Commentaire sur la grammaire Esperanto 1903/Ch17

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CONSTRUCTION DE LA PHRASE
EN ESPERANTO

Ce que nous allons dire n’est que le développement des conseils donnés aux pages 112, 113 et 114. Il faut y voir une direction très utile, mais non des règles rigoureuses dont il n’est jamais permis de s’écarter. Point n’est besoin d’ajouter que ces conseils ne concernent que la prose.

Pour obtenir plus d’ordre et de clarté, nous envisagerons d’abord les mots dans leurs fonctions, puis dans leur nature, et nous déterminerons leur place dans la phrase à ce double point de vue.

Ordre d’après la fonction.

Place du sujet. — On le met ordinairement avant le verbe.

Ex. : Mia patro venos hodiaŭ. — Li respondis al mi. — Tio ĉi estas tro kara.

Il est à remarquer que l’Esperanto, en donnant cette place au sujet, du moins ordinairement, se conforme à l’habitude générale des langues flexionnelles. Celles-lä même qui jouissent de la plus grande liberté pour l’ordre des mots mettent le plus souvent le sujet avant le verbe.

Évitez donc, sous prétexte de faire un arrangement plus agréable à l’oreille, de construire des phrases dans le goût suivant : Venos hodiaŭ mia patro. — Al mi respondis li. — Estas tio ĉi tro kara. Elles offrent quelque chose d’antinaturel. L’esprit ne s’explique pas pourquoi on le laisse dans le doute ou mieux dans l’ignorance, pendant un temps plus ou moins long, sur l’être ou l’objet qui joue le principal rôle dans la phrase, le sujet. Il se l’explique d’autant moins que rien ne justifie ici l’importance donnée aux mots venos, al mi, estas, qui commencent la phrase, comme si l’esprit était particulièrement frappé de l’idée qu’ils expriment. On verra plus loin la raison pour laquelle nous faisons cette dernière remarque.

Place de l’attribut. — Sa place ordinaire est après le verbe. Ex. : Li estos kontenta, se li atingos lian rezultaton. — Vi fariĝos malsana, se vi ne estos pli prudenta. — Li mortis turmentata de tiu ĉi penso, ke

Après le mot kiel, il est plus naturel et par conséquent préférable de mettre l’attribut avant le verbe de la manière suivante. Ex. : Kiel bona vi estas ! Cette construction, qui peut étonner des Français, est à coup sûr plus juste et meilleure que l’arrangement : Kiel vi estas bona !

Nous aurons plus loin l’occasion de faire une remarque analogue à propos de l’adverbe.

Place des compléments directs.Le pronom complément direct précède ou suit le verbe à volonté. Ex. : Mi lin vidismi vidis lin.

Le nom le suit le plus souvent dans le langage de la vie quotidienne.

Ex. : Mi renkontis sinjoron N. en mia promenado.

Pourtant, même dans le langage usuel, nous ne devons pas oublier que l’Esperanto jouit d’une liberté de construction plus grande que beaucoup de nos langues. N’hésitons donc pas à mettre le nom, qui est complément direct, avant le verbe et le sujet, si notre esprit en est particulièrement occupé, ou si nous voulons attirer l’attention sur ce complément d’une manière spéciale.

Ex. : Vian afablan leteron mi tre bone ricevis. — Gloron, riĉecon, honoron, ĉion li havis. — Tiajn kuraĝajn amikojn ni bezonas por la triumfo de nia ideo.

Place des compléments indirects. — On les met ordinairement après le verbe et ils suivent le complément direct, quand celui-ci a lui-même été mis après le verbe.

Ex : Mi respondis al vi. — Ŝi estas amata de ĉiuj. — Pensu pri tio ĉi. — Vi alkondukos lin al mi. — Petro donis inkujon al sia patro. — Li estas tre estimata de sia mastro. — Tion ĉi mi donas al vi por via filineto.

Remarque. — Quand le complément direct qui suit le verbe est un accusatif pluriel, on obtient une émission plus agréable et plus coulante, en liant avec l’n de cet accusatif la préposition al du complément indirect.

Ex. : La libroj, kiujn al mi vi donis, estas vere tre interesaj. (Voir ce que nous disons aux pages 114 et 115.)

Dans ce cas, le complément indirect se trouve transposé de sa place ordinaire, puisqu’il doit naturellement suivre sa préposition.

Si notre esprit en est particulièrement occupé, ou si nous voulons attirer d’une manière spéciale l’attention sur le complément indirect, nous avons toujours le droit de le changer de place. Il faut seulement bien veiller à ce que ce changement ne donne pas à la phrase une clarté moins grande ou une physionomie trop recherchée. Mais nous dirons très bien : Al mi, via patro, vi maltimas respondi tion ĉi!

À plus juste titre pouvons-nous changer la place ordinaire du complément indirect, quand il en résulte plus de liaison et de clarté dans l’expression de la pensée. Sur ce point, la phrase suivante de notre maître à tous, le docteur Zamenhof, nous offre un excellent modèle à imiter : El la dirita regulo sekvas, ke se ni pri ia verbo ne scias ĉu ĝi postulas post si, etc. Grâce au complément indirect el la dirita regulo, l’idée présentée se trouve reliée logiquement à la règle même dont on vient de parler. D’autre part, rien, après le mot sekvas, ne détourne l’esprit de l’idée suivante : ke se ni pri ia verbo ne scias. Les deux parties de la phrase sont donc plus intimement unies, sans rien perdre en clarté. Enfin la place donnée au complément indirect pri ia verbo a permis de mettre ce que nous ignorons immédiatement après le mot lui-même qui parle de notre ignorance. Là encore l’esprit n’a pas été arrêté pendant un certain temps entre la chose ignorée et l’idée même de l’ignorance. La pensée y a gagné plus de liaison logique, et les idées sont restées aussi claires que si el la dirita regulo avait été placé après sekvas et pri ia verbo après ne scias.

Place des compléments circonstantiels. — Ces compléments marquent le lieu, le temps, la manière, l’instrument, la cause, etc., de l’action, tandis que le complément indirect indique seulement à qui ou à quoi va l’action, de qui ou de quoi elle vient.

Les compléments de temps ou de lieu peuvent très bien commencer la phrase : Ex. : En la printempo la glacio kaj la neĝo fluidiĝas. — Post infekta malsano oni ofte bruligas la vestojn de la malsanulo. — En varmega tago mi amas promeni en arbaro. — Sur krutan ŝtuparon li levis sin al la tegmento de la domo. — En la ĉambro sidis nur kelke da homoj.

Pour les exemples qui précèdent, nous pouvons remarquer que, dans chaque phrase, la clarté et le sens resteraient absolument les mêmes, si le complément de lieu ou de temps se trouvait à la fin et si nous disions : La glacio kaj la neĝo fluidiĝas en la printempo. — Oni ofte bruligas la vestojn de la malsanulo post infekta malsano. — Mi amas promeni en arbaro en varmega vetero. — Li levis sin al la tegmento de la domo sur krutan ŝtuparon. — Sidis nur kelke da homoj en la ĉambro.

Mais quiconque a l’oreille délicate trouvera certainement une grande différence entre les premières et les dernières. Aussi préférera-t-il imiter celles-là, surtout dans le style soigné,

En dehors des cas analogues à ceux que nous venons de voir, les compléments de temps ou de lieu suivent le verbe auquel ils se rapportent. Ex. : Apenaŭ ŝi venis al la fonto, ŝi vidis sinjorinon, kiu eliris el la arbaro. — La soldatoj kondukis la arestitojn tra la stratoj de l’urbo. — Li staras supre sur la monto kaj rigardas malsupren sur la kampon. — Li venos dum la monato proksima.

Tous les autres compléments circonstantiels suivent également le verbe auquel ils se rapportent, à moins que, pour leur donner plus de relief, on ne les mette en tête de la phrase. Nous allons le constater dans les exemples suivants : Mia onklo ne mortis per natura morto. — Mi eksaltis de surprizo. — Se vi legos la libron po dek kvin paĝoj ĉiutage, vi… — Li eniris kun longa bastono. — Kiu okupas sin je fiziko, estas fizikisto. — Kun sia malsana mieno kaj sia voĉo tremanta de timo la infaneto ŝajnis al ni tiel kompatinda ke

Place du complément d’un nom, d’un adjectif ou d’un participe-adjectif. — Le complément d’un nom, d’un adjectif ou d’un participe-adjectif les suit toujours, Ex. : La amo al ou por Dio. — La amo de Dio. — La honto pri ou pro lia faro. — Ĝoja de la venko, li… — Timigita de tiu apero, mi forkuris.

Place de l’infinitif. — L’infinitif est en réalité un nom verbal. Aussi joue-t-il le même rôle que le nom : il est sujet, attribut ou complément. Quand l’infinitif est sujet, il suit naturellement la règle du sujet, c’est-à-dire qu’il précède ordinairement le verbe.

Ex. Voli, ke mi venu en tia vetero, estas vere pretendo tro forta. — Mi neas absolute, ke agiti tiun ĉi demandon estus malsaĝe.

Cependant il peut suivre le verbe si, à cause de l’importance qu’on leur donne, d’autres mots ont commencé la phrase.

Ex. : Honte estas mensogi. — Noble kaj glore estas morti en tiaj kondiĉoj.

Quand l’infinitif est attribut, il suit la règle de l’attribut, c’est-à-dire qu’il vient après le verbe.

Ex. : Tiel agi estus kondami vian patron.

Quand l’infinitif est complément, il suit toujours le mot dont il est complément.

Ex. : Mi volus promeni kun vi. — Oni devas manĝi por vivi, sed ne vivi por manĝi. — Li daŭrigas pretendi, ke vi... — Li devigis min kuri. — Iru kuŝiĝi. — La deziro morti. — Mi estas tre feliĉa vidi vin, sinjoro, — La inklino kontraŭdiri. — Tedita vojaĝi.

Ordre d’après la nature.

Place du nom. — Elle est assignée par le rôle qu’il joue. Selon qu’il est sujet, attribut, complément direct, indirect ou circonstantiel, on lui donne la place attribuée aux mots remplissant cet office. Nous l’avons fixée ci-dessus avec assez de détails pour n’avoir plus besoin d’y revenir.

Place de l’adjectif. — Ce mot renferme une double catégorie : les démonstratifs, les qualificatifs.

Les adjectifs démonstratifs précèdent toujours le mot qu’ils déterminent.

Ex. : Unu franko ne sufiĉas por pagi tiun ŝuldon, — Ĉiu homo povas erari. — Tian ofendon vi ne povas toleri.

Seuls les adjectifs possessifs peuvent suivre le mot qu’ils déterminent, quand on veut donner au substantif une note caressante, Ainsi une mère parlant de son fils dira mia filo, mais pour lui parler elle dira plutôt filo mia.

Les adjectifs qualificatifs précèdent ou suivent à volonté le mot qu’ils déterminent, Logique et souple, l’Esperanto ne peut imiter le principe rigide et illogique de certaines langues qui placent l’adjectif qualificatif toujours avant son substantif. Aucune raison de bon sens ne défend cette habitude, car il n’est pas plus naturel de parler de la qualité d’un être ou d’une chose avant de les nommer qu’après l’avoir fait. Dans bien des cas même toutes sortes de raisons exigeraient qu’on les nommât d’abord. Nous avons donc le droit en Esperanto de mettre l’adjectif qualificatif avant ou après son substantif, selon le plus ou moins d’importance et d’euphonie.

Ex. : La malriĉa homo meritas subtenon, ou la homo malriĉa. — Ĝentila knabeto estas servema por la maljunuloj, ou knabeto ĝentila. — Tre grandan servon vi faris al mi. — Mi vidas blankan muron tre altan kaj kovritan de musko sur ĝia supro.

Quand on veut attirer l’attention sur l’idée rendue par l’adjectif, on le met en tête du membre de phrase auquel il appartient.

Ex. : Bela, spirita, kaj aminda li plaĉis al ĉiuj. — Feliĉa vi estas, ke vi povis eviti tiun danĝeron.— Nobla sed malofta faro. — Kadukaj estaĵoj ni ne havas certecon pri unu tago de ekzisto.

Remarque. — Quand l’adjectif qualificatif cesse d’être épithète et devient attribut, sa place est fixée par son rôle. (Voir page 136.)

Place du pronom. — Qu’il soit personnel ou autre, la place du pronom est fixée par le rôle qu’il joue. Il faut donc examiner s’il est sujet, complément direct ou indirect, et lui donner la place que nous avons attribuée à ces mots.

Place du verbe. — Il se met le plus souvent après le sujet, et cette place est toujours bonne. Mais ceci ne signifie pas qu’il doit suivre immédiatement le sujet. Il peut en être séparé notamment par les qualificatifs et les compléments de ce mot et aussi par l’adverbe, comme nous le verrons ci-après.

Ex. : La lingvo internacia Esperanto, kreita de doktoro Zamenhof, estas jam uzata en la tuta mondo civilizita.

Dans une phrase incise, on peut, si on le veut, mettre le verbe avant le sujet.

Ex. : Kiam vi revenos, diris li al mi, vi finos tiun ĉi laboron.

Beaucoup de langues agissent ainsi dans les cas semblables. D’ailleurs cela ne peut donner naissance à aucune surprise ni à aucun doute pour l’esprit.

D’une façon générale, on peut encore mettre le verbe avant le sujet, quand on veut attirer tout spécialement l’attention sur l’idée qu’il exprime et lui donner du relief.

Ex. : Jen alvenas la horo de l’sukceso por la lingvo internacia. — Staris antaŭ mi pala, malgrasega, mizera knabeto.

Remarque. — Dans les phrases dépendantes, évitez de reculer le verbe régulièrement et systématiquement à la fin, comme le font les Allemands. Évitez de dire : Se via frato eliri kun mi kaj miaj amikoj ne volas, mi ne atendos pli longe, ĉar la kapricajn homojn mi ne amas. Dites plutôt : Se via frato ne volas eliri kun mi kaj miaj amikoj, mi ne atendos pli longe, ĉar mi ne amas la kapricajn homojn.

N. B. — La place du verbe à l’infinitif a été assignée plus haut, page 140.

Place du participe. — S’il forme un temps composé, soit à la voix active, soit à la voix passive, il suit le verbe être.

Ex. : Kiam vi eniris, mi estis fininta mian laboron. — Li revenos, kiam via patro estos foririnta. — Si estas amata de ĉiuj.

N’ayez jamais l’idée de renverser cet ordre, en prose, et de dire : fininta mi estis, foririnta estos via patro, amata estas de ĉiuj. Vous seriez compris quand même; mais cet arrangement bizarre et peu logique n’est certainement pas conseillable.

Si le participe est seul et joue le rôle d’adjectif qualificatif à l’égard d’un nom ou d’un pronom, il suit ordinairement ce nom ou ce pronom.

Ex. : Mi trovis lin dormantan kaj ronkantan sur la kanapo. — Rigardu tiun infanon kurantan post papilio. Homo suferanta ne aŭskultas facile.

Mais si l’on veut attirer l’attention sur le participe et lui donner plus de relief, on le met en tête du membre de phrase où il figure. Nous avons fait une remarque analogue sur l’adjectif qualificatif.

Ex. : Tedita vojaĝi mi decidis fiksi min en via lando kaj tie loĝadi ĝis mia morto. — Pikitaj kaj ofenditaj de mia riproĉo ili eĉ ne respondis al mi.

Place de l’adverbe.— A l’instar de l’adjectif dont il est, surtout en Esperanto, comme une forme invariable, l’adverbe peut se mettre avant ou après le mot qu’il détermine.

Ex. : Li severe rigardis min, ou li rigardis min severe. — La soldato tre respekte salutis la generalon kaj diris…, ou la soldato salutis tre respekte salutis la generalon.

Mais il faut éviter avec soin que la place donnée à l’adverbe soit cause d’amphibologie. Ainsi, Mi deziras ekstreme riĉigi n’est pas bon, car on ne sait à quel mot s’applique l’adverbe ekstreme. Il faut dire mi ekstreme deziras riĉigi, si c’est le désir qui est extrême, et mi deziras riĉigi ekstreme, si c’est la richesse qu’on souhaite extrême.

L’adverbe fait souvent très bon effet entre le sujet et le verbe, surtout quand le sujet est un pronom.

Ex. : Li delikate prenis la knabeton.

Les adverbes tre, tro, sufiĉe, pli, malpli, plej, iom, multe, malmulte, tiel, kiel, tiom, kiom, se placent logiquement toujours avant le mot qu’ils déterminent,

Ex. : Li tre volus veni. — Vi tro laboras. — Plimalpli frue. — Plej saĝe vi agos, se… — Iom, multe, malmulte instruita. — Tiel malavare kiel afable. — Tiom da vino kiom da akvo.

L’adverbe négatif ne doit toujours précéder le mot auquel il se rapporte ; il en est de même de nek et de nur.

Ex. : Mi ne volas. — Tion ĉi mi ne faros plu. — Li ne sole deziras sed postulas, ke vi venu. — Nur tion ĉi mi povas respondi al vi.

Comme l’adjectif et comme le participe, l’adverbe se place en tête du membre de phrase où il figure, quand on veut donner plus de force à l’idée qu’il exprime.

Ex. : Bele, noble kaj glore estas morti pro la defendo de l’justeco.

Le participe-adverbe commence le membre de phrase où il se trouve ; mais s’il a un complément direct, il peut très bien en être précédé.

Ex. : Starante ekstere, li povis vidi nur… — Ferminte la pordon, li… ou la pordon ferminte, li… — Batate de la mastro li ĵuris… — Elpelite de la domo, la knabino… — Ironte promeni, ŝi

Place de la préposition. — La logique exige qu’elle précède toujours immédiatement le complément.

Ex. : Skribu al li. — Dek sen tri faras sep. — Ili staris antaŭ la pordo kun tri amikoj.

Place de la conjonction. — La conjonction précède toujours le verbe auquel elle se rapporte, mais elle en est séparée par les mots que la logique intercale entre elle et ce dernier.

Ex. : Kiam vi foriros, kunportu tion ĉi kun vi. — Se, post la festo, iu volos viziti min, diru al ĝi, ke mi ne estas hejme.

Place des mots interrogatifs ou exclamatifs. — Tout mot interrogatif ou exclamatif commence le membre de phrase où il figure.

Ex. : Ĉu vi respondos al li ? — Kiun mi vidas tie ? — Kia malfeliĉo ! — Kiel vi povas toleri tion ĉi ?

Celui qui aura attentivement examiné notre étude sur l’ordre des mots en Esperanto ne pourra manquer de conclure avec nous que la langue du Docteur Zamenhof a triomphé d’une façon tout à fait remarquable de la difficulté qu’elle avait à résoudre. Elle rejette la construction allemande et toute autre analogue, parce que cette construction, pour ainsi dire mécanique, gêne et ralentit continuellement la pensée. Elle repousse la construction française, qu’elle trouve à bon droit peu logique et beaucoup trop rigide. Soucieuse de donner à la pensée humaine la plus grande liberté possible d’expression, elle ne va pas cependant jusqu’à imiter sur ce point les erreurs du latin, en sacrifiant la clarté de l’idée à certains effets scéniques ou à des recherches exagérées d’euphonie. Elle se contente d’être, grâce surtout à son accusatif, plus libre et plus souple dans sa marche que l’italien lui-même.