Catéchisme libertin (éd. 1900)/09
Gaillardise
Le gros Lucas allant au bois,
S’amusait à cueillir des noix,
Quand sa bergère il rencontra ;
Alléluia.
Philis, sur un lit de gazon,
Reposait d’un sommeil profond,
Lucas aussitôt s’écria :
Alléluia.
La friponne était sans mouchoir,
Son cotillon laissait tout voir ;
Palsangué ! comme la voilà ;
Alléluia.
Sa bouche respirait l’amour,
Et Zéphir soufflait alentour ;
Et vite, et toc, boutons-nous là :
Alléluia.
Sur son sein un globe incarnat,
De la rose imitait l’éclat :
Ouf ! quels jolis boutons voilà ;
Alléluia.
Son petit cœur faisait tic-tac ;
Il redoublait ce doux mic-mac :
Voyez donc comme son cœur bat ;
Alléluia.
Le paillard d’aise bondissait,
Son cœur tout bas se trémoussait ;
Je n’en puis plus, embrassons-la ;
Alléluia.
Il se penche amoureusement,
Et baise Philis tendrement ;
Mordienne ! on ne s’en tient pas là :
Alléluia.
Déjà Lucas est en devoir ;
Il franchit l’amoureux boudoir.
Quand la bergère s’éveilla ;
Alléluia.
Philis qui se plaisait au jeu
Voudrait se fâcher, mais ne peut,
Car le berger disait tout bas :
Alléluia.
Mon Dieu ! Lucas, laisse-moi donc,
Car tu chiffonnes mon jupon,
Et puis que viens-tu chanter là ?
Alléluia.
Bon ! laisse faire, ma Philis,
Ce beau jeu, l’Amour me l’apprit ;
À ton tour tu répéteras :
Alléluia.