La Verdure dorée/Les fraises dans le plat de blanche porcelaine

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CXIII

Pour distraire mon ami le poète Léon Vérane.


Les fraises dans le plat de blanche porcelaine
Gardent la fraîche odeur de l’aube sur la plaine,
Des branches, de la mousse et des sources glacées
Sur la nappe, j’ai mis ton bouquet de pensées
Et tandis que, les yeux pensifs, tu te recueilles,
Ce soir grave, je vois glisser entre les feuilles
La lune comme dans les vieilles élégies.
Un souffle tiède et pur caresse les bougies
Et berce la glycine et les roses blafardes
Et la tonnelle. Prends des fraises. Tu regardes
Au champagne doré le sucre se dissoudre ;
Le temps sur nos cheveux verse du sucre en poudre
Et j’aurai quelque jour de larges mèches blanches.
Mais qu’importe ! ce soir vers moi si tu te penches,
Sans crainte de l’automne et des feuilles rougies,
Et si pour mes baisers tu souilles les bougies.