Aller au contenu

Chansons de la roulotte/L’Émile Zola d’Édouard Toulouse

La bibliothèque libre.


L’Émile Zola
d’Édouard Toulouse














L’ÉMILE ZOLA D’ÉDOUARD TOULOUSE



\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \key fa \major
  \time 2/4
  \tempo  \markup Allegretto
  \autoBeamOff \override MultiMeasureRest.expand-limit = #4 \compressEmptyMeasures
  \partial 8 r8 | R1*2/4*7 | r4 r8 fa^\markup { \hspace #4 \musicglyph "scripts.segno" } \bar "||" fa8 do' do do | \break
  do8. sib16 la8 la | fa do' do do | do8. sib16 la8 la | \break
  la la do4( | do8.) la16 sol8 la | la  \once \stemUp sib do4( | \break
  do8.) la16 fa8. fa16 | fa8. la16 fa8. fa16 | fa8. la16 fa8 la | \break
  do4 r8 la | fa sol la sib | do4 fa-^\( | \break
  do8\) sib la sol^\markup { \hspace #4 \huge \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||"
  \time 9/8 fa8 r fa fa r fa fa r fa | \break
  fa fa fa fa4^\markup { "2e couplet" } r8 \tuplet 2/3 { r8 fa8^\markup { \hspace #4  { \musicglyph "scripts.segno" }} } \bar "||"
  \time 2/4 \stopStaff s2^\markup { \hspace #4 \huge \musicglyph "scripts.coda" } \startStaff
  fa4^"CODA" r | do'8^\f r do r | do4 r \bar "||"
}
textA = \lyricmode {
  Maî- tre Tou- lous’, doc- teur,
  Au- teur, Et den- tiste é- ru- dit, Nous dit_:
  «_Moi, le ta- lent, Rrran plan_!… Je l’juge à l’e- xa- men
  D’un’ main, D’un air, D’un flair, D’un goût, De tout_!…
  Coût_: trois francs qu’au lec- teur J’ar- ra- che sans dou- leur_!
  Rrran plan, rrran plan, rrran plan plan plan plan_! Pour
  d’'nous. Rrran plan plan_!
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 1\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { \tempo 4 = 90 }
}
\header { tagline = ##f}
L’Émile Zola
d’Édouard Toulouse [1]

À Alphonse Allais.
I

Maître Toulous’, docteur,
Auteur,
Et dentiste érudit,
Nous dit :
« Moi, le talent,
— Rrran plan !…
Je l’ juge à l’examen
D’un’ main,
D’un air,
D’un flair,
D’un goût,
De tout…
Coût : trois francs qu’au lecteur
J’arrache sans douleur !
Rrranplan rrranplan rrranplanplan plan plan.

II

Pour démontrer ceci,
Voici
Un sujet plein d’éclat :
Zola !…
Déjà l’on voit
Comm’ quoi
La valeur d’un écrit,
L’esprit
Fertile,
Le style,
Le don
D’êtr’ long,
Et la beauté du corps,
Ça n’a z’aucuns rapports !
Rrranplan rrranplan rrranplanplan plan plan.

III

Émile est très poilu
Tout nu ;
Il a les yeux cernés,
Le nez
En têt’ de clou
Dans l’bout,
Le buste long et rond,
Le tronc
Très gras,
Le bas
Du dos
Très gros.
Eh bien, voilà c’ qui fait
Que son style est parfait !
Rrranplanrrranplan rrranplanplan plan plan

IV

Zola compt’ sur ses doigts
Parfois.
L’ chant’ comme un putois.
Quell’ voix !
S’il crie : « Au feu ! »
I’ pleut !
En grammaire on r’connaît
Qu’i’ n’est
Pas fort,
En or-
thographe
I’ gaffe.
Voilà l’explication
De son érudition !
Rrranplanrrranplan rrranplanplan plan plan.

V

Il a d’Édouard Paill’ron
Le front,
De Victorien Sardou
Le cou,
D’Henri d’Bornier
Le pied.
Ajoutons le cerveau
Du veau,
Le foie
De l’oie,
Le rein
Du s’rin.
Donc, il pourrait très bien
Être Académicien !
Rrranplan rrranplan rrranplanplan plan plan.

VI

Les urin’s de Zola
Sont la
Gloir’ du roman français.
Ah ! qu’ ses
P’tits alcalins
Sont fins !
De plus, nul dans l’roman
All’mand
N’en rend,
Durant
L’ mêm’ temps,
Autant.
Voilà c’ qui fait qu’Émile
Tire à cent cinquant’ mille !
Rrranplan rrranplan rrranplanplan plan plan.

VII

Voyez manger Zola ;
Il a
L’appareil digestif
Actif,
Et son nombril
Sourit !
Son petit intestin
Mutin
Contient,
Retient,
Puis perd
De l’air…
Voilà pourquoi souvent
Ses héros font des vents !
Rrranplan rrranplan rfranplanplan plan plan.

VIII

Si Zola, ni gentil,
Ni p’tit,
Ni grand, ni sot, ni fin,
Enfin,
En mal, en bien,
N’a rien,
Depuis qu’on le connaît,
Que n’ait
Autrui
Comm’ lui,
L’ docteur
Auteur
Ne prouv’ donc rien du tout,
Sauf qu’il s’est fichu d’ nous…
Rrran plan plan.

  1. Variante : L’Enquête médico-psycholohique sur M. Émile Zola, par le Docteur Toulouse — Ce titre est le titre même du sensationnel bouquin dont la présente chanson reproduit, par un ingénieux procédé de raccourci, les divers chapitres. C’est le seul qui convienne ; car il s’agit, dans l’espèce, non d’une appréciation, mais d’une condensation impartiale et minutieuse de l’œuvre. Aucune des particularités symptomatiques d’où le docteur-écrivain conclut, avec une logique admirable, à la présence du bacille génial dans les méninges du malade, n’est dissimulée à la famille.
    Est-il besoin d’ajouter qu’antérieur de plus d’une année au rôle de M. Zola dans l’ « Affaire », ce résumé analytique n’y fait pas la moindre allusion ? Il est clair, au surplus, que l’enquête qu’il vulgarise incombe exclusivement au diafoirique Toulouse et que M. Zola n’en fut que l’infortunée victime. Le perspicace auditeur qui croit, par une hostilité stridente, en venger l’auteur de « J’accuse… », a donc simplement l’air, aux yeux de ses voisins mieux informés, d’un ancien opéré de la pierre reconnaissant au bistouri du docteur-écrivain de lui avoir rendu l’usage du sifflet.