La Muse au cabaret/Chanson (2)

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La Muse au cabaretLibrairie Charpentier et Fasquelle (p. 92-93).


CHANSON


D’après Petœfi Sandor.
À Pierre Stevens.


La bise siffle à ma porte…
C’est l’hiver ! Mais que m’importe
Après tout, l’hiver, alors
Que je puis n’en rien connaître,
Si, le nez à ma fenêtre,
Je ne regarde dehors ?…

Auprès du feu… sur ma table
Un vin pur, indiscutable…
Quelques compagnons élus,
De tout repos, et que j’aime
Au moins autant que moi-même,
Que souhaité-je de plus ?


J’ai le bonheur en partage.
Je ne veux rien davantage
Que ces heures d’amitié.
Comme alors ma joie éclate !
Comme mon cœur se dilate,
Et déborde de pitié !

Je suis sûr que cette joie,
Qui sur ma face rougeoie,
Si je la pouvais semer
Par les campagnes moroses.
On y verrait mille roses
Subitement essaimer.

Et, si je pouvais de même
Lancer au ciel froid et blême
Mon cœur brûlant et vermeil
Je crois que dans la seconde
Il réchaufferait le monde
Autant comme le Soleil !