Confessions d’un ex-libre-penseur/XI

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Letouzey et Ané (p. 315-342).

XI

LA LIBRE-PENSÉE MILITANTE



franc-maçonnerie et libre-pensée. — la ligue anti-cléricale. — sa fondation. — ses principes. — son organisation. — son fonctionnement. — les testaments pour enterrements civils. — les groupes français de la ligue. — les sociétés affiliées.


On confond, quelquefois, dans le monde des catholiques, les sociétés de libres-penseurs avec celles de francs-maçons.

Il y a, cependant, entre les unes et les autres, une différence notable.

Chez les francs-maçons, c’est tout au plus si la dixième partie des adeptes connaît le véritable but secret de la secte ; au contraire, dans les sociétés de libre-pensée, tous les adhérents savent à quoi s’en tenir, au moment de l’affiliation et même avant.

En outre, le résultat final que la Franc-Maçonnerie se propose d’atteindre est tout autre que celui auquel tend la Libre-Pensée moderne. Toutes deux sont d’accord, il est vrai, pour détruire le catholisme ; mais là s’arrête cette uniformité de tendances. La Libre-Pensée moderne veut supprimer, avec le catholicisme, toutes les autres religions et ne rien mettre du tout à leur place. La Franc-Maçonnerie, elle, accepte le concours du judaïsme et du protestantisme pour lutter contre la religion catholique romaine ; enfin elle a un dogme, une croyance, des rites ; en un mot, elle est une véritable religion secrète avec un culte mystérieux.

Selon le dogme maçonnique, dont la révélation progressive est donnée aux initiés à partir du grade de Maître, il existe un Dieu, organisateur (et non créateur) des mondes, lequel mérite les hommages de l’humanité ; mais ce Dieu n’est pas celui qu’adorent les chrétiens. Dans ses Chapitres et Aréopages, ou Loges des hauts-grades, la Franc-Maçonnerie enseigne que la Bible a interverti les rôles des puissances surnaturelles, et c’est pourquoi la secte prétend rétablir la vérité. À l’en croire le Dieu des catholiques n’est qu’un mauvais principe, un génie malfaisant. jaloux, barbare, un tyran immatériel, ennemi acharné du bonheur des hommes ; par contre, Lucifer, son antagoniste, est le génie du bien, le principe vertueux et sage, l’esprit de liberté, l’ami de la race humaine, et c’est lui le vrai Dieu. Aussi, dans les Arrière-Loges, Lucifer, censément père de Caïn, de Chanaan et d’un certain Hiram, est adoré par les francs-maçons sous les divers titres d’Être Suprême, Dieu-Nature, et Grand Architecte de l’Univers.

En résumé, la Libre-Pensée moderne est athée, acceptant au besoin les sceptiques qui, s’ils ne nient pas Dieu, du moins ne s’en préoccupent nullement ; quant à la Franc-Maçonnerie, elle est essentiellement démonolâtre.

Pour cacher leur jeu, les francs-maçons déclarent parfois que les titres, adoptés par eux, d’Être Suprême, Dieu-Nature et Grand Architecte, sont simplement des formules générales imaginées dans un but de tolérance pour permettre à l’association de grouper chez elle les hommes de religions diverses. La vérité est que la secte accueille, pour la première initiation, les incroyants et les croyants de n’importe quel culte : mais, d’autre part, elle laisse dans les Loges des degrés inférieurs les sceptiques et les chrétiens qui ne paraissent pas disposés à accepter son dogme travesti ; en ce qui concerne les athées, si quelqu’un d’entre eux se permet, même en dehors des Loges, d’attaquer le Grand Architecte, il est immédiatement exclu de l’association.

Il ne faudrait pas, toutefois, conclure de ce qui précède que la Franc-Maçonnerie est indifférente à l’action des sociétés de libres-penseurs. Non certes ! Elle les considère comme des auxiliaires dans sa lutte contre le catholicisme ; mais voilà tout.

Elle est assez habile pour glisser quelques-uns de ses adeptes dans les sociétés de cette espèce ; cela lui permet d’utiliser leur zèle anti-clérical et même de le diriger, à l’insu de tous, principalement dans les circonstances où elle a besoin d’agir sans se compromettre. Seulement, elle veille, avec un soin particulier, à ce que ces sociétés de libre-pensée demeurent isolées les unes des autres : à ses yeux, toute fédération de groupes matérialistes est une puissance rivale, et elle emploie, dans l’ombre, ses plus persistants efforts à la désagréger. Que de révélations je ferais à ce sujet si elles n’étaient pas d’un intérêt très secondaire !

Maintenant que le lecteur s’est rendu un compte exact de la différence existant entre la Franc-Maçonnerie et ce que l’on appelle de nos jours la Libre-Pensée, je vais parler de la vaste association d’athées et de sceptiques qui est connue sous le nom de Ligue Anti-Cléricale.

En 1881, le 13 juillet, — on ne l’a pas oublié, sans doute, — une émeute se produisit à Rome, à propos de la translation des restes de Pie IX. Les Loges romaines avaient excité quelques ouvriers des faubourgs, qui, se soulevant à leur instigation, tentèrent de jeter au Tibre le cercueil du souverain pontife. La force armée, à raison de la loi des garanties, ne put se dispenser d’intervenir, et la tentative sacrilège des émeutiers n’aboutit pas.

Mais, en constatant quelle avait été l’ardeur des malheureux égarés de la classe ouvrière, la Franc-Maçonnerie italienne se dit que le concours des fanatiques violents pourrait être utilisé en d’autres occasions. On décida donc que des groupes militants seraient constitués sous le nom de Cercles Anti-Cléricaux ; ces groupes se composeraient surtout des libres-penseurs que la secte, à raison de leur position sociale inférieure, n’admet pas dans ses Loges, et quelques initiés, servant d’inspirateurs secrets, seraient glissés parmi eux.

Ce projet fut exécuté.

En quelques jours, dix cercles furent créés à Rome, et l’organisation s’étendit au reste de l’Italie.

Avisé par Garibaldi de la formation de ces groupes, sans que toutefois le caractère maçonnique des organisateurs me fût d’abord révélé, je résolus à mon tour de provoquer, en France, la création de sociétés militantes semblables.

Mon initiative fut approuvée par les chefs du parti anti-clérical italien, avec qui j’étais en correspondance. Je me mis à l’œuvre, à l’époque du Congrès parisien de la Libre-Pensée, dont j’ai parlé dans un des chapitres précédents.

Mais je m’aperçus bientôt que j’avais mal compris le sens des instructions reçues. En effet, tandis qu’en Italie on organisait les groupes anti-cléricaux sous la direction secrète du Grand Orient et en les tenant isolés les uns des autres, l’organisation française, dont j’étais le promoteur, se faisait en dehors de toute ingérence de la Franc-Maçonnerie et sous forme de fédération indépendante.

Garibaldi, qui était alors Grand Maître de la Franc-Maçonnerie italienne, approuva néanmoins la Ligue française. Par contre, le Grand Orient de France la vit de mauvais œil, et je fus en butte à ses vexations ; en octobre, je me séparai de la secte maçonnique.

On s’étonnera peut-être de ce que, dans ces conditions, Garibaldi ait continué à correspondre avec moi. Je dois donc, pour éclaircir ce point, expliquer que le général était en quelque sorte un franc-maçon honoraire, dont le nom servait de drapeau à ses collègues du Grand Orient d’Italie ; le véritable chef était M. Adriano Lemmi, qui est aujourd’hui Grand Maître en titre et président du Comité Central Anti-Clérical de Rome. Celui-ci se refroidit à mon égard, dès mes démêlés avec le Grand Orient de France.

N’importe, rebelle à toute domination occulte, je travaillais avec plus d’ardeur que jamais à créer des groupes, je mettais tous mes soins à les placer dans une indépendance absolue, je réussissais enfin à les fédérer en dehors de toute action maçonnique.

Au bout de sept mois, vingt-trois groupes français étaient constitués. En février 1883, ils étaient au nombre de cent-deux. Enfin, à l’époque de ma conversion, la fédération française se composait de cent-trente-huit sociétés unies directement les unes aux autres, sans compter cent-quarante-trois groupes adhérents et en correspondance ; les sociétés directement liguées et formant « l’Union de France » représentaient au total dix-sept mille adhérents environ. La Commission Centrale siégeait à Paris.

Le 15 août 1882, une ligue espagnole se créa sur le modèle de la fédération française, avec siège central à Barcelone.

En ces derniers temps, une quatrième ligue se fonda dans l’Amérique du Sud, avec siège central à Guatemala.

Toutes ces ligues, — Union d’Italie, Union de France, Union d’Espagne et Union du Sud-Amérique, — correspondent entre elles, malgré leur diversité d’organisation. Elles ont un mot secret, changé chaque année, auquel les ligueurs des différents pays se reconnaissent, quand le hasard ou leurs relations les mettent en présence ; ce mot de reconnaissance est le seul mystère de l’association.

À l’inverse de la Franc-Maçonnerie, les groupes de la libre-pensée militante opèrent au grand jour ; chez ceux-ci, au lieu de dissimuler, on fait œuvre d’audace. La lutte des ligueurs contre la religion est évidemment abominable ; mais elle n’est pas hypocrite. Les ligueurs sont les enfants perdus de l’anti-cléricalisme ; dévorés par une rage aveugle, ils s’élancent, à front découvert, à l’assaut de l’Église, ne comptant pas les coups qu’ils donnent ni ceux qu’ils reçoivent, extravagants à force d’aveuglement, fanatiques d’impiété.

On jugera la Ligue Anti-Cléricale par les huit premiers articles de sa Constitution.


PRINCIPES FONDAMENTAUX
DE LA
LIGUE ANTI CLÉRICALE
(Union de France.)
ARTICLE PREMIER.

La Ligue Anti-Cléricale, institution essentiellement socialiste, proclame la nécessité urgente d’améliorer le sort des classes laborieuses, à tous les points de vue.

Elle reconnaît qu’une force puissante, le cléricalisme, a réussi jusqu’à présent à grouper les divers intérêts opposés aux intérêts des travailleurs, et que cette force est ainsi le principal obstacle à tout progrès social.

En conséquence, la Ligue Anti-Cléricale est constituée dans le but de combattre, sans relâche, et avec toute l’énergie possible, les idées superstitieuses, de quelque nature qu’elles soient, et leurs propagateurs.

Art. 2

La Ligue Anti-Cléricale n’admet aucun dogme, ni aucun culte, ni aucun rite. Elle repousse toute croyance à une divinité quelconque, et proscrit toute désignation d’un être surnaturel.

Art. 3

La Ligue Anti-Cléricale reçoit dans son sein tous les démocrates socialistes, sans distinction d’écoles ou de systèmes ; il lui suffit que ses adhérents travaillent à l’émancipation du peuple.

C’est pourquoi la Ligue Anti-Cléricale ne se prononce en faveur d’aucune école ni d’aucun système socialistes.

Art. 4

Peuvent adhérer à la Ligue Anti-Cléricale les membres des sociétés de libre-pensée, et en général les membres de toutes associations repoussant la croyance à un Dieu créateur ou régulateur de l’univers.

Art. 5

La devise de la Ligue Anti-Cléricale est : Agis comme tu penses.

En conséquence, la Ligue Anti-Cléricale exige que chacun de ses adhérents ait le courage de son opinion ; car nul ne peut se dire honnête homme s’il ne met sa vie en accord avec ses principes, et, mépriser ses actes, c’est se mépriser soi-même.

Art. 6

La Ligue Anti-Cléricale considère, en outre, que le bien ne saurait être indépendant du vrai, lequel est seulement donné par la science ; que la morale progressive et scientifique doit être définitivement séparée de dogmes surannés que la raison condamne ; que les doctrines religieuses sont d’essence malhonnête, vu que, pour diriger l’homme, elles mettent en œuvre les plus indignes mobiles : la cupidité et la peur ; que la communion d’idées entre l’homme et la femme peut seule fonder la famille ; que donner à l’enfant une science et une foi négatives l’une de l’autre, c’est opposer le cœur à la raison, fausser le jugement, troubler la conscience, anéantir la volonté ; que le triomphe des sociétés nouvelles est assuré à la condition expresse que les défenseurs de l’avenir ne livreront plus aux défenseurs du passé leurs femmes, leurs enfants et leurs propres personnes ; que plusieurs citoyens proclament ces vérités, mais que, faute de s’assurer fermement dans leurs convictions et d’en faire la règle inviolable de leur conduite, ils donnent sans cesse par leurs actes un démenti à leurs paroles ; que cette faiblesse a pour conséquence l’abaissement des caractères et l’obscurcissement des consciences ; que, de concessions en concessions, on en vient à perdre toute notion de justice, à transformer sa vie en un perpétuel mensonge, et à tomber dans une indifférence honteuse, prête à toutes les apostasies et à toutes les bassesses ; que la communauté haute d’action, donnant à tous exemple, soutien et forcé, peut seule rendre facile la lutte d’une vie rationnelle contre le préjugé, l’habitude et l’égoïsme.

Pour ces motifs, la Ligue Anti-Cléricale impose à tous ses adhérents le devoir de rompre en fait avec toutes les doctrines qu’ils rejettent en principe et l’engagement de ne jamais recevoir aucun sacrement d’aucune secte ni d’aucune religion : pas d’initiation religieuse à la naissance, pas de cérémonie religieuse au mariage, pas de prêtre à la mort.

La Ligue Anti-Cléricale constitue donc un groupement de forces libres-penseuses et socialistes ayant pour loi la science, pour condition la solidarité et pour objectif la justice.

Art. 7

La Ligue Anti-Cléricale s’occupe de protéger la jeunesse contre les superstitions et leurs adeptes.

Les membres de la Ligue doivent, par tous les moyens en leur pouvoir, aider au placement et à l’instruction des enfants de familles ouvrières.

Art. 8

La Ligue Anti-Cléricale, ne reconnaissant aucune prééminence de classe, recommande à ses adhérents l’union la plus étroite contre le cléricalisme et contre toute puissance politique ou sociale opprimant le peuple.


C’est bien là le programme de la libre-pensée nettement militante.

Quant à l’organisation de la Ligue ; elle n’est pas compliquée.

La Ligue se compose d’adhérents des deux sexes ; leur nombre est illimité.

Les adhérents se répartissent en groupes distincts. Plusieurs groupes peuvent exister dans une même ville.

Chaque groupe s’administre lui-même. Son autonomie est complète et absolue.

L’ensemble des groupes fonctionnant en France et en Algérie constitue l’Union de France. Le siège central de l’Union dé France est à Paris.

L’Union de France est administrée par une Commission Centrale de dix membres, à l’élection de laquelle participent tous les groupes français et algériens.

Cette Commission Centrale est entièrement renouvelable chaque année ; ses pouvoirs expirent le 29 juillet ; ses membres peuvent toujours être réélus. C’est ainsi que j’ai été constamment élu membre et secrétaire général de la Commission Centrale de là Ligue depuis le début jusqu’à ma conversion.

C’est cette Commission Centrale qui organise les groupes nouveaux, qui correspond avec les Unions des autres pays, qui veille à ce que les procès-verbaux des sociétés fédérées reçoivent une publicité régulière et suffisante, et qui, enfin, emploie tous ses efforts à assurer la bonne harmonie entre les groupes, — ce qui n’est pas toujours une tâche des plus commodes.

Pour être reçu membre de la Ligue Anti-Cléricale, il faut :

1° Être âgé de vingt-un ans accomplis, ou mineur autorisé par son père ou son tuteur ;

2° Résider dans le département où est situé le groupe auquel on désire appartenir ou dans un rayon de cent kilomètres ;

3° Avoir de bonnes mœurs et vivre du produit de son travail ;

4° Etre agréé par le groupe auquel on se présente et par la Commission Centrale Administrative.

« Avoir de bonnes moeurs », dans le langage de la libre-pensée, n’implique pas l’obligation d’être muni d’un contrat de mariage. L’union libre est considérée comme parfaitement morale, du moment qu’elle dure depuis un certain nombre d’années. Toutefois, il faut rendre à la Ligue cette justice ; c’est qu’elle ne va pas, comme la Franc-Maçonnerie, jusqu’à admettre des proxénètes dans son sein.

Quant à « vivre du produit de son travail », cela ne suppose pas l’obligation d’une existence soutenue par un travail quotidien. Le rentier est fort bien reçu ligueur ; mais il faut qu’il ait acquis lui-même par son travail le capital dont la rente pourvoit à ses besoins.

Chaque groupe de la Ligue a un nom distinctif et un règlement particulier. Le groupe parisien dont je faisais partie s’appelait le Groupe Garibaldi. Au 17 novembre 1884, il se composait de : 10 membres d’honneur ; 1 membre donateur ; 165 membres actifs habitant Paris ; et 558 membres correspondants ; soit, 734 membres.

Les formalités d’admission varient suivant les règlements particuliers des divers groupes, mais elles sont toujours des plus simples. En général, quand un libre-penseur désire s’affilier à la Ligue, il vient d’abord assister à une ou deux séances d’un groupe, pour voir si la société lui convient ; après quoi, il se fait présenter par un ligueur ; il subit un interrogatoire, fournit son casier judiciaire, déclare les actes qui sont à son actif de libre-penseur (tels que : ne pas avoir fait baptiser ses enfants, avoir décidé sa femme à ne plus aller à l’église, avoir organisé des enterrements civils ou des conférences anti-cléricales dans sa commune, etc.) ; enfin, après qu’une commission d’enquête a vérifié l’exactitude de ses déclarations, le groupe vote sur l’admission du candidat, lequel n’est pas présenté avec les yeux bandés, comme dans la Franc-Maçonnerie, et n’est pas non plus soumis à des épreuves. À ma connaissance, il y a deux groupes, cependant, l’un dans le Calvados, l’autre dans le Nord, qui imposent une épreuve à leurs récipiendaires (obligation de fouler aux pieds un crucifix) ; mais c’est là, dans la Ligue, un fait isolé.

En tout cas, nulle part les ligueurs ne font mystère de leur impiété ; partout ils admettent à leurs séances les étrangers qui désirent y assister.

Les groupes communiquent entre eux d’une manière très fréquente, soit par correspondance, soit par invitation réciproque à l’occasion des fêtes. Leurs membres se visitent dans leurs voyages.

En outre, dans la Ligue, on se vient mutuellement en aide, en cas d’indigence. L’article 41 du Règlement Général est ainsi conçu : « Quand un groupe est impuissant à soulager l’infortune d’un des siens, le secrétaire doit en informer tous les autres groupes sans exception. Chaque groupe, alors, a le devoir de donner suivant ses moyens. Si peu qu’un groupe donne, c’est beaucoup, du moment que chaque fraction de la Ligue témoigne sa solidarité envers le frère malheureux. » J’ai vu, ainsi, des ménages d’ouvriers, brusquement assaillis par la misère, recevoir, en moins d’un mois, de cent-cinquante à deux cents francs de secours. J’ai dit les exagérations des ligueurs ; je dois faire connaître leurs bonnes qualités. Si, dans la libre-pensée, on a plus de violence que chez les sectaires des Loges, du moins, on n’est pas rongé par cet égoïsme sec qui est le signe caractéristique du franc-maçon.

Par exemple, le grand souci de la Ligue Anti-Cléricale, c’est la multiplicité des enterrements civils.

Chaque adhérent est tenu, le jour de son admission, de signer un testament dont voici le texte exact :


Je soussigné, membre actif de la Ligue Anti-Cléricale, étant en parfaite santé et jouissant de la plénitude de mes facultés, déclare, sans aucune réserve, que les principes anti-cléricaux de la Ligue sont absolument les miens. En conséquence, vivant en libre-penseur, je désire être enterré de même, c’est-à-dire sans le concours d’aucun ministre d’aucun culte. Ma volonté à ce sujet est expresse ; les testaments, que je pourrais faire postérieurement à celui-ci et qui ne contiendront que les clauses relatives à la disposition de mon avoir, n’annuleront pas le présent.

Pour le cas où quelqu’un de ma famille s’opposerait à l’exécution de mes volontés anti-cléricales, je le déclare, d’ores et déjà, déchu, pour ce seul fait, de tous droits sur mon héritage, sans que néanmoins son opposition puisse aboutir.

Je prie mes amis et collègues de la Ligue et notamment les citoyens (ici les noms de trois ou quatre citoyens du groupe auquel on appartient), de vouloir bien veiller à l’exécution du présent acte, et je les nomme mes exécuteurs testamentaires, avec la mission spéciale de le faire exécuter très fidèlement par tous les moyens de droit.

Enfin, considérant que le caractère purement civil de mes obsèques fera réaliser une économie que j’évalue à (indication de la somme économisée par la suppression des frais de l’église), je désire que cette somme profite à la caisse de (indication soit d’une œuvre laïque de bienfaisance, soit d’une société républicaine anti-cléricale), à qui je la lègue sans aucun frais.


Cette dernière clause a été introduite dans les testaments de la Ligue pour leur donner une valeur légale, attendu qu’un testament ne contenant aucune disposition pécuniaire quelconque peut être tenu pour acte sans importance par les tribunaux civils.

Au moment où j’ouvris enfin les yeux à la lumière, après dix-sept années d’aveuglement, les groupes de la Ligue Anti-Cléricale étaient les suivants (je ne nommerai aucun de leurs membres, cet ouvrage laissant de côté les personnalités) :


Sociétés directement liguées :

Alger, Algérie. — La Libre-Pensée d’Alger.

Amboise, Indre-et-Loire. — La Solidarité, union fraternelle du canton d’Amboise.

Albi, Tarn. — L’Ère Nouvelle.

Amiens, Somme. — La Démocratie Anti-Cléricale.

Arles, Bouches-du-Rhône. — Groupe Hétérodoxe.

Albertville, Savoie. — La Libre-Pensée d’Albertville.

Ambérieu, Ain. — Groupe Jules Pellaudin.

Aïn-Touta, Algérie. — La Libre-Pensée d’Aïn-Touta.

Annecy, Haute-Savoie. — La Libre-Pensée d’Annecy.

Angers, Maine-et-Loire. — La Décentralisation.

Aïn-el-Hadjar, Algérie. — L’Avenir.

Batna, Algérie. — L’Avenir du Peuple.

Bordeaux, Gironde. — La Libre-Pensée de Bordeaux.

Bordeaux, Gironde. — Justice et Solidarité.

Bourg, Ain. — Groupe Edgar Quinet.

Beaurepaire, Isère. — Les Ennemis de l’Imposture.

Belfort, Haut-Rhin. — Les Défenseurs de la Liberté.

Boudes, Puy-de-Dôme. — Le Paysan Anti-Clérical.

Brouvelieures, Vosges. — Les Assidus au Travail.

Besançon, Doubs. — La Libre-Pensée de Besançon.

Beauvais, Oise. — Les Athées de Beauvais.

Bonny, Loiret. — La Libre-Pensée de Bonny-sur-Loire.

Béziers, Hérault. — Les Irréconciliables.

Chambéry, Savoie. — La Conscience Affranchie.

Carouge, Suisse française (canton de Genève). — La Libre-Pensée de Carouge.

Cherbourg, Manche. — L’Émancipation Cherbourgeoise.

Constantine, Algérie. — Groupe Démosthène.

Constantine, Algérie. — Le Progrès de la Jeunesse.

Claudon, Vosges. — Groupe Chaumette.

Djidjelli, Algérie. — L’Instruction Laïque.

Digne, Basses-Alpes. — La Fédération Progressiste.

Druillat, Ain. — L’Union des Cultivateurs.

Denain, Nord. — La Libre-Pensée Denaisienne.

Étampes, Seine-et-Oise. — La Libre-Pensée d’Étampes et des Environs.

Flesselles, Somme. — La Libre-Pensée Militante.

Garéoult, Var. — Les Redoutables.

Gommecourt, Seine-et-Oise. — Les Riverains de l’Epte et de la Seine.

Gien, Loiret. — La Libre-Pensée de Gien.

Hautmont, Nord. — Groupe Marat.

Homps, Aude. — Groupe Barbès-Égalité.

Hellemmes, Nord. — La Philosophie Hellemoise.

Joyeuse, Ardèche. — La Libre-Pensée de Joyeuse.

Kouba, Algérie. — Groupe Denfert-Rochereau.

Lyon, Rhône. — Ni Dieu ni Prêtres, groupe rationaliste de la Morale Positive.

Lyon, Rhône. — La Vérité Matérialiste.

Lyon, Rhône. — L’Avenir Socialiste.

La Seyne, Var. — La Libre-Pensée de la Seyne.

La Ferté-sous-Jouarre, Seine-et-Marne. — La Libre-Pensée de la Ferté-sous-Jouarre.

Liancourt, Oise. — Les Fils de Quatre-Vingt-Treize.

La Grand’Combe, Gard. — L’Avenir des Prolétaires.

Lille, Nord. — La Philosophie Lilloise.

Lille, Nord. — Les Solidaires.

La Couture-Boussey, Eure. — Groupe Industriel.

La Tour-du-Pin, Isère. — Groupe Baudin.

Lisieux, Calvados. — Groupe Voltaire.

Lempire, Aispe. — Groupe Gambetta.

L’Escale, Hautes-Alpes. — Le Réveil des Alpes.

Lunel, Hérault. — L’Avant-Garde Républicaine.

Lodève, Hérault. — Groupe Barra.

La Bourine, Bouches-du-Rhône. — La Vengeance.

L’Isle-sur-Sorgue, Vaucluse. — Ni Dieu ni Maître.

Les Lilas, Seine. — La Libre-Pensée des Lilas.

Les Issers, Algérie. — La Libre-Pensée des Issers.

La Ferté-Loupière, Yonne. — L’Union Anti-Cléricale de la Ferté-Loupière.

La Nouvelle, Aude. — La Libre-Pensée de la Nouvelle.

Lésignan, Aude. — Groupe Camille Desmoulins.

Langres, Haute-Marne. — La Libre-Pensée Langroise.

Lagnes, Vaucluse. — Groupe Raspail.

Laigle, Orne. — Les Éclaireurs de la Liberté.

Le Mans, Sarthe. — La Libre-Pensée du Mans.

Marseille, Bouches-du-Rhône. — La Pensée-Libre.

Mirabeau-Tarelle, Basses-Alpes. — Groupe Ça Ira !

Malvillers, Haute-Saône. — Les Admirateurs de Voltaire.

Moux, Aude. — Groupe Victor Hugo.

Meung-sur-Loire, Loiret. — Groupe des Communes.

Mostaganem, Algérie. — Les Vrais Penseurs.

Mesnil, Marne. — Le Soutien du Vrai.

Mouy, Oise. — La Pensée-Libre de Mouy.

Monceau-les-Leups, Aisne. — Groupe Rouget de l’Isle.

Maurs, Cantal. — La Libre-Pensée de Maurs.

Mougins, Alpes-Maritimes. — Groupe d’Alembert.

Montpellier, Hérault. — Groupe Saint-Just.

Mézeriat, Ain. — Les Vengeurs de Baudin.

Montataire, Oise. — La Pensée-Libre de Montataire.

Mirepoix, Ariège. — La Libre-Pensée de Mirepoix.

Méru, Oise. — Groupe Jean Meslier.

Nantes, Loire-Inférieure. — Groupe Guépin.

Nantes, Loire-Inférieure. — La Sentinelle de l’Avenir.

Nîmes, Gard. — L’Étendard Révolutionnaire.

Nogent, Haute-Marne. — Les Émules de Diderot.

Neuville-sur-Ain, Ain. — Ni Dieu ni Diable.

Oran, Algérie. — La Jeune France.

Oran, Algérie. — La Libre-Pensée Oranaise.

Orléansville, Algérie. — Groupe Marceau.

Paris, Seine. — Groupe Garibaldi.

Paris, Seine. — Groupe Diderot.

Paris, Seine. — L’Union des Travailleurs.

Paris, Seine. — Groupe des Athées.

Panissière, Loire. — Toujours Libres !

Philippeville, Algérie. — La Libre-Pensée de Philippeville (anciennement : Groupe Robespierre).

Poitiers, Vienne. — Groupe Galilée.

Palaiseau, Seine-et-Oise. — La Libre-Pensée de Palaiseau.

Pantin, Seine. — La Libre-Pensée de Pantin.

Persan, Seine-et-Oise. — Groupe Delescluze.

Rouen, Seine-Inférieure. — Guerre à la Superstition !

Reims, Marne. — Groupe Matérialiste.

Rivesaltes, Pyrénées-Orientales. — La Libre-Pensée de Rivesaltes.

Roquevaire, Bouches-du-Rhône. — La Vengeance Radicale.

Romilly-sur-Seine, Aube. — La Libre-Pensée de Romilly.

Roanne, Loire. — La Libre-Pensée de Roanne.

Souk-Arrhas, Algérie. — La Vraie Justice.

Sauzé-Vaussais, Deux-Sèvres. — Fais ce que dois !

Samois, Seine-et-Marne. — L’Union des Peuples.

Sucy-en-Brie, Seine-et-Oise. — L’Union Fraternelle.

Sépeaux, Yonne. — Que la Lumière soit !

Songeons, Oise. — Les Francs Picards.

Souillac, Lot. — La Libre-Pensée de Souillac.

Saint-Désir-de-Lisieux, Calvados. — Les Enfants de la Liberté.

Saint-Martin-de-Sénozan, Saône-et-Loire. — Les Peuples Libres.

Saint-Étienne, Loire. — La Libre-Pensée de Saint-Étienne.

Saint-Nazaire, Aude. — Groupe Michelet.

Saint-Quentin, Aisne. — La Libre-Pensée de Saint-Quentin.

Saint-Leu-Taverny, Seine-et-Oise. — Groupe La Barre.

Toulon, Var. — L’Union Anti-Cléricale de Toulon.

Toulon, Var. — Groupe Blanqui.

Thouars, Deux-Sèvres. — Les Défenseurs de la Jeunesse.

Toulouse, Haute-Garonne. — Groupe Louis Blanc.

Trévoux, Ain. — La Libre-Pensée de Trévoux.

Torcieu, Ain. — Groupe Roselli-Mollet.

Uriménil, Vosges. — L’Avenir des Vosges

Villeneuve-sur-Yonne, Yonne. — La Solidarité.

Villefranche-sur-Saône, Rhône. — Morale et Solidarité.

Venteuil, Marne. — Les Amis du Progrès.

Villeneuve-lès-Béziers, Hérault. — Groupe Molière.

Varambon, Ain. — Les Destructeurs des Préjugés.

Valenciennes, Nord. — Les Enfants de Voltaire.

Valence, Drôme. — La Libre-Pensée de Valence.

Versailles, Seine-et-Oise. — La Libre-Pensée de Versailles.

Wacquemoulin, Oise. — Groupe Arnauld de Brescia.


Sociétés simplement affiliées.


Les sociétés simplement affiliées portent, en général, le titre de « Libre-Pensée » de la commune où est situé le siège central ; il est rare qu’elles aient un autre nom distinctif.

Je me bornerai donc à indiquer les communes où résident les sociétés de ce genre, sauf à signaler entre parenthèses celles qui ont un titre particulier :

Asnières, Seine. — Arzew, Algérie. — Argenteuil, Seine-et-Oise. — Auxerre, Yonne. — Aubervilliers, Seine. — Arles, Bouches-du-Rhône. — Avignon, Vaucluse. — Angoulême, Charente. — Aix, Bouches-du-Rhône. — Appoigny, Yonne. — Arbois, Jura.

Bône, Algérie. — Bordeaux, Gironde (Ligue Girondine de Propagande Anti-Cléricale). — Briare, Loiret. — Bonneville, Haute-Savoie. — Beauvais, Oise. — Brienon, Yonne. — Boulogne, Seine. — Brie-Comte-Robert, Seine-et-Marne. — Boufarik, Algérie. — Blidah, Algérie. — Ben-N’Choud, Algérie.

Cette, Hérault. — Cette, Hérault (L’Indépendante). — Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme. — Charbuy, Yonne. — Châlon-sur-Saône, Saône-et-Loire. — Château-Thierry, Aisne. — Courbevoie, Seine (L’Anti-Religieuse). — Carcès, Var (L’Union Républicaine). — Cannes, Alpes-Maritimes. — Creil, Oise. — Cazouls-lès-Béziers, Hérault. — Corbeil, Seine-et-Oise. — Condé, Nord. — Chateauneuf, Charente. — Crau d’Hyères, Var. — Cognac, Charente. — Chablis, Yonne. — Charleville, Ardennes. — Castiglione, Algérie. — Charleville, Ardennes (La Propagande Anti-Cléricale). — Chéragas, Algérie. — Cheny, Yonne. — Châlons-sur-Marne, Marne.

Dunkerque, Nord. — Draguignan, Var.

Écouen, Seine-et-Oise. — Ervy, Aube. — Étourvy, Aube. — Elve, Pyrénées-Orientales. — Épernay, Marne.

Fère-en-Tardenois, Aisne. — Fuveau, Bouches-du-Rhône (Le Progrès). — Fleury, Yonne.

Guerchy, Yonne. — Gaillon, Eure. — Guise, Aisne. — Gaillac, Tarn. — Graulhet, Tarn. — Garancières, Eure. — Guyotville-Staouëli, Algérie (La Solidarité). — Gassin, Var (Les Libres-Penseurs du Golfe).

Hénin-Liétard, Pas-de-Calais.

Ivry, Seine.

Le Hâvre, Seine-Inférieure. — Loches, Indre-et-Loire. — Lézignan, Aude. — La Madeleine-lès-Lille, Nord. — Lille, Nord (L’Égalité). — Lille, Nord (Les Penseurs Libres). — Le Creusot, Saône-et-Loire. — La Seyne, Var (Les Montagnards). — Levallois-Perret, Seine. — Lagny, Seine-et-Marne. — Limoges, Haute-Vienne (L’Union Démocratique des Travailleurs). — Limoges, Haute-Vienne (L’Union fédérative ouvrière). — La Chapelle-Vieille-Forêt, Yonne.

Marseille, Bouches-du-Rhône. — Mâcon, Saône-et-Loire. — Mantes, Seine-et-Oise. — Montargis, Loiret. — Mirefleurs, Puy-de-Dôme. — Morey, Loir-et-Cher. — Maisons-Laffitte, Seine-et-Oise (l’Union Démocratique des Libres-Penseurs). — Mallemort, Bouches-du-Rhône. — Mèze, Hérault. — Meaux, Seine-et-Marne. — Montrieux, Loir-et-Cher. — Mer, Loiret-Cher. — Montrésor, Indre-et-Loire. — Montchanin-les-Mines, Saône-et-Loire.

Nantes, Loire-Inférieure. — Neuilly-sur-Seine, Seine. — Nice, Alpes-Maritimes. — Nîmes, Gard (Cercle de la Bourse). — Nolay, Côte-d’Or. — Nouzon, Ardennes. — Nogent-le-Rotrou, Eure-et-Loir.

Orléans, Loiret.

Paris, Seine (L’Égalité). — Pâlis, Aube (L’Union des Libres-Penseurs). — Puteaux, Seine. — Parc-Saint-Maur, Seine. — Paulhan, Hérault. — Port-Marly, Seine-et-Oise. — Poligny, Jura. — Pontoise, Seine-et-Oise. — Poissy, Seine-et-Oise.

Quillan, Aude.

Reims, Marne. — Rouen, Seine-Inférieure. — Roubaix, Nord. — Rive-de-Gier, Loire (L’Union Démocratique). — Rueil, Seine-et-Oise.

Saumur, Maine-et-Loire. — Sèvres, Seine-et-Oise. — Saint-Aubin-sur-Gaillon, Eure. — Saint-Junien, Haute-Vienne. — Saint-Denis, Seine (L’Union Démocratique Italienne). — Saint-Denis, Seine (Les Amis du Progrès). — Saint-Ouen, Seine. — Sens, Yonne. — Saint-Germain-en-Laye, Seine-et-Oise (L’Anti-Religieuse). — Saint-Pierre-lès-Calais, Pas-de-Calais. — Saint-Amand, Cher. — Saint-Julien, Haute-Savoie. — Sedan, Ardennes. — Saint-Florentin, Yonne. — Saintes, Charente-Inférieure. — Saint-Amant-de-Boixe, Charente. — Saint-Vallier, Drôme.

Toulouse, Haute-Garonne. — Tulle, Corrèze. — Toulon, Var (Les Travailleurs). — Toulouges, Pyrénées-Orientales (Cercle Victor Hugo). — Tours, Indre-et-Loire. — Taingy, Yonne. — Trets, Bouches-du-Rhône. — Toucy, Yonne.

Urzy, Nièvre.

Villefranche-sur-Saône, Rhône. — Vincennes, Seine. — Valence, Drôme (L’Union Fraternelle Laïque). — Vernon, Indre-et-Loire. — Villecien, Yonne. — Vanves, Seine. — Vendôme, Loir-et-Cher.


J’ignore absolument si, depuis ma retraite, le contingent de la Ligue Anti-Cléricale s’est augmenté ou diminué. J’avoue que la situation de cette vaste société m’a laissé et me laisse tout à fait indifférent.

Néanmoins, je dois faire ici une simple remarque :

Selon les usages, la Ligue avait chaque année un congrès général obligatoire. En 1884, il s’était tenu à Lyon ; en 1885, à Rome ; et, en 1886, il devait avoir lieu à Barcelone. Or, cette année 1886 s’est écoulée sans que j’aie entendu parler de ce congrès ; et, comme les réunions de ce genre ne se font pas à huis-clos, mais au contraire à grand renfort de publicité, j’en conclus que mes anciens collègues français ne se sont rendus ni en Espagne, comme cela avait été projeté, ni ailleurs.

Si ma conversion est pour quelque chose dans ce désarroi, j’en remercie Dieu. Ce serait le signe que l’irréligieuse organisation, dont je suis l’un des plus coupables fondateurs, s’est en partie écroulée avec mon impiété.