord et sud, et vers le midi celle de l’est à l’ouest. On aurait donc là un exemple de soulèvement ayant en lieu à la même époque, et offrant des directions différentes.

Dans le midi de l’Angleterre on observe trois lignes parallèles de soulèvement qui courent toutes de l’est à l’ouest ; savoir : 1° le redressement des couches de l’île de Wight, qui a imprimé à une masse crétacée et tertiaire de plusieurs mille pieds d’épaisseur un mouvement angulaire ; 2° la ligne anticlinique des Wealds du Kent et du Sussex, s’étendant de Hastings à Petersfield, qui, comme celle du pays de Bray, est bien plutôt une courbure très peu sensible des couches qu’une dislocation violente.

Enfin, la ligne anticlinique traversant la vallée crétacée de Pewsey, et se prolongeant dans celle de Kingsdlere et de Ham, quoique le contact de ces couches redressées avec le sol tertiaire n’ait pas été découvert.

Or, ce mouvement des couches a eu lieu après la formation du sol tertiaire inférieur, et avant le dépôt des roches tertiaires récentes. M. de Beaumont place à cette époque son soulèvement de la Corse et de la Sardaigne, et il lui assigne la direction du nord au sud, tandis que les mouvemens qui ont eu lieu alors en Angleterre se courants sur une ligne courant de l’est à l’ouest.

L’on observe dans les couches intermédiaires de la forêt Exnmor et des Quantockhills une ligne ancienne de soulèvement, qui est parallèle à la ligne anticlinique des Wealds du Kent, et néanmoins le redressement des roches intermédiaires est antérieur au dépôt du grès rouge secondaire, fait en opposition à la doctrine du non-parallélisme des soulèvemens de diverses époques.

Dans le nord de l’Angleterre il y a beaucoup de bouleversemens liés à l’apparition du basalte qui, en Irlande, recouvre la craie, ce qui leur assignerait une date tertiaire.

M. Beaumont n’admet que quatre révolutions entre la formation du grès rouge secondaire, et l’époque tertiaire. En Angleterre on observe plusieurs dérangemens qui ont eu lieu pendant ce laps de temps, mais dont l’époque précise est difficile à assigner. Ainsi, dans le Yorkshire, les argiles crétacées reposent un stratification non conforme sur les oolites dont les couches ont une courbure insensible dirigée de l’est à l’ouest.

À l’extrémité sud-ouest du Dorsetshire le terrain crétacé recouvre les tranches des couches plus anciennes jusqu’à celle du Redmarl. Près de Weymouth, les oolites out participé au mouvement de l’île de Wight. En Yorkshire, les roches pyriteuses du lias sont disloquées sur le prolongement du grand filon basaltique de Cleaveland, qui court de l’est à l’ouest, traverse et dérange le système carbonifère, le terrain houiller, le grés rouge et les oolites.

A l’embouchure du Tyne, le basalte a produit le même effet jusqu’au dépôt du calcaire magnésien. La plus grande faille du bassin houiller de Newcastle court de l’est à ouest, et abaisse sur une étendue de 10 milles une masse houillère considérable, placée en travers de la largeur de la chaîne carbonifère. De plus, elle déjcttele calcaire magnésien et une portion du grès bigarré.

Il paraît probable que ces dérangement dans le Northumberland sont du même âge que ceux dans le Yorkshire ; mais il n’y a aucun fait qui établisse s’ils appartiennent à une époque plus récente que celle des oolites inférieures. La direction principale de ces accidens est de l’est à l’ouest ; mais le filon principal de Newcastle tourne à son extrémité orientale au nord, et celui de Cleaveland dévie vers le sud.

La direction des failles des houillères du Durham est semblable : de plus, certaines failles du calcaire magnésien du Yorkshire ont une direction à angle droit de la précédente, et parallèle au soulèvement général des couches du sud-ouest au nord-est.

En Écosse, les oolites ont été bouleversées par les trapps pendant l’époque tertiaire, et ces dérangemens ont suivi des directions très variables, tandis que dans le Sutherland elles sont dirigées comme la chaîne primaire du nord-est au sud-ouest.

On voit donc là encore des exemples de redressemens d’une même époque sur des lignes non parallèles ou sur des lignes n’ayant pas une direction uniforme, mais décrivant des courbures et des angles, ce qui n’est pas admis par M. de Beaumont.

M. de La Bêche, dans son intéressant Manuel, a inséré textuellement le détail des vues de M. de Beaumont, que ce savant lui avait envoyées à cet effet ; mais ensuite il émet des doutes sur l’exactitude de tous ces détails, et il signale en particulier en Angleterre trois directions parallèles (de l’est à l’ouest) de soulèvemens, qui ont eu lieu, cependant, à trois époques très différentes. Ce sont : le redressement des couches de l’île de Wight, qui a eu lieu après le dépôt de l’argile de Londres, le soulèvement d’une portion de grauwacke du Devonshire et des roches carbonifères des monts Mendiphills et de la partie sud du pays de Galles, accident qui est arrivé avant la formation du grès bigarré ; enfin le soulèvement de grauwacke du midi de l’Irlande, antérieur au dépôt du grès pourpre intermédiaire.

Je passe maintenant aux observations que M. le docteur Hibbert a pu faire sur les redressemens des chaînes sur les bords du Rhin.

D’après M. de Beaumont, on n’y devrait observer près de ce fleuve que des redressemens dans la direction sud 15° à uest, à nord à 15° à l’est, qui est simplement celle de la vallée du Rhin, ou si l’on veut d’une faille qui a séparé les Vosges de la Forêt-Noire.

Quant aux autres dérangemens éprouvés par les chaînes schisteuses des bords du Rhin, elles ne paraissent pas se réduire à une seule ligue de fractures. Au contraire, ces montagnes ont éprouvé pendant l’époque intermédiaire et secondaire, au moins six à sept grandes catastrophes ; or, il reste à démontrer si les traces qu’on en retrouve sont le résultat de quelques efforts isolés de la nature, ou si elles ne sont pas plutôt l’effet d’une série continue de chocs. Du moins ces deux genres de phénomènes ont dû alterner, et des soulèvemens sur les bords du Rhin ont dû produire des abaissemens.

M. Hibbert pense que M. de Beaumont a restreint beaucoup trop le nombre des soulèvemens, et que les montagnes schisteuses du Rhin ont participées à tous les dérangemens généraux qui ont affecte à différens intervalles les couches de l’Europe.

Ainsi il croit y retrouver des indications des deux soulèvemens les plus anciens d’après M. de Beaumont, savoir : ceux, arrivés avant le dépôt des roches intermédiaires les plus récentes, et avant le dépôt des houillères. Le calcaire coquiller de l’Eifel aurait été formé après la première révolution.

Quant aux autres époques de soulèvemens indiquées par M. de Beaumont, il n’en trouve pas des traces, du moins dans les montagnes des bords inférieurs du Rhin.

Les vallées de ces montagnes se divisent en trois classes : les unes courent du sud-ouest au nord-est, ou du sud-ouest vers l’ouest au nord-est vers l’est, ce qui est la direction de la Moselle, et de la vallée à l’ouest de Nurburg et du Hobe-Acht. Ces ruptures peuvent être contemporaines avec le premier soulèvement éprouvé par l’Eifel.

D’autres vallées ont une direction de l’ouest à l’est, comme celles de Bruhl et du Nette, et paraissent être dues à des dérangemens un peu plus récens que ceux que je viens de signaler.

Enfin, le plus grand nombre des vallées sont parallèles au cours du Rhin, et courent du nord-ouest au sud-est, qui est aussi la ligne générale suivie par les éruptions volcaniques récentes. (History of the extinct volcanos of the basin of Neuwied, 1832.)

M. Edouard Schwarz prétend que M. de Beaumont s’est trompé sur l’âge assigné au soulèvement de la Forêt-Noire. Cet événement a eu lieu entre la fin des dépôts jurassiques et de celui de la molasse, parce que cette dernière vient se placer en couches horizontales contre et sur les couches de la Forêt-Noire, tandis que toutes les couches secondaires depuis le grès rouge jusqu’au calcaire jurassique sont inclinées et viennent s’appuyer sur la Forêt-Noire, comme sur un dos d’âne.

De plus M. Schwarz proteste contre la liaison proposée par M. de Beaumont entre le groupe phonolitique de Hohentwiel et son système du soulèvement des Alpes occidentales.

Celui-ci court du nord 26° est au sud 20° ouest, tandis que les roches d’Hohentwiel appartiennent à une traînée d’éruptions ignées, qui offrent sur une longueur de 5 milles d’Allemagne une direction du sud 30° est, à nord 3° ouest. (Jahrb. f. Min. 1833, cah. 1 p. 49.)

M. Pasini conclut d’une observation exacte des positions géologiques des formations de Vicentin :

1o Que le micachiste a été soulevé par la dolérite avant le dépôt du grès rouge.

2o Que les dépôts secondaires depuis le grès rouge jusqu’au keuper se sont déposés sur les inégalités du micachiste et en stratification conforme, l’un à l’égard de l’autre.

3o Que des filons de dolérite n’ont cessé de sortir des entrailles de la terre pendant que ces terrains secondaires se formaient, et ont coutume à les disloquer, mais que cette action a été plus forte lors du dépôt des sédimens inférieurs que des sédimens supérieurs.

4° Que les filons doléritiques avaient presque cessé de se former, lorsque le dépôt jurassique a commencé.

5° Que le calcaire jurassique s’est déposé eu stratification concordante sur les dépôt antérieurs à la hauteur qu’il occupe actuellement, et qu’il n’a pas été beaucoup disloqué.

6° Que des vallées y ont été formées avant le dépôt du grès vert et de la craie, terrain dont les couches recouvrent le calcaire jurassique sous toutes sortes d’inclinaisons.

7° Après le dépôt de la craie et sa dégradation, le porphyre pyroxénique a produit des altérations et des soulèvemens partiels et locaux dans tous les terrains antérieurs, sans changer cependant beaucoup le relief des montagnes.

8° Les terrains tertiaires se sont déposés sur le pied des montagnes de calcaires secondaires ou dans leurs vallées, après que ces dépôts avaient été dégradés, et peut-être après la sortie du prophyre pyroxénique.

9° Pendant le dépôt des terrains tertiaires, eurent lieu les éruptions basaltiques qui les ont bouleversés, ça et là, et ont même agi sur les dépôts secondaires.

M. Pasini trouve que les époques de soulèvement qu’il admet ne correspondent à aucune de celles de M. de Beaumont. (Ann. delle sc. del regno Lombarde-Veneto ; vol. 1, fasc. I.)

On croit que M. Pasini ne s’occupe pas de la direction des couches, or les couches redressées du talcschiste du Vicentin, courent du uord-ouest au sud-est, inclinant au sud-ouest. Sur ce premier système bouleversé, est placée d’une manière non-conforme toute la série secondaire, qui forme des montagnes très élevées, dont le pied est borde par le sol tertiaire ancien. Donc évidemment, ù part les soulèvemens et les dérangemens dont a parlé M. Pasini, on a ainsi l’indication de deux grandes époques de soulèvemens antérieurs, l’un à la formation du sol secondaire et l’autre à celle du sol tertiaire. Or je ne vois pas comment faire rentrer ces révolutions dans celles admises par M. de Beaumont, et dût-on trouver moyen de les y placer, au moins l’on serait forcé d’accorder que plusieurs lignes de redressement, et non pas une seule, ont caractérisé chaque révolution.

Ainsi le redressement du talcschiste ayant eu lieu sur une ligne courant du nord-ouest au sud-est, ne peut être le même que celui qui a produit dans le nord-ouest de L’Allemagne le système de rides du nord-ouest au sud-est, puisque ces dernières n’ont dû se reproduire qu’après le dépôt de la craie ; or la révolution du Vicentin est incontestablement antérieure à tout le sol secondaire.

D’une autre part serait-ce une partie de ces rides qui ont dû avoir été formées bien plus anciennement, comme les côtes sud-ouest de la Bretagne et de la Vendée, et qui suivent une direction plus rapprochée de la ligne nord-ouest à sud-est ?

Il y a encore impossibilité d’accord, puisque, d’après M. de Beaumont, ces redressemens n’auraient eu lieu peut-être qu’avant le dépôt du lias.

Le soulèvement de toute la chaîne secondaire des Alpes du pays de Venise, après la formation de tout le sol tertiaire, est dû probablement à l’apparition du porphyre pyroxénique, la direction des couches est environ celle de l’est un quart nord-est à l’ouest un quart sud-ouest, assigné par M. de Beaumont à la chaîne orientale des Alpes. Il y rattache aussi l’apparition du porphyre pyroxénique, et par conséquent la dolomisation des calcaires. D’une autre part il place ce soulèvement dans sa neuvième révolution ou pendant l’époque alluviale ; or, comment soutenir cette thèse lorsqu’on voit clairement les couches horizontales du sol tertiaire inférieur s’appuyer sur le pied des Alpes méridionales du Véronais et du Vicentin, ou remplir quelques grandes vallées voisines de la plaine, sans jamais se trouver en lambeaux sur les sommets des montagnes.

Ce gisement est-il comparable à celui de la Sainte-Beaume où MM. de Beaumout et de Villeneuve nous représentent des terrains à lignite soulevées sur des montagnes de craie ?

D’ailleurs est-il bien certain que ces dépôts tertiaires de la Sainte-Beaume aient été soulevés ? Ce ne sont que des lignites d’un dépôt terrestre et fluviatile, qui peut avoir eu lieu ou s’être arrêté à toutes les élévations sur la pente des coiitineus, qui existaient à la fin de l’époque secondaire.

Il y a, dira-t-on, des couches redressées dam le sol tertiaire du Vicentin comme à Bolca, dans les collines de Bregonze ; mais ce sont des accidens locaux, qui sont toujours accompagnés de roches basaltiques et qui n’ont rien de commun avec l’horizontalité ordinaire des roches tertiaires. Les molasses redressées du Piémont ne me paraissent être qu’un accident local, dépendant du soulèvement du Mont-Blanc, mais dans le Vicentin on ue trouve pas de trace d’un Mont-Blanc soulevé, à moins qu’on veuille y rattacher les granites de Cima-d’Asta, dont cependant la liaison avec les porphyres quarzifères ne serait pas difficile à prouver.

MM. Murchison et Sedgwick ont trouvé que les masses de grès vert bordant les Alpes bavaroises ont été soulevées par un choc dirigé de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est. Suivant ces savans, la chaîne des Alpes orientales a subi très récemment un soulèvement, tandis qu’il n’y a pas de trace qu’un mouvement général ait eu lieu entre l’époque secondaire et tertiaire, d’où ils déduisent la possibilité du passage insensible d’un de ces sols à l’autre.

Le dépôt tertiaire de lignite à Hering, en Tyrol, gît en stratification discordante sur divers étages de calcaire alpin ; donc la chaîne alpine a dû subir un grand soulèvement postérieurement à la formation de ce dépôt fait à l’embouchure d’une vallée ; ce qui prouve, d’un côté, que la vallée de l’Inn existait déjà à peu près telle quelle est actuellement avant le commencement de l’époque de la molasse, tandis gué de l’autre les dislocations de la chaîne primaire ont donc dû précéder aussi cette époque.

D’après MM. Murchison et Sedgwick, la chaîne des Alpes orientales court du sud-sud-ouest au nord-nord-est, et la chaîne primaire de Bohême du nord-ouest au sud-est. Ils adoptent entièrement l’idée de M. de Beaumont, qui place le soulèvement de la première après l’époque tertiaire, et celui de la seconde après le grès bigarré.

Sur le premier point, j’observerai que, si les Alpes orientales avaient pris tout leur relief actuel dans la période alluviale, l’on devrait retrouver des dépôts tertiaires dans les vallées des Alpes, et surtout sur quelques unes de leurs sommités. Or, si on ne regarde les dépôts de Gosau que comme des roches crétacées, le dernier fait ne s’observe nulle part.

Quant aux dépôts tertiaires dans les vallées, ils ne se trouvent que dans des vallées longitudinales, comme dans celles de l’Inn et de la Mur. Or, ces vallées sont des fentes faites très anciennement, ainsi que le reconnaissent aussi nos savans anglais.

Quant à la chaîne primaire de la Bohême (Bohwerwaldgebirge), la direction générale des couches y est de l’est-nord-est à l’ouest-sud-ouest, c’est celle qui règne aussi en Belgique, et qui est bien différente de celle du nord-ouest au sud-est que ces Messieurs indiquent. J’insiste sur cette différence totale de direction afin de prévenir l’objection spécieuse pour de petites différences, qu’en prenant la direction des couches l’on n’a pas fait la petite correction nécessaire pour la déviation de l’aiguille aimantée.

Les conclusions de MM. Murchison et Sedgwick, comme celles de M. de Beaumont, sont donc basées sur de fausses données. Il y a eu dans la chaîne bohémienne un redressement avant le dépôt des houillères. Si, à la suite de ce bouleversement, la partie occidentale du sol primaire est restée plus élevée que la partie méridionale, et surtout que la portion septentrionale, ce ne sont que des accidens locaux. On voit ainsi que, dans la théorie en question, le tracé des chaînes sur les cartes ne conduit quelquefois qu’à de fausses conclusions ; si la direction des couches d’une chaîne lui est parallèle, dans cet axiome, on doit entendre dans certains cas par le mot de chaîne la chaîne géologique, et non pas toujours la chaîne géographique ou le partage des eaux.

Si la chaîne du Bohmerwaldgebirge est un bon exemple de ce genre, celle des Sudètes, composée de grauwacke, en est un autre ; la chaîne géographique court du nord-ouest au sud-est, et la direction des couches du sud-ouest au nord-est.

Nos savans anglais observent encore que le sol primaire de la Bohème n’a pas éprouvé de grands mouvemens depuis le dépôt crétacé et oolitique, et ils arrivent aux conclusions suivantes :

Dans les Alpes orientales les forces de soulèvement ont l’air d’avoir diminué d’intensité à mesure qu’on se porte plus à l’est.

Les Alpes orientales ont été soumises à plusieurs chocs et mouvemens particuliers de soulèvement.

L’absence du phénomène des blocs en Autriche et en Styrie, et la position horizontale des couches tertiaires de ces pays montrent que les mouvemens de soulèvement qui ont dispersé les blocs en Savoie, en Suisse, et même en Bavière, n’ont pas eu cet effet dans les Alpes orientales. (Trans. géol., v. II, part. 2, p. 407.)

Les roches intermédiaires anciennes de quelques portions des Alpes orientales ont été consolidées et redressées avant l’existence du grès rouge secondaire.

Le calcaire secondaire des Alpes a été solidifie et soulevé fortement avant le dépôt des radies tertiaires.

Une portion de la chaîne des Alpes était fort anciennement au-dessus des eaux, puisqu’il y a des lits de combustibles dans les groupes secondaires et tertiaires ; mais la végétation y a totalement changé.

L’extrémité orientale des Alpe, a été soulevée entre la fin de la période secondaire et l’époque des dépôts tertiaires de l’Autriche.

Une portion des Alpes bavaroises a été élevée après la formation de la molasse de la Suisse, des marnes et des agglomérats qui recouvrent ce dépôt, ce qui correspondrait à la neuvième révolution de M. de Beaumont. (Trans. geol., vol. II part. 2.)

Les agglomérais tertiaires supérieurs ont cependant des inclinaisons de 15 à 25° sur le pied des Alpes, en Autriche, en Hongrie et en Croatie.

M. Thurmann a donné les premières notions précises sur les soulèvemens éprouvés à plusieurs reprises par les chaînes jurassiques. Il s’est efforcé de prouver que les rides sont des soulèvemens affectant des formes déterminées, normales, susceptibles d’être classées en ordres distincts, d’après des configurations dépendantes de la nature des affleuremens et de l’énergie des agens plutoniques.

Avant d’entrer en matière, il rend hommage aux lumières qu’il a puisées dans les ouvrages de M. Mérian, qui a vraiment débrouillé la structure jusqu’alors inconnue du Jura suisse, et l’a rattachée complètement à la chaîne jurassique d’Allemagne, dont il ne diffère que par la base et quelques masses accessoires.

M. Thurmann divise les effets du soulèvement en ruptures, en ploiemens et en ruptures avec ploiemens ; et il énumère les causes qui modifient plus ou moins ces effets, telles que la direction de l’agent soulevant, l’irrégularité de la ligne de rupture, le rôle des débris provenant des fractures, le degré de consistance des masses, le glissement des strates, le transport des principaux débris par le déversement violent d’eaux marines, les fendillemens, l’action destructive des cataclysmes postérieurs, les changemens apportés pendant l’époque secondaire récente et tertiaire méditerranéenne ou lacustre, et ceux apportés pendant la période alluviale.

Après cela, il entre dans le détail de quatre époques de soulèvemens ; savoir : ceux qui n’ont point fait affleurer de groupe inférieur au corallien ; ceux qui ont fait affleurer l’ensemble des groupes oxfordien et oolitique, qui ont produit les voûtes oolitiques, les flanquemens coralliens et les courbes oxfordiennes ; ceux qui ont faît affleurer l’ensemble des terrains du lias et du keuper, et ont donné lieu à des rabattemens, des rus, des crêtes et des cirques oolitiques, et ceux qui on fait affleurer le terrain de Muschelkalk. En général l’ancienneté des affleuremens, dans l’ensemble du Jura, paraît suivre une loi constante dans la direction de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est.

Les détails qu’il donne ensuite sur les cluses ou fentes profondes sont fort intéressans ; et il y joint, comme d’autres géologues, les cols et les impasses, et attribue la formation des derniers à un soulèvement général, et celle des autres à des bouleversemens postérieurs. Il combine les chaînes et les vallées qu’elles interceptent ; et, faisant abstraction le plus souvent de l’origine des chaînes, il s’occupe d’acquérir des idées exactes sur l’ensemble de chacun des soulèvemens partiels qui ont formé les chaînes jurassiques. Les soulèvements du Porentruy sont généralement parallèles ou se coupent sous des angles très aigus, atteignant rarement 50 degrés. Ils sont d’autant plus larges qu’ils appartiennent à un ordre plus complexe, et la largeur de la base est en raison directe de la profondeur des affleuremens, tandis que les hauteurs ne paraissent être dans aucun rapport avec les bases et les affleuremens.

Lorsque deux soulèvemens se rencontrent sous un angle aigu, il se forme un nœud confluent ou un ordre de choses complexe. Dans ces lieux on trouve des lambeaux isolés de masses supérieures, des cirques coralliens ou oolitiques, ou bien latéraux espèce de cratère d’explosion, des demi-cluses, des impasses ou des désordres anormaux.

Deux soulèvemens consécutifs parallèles interceptent entre eux une vallée alongée et de même direction ; ce sont les vallées longitudinales ou de plissement de M. d’Omalius, qui sont peu larges et remplies de fer pisolitique, recouvert quelquefois de molasse et de calcaire d’eau douce. Ces vallées communiquent entre elles par des cluses ou des défilés naturels dus à la solution de continuité comprise entre les origines extrêmes de deux soulèvemens qui se suivent dans le sens longitudinal.

Pour augmenter encore l’intérêt tout nouveau de ces détails sur le redressement, le plissement et le fendillement des couches, M. Thurmann pense que des végétations particulières expriment dans le Jura chacun des accidens orographiques et les divers affleuremens géognostiques. (Mém. de la Soc. d’Hist. nat. de Strasbourg, vol. II.)

Je me contenterai de faire deux observations sur ce travail : d’abord il est à regretter que l’auteur ne se soit pas déjà occupé de comparer ces deux classes de soulèvemens avec les époques adoptées par M. de Beaumont ; il le fera plus tard. En attendant, il paraît en désaccord avec ce géologue relativement au dépôt portlandien, qui ne se serait déposé, d’après lui, qu’après le soulèvement général des chaînes, tandis que M. de Beaumont croit qu’il a aussi subi des soulèvemens dans le Porentruy.

Cette controverse roule sur les limites que M. de Beaumont assigne à l’étage en question, et déterminera l’époque du soulèvement du Jura helvétique nord-oriental.

Ensuite, tout en félicitant la science de l’acquisition d’observations aussi précieuses et ingénieuses que celles de M. Thurmann, j’oserai exprimer le vœu de savoir toujours l’angle d’inclinaison des couches redressées ; car, s’il est petit, il me semble qu’avant d’appliquer à toutes les parties de la configuration du Jura les idées de soulèvement, il faudrait encore résoudre la question de savoir sous quel angle d’inclinaison la formation d’un dépôt neptunien devient impossible. La chaîne du Jura a subi des soulèvemens avec les continens, outre des redressemens et des fendillemens ; personne ne l’a jamais nié ; d’une autre part, il est reconnu que ses dépôts contournés reposent sur une surface très inégale ; qui est-ce qui nous assure donc sur cette dernière configuration soit due toujours plutôt à des soulèvemens qu’à des dépôts successifs sur des surfaces ondulées, et que les soulèvemens ont seulement accidenté davantage ce relief inégal ?

Les dépôts de lignite situés dans les vallons primaires des Alpes orientales (Oedenburg) offrent des couches inclinées et contournées ; devra-t-on pour cela les supposer formées avant le soulèvement de cette chaîne, et bouleversées par cet évènement ? N’est-il pas bien plus simple que des amas pareils de matières meubles se soient accumulés confusément et se soient tassés ?

Les lambeaux de grès vert sur le calcaire jurassique de Ratisbonne sont horizontaux sur la cime des montagnes et inclinés sur les pentes sous des angles même assez forts. Y devra-t-on voir des effets de soulèvement, ou simplement le mode du dépôt ou des glissemens locaux ?

Les couches de grès vert, reposant sur le terrain schisteux ancien de l’Erzgebirge, ont dû naturellement se déposer sur une surface inégale ; les couches de certains lambeaux doivent donc avoir pris des positions inclinées. (Voy. le Mémoire de M. Ezquerra del Bayo, v. III, p. 162.). Or, si on attribue ces inclinaisons à des redressemens, n’est-il pas tout naturel qu’on dise, que non seulement la siénite du pied de l’Erzgebirge, mais que tout son sol primaire a été soulevé après le dépôt crétacé ? Décidons donc d’abord s’il y a ou non redressement, avant de nous perdre peut-être dans des déductions inutiles.

Après avoir revu l’an passé les Apennins, je suis revenu encore moins persuadé que jamais qu’il y avait là un système de soulèvement nord-ouest ou sud-est, puisque la direction des couches intactes ou altérées, des filons et des masses plutoniques, est du sud-ouest au nord-est.

Je ne puis pas non plus admettre que l’époque de soulèvement caractérisée par les rides et les fentes dirigées du nord-ouest au sud-est comprenne les vallées de la Drave, de la Save et de la Mur. Je dois rapporter la formation de ces sillons à une époque plus ancienne que l’époque tertiaire.

Si le parallélisme des chaînes devait indiquer une époque commune de soulèvement, il arriverait que les chaînes de l’Écosse et de l’Angleterre auraient été soulevées en même temps que les chaînes de l’Alp jurassique d’Allemagne, et que la chaîne hongroise du Bakonywald. Or, les premières chaînes ont été soulevées avant le grès pourpré, puisque celui-ci recouvre quelquefois les tranches de leurs couches redressées ; l’Alp d’Allemagne est composé de couches horizontales de l’époque jurassique, et le Bakonywald, de roches un peu bouleversées de l’âge jurassique et crayeux.

Les chaînes des Vosges, de la Forêt-Noire et de l’Odenwald, forment deux rides parallèles. Dans la première, le Muschelkalk se trouve au bas d’une falaise de grès bigarré ou vosgien ; dans l’autre, le même dépôt est sur la crête des montagnes de ce même grès, et vers le sud, tous les dépôts secondaires sont redressés jusqu’aux oolites, toujours sur la même ligne nord-est, sud-ouest.

Dans les provinces Illyriennes, la direction des couches primaires et intermédiaires est environ la même que celle des couches secondaires ; mais ces dernières sont cependant en gisement transgressif sur les premières. Il y aurait donc là un exemple de deux révolutions sur la même ligne de direction, ce qui n’est pas admissible d’après la théorie de M. de Beaumont.

Au reste, j’ajouterai que M. de Rosthorn, qui s’est occupé depuis longues années à marquer, sur sa carte de l’Illyrie, la direction et l’inclinaison des couches de chaque dépôt, est arrivé à se trouver au milieu d’un véritable labyrinthe de directions et d’inclinaisons variées. M. Merian avoue qu’il est arrivé au même résultat dans la Forêt-Noire.

Voilà donc des faits qu’il ne parait pas possible de faire concorder avec les détails de la théorie de M. de Beaumont ; mais, il y a d’autres objections à faire dont personne n’a encore parlé. Si la direction des chaînes indiquait toujours des lignes de soulèvement, on peut objecter qu’on pourrait arriver à de singulières conclusions pour les chaînes composées de couches horizontales et non redressées, mais simplement soulevées avec les continens. Ainsi, par exemple, la chaîne du Jura allemand qui s’étend du Wurtemberg à Ratisbonne, ou environ de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est, puis de Ratisbonne jusqu’au près de Cobourg, ou environ du nord au sud, offrirait à M. de Beaumont deux lignes de soulèvement, tandis qu’en réalité elle n’a subi aucun dérangement, puisqu’elle est entièrement composée de couches horizontales. Les seules anomalies qu’on y connaisse sont quelques fentes dans diverses directions, et produites probablement par les basaltes de l’époque tertiaire. Si cette chaîne a été soulevée, elle l’a été conjointement avec tout le sol secondaire et ancien, et plus tard elle a été ravinée et dégradée.

En parcourant les assertions de M. de Beaumont, on trouve qu’il est tombé dans une erreur semblable à celle dont je signale la possibilité, lorsqu’il a voulu assigner l’âge du premier soulèvement éprouvé par les Apennins, d’après la ligne des collines subapennines. Avant les altérations ignées et les soulèvemens éprouvés dans la direction du sud-ouest au nord-est, les Apennins formaient une chaîne secondaire courbe. Comme la chaîne du sud-ouest de l’Allemagne, les couches y étaient horizontales ou presque horizontales ; or, M. de Beaumont a divisé cette courbe en deux lignes, et a placé en Toscane une intersection de deux systèmes de soulèvement, suppositions qu’il ne peut appuyer d’aucune observation géologique faite sur le terrain par lui ou par d’autres observateurs.

Il s’est fié uniquement au tracé des cartes, manière commode de faire de la géologie, que je vais considérer tout à l’heure.

L’excavation de la vallée du Pô n’a pas encore été bien comprise ; elle est le produit du creusement des torrens des Alpes les molasses et les marnes tertiaires qui séparaient les calcaires à Nummulites ou le sol tertiaire inférieur du Vicentin, des argiles et des sables supérieurs des collines subapennines. Cet étage tertiaire moyen ne s’est conservé qu’en Piémont, où il s’est trouvé un peu sur le côté de la direction générale des débâcles torrentielles des Alpes. Dans ce point important la géologie et la zoologie sont maintenant tout-à-fait d’accord.

Donc avant l’époque tertiaire il y avait entre les Apennins et les Alpes une immense cavité ou affaissement du sol produit par le soulèvement des Alpes. Avant cette catastrophe les grès des Apennins en couches horizontales venaient toucher le pied des Alpes, et cette déduction est si logique, qu’on trouve encore à présent des lambeaux de ce dépôt sur le bord des Alpes. Plus tard le forage des puits artésiens l’atteindra peut-être au-dessous des couches tertiaires de la plaine.

L’on voit donc dans quels écueils peut conduire la doctrine des soulèvemens de M. de Beaumont.

Quant aux déductions qu’on peut tirer pour la détermination des époques de soulèvement d’après le tracé des cartes, et même de celles qui sont coloriées géologiquement, cette science toute nouvelle me paraît bien difficile et sujette à une multitude d’erreurs, supposant même toutes les cartes exactes, ce qui est très loin de la vérité. J’en ai moi-même fait l’épreuve en outrant ou modifiant les doctrines des soulèvemens, et j’en suis arrivé malheureusement aux conclusions suivantes :

Si les chaînes de la terre avaient été toutes formées à la manière des proéminences qui marquent le passage sous terre d’une taupe, le système de M. de Beaumont serait parfait dès que les cartes géographiques auraient atteint une exactitude passable. En effet, les couches des chaînes auraient été redressées, toujours parallèlement à leur direction, et même à celle de leurs plus hautes sommités.

Malheureusement il y a des chaînes dont la direction des masses coupe celle des montagnes sous des angles plus ou moins forts, comme dans les Apennins, le Bohmerwaldgebirge, etc.

On conçoit en effet aisément qu’un soulèvement d’une portion de la croûte du globe n’a pas dû toujours avoir pour effet de produire une chaîne ou de former une proéminence de toute l’étendue soulevée. Ce soulèvement n’avait qu’à se faire dans une des cavités les plus profondes du globe ; dans ce cas il pouvait simplement combler tout-à-fait ou presque entièrement ce creux. Restait-il des vides, les alluvions postérieures ont pu les remplir, et ainsi les plaines présentent souvent des indices de soulèvement comme les montagnes.

Maintenant, si le soulèvement a affecté en même temps une cavité du globe et une masse un peu en saillie, il est évident qu’il pourra s’être formé du même coup une chaîne et un pays de plaine, ou, si l’on veut, de très petites collines.

Personne ne niera cela ; cependant cette configuration du sol, exprimée sur les cartes, sera comprise par la théorie de M. de Beaumont d’une tout autre manière qu’elle ne s’est formée, à moins qu’on ne veuille tenir compte de la direction des couches.

Or, le cas du classement du soulèvement du Bohmerwaldgebirge montre que l’esprit systématique peut aller jusqu’à donner la préférence au tracé des cartes sur la direction des couches. Je n’ai pas besoin de répéter que cette dernière observation s’applique aussi au classement du soulèvement des Apennins et des montagnes de l’Istrie.

Lorsque les couches d’une chaîne présentent une direction différente de celle de la chaîne, comme cela a lieu dans le nord-est de la Sicile, l’on pourrait supposer encore qu’après un premier bouleversement la chaîne a été soulevée en masse, et presque sans dérangement dans les couches. Dans ce cas il se présenterait sur ses bords des apparences géologiques particulières. Mais jusqu’ici, où a-t-on pu trouver les preuves d’une succession pareille de dislocations différentes ? Cette supposition n’est pas du moins applicable au Bohmerwaldgebirge. Les idées particulières de M. de Beaumont sur le tracé des chaînes géographiques peut aussi conduire à des idées fausses, lorsqu’elles s’appliquent à des parties du globe dont les couches ont été soulevées en masse sans être notablement dérangées, comme une espèce de culot. La base secondaire du Rhongebirge couronné de basalte a été citée par plusieurs auteurs comme un exemple de ce genre de soulèvement.

En choisissant une ligne quelconque de direction sur une carte de l’Europe, et à fortiori sur une mappemonde, l’on peut trouver dans la position de quelques chaînes, de quelques rivières, de quelques vallées ou vallons, et de quelques détails de géographie géognostique, des indices d’un bouleversement, redressement ou fendillement plus ou moins grand.

Dans ce système de déduire du tracé des cartes les révolutions géologiques du globe, une chaîne sera une grande ride, quoiqu’elle soit composée de couches toutes horizontales, ou de couches ayant une direction non-parallèle ou à angle droit de celle de la chaîne géographique.

Toute vallée pourra devenir une faille ou un cratère de soulèvement, quelque petite qu’elle soit et quelque preuve qu’il y ait que l’érosion a produit la cavité en question, ou que le cratère soit tout simplement une dénudation de la partie bombée d’une série de dépôts en stratification conforme.

Toute direction d’un fleuve ou d’une rivière pourra être confondue avec une faille, quoiqu’on sache bien que dans les plaines la place du lit des rivières est déterminée souvent par des accidens bien différens, tels que des amas d’alluvions, etc.

Si certains lits de rivières décrivent des zigzags plus ou moins marqués, on y verra des entrecroisemens de failles, tandis qu’en allant sur les lieux on verrait peut-être que de petits accidens locaux, des bancs de galets, des érosions, la direction principale des courans ou des fendillemens, ont produit ces directions diverses.

Ainsi, par exemple, le Rhône, de Lyon à la Méditerranée, et le Danube de l’est à Semlim, suivant la direction nord et sud, appartiendraient aux accidens du système nord et sud de soulèvement antérieur à la fin des derniers dépôts tertiaires. Or, si M. de Beaumont peut établir cette conclusion pour le Rhône, quelles preuves peut-il en donner pour le Danube, qui coule dans une plaine sableuse et alluviale ?

De même les fentes de Windisch-Kappel et du Leobel en Carinthie, qui vont du nord au sud, seraient de l’âge de la faille du Rhône, tandis que ces fentes dans le sol intermédiaire et jurassique sont probablement postérieures au dépôt crayeux, ou du moins à tout le sol tertiaire, puisque les roches tertiaires les plus récentes couvrent les plaines voisines sans entrer le moins du monde dans ces profonds sillons.

Comme les vallées transversales ou les fentes du petit Harz polonais courent du nord au sud, on pourrait encore placer ce fendillement d’un sol intermédiaire sans intervention de dépôts tertiaires, dans l’époque de la formation de la faille du Rhône.

Les données géologiques pourront aussi être employées sans critique rigoureuse, comme on l’a fait jadis pour tracer des lignes de volcans ou des zones volcanisées dans un continent ou sur tout le globe entier. Si ces tracés étaient justes, ceux offerts par plusieurs auteurs devraient correspondre ; or il n’en est point ainsi, parce que l’imagination a été surtout en jeu.

De même, en déterminant des époques de soulèvement d’après la distribution géographique des roches d’un pays, l’on peut trouver facilement à flatter une idée favorite, au risque de s’égarer aussi aisément dans le précipice des erreurs.

Ainsi on cherchera à toute force à lier tous les plus petits points de roches volcaniques et les filons de toute espèce, et à les classer dans un nombre méthodiquement déterminé de lignes. Si l’engouement permet encore d’apercevoir des exceptions, l’on saura bien trouver leurs solutions dans des détails accessoires ; puis l’on adaptera à sa théorie l’affleurement des divers dépôts, accident qui est soumis, à une foule de circonstances dépendant du genre de la formation, de son origine, de l’inclinaison de ses couches. de sa nature, de la dureté inégale de ses roches, et même du système de coloration des cartes géologiques, sur lesquelles on cherche cependant à exercer sa sagacité divinatrice.

Une roche particulière ressortent dans un point pourra devenir une précieuse indication pour une certaine ligne de soulèvement, dont peut-être il n’y aura dans la carte que deux ou trois autres traces. Or, si après tout ce travail l’imagination, cette roche figurée si à propos sur la carte se trouvait omise sur une autre, soit pour rectifier l’erreur d’un devancier, soit pour marquer des dépôts qui la recouvrent, l’on sent qu’il faudrait recommencer de nouvelles combinaisons.

Enfin, combien ne voit-on pas souvent dans les cartes les roches ignées changer de nom et surtout d’époque géologique ? un seul changement pareil est capable de renverser tout un échafaudage de soulèvemens.

Pour quiconque m’a compris, je crois donc avoir prouvé, soit par le relevé consciencieux et exact de la direction des couches d’un grand nombre de chaînes, soit d’après les observations géologiques d’autrui ou les miennes, que les hypothèses fondamentales suivantes de la doctrine de M. de Beaumont sont fausses, savoir : la coïncidence générale entre la direction des couches et celle des chaînes, le parallélisme constant des dislocations d’une même époque et des chaînes contemporaines, le non-parallélisme constant des chaînes et des couches redressées à des époques différentes, enfin l’horoscope des époques de soulèvement d’après le trace des cartes géologiques ou géographiques.

Thalès disait jadis que, plus il réfléchissait à ce qu’était Dieu, moins il comprenait sa nature ; j’avoue que, plus je considère la brillante théorie des soulèvemens telle qu’elle est présentée et restreinte par M. de Beaumont, plus, vu nos connaissances actuelles, je la trouve aventurée dans ses parties rationnelles, et inadmissible dans ses exagérations ; or M. Conybeare en porte le même jugement. Que M. de Beaumont rectifie donc d’abord l’ébauche de son édifice.

En effet, n’a-t-il pas varié lui-même sur le nombre de ces révolutions ? N’en a-t-il pas admis successivement dix, puis douze, puis enfin, dit-on, quinze ? Depuis son voyage aux Pyrénées avec M., Dufrenoy, n’a-t-il pas reconnu, avec ce dernier, quatre directions de soulèvement dans une chaîne dont le relief actuel ne lui avait révélé qu’une seule révolution ? (Voy. Bull., vol. II p. 80.) M. Reboul avait-il donc tort de lui reprocher de négliger les détails, et de vouloir enregistrer les chaînes de montagnes dans son tableau systématique des soulèvemens, sans les avoir visitées ni bien étudiées dans les ouvrages ? (Voy. Bull., vol. II, p. 74.)

En un mot, il a reconnu lui-même que sa science n’est pas arrivée à son apogée ; qu’il la ne fasse donc, et qu’il en élague les vues trop hasardées ; tout le monde l’en félicitera, et il lui restera encore assez de lauriers à moissonner. D’un autre côté, s’il persistait dans ses idées actuelles, je ne crains pas de dire qu’il rétrogradera au temps des théories de la terre, ou à celui où l’imagination remplaçait uniquement l’observation. En polémique de science, les ménagemens d’amis sont illusoires, et ne donnent tout au plus que quelques mois de répit ; car la masse des savans est si grande, qu’il s’en trouve toujours pour réclamer contre les erreurs émises pendant l’année courante ; ainsi attaquons-nous les uns et les autres franchement, car nous sommes tous sujets à faillir ; et soyons toujours prêts à profiter des avis salutaires : si l’amour-propre s’en mêle, la victoire ne reste pas long-temps indécise entre celui qui se lâche et celui qui ne présente que ses doutes, sauf rectification.

Sir Richard Phillips a relevé l’erreur grossière de M. Byerley, d’avoir pris pour l’écliptique du globe celui qui est tracé sur les globes terrestres, et d’avoir fondé sur cette idée l’hypothèse que les changemens géologiques pourraient être résultés de ceux dans les précessions des équinoxes. (Voy. Bull., vol. I, page 225.) En 1813 (Monthly Magazine), et 1820 (Twelve Essays), M. Phillips a avancé que les changemens géologiques pourraient résulter du mouvement de la ligne des apsides autour de l’écliptique pendant l’espace de 20,930 ans, parce que les extrémités de cette ligne forment les points d’aphélie et de périhélie. Comme, dans ce cas, la différence de distance s’élève à trois millions de milles, il en résulte une différence d’action et de réaction suffisante pour forcer les eaux mobiles à se conformera la déclinaison du périhélie au point de la plus grande action.

La progression de la ligne des apsides change la déclinaison des points d’aphélie et de périhélie de 47°, et par conséquent la direction de la plus petite et de la plus grande action et réaction. Ainsi il semble qu’on à une cause pour concevoir l’obliquité rétrécie d’une minute en 120 ans, ou d’un degré en 7,200 ans. Ainsi en 216,000 ans les tropiques arriveraient à Liverpool, puisqu’il y aurait eu dix révolutions de la ligne des apsides, ou dix passages de l’Océan d’un hémisphère à l’autre. (Mag. of nat. hist. of London. Janv. 1832, p. 102.)

Pour qu’on ne méconnaisse pas ses idées, M. Phillips vient de les ré publier, avec des additions, sous le titre d’Essai sur les causes physiques et astronomiques des changemens géologiques sur la surface du globe, et de la température terrestre. (Essay on the physico-astronomical cause, etc., avec une préface, par M. Devonshire. Londres. In-8° de 800 pages. 1832.)

M. J.-F.-W. Herschel a publié un mémoire sur les causes astronomiques qui ont pu influer sur les phénomènes géologiques. Notre planète ne peut subir directement que les influences du soleil et de la lune ; l’un donne de la chaleur, l’autre produit surtout les marées. Si la terre se rapprochait de la lune, les marées augmenteraient en raison inverse du cube des distances de l’une à l’autre. Ainsi, si cette distance moyenne de la lune diminuait d’un dixième, la moyenne de la hauteur du flux et du reflux serait augmentée d’un tiers de sa quantité actuelle, ce qui produirait des érosions et des transports considérables sur les continens.

Or maintenant le phénomène de l’accélération de la moyenne du mouvement lunaire fait que la distance moyenne de ce corps décroît véritablement ; mais Laplace a prouvé que ce changement était suivi d’un autre en sens inverse, et avait lieu si lentement, qu’il n’en peut résulter de changemens de relations entre la lune et la terre.

L’excentricité de l’orbite lunaire est aussi sujette à des fluctuations ; il n’est pas prouvé qu’en se reportant à plusieurs millions d’années, elle n’a pas été plus grande qu’à présent ; or, s’il en a été ainsi, les marées au périgée de la lune ont dû éprouver un accroissement correspondant, mais n’ont pu qu’entamer un peu plus les côtes.

Si ces divers phénomènes n’ont pas été capables de produire des effets extraordinaires sur le globe, il n’en est pas de même de la variation dans l’excentricité de l’orbite du globe ; car, dans ce cas, la quantité totale de chaleur reçue du soleil par la terre pendant une révolution, est inversement proportionnelle au petit axe de l’orbite. Or, son grand axe étant invariable, et par conséquent aussi la longueur absolue de l’année, il s’ensuit que la quantité moyenne annuelle de la chaleur donnée par le soleil sera dans la même raison inverse du petit axe.

L’excentricité de l’orbite terrestre décroît actuellement, et même depuis une époque antérieure aux temps historiques. Son ellipse se rapproche donc toujours plus du cercle, et son petit axe diminuant, la quantité annuelle de la radiation solaire diminue. Or, cette différence dans la quantité de chaleur solaire peut diminuer ou augmenter la différence des températures de l’été et de l’hiver, de manière à produire alternativement sous la même latitude, dans les deux hémisphères, un printemps perpétuel, ou les extrêmes d’un été brûlant et d’un hiver rigoureux.

En réunissant cette cause de changement de température avec les effets combinés de la précession des équinoxes et du mouvement des apsides de l’orbite elle-même, cela serait suffisant pour transporter le périgée de l’été au solstice d’hiver, et produire ainsi un passage d’une espèce de climat à une autre, pendant une période de temps suffisante pour changer matériellement la végétation d’un pays. Or, cette supposition extrême n’est pas démontrée être impossible.

D’une autre part, si des calculs exacts établissent les limites étroites de l’excentricité de l’orbite du globe, et si l’on peut prouver que la radiation solaire n’affecte pas notablement la température moyenne ni les extrêmes de température de nos climats, il sera toujours satisfaisant d’apprendre que les causes des phénomènes présenté par les créations géologiques sont à chercher ailleurs que dans les relations de notre globe avec son système planétaire ; car on ne peut concevoir d’autre connexion entre les faits géologiques et ces rapports planétaires. Quant à l’obliquité de l’écliptique, elle est confinée dans des limites trop étroites pour que cette variation exerce aucune influence sensible. (Trans. geol., vol. II, part. 2.)

Je passe à présent à la paléontologie, après avoir récapitulé ce qu’on a écrit l’an passé sur la géologie proprement dite.

Dans tous les pays, les géologues continuent à reconnaître que la géologie peut retirer de très grands avantages d’une étude rationnelle et approfondie de la paléontologie, surtout de la conchyliologie fossile. Néanmoins les géologues ne paraissent pas disposés à baser toute leur science sur la zoologie, et ils pensent que les naturalistes n’ont pas encore assez d’observations de toute espèce pour pouvoir classer simplement zoologiquement, les dépôts à fossiles, masses qui ne constituent qu’une portion de la croûte terrestre. On se rappelle que le développement de cette proposition a fait le sujet d’une discussion entre M. Deshayes, M. Dufrénoy et moi. (Voy. Bull., V. II, p. 87, et mes Mém. géolog et paléontolog., v. I, p. 99)

En ouvrages généraux sur les fossiles, je trouve à signaler les Élémens de paléontologie (Handbuch der Petrefactenkunde, in-8o, Dresde, 1831), de M. Holl, avec une préface sur les phases par lesquelles ont passé les créations, par M. Choulant. Ce dernier résumé se termine par un catalogue des animaux et des végétaux fossiles.

M. Holl divise les créations géologiques en trois périodes ; la première s’étendrait jusqu’au Muschelkalk ; les houillères se seraient formées sur des iles ; la seconde période irait jusqu’à la craie, et la troisième comprendrait l’époque tertiaire et alluviale.

Il donne un catalogue des ouvrages de paléontologie et de botanique fossile. Après cette introduction il donne une énumération méthodique des fossiles, en y joignant les caractères des genres et de quelques espèces. Malheureusement ce tableau utile n’est pas complet, et il y manque souvent la synonymie et l’indication des figures des objets mentionnés.

M. Bronn va publier, en français et en allemand, sous le titre de Lethaea geognostica, une description et les figures de 300 fossiles les plus caractéristiques des terrains. (13 feuilles in-4o avec 26 planches. Prix : 13 fr.)

Dans le Journal russe des Mines, l’on trouve reproduit presque en entier, par M. Sembnitski, d’une part, le système des pétrifications publié, il y a quelques années, par M. Bronn, y compris les figures de chaque genre. (Gorn. Journal, 1831, n° 1, 4, 6, 7, 8, 10, 11, et 1832, n° 1) ; de l’autre, le prodrome des végétaux fossiles de M. Brongniart. (Gorn. Journ. 1832, n° 2, 3, 4 et 8.)

Ces publications avanceront la culture de la géologie zoologique en Russie, et la synonymie des noms conchiliologiques, latins, et russes, peut être utile aux savans étrangers. (Gorn. Journ. 1832, n° 1.)

M. Zencker a donné la première livraison de ses Beitrage zur Naturgeschichte des Urwelt, in-4o de 67 p., avec 6 pl. Jéna, 1833 ; espèce de magasin embrassant toutes les branches de la paléontologie.

M. Fischer, de Moscou, a achevé, dans le second volume des nouveaux Mémoires de la Société des Naturalistes de Moscou, sa Bibliographie générale des ouvrages et des Mémoires publiés jusqu’ici sur la paléontologie. (Voy. Prodromus Petromatognosiae, etc., dans les nouv. Mém., etc., v. I (anc. série, v. VII), p. 301-374, et v. 2 (anc. série, v. 8), p. 95 à 277.)

M. de Meyer a récapitulé, dans un ouvrage particulier, intitulé Palœologica, l’histoire du globe et de ses êtres. (in-8, Francfort, s. M., 1832.) Après avoir donné la littérature de cette partie des sciences géologiques, il énumère toutes les espèces fossiles de mammifères, de cétacées et de reptiles découverts jusqu’ici. Il entre ensuite dans des détails sur chaque espèce ; enfin il décrit successivement les dépôts de la croûte terrestre qui recèlent des restes d’êtres vivans, et en particulier d’animaux vertébrés. Cette dernière partie, occupant la moitié de l’ouvrage, est naturellement une espèce de traité de géologie-zoologique qui mérite d’être lu, et contribuera à répandre en Allemagne des idées précises sur la distribution des vertébrés dans les couches du globe. Avant d’entrer en matière sur le sol intermédiaire, l’auteur émet ses opinions, et celles d’autrui, sur les soulèvemens, les caractères de ce qu’on nomme une formation, et la valeur géologique des caractères tirés de la zoologie.

La société a entendu avec intérêt la lecture du Mémoire de M. Marcel de Serres, sur les animaux découverts dans les diverses couches des dépôts quaternaires. (V. Bull., v. II, p. 430.)

M. de Christol a comparé la population animale des deux bassins du département de l’Hérault pendant l’époque tertiaire. Les dépôts de cette période sont semblables à ceux des deltas ; ainsi le bassin de Montpellier présente des cailloux charriés encore actuellement par le Rhône, la Durance et les rivières adjacentes, et rejetées journellement sur la côte de la mer, tandis qu’à Pézenas on trouve les roches de Castelnaudary.

Dans ce dernier bassin il n’y a pas de cétacées, ce qui indique que le terrain tertiaire y a été formé près d’un rivage ou à l’embouchure d’un étang. Au contraire, à Montpellier l’eau était profonde ; aussi les sables tertiaires y ont une épaisseur de 200 pieds, et offrent des traînées de gravier produites par les petites rivières qui se décharnaient dans la mer.

À Pézenas, on trouve des os d’éléphant, du grand hippopotame, deux espèces de solipèdes, des bœufs, le cerf à bois gigantesque, et un cerf de la taille du C. elaphus, un Élan, un Renne, et des os de Lamantin.

À Montpellier ce sont des débris d’Éléphant, du Mastodon angustidens, du petit Hippopotame, du Rhinocéros leptorhinus et tichorhinus, du Tapir, de Paleotherium, d’Antracotherium, de Lophiodon, d’Hipparion, de bœuf, d’un Cerf de la grandeur de l’Élaphe ; de plus il y a reconnu des Capreolus Cuvierii et Tolazani, l’Antilope Cordierii, un Felix, un ours, une Hyène, un Lamantin, un Dugong, un Dauphin, une Baleine, un Cachalot, un Rorqual, un Crocodile, une Trionix, une Chélonie, une Émide, une Tortue, des Palmipèdes, des Squales, des Baies et des Dorades.

M. de Christol soupçonne que, lors de l’époque tertiaire, les genres et les espèces d’animaux ont eu une distribution géographique particulière, puisqu’à Montpellier on trouve le cerf à bois palmé, qui n’existe pas dans les dépôts d’Auvergne Enfin il ajoute que M. Brongniart à tort de placer le dépôt tertiaire ossifère de Pézenas en parallèle avec les brèches osseuses. (Ann. du midi de la France. Mars et mai 1832.)

Aux États-Unis, M. le prof. Rafinesque a publié une énumération et une description de quelques objets remarquables de son cabinet, tels que des animaux, des coquilles, des plantes et des fossiles recueillis par lui dans les États-Unis, de 1816 à 1831. (Enumeration and Account, etc. Philadelphie, 1831.)

M. Featherstonaugh prétend que ce catalogue contient beaucoup de noms nouveaux, tels qu’un Taurus gigas, un Panallodon tumularium, etc., et que ces espèces sont établies trop légèrement.

Il a paru à Birmingham des Leçons populaires sur les animaux vertébrés des Iles Britanniques, en particulier sur les mammifères de la Grande-Bretagne, avec un synopsis de tous les genres et les espèces, et avec un appendix contenant l’esquisse des animaux perdus. (Popular lectures, etc., in-8o, 1832.) Des ouvrages pareils montrent que l’histoire naturelle, et même celle des créations perdues entre dans l’éducation de tout Anglais bien élevé.

Avant de parler des fossiles de la classe des mammifères je dois signaler une notice sur un corps humain trouvé à 10 pieds et demi de profondeur dans une tourbière d’Irlande. Il paraît qu’il a été enfoui avant l’arrivée des Anglais en Irlande. (New Edinb. phil. Journ. juin 1831.)

M. J. Hart a donné une seconde édition de sa Description de l’élan fossile d’Irlande (Dublin 1831)

M. Édouard Stanley a publié un Mémoire sur les cavernes de Cefn dans la vallée de Cyffredan, dans le Denbigshire en Angleterre. Dans l’une d’elles on connaît depuis long-temps des os de cerf, des os humains, des armes anciennes, et même des os d’animaux travaillés par les hommes. (New Edinb. phil. Journ., Janv. 1833, p. 40.)

M. le doct. Schmerling prépare un ouvrage intitulé : Recherches sur les ossemens fossiles des cavernes de la province de Liège. (3 ou 4 vol. in-4o, avec un Atlas de 50 planches.)

En attendant, il a consigné quelques unes de ses observations, dans le Journ. de Minéralogie, de MM.de Léonhard et Bronn.

Ce savant a découvert une douzaine de cavernes ossifères aux environs de Liège. La première est dans le calcaire carbonifère d’Engihoul, et son plancher est couvert d’ossements d’ours, de chevaux et de ruminans, fossiles mêlés indistinctement, et à différentes profondeurs, avec des os humains, qui se sont trouvés surtout dans les parties les plus reculées de cette cavité. Deux autres cavernes calcaires sont situées derrière Engis, sur la rive gauche de la Meuse, et recèlent aussi des ossemens humains mêlés avec des restes d’ours, de hyène, de petits carnassiers, de chevaux, de cochons et de grands ruminans. Les os humains sont dans le même état que ceux des autres animaux. Dans une de ces cavernes, M. Schmerling a découvert des os affilés en forme d’épingle, et aussi beaucoup de silex travaillés par les hommes.

Toutes les autres cavernes se trouvent dans la vallée de la, Vesdre à Goffontaine, Chaufontaine, Flaire, Jusleuville, Olne, et à Verviers. La plus considérable est celle de Goffontaine, qui traverse des alternats de calcaire et de schiste. argileux. L’auteur y a remarqué de haut en bas les couches suivantes : un dépôt de stalactites, un demi-mètre d’argile ossifère à cailloux roulés ou angulaires de schiste ou de calcaire, une seconde couche de 1 à 4 mètres assez semblable, avec des cailloux plus divers. On y a découvert jusqu’ici des os de rhinocéros, de cheval, de cochon, de bœuf, de cerf, d’une souris, de trois espèces de chauves-souris, de trois espèces d’ours, de deux espèces de chat, d’une hyène (H. speloea), de loup, de renard, de trois martres, d’une fouine, d’un oiseau, d’un poisson, ainsi qu’une coquille terrestre. M. Schmerling n’y a pas vu la moindre trace d’excrémens d’animaux, et il pense qu’elle a été remplie par un cours d’eau qui y a amené les cailloux, tandis que des pierres détachées de ses parois y ont produit les fragmens angulaires. (Jahrb. f. Min. 1833, n° 1, p. 38.}

M. Marcel de Serres est revenu encore l’an passé sur les ossemens humains et les produits d’industrie découverts dans les cavernes calcaires. Dans cette réponse aux observations de M. Desnoyers (voy. Bull. v. 2, p. 126), il établit en principe que le limon des fentes longitudinales (les cavernes) ou verticales (les broches osseuses), est un dépôt de transports, et qu’il ne contient des ossemens que lorsqu’il y a aussi des cailloux roulés ou des roches fragmentaires. Il fixe à 500 mètres au-dessus de la mer Méditerranée la limite supérieure des fentes ossifères ; si les mêmes restes d’animaux se trouvent à des niveaux plus élevés, comme en Auvergne, ils sont à la surface du sol dans des lits sablonneux différens des limons rougeâtres argilo-calcaires des cavernes. Si les cavernes et les fentes calcaires ont présenté sur tout le globe les mêmes caractères, leurs ossemens ont montré les mêmes différences que les créations animales actuelles.

Les mammifères terrestres de ces dépôts d’alluvion, tels que les bœufs, présenteraient, d’après l’auteur, des races distinctes, d’où il déduit que l’homme a exercé quelque influence sur ces anciennes espèces domestiques.

L’altération des ossemens n’est un caractère distinctif pour décider l’âge d’un dépôt que lorsque tous les ossemens ont dû être soumis aux mêmes genres d’influences ; or, en comparant sous ce point de vue les divers degrés d’altération des ossemens humains et d’animaux perdus des cavernes de Mialet, il est aisé de reconnaître qu’il y existe des ossemens humains de plusieurs époques. Ainsi les os humains des limons supérieurs sont contemporains de la plus grande partie des poteries, de la lampe, etc., tandis que ceux des couches inférieures ont été déposés en même temps que les os d’ours, d’Hyènes, de Panthères, de Lynx, etc.

Parmi ces derniers, il y a des ossemens de la plus grande fraîcheur, tellement qu’on ne pourrait les croire enfouis que depuis quelques années, fait observé aussi par le comte Razoumowski dans les limons des rochers calcaires de l’Autriche.

M. Marcel de Serres rapporte que dans la caverne de Mialet, plusieurs têtes d’ours des cavernes ont été trouvées au dessous de grandes pierres placées à dessein et quelquefois même scellées à l’aide d’une grossière maçonnerie.

Dans les cavernes d’Anduze il y a trois couches distinctes de limon, dont la moyenne seule n’est pas ossifère, tandis que les os humains profondément altérés, les débris d’ours et d’hyènes, ainsi que les fragmens des poteries les plus grossières, n’existent que dans la masse inférieure.

Les ossemens d’animaux domestiques, tels que ceux des bœufs, étant mêlés avec ceux des animaux perdus, l’on reconnaît l’existence contemporaine des uns et des autres, mais les races différentes des bœufs des cavernes prouvent l’influence de l’homme, dont les os sont aussi mêlés à ceux des animaux : pourquoi donc vouloir classer parmi les impossibilités physiques l’existence de l’homme à ces époques reculées ?

Pendant des siècles on a regardé la chute des aérolithes comme une fable ridicule, parce qu’elle paraissait contraire à toutes les lois de la physique et de l’astronomie ; or, quelle loi naturelle peut-on citer, qui place parmi les pures rêveries l’existence d’une race particulière d’hommes, lors de l’époque alluviale la plus ancienne ?

Ne revenons-nous pas chaque jour de cet engouement systématique, qui nous faisait regarder comme perdues bien avant l’existence de l’homme, tant d’espèces animales, parce que cette idée avait souri à l’imagination de quelque homme de génie.

Déjà plusieurs animaux qui devaient caractériser l’époque alluviale ancienne et avoir précédé l’homme, ont été reconnus n’avoir disparu que lorsqu’il était maître du globe et en partie par sa toute-puissance.

D’après cela, ne peut-on pas conclure avec M. de Serres, que les recherches de M. Desnoyers sur les tumulus druidiques et les cavernes habitées par les Gaulois sont archéologiquement fort intéressantes, mais qu’elles ne jettent du jour que sur les dépôts ossifères les plus récens des cavernes ?

M. de Serres demande encore si on a jamais trouvé dans les tumulus des ossemens d’espèces perdues, réunis à des os d’hommes. (Ann. des sc. et de l’ind. du midi de la France no 6, p. 101, et Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, t. 5, no 6.)

On doit comparer certe notice avec celles que nous a données notre confrère M. Teissier, sur la caverne de Mialet (voy. Bull., v. 2, p. 21, 56, 84 et 119), et avec la notice archéologique de M. Clément Mullet (voy. Bull., v. 2, p. 372).

M. Tournal a reparlé de la caverne à ossemens de Bize (Aude), et partage à peu près les idées de M. Marcel de Serres sur les ossemens humains (voy. Bull. v. 2, p. 381), tandis que M. Boubée et M. de Chesnel se rangent du côté de M. Desnoyers (dito, p. 382 et 390).

M. Morren a sous presse un Mémoire sur les ossemens humains des tourbières de la Flandre. Tous les crânes examinés appartiennent selon lui à la race caucasique, mais comme dans les mêmes localités on trouve le castor antédiluvien, c’est cette coïncidence qui a amené l’auteur aux conclusions suivantes :

1o  Si le gisement des ossemens humains mêlés à ceux d’hyènes, d’ours, de cerfs, de rhinocéros, n’a été reconnu que dans les cavernes du midi de la France, dans celles de la Belgique, dans le détritus et la terre noire du calcaire alpin de la Basse-Autriche ; si les ossemens humains se sont rencontrés de même dans les brèches osseuses de la Dalmatie, dans le sol marno-alluvial de Krems et dans le grand dépôt alluvial du Rhin, il faut faire entrer dans la même série de faits le gisement des ossemens humains dans les tourbières, puisque les dépôts tourbeux contiennent de même des races animales qui ont disparu du globe. Il faut donc se demander si des espèces de cerfs, de castors, etc., doivent être comprises dans la série des animaux dont les races se sont éteintes depuis que l’homme existe sur la terre.

2o  L’histoire des dépôts tourbeux considérée sous ce point de vue, reçoit une lumière nouvelle. En classant les tourbières sous le rapport de leur horizon géographique en tourbières basses et élevées, on doit reconnaître que si les premières sont effectivement plus anciennes que les autres, elles renferment en plus grande quantité des ossemens humains et ceux d’animaux perdus ou émigrés hors du pays. On remarquera encore que ces tourbières peuvent reposer sur des terrains très différens, mais que leur superposition au sable limoneux d’eau douce renfermant des coquilles dont les espèces vivent encore aujourd’hui, prouve et leur date d’ancienneté et l’impossibilité qu’elles se seraient formées dans de grands lacs d’eau salée, comme on prétend que se forment les tourbières de l’Amérique.

3° Si des ossemens humains trouvés dans quelques contrées d’Europe, mêlés a ceux d’animaux éteints, ont montré dans le crâne une structure qui indique tantôt un rapprochement avec les races nègres, les Caraïbes ou les habitans du Chili, tantôt une compression de la tête, suite de l’usage prolongé de porter les fardeaux sur cette partie du corps, on doit remarquer que les ossemens humains trouvés dans des tourbières des Flandres et également mêlés à des os d’animaux perdus, n’ont point présenté des faits analogues. Ces os appartiennent à l’espèce humaine de la race caucasique, et ne sont pas sensiblement différens de ceux des habitans actuels des Flandres.

4° Ces faits assignent, par rapport à nos temps historiques, une très haute antiquité à l’époque de la formation des tourbières basses et de l’enfouissement dans leurs couches, de castors, d’aurochs, de cerfs, de loups, de chiens, de loutres et de quelques ruminans, fait qui semble démontré d’ailleurs par la disparition de l’espèce de castor depuis l’existence de l’homme. On peut donc en conclure avec quelque certitude, qu’à partir de ces temps éloignés jusqu’à nos jours, l’organisation de notre espèce n’a point changé dans nos climats, bien que des races entières d’animaux ont dû disparaître de notre sol.

M. W. Cooper a donné une notice détaillée sur le fameux gîte d’ossemens de Big-Bone-Lick, situé dans une vallée étroite du comté de Boone, dans la partie septentrionale du Kentucky, à 2 milles de la rive gauche de l’Ohio, et à 80 milles nord de Lexington.

Les os avaient été recueillis en 1804 par le docteur Goforth de Cincinnati ; en 1806 par le général Clark, par le musée de Cincinnati, et en 1828 par MM. Cooper et Cozzens. Le docteur S.-L. Mitchill a publié une note sur ces os dans le volume 11 du Medical Repository. M. Cooper y a déterminé les restes des animaux suivans.

1° Le Mastodon maximus, Cuv., dont le Tetracoulodon du docteur Godman n’en est qu’un jeune individu. Il observe qu’il n’y a qu’une espèce de Mastodon aux États-Unis.

2° L’Elephas primigenius de Blumenbach.

3° Le Megalonyx Jeffersonii, déjà indiqué par MM. Drake et Mansfield dans leur description de Cincinnati en 1826. Il y a 35 ans que Jefferson décrivit le Megalonyx dans les Trans. philos. Americ., et l’on en trouve, d’après M. D.-T. Muddox, des ossemens dans les cavernes de Big-Bone-Cave, dans le comté de White, dans le Tennessee. (A description of Big-Bone-Cave, etc. 17 août 1813.)

4° Le Bos Bombifrons, Harlan, et figuré pour la première fois par le docteur Wistar. (Voy. Trans. of the Americ. philos. Soc., 1817 ou 1818.)

5° Le Bos Pallasti, Dekay. Un crâne semblable a été rejeté par un tremblement de terre arrivé en 1812 au Nouveau-Madrid, sur le Mississipi. Cette espèce serait-elle identique avec le Bos moschatus ? Il y a de plus à Big-Bone des restes de trois espèces de bœufs, dont une habite encore le pays et est le Bos latifrons Harlan, que Cuvier compare à l’Aurochs ou Bos Urus.

6° Le Cervus americanus et d’autres espèces.

L’auteur calcule que les restes recueillis indiquent dans ce lieu 100 individus de Mastodon, 30 d’Ëléphans, 1 Mégalonyx, 3 Bœufs et 2 Cerfs. Il y a aussi des os de cheval, d’ours, de buffle et de 2 ou 3 espèces de cerfs du pays, mais il ne les regarde pas comme des restes d’animaux fossiles. Les os de cheval indiquent-ils vraiment l’existence d’une ancienne race de ce genre en Amérique ? Mitchill en cite aussi dans le New Jersey. (Catalog. of organ. rem.)

Au centre de la vallée de Big-Bone-Link, il y a une fontaine, et les os ont été trouvés à la surface ou à 5 ou 20 pieds de profondeur, et à 50 ou 60 verges de la source. Le sol est formé par un calcaire coquillier sur lequel repose de la marne, de l’argile blanche, puis des cailloux calcaires et quarzeux avec des os et des débris de coquilles d’eau douce, enfin une argile jaune. Ces animaux y ont été accumulés par une catastrophe. L’auteur donne la carte de cette localité. (Monthly Americ. Journ. Octobre et Novembre 1831.)

M. le docteur Harlan a décrit et figuré quelques os du Megalonyx trouvés dans la caverne de White-Cave au Kentucky. On sait que, dès 1796, M. Jefferson en avait découverts dans une caverne du comté de Green-Briar en Virginie. (J. of the Acad. of nat. sc. of Philadelphia, 1831.)

Le même auteur a publié sa visite aux cavernes calcaires de Virginie, sur la branche sud du Shenandoah près de Wanesborough. J. of geology. Août 1831.)

M. le rév. Edouard Stanley a découvert des ossemens de Rhinocéros et d’Hyènes dans la caverne la plus basse de la vallée de Cyffredan, dans le Derbyshire, vallon que l’auteur croit avoir été un lac. Un courant d’eau aurait amené dans la caverne l’argile et les cailloux qui y sont en couches horizontales, puis des animaux y auraient demeuré, et enfin une seconde inondation aurait enseveli leurs os sous une nouvelle couche argileuse. (Proceed. 1831-1832, p. 402.)

M. Noggerath a examiné une caverne à os d’ours et d’hyène, dans le calcaire de transition, près de Rosenbach, non loin de Brillon en Westphalie. (Jahrb. f. M. 1832, cah. 1, p. 81.)

MM. Guidoni et Pareto ont trouvé des Coprolites dans la caverne à Ursus spelœus près de Cassana, non loin de Borghetto, en Ligurie. Elle est à 174 mètres sur la mer.

M. Pentland est revenu cette année sur ses déterminations des ossemens des brèches osseuses de la vallée de Wellington, dans la Nouvelle-Hollande. (Voy. Bull., vol. I, p. 144.) Il y a reconnu une espèce d’éléphant, une petite espèce de Péramèles, deux espèces de Dasyurus, dont l’une ne paraît pas différer du D. macrourus de M. Geoffroy ; un Kangourou nouveau du sous-genre Halmaturus, un petit rongeur d’un genre nouveau, et un reptile du genre Gecko (New. Edinb. phil. Journ. Janv. 1833, p. 120.)

M. Meyer a fait des observations zoologiques sur les dents du Pachyderme fossile, surnommé par M. Bronn Coelodonta, et trouvé, avec des os de l’Elephas primi genius, dans l’argile marneuse alluviale ancienne du Rhin. Marck, dans sa seconde lettre à M. de Cruse (Darmstadt, 1784), mentionne déjà des dents semblables. M. de Meyer ne voit pas la différence de ces dents avec celles du Rhinocéros, et surtout avec celles du R. tichorhinus en état de croissance.

M. Bronn répond à cela qu’il a trouvé des différences en comparant des dents usées de Rhinocéros et de son Coelodonta.

M. J. J. Kaup a publié les deux premières livraisons d’un ouvrage sur les restes des mammifères fossiles de la Hesse rhénane. Cette publication aura cinq livraisons ; chacune est accompagnée de cinq à six planches offrant les figures des ossemens de 21 espèces nouvelles d’animaux perdus. Description d’ossemens fossiles de mammifères inconnus jusqu’à présent, qui se trouvent au muséum du grand duché de Darmstadt. (In-4° avec pl. petit in-folio. Darmstadt, 1832-1832.)

La première livraison est consacrée au genre Dinotherium (Tapirus giganteus. Cuv.). et la seconde aux Tapirus priscus, Anoplotherium commune, Lophiodon tapiroides, Calicotherium Goldfiisii et antiquum, Sus antiquus, antediluvianus et palœochœrus, Agnotherium antiquum et Machairodes cultridens.

De plus, le même savant vient de décrire cinq espèces nouvelles de carnassiers fossiles, qui existent dans le musée de Darmstadt, et proviennent aussi du sol alluvial : ce sont le Gulo diaphorus, Felis aphanista, prisca, ante-diluviana, et ogygia. (Archiv. de Karsten, vol. V, cah. 1.)

MM. de Tremery et Reinwardt ont donné des détails anatomiques sur une corne, et une partie du crâne du Bos primi genus, trouvés dans une tourbière d’Embrugge, dans la province d’Utrecht en Hollande, (Verhandel. van het Nederland. Instit. van Wet. Letterk., etc., vol. III, part, 1, 1831.) Les auteurs considèrent cette espèce comme différente du Bos Taurus.

M. Morren prépare un grand ouvrage avec planches, sur les ossemens découverts dans le sol alluvial et tertiaire de la Belgique. (Voy. Bull., vol. II, p. 27.)

M. Casson a remarqué que les os de cerf des tourbières près de Thorne étaient devenus flexibles, ayant perdu beaucoup de leurs élémens terreux.

M. Dikes a présenté l’histoire d’un dépôt d’alluvion près de Market-Weighton, dans lequel des os de divers mammifères perdus sont mêlés à treize espèces de coquilles terrestres ou fluviatiles vivant encore dans le pays. (First report of the British association, p. 58.)

M. Woodbine Parish, consul anglais à Buénos-Ayres, s’est procuré trois squelettes incomplets de Megatherium, provenant des environs de Villanueva, du lac Las Aveiras, et des bords du Rio Salado. Avec tous ces ossemens envoyés en Europe, on pourra construire un squelette aussi parfait que celui de Madrid. La vallée de Tarija, sur les frontières de Bolivia, a aussi fourni des ossemens semblables à M. Parish. Ils sont toujours empâtés dans une alluvion boueuse de rivière. (Proceedings, 1831-1832, p. 403.)

Les os du Pachyderme, appelé provisoirement Rhinocéros alleghaniensis, ont été trouvés sur la rivière de Custleman, à treize milles de Turkeyfoot, dans le comté de Somerset en Pennsylvanie. Ces ossemens sont dans des alluvions sur les houillères et le calcaire carbonifère. M. Feathertonaugh observe que ce Pachyderme a les mêmes rapports avec le Rhinocéros que le Mastodonte avec l’Éléphant. (J. of geology. Juillet 1831, p. 10.)

M. J. Calder a déterminé, parmi les ossemens fossiles d’Ava, dans l’Indostan, des Pachvdermes, le Mastodoiue latidens, le Rhinoceros eriques, une Eryx, et une Trionyx (Gleanings in sc.. N° 30. 1831.)

M. J. de Christol a découvert que les dents d’après lesquelles M. Cuvier avait établi, avec doute, son espèce du moyen Hippopotame, ont appartenu à un Dugong. (Ann. du Midi de la France, juillet 1832 ; et Bulletin de nouv. gisem. de M. Boubée, n° 1.)

Le superbe échantillon du renard fossile d’Œngen, acheté par M. Murchison, et décrit par M. Mantell, se trouve figuré dans les Transactions géologiques. À cette occasion, ce savant a joint de nouveaux détails à ceux qu’on avait déjà sur ce dépôt tertiaire de récente date. Après avoir donné plusieurs coupes des carrières, il énumère les fossiles variés de ce lieu célèbre en commençant par son renard, qui est voisin du renard ordinaire, et qui renferme dans son intérieur de l’album græcum.

Tous les autres mammifères d’Oeningen sont des rongeurs ; l’un d’eux a été nommé, par M. Kœnig, Anœma Oeningensis, et un autre a été rapporté au Lagomys par M. Laurillard. Les restes d’oiseaux indiquent des espèces aquatiques, surtout de la famille des Grallœ ; Karg y a même indiqué des plumes. Dans la classe des reptiles on y connaît la Salamandre aquatique décrite par Cuvier, des Grenouilles et des Tortues. Je parlerai plus tard des poissons et des insectes. Le Cancer fluviatile y est cité par M. Brongniart, et M. Karg figure des crabes. Il y a des Cypris faba, l’Anodonta Lavateri, une Lymnée, et beaucoup d’impressions de feuilles. Parmi ces dernières, M. Brown en a trouvé une qu’on ne peut distinguer des feuilles de l’Acer villosum du Népaul, et M. Lindley y croit voir des débris du Fraxinus rotundifolia, des feuilles ressemblant assez parfaitement à celles de l’Acer opulifolium et pseudo platanus, ainsi que des feuilles d’une espèce inconnue de peuplier.

M. Murchison conclut que le dépôt d’Oeningen est un sédiment lacustre dont la formation a demandé un long laps de temps, et qui s’est faite dans une cavité de la mollasse. Plus tard, les roches d’Oeningen ont été elles-mêmes entamées. Enfin les restes organiques d’Oeningen offrent des types qui forment le passage des dernières époques géologiques à l’état actuel des choses. (Trans. geol., v. III, part. 2.)

Pour la classe des amphibies, M. le comte Munster a donné la figure d’une tortue fluviatile provenant de Solenhofen. M. Voith en avait déjà trouvé un individu encore mieux conservé.

M. Bronn a décrit, sous le nom de Testudo antiqua, une tortue terrestre trouvée dans les roches gypseuses d’eau douce de Hohenhowen en Souabe. Ce dépôt tertiaire repose sur le calcaire jurassique, y est traversé par un filon basaltique, et a offert des ossemens de plusieurs mammifères tant carnassiers que ruminans, ainsi que six squelettes de tortues. (Nov. Act. phys. med. Acad. nat. curios. 1831, vol. XV.)

M. Th. Bell. qui a décrit les caractères d’une espèce fossile de Chelydra d’Oeningen (Proceed., 1831-1832, p. 342), a commencé à publier, par livraisons, une Monographie des Testudinacées.

M. Theodori a découvert dans les marnes du lias de Banz, en Bavière, une tortue de mer, associée à des fragmens de crânes du crocodile de Honfleur, des os d’un autre reptile voisin du Crocodilus priscus de Sœmmering, ainsi que des os d’un Ptérodactyle. Ce sont les mêmes couches qui renferment des plésiosaures, des ichthyosaures, des coprolites, des os de sèches, des écrevisses, des poissons, des bélemnites, des ammonites, le Pentacrinite briaré, des bivalves, des univalves, et du bois pétrifié. (Isis, 1831, p. 281.)

M. le comte Munster fait dessiner le squelette très complet du Pterodactylus Munsteri Goldf., échantillon trouvé dans la collection de M. Bauer. (Jahrb. f. Min., 1832, cah. I.)

M. Zencker a décrit des ossemens de quatre reptiles nouveaux, restes découverts dans le grès bigarré du mont Ienzig, près de Jéna : ce sont ses Psammosaurus (Tau) batrachioïdes et laticostatus, et son Plesiosaurus profundus. Il nomme Plesiosaurus jenensis le reptile dont les ossemens se trouvent dans les couches supérieures du Muschelkalk, près de Jéna (Beitrage zur Naturgeschichte der Urwelt, 1833.)

M. de Meyer a établi le nouveau genre Racheosaure, provenant du calcaire lithographique de Solenhofen, et ayant par son squelette des rapports avec le crocodile et les lacertes. Les vertèbres caudales ont, à la place de l’apophyse antérieure, deux épines d’inégale grandeur, telles qu’on ne les observe que dans quelques vertèbres de poissons.

Le même naturaliste projette un ouvrage sur les squelettes des sauriens fossiles de l’époque secondaire, et sur leur distribution géologique. Cet ouvrage sera accompagné de beaucoup de planches. Il divise les sauriens fossiles en quatre classes, savoir : ceux à formation dentaire ordinaire, ceux à extrémités, comme dans les grands mammifères (Megalosaure (Buckl.) et Iguanodon (Mant.), ceux à extrémités en forme de nageoires (Ichthyosaure, Plésiosaure, Mososaure, ? Phytosaure (Iaeger), et Saurocephalus (Harlan) ; enfin ceux à pieds avec une peau pour voler (Pterodactyles).

La première classe se sous-divise en deux, savoir : ceux munis de dents avec quatre pointes (Rachéosaure, ? Géosaure, Téléosaure (Geof), Ælodon (Mey.), ? Streptosponfylus (Mey.), Metriorhynchus (Mey.), ? Macrospondylus (Mey.), ? Lepidosaure (Mey.), Mastodonsaure (Iaeg.), et ceux à dents avec cinq pointes (Protosaure (May.).

M. Mantell a lu dernièrement à la Société géologique de Londres un Mémoire sur les reptiles trouvés dans les couches de grès vert de Tilgate. Outre les iguanodons, quelquefois de 10 pieds de hauteur, il y Phytosaurus Cylindrcodon, que M. Uaeger a découverts dans le Reuper du Würtemberg, et il y décrit, sous le nom à Hylœosaurus, ou Lézard de forêt (Forest-Lizard), un reptile à long cou et à colonne vertébrale, garnie d’apophyses épineuses de 3 à 17 pouces de longueur et 1 et demi à 7 pouces d’épaisseur à la base. Le milieu du dos de cet amphibie devait donc se représenter sous la forme d’une forte crête crénelée. D’après l’état de tous les fossiles du dépôt de Tilgate, il pense qu’ils sont venus de loin, et qu’une rivière, ayant un long cours, a formé ce delta à son embouchure.

M. D. Sharp a trouvé une nouvelle espèce d’Ichthyosaure en Angleterre.

M. le doct. Is. Hay a décrit des restes de crâne d’un reptile nouveau qu’il appelle Saurodon Leanus, et qui provient d’une marnière du New-Jersey.

M. Geoffroy de Saint-Hilaire a publié des Recherches sur de grands sauriens trouvés à l’état fossile vers les confins maritimes de la Basse-Normandie, attribués d’abord au crocodile, puis déterminés sous les noms de Teleosaurus et Steneosaurus.

M. Deslongchamps prépare un grand ouvrage sur les crocodiles fossiles, qui sera accompagné de cent figures déjà prêtes. Il appelle Teleosaurus lepes le reptile trouvé dans le calcaire des carrières d’Allemagne (Calvados). (Revue normande, v. I, part. 3, p. 470-474.)

M. Iasikov a fait connaître la découverte d’ossemens d’ichthyosaure, près de la ville de Simbirsk, non loin du Wolga en Russie. Ils se sont trouvés sur les bords du Wolga, où le fleuve les a probablement détachés des couches argilo-sableuses du grès vert. En effet, les rives du Wolga ne laissent voir dans cette contrée que de la craie blanche et grise, placée sur des argiles en partie bleuâtres à sélénite, bélemnites et ammonites, et plus bas il y a du calcaire en partie à grains verts ou glauconie, avec des lignites, des peignes, des gryphées et des bélemnites ; enfin la roche la plus inférieure est une marne bitumineuse et schisteuse à huîtres et bélemnites. (Gorn. J. 1832, n° 4, p. 183.)

M. Buckland a fait des expériences pour s’assurer s’il était possible de retrouver encore vivans divers reptiles, tels que des crapauds, qui auraient été enfermés accidentellement dans les rochers lors de leur formation.

Il est arrivé à la conclusion que ces animaux sont quelquefois transportés ou se rendent, dans leur jeunesse, par de petites fentes, dans des cavités de rochers ; puis l’entrée de ces réduits se ferme, ou bien l’animal, en grossissant, ne peut plus en sortir. Ainsi s’explique tout naturellement cet accident des crapauds trouvés en vie dans des pierres, fait qui a excité fort souvent l’étonnement. Cependant sa simplicité aurait été reconnue depuis long-temps si on avait toujours pris la peine de comparer les animaux prisonniers aux espèces vivantes ; car, dès qu’on les supposait d’une des périodes géologiques antérieures à l’époque actuelle, ils auraient dû offrir des espèces totalement différentes ; or c’est ce qui n’est jamais arrivé. (Zoolog. Journ., sept. 1831, et Edinb. phil. J., avril, p. 26.)

M. Édouard Stanley est venu corroborer l’idée de M. Buckland par des expériences sur la vitalité des crapauds. (New Edinb. phil. Journ., n° 26, oct. 1832, p. 228.)

Je passe aux fossiles de la classe des poissons.

Feu M. André de Stuttgardt possédait des dents de ces curieux poissons, trouvées dans le Muschelkalk par M. le comte Munster. M. Agassiz a fait les observations suivantes sur les figures données à ce sujet par ce dernier savant. Il y reconnaît les dents d’un poisson inconnu ressemblant à celles du pharynx des Cyprinoïdes et Labroïdes, et d’autres dents d’un autre poisson inconnu, qui a quelque relation avec le Coryphœna apoda de Volta, les grands Stromatées de Solenhofen, et forme, avec ces poissons, une famille particulière en rapports éloignés avec les Scomberoïdes. (Jahrb. Min., 1831, c. 4, p 470.)

Au Musée de la Société philosophique de Leeds, il y a plusieurs échantillons de poissons des houillères de Yorkshire.

M. le doct. Agassiz m’a chargé de communiquer à la Soc. qu’il a à présent en sa possession au-delà de 400 planches de dessins de poissons fossiles, avec la description complète de plus de 300 espèces, et l’indication exacte de leur gisement. Il a déterminé ses poissons au moyen de comparaisons faites avec un grand nombre de squelettes des principaux genres encore vivans. Pour pouvoir donner quelque chose de complet, il a visité tous les cabinets de l’Allemagne, ceux de la Suisse, de Paris, de Strasbourg et de Caen, et il a eu sous ses yeux beaucoup de poissons d’Angleterre, et d’autres pays qu’il n’a pas parcourus. Néanmoins, pour ne rien omettre, il prie instamment les personnes qui croiraient avoir des poissons fossiles rares, de vouloir bien les lui communiquer, ou de lui en envoyer des dessins à Neufchâtel, chez M. Fornachon. Ne faisant point de collection, on ne doit craindre en aucune façon de lui confier les objets les plus précieux.

Il compte publier incessamment son travail sur les poissons, pour lequel il choisira, permises 400 planches, celles qui sont les plus caractéristiques ; car il n’a fait exécuter un si grand nombre de dessins que pour son instruction particulière et pour ne rien laisser échapper. Il se recommande à la bienveillance des naturalistes et des gens aimant le savoir, ce qu’il mérite d’autant plus qu’il a été conduit à rectifier beaucoup d’erreurs et à établir, tant pour la déterminaison des poissons fossiles que pour leur distribution, des lois fort simples. Ainsi, pour donner des exemples, il a trouvé des distinctions très caractéristiques dans la forme des écailles ; 2° que les dents des requins, dans les dépôts très anciens, étaient garnies de stries très fines, et étaient quelquefois très obtuses ; 3° que les balistes ne sont pas des restes de nageoires de requins, etc. Il vient de donner deux Mémoires, l’un sur les poissons du lias, et l’autre sur ceux des dépôts d’eau douce du sol tertiaire (Jahrb. f. Miner., 1832, cah. 2.), comme une espèce de prodrome de son grand ouvrage. Il donnera des aperçus semblables sur les poissons de chaque formation.

Pour les poissons d’eau douce il énumère sept espèces de Leuciscus (localités Oeningen, Steinheim en Würtemberg, Dusodile des Sept-Montagnes, et schiste tripolien du Habichtswald), trois espèces de Tinca (localités Oeningen et Steinheim), une espèce d’Aspius, deux espèces d’un nouveau genre appelé Rhodeus, un Gobio, un Cobitis, un Acanthopsis (nov. gen.), deux Lebias (Oeningen, Sinigaglia), un Esox, une Perca, deux Cottus (Oeningen et Monte-Viale), et une Anguilla.

Tous les poissons dont je n’ai pas indiqué la localité, sont d’Oeningen, lieu où l’on a cité à tort plusieurs poissons de mer, tels que deux Clupea et un Petromizon. Dans la collection de Lavater on avait placé comme venant d’Oeningen, sous le nom de deux Trigla, des plaquettes de Solenhofen, offrant l’Ichtyolithus laciiformis de Germar. Enfin, il a découvert que les truites d’Oeningen de la même collection et de celle du prince de Meersburg, n’étaient que des morceaux du schiste d’Oeningen, dans lesquels on avait fait des creux de la forme des truites, et rempli ces cavités de débris d’Esax et de Leuciscus.

Un résultat important de l’examen des poissons d’Oeningen, c’est qu’il n’y a aucune espèce identique avec les espèces vivantes, et qu’il y a un genre de poisson dont les espèces ne s’avancent plus dans des latitudes si élevées, et se trouvent en Italie et en Arabie. M. Agassiz ajoute en note que le poisson du schiste de Menat est très voisin du genre Cottus.

Pour les poissons du lias, ils s’éloignent tout-à-fait des espèces actuelles ; ainsi le Tetragonolepis semicinctus appartient à une division n’a plus qu’un seul représentant dans le monde actuel, savoir : le Lepidostens osseus. À la même famille appartiennent les genres Dapadium, Leach ; Osteolepis, V. ; Palaeothrissum, Blainv. ; Dipterus, Cuv. ; les dents de Pycnodonte, du comte Munster. Tous ces poissons ont des écailles carrées ; M. Agassiz en connaît déjà trente genres et un grand nombre d’espèces, et il en forme une nouvelle grande division des Goniolepidoti, comprenant les trois familles des Lépidostées, Sauroïdées et Pycnodontes, qui sont à placer au même rang que les Chondroptérygiens, Acanthoptérygiens et Malacoptérygiens, divisions dans lesquelles il fait plusieurs transpositions de genres.

Ces changemens admis, M. Agassiz trouve des formes d’écaillés particulières pour chaque division ; ainsi les Chondroptérygiens ont la peau chagrinée des requins ; les Acanthoptérygiens, des écailles dentelées en crête, et les Malacoptérygiens, les écailles plus simples des Cyprins.

Dans la classification des poissons osseux, son système d’arrangement ne le force à aucune séparation artificielle, comme lorsqu’on suit le système de Linné ou de Cuvier ; de plus, sa division rend la détermination des poissons possible même, lorsqu’il n’en reste que quelques os, des dents ou des écailles. Enfin, elle est confirmée par l’apparition successive des divers groupes de poissons dans les couches de la terre.

Ainsi les Goniolépidotes paraissent dans le terrain houiller, atteignent leur plus grand développement dans le lias et les dépôts jurassiques, arrivent jusqu’à la craie, et n’ont plus aucun représentant vivant. Après eux apparaissent les Chondroptérygiens dans le Muschelkalk, qui ont été les plus nombreux dans l’époque crayeuse, et se perdent dans le calcaire tertiaire et la mollasse, quoiqu’il y en ait des espèces qui se soient propagées jusqu’à nous. C’est après cela que les poissons augmentent beaucoup en nombre ; car après la craie on trouve les Acanthoptérygiens dans le calcaire tertiaire en aussi grande abondance qu’aujourd’hui. Plus tard, les Malacoptérygiens se voient dans les dépôts tertiaires d’eau douce.

Notre savant confrère ne connaît dans le lias que trois espèces des Sauroïdées, savoir : deux espèces du nouveau genre Uraeus un Sauropsis, et un Phycholepis (Boll). La plupart des autres poissons sont de la famille des Lepidostées, savoir : un Semionotus (Boll), trois Lepidotus (Boll), deux Pholidophrus (Seefeld en Tyrol), trois Leptolepis (Neidingen, Bade et Boll), genre qui comprend les Clupées de Solenhofen de M. Blainville ; cinq Tetragonolepis (Boll, Angleterre) ; un Dapedium, et des dents de Pycnodontes.. Il ajoute en note que les poissons de Glaris n’ont pas l’air d’être d’une époque très éloignée de celle des dépôts tertiaires du Monte-Bolca. Enfin il a découvert que les Paleothrissum macropterum avaient des dents, et que ce genre appartenait donc aux poissons osseux. Il est associé dans le terrain houiller avec un nouveau genre, l’Acanthoessus Bronnii.

M. Greaves a trouvé et figuré un poisson fossile du lias, et des restes d’Ichtyosaure à Stratford sur l’Avon. (Magazin de London. Juillet 1832.)

Un phénomène curieux a eu lieu à Lowestofft lorsqu’on a ouvert la communication du lac d’eau douce de Loch-Lothing avec la mer ; l’eau salée a formé un courant inférieur, tandis que l’eau douce s’en allait par la surface, et bientôt tous les poissons d’eau douce ont flotté morts au-dessus de l’eau. Ce fait peut être utilement employé dans l’explication de l’accumulation de poissons dans certaines couches du globe, accident qui indique des immersions successives, passagères ou de longue durée dans l’eau douce et dans l’eau salée. (Edinb. quarterly Journ. of agriculture, n° 18 ; Phil. Mag., mai 1832, p. 397 ; et Edinb., phil Journ., n° 25, p. 372. 1832.)

Je me permets de revenir cette année sur l’introduction de l’ouvrage sur les Insectes de l’ambre qu’a commencé M. le docteur Behrendt. (Die Insecten in Bernstein, in-4o. Dantzig et Berlin, 1831.) La description clés insectes de l’ambre, comme celle des autres insectes fossiles, est presque entièrement à faire ; car l’on s’est contenté le plus souvent jusqu’ici d’indications vagues.

En 1742, Sendel avait hasarde quelques rapprochemens au moyen des figures de Frisch. (Historia succinorum corpora aliena, etc. Leipz.)

M. de Schlotheim a cité dans l’ambre les genres suivons : Ciemx, Blatta, Tenthredo, Vespa, Cynips, Ichneumon, Formica, Termes, Tipula, Culex, Empis, Musca, Curculio, Lepisma, Phalangium, Aranea, Chysomela, Hydrophylus, Fabric.

Les seules véritables déterminations des espèces fossiles ont été faites par M. Schweigger, dans ses observations sur l’ambre, annexées à son ouvrage intitulé : Beobachtungen auf natur historischen Reisen, Berlin, 1819 ; par M. Germar, dans son Magasin pour l’Entomologie (1re année et 1er cahier. Halle, 1813) ; et par MM. Brongniart, Desmarest et Defrance.

Résumant les observations de ces derniers observateurs, M. Marcel de Serres y reconnaît des araignées, des scorpions (Schweigger) ; des Aptères du genre Scolopendra (Sendelius) ; des Coléoptères, des genres Elater, Atroctocerus, Curculio, Platypus, Hylesinus, Apate, Ips et Lyctus (Fabric.), Chrysomela, etc. ; des Orthoptères, des genres Mantis et Grillus ; des Hémiptères, des genres Cimex et Pentatoma ; des Neuroptères, des genres Ephemera, Termes, Perla et Phryganca, des Hyménoptères des genres Ichneumon et Formica ; des Lépidoptères ainsi que des Diptères, des genres Tipula, Bibio, Empis et Musca.

M. le docteur Behrendt, résidant à Dantzig, au centre du pays le plus riche en ambre, est parvenu à en rassembler 1,200 morceaux, dont 750 contiennent des insectes et offrent 600 espèces.

D’après cet auteur, l’ambre est un suc résineux végétal, qui a enveloppé des insectes comme le fait encore la résine de Copal au Brésil. L’ambre est accompagné de bois et rarement de graines paraissant appartenir aux Conifères.

Les rapports sur des crapauds, des reptiles, etc., renfermés dans l’ambre, sont faux ; l’auteur a examiné très soigneusement et fait polir beaucoup de morceaux d’ambre, et n’y a jamais vu que des insectes.

Lors de la formation de l’ambre les insectes paraissent avoir égalé la création actuelle pour le nombre des genres et des espèces ; en effet on peut admettre qu’une grande partie des insectes fossiles n’ont point été découverts encore.

Néanmoins, l’auteur possède, par exemple, dans la classe des Neuroptères, outre plusieurs larves, et en particulier celle d’un Myrmeleon, diverses espèces de Libellula, d’Ephemera, de Phryganea, de Hemerobius, de Raphidia, et une rare Panorpa.

L’ambre ne contient que des insectes terrestres et surtout des bois, et exceptionnellement des insectes aquatiques, tels que des Nepa et Trombidium Fabr. On y avait cité aussi le genre Dytiscus, mais l’auteur a reconnu que c’était des Blatta.

Les Diptères sont les plus fréquents et leurs genres se rapprochent beaucoup de ceux figurés par Meigens dans sa description systématique des insectes européens à deux ailes (vol. 1-5), mais aucune espèce n’est identique avec les espèces d’Europe. Il y a beaucoup d’Arachnides, de Coléoptères, et quelques Orthoptères.

Les Lépidoptères sont les plus rares, l’auteur n’a trouvé qu’un Sphinx, et plus souvent de petites chenilles.

En général les genres de ces insectes sont encore en Europe, mais leurs espèces ont disparu, du moins dans le climat boréal ; il faudra voir si elles sont tout-à-fait perdues. Comme les végétaux accompagnant l’ambre, sa formation et ses insectes indiquent un climat chaud. On ne doit pas être étonné de trouver un extrême rapprochement entre les espèces d’insectes de Pensylvanie, figurés par M. Degeers, et certaines espèces de l’ambre, telles qu’une douzaine d’espèces de Blattes, les espèces des genres Cicada, Cimex, Hemerobius, Ichneumon, etc. ; Schweigger y a même cru reconnaître la Fourmi de Surinam.

Peu d’insectes ont survécu à la révolution qui a modifié les créations en Europe. Ainsi, on trouve encore dans la Prusse le Trombidium aquaticum Fabr., le Phalangium Opi etlio cancroïdes, et le Julus terrestris, est.

Les autres gîtes d’insectes fossiles sont peu nombreux, de manière que je crois utile de les récapituler brièvement, en observant que presque toujours ces pétrifications, comme celles des poissons, sont accompagnées de dépôts de végétaux ou de matières dérivées des continents.

M. Audouin vient de donner un nouvel exemple de cette association si naturelle de fossiles divers, en indiquant des insectes dans les couches houillères anciennes de Colebrookedale dans le Shropshire. Il y a reconnu l’aile d’un insecte Neuroptère très voisin du genre Mantispe, qui forme le passage naturel aux mantes de la classe des Orthoptères. Cet insecte n’appartient à aucune des espèces, ni même à aucun des genres connus actuellement ; cette découverte doit prémunir les géologues contre ces généralisations systématiques sur la distribution géologique des fossiles, car s’il y avait beaucoup d’insectes et de poissons dans l’époque intermédiaire, qu’est-ce qui nous y démontre l’impossibilité de l’existence des reptiles, des oiseaux, et même des quadrupèdes ?

D’une autre part, cette aile d’insectes ayant été prise pour une feuille, on y trouve de nouveaux motifs pour se méfier des déterminations botaniques non contrôlées par le zoologiste. (Acad. des Sc., 25 fév. 1833.)

Le calcaire lithographique de Solenhofen a offert des Névroptères, tels que de belles Libellules (Aeshna Fabric.), des Agrions Fabric., des Myrméléons, des Hyménoptères, savoir : des insectes voisins des genres Sirex ou Ichneumon Schloth., des Coléoptères, des Arachnides (comte Munster), voisins en partie du genre Galeodes d’Olivier (Solpuga Fabric) ; enfin des Lépidoptères rapprochés par Schlotheim, des genres Sphinx et Cerambyx. Des Coléoptères du genre Buprestis, ont été indiqués par M. Prevost à Stonesfeld.

Les dépôts tertiaires d’eau douce et de lignite sont ceux qui ont offert jusqu’ici le plus d’insectes. Ceux de la marne d’Oeningen ont occupé plusieurs auteurs anciens et modernes. ils y indiquent des Scarabées, des Coccinelles, des Hemerobes, des Ortboptères du genre Blatte, des Névroptères voisins des genres Phrygenea ou Ephemera, et Libellula, des Hémiptères des genres Nepa et Cimex, des Hyménoptères des genres Ichneumon, des Lépidoptères voisins des genres Bombilio des Cerambyx, des Diptères des genres Netonecta et Anthrax et des Hydrophiles.

M. Murchison fait observer que les genres des insectes d’Oeningen, comme de ceux d’Aix en Provence, sont à peu d’exceptions près les mêmes que ceux des insectes vivans encore dans le pays.

M. Marcel de Serres a donné une liste des nombreux insectes des marnes d’Aix en Provence. (Voy. Géognosie des terrains tertiaires, p. 220.)

M. Tournal a découvert des diptères dans un dépôt semblable à Armissan près de Narbonne et M. Faujas en a indiqué du genre Polistes dans les marnes de Rochesauve (Ardèche).

La même association d’insectes Diptères et Hyménoptères avec des poissons et des débris de végétaux se trouve dans le sol subapennin à Radeboy en Croatie et à Nicoltschitz en Moravie. Ces insectes de Radeboy se rapprochent des genres Tipule et Bibio. Un examen attentif en fera probablement découvrir à Sinigaglia, et à Sagor, sur la Save, en Carinthie. J’ai indiqué des Hyménoptères dans la Thermantide tertiaire de Bilin en Bohème ; des Sylphes et des Carabes ont été trouvés par M. de Schlotheim dans les lignites du même âge de Glucksbrunn en Thuringe. M. Mencke, de Pyrmont, conserve dans son cabinet des Coléoptères provenant d’un lignite des dépôts tertiaires supérieurs de Holzminden sur le Weser.

Enfin, M. Noggerath a cité dans les lignites des bords du Rhin inférieur, près de Bonn et de Cologne, des insectes des genres suivans : Lucanus, Meloe, Dysticus, Buprestis, Cantharis, Cerambyx, Parandra, Belostroma, Cercopis, Locusta, Anthrax et Tabanus. (Acta Acad. nat. curios. vol. XV.)

La détermination exacte de toutes les espèces d’insectes fossiles du sol tertiaire serait très désirable pour le géologue, parce que la comparaison des espèces du midi de l’Europe avec celles des lignites de l’Allemagne septentrionale fixera l’âge récent ou ancien de ces derniers dépôts, pour lesquels on n’a guère d’autres caractères distinctifs. Sous ce rapport, le travail de M. Marcel de Serres aurait été un bon point de départ, s’il avait présenté plus de figures.

M. Scouler a décrit une Eidotea trouvée dans le calcaire carbonifère, non loin du terrain houiller à Bathgate en Écosse. (Edinb. Journ. of. nat. Sc., juin, 1831.)

M. Zenkev a décrit plusieurs Trilobites nouveaux du calcaire dans la grauwacke de Bohème. Il place cette famille comme Linnée entre les Asallis, les Crustacés elles Néréides, et il a ajouté trois genres nouveaux aux huit déjà connus, et a décrit sept espèces non encore dénommées.Ce sont l’Olenus longicaudatus, pyramidalis, latus (dans la grauwacke d’Horzowicz), l’Otarion diffractum et squarrosum (dans le calcaire de Beraun), le Conocephalus costatus et l’Elleipsocephalus ambiguus de la même localité. (Beitrage für Naturgeschichte der Urwelt.) La Conchyliologie fossile a fait cette année de précieuses acquisitions.

M. Deshayes a donné cinq livraisons de ses coquilles des environs de Paris (liv. 23 à 27), comprenant les huîtres, les térébratules, les vulselles, les anomies, les nérétines, les natices, les dauphinules, les cadrans, les sigarets, les troques et les turritelles.

M. Grateloup continue à insérer dans les Actes de la Société linnéenne de Bordeaux (vol. 4 et 5), son Enumération des fossiles de Dax. Ces descriptions latines ne remplaceront jamais de bonnes figures, et puisqu’il ne trouve pas de moyen de les publier, il devrait au moins nous donner celles des espèces nouvelles non figurées.

L’ouvrage de Zieten sur les pétrifications du Wurtemberg est arrivé à la 8e livraison. Il a achevé de figurer les Ammonites, il a donné toutes les univalves terrestres (Helix), d’eau douce (Planorbe, Lymnée, Cyclostome, Paludine et marines (Turbo, Trochus, Pleurotome, Turritelle et Nérinée.) Enfin, il a figuré des Ryncholites, des Aptychus, toutes les Térébratules, les Placunes et les Huîtres. M. Bronn a fait sur les livraisons 5 et 6 quelques remarques critiques. (Jahrb. f. Min., 1832, cah. 1, p. 112.)

On annonce une nouvelle livraison de Goldfuss qui contiendra les Gryphées, les Huîtres et les Peignes ; mais il demande instamment qu’on lui communique les fossiles non décrits de l’Allemagne.

Je ne dois pas non plus omettre les Considérations générales sur les Mollusques, publiées par M. Deshayes dans l’Encyclopédie méthodique (1831), et l’article sur les Zoophytes de M. de Blainville, qui est très près d’être achevé, ainsi que la description de l’animal du Nautile, par M. Rich. Owen. (Memoir on the pearly Nautiluus.) (N. Pompilius.) Londres, 1832, in-4o, avec 8 pl.)

Quant aux Monographies locales, je trouve à citer en Angleterre le joli ouvrage de miss Ethelred Bennet, sur les fossiles du Wiltshire ; pour la Suisse, une liste des pétrifications du muschelkalk, du lias, des oolites inférieures proprement dites, et du calcaire jurassique supérieur des environs d’Aarau, par M. Wanger. (Jahrb. f. Min. 1832, cah. 1, p. 70.) ; pour l’Eifel, les figures et les descriptions de fossiles intermédiaires, par M. Steininger. (Mémoires de la Société in-4o, vol. I) ; pour le sud-ouest de l’Allemagne, une description de 84 espèces de Bélemnites, dont s’occupe dans ce moment M. le docteur Hartmann de Goppingen en Wurtemberg ; pour les fossiles de Gosau, le catalogue et les figures données par MM. Murchison et Sedgwick. (Trans. geol., Vol. II, part. 2) ; pour les fossiles les plus fréquens dans les divers calcaires et les grès du Salzbourg, une dissertation de M. Bronn. (Jahrb. f. Min., 1832, cah. 2) ; pour l’Italie, les indications contenues dans le catalogue de la collection du Musée de Turin, et la liste des fossiles subapennins, et du sol tertiaire du Piémont et du Vicentin, donnée par M. Bronn, et enrichie de beaucoup d’espèces nouvelles, mais sans figures.

Une bonne partie des fossiles tertiaires de la Podolie ont été figurés par M. Dubois de Montpeyreux, dont les déterminations zoologiques et géologiques ont fait le sujet d’une critique fort intéressante, par M. Deshayes (voy. Bull., vol. II, p. 222). C’est un bon exemple de la difficulté des classemens géologiques par la zoologie ; car, sans sa collection unique, M. Deshayes aurait-il pu, avec le seul secours des ouvrages, faire les mêmes remarques ? J’en doute, vu le nombre des espèces non encore décrites, et la médiocrité trop fréquente des figures de fossiles.

M. le prof. A. Andrzeiowski a fait aussi des remarques sur le travail de M. Dubois (Bull. de la Soc. des naturalistes de Moscou, vol. IV, p. 513), et a publié un catalogue des coquilles fossiles de la Volhynie et de la Podolie. (Id. p. 559.)

M. Bronn indique en Italie près de mille espèces de fossiles, savoir : 39 mammifères, 4 oiseaux, 3 reptiles, 83 poissons, auxquels on doit joindre encore une trentaine d’espèces du gisement de Bolea figuré espar Volta ; à 41 Céphalopodes, 423 Trachélipodes, 35 Gastéropodes, 4 Ptéropodes, 259 Conchifères, 15 Cirrhipèdes, 14 Annélides, 5 Crustacés, 16 Radiaires, 1 Pentacrinites, et 31 Polypiers.

Il fait suivre ce catalogue de conclusions très intéressantes ; ainsi, par exemple, il ne trouve guère dans toute l’Italie de mammifères du gypse de Paris, et les espèces d’Italie indiquent une même époque zoologique pour les dépôts subapennins du val d’Arno, les brèches osseuses, et les ossemens des cavernes.

Il donne dans des tableaux les rapports numériques des genres et des espèces fossiles pour chaque époque géologique. Il expose la distribution particulière des familles de mollusques pendant les diverses phases géologiques, les rapports du espèces fossiles de mollusques dans l’époque tertiaire, entre elles et avec les espèces vivantes ; enfin, il compare les fossiles tertiaires d’Italie avec ceux des autres bassins de l’Europe. (Ergebnisse meiner naturhist. okonom. Reisen. vol. II.)

Sur les dépôts tertiaires, M. Bronn a donné un tableau comparatif de son classement avec ceux de MM. Desnoyers, Deshayes et de Beaumont ; il y exprime en nombre celui des espèces propres, le rapport des espèces perdues et encore vivantes, et celui des espèces qui se trouvent dans ses deux groupes, et arrive à des résultats un peu différens de ceux de M. Deshayes. (Jahrb.f. Min. 1831, cah. 4, p. 246.)

MM. Deshayes et Duchâtel nous promettent une Monographie des fossiles du sol crétacé, en particulier de celui de la Belgique.

Aux Étas-Unis, MM. Vanuxen, Morton et Conrad, se sont occupés des fossiles du grès vert, et des couches tertiaires.

MM. Say et Conrad ont décrit surtout les coquillages tertiaires du Maryland, dont les espèces sont très voisines de celles de Paris. (Journ. of the Acad.of nat. sc. of Philadelphia, vol. IV, p. 124, et vol. VI.)

M. le docteur Owen a trouvé dans l’argile tertiaire du comté d’Arundel dans le Maryland, les fossiles suivans : le Pecten Jeffersonius ; la Turrilella plebeia (Say) la Venericardia blandingi (Conrad), ainsi que des os de baleine.

M. T.-A. Conrad a commencé, en octobre dernier, a Philadelphie, la description des fossiles du sol tertiaire des États-Unis, sous le titre de : Fossils shells of the tertiary formation of north America. Cet ouvrage paraîtra en la livraisons in-8o, qui comprendront 100 planches représentant 300 espèces. Il sera suivi d’un autre ouvrage qui traitera des fossiles secondaires des États-Unis.

Le premier cahier qui a paru contient six planches représentant 4 espèces d’arches, 2 pétoncles, 1 rocher, 8 fuseaux, 3 buccins, 1 cypricarde, 1 cardite, 1 arthémis. Parmi ces fossiles il y en a 16 espèces nouvelles, et les autres sont connues et se retrouvent à Paris, tels que la Cardila planicosta, Lam. ; le Pectunculus pulvinatus, etc.

Dans le second cahier, publié en décembre, huit planches représentent 17 espèces, dont 15 n’ont pas encore été décrites ; ce sont : 1 Lucine, 5 Crassatelles, 1 Turbinelle, 4 Ancillaires, 1 Mactre, 1 Delumbis, 1 Pholadomye, et 4 Huîtres.

Dans la zone tertiaire, qui borde le côté atlantique des États-Unis, depuis la Nouvelle-Jersey jusqu’au golfe du Mexique, M. Conrad distingue 4 étages, savoir : 1o l’argile plastique de Bordentown, de la Nouvelle-Jersey, et de Martha’s Vineyard ; 2o l’argile de Londres, ou le calcaire parisien, comprenant les dépôts du Fort Washington, de la Virginie, d’Alabama, de Clairborne, et de Vonusferry ; 3o le terrain tertiaire supérieur du Maryland, de la partie orientale de la Virginie, des deux Carolines et de la Géorgie ; 4o des graviers coquilliers analogues au crag d’Angleterre, à l’embouchure du Potomac.

M. le docteur Morton va republier, avec de belles lithographies, sa Description du grès vert des États-Unis et de ses fossiles.

M. Rafinesque a publié un supplément à ses bivalves fossiles des contrées occidentales des États-Unis,

M. Say fait une publication sur les coquilles tant vivantes que fossiles à New-Harmony.

Nous avons eu l’an passé, sur les fossiles des Alpes, deux Mémoires fort intéressans : MM. Studer et Voltz nous ont mieux fait connaître les pétrifications des calcaires foncés gisant sur les gneiss de la Jungfrau, et de ceux du Stockorn dans le canton de Berne : ainsi leur classement géologique a été facilité, et il y a beaucoup de probabilité que le premier dépôt appartient aux assises jurassiques inférieures, et le second aux portions supérieures de cette grande formation (Voy. Bull., vol. II, p. 52 et 55.)

D’une autre part, je dois rappeler que M. le comte Razoumowsky nous a envoyé une description de corps zoophytiques très curieux de la Russie. M. le comte Razoumowsky, ce vénérable doyen des géologues, aura rendu un nouveau service à la science en appelant l’attention des géologues sur une douzaine de variétés de ces Tubulorites (Chœtites, de Fischer ; Fibrillites, de Rafinesque, et Seriopores, de Goldfuss) qui pourront servir à caractériser certaines assises peut-être intermédiaires. (Voy. Bull., v. II, p. 360.)

J’appelle spécialement l’attention de la Société sur les déterminations des fossiles des Alpes par M. Bronn, parce qu’elles sont le complément zoologique aux détails géologiques que feu M. Lill et moi avons donnés des roches sur les bords de la Salza, près de Salzbourg. (Voy. Journ. de Géolog., 1830.)

Dans les pétrifications envoyées par M. Lill, M. Broun n’a reconnu dans le schiste rouge, sous tout le calcaire alpin, que des bivalves de la forme des Myacites et des Lucina ou Pleuronectites, ainsi que des Pentacrinites. Ces fossiles ne lui permettent aucune conclusion géologique.

Dans le groupe du calcaire alpin inférieur, il a vu des Térébiratules, une bivalve prise à tort pour une Gryphée, et qui est une Diceras, ou une Crytocératite, un Plagiostome voisin du P. gigantea, ou plutôt du P. punctata, Sow. ; des bivalves du genre Anomie ou Huître. Il en déduit, comme probable, que ce calcaire est un dépôt très voisin du lias.

Le marbre bigarré, près des mines de sel, lui a offert, outre les trois espèces de Monotis et d’Halobie (Avicule, suivant M. Deshayes), l’Orthoceratiles regularis, Schl. ; une pentacrinite ; trois nouvelles Ammonites, en partie de la division des Macrocéphales, de M. de Buch, et de la forme des Globites, de Haan ; une Ammonite de la forme des Planites, et l’Ammonites Turneri ; des Térébratules, l’une très voisine du T. lacunosus, de Schlotheim ; deux autres nouvelles approchant du T. Gallina ; Brongniart, et difformis, Lam. ; un fossile ressemblant au Nautilus Bonelli, de M. Catullo ; un Cyathophyllum nouveau ; des Pentacrinites, comme ceux présentés par les Rhodocrinites et Cyathocrinites, de Miller. Il n’a pu y voir ni Evomphales, ni Bélemnites, ni Alcyons, ni Avicules, ni Turritelles.

M. Bronn ne sait que conclure de ce mélange bizarre de fossiles, qui font osciller le dépôt entre le calcaire de transition et le lias. Quant aux Monotis que M. le comte de Munster croit exister aussi dans le grès vert sur le Danube, en Bavière, ni M. de Buch, ni M. de Voith n’ont pu retrouver ce fait si décisif.

Le groupe moyen du calcaire alpin a offert à M. Bronn une Plicatule, une Bélemnite, un Aptychus, le Trigonellites lamellosus (de Parkinson) ; une impression étoilée, des Ammonites, dont l’une est de la famille des Amalthées, et est voisine de l’A. plicatilis, de Haan. Ce dépôt appartiendrait plutôt au lias qu’au calcaire jurassique.

Pour le groupe supérieur du calcaire alpin du mont Untersberg, les Sphérolites et Hippurites indiquent son âge : les marnes bigarrées supérieures et aussi crétacées renferment un Spatangue très voisin du Sp. Coranguinum ; une bivalve, qui est un Plagiostome ou Podopsis ; un Cellepore, des Lituoles, une nouvelle Inocérame, une Térébratule très voisine de la T. octoplicata, de Sow. ; une Huitre, une Operculine nouvelle, et un Cardium.

Les grès de la même localité contiennent des plantes, des Térébratules, une Nummuline, ce qui indique un dépôt crayeux ou tertiaire. Les roches du mont Untersberg, comparées par M. de Lill à celles de Gosau, offrent une nouvelle Operculine et une Nummuline, une Natice ; elles pourraient donc être tertiaires.

M. Bronn adopte, comme MM. de Munster, Murchison, Sedgwick et de Buch, le classement des grès verts du Kressenberg dans le sol tertiaire. Il n’ose décider la question de l’âge du dépôt de Gosau, dont il détermine cependant trois fossiles comme des espèces tertiaires décrites.

Enfin il classe comme moi le grès viennois à fucoïdes, à Ammonites Parkinsoni et Humphresianus, Sow., entre le calcaire jurassique et le grès vert. (Jahrb. f. Min., 1832, cah. 2.)

D’après cela, on voit combien le classement des dépôts alpins reste difficile, lors même qu’on en connaît les fossiles. Si quelques espèces sont déjà figurées, beaucoup ne le sont pas ; on dirait vraiment que les Alpes ont presque une zoologie particulière.

Ainsi, par exemple, le mélange des Orthocères aux Ammonites macrocéphales choque tellement les idées préconçues des conchyliologues, qu’un d’eux a été même jusqu’à prétendre que le sol intermédiaire ressortait près des mines de sel, et qu’un habile géologue y voyait la probabilité de grands dérangemens sans y avoir été. Pour quiconque connait les localités, il ne reste pas douteux que les Orthocères sont au milieu des couches dont le caractère jurassique et crayeux est suffisamment indiqué par les fossiles ; que ce fait se répète près de Hallein, d’Ischel, de Hallstadt et d’Aussée, et que si les couches à orthocères ont subi des dérangemens, ils ont été partagés par toute la série des autres masses calcaires, au milieu desquelles le banc à Orthocères, Ammonites Macrocéphales, Astrées, etc., n’est qu’un accident local. (Compar. Bull., V. II, p. S6 et 67.)

Bien persuadé de cette vérité, M. de Buch a porté seulement son attention sur la détermination précise de ces Orthocères, et sur l’objection de ceux qui voudraient prétendre que ces fossiles ne sont que des cônes alvéolaires de Bélemnites. Le sciage transversal de quelques échantillons de la grande espèce lui a offert à Vienne des orthocères à siphon latéral et non central, tandis qu’à Aussée il y a une petite espèce à siphon central

La note de M. Dufrénoy sur les calcaires amygdalins (voy. Bull., v. II, p. 427), est une preuve de quelle réserve il faut user lorsqu’on croît qu’une roche ancienne n’est pas coquillière ; or la transformation des restes organiques en masse informe, comme dans les roches en question, est un des cas les plus ordinaires de beaucoup de fossiles des Alpes tant zoophytiques que bivalves, univalves et surtout multiloculaires.

Parmi les monographies de genres, je trouve à citer la dissertation intéressante de M. Desmoulins sur les Stellérides (Act. de la Soc. linn. de Bordeaux) ; celle des Echinidées que nous promet le même savant ; la républication en français de l’essai de M. de Munster sur les Bélemmites ; le Mémoire sur les Ammonites et les Gornaitites, par M. de Buch ; celui sur les Planulites et les Goniatites du calcaire intermédiaire du Fichtelgebirge, par M. le comte de Munster (uber die Panulïten, etc., in-4o avec 6 pl., Baireuth, 1832), et un Mémoire inédit sur les Céphalopodes et les Ammonites, par M. Major, communiqué à la Société helvétique en 1832.

Depuis 1829, M. de Buch a perfectionné son classement des Ammonites (voy. Ann. des Sc. nat., déc. 1829) ; c’est ce qui l’a engagé à le reproduire avec de belles figures et des additions dans les Mémoires de l’Académie de Berlin. En tête des Ammonites il place les Goniatites et les Cératites du Muschelkalk (A. nodosus et bipartitus, Caillardot), qui ont des dentelures sur la carène seulement, et inférieurement de petits lobes arrondis.

Il distribue les Ammonites dans les douze familles suivantes : les Béliers ou Arietes, ou celles à siphon saillant sur le dos et constamment en carène (Ex. : A. Bucklandi, Sow.), famille propre au lias surtout inférieur ; les Falcifères à dos aigu et siphon saillant et lisse (Ex. : A. Murchisonœ, Sow.) ; famille propre aux couches, supérieures du lias ; les Amalthées à dos aigu et siphon saillant, souvent crénelé (Ex. : A. Stockesi, Sow.), famille distribuée dans les dépôts du lias à la craie ; les Capricornées à larges carènes garnis de grands plis se terminant par une pointe (Ex. : A. flexicostatus, Phill.) ; les Planulites à dos et côtes arrondis, de manière que le contour de l’ouverture est quelquefois un cercle parfait (Ex. : A. plicatilis, Sow.), famille propre au lias et au calcaire jurassique ; les Dorsati à dos large et presque à angle droit des côtes (Ex. : A. Davoei, Sow.) ; les Coronaires à dos arrondi et très élargi, sans siphon apparent (Ex. : A. contractus, Sow.) ; famille propre aux oolites moyennes ; les Macrocéphalées à dos arrondi et combiné, avec les côtes sans arêtes (Ex. : A. Herveyi, Sow.) ; les Armées à plusieurs séries de varices ou d’épines sur les côtes ou même sur le dos (Ex. : A. perarmatus, Sow.), famille surtout présente dans les oolites supérieures et la craie ; les Dentées à dos plat et à plis ou côtes saillantes sur le dos sans le passer (Ex. : A. dentatus, Sow.), famille propre a l’oolite supérieure ; les Ornées ayant de plus que les précédens une série de saillies sur le milieu du côté (Ex. : A. varians, Sow.), famille propre à l’argile d’Oxford et l’oolite supérieure ; les Flexuteuses à dentelures des deux côtés du dos, lequel est en saillie et dentelé (Ex. : A. falcatus, Sow.), famille propre aux oolites supérieures voisines de la craie.

En 1829 il avait proposé encore une treizième famille des Comprimées, qui ne présentent que des stries très fines à leur surface extérieure, sans varices, ni côtes, ni plis saillans (Ex. : A. heterophyllus, Sow.). En 1832 il ne la reproduit qu’avec doute.

M. de Buch travaille à un second Mémoire sur les Ammonites, dont il a déjà fait dessiner plusieurs nouvelles espèces, tant de l’Allemagne que des Alpes du Salzbourg et de l’Autriche. La première planche de ce mémoire a été distribuée à quelques uns de ses amis, et renferme deux Ammonites : l’Ammonites asper, de Merian, qui est de la famille des Flexuosi, et se trouve près de Neuchâtel fort au-dessus des couches à Nérinées, et probablement dans des masses répondant à l’argile de Kimmeridge et au calcaire de Portland. L’autre ammonite est l’A. mulgravius de Whitby, qui est voisin des A. depressus et Murchisonœ.

M. de Buch insiste sur l’existence des Ammonées dans le terrain houiller de la Westphalie (Werden), de la Belgique (Liège, Namur, Visé, Choquier), et de l’Angleterre (A. .striatus, sphœricus, Martin, et Listeri, Sow. On en trouve des figures dans Montfort (Hist. nat. des Moll., pl. 48, fig. 1 ; dans Hupsch (Naturgesch. v. Nieder Deuschl., pl. 2, fig. 17 et 18, et Rumph. (Amboinisch. Raritatenk., pl. 60, fig. 2.)

Les Ammonées sont associées en Angleterre et dans le nord-ouest de l’Europe, continentale, avec le Pecten papyraceus, qui est une Posidonie. Les fossiles des couches houillères inférieures indiquent l’existence d’une mer profonde et non de rivages, tandis que la partie supérieure des masses charbonneuses contenant des Unio et des végétaux de marécage doit avoir été un dépôt terrestre. D’après cela, M. de Buch pense que, par suite des éruptions porphyriques. le fond de la mer aurait été exhaussé, le continent voisin inondé et balayé, et les déblais continentaux auraient formé dans la mer le terrain houiller.

M. de Buch divise les Goniatites en espèces à lobes arrondis et à lobes pointus. La première division se sous-divise, 1° en celles à languettes dorsales simples (Ammonites expansus, n.sp. du Derbyshire ; evexcus (Bronn) de l’Efeil ; Noeggerathi, Gold. de Dilleubourg, et subnautilinus (Schl.) de Dillenbourg ; 2° en celles a languettes dorsales divisées (Ammonites primordialis, (Schl.) de Goslar). La secoude division se partage en espèces de languettes dorsales simples (Ammonites Henslowi, Sow ; Becher (Gold.) d’Eybach, Hoeninghausi, de l’Eifel ; Munsteri, n. sp. d’Elbersreuth ; simplex, n. sp. de Goslar, et multiseptatus, de l’Eifel ; et celles à languettes dorsales divisées (Ammonites Listerï (Martin) du Derbyshire ; carbonarius (Gold.) de Liège ; sphæricus, (Martin) de Werden ; inœquistriatus, (Munst.) ; semistriatus, M., et speciosus, M. ; toutes trois du Fichtelgebirge.

M. de Buch s’occupe aussi du classement des Térébratules, famille pour laquelle il a déjà adopté certaines grandes divisions, et dont il est disposé à réduire extrêmement les espèces.

M. de Munster divise les Planulites du Fichtelgebirge en espèces à lobes peu courbés et arrondis, et en espèces à lobes latéraux simples et pointus avec des selles arrondies. Il décrit et figure 5 espèces nouvelles de la première classe, et 13 de la seconde. Quant aux Goniatites du calcaire intermédiaire de la même chaîne, il les partage en espèces à lobes simples faiblement courbés et arrondis, en espèces à lobes pointus ou en languettes, et en espèces douteuses. La première division comprend 3 espèces nouvelles, la dernière 4, et la seconde 17 espèces réparties en trois ordres, savoir : 8 pour la sous-division de celles entièrement enroulées et avec un seul lobe latéral et pointu, et en forme d’entonnoir, 3 pour celles entièrement enroulées et avec deux lobes latéraux, et 6 pour celles non enroulées et à trois lobes latéraux.

L’auteur a recueilli dans les couches inférieures du calcaire de transition du Fichtelgebirge, outre les fossiles précédens, une Scrpule, 4 espèces de Crinoïdes, 27 esp. de Cardiacées, 11 esp. de Mytiléacées malliacées, et autres familles de bivalves ; 5 esp. de Térébratules, 8 esp. de Patelles, 23 esp. de Phytiphages, Lam., savoir : des genres Natice, Evomphale, Cirrus, Turritelle, Turbo, etc. ; 3 esp. de Bellerophon, 22 esp. d’Orthocères, et 14 esp. de Trilobites. Il n’y a remarqué aucun Zoophage (Lam.), et la même observation s’applique aux 160 espèces de Trachéliopodes que l’auteur possède de formations antérieures au lias.

Quant aux fossiles décrits ou indiqués isolement, M. de Meyer vient d’ajouter à ces fossiles intermédiaires curieux décrits dans les Actes des curieux de la nature (voy. Bull. vol. II, p. 228), l’indication d’un Calamopora dubia dans un schiste tégulaire de Kaup, sur le Rhin inférieur ; ce fossile y est associe avec des Trilobites et des pétrifications ressemblant aux Orthocères. (Jahr. f. Min. 1832, cah. 2, p. 231.)

M. le profess. Schubler a trouvé, dans la molasse de Baltringen, près d’Ulm, des dents du Squalus cornubicus, des dents ressemblant un peu à celles du Trichechus rosmarus, Linn, un fragment de mâchoire d’une baleine, une vertèbre de Squale, la Turriltella terebra, Broc., et l’Ostracites gryphoïdes.

Le même savant a reçu des sacs de sèche fossile du lias de Boll et de Wesseralfingen, en Würtemberg. (Jahr. f. Min. 1832, cah. 1, p. 79.)

M. Bronn a décrit deux nouvelles espèces d’Hippurites, l’une H. cornu vaccinum de l’Untersberg en Salzbourg, et l’autre H. cyathus de l’île d’Heligoland.

Il a donné le nom de Sperulites Lilii à une Sphérulite du terrain crétacé de l’Untersberg. (Jahrb. f. Min. 1832, cah. 2.)

Le même auteur a donné sous le nom de Brocchia un nouveau genre de Calyptracées des collines subapennines, et sous celui de Diplodonta un nouveau genre de Nymphacées dans ce même gisement. Ce dernier comprend doux espèces dont l’une existe encore dans la mer Méditerranée. (Ergebnisse meiner naturh. okon. Reisen, vol. 2, 1832.)

M. Lonsdale s’occupe de l’examen minutieux des Nummulites des Alpes orientales, et il en a déjà déterminé huit espèces nouvelles et une seule est commune à tous les dépôts récens ferrifères des Alpes. (Tr. géol., v. 2, part. 2, p. 350.)

M. Boubée a caractérisé deux nouvelles Nummulites de la craie. (Voy. Bull. de la Soc., vol. 2, p. 444.)

M. Puzos nous a décrit et figuré un Scaphite (S. Ivani) d’une espèce bien remarquable et dont la portion enroulée, vue isolément, aurait pu être prise pour une ammonite, nouvelle source d’erreur à éviter. (Voy. Bull., v. 2, p. 355.)

M. Deshayes est entré dans des détails pleins d’intérêt sur les traces que les lithophages laissent sur les roches, et en général sur les caractères des anciens rivages observés, sur des dépôts intermédiaires, secondaires et tertiaires. (Voyez Bull., v. 2, p. 370.)

M. Le Sauvage a donné une note sur le genre de polype fossile appelé Thammasterie. (Ann. des sc. nat., vol. 26.)

M. Fischer a décrit sous le nom de Rhysmotes petiolatus, un polypier du calcaire intermédiaire de Saint-Pétersbourg ; Lamarck en a fait une Monticulaire. M. Fischer comprend dans le même genre l’Astrea dipsacea de Lam., et une autre espèce du Jura, et qu’il appelle Rh. centaurea. (Voy. Bullet. de la Société des Naturalist. de Moscou, v. IV, p. 416, pour 1833.) Le même savant a figuré un Reteporite infundibuliforme des environs de Moscou (dito, v. V, p. 64), ainsi qu’un Cidaris Lovetzkiï (dito, p. 220).

M. Beekhuis a publié, en Hollande, des Remarques sur un nouveau genre de coraux fossiles appartenant aux polypiers foraminés de M. de Lamarck, et appelé Spirozoïte Raspailii. L’auteur avait écrit son Mémoire avant la publication de la Notice de M. Brongniart sur les orbicules siliceux, et en ayant pris connaissance plus tard, il déclare, dans un post-scriptum du 20 mai 1832, qu’il ne se désiste pus de son opinion que les orbicules siliceux sont des polypiers devant être placés dans la section des foraminés.

Après avoir analysé les travaux de Desauvages, Ghettard, Knorr et Walch, sur la matière, et réfuté leurs opinions, M. Beekhuis cite, de sa collection, les Calamopora gothlandica, favosa, polymorpha ; Cyathophyllum, plicatum, ceratites ; Turbinolia dulcata, cuneata, Achilleum cariosum ; des Térébratulites, sur lesquels il a trouvé de ses spirozoïdes qu’il avait appelés d’abord vermiscruta, ignorant encore le nom que M. Raspail leur avait donné. Au Muséum de Leyde, les orbicules étaient étiquetés Spirorbis gryphæarum, nouv. esp. de la Suisse, parce qu’ils entouraient une gryphite ; mais M. de Haan voulait déjà, en août 1830, retirer le nom et les objets, parce que ces derniers n’appartenaient pas au règne animal. L’auteur fait voir comment l’opinion de M. Brongniart s’accorde avec celles de Desauvages. Comme il croit que les orbicules ont une origine animale, il décrit leurs divers âges et le mode de leur développement. Le premier état d’un spirozoïte serait un petit point, l’œuf du polypier. Autour de cet œuf se développeraient les cercles, dont chacun serait une coque, une écaille que le cercle suivant envelopperait à son tour jusqu’à celui qui termine la rosette. Les bords des coques des spirozoïtes sont ronds et écartés, et chaque point de ce bord et du bouton de la rosette est perforé d’un petit trou comme dans les milleporacées, etc. Les petits boutons de la rosette, comme les points du bord écartés des cercles, ont chacun un petit trou qui paraît avoir été, selon l’auteur, la demeure du polype. Il est fâcheux que M. Beekhuis n’ait pas employé de figures pour mieux démontrer son opinion.

M. Zenker a décrit et figuré plusieurs coquilles nouvelle du grès bigarré de Jéna ; savoir : le Donax costata, le Mytilus arenarius, et il a établi un nouveau genre d’encrines provenant du calcaire intermédiaire de Bohème, sous le nom de Scyphocrinites elegans. (Beitrage zur Naturgeschichte der Urwelt, 1833.)

M. de Buch a publié en 1830, en français, sous le titre de Pétrifications remarquables, un bel in-fol. accompagné de 8 planches, dont quatre (la 3e, 4e, 5e et 6e) se trouvent seules reproduites dans les Mémoires de l’Académie de Berlin. Comme cet ouvrage n’est pas en vente, qu’il n’existe pas dans la bibliothèque de la Société, et n’arrive qu’à quelques personnes privilégiées qui ont le bonheur de plaire à l’auteur, je crois utile d’en donner une idée.

Les deux premières planches représentent quatre ammonites de la division des falcifères, A. depressus (Bosc.), de l’oolite ferrugineuse de Bayeux ; A. canaliculatus, Munster, du coral-rag, d’Arau ; A. cornensis, n. sp., de la scaglia, ou craie d’Erba en Lombardie ; A. fonticula, Munster, de l’argile d’Oxford en Allemagne.

La troisième planche offre le Gryphea secunda de Salève, et une Huître siliceuse du Mecklembourg, fossile dont le dessin sert à expliquer le remplacement de leur test par des orbicules siliceuses. On peut, dit l’auteur, encore distiller de certaines pétrifications siliceuses l’huile animale.

La planche quatre représente les Cassidaria depressa et cancellata, espèces tertiaires nouvelles, l’une de Konow, et l’autre de Sternberg dans le même duché. La première est associée avec le Pectunculus pulvinatus, Natica epiglottis, Nucula lœvigata et deltoïdea, Lam., et Venus dysera, Broc. La seconde, qui est le Bullacites nodulosus, de Schloth., est aussi dans une couche tertiaire, sur le lignite de Domitz, et est accompagnée, à Sternberg, des coquilles suivantes : Pectunculus pulvinatus, Natica rostrata, lævigata et Pleuromata monile, Broc. ; Turritella tricarinata, Broc. ; Fusus funiculatus Lam. ; Rostellaria pes carbonis, Brong. Fusus alveoatus, Sow. (coquille du Crag) ; Ranella gigantea, Corbula rotundata, Sow. ; Mactra trigona, Bro. ; Tellina patellaris, Lam. ; Pecten pleuronectes, et striatus, Sow. ; Bulla ovulata, Lam. ; Dentalium elephantinum et incurvum, Pyrula elegans, Lam. ; Terebra plicata, Lam. ; Typhis tubifer et Pleurotoma mitrœformis, Broc.

Il y aurait donc dans le sol tertiaire du Mecklembourg un mélange de fossiles subapennins et de coquilles des environs de Paris et de Londres.

La planche six est consacrée à la représentation du Leptœna lata, n. sp., garnie de ses épines, appelés Tentaculites, et accompagnée, dans la roche, d’une Turritelle, d’une Modiole, d’une Vénéricarde, et d’une Calamapora fibrosa, Goldf. Ces fossiles se trouvent dans des blocs secondaires du Brandebourg, du Mecklembourg et de la Poméranie.

Dans le Leptœna lata restauré, on a, par mégarde, donné à toutes les épines ou tubes ligamentaires la même longueur, ce qui n’était pas probablement le cas dans la coquille vivante, chaque paire de tubes ayant dû s’obstruer lorsque l’animal en formait une autre.

Dans la planche sept est figuré la Turritella echinata du grès du lias de Banz ; le Deltyris verrucosa (Spirifer) des marnes du lias du Wurtemberg, couches qui renferment aussi le Spirifer Walcotii ; le Murex rostellariformis du Coralrag, du mont Randen, près de Schaffhouse ; l’Ammonites altimans, n. sp. (syn. A. varians, Schl.), qui n’est pas celle de Sowerby, du Coralrag du Wurtemberg et de la division des Amalthées ; enfin la Terebratula rimosa des marnes du lias. Cette dernière est associée avec T. triplicata, Phill. ; acutus, Sow., et numismalis, Lam. Au pied du mont Randen, il y a une argile à gryphée dilatée et Ammonites sublœvis, et au-dessus le Coralrag supérieurement à polypiers (Cnemidium lamellosum, striatum et rimulosum, Goldf.), et inférieurement avec l’Ammonite plicatilis, Sow. ; triplicatus, Sow. ; biplex, flexuosus, Munst. ; bifurcatus et canaliculatus.

Enfin la planche huit présente trois Ammonites, A. sulcatus, n. sp. ; une Capricornée du lias de Banz ; fimbrialus (Sow.) (syn. A. lineatus et hircinus, Schl.), du lias, et flexuosus, Munst., dans le coralrag du mont Randen, et de la famille des A.flexuosi. Il est associé avec l’A. varians, canaliculatus bifurcatus, Schl., et crenatus, Rein. MM. Mendelsloh et de Buch se sont occupés, chacun de son côté, à distribuer plus exactement les fossiles du Jura Allemand dans ses divers dépôts. Il parait que le travail de M. de Buch a déjà été utilisé dans la traduction allemande du Manuel de M. de La Bèche. Le tableau de M. Mendelsloh est destiné aux Mémoires de la Société d’histoire naturelle de Strasbourg.

M. le comte Munster a fait des remarques sur la distribution des fossiles dans les calcaires jurassiques.

Dans l’Allemagne méridionale, près de Thurnau, la Dolomie jurassique, couronnant les montagnes, contient beaucoup de polypiers du genre Scyphia. Au-dessous se trouve le calcaire compacte avec plusieurs espèces de Scyphia, des Térébratules, et les Trigonellites de Parkinson, etc. ; plus bas une marne oolithique à ammonites et bélemnites, enfin l’oolite inférieure ferrifère, une assise épaisse de grès du lias, les marnes du lias avec lumachelles à Monotis substriatus, enfin une seconde couche de grès de lias.

Le genre Hamites se trouve dans l’oolite inférieure des bords du Weser et de la Bavière.

Enfin, M. des M. fait observer que la Terebratula antinomia de Catullo est figurée dans la table 240 de l’Encyclopédie méthodique, dans Parkinson, sous le nom de T. triquetra, et dans les Essais de minéralogie de Macquart. La Terebratula aculeata de M. Catullo est le T. trigonelles de Schlotheim (Jahrb. f. Min. 1833, cah. 4, p. 430.)

Le mélange accidentel de fossiles de diverses époques, dans une même couche, est un accident curieux qui paraît avoir occupé souvent M. le comte Munster. Aux indications déjà données par ce savant, il vient d’ajouter des carrières de gravier près de Goslar, de Hildesheim et de Minden sur le Weser, qui lui ont offert des pétrifications de plusieurs formations, depuis le calcaire intermédiaire jusqu’à la craie inclusivement. (Jahrb. f. Min. 1832, cah. 1, p. 78.)

Si l’étude paléontologique n’est pas née à Paris, elle y a pris son développement actuel, et s’y est perfectionnée au delà de toute attente. Néanmoins cette capitale étant placée au milieu des dépôts récens, ce sont leurs fossiles qu’on a récoltés, étudiés et figurés de préférence aux autres ; aussi maintenant il n’y a pas de collections de pétrifications tertiaires et d’alluvions comparables à celles de Paris. D’une autre part, elles ne sont pas riches en fossiles secondaires et intermédiaires et il n’y en a aucune qui égale à cet égard en richesse certaines collections d’Angleterre et d’Allemagne. Dans ce dernier pays, l’on sait qu’en ce genre le Musée de Bonn et les collections du comte Munster, à Baireuth, et de feu M.de Schlotheim, maintenant au château de Gotha, ainsi que celles de Heidelberg, occupent le premier rang.

Il est heureux de penser que l’ouvrage de Goldfuss nous fera connaître toutes les curiosités de ces cabinets divers, ajoutés à cellesque pourront lui fournir les nombreux Musées publics d’Allemagne, tandis que les connaissances acquises sur les fossiles d’Angleterre, au moyen des ouvrages de Sowerby, de Phillips, de Mantell, de Martin, de Brander, etc., vont s’accroître par un second volume promis par M. Phillips.

Si l’on ajoute à tout cela des monographies locales ou de genres, telles que celles de Zieten, de Munster, de Kaup, de Meyer, etc., je crois que d’ici à peu d’années la paléontologie des diverses formations anciennes nous sera aussi bien ou mieux connue que celle des dépôts tertiaires, parce qu’il semblerait que les fossiles sont d’autant moins variés qu’ils sont d’un âge plus reculé.

Enfin, aux États-Unis, l’on s’occupe aussi de paléontologie ; et le transport de collections, telle que celle de M. R. Taylor d’Angleterre, y contribuera à accélérer les progrès de cette étude.

La Botanique souterraine s’est enrichie en 1831 de plusieurs ouvrages nouveaux. M. Bernard Cotta a profité de la collection nombreuse de bois fossiles de son père pour compléter ce que M. Ant. Sprengel et Witham nous avaient déjà appris sur les bois du grès houiller, du grès rouge secondaire et de ses agglomérats porphyriques. (Voy. Commentatio de Psarolithis, Halle 1825.)

Il y a ajouté des détails sur les bois fossiles des autres dépôts, et surtout sur ceux des lignites tertiaires, soit de l’Allemagne, soit de la Bohême.

L’étude des troncs fossiles est fort curieuse, en ce qu’ils ont dû appartenir aux végétaux dont les impressions des feuilles les accompagnent.

Il est à regretter que l’auteur n’ait pas eu connaissance du travail de M. Witham. (Observations on fossil vegetables, 1831) ; car, il aurait peut-être modifié son opinion, que la structure intérieure des bois n’offrait pas toujours des caractères propres à distinguer les espèces.

L’auteur divise ces 500 échantillons de bois en trois familles, savoir : les Rhizomata, qui sont des troncs dis fougères, et qui sont un assemblage de parties isolées ayant un canal médullaire et une écorce ; 2° Les stipites provenant de palmiers, et à faisceaux de trachées parallèles à l’axe longitudinal.

Enfin, la troisième famille comprend des troncs à stries en étoile, qui présentent les anneaux circulaires du bois et la moelle, sans qu’on puisse les comparer à aucune famille actuelle de végétaux. Ils paraissent intermédiaires entre les Endogénites et les Exogénites.

Les Rhizomates se divisent en trois genres, ceux dans lesquels les parties composantes ont, par rapport à l’axe, une position divergente. (Tubicaulis primarius, solenoïdes, ramosus et dubius). M. Sprengel les compare aux Polypodium ; 2° ceux dans lesquels les parties composantes partant de la racine sont, sur une certaine étendue, parallèles au tronc (Psaronius asterolitus, helmintholithus, Syn. Staarsten} 3° ceux dans lesquels les faisceaux de tubes sont poreux. (Porosus communis et marginatus. Syn. Palmelcite Sternb.)

La seconde famille se divise en deux genres ; l’un dans lequel les faisceaux de trachées sont distincts. (Fasciculites didymosolen et palmacites) ; et l’autre, dans lequel ils se sont confondus, et où l’on ne voit plus que quelques tubes longitudinaux (Perfossus angularis et puntatus). La troisième famille se partage aussi en deux genres, Comprenant, l’un les troncs dont la moelle contient encore quelques faisceaux de tubes (Modulosa elegans, porosa et stellata) et l’autre les troncs à moelle uniforme plus ou moins desséchée devant la fossilisation. (Calamitea striata, lineata, bistriata, et concentrica).

Ces divisions s’accordent avec le gisement géologique de ces troncs, car la première et la troisième familles ne se trouvent guère que dans le grès rouge secondaire, tandis que la seconde paraît surtout particulière aux lignites tertiaires.

Cette intéressante dissertation se termine par des observations sur les impressions de plantes qui paraissent appartenir à chacun de ces genres de troncs qui sont en général plus rares que les impressions.

Il est possible que l’intérieur de plusieurs troncs n’ait pas offert des conditions favorables à leur conservation, comme pour les plantes succulentes, telles que les Knorria, Stigmaria, etc. D’autres troncs peuvent avoir appartenu à des espèces très diverses, sans présenter aucune différence sensible dans leur structure intérieure.

Il soupçonne que la première famille de troncs appartient aux végétaux du genre Lepidodendron, dont les espèces seraient beaucoup plus nombreuses que les espèces connues de leur tronc.

La seconde famille semblerait des portions de végétaux semblables au palmier ; et dans la troisième famille, le genre de tronc appelé Medullosa pourrait appartenir aux genres de végétaux nommés Rhytidolepis et Syringodendron, tandis que le genre Calamitea se rapporterait au reste de plantes classées dans le genre Calamites.

On voit donc que cet ouvrage, écrit en deux langues, en allemand et en latin, se recommande à l’attention des géologues et des botanistes. (Voy. Die. Dendrolithen. In-4°. Dresde, 13.)

Comme je n’ai fait qu’indiquer l’an passé l’ouvrage de M. Witham, je me permets d’en donner un aperçu aujourd’hui. Ce savant a examiné sous un grossissement de 55 fois la grandeur naturelle, des tranches très minces de différens conifères de cycades, de chênes, de peupliers, de bois de sandal et de magahony ; puis il a comparé aux figures obtenues, celles présentées par des tranches minces et polies de bois fossile des houillères de l’Écosse et du Northumberland, ou du lias de Whitby.

D’après cet examen, il rapporte quatre espèces de troncs des houillères à la classe des Gymnospermes phanérogames, et six espèces de troncs du lias aux conifères. Les bois silicifiés de l’île d’Antigua sont dicotylédones.

Il conclut que les conifères s’étendent jusque dans le groupe carbonifère.

M. W. Nicol a examiné, d’après la méthode de M. Witham, des bois fossiles de divers dépôts houillers anciens et moderne de Newcastle, dans la Nouvelle-Galles du Sud, et n’y a reconnu que des conifères. (New. Edinb. phil. Journ. Janvier 1833, p. 155.)

MM. Lindley et Hutton ont continué la publication de leur Flore fossile de la Grande-Bretagne, dont il a paru jusqu’ici 7 livraisons. Ces 7 cahiers contiennent 59 planches représentant environ 54 espèces, dont 32 sont nouvelles, savoir : Pinites Brandlingi (conifère du terrain houiller), Withami et medullaris (deux conifères douteux) ; Ulodendron minus ; Lepidodendron dilalatum, acerosum et gracile ; Lepidophyllum lanceolatum. (Cah. 1.) ; Lepidostrobus variabilis ; Sphenophillum erosum ; Asterophyllum grandis (Cah. 2.) ; deux espèces de Calamites : Peuce Withami ; Asterophilliles foliosa ; Noeggerathia flabellata (Cah. 3.) ; Pinîtes Eggensis ; Pecopteris adiantoides et heterophylla ; Sphenopteris crenata. (Cah. 4.) ; Caulopteris primœva, la première fougère arborescente véritable trouvée dans les houillères anciennes ; Cyperites bicarinata ; Lepidophyllum intermedium, Cyclopteris Beani (dans le système oolitique inférieur) ; Sphenopteris affinis, dilalata, caudata, crithmifolia. (Cah. 5.) ; Sphenopteris ? bifida, dans le calcaire de montagne, plante à propos de laquelle M. Lindley fait remarquer la forme si analogue des feuilles dichotomes et à extrémités pointues des Utriculaires et des Trichomanes et Hymenophyllum ; Sigillaria reniformis, dans le terrain houiller, et sous le nom de Palmacites sulcatus, dans la grauwacke et le grès du keuper de Gotha ; Sphenopteris affinis, dans le calcaire de montagne d’Édimbourg. (Cah. 6.) Lycopodites falcatus, dans le système oolitique ; et le Polyporites Bownanni, qui est peut-être un fungus. (Cah. 7.)

Dans le cahier 4 de la Flore fossile, de la Grande-Bretagne, M. Lindley a inséré une préface intéressante sur la botanique fossile. Il esquisse à grands traits les végétations qui ont occupé successivement le globe. Dans l’époque houillière, il place de grands Conifères d’espèces gigantesques, ressemblant aux lycopodiacées, beaucoup de Cactées ou d’Euphnrbiacées, de Palmiers et d’autres monocotylédons. Lors du dépôt du grès rouge, les Cactées disparaissent et les Fougères diminuent. Dans la période du lias et des oolites, une végétation nouvelle couvre la terre ; le nombre proportionnel des fougères diminue, les plantes gigantesques disparaissent, et des espèces de Cycadées, analogues à des végétaux du Cap de Bonne-Espérance et de la Nouvelle-Hollande deviennent très communes ; les Conifères abondent, et offrent des espèces déjà antérieurement existantes. On ne sait pas encore s’il existait d’autres dicotylédons que des cycadées et des conifères.

Après la craie, la flore précédente diminue extrêmement, et se rapproche de la flore actuelle ; il n’y a plus de Cycadées, les fougères diminuent, les Conifères augmentent en espèces, et s’associent à des Palmiers et à d’autres Monocotylédons des tropiques. En même temps il y observe des aunes, des saules, des peupliers, des châtaigniers, des sycomores, et beaucoup d’autres plantes Dicotylédones. Des Palmiers, des cécropies, des sterculies, et quelques Malvacées se voient encore dans l’étage moyen et supérieur des dépôts terrains ; enfin, les dernières couches d’eau douce n’offrent que des débris de la flore actuelle.

Il donne ensuite une instruction à ceux qui veulent récolter des plantes fossiles, afin de ne pas rapporter des choses inutiles ou incomplètes. Il indique les points les plus important de la science et les découvertes les plus essentielles à faire, et termine par un tableau de tous les genres de plantes fossiles avec l’indication du nombre des espèces connues jusqu’ici dans chaque genre, ainsi que celle de leur gisement.

MM. Lindley et Brongniart ne sont pas d’accord sur le classement botanique de divers genres de plantes fossiles. Il est utile, pour les progrès de la science, de signaler ces divergences entre des savans s’occupant spécialement de la botanique fossile, étude à laquelle les botanistes ordinaires restent la plupart étrangers, parce que cela les fait sortir de leur mode habituel de classification.

M. Brongniart classe les Lépidostrobes dans les Lépidodendrons, et regarde les Ulodendrons comme de vieux troncs de ce dernier genre, qui est reconnu très voisin des Lycopodiacées. Or, ce dernier rapprochement ne peut avoir lieu entre les Lépidostrobes et les Lycopodiacées, car la fructification de ces derniers n’est qu’une altération des feuilles aux extrémités des branches, sans désarticulation quelconque, et la fructification y est terminale, les extrémités des branches des Lépidodendrons ne prennent pas la forme des Lépidostrobes, et ceux-ci se trouvent plutôt avec les Fougères et les Calamites qu’avec les Lepidodendrons. (Fossil. Flora, cah. 2, p. 36.)

M. Lindley accorde à M. Brongniart la grande analogie des Lepidodendrons avec les Lycopodiacées ; mais il les place entre cette famille et celle des conifères. (Cah. 1, p. 21.)

M. Brongniart rapporte les Sphénophyllum aux Marsiléacées. M. Lindley ne leur trouve pas d’analogie, ni avec les fougères, ni avec les Conifères actuellement vivans, parce que les nervures de leurs feuilles sont toujours dichotomes. Leurs feuilles verticillées les rapprocheraient plutôt des Conifères que des Fougères ; elle sont dilatées au sommet comme celles de certains genres de Conifères ; elles ont une apparence écailleuse à la base, et le tronc a des sillons profonds. M. L. en conclut que, probablement, les Sphénophyllum représentaient dans l’ancien monde la tribu actuelle des pins. (Fossil. Flora, cah. 2, p. 43.)

Pour les Calamites, MM. Lindley et Brongniart diffèrent aussi d’opinion ; le dernier les rapproche des Equisétacées, à cause des gaines et des troncs sillonnés, dont les lignes alternent à leur réunion près des nœuds. M. Brongniart aurait oublié, d’après M. Lindley, la présence du bois et de l’écorce dans les Calamites, et il pense que cette guîne remarquée sur certaines espèces pourrait bien être de la même nature que les feuilles verticillées de l’échantillon qu’il figure. M. Lindley considère comme plus probable que les Calamites sont les restes de quelques végétaux dicotylédons, dont on n’a pas encore trouvé les rapports avec les plantes actuelles. (Fossil. Flora, cah. 2, p. 53.)

M. Lindley diffère d’opinion avec M. Ad. Brongniart sur le classement botanique du Stigmaria fucoïdes ; ce dernier l’a rapproché d’abord des Aroïdées, et plus tard, il l’a rangé dans la famille des Lycopodiacées, tandis que MM. Sternberg et Artis lui ont trouvé des rapports avec les Euphorbiacées ou les Cactus. M. Lindley le place entre ces deux familles, et conclut que c’était une plante terrestre Dicotylédone, prostrate, succulente, dont les branches partant régulièrement du tronc commun, se bifurquaient. Les tubercules du tronc sont les places d’insertions des feuilles qui étaient succulentes et cylindriques. (Fossil. Flora, cah. 4, p. 106.)

Sur le classement des Sigillaires, les botanistes ont varié d’opinion. Artis en fait des Euphorbiacées, Schlotheim, des Palmiers, Martin, des Cactées. Après les avoir regardés comme formant une nouvelle famille, comparable à aucune autre maintenant existante, M. Ad. Brongniart s’est rangé de l’opinion de M. Sternberg, et les a placés dans les Fougères.

M. Lindley trouve que les marques des insertions des feuilles des fougères et des Sigillaires n’ont aucune ressemblance entre elles. Quant au tégument cortical intérieur dans les Sigillaires, les feuilles s’articulaient avec lui, ce qui n’a pas lieu dans les Fougères, et il était de la nature d’une véritable écorce, tandis que dans les troncs de Fougères on ne trouve que la fausse écorce des Palmiers.

On a vu des Sigillaires se diviser en deux branches à leurs extrémités ; or, les Fougères, si elles se divisent accidentellement, ne sont pas pour cela dichotomes.

M. Lindley conclut que les Sigillaires étaient des plantes dicotylédones ayant une véritable écorce séparable, et voisine des familles des Euphorbiacées et des Cactées. (Fossil. Flora, cah. 6, p. 151.)

M. Lindley ne croit pas devoir admettre, comme des restes de Conifères, les fossiles pris pour tels par M. Witham, parce qu’il n’y voit pas les cercles annuels de croissance, ni les glandes semblables à des pores, et que les cellules sont entourées d’une espèce de réseau. M. Lindley en forme une famille nouvelle qu’il place à côté des Conifères. Néanmoins, il figure un Conifère véritable sous le nom de Peuce Withami.

M. le comte Sternberg remarque à ce sujet que si M. Cotta avait employé les procédés d’examen microscopique de M. Witham, il serait arrivé aussi à des résultats semblables. De plus, en comparant le Pinus Brandlingii de M. Witham avec les grands arbres pétrifiés du grès houiller de Waldenburg, on y trouve une grande ressemblance avec les Conifères, d’où l’on peut conclure du moins que des végétaux très voisins de cette famille ont existé lors des premières époques géologiques.

D’ailleurs, l’organisation intérieure des conifères exotiques nous est trop peu connue pour pouvoir assurer que les fossiles en question ne s’en rapprochent pas davantage que des conifères des zones tempérées. M. Cotta figure des parties de plantes (planche 12, fig. 13), qui oscillent entre les Conifères et les Cycadées, et ses Calamites démontrent que cette famille n’appartient pas aux £quisétacées.

M. le comte Sternberg divise les Equisétacées fossiles en trois groupes, ceux à tige herbacée, savoir : l’E. brachiodon, infundibuliforme, dubium et Meriani : ceux à tige herbacée à gaines sans tubercules ni rameaux, ceux à tige nue ou les Calamites. (Jahrb. f. Miner., 1832, cah. 1, p. 79.)

J’ai déjà annoncé que M. le comte Sternberg allait publier un appendice à sa Flore du monde primitif, qui contiendra plus d’une vingtaine de planches. Il est à regretter vivement que les occupations de M. Adolphe Brongniart l’empêchent d’accélérer la fin de sa belle publication sur les plantes fossiles. On sait que dans sa 6e livraison il n’a pas encore achevé sa description des Fougères.

Il serait aussi à souhaiter qu’il voulût bien répondre aux objections botaniques et géologiques qui lui ont été faites, car rien n’est plus fatal que les erreurs se propageant à la faveur d’autorités recommandables.

Récemment, M. le professeur Henchel, de Breslau, a présenté aussi ses doutes sur les idées de M. Brongniart. Il pense qu’il s’est trop hâté de caractériser de grandes époques du monde primitif, en ne connaissant de chacune d’elles que des débris d’un petit nombre de plantes. Ensuite, la comparaison du nombre relatif des plantes fossiles et des végétaux vivans ne lui paraît pas soutenable, parce que mille circonstances ont influé sur la conservation plus ou moins complète, ou la disparition de certaines familles de plantes dans le sein de la terre.

Ainsi, par exemple, dans la première époque de M. Brongniart, on trouve citées deux mousses et soixante-quatre Lycopodiacées, données qui ne prouvent point que le rapport numérique entre ces deux familles fût alors de 2 : 64. En effet, n’est-il pas naturel que des troncs de Lycopodiacées gigantesques se soient conservés plutôt que de petites mousses, et si M. Brongniart n’a recueilli que deux espèces de mousses de cette époque, cela ne prouve nullement qu’elles ne pouvaient pas être dix fois plus nombreuses que les espèces de Lycopodiacées.

Après des objections de ce genre, M. Henschel passe à l’examen des déterminations botaniques de M. Brongniart. La plupart de ses Lycopodites pourraient être aussi bien des restes de Fougères, ou même de Conifères. Plusieurs des Equisétacées gigantesques ressemblent aux monocotylédons arborescens, ce qui est surtout le cas pour les Calamites. Les Marsilacées pourraient appartenir aussi aux Fougères. Il n’est pas prouvé péremptoirement que les Voltzias soient des conifères : or, ce genre doit caractériser la seconde époque de M. Brongniart, et y établir la prédominance des Conifères. Une erreur botanique, si facile à commettre dans la détermination de ces fragmens de végétaux, peut avoir une influence doublement pernicieuse, si l’on s’en étaie pour créer un système sur la succession des familles de végétaux dans les couches du globe.

Pour pouvoir mesurer le développement progressif de la végétation, il faudrait avoir réparti auparavant les végétaux actuels dans un véritable système naturel ; or, l’arrangement de M. Brongniart est-il le véritable et le seul admis par les botanistes ?

Tous accordent-ils à M. Brongniart que les Equisétacées soient placées avant les Fougères, les Lycopodiacées après ceux-ci et les Characcés, que les Cycadées voisines des Palmiers et des Fougères soit à côté des Conifères, et que ces derniers se trouvent entre les Cryptogames et les Monocotylédons, et avant les Naïades ? Suivant qu’on dérogerait plus ou moins aux idées systématiques de M. Brongniart, on arriverait à des conclusions géologiques plus ou moins différentes des siennes, même avec le peu qu’on sait encore sur les créations végétales anciennes. (Ubersicht des Arbeiten de Schlesisch. Gersellsch. fur vaterlandiche Cultur in Breslau, 1831, p. 41.)

Lorsqu’on a suivi avec intérêt les descriptions que M. Ad. Brongniart donne des végétations qui ont occupé successivement le globe, on ne peut songer qu’avec déplaisir qu’une bonne partie n’est peut-être qu’un agréable roman. Mais de quel découragement ne doit-on pas être saisi en lisant les remarques présentées par M. le comte Sternberg sur les déterminations botaniques des végétaux fossiles !

Pour arriver à une détermination exacte dans les classes supérieures des plantes, il faut combiner l’étude des impressions végétales avec celle des pétrifications des troncs et des branches, ce qui rend déjà difficile d’éviter les doubles emplois.

D’une autre part. dans quel embarras le botaniste ne se trouve-t-il pas, lorsqu’il examine des végétaux d’une organisation inférieure, où deux séries différentes se touchent quelquefois de si près, que même, dans les créations actuelles, il est presque impossible d’en tracer les limites, et qu’on est disposé à les voir passer l’une a l’autre. N’en résulte-t-il pas nécessairement que la même création peut être répartie dans les deux séries ? Ainsi, M. Ad. Brongniart a admis parmi ses Fucoïdes, sous le nom d’Encoelites, deux fossiles du schiste de Solenhofen, tandis que M. Goldfuss en a classé une troisième espèce dans les Éponges, sous le nom d’Achilleum dubium. D’autres Fucoïdes de la même localité ont des feuilles en écailles sur le tronc et les branches, et se rapprochent du Thuia de Stonesfield figuré par M. Sternberg. Voici donc le cas de décider si on a devant soi des plantes terrestres ou marines : or, le célèbre algologue, M. Agardh, a avoué qu’il est extrêmement difficile, par exemple, de distinguer des impressions de certaines Caulerpa de celles d’une Lycopodite.

M. le comte Sternberg en conclut que le géologue doit aider le botaniste dans ces cas difficiles, en lui indiquant le plus ou le moins de probabilité de l’existence de certaines classes de végétaux dans certains dépôts.

Jusqu’ici les botanistes se sont surtout occupés de l’analyse des parties de la floraison et de la fructification, et en ont fait les bases presque uniques de leurs classemens ; or, ces parties végétales ne nous sont conservées qu’extrêmement rarement dans les pétrifications.

Pour déterminer philosophiquement ces dernières, il faut donc d’abord étudier l’organisation intérieure des végétaux dans toutes les familles, non pas seulement sous le rapport physiologique, mais surtout sous le rapport de l’histoire naturelle. Lorsqu’on aura ainsi un systema vegetabilium physioloque et anatomique, on pourra alors seulement se flatter d’être exact dans les déterminations.

Après ces observations décourageantes, il est cependant consolant d’entendre le même auteur confirmer la plus grande égalité dans la température de toute la surface terrestre aux époques anciennes.

Le genre Cyclopteris, trouvé dans les houillères des Indes, existe aussi en Bohême. Dans les houillères, les troncs des végétaux ne sont plus indiqués souvent que par leur écorce réduite en houille ; M. le comte Sternberg rapproche ce fait de celui rapporté par M. de Humboldt, sur les troncs des Cyathées et Méniscées dont l’écorce, dans les régions équatoriales, se convertit en poussière charbonneuse avec l’éclat métallique du graphite. D’après lui cette enveloppe changée en houille empêcherait fréquemment de distinguer les formes extérieures des végétaux des houillères.

M. le comte Sternberg a déterminé les Fucoïdes Targionii, regularis et intricatus dans le grès secondaire des Alpes de Vienne et de l’Allgau en Bavière. Le grès tertiaire de Szagadat en Transylvanie lui a présenté une Cystoseira.

Pour expliquer le mélange des végétaux terrestres et marins dans les couches du globe, le même auteur cite les bords de l’Adriatique et de la Baltique, où des saules et d’autres arbres entremêlent leurs restes avec des plantes marines, et sont portés par des ouragans à plusieurs toises des rivages. (Verhandlung der Gesellsch. des vaterlandisch. Museum in Bohemen, 1832.)

M. Zenker a décrit trois nouveaux végétaux fossiles provenant des lignites tertiaires des environs d’Altenburg en Saxe ; savoir : le Retinodendron pityodes, genre de la famille des Conifères ; les Baccides cacaoïdes et rugosus, deux espèces de Palmiers. De plus il a rendu un véritable service aux géologues en figurant bien, et décrivant les impressions des feuilles qu’on connaît depuis long-temps dans le grès vert de Blankenburg, au pied du Harz. Il y reconnaît des feuilles d’un saule qu’il appelle Salix fragiliformis, et celles de cinq espèces de Credneria, genre appartenant avec doute aux Amentacées. Il leur impose les noms de Credneria integerrima, denticulata, biloba, et subtriloba. (Beitrage zur Naturgeschichte der Urwelt, 1833.)

M. Murchison a découvert dans la position verticale des troncs fossiles au milieu de l’oolite inférieure des Monts Cleveland ; il les rapporte aux Équisétacées et pense que ces végétaux ont encore leurs racines dans une couche marno-argileuse noire. Un semblable fait a été observé sur la côte de Whitby, par MM. Young, Bird et Phillips (Proceed. of the geol. Soc. 1832, p. 391.)

M. Richard Harlan a découvert deux nouveaux Fucoïdes, celui qu’il appelle F. Brongniarti est dans un grès sous le terrain houiller de Lockport dans l’état de New-York, tandis qu’un autre voisin du F. Alleghaniensis est dans la même position à Welland-canal au Canada. (J. of Acad. of nat. Sc. de Philad. vol. 6, et Journ. de M. Featherstonaugh, 1832, p. 308.) Dans le Magasin illinois il est fait mention d’une forêt pétrifiée trouvée près de la rivière Yellowstone.

M. Marcel de Serres a fait une abondante récolte des impressions des schistes argilo-calcaires de Tuilerie près de Lodive. Les plantes en sont très variées ; l’auteur y cite douze espèces de Lycopodites, et des fougères, savoir : six espèces de Sphenopteris, une Neuropteris, une Cyclopteris, une Stigmaire, des Graminées et des Asterophyllites. À mon passage à Montpellier j’ai vu les Lycopodites à sommités florales, dont parle l’auteur. Il prétend que le Fucoïdes hypnoïdes de M. Brongniart n’est qu’un Lycopodite.

En me gardant bien de m’ériger en juge dans cette controverse, je ne lui accorderai pas cependant que ces végétaux indiquent un âge antérieur aux houillères. M. Dufrénoy paraît aussi classer ce dépôt dans l’étage arénacé secondaire entre le lias et le Zechstein. (Voyez Annal. du Midi de la France, n° 3 et 5 etc., et Act. de la Soc. linn. de Bordeaux, vol. 5 liv. 1.)

Ce compte-rendu des progrès de la géologie devrait se terminer par un aperçu des applications principales de cette science ; or, qu’entendre par ces mots ? Votre rapporteur devra-t-il énumérer les nouvelles mines les principales carrières mises en exploitation dans les divers pays, les routes de tous genres récemment ouvertes, les forages exécutés, et les nouvelles masses minérales mises en usage dans les arts et l’agriculture ?

Il est possible que l’esprit de notre règlement demande un tel tableau, sans penser qu’il serait fort long et difficile à faire. Pour les mines, il faudrait dépouiller les Annales des mines de Paris, de Saint-Pétersbourg, (Gornoi journal), de Stockholm, (Jernkontorets Annaler), de Berlin, (Archiv. de Karten), et du Cornouailles (Miming Report de Taylor), et profiter des notices sur les mines des deux Amériques insérées dans le Mining Review. Pour les routes, il faudrait consulter surtout les journaux des Ponts-et-chaussées, et des travaux des ingénieurs civils de Paris, de Londres, de Berlin, de Munich et de Saint-Pétersbourg. (Journal des voies et communications), ainsi que plusieurs journaux étrangers d’agriculture ; de plus il faudrait prendre une idée des nouvelles matières minérales employées dans les arts, ce qui nécessiterait encore plus de recherches. C’est ici que viendrait se placer l’examen de certaines roches, telles que le rapport de M. Dufrenoy, sur la nature de certaines marnes du département de l’Indre. (Voy. Bull. v. 2, p. 448, et la notice de M. Lefroy, sur le ciment ancien de Pouilly (Séance du 27 déc.), les expériences de M. Bart, sur l’expansion et la contraction des pierres de bâtisse à diverses températures. (Édin. phil. journal, octobre 1832, p. 304.) etc.

Ainsi, on pourrait composer un second compte-rendu de géologie purement appliquée, qui nécessiterait un second rapporteur pour ne pas trop surcharger le premier.

C’est à la Société à voir si cette marche lui conviendrait ; quant à moi, je n’ai pu suffire à toute la besogne cette année, et je me contente de terminer comme les années précédentes, ce trop long résumé par quelques mots sur les puits forés, en parlant d’abord des eaux minérales que je n’ai pas pu placer plus convenablement.

On se rappelle que M. le docteur Osann, de Berlin, a commencé l’intéressante publication d’un exposé physique et médical de toutes les sources minérales de l’Europe. Après avoir donné les généralités dans un premier volume, il vient de publier le second, qui renferme tout ce qu’on connaît sur les eaux minérales de l’ancien empire d’Allemagne y compris toute la monarchie autrichienne, la Hollande et la Belgique. (Physikal. medic. Darstellung der bek. Heilquellen etc. sec. volume de 868 p. in-8o. Berlin 1832.)

En Angleterre, M. Meredith Gardner a publié un essai sur l’histoire naturelle, l’origine, la composition et les propriétés médicinales des eaux minérales et thermales. (Essai on the natural history, etc. Londres, 1832, in-12. ; voyez l’indication des matières traitées dans le New Edin. phil. J. Janvier 1833, p. 202.) Nous trouvons encore à citer en Angleterre un traité ; sur les eaux minérales d’Harrowgate et ses environs, par M. A. Hunter (Londres, 1831.)

Un rapport sur l’eau saline appelée Beulah saline près Norwood dans le Surrey, par M. G. Hume Weatherhead. (Account of the Beulah saline Spa, etc. in-8o, Londres, 1832.)

M. Murchison a examiné l’eau salée de Cheltenham, et a conclu que sa salure dérivait non du lias, mais du grès Cette eau s’élève à de grandes profondeurs à travers des fentes du lias pyriteux, et y prend ses propriétés particulières, ce qui confirmerait la théorie chimique de M. Daubeny, relativement au changement des muriates des eaux en sulfates (Proceed. 1831-1832, p. 390.)

M. Daubeny a donné un mémoire sur une espèce de matière organique des sources sulfureuses. Il cherche à prouver que si les conferves n’existent pas dans les eaux thermales, elle abondent dans les sources sulfureuses (Trans. of the roy, soc. of London, 1831.)

M. le docteur Daubeny est revenu sur la liaison des sources thermales et des volcans. Ces eaux sont situées près des volcans actifs ou éteints, ou au pied des chaînes, portions soulevées de la croûte du globe, et en général sur une ligne parallèle à celle du soulèvement, ou non loin de l’axe des chaînes. Si l’on en trouve à de grandes distances des montagnes, il y a souvent des indices que les couches y sont fort disloquées, comme à Clifton, Carlsbad et Pfeffers.

D’ailleurs les gaz des eaux thermales sont les mêmes que celles qu’exhalent les volcans ; savoir : 1° l’hydrogène sulfuré des solfatares ; 2° l’acide carbonique qui abonde dans les sources froides, sourdant au milieu des vallées d’élévation, comme à Tunbridge et à Pyrmont ; 3° l’azote comme à Bath, Buxton et Cardiff, en Angleterre ; à Saint-Gervais et Cormayeur, Saint-Didier en Savoie, et au Mont-Dore, à Saint-Nectaire et Chaudes-Aigues en France.

La présence de l’azote paraît favorable à la théorie chimique de l’action volcanique, qui l’attribue à une espèce de combustion ou d’oxydation. M. Daubeny préfère du moins cette théorie à l’hypothèse mécanique qui ne regarde l’activité volcanique que comme une conséquence des lois de la distribution de la chaleur dans le globe. (First report, of the brit. assoc. p. 92.)

En Allemagne, les observations sur les eaux minérales continuent à s’augmenter.

M. Ch. Lingg a donné des détails sur sept sources minérales salines du Wurtemberg, et a fait à cette occation d’intéressantes observations sur les gîtes de la molasse quelquefois coquillière, les nagelfluhs et le calcaire d’eau douce et le travertin de la Souabe supérieure (Beitrage zur Naturkunde Obers chwabens, Tubingue 1832.)

MM. Sigwart et Leipprand ont publié un ouvrage sur les eaux minérales du royaume de Wurtemberg et des pays voisins, avec des remarques sur les rapports des élémens constitutifs de ces eaux et de leur température avec les roches qu’elles traversent (Uber die Mineralwusser, etc. Tubingue 1831.)

Ils concluent que les eaux chaudes et tièdes ne sortent que du granite ou du grès secondaire ancien, qui y est étroitement lié. Les eaux acidulés manquent dans la molasse et le Keuper, mais se trouvent dans toutes les formations calcaires surtout dans celle du muschelkalk, ainsi que dans le gneiss granitoïde et le grès secondaire ancien. Dans leur voisinage il y a souvent des eaux sulfureuses ou des substances combinées avec le soufre.

Les eaux sulfureuses sourdent surtout du lias. Elles dérivent peut-être comme les pyrites, de la décomposition de matières animales. Elles sortent du muschelkalk, du keuper, de la molasse, du gneiss, du granite et du grès secondaire ancien.

Les eaux chargées d’oxidule de fer, se trouvent dans tous les dépôts.

L’eau salée est propre au Muschelkalk, l’eau amère au muschelkalk et au keuper, parce qu’ils renferment du carbonate de magnésie et du sulfate de chaux. Il en est de même des eaux imprégnées de sel de Glauber.

La molasse, le lias et le calcaire jurassique donnent seuls des eaux sans combinaisons d’acide muriatique et sulfuriqué. Des eaux chargées de carbonate, sulfate et muriale de soude sourdent du gneiss, du granite, du lias, du keuper et de la molasse, quoique ces roches ne renferment pas de soude.

Des eaux avec du carbonate de magnésie et de chaux se trouvent dans le muschelkalk, le lias, le keuper et la molasse.

Des eaux pures ou gypseuses sortent du muschelkalk et du keuper, des sources incrustantes du calcaire jurassique, et du keuper et des eaux parfaitement pures et sans chaux, ne se trouvent que dans le granite et le grès. L’eau des fleuves se règle d’après les mêmes données.

Cette rareté des eaux pures est confirmée par M. Bundeshagen, qui, dans son ouvrage intitulé Bodenkunde (Tubingue 1830) ne trouve à citer en Wurtemberg que quatre sources pures, dont trois sourdent du basalte et une du Phonolite.

M. Kastner a fait connaître l’origine d’une source chaude, au moyen de l’inflammation d’une couche de lignite tertiaire dans le Westerwald entre Marienberg et Stockhausen (Archiv. f. d. ges. Naturl. v. 16 p. 331.)

En Autriche, M. de Holger continue ses recherches. L’analyse des eaux peu connues de Fellach dans la vallée de la Fella en Carithie, a été donnée par M. J. P. Tschesnig. Ce sont des eaux acidules et salines, dont la quantité de sel varie dans les quatre sources, qui sourdent du fond d’une vaste fente faite dans le sol intermédiaire incontestable et non loin d’éruptions siénitico-granitique (Versucheiner Monographie der Fellacher Heilquellen in-8o. Vienne 1831.)

Dans le pays de Venise, je trouve à citer les nouvelles recherches physico-chimiques, et l’analyse des eaux minérales de Recoaro, de Staro et de Civillina (Nuove Ricerche, etc., in-8o. Padoue 1830) par le docteur C. Melandri-Contessi.

Ces sources acidules salines, et un peu ferrugineuses, sourdent du fond de profondes vallées excavées dans les roches secondaires depuis le calcaire jurassique jusqu’au grès rouge secondaire. Elles sourdent du grès bigarré (source Lelia), ou bien au contact des filons basaltiques avec le talc schiste (sources de Staro, de Lorgna, du Bosco del Capitello et de Civillina.)

Ce dernier gîte particulier est même si bien constaté, que M. Trettrenero et d’autres personnes ont pu suivre d’après ces principes, des filets d’eau acidule, et ont réussi à arriver à des sources plus abondantes.

M. le professeur Calamandrei a publié une description des eaux acidules de Rio dans l’île d’Elbe, et une note sur la richesse minérale de cette île.

M. Ant. Targioni a donné l’analyse des eaux thermales du bain toscan. (Continuaz. degli atti dell’ acad. di Georgofili, de Florence, vol. 7, 1830.)

Des détails sur les eaux minérales de l’Italie en général, se trouvent encore dans la Chorographie de l’Italie par M. G. B. Rampoldi, dont il n’a paru que le premier fascicule du premier volume 1832. Cet ouvrage sera composé de deux volumes.

En Suisse, M. de Charpentier a donné quelques détails sur une source thermale sourdant dans le Rhône sur ses bords, près Saint-Maurice. (Biblioth. univ., août 1832, p. 403.)

M. Baup a analysé cette eau, et il a calculé qu’elle provient d’une profondeur de 3240 pieds, si toutefois on doit admettre avec M. Bohnenberg, que la température augmente d’un degré pour chaque 120 pieds qu’on s’enfonce dans la terre. (Journal de la Soc. vaudoise d’utilité publique, N. 22, sept. 1832.)

M. R. de Hermann a donné des analyses des eaux du Caucase (Mémoires de la Soc. des Naturalistes de Moscou, v. 8, 1832), et M. Pelatier celle des eaux minérales de Soukheeva en Russie. (Dito vol. 7, p. 173.)

M. J. Bell a publié aux États-Unis un ouvrage général sur les bains et les eaux minérales ; si la première partie est médicale, la seconde renferme tout ce qu’on sait sur les sources minérales de cette vaste république. (Bath et mineral Waters 12°.).

Il y a une eau ferrugineuse dans les mines de houille de Belmont, dans le comté de Wayn, en Pensylvanie, et une eau sulfuro-ferrugineuse, imprégnée d’hydrogène sulfuré, à Rome, dans le comté de Bradford.

Le capitaine Lyon a décrit les sources bouillantes d’Ystlan à huit lieues de la Barca, dans l’état de Mechoacan au Mexique. Elles sont situées dans une plaine couverte de carbonate de soude, et sourdent sur une étendue d’un quart de lieue carré. Elles ont de 43 à 54° centig., et sont en partie intermittentes pour la force du bouillonnement. Le sol est calcaire et couvert de lave poreuse et d’obsidienne. (Journal of a residence and tour in the republic Mexico in the year 1826, v. 2, p. 60.)

M. Boussingault s’est aussi occupé de la température des eaux thermales dans la Cordillière des Andes. Il a trouvé que dans la chaîne du littoral de Venezuela, leur température était d’autant moindre que leur hauteur absolue est plus considérable. Ainsi l’eau chaude de las Trincheras, près de Porto-Cabello, n’a que 97° centigrades de température, celle de Mariara, à 476 mètres d’élévation 64°, et celle d’Onoto, à 702 mètres 44°,5.

Dans le terrain trachytique, et surtout dans le voisinage des volcans, on n’observe plus cette régularité dans le décroissement de la température des eaux thermales ; l’auteur pense que dans ce cas la cause locale volcanique exerce une influence marquée sur la température.

M. Boussingault a analysé plusieurs sources thermales dans le voisinage des volcans, et n’y a rencontré que des gaz exhalés aussi par ces derniers, tels que de l’acide carbonique et de l’acide hydro-sulfurique. Il croit que ces parties gazeuses, ainsi que les sels de ces eaux, proviennent de l’intérieur des volcans.

Enfin, il a recherché si la température de ces sources n’est pas sujette à varier, et il déduit des observations de MM. de Humboldt, Rivero et des siennes, que depuis 23 ans la température des sources de Mariera et de las Trincheras s’est accrue de plusieurs degrés. Or, le tremblement du 26 mars 1812, dans la chaîne du littoral de Venezuela ; a eu lieu pendant l’intervalle qui sépare le voyage de M. de Humboldt de celui de MM. Rivero et Boussingault. (Séance de l’Académie des Sciences, du 18 mars 1833.)

Dans l’Indostan, M. Piddington s’est occupé des eaux minérales du mont Athan près de Tenasserim. (Glean. in Sc., n° 25.)

M. le docteur Spilsbury a analysé l’eau thermale de Hoshungabad au pied nord des monts Mahadeo. (Glean, n° 1, pag. 17.)

M. Prinsep a analysé de même l’eau chaude de Katkamsandi. (Dito, n° 33.)

Il existe à Moongheer une eau thermale gazeuse appelée source de Seetakond.

La Société générale des savans anglais a recommandé aux physiciens les recherches sur les températures des sources à différentes élévations et profondeurs, et sur le décroissement de la température à mesure qu’on s’élève.

M. Herschell attribue à la production et à l’échappement des vapeurs certains bruits souterrains et lugubres observés sur divers rochers comme à Nakoos en Orient. (New Edinb. phil. Journ., n° 26, 1832.)

M. W. Bland a lu un mémoire sur l’influence des saisons, relativement à la quantité d’eau des sources. Dans le Kent l’eau augmente de Noël à juin, atteint son maximum au milieu de l’été, et décroît ensuite jusqu’en décembre. (Proceed., 1831-1832, p. 340.)

M. Henwood, en Cornouailles, s’est occupé des variations périodiques de la quantité d’eau donnée par les sources Phil. Mag., oct. 1832.) M. Maughan a signalé des sources d’eau douce sous la mer dans le gays Persique. (Ed. Phil. Journ.) C’est un phénomène qui se répète à la Spezia et près de l’embouchure du Var.

Le phénomène des eaux intermittentes est une particularité observée assez souvent dans les terrains calcaires. M, Maironi a publié une Notice sur celles de la province de M, Dutrochet a parlé de celles de la Fontaine ronde.

M. le comte Xavier de Maistre a présenté ses idées sur la couleur de l’air des eaux profondes et sur quelques autres couleurs fugitives. Il ne voit dans la coloration différente des eaux que des effets de lumière. Elle est réfléchie plus ou moins parfaitement par le fond des eaux, et modifiée par la réflexion du ciel et des objets environnans sur leur surface. Ainsi le Rhône à Genève est bleu, parce que l’eau y est profonde, et est dégagée autant que possible de la réflexion à la surface.

Les eaux limpides peu profondes sont vertes, l’eau de mer est vert foncé par la réflexion de son fond. Dans la grotte d’Azur, à l’île de Capri, elle est au contraire Bleu foncé. Dans les fentes des glaciers règne la couleur verte au lieu de la bleue, parce que la glace y est fendillée et mêlée de neige. (Bibliot. Univ. nov. 1832, p. 217.)

M. Lenz s’est occupé de la salure et de la température de l’eau de la mer à différentes profondeurs. (Journ. of sc. de Brewster, avril 1832.)

M. Despretz a fait des expériences comparatives sur la densité de l’eau douce et de l’eau de mer. il a trouvé que le maximum de densité de cette dernière était moindre que celui de la première.

Je reviens cette année sur le Traité complet sur les puits artésiens, publié à Vienne en 1831, par M. Waldauf. (Voy. Bull., v. 2, p. 215.)

Après un aperçu des terrains composant la croûte du globe, l’auteur passe à l’hydrographie souterraine, aux causes du jaillissement des eaux, à l’application des données géologiques et hydrographiques pour la recherche des sources, et à la théorie des puits artésiens. Ensuite vient la description de tous les instrumens employés, indiqués et perfectionnés par MM. Garnier, Ryan, Hebert, Flachat, Bald, etc. Enfin, il passe en revue comme exemples, les forages les plus connus où les plus instructifs, les progrès du forage dans tous les pays, et l’examen physique et chimique des qualités des différentes eaux. J’aurai occasion de reproduire plus bas quelques unes des indications sur l’étendue que prend l’industrie du forage.

M. J.-A. de Bruckmann publie dans ce moment un nouvel ouvrage sur le forage des puits artésiens sous le titre de Traité complet pour établir et pour utiliser convenablement les puits forés ou artésiens, traité fondé sur l’expérience propre à l’auteur, et rédigé pour la pratique. (Vollstandige Anleitung zur Anlags-Fertigung u. neuern Nuzanwendung der gebohrten od. sogen. artesisch. Brunnen, etc. Heilbronn, 1832.)

M. d’Althaus prépare un ouvrage sur les sondes et les puits artésiens. Il n’en paraîtra d’abord que 2 volumes, l’un sur l’emploi des sondes, et l’autre pour l’utilité des puits artésiens. Le troisième volume serait des considérations géognostico-physiques sur ce genre de puits.

En Westphalie, M. C. Bonner a publié une instruction complète pour l’établissement des sondages et puits artésiens (in-8°, Munster 1831), et M. Salzenberg a donné un Mémoire sur les puits forés à Munster, ouvrage qui jette un nouveau jour sur la structure géologique de la plaine westphalienne. (Journ. f. Baukunst, par M. Crelle, vol. 4 cah. 2.)

M. Blume a fait connaître les résultats des forages exécutés dans le royaume de Saxe. (Die artesischen Brunnen, Dresde 1831.)

M. Ermann a donné des détails sur le forage exécuté dans le sol secondaire de Rudersdorf en Prusse. On y est descendu à 630 pieds de profondeur, et M. Schmidt a profité de ce forage pour faire des expériences thermométriques. À 80 pieds le thermomètre a marqué 10,30° R., à 200 pieds 10,75°, à 350 pieds 14,50°, et à 630 pieds 15,49°, le thermomètre marquait à la surface 12°.

Ces expériences prouvent donc une augmentation de la température à mesure qu’on s’enfonce dans la terre, et elles confirment pleinement celles faites par M. Trebra en Saxe, par de Saussure en Suisse, par M. Daubuisson en France et en Saxe, par M. de Humboldt en Amérique, par M. Cordier en France, par M. Gensanne dans les Vosges, par M. Haussmann au Harz, par M. Fox dans le Cornouailles, par M. Bald en Écosse, par M. Gerhard en Prusse, par M. Adolphe Hermann dans l’Oural, par mad. Griffith aux États-Unis, etc. On se rappelle néanmoins les objections faites contre les déductions tirées de ces faits répétés ; en particulier M. Moyle en Angleterre et M. Walmore en Suède prétendent toujours que cette augmentation de température dans les mines profondes est proportionnelle à leur population, et qu’on ne l’observe pas dans les mines abandonnées depuis long-temps. (Abh. der k. Akad. der Wissenchaft zu. Berlin, pour 1832, p. 269.)

Les forages se continuent activement en Autriche, autour de Munich, dans le pays de Bade, en Wurtemberg, où M. Bruckmann a réussi à peu de frais à ramener à la surface du sol de l’eau potable de très grandes profondeurs.

On a fait sans résultat des forages à Buhlbach dans le Margthal et à Aalen en Wurtemberg, pour trouver de l’eau salée.

En Hollande, M. van Beck a publié dans le Bydragen tot de nat. Wet., un mémoire sur les puits forés dans lequel on trouve une récapitulation des notions géologiques sur la partie de Belgique qui paraît propre à l’établissement des puits artésiens.

M. Cajetan Brey, ingénieur architecte à Milan, a pris récemment un privilège pour une méthode de forage avec laquelle il prétend pénétrer facilement dans la terre à des profondeurs de plusieurs milliers de pieds.

À Naples on s’est aussi occupé de cet art, et l’on a comparé. les dépenses et les chances de réussite des puits artésiens aux travaux nécessaires pour la conduite des eaux par des tuyaux de pierre ou de bois ou des siphons.

M. de Chatillon a établi à Odessa, en Russie, une Société de forage, et l’art du sondeur vient de pénétrer aussi dans le nord de la Russie, témoin ce puits artésien percé avec succès à Riga.

Aux États-Unis, M. Drawin prétend que l’emploi du forage a été mis en pratique depuis long-temps pour les salines de l’Ouest. Néanmoins, ce n’est que depuis la réussite des puits. forés, établis en 1823 à la Nouvelle-Jersey, qu’on en a creusé, dans les alluvions, le grès, et d’autres dépôts secondaires du Nouveau-Brunswick, à Jersey, à Alexandrie sur l’Hudson, à New-York, à Albany, à Baltimore, à New-Hope, à Philadelphie, etc.

C’est en particulier M. Skiner, dans l’American farmer, et M. Dickson, dans un ouvrage intitulé An Essay on the art of boring the earth, etc., Brunswick, 1826, qui ont popularisé le forage régulier.

Enfin, on trouve des détails sur les puits artésiens dans l’Inde, dans le n° 25 du Gleanings in science, de Calcutta.

M. Jules Burat a fait un utile travail en classant géologiquement tous les puits artésiens dont il a entendu parler, et en appliquant les notions géologiques à la recherche des eaux souterraines. (Voyez Des Puits artésiens. In-8°. Paris, 1833.)

Les terrains d’alluvions, tels que les Nagelfluhs et les argiles marneuses alluviales, peuvent donner lieu à des eaux jaillissantes, D’après M. Burat, il y en aurait des exemples à Stuttgard, et à 4 lieues de cette ville, sur la route d’Ulm, ainsi qu’à New-York, aux États-Unis.

Dans le sol tertiaire parisien, M. Burat énumère les forages exécutés dans la plaine de Saint-Denis, et qui ont fait découvrir, à des profondeurs variées, une nappe d’eau dans les sables verts chlorités. Il établit qu’on n’obtiendra d’eaux jaillissantes sur un point quelconque de cette plaine qu’autant que ce point ne sera pas placé à plus de 20 ou 25 mètres au plus au-dessus de la Seine. D’une autre part, le jaillissement des eaux, et par suite leur abondance, à hauteur égale des points où l’on exécute des sondages, sont proportionnels à l’abaissement de la craie au-dessous de ces points. Cette dernière proposition explique pourquoi les puits artésiens réussissent hors de Paris, et manquent dans cette capitale, parce qu’elle est placée en grande partie sur une protubérance crayeuse.

M. Burat recherche l’origine des nappes aquifères citées comme des infiltrations des affluens de la Marne.

Après cela M. Burat parle du petit bassin d’Enghien, où l’on rencontre, à 35 ou 50 pieds de profondeur, de petits courans d’eau, qui s’élèvent à un pied environ au-dessous des eaux de l’étang de Saint-Gratien.

Les sables de l’argile plastique fournissent de l’eau à trois puits artésiens à Tracy-le-Mont, près de Compiègne, et à trois autres à Monster, près de Clermont (Oise).

Dans le bassin de l’Allier, trois fontaines jaillissantes ont été établies, dans ou sous le terrain d’eau douce, à Lacour, entre Moulins et Saint-Pourçain.

À Marseille, on a rencontré une nappe d’eau jaillissante à 280 ou 300 pieds dans les sables argileux de la partie inférieure d’un très petit dépôt tertiaire.

D’après le percement fait par M. Bouchet, à Montmorot, et poussé jusqu’à 166 mètres de profondeur, ce bassin est composé de marne tertiaire à lignite surmontée d’un grès, d’un poudingue et d’un tuf.

Dans les marnes bleues de l’Hérault, on a pratiqué des fontaines artificielles (voyez l’opuscule de M. Marcel de Serres), et entre Thiers et Perpignan en Roussillon un puits artésien dans le sol tertiaire.

Dans le bassin de Londres la plupart des fontaines jaillissantes sourdent au S.-O. de la ville dans des couches sableuses, tout-à-fait inférieures de l’argile bleue, et elles s’élèvent d’une profondeur de 250 à 350 pieds. Un forage à Cheswick en a ramené d’une profondeur de 620 pieds, ce qui pourrait indiquer qu’on a atteint les parties supérieures de la craie.

Dans le Yorkshire l’argile tertiaire a aussi décelé des nappes aquifêres entre le cap Flamborough et l’embouchure de l’Humber.

Aux environs de Modène la couche d’eau souterraine a été reconnue à 65 ou 70pieds de profondeur dans les marnes subapennines sur 6 à 7 milles de largeur et sur 4 mille pas du nord au midi. M. Burat préfère attribuer l’origine de ces eaux aux infiltrations des rivières de Secchia et de Panaro, que de placer leur réservoir sur la pente des Apennins.

Le fort Urbain possède depuis fort long-temps un puits artésien établi dans le même sol subapennin ; et à Grosseto en Toscane, on a trouvé des eaux abondantes à 96 mètres de profondeur. On sait qu’il en est de même en Basse-Autriche et Hongrie, et que les réservoirs de ces eaux doivent être dans les Alpes et les Carpathes.

Les terrains occupés par la formation subapennine, recélant des pyrites, du sel et du gypse, les eaux superficielles ou des puits y sont souvent saumâtres, imprégnées d’hydrogène sulfuré ou mêlées d’alun et de divers sulfates, en un mot, malsaines. Ainsi, pour ces pays comme pour les déserts de l’Afrique et de l’Asie, les puits artésiens sont une conquête inappréciable.

Dans la Plaine Suisse, l’abondance des eaux n’a pas encouragé jusqu’ici l’établissement des puits artésiens, et les accidens du terrain et les dislocations des couches peuvent s’y opposer. Néanmoins, dans les localités favorablement placées, la découverte d’eaux jaillissantes d’une grande profondeur serait un bienfait pour ces contrées, où toutes les eaux sont surchargées de carbonate de chaux.

Près de Bienne, en Suisse, un forage pour le sel a fait découvrir dans la molasse une eau jaillissante comme il doit s’en trouver beaucoup sur tout le pied du Jura, où la molasse n’est pas disloquée comme près des Alpes.

Les forages à Odessa en Russie ont encore lieu dans le sol tertiaire. On y a déjà reconnu trois nappes d’eau ascendante, et la sonde y a pénétré à 600 pieds de profondeur. Ainsi, les sables des steppes seront bientôt changés en champs labourables.

Aux États-Unis, la plus grande partie des puits artésiens sont établis sur la bande tertiaire qui borde l’Atlantique, telles sont les fontaines dorées du New-Brunswick, qui jaillissent d’un grès ferrugineux, celles d’Albany, qui sourdent d’argiles bitumineuses. J’ignore si l’on n’a pas atteint ça et là les couches crétacées.

Pour l’Afrique, M. Burat cite un passage d’Olympiodore, qui démontre du moins dans certaines parties des déserts l’existence bien connue des anciens d’une nappe d’eau placée souvent sous des argiles noirâtres.

En Égypte, M. S. Briggs, Anglais, a fait déjà plusieurs essais pour trouver de l’eau au moyen du Forage entre le Caire et Suez ; ainsi, il a percé dans la vallée de Kesche et de Candelli du grès calcaire jusqu’à 30 pieds, et y a trouvé de l’eau, mais non ascendante. (Malta Government Gazette, 16 mars 1831 et Journ. of the géographic. Soc. of London, vol. 1, 1831.)

Les terrains secondaires renferment tout autant et même de plus grandes nappes souterraines d’eau que le sol tertiaire, mais souvent il est plus difficile de les atteindre.

Pour les localités des eaux sortant des fissures de la craie de l’Artois, je me réfère aux ouvrages de MM. Garnier, Burat, etc. M. Burat remarque justement que cette origine des eaux jaillissantes est restreinte à une très petite partie de l’Europe, tandis qu’il doit y avoir partout des nappes d’eau dans les sables crétacés.

Tout le monde a entendu parler du puits artésien de Tours, qui a traversé toute la craie, et qui a 122 mètres de profondeur.

M. Passy a donné les détails des forages faits près de Dieppe, d’Elbeuf, du Havre et à Rouen. On y va chercher aussi l’eau dans des couches de grès vert. Tout récemment, MM. Flachat ont établi encore de nouveaux puits artésiens à Rouen, et ont trouvé de l’eau jaillissante à 69 mètres de profondeur.

M. Passy nous a donné en même temps ses idées théoriques sur l’origine des eaux jaillissantes ; il pense qu’elles dérivent de la pression générale des couches supérieures sur une couche inférieure saturée d’eau ; tandis que M. Burat compare un puit artésien à la branche verticale d’un siphon dont l’autre branche peut avoir son ouverture à des distances fort éloignées, témoin les sources d’eau douce rencontrées en mer à plus de 33 lieues des côtes, comme dans l’Inde.

Dans le terrain oolitique M. Burat cite un puits établi à Glos près Lisieux, dans lequel l’eau jaillit des sables parallèles à la Marne argileuse de Honfleur. Un sondage exécuté au Havre, et poussé jusqu’à 630 pieds, a été suspendu ; il avait traversé toutes les couches oolitiques jusqu’à l’argile d’Oxford.

Un sondage pour la houille, dans le lias de Prix près de Mézières, a fait découvrir à 143 mètres de profondeur une eau salée.

À Nancy, dans le faubourg de Jarville, un puits artésien dans les marnes irisées a ramené l’eau de 182 pieds de profondeur, et de dessous une couche de grès. (Voy. la notice de M. Burat, p. 26.)

On a percé un trou près de Salins, à 700 pieds de profondeur à travers des marnes et du gypse, sans trouver le sel, tandis qu’à Lons-le-Saulnier, le banc de sel a été découvert à 397 pieds sous le sol, et l’on a percé encore 106 pieds sans dépasser ce banc.

M. Roux de Rochelle fait observer qu’il y a beaucoup de points sur le versant occidental du Jura, où l’on doit avoir l’espoir de trouver du sel indiqué par les sources, ou les noms des lieux comme à Meure, Saint-Lothein, Tourment, Jougnes, Scey-sur-Saône, Soûles, Saulnot, etc. Ce dépôt s’étend de là dans les departemens de la Meurthe et de la Moselle. (Jour, de la Soc. de géogr., n° 105.)

À Saliès, près de Saint-Martory aux Pyrénées, un forage assez profond a fait découvrir dernièrement un banc de sel. Il ne faut pas confondre ce Saliès avec celui près d’Orthès.

M. Hermann Vogel a publié, sous la direction de M. G. Schubler, une notice sur un puits foré à Tubingue, depuis le lias jusque dans le Muschelkalk. Ce forage a donné 481 pieds de puissance pour le Keuper, il s’élève à 1,365 pieds sur la mer. L’auteur passe en revue tous les dépôts des environs de Tubingue, et ajoute ainsi des notions de détails à celles que nous avions déjà sur ce pays intéressant. (Uber die geognostischen Verhaltnisse der Umgebungen von Tubingen, 1832.)

M. Burat cite dans le Red-Marl d’Angleterre les puits artésiens des environs de Preston dans le Lancastershire et ceux de la ville de Derby, entouré de montagnes de grès houiller et de calcaire métallifère. Ils ont une profondeur de plus de 60 à 80 pieds, et il y en a même de 250 pieds de profondeur. Plus ils sont profonds, plus l’eau s’élève et est abondante. La nappe aquifère y est encore dans les sables. Dans le grès vosgien, M. B. ne place qu’un puits établi à Greutwald (département de la Moselle), et péxiétrapt à 93 mètres.

Enfin, il y a des masses considérables d’eau souterraine dans le sol intermédiaire et primaire, ainsi que dans les calcaires anciens de diverses époques ; mais leur recherche est très difficile, et souvent, inutile, parce que ces dépôts constituent des contrées montueuses bien arrosées par des torrens et des rivières. Aussi, jusqu’ici la découverte d’eaux jaillissantes y a été accidentelle, témoin cette source acidule si abondante, découverte par la sonde dans la grauwacke de Nauheim en Wetteravie. Néanmoins, dans certains pays occupés par des dépôts de calcaire fendillé et à grottes, ou même des roches primaires, il serait utile de hasarder çà et la des sondages, parce que l’aridité de ces plateaux est si grande, que, loin de nourrir des plantes utiles, les habitans y sont sujets à manquer d’eau, surtout en été, comme c’est le cas en Istrie, en Dalmatie, dans l’Espagne centrale, etc.

On comprend que pour ces contrées la découverte d’un seul réservoir d’eau, dût-elle même n’être pas jaillissante, compenserait bien les dépenses de plusieurs tentatives inutiles.

Il ne faut donc pas se rebuter, mais étudier avant tout, le pays, l’origine des sources, leurs directions, la position des fentes, la distribution des couches argileuses, sableuses ou désagrégées, et surtout l’entrelacement des inclinaisons des couches. En se dirigeant avec tact d’après ces données, l’on ne manquera pas de retrouver dans les roches schisteuses, comme dans les calcaires, les mêmes circonstances favorables pour le jaillissement des eaux, telles que la position des couches en fond de bateau, des masses perméables entre d’autres imperméables, etc. ; mais, le plus souvent, les dépenses d’établissement seront seulement plus grandes, et leur nécessité sera moins universellement sentie que dans les bassins crayeux, tertiaires et d’alluvions.

Ce résumé des travaux géologiques en 1832, peut donner une idée de l’activité scientifique de l’époque actuelle, puisque une étude qui n’est point une science anciennement cultivée a produit en une seule année cette masse de documens et de dissertations. Si la tranquillité avait été parfaite partput, le nombre des observations aurait été encore plus considérable, car la géologie est vraiment une des sciences les plus cultivées, et par ses rapports avec les connaissances naturelles, physiques, chimiques, et économiques, elle ne cesse d’attirer à elle de nombreux savans et des amateurs scientifiques de toute espèce.

D’une autre part, on voit que notre Société continue à jouir d’un grand crédit en Europe et en Amérique. Le nombre de nos confrères s’élève déjà à deux cent cinquante ; des savans des pays les plus divers, et même des princes, amis de la science, empressent de s’associer à nos travaux, et leur donnent ainsi plus de publicité et d’éclat. Si d’autres géologues nous restent étrangers, ils nous favorisent du moins de leurs observations ou de leurs publications.

Notre Bulletin nous a offert un moyen facile de nous procurer par échanges des recueils scientifiques. Nous venons encore de faire de nouvelles démarches pour nous en procurer un plus grand nombre ; nos mémoires in-4o, recueil surtout de cartes, de planches, de coupes et de dessins de fossiles vont encore faciliter ces sortes d’acquisitions. Plus tard, des legs complèteront notre bibliothèque et nos collections.

Comme chacun de nous doit tendre à augmenter notre association, nous avons donc des espérances fondées d’un avenir toujours plus florissant, tandis que la vogue dont la géologie commence à jouir dans le grand public nous promet encore de nombreux collaborateurs.

Ainsi, notre sphère d’action s’étendra graduellement davantage, et l’impulsion que nous donnons à la science, et notre manière de la considérer avec indépendance sous différens points de vue, profiteront aux travaux géologiques qui s’exécuteront en Europe et hors de ce continent. La marche de la science en deviendra plus régulière, sans être entravée par des idées purement systématiques.

Enfin, lorsqu’au connaîtra bien les déductions pratiques découlant de nos intéressantes théories, lorsque l’utilité de nos travaux pour l’économie publique, l’agriculture et l’industrie, sera bien constatée, lorsque de grandes assemblées auront. montré notre nombre, ainsi que les hommes distingués enrôlés sous nos bannières, le gouvernement français, et même ceux de divers pays étrangers, ne manqueront pas de nous favoriser de toutes les manières possibles, tout en respectant les bases si simples et si louables de notre Société[7].

Réunion de la plupart des géologues du globe, comités locaux dans diverses contrées, avenir assuré, vaste local, belles collections, bibliothèque classique, distribution de prix et d’encouragements, affouillemens, forages, voyages et relevés, exécutés par ordre de la Société, tels seront les avantages et les occupations que les fondateurs de la Société lui légueront sans doute, et qui seront dus à un esprit bien entendu d’association.

Si chacun de nous désirait voir ces beaux jours, ne cessons donc pas de soigner l’arbre qui doit porter de si bons fruits ; redoublons de zèle, et tâchons de favoriser sa croissance aussi bien par nos bonnes qualités que par les faiblesses humaines auxquelles nous sommes tous sujets. Si chacun fait ainsi son devoir, le temps où nos efforts seront couronnés n’est pas éloigné.



  1. Journ. of the Acad. of Nat. Hist. of Philadelphia ; American Journ. of Geology ; le cabinet de M. Doubts ; Journ. of the Franklin Institut, Philadelphie ; Americ. Journ. of Improvements in usefull Arts, or Mirror of the Patent Office, à Washington ; American botanical Register, à Washington ; Illinois Magazine, à Vandalia ; Naturalist, à Boston, et le Western monthty Review, à Cincinnati.
  2. American Journ. of sciences de Silliman ; North American Review de Boston ; Quarterly Review de Philadelphie ; Southern Review de Charleston ; Transylvanian Journ. de Lexington.
  3. Niles weekly Register.
  4. Ann of the Lyceum of nat. hist. of New-York ; Transact. of the albany Institute, (État de New-York) ; Transact. of the America philos. soc. of Philadelphia ; Transact. of the philos. soc. of Cambridge, (Massachus.), les publications de M. Say, à New-Harmony, et de M. Conrad à Philadelphie ; enfin les Contributions of the Maclurian Lyceum.
  5. MM. Murchison et Sedgwick ne m’ont pas bien compris lorsqu’ils prétendent que je classe dans le grès vert, les poudingues au nord et nord-est de Rethenberg, et au sud d’Immenstadt (p. 329), ce sont des roches tertiaires, comme ils le disent aussi. Je place dans le grès vert inférieur des agglomérats à grands blocs primaires et porphyriques qui sont au sud de Rtethenberg, sur le pied du Grundten, où l’on pourrait aussi croire à des roches anciennes en place (Comparez leur mémoire pag. 334.) Ce point et le Bolgen demandent l’examen le plus rigoureux. Quant à leur idée d’appeler dans vallée de la Traun, travertin très récent ce qui est une des corgneules les plus belles des Alpes, parce qu’ils ne l’ont trouvés qu’en amas, et qu’elle ne se prolonge pas entre les couches dénudées au-dessous d’elle par la rivière (voyez leur mémoire ; pag. 338), je crois qu’ils sont dans l’erreur, car les corgneules, espèces de roches d’altération gazo-ignée, ne sont guère qu’en amas, et la Société peut juger d’après les échantillons dans sa collection, si de pareilles roches ont jamais été vues parmi les travertin.
  6. Ceux qui désireraient avoir le catalogue complet des cartes géologiques publiées jusqu’ici, le trouveront à peu de choses près, en réunissant aux indications contenues dans ce compte rendu et celui de l’an passé, les deux listes que j’ai insérées dans les cahiers d’avril et de septembre du Zeitschrift fur Mineralogie pour 1828.
  7. Depuis la lecture de ce rapport, cette espérance s’est déjà réalisée, témoin la communication bienveillante du gouvernement russe par l’intermédiaire de M. le baron Meyendorff. (Voy. Séance du 18 février, 1833.)