Chansons populaires de la Basse-Bretagne/La fontaine de pitié

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LA FONTAINE DE PITIÉ
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  Je suis un jeune homme roulant mon métier,
Je fais ma demeure en chaque quartier ;

   Je me suis mis dans l’esprit d’aller travailler
Chez ma maîtresse chérie, — en quoi j’ai été bien avisé.

   Quand je pus trouver le moyen de causer à ma maîtresse,
Je ne me lassais jamais en sa compagnie ;

   (Je passais mon temps) à lui dire des paroles d’amour,
Choses de plaisir, pleines de tendresse.

   Ma maîtresse est semblable à un bouquet de souci,
Ou encore à une rose, qui serait dans toute sa gaité,

   Ou à un miroir empli de lumière :
O Dieu éternel, la jolie femme !

   N’avez-vous pas souvenir, ma maîtresse, que nous nous rencontrâmes, un jour,
Dans le coin de votre jardin, sous un buisson de laurier ?

   Et là nous remarquâmes une fontaine de pitié,
Pleine de nos larmes à l’un et à l’autre ;

   Et là nous remarquâmes une fontaine de désolation
(Faite) des larmes de nos yeux qui tombaient à terre.

   Quand sera morte ma maîtresse, je bâtirai un ermitage,
Dans le coin de mon jardin et sur le bord de la grand’route,

   Et je demeurerai là le reste de ma vie,
Jusqu’à ce que Dieu ait la bonté de m’emmener avec lui au ciel ;

  Et je demeurerai là, et le jour et la nuit,
Jusqu’à ce que soit ma maîtresse dans la gloire du paradis.

   Si vous avez envie d’entendre qui a fait cette chanson,
(Sachez que) c’est un jeune gars de la ville du Vieux-Marché.


Keramborgne.


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