Charles Baudelaire (Troubat)

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Librairie de la Province (p. 3-12).

Charles Baudelaire




Discours prononcé par M. Jules Troubat,
le 26 octobre 1902, au cimetière Montparnasse,
pour l’inauguration du monument funéraire de
Charles Baudelaire




Mesdames, Messieurs,

Si, pour être à l’honneur, il faut avoir été à la peine, celle que j’aurai eue, pour mériter l’honneur de célébrer aujourd’hui devant vous la mémoire de Baudelaire, aura consisté à l’avoir connu (ce qui commence à devenir un peu rare) et à vivre encore plus de trente-cinq ans après sa mort. Les poètes ne devraient être loués que par leurs pairs, et c’est ce que nous espérions de notre cher et sympathique président, Jean Aicard, sous l’égide de qui s’était placé le Comité Baudelaire pour parler dignement de celui auquel nous avons élevé ce monument commémoratif. Nous comptions sur la voix chaude et bien timbrée du poète, qui fait passer tant d’éloquence dans ses vers et met tant de musique dans sa prose parlée ou écrite, pour donner le ton et le diapason à cette cérémonie funèbre. Mais le poète provençal est retenu dans son Midi, dans sa chère Provence, par des raisons que nous regrettons d’autant plus que son état de santé nécessiterait, s’il était à Paris à cette heure crépusculaire de l’année, son départ pour le Midi. « Je vous demande seulement de dire très haut, nous écrit-il, que je suis avec vous et près de vous de cœur et d’esprit, car mon absence n’est pas une défection, — et je désire qu’on le sache bien autour de vous. » C’est ce qui fait qu’au lieu d’un chanteur, vous entendez un de ces oiseaux qu’on nomme merles, parce qu’ils sont de simples critiques.

Un autre de mes regrets est que l’un des plus anciens amis de Baudelaire, le plus ancien, peut-être, à l’heure qu’il est de ceux qui l’ont le mieux pratiqué, le bon, l’excellent Nadar, soit à Marseille. C’est un grand et généreux cœur, comme il nous l’a prouvé par sa souscription au monument que nous allons remettre à la ville de Paris, et il aurait parlé du poète des Fleurs du mal en toute connaissance de cause, avec la sympathie que crée le temps au souvenir tamisé des premières années de lutte et de jeunesse. Il nous aurait montré Baudelaire gravissant les aspérités de la vie de bohème, dont il n’était pas, mais qu’il coudoyait, et que le culte exclusif de l’art imposait, au temps du Corsaire-Satan, comme un sacerdoce à ses jeunes lévites. Baudelaire signait alors, du nom de sa mère, Baudelaire-Dufays. Je ne redirai pas les imprécations de celle qui met au jour un poète « en ce monde ennuyé », et la Bénédiction céleste de l’enfant maudit. Tout le monde connaît ici ces beaux vers, qui s’ouvrent comme un tabernacle sur les Fleurs du mal. Il s’était affranchi de bonne heure de tout ce qui fait obstacle à la vocation dans la vie réglée, pour s’adonner tout entier au génie qui le travaillait et il en portait la peine. Ses contemporains ne le gâtaient pas. Il prenait l’existence à rebours pour les mystifier il aimait à donner le change sur lui-même et se plaisait à être méconnu. On le lui rendait bien. L’opinion superficielle et frivole prend toujours au mot ces excentricités voulues, et n’y regarde pas de plus près. Elle a autre chose à faire. Le poète se créait ainsi à lui-même une légende préjudiciable à son nom et à ses intérêts de gloire et de fortune. Il était son propre bourreau dans sa vie comme dans ses œuvres, et il poussait le dédain de la vie matérielle jusqu’à écrire le sonnet humoristique et si travaillé, où se révèle, dans un tableau de danse macabre, toute la philosophie de l’artiste revenu des choses de ce monde


LE MORT JOYEUX


Dans une terre grasse et pleine d’escargots,
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l’oubli comme un requin dans l’onde.

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d’implorer une larme du monde,
Vivant, j’aimerais mieux inviter les corbeaux
À saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.

Ô vers noirs, compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux !
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,

À travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s’il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !


Et qu’on ne fasse plus la part du poète et du penseur chez les ciseleurs de vers ! On vient de voir que la forme ne l’emporte pas sur le fond de l’idée, et qu’elle la met au contraire à nu, en un relief puissant, avec tout le désabusement qu’elle comporte !

Je ne sais, après ce vers :


Je hais les testaments et je hais les tombeaux,


comment il prendrait le démenti que nous lui donnons en ce jour à lui-même. Peut-être se croirait-il, dans le premier moment, mystifié. Quand on lègue à la postérité un livre de forme presque impeccable, comme il qualifie Théophile Gautier dans la dédicace des Fleurs du mal, on comprend que le poète haïsse les testaments homologués… il n’en avait cure !… mais les tombeaux !… Au fait, celui que nous lui offrons aujourd’hui n’est qu’un monument à sa gloire. Sa mémoire seule est ici il repose ailleurs dans une sépulture de famille de ce même cimetière, et il ne pouvait interdire à la postérité de rendre hommage à ses mânes, et de les apaiser en quelque sorte. Son amour du néant n’allait pas jusque là.

J’ose croire, l’ayant assez fréquenté pour cela, que sa pensée serait reconnaissante de cette tardive justice qui vient à point pour rendre son verdict, puisqu’elle n’est pas le résultat d’un engouement éphémère et qu’elle a eu le temps de mûrir depuis 1867. Baudelaire, s’il nous voyait, s’il nous entendait, — on peut toujours le supposer ! — ne ferait pas cette grimace significative que surprit un observateur attentif sur son visage glabre et nerveux d’homme du xviiie siècle, qu’il tenait évidemment de son père. Il était ce jour-là au tribunal de la pénitence, devant ses juges qui plaidaient le pour et le contre, et qui condamnèrent les meilleures pièces de son poème. Le mot de réalisme était alors à la mode il en faut toujours un pour désigner vaguement tout art nouveau, qui se cherche. Il n’échappa point à l’accusation banale, un ami le lui avait prédit avant l’audience il s’en était défendu. Ses traits se contractèrent quand le juge lui décocha le terrible mot à la barre, en pleine poitrine. Ce qui l’irritait, ce qui l’horripilait, ce n’était point d’être confondu avec des écrivains et des artistes, dont il appréciait les tentatives nouvelles, mais de se voir classé, étiqueté, lui qui voulait, au contraire, être seul ! Voilà la caractéristique de son talent, s’isoler et se frayer une conquête à part, comme l’a dit Sainte-Beuve, « à la pointe extrême du Kamtchatka romantique. » C’est ce que le critique des Lundis appelait, en 1862, la folie Baudelaire, dans un article où il plaidait finement les titres et les droits du poète à se présenter à l’Académie car Baudelaire eut cette velléité et il fit ses visites. Les malins se demandèrent si c’était encore une mystification ; on pouvait le croire, mais quel que fût son mobile, il posait ses jalons pour l’immortalité, et c’est nous qui la lui décernons.

Sainte-Beuve, plaidant les circonstances atténuantes en faveur du poète des Fleurs du mal, le présentait ainsi à ses collègues de l’Institut « Ce qui est certain, c’est que M. Baudelaire gagne à être vu, que là où l’on s’attendait à voir entrer un homme étrange, excentrique, on se trouve en présence d’un candidat poli, respectueux, exemplaire, d’un gentil garçon, fin de langage et tout à fait classique dans les formes. » Il l’était aussi dans ses œuvres, quand on les relit de sang-froid et sans prévention, sans parti pris, auxquels les querelles d’école ne donnent plus lieu, depuis qu’il est devenu un ancêtre. Il tenait même de la tradition classique cette précaution obligatoire, dont on se dispense trop aujourd’hui, de châtier le vice. Il ne l’exposait pas crûment c’était un parfait moraliste, dans ses peintures de mœurs les plus scrutées et les plus fouillées. On s’étonne que les éditions de ses œuvres paraissent toujours expurgées, à moins que ce ne soit pour rendre la première édition du livre condamné plus rare et plus chère.

Sainte-Beuve, qui retrouvait un fils de Josephe Delorme en Baudelaire et qui l’appelait « mon cher enfant », ne lui épargnait pas les conseils. On a de lui, dans les Causeries du Lundi, une lettre, écrite dès 1857, avant les poursuites, où il lui disait : Vous vous défiez trop de la passion c’est chez vous une théorie. Vous accordez trop à l’esprit, à la combinaison. Laissez-vous faire, ne craignez pas tant de sentir comme les autres, n’ayez jamais peur d’être trop commun vous aurez toujours assez, dans votre finesse d’expression, de quoi vous distinguer. Baudelaire justifiait cette prédilection pour l’esprit, dans une lettre qu’il me faisait l’honneur de m’écrire de Bruxelles, en 1866 « …J’ai été très heureux d’apprendre le rétablissement de Sainte-Beuve. Je n’ai éprouvé d’émotion de ce genre pour la santé d’autrui que pour Eugène Delacroix, qui était pourtant un grand égoïste. Mais les affections me viennent beaucoup de l’esprit… » Il les plaçait haut, quelque sourdine qu’il y apportât. Il n’en mettait pas pour Sainte-Beuve : « J’espère bien qu’à Paris nous dinerons un soir avec lui, » ajoutait-il. C’est dire assez l’affection qui les liait l’un à l’autre.

On entrait beaucoup, en 1858. à la Librairie-Nouvelle, du boulevard des Italiens, pour consulter le Dictionnaire des Contemporains, de Vapereau, dont la première édition venait de paraître. Les gens de Lettres, qui s’y cherchaient et ne s’y trouvaient pas, faisaient la remarque tout haut que le nom de Baudelaire n’y était pas. C’était leur manière de se consoler. Ils ne témoignaient pas d’autre dépit. Le nom de Baudelaire venait d’être bombardé à la célébrité, l’année précédente, par le procès des Fleurs du mal ; ses vers jouissaient depuis longtemps d’une réputation inédite dans le quartier des Écoles, ce qui prouve que la jeunesse est éclectique, car Musset, qui venait de mourir, passait en ce temps-là pour le poète de la jeunesse, et Murger, très populaire au quartier Latin, était, au dire d’Arsène Houssaye, le cousin germain de Musset. Baudelaire était leur antipode : je ne sais pas lequel des deux il aurait préféré, et peut-être les aurait-il donnés tous deux l’un pour l’autre. Il avait trop d’esprit pour se fâcher d’une plaisanterie de Monselet, esprit railleur, sceptique et moyen, qui se permit cette critique de la Charogne « À votre place, j’y aurais mis une rose. » Lui, qui détestait le voltairianisme en toute chose, dut le trouver d’un juste milieu, par trop mitoyen. Son tempérament dut se révolter. Je fus témoin un soir de sa crispation dans le monde où l’on s’amuse il avait rencontré une personne qui paraissait devoir le comprendre. Il lui parla littérature, poésie elle lui répondit tout le temps par Alfred de Musset, et quand il prononça son propre nom, sans se faire connaître, elle dit sur un ton fâché « Pour qui me prenez-vous ? je ne lis pas ces horreurs. » Elle aurait volontiers apporté son fagot pour brûler le livre, tant il est vrai que la chose jugée et condamnée en impose !… Cette défaveur marquée auprès du public, depuis sa condamnation, lui rendait la vie difficile. « Vous savez que je ne suis pas un enfant gâté de la vie », m’écrivait-il, quand il avait été tenter la fortune littéraire auprès du public belge. Un de ses biographes les mieux renseignés, M. Maurice Tourneux, a eu raison de noter la défiance dont il jouissait dans les journaux et les revues et chez les éditeurs, depuis la triple amende qui l’avait frappé, lui et ses deux premiers éditeurs, Poulet-Malassis et de Broise. Il n’avait déjà pas le travail commode ; l’improvisation ne venait pas chez lui : il se tourmentait trop pour cela ; on l’accusait d’être paresseux, de ne pas assez produire, quand il n’avait que le travail lent. Je tiens de lui qu’il s’était fait enfermer dans les bureaux de la Revue Européenne, en 1861, pour y écrire son article, si quintessencié, si conçu d’après lui-même, sur Wagner, qui était l’une de ses admirations les plus sincères. Il fallait entendre son cri d’allégresse, le seul qu’il pût pousser, quand l’aphasie lui coupa la parole, au seul nom de Wagner prononcé devant lui. Madame Manet, grande musicienne, venait lui en jouer, et remplissait, dans sa chambrette de la maison de santé Duval, près de la barrière de l’Étoile, le rôle de David, tenant la harpe devant Saül. Elle l’apaisait. Ses facultés se réveillaient, et n’avait plus que deux mots, Nom, Cré nom, pour exprimer ses sympathies ou ses répugnances. Il leur donnait l’intonation nécessaire. Ses joies ou ses haines persistaient en lui : il n’en démentait aucune. Comme je lui apportais les amitiés de Sainte-Beuve, il rayonna ; mais quand je lui parlai du clou du Salon, cette année-là, la Femme au perroquet, il poussa un Cré nom de colère. Courbet pourtant avait jadis fait son portrait, qui est au Musée de Montpellier ; mais les anciens rapports se ressentaient des dissidences de nature, et de là des inimitiés intellectuelles qui ne pardonnent plus. Courbet aurait dit de Baudelaire comme de certains autres « Il cherche des puces dans la nature, tandis que moi, Courbet, je n’y vois que les grandes lignes. »

Messieurs, il n’y a pas d’auteurs sans éditeurs, jusqu’à présent la littérature n’a pu s’en passer, et il s’en trouva un qui, je puis le dire, moi qui ai été de ses amis, s’était sacrifié à l’amour de l’art, au plaisir de publier des livres. Poulet-Malassis fut, en ces années-là, le Mécène des gens de Lettres il donna l’essor à une nouvelle génération d’écrivains, poètes, romanciers, historiens, critiques, qui risquaient fort d’attendre sans sa venue. Sa boutique du passage des Princes, en ce temps-là passage Mirès, était un salon plus qu’une librairie, où l’art dominait tout on y voyait en exergue de très remarquables portraits, peints en médaillons, des auteurs les plus renommés de la maison. Les éditions de Malassis sont très recherchées aujourd’hui peut-être les peintures qui ornaient ce petit Palais de la Librairie ont-elles été recueillies chez quelque amateur de collections. Elles marquent et datent une époque en littérature le nom de Malassis mériterait d’autant plus d’être inscrit en lettres d’or sur tout monument littéraire qui s’y rattache, qu’il se ruina et redevint homme de Lettres, comme devant. Son érudition littéraire, fortifiée, je crois, à l’École des Chartes, avait de quoi tenir : il était d’Alençon et fils d’imprimeur, ce qui constitue une double origine de Plantins français. — Ce souvenir lui était dû sur le tombeau de Baudelaire, auquel je reviens.

La première fois que je vis le poète que nous célébrons aujourd’hui, ce fut, en 1861, chez Champfleury qui l’avait retenu à diner dans son gai intérieur de la rue Germain-Pilon, tout tapissé de faïences parlantes aux doux reflets. Le poète et le romancier réaliste, collaborateurs dès leurs débuts aux petits journaux d’avant-garde, qui étaient les brûlots des Lettres, s’entendaient parfaitement ils avaient mêmes goûts, mêmes aspirations littéraires et artistiques, et soutenaient les mêmes combats, puisque Champfleury faisait aussi campagne pour Wagner, dès la première heure. Sa brochure sent encore la poudre. Il a eu raison d’écrire qu’un jeune homme à Paris peut s’assimiler en deux heures les connaissances les plus intimes de l’art et de la vie des maîtres. La conversation à laquelle j’assistai roula exclusivement sur les hommes et les choses de la littérature et de l’art, sans laisser le moindre interstice à quoi que ce soit de banal. Ils apportaient dans leurs jugements une conviction sacerdotale. J’en sortis initié, et c’est à cette soirée que je dois aujourd’hui, sans doute, d’avoir l’honneur de remettre à monsieur le Président du Conseil municipal de Paris, représenté ici par M. Maurice Quentin, ce monument funéraire, œuvre d’un artiste au front génial, M. de Charmoy. La sympathie qui l’a accueilli et la manifestation dont est aujourd’hui l’objet la mémoire glorifiée de Baudelaire, prouvent que le poète répond le mieux dans le passé au besoin tourmenté d’idéal qui travaille les générations nouvelles.

L’œuvre est achevée : elle existe. Elle exprime le mouvement à la manière antique, en marchant, ou plutôt en se tenant debout. Elle symbolise, dans des proportions grandioses, l’art et la vie, tels que les pouvait concevoir un siècle nouveau, né des convulsions du précédent, qui lui a transmis toutes ses inquiétudes. Elle en porte l’empreinte. Le jeune statuaire, réalisant une pensée moderne et toute récente, a montré la poésie aux prises avec la douleur énergique et concentrée, sous les traits profondément dramatiques d’un grand artiste que chacun reconnaît et auquel chacun rend hommage, M. de Max. Le Comité Baudelaire, reconnaissant des sympathies efficaces et toutes-puissantes qui lui ont été témoignées, adresse ses remerciements à monsieur le ministre de l’Instruction publique et à monsieur le directeur des Beaux-Arts. M. Armand Dayot, qui préside en leur nom cette cérémonie, n’a cessé d’apporter son encouragement précieux à notre entreprise peut-être hardie, mais à coup sûr ardue et difficile. Le trésorier du Comité Baudelaire, qui se dédouble en ce moment devant vous, comme certain personnage de Molière, en sait quelque chose. L’initiative prise par MM. Paul Escudier, président du Conseil municipal de Paris, et son collègue Gaston Mery, avec ce sentiment inné de l’idéal artistique qui sera toujours le propre de la représentation directe de l’esprit parisien, a déterminé, au sein de l’Assemblée municipale, le vote libéral et généreux de la concession de terrain, nécessaire à l’édification de l’œuvre de M. de Charmoy. M. Menant, directeur des Affaires municipales, s’est prêté très gracieusement à aplanir devant nous toutes les difficultés administratives mais il en est une, inhérente au Comité, et qui n’est pas entièrement levée encore. La souscription, pour couvrir nos frais purement matériels, — car l’artiste ne demande rien, — a produit des résultats appréciables, mais insuffisants. Une matinée de gala sera donnée dans quatre jours, jeudi prochain, 30 courant, au théâtre Sarah-Bernhardt, au profit de notre œuvre, qui en a encore bien besoin. Nous faisons appel au concours de tous pour y assister. La grande artiste, qui est à la fois un grand cœur et un grand esprit, non seulement a mis son théâtre à notre disposition, mais elle y a joint un billet de cent francs pour payer son fauteuil d’orchestre dans sa propre salle. — Elle n’est vraiment pas de ce temps-ci.