Bulletins d’arboriculture, de floriculture et de culture potagère/Pomme Belle de Lippe

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Pomme Belle de Lippe
Bulletins d’arboriculture, de floriculture et de culture potagère (p. 313-315).

Pomme belle de Lippe

À plusieurs reprises, dans les séances du Cercle d’arboriculture de Belgique et dans nos Bulletins, il a été question de la jolie pomme à laquelle nous consacrons la planche ci-jointe exécutée par notre artiste d’une façon si brillante. Quelques exemplaires de ce beau fruit firent partie du lot que le Cercle envoya naguère à l’Exposition de Bordeaux. Nous en présentâmes des échantillons à l’assemblée générale tenue le 11 décembre 1870 au Casino de Gand.

Déjà en 1867 mon père le Dr  Rodigas en fit l’objet d’une communication insérée dans le Bulletin de 1867, page 65. L’article du Vice-président de notre Cercle était accompagné d’une figure représentant la coupe d’un fruit de grandeur moyenne.

Cette variété était signalée aux arboriculteurs pour sa fertilité et la longue conservation du fruit.

La pomme Belle de Lippe est cultivée dans les jardins et dans plusieurs vergers de Saint Trond et des environs de cette ville, qui est un des centres les plus importants du commerce des fruits en Belgique. D’après l’article précité, cette variété a dû être importée à Saint Trond il y a un demi-siècle avec plusieurs autres, aujourd’hui répandues dans cette localité. À cette époque, M.  Vanden Berck, alors juge de paix à Saint Trond, fit venir de Normandie une pacotille de greffes, et parmi celles-ci se trouvait la variété qui nous occupe. Si telle est réellement l’origine de ce fruit, nous pouvons affirmer aujourd’hui qu’il n’existe plus en Normandie aucune variété de ce nom. Un de nos anciens élèves, M.  Jules Bleuset, aujourd’hui jardinier en chef au Jardin zoologique et botanique à La Haye (Pays-Bas), a séjourné plusieurs années en Normandie et, à notre demande, il a bien voulu se livrer aux plus actives recherches.

Dans les pépinières de MM.  Jouvin et Oudin ce fruit est totalement inconnu ; il en est de même dans celles de M.  Leroy. Nulle part dans les catalogues ce fruit n’est mentionné. En outre, il résulte d’une lettre émanant de l’honorable président de la Société d’Horticulture et de Botanique du centre de la Normandie, lettre datée de Lisieux, le 29 mars 1874, que la question d’origine de la pomme Belle de Lippe a été soumise aux membres de la Société réunis en assemblée générale le 11 janvier dernier. Ceux-ci, dit M.  Loutreuil, ne connaissent nullement la pomme Belle de Lippe.

Ce fruit n’est cité dans aucun ouvrage pomologique que nous ayons pu consulter, ni dans De la Quintinie[1], ni dans Knoop[2], ni dans le Nederlandschen Boomgaard[3], ni dans André Leroy[4], ni dans Léon Ferray[5].

L’honorable président dit encore qu’il s’est adressé à plusieurs personnes très compétentes et s’occupant beaucoup de pomologie, pour réunir quelques documents pouvant nous être utiles ; mais il n’a obtenu aucun résultat.

Nous devons donc nous borner à rapporter la dénomination qui est donnée dans le Limbourg à notre variété et attendre qu’il surgisse d’autre part une synonymie ayant droit de priorité, si toutefois elle est connue sous un autre nom. Cette réserve faite, nous n’hésitons pas à recommander instamment la Belle de Lippe à tous ceux qui ont un jardin ou un verger, tellement ce fruit se distingue par de précieuses qualités.

L’arbre est d’une fertilité constante et régulière. Dans aucun cas nous ne l’avons vu ni très grand, ni très vigoureux.

La couronne prend un développement moyen.

Les branches sont pendantes et nullement dressées, ce qui est peut-être un défaut pour les vergers destinés en même temps à servir de pâturages ; mais ce défaut est largement racheté par la grande fécondité de l’arbre. Cette année les pommes sont abondantes à Saint Trond, aucun arbre pourtant n’a été chargé de fruits comme la Belle de Lippe et les arbres de cette variété offraient le plus ravissant coup d’œil.

Les rameaux sont gros, assez courts et bien garnis ; les lenticelles sont brun grisâtre.

Les feuilles généralement disposées en bouquet sont acuminées, très légèrement dentées, elliptiques, vert foncé à la face supérieure, vert blanchâtre au dessous.

Le fruit est de grosseur moyenne, parfois petit à cause de la grande fertilité de l’arbre. Sa forme est très régulière, arrondie, souvent aplatie et presque toujours moins haute que large. Les fruits sont disposés en chapelet et généralement géminés.

Le pédoncule est court, ligneux, brunâtre, implanté dans une cavité profonde.

Le calice est presque superficiel, fermé, à divisions grisâtres.

La chair est blanche, parcourue de quelques veines jaunâtres, un peu croquante au commencement de la maturité, plus tard quelque peu fondante et jamais farineuse. Sa saveur est franche et agréablement acidulée et demeure fort longtemps.

La peau est fine, lisse et très luisante. La couleur est dans le principe vert pâle pour toutes les parties ombragées et rouge vif sur toutes les faces exposées au soleil. Lors de la maturité, le vert passe au plus beau jaune et le rouge prend des teintes tellement prononcées que la pomme mérite réellement la qualification de belle qu’on lui a donnée. Tout l’épiderme est parsemé de petits points légèrement blanchâtres.

La maturité commence en novembre et les fruits se conservent sans aucune peine d’une année à l’autre, pourvu qu’on ait soin de ne pas choisir les plus gros.

À Saint Trond les marchands estiment beaucoup la Belle de Lippe et la rangent au niveau des meilleures pommes de Court pendu.

  1. Introductions pour les jardins fruitier et potager.
  2. Beschrijving en afbeeldingen van de beste soorten van Appelen en Peeren.
  3. Publié par la Société de Boskoop.
  4. Dictionnaire de pomologie.
  5. Histoire du Pommier et du Cidre.