Contes populaires d’Afrique (Basset)/113

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 289-292).

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HISTOIRE DE TANGALIMILINGO[1]


Quelques garçons sortirent pour chasser du gibier. Il arriva, lorsqu’ils furent parvenus à la forêt, qu’ils trouvèrent du gibier en abondance. Ils chassèrent et en tuèrent beaucoup : à savoir des lapins, des antilopes de roseaux, des poules de Guinée, des perdrix et des antilopes de forêt.

Ils se dirent :

— Allons à notre hutte et préparons-y la viande.

Ils y arrivèrent et s’y assirent. D’autres gens vinrent aussi à la place où ils étaient : des chasseurs comme eux. Ils restèrent tous au même endroit, coupèrent des bâtons à feu et l’allumèrent.

Alors vint un léopard qui saisit une partie de la chair d’une antilope de roseaux qu’ils avaient avec eux.

Là-dessus, quelques hommes s’élancèrent pour donner la chasse au léopard. Pendant ce temps, arriva un élan qui mangea tout le gibier. Lorsque les hommes eurent poursuivi le léopard sans succès, ils se décidèrent à revenir. En arrivant à leur lieu de halte, ils trouvèrent que tout le gibier avait disparu.

— Qui a mangé la viande ? dirent-ils.

Ils firent des recherches avec beaucoup de soin, mais ne découvrirent personne. En arrière, il ne resta qu’un jeune homme. Il advint, tandis qu’ils cherchaient après le gibier, qu’un élan descendit et mangea le jeune homme.

Les gens n’ayant pas réussi à rencontrer celui qui avait mangé le gibier, s’en retournèrent et trouvèrent que le jeune homme avait disparu. Il avait à son bras un couteau dans une gaine.

Quand ils virent qu’il avait disparu, ils se mirent à sa recherche, mais ne le trouvèrent pas. Alors ils se dirent :

— Allons à la maison, maintenant que ce jeune homme est perdu et puisque les gens ont pris notre gibier. Nous n’avons pas vu le jeune homme ni celui qui la enlevé.

Alors ils partirent et s'en allèrent chez eux. Comme ils étaient près du village, ils crièrent fort, composant une chanson et disant :

— Nous parlerons de Tangalimilingo ;

On l’a pris ;

Il a été enlevé par les gens de l’eau ;

Coq, tu es une poule, une vraie poule ;

Nous serons tués ;

Nous parlerons de Tangalimilingo, Tangalimilingo.

On l’a pris ;

Il a été pris par les gens de l’eau ;

Coq, tu es une poule, une vraie poule.

Ils arrivèrent chez eux.

Mais où était Tangalimilingo ? Quand il vit qu’il était dans l’estomac de l’élan, il tira un couteau et partagea l’estomac en deux.

Ainsi il échappa sans que l’élan l’eût tué. En conséquence, les gens ne tuent pas l’élan, car une fois il a été Tangalimilingo.

Alors Tangalimilingo fit une chanson, disant :

— Croyez-vous, croyez-vous ?

Celui qui a disparu a bu le lait des enfants.

Il se promène sur les sentiers.

Il s’arrête à la porte.

Alors il arriva chez lui, les femmes furent très contentes et se réjouirent. Ils chantèrent des chansons et tuèrent du bétail en l’honneur de l’esprit qui avait ramené le jeune homme.




  1. Elmslie, Folklore-tales of Central-Africa, Folk-lore, t. III, p. 106-107.