Chansons et Monologues (Bruant)/Le Boulevard des Étudiants

La bibliothèque libre.
H. Geffroy (Tome Ip. 61-68).


LE BOULEVARD DES ÉTUDIANTS



\relative c'' {
  \clef treble
  \key bes \major
  \time 2/4
  \set Staff.midiInstrument = #"piccolo"
  \autoBeamOff
\compressEmptyMeasures
R4*46 r4 r8 r4 \bar "||"
  \time 6/8
  \tempo "Moderato"
  \partial 8 d8 | bes4 d8 bes4 d8
bes4.~ bes4 d8 | f4 f8 ees4 d8 | f4. (ees4) ees8 | c4 ees8 c4 ees8
c4.~ c4 ees8 | f4 ees8 d4 c8 | d4. (bes4) d8 | bes4 d8 bes4 d8
bes4.~ bes4 d8 | f4 f8 ees4 d8 | f4. (ees4) ees8
c4 c8 c4 c8 | c4.~ c4 c8 | f4 e8 d4 c8 \bar "||"
  \time 2/4
  \tempo "Allegretto"
  f4 r
bes,8^\markup { REFRAIN } bes bes4 | d8 d d4 | c8 ees d c | d4 (bes)
bes8 bes bes4 | d8 d d4 | c8 d c bes | a g f r
bes bes bes4 d8 d d4 | c8 ees d c | d4 (bes)
bes8 bes bes4 | d8 d f4 | ees8 c d ees | f f bes,4
    \bar "|."
}

\addlyrics {
Nous som -- mes tous gar -- çons
D’as -- sez jo -- yeu -- se "mi - ne,"
Nous pre -- nons des le -- çons
De droit et de méd’ "ci - ne,"
Le ma -- tin, nous par -- tons
De notre ob -- ser -- va -- "toi - re,"
Pour ai -- mer, rire et "boi - re,"
Et le soir nous chan -- "tons :"
En r’mon -- tant,
En r’mon -- tant
Le boul’ vard Saint- "Mi - che,"
En r’mon -- tant,
En r’mon -- tant
Le boul’ vard des É -- tu -- "diants !"
En r’mon -- tant,
En r’mon -- tant
Le boul’ vard Saint- "Mi - che,"
En r’mon -- tant,
En r’mon -- tant
Le boul’ vard des É -- tu -- "diants !"
}

\layout {
  \context {
    \Score
    \remove "Bar_number_engraver"
  }
    \set fontSize = #-1
}


Nous sommes tous garçons
D’assez joyeuse mine,
Nous prenons des leçons
De droit et de méd’cine,
Le matin, nous partons
De notre observatoire,
Pour aimer, rire et boire,
Et le soir nous chantons :
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants !
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants.


Quand nous rcevons d’l’argent,
La chose est assez rare,
Nous descendons gaiement
En fumant un cigare,
Nous gaspillons notre or ;
Puis, au bout de la s’maine,
Nous sommes dans la gêne,
Mais nous chantons encor :
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants !
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants.


C’est le joyeux quartier
Où bell’s et souriantes,
Au bras d’un bachelier
Vont les étudiantes ;
Elles ont pour tout bien
Des faux ch’veux, d’la peinture
Qu’ell’s s’mett’nt sur la figure,
Mais, l’soir on n’y voit rien.
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants !
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants.

On y rencontre aussi
La gentille Musette,
Joyeuse, sans souci,
Et Mimi la coquette ;
Dans le quartier latin
Elles sont immortelles,
Mais toujours infidèles
À deux heur’s du matin.
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants !
        En r’montant,

        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants.

Combien de sommités
Du droit, de la méd’cine,
Font les collets montés
Et renfrognent leur mine,
Et pourtant, comme nous,
Ils s’en allaient naguère
Au bal de la Chaumière
Et chantaient comm’ des fous :
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants !
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants.

Le vieil esprit français,
Le sourir’ de Voltaire,
Le rir’ de Rabelais,
La gaîté de Molière
S’y donnent rendez-vous
Et souvent, à l’aurore,
On les rencontre encore
Rentrant bras d’ssus bras d’ssous.
        En r’montant,
        En r’montant

        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants !
        En r’montant,
        En r’montant
    Le boul’vard Saint-Miche,
        En r’montant,
        En r’montant
Le boul’vard des Étudiants.

Paris, 1880.